Discussion Auteur:Jeanne Marais

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État civil[modifier]

Détermination des dates de naissance et de décès et particulièrement de décès pour déterminer si elle s'est élevée au domaine public.

Décès[modifier]

  • Décès 7e arr de Paris [1] page 12/31

1208 Le vingt cinq mai mil neuf cent dix neuf à neuf heures trente du soir est décédée 42 rue de Sèvres, Lucienne Marfaing femmes de lettres domicilié 4 ru Lalo (16e) née à Paris (6e) le douze février mil huit cent quatre vingt-huit fille de Eugène Marfaing et de Fany Amélie Caroline Dreyfus époux décédés. Célibataire. Dressé le vingt huit mai mil neuf cent dix neuf neuf heures du matin sur la déclaration de Eugène Gauthier trente cinq ans et de Emile Boulbin trente deux ans employés domiciliés 42 rue de Sèvres qui lecture faite ont signé avec nous Paul Louis André Gaté adjoint au maire du septième arrondissement de Paris

  • 20 septembre 1920 - L'express du midi page 4 - La Semaine littéraire - décès 20 mai 1919 - [2]

Naissance[modifier]

  • Archives de Paris 5e arrondissement tables décennales page 9/21, née le 14 février 1888 [3]
  • page 9/31 [4]

Marfaing 396 L'an mil huit cent quatre vingt huit, le quatorze février à onze heures du matin acte de naissance de Lucienne Marfaing, du sexe féminin née le douze février courant à dix heures du soir au domicile de ses père et mère, fille de Eugène Marfaing âgé de trente neuf ans, employé, et de Fanny Caroline Amélie Dreyfus, âgée de trente deux ans, sans profession, mariés, domiciliés rue de pointoise n°5. Dressé par…

  • Née le 12 février 1890 d'après La Carrière Amoureuse, collection " In Extenso ", La renaissance du livre, sans date (mais publié vers 1917... le roman Pour le bon motif est dit récemment sorti)

les deux[modifier]

  • Catalog of copyright entries: Books. Part, group 1, Volume 17 -> dates naissance-décès [5] donne 1888-1919


Édition[modifier]

  • Notre concours d'affiche 1919/06/15 dernière contribution au journal Annales politiques et littéraires [6]

Le Petit journal[modifier]

  • [7] : L'Invitation à jeuner (1912/08/17 )
Les sacrifiés

Chaque peuple passe par des phases de calamités et de prospérité qui sont les intermittences de l'Histoire : un siècle rachète l'autre... mais l'homme n'a pas deux existences à vivre. Qu'il tombe dans la mauvaise période, et ses aspirations se trouvent fauchées par les événements.

Je songe au sort des soldats mutilés, aveugles, estropiés, qui auront souffert de la crise sans pouvoir jouir du renouvellement.

La victoire fut enfantée dans leur douleur. À présent, ils vont végéter devant le berceau du bonheur : et c'est l'humanité de demain qui verra l'enfant grandir.

Jeanne Marais

Articles sur Jeanne Marais[modifier]

Critique de son cousin André Lang (1893-1986)[modifier]

Bagage à la consigne : [9] :

Extrait :

"Lucienne entraîna ses parents à Paris. Elle avait déjà publié quelques contes « piquants » dans les quotidiens et les magazines niçois. Sûre de la qualité de sa copie et de la séduction de sa personne, elle ne doutait pas du succès de ses démarches. Elle prit ainsi pied au Journal et au Petit Journal et casa chez Albin Michel son premier roman, La Carrière amoureuse. Elle avait choisi le pseudonyme de Jeanne Marais…"

plus à lire sur le site

Romans-revue : guide de lectures 15/05/1914[modifier]

[10]

Les ouvrages de Jeanne Marais sont des gravelures : Le Huitième péché est plus propre que les précédents : c’est peu dire, car c’est encore assez vilain. Peau de Chamois est le pire :il est absolument sensuel. Quant à La Rançon de Geneviève ; il ridiculise la dévotion et se termine par deux ou trois suicides.

Les Annales politiques et littéraires : revue populaire paraissant le dimanche 18/05/1919[modifier]

18/05/1919 N° 1873 [11]

LES LIVRES :

La Nièce de l’Oncle Sam, par Mme Jeanne Marais (Albin Michel, éd.) : Amitié Allemande par Mme JEANNE MARAIS (Fasquelle, éd.); Pomponius, le Dernier des Chevaliers, par M. Louis Arrach (Plon; éd): Le Coq de Laiton, par M. Sander Pierron (Larcier éd. ) : Nos Chiens, par Mme Georgette Leblanc (Charpentier, éd.).

LES lecteurs des Annales connaissent La Nièce de l’Oncle Sam, l’œuvre charmante de Mme Jeanne Marais, qui fut publiée ici même et qu’on relira certainement avec plaisir dans la forme du volume. L’auteur s’y affirme avec de jolies qualités, de la grâce naturelle, sans afféterie, une façon originale de présenter les choses, un don d’observation qui prête de l’intérêt aux moindres détails. Mme Jeanne Marais compte parmi les meilleures femmes-écrivains qui se consacrent aujourd’hui au roman ; et il y a d’elle un livre : Amitié Allemande, qui fut vraiment prophétique à l’heure où il fut publié, en 1914. Avec un sens psychologique très sûr, Mme Jeanne Marais y étudie le cas d’une « amitié » conçue de l’autre côté du Rhin et qui, dès qu’elle se précise dans l’atmosphère de notre vie française, s’étiole et se fane par l’effet de la mentalité germanique. Cet Allemand, écrivain célèbre, qu’un artiste français commet l’imprudence d’introduire dans l’intimité de sa famille et qui en profite pour commettre une mauvaise action en diffamant ceux qui lui firent confiance dans une œuvre aux allures de pamphlet, cet Allemand-là résume en lui toute sa race. Tel Mme Jeanne Marais l’avait vu en 1914, avant la guerre, tel nous l’avons retrouvé depuis dans tous les domaines, plein de morgue et d’astuce ; c’est l’Allemand de la guerre « fraîche et joyeuse », et c’est l’Allemand du fameux manifeste des intellectuels. Ce livre, qu’il est bon de relire aujourd’hui, parce que la douloureuse expérience faite nous aide mieux à le comprendre dans toute sa sincérité, a une étrange saveur. Ils ne sont pas nombreux le romans qui, à cinq années de distance, donnent encore l’impression de la vérité éclatante et ne datent point d’une époque bien définie ! Mme Jeanne Marais a donné là la mesure d’un talent qu’on retrouve pleinement épanoui dans son œuvre la plus récente.

Les Annales politiques et littéraires : revue populaire paraissant le dimanche - 29/08/1920[modifier]

  • [12] Adolphe Brisson, confirmation de décès… roman posthume


LES BONNES PAGES
DES LIVRES NOUVEAUX
LE MARIAGE DE L’ADOLESCENT

Sous ce titre, vient de paraître un roman posthume de Jeanne Marais, la simple et touchante histoire de deux enfants qui s’aiment et que sépare le préjugé de parents trop circonspects. Dans la préface, M. Adolphe Brisson trace un portrait ému et vivant de notre regrettée collaboratrice, rappelle la tendresse passionnée qu’elle eut pour sa mère, dont la mort la laissa inconsolable et brisée. Il cite des lettres inédites où ces sentiments s’expriment avec une douloureuse sincérité :

LE DÉSASTRE redouté approche… Jeanne Marais sait que sa mère est condamnée. Elle dit sa douleur dans une lettre poignante qui n’est qu’un cri d’angoisse :

Vous m’aimez bien, André, ainsi que vous aimez aussi maman. Moi qui ne pleure jamais, je ne peux pas retenir mes larmes en pensant à ce que vous éprouverez en revoyant maman ; c’est un tout petit enfant : le mien. Je la lève, je la fais manger, je la veille la nuit.

On va vous envoyer un livre. Quelle décision ! Après trois ans d’attente où des bouquins de moi qui devaient paraître attendent encore pour diverses causes de force majeure, ce petit roman, dont maman se réjouissait, me serre le cœur, publié à un tel moment ! Chaque page me rappelle un souvenir commun du travail exécuté par moi sous ses yeux… Ma pauvre petite mère ! M…, à qui j’ai téléphoné mon malheur, a eu la bonté d’envoyer un employé et une voiture de livres chez moi pour le service de presse. Et cette pauvre chérie, qui ne peut plus parler, tend ses mains vers le livre qu’elle attendait avec fièvre. Il était annoncé pour le 8 août. Mon malheur m’a empêchée de m’en occuper à cette date. Eh bien ! dans son lit depuis ce jour-là, tout le temps, elle faisait signe à Mathilde, à moi, à Kiki, nous ne comprenions pas. Le docteur a fini par saisir : c’était le livre qu’elle réclamait dont elle voulait des nouvelles. Alors, voyez-vous, pour moi, c’est atroce.

Ma vie va être, maintenant, une longue souffrance. Tout ce que je souhaite, c’est de garder assez de forces pour la soigner, car je suis un peu faible et je ne veux pas qu’une main étrangère la touche.

Mme Marfaing succomba le 13 octobre… Ainsi qu’il arrive au lendemain de ces tragiques secousses, les nerfs crispés se détendent, l’énergie s’écroule. C’est la dépression qui suit le sursaut de volonté.

J’entre dans la phase redoutée où, perdant le souvenir des heures affreuses de sa maladie, je n’ai plus que l’étonnement douloureux de ne plus l’avoir auprès de moi et j’en souffre terriblement, surtout à l’approche de la nuit.

Un aveu vous dépeindra mon état : je ne peux plus travailler; comme avant, et je me fiche de mon travail à un point qui m’inquiète. Tout cela me devient très indifférent depuis qu’elle n’y est plus associée, et, s’il n’y avait pas la question d’argent qui m’oblige à me procurer l’indispensable par ma plume, je n’aurais même pas le courage d’écrire une ligne. À présent, je travaille avec un dégoût et une lenteur extrêmes, et je pousse un soupir de soulagement quand c’est fini. Vous me dites gentiment que vous seriez content de voir un conte de moi dans Le Journal ; je sais que Lajarrige en a fait mettre un sur le marbre : paraîtra-t-il. Si vous saviez ce que cela me laisse froide ! Je me demande comment j’ai pu me passionner à ces choses : c’est que ma passion était partagée. Je n’ai pas eu le courage de mettre les pieds au journal.

Je reste dans mon lit et je me suggestionne jusqu’à ce que je me la figure, comme avant. Mais quelle nuit, une fois endormie ! Pardonnez-moi, mon cher ami, de vous écrire ces choses ; mais vous êtes le seul — pour bien des motifs — a qui je puisse les confier ; et ça me soulage.

(3 janvier 1918.)

Jeanne Marais ne se remit pas de ce bouleversement… On la crut, elle se crut guérie… Mais la blessure n’était pas cicatrisée et, au moindre choc, elle saignait. Toute contrariété, toute déception (et ces accidents abondent dans la vie littéraire), désespéraient la jeune artiste… Pourtant, elle eut encore des joies… La publication, par Les Annales, de La Nièce de l’Oncle Sam, le succès de cette œuvre charmante, lui rendirent le courage. C’est à cette occasion que je la connus. Ce roman m’avait plu, à première lecture. Je demandai à l’auteur si elle consentait à modifier certains passages. Elle accepta mes avis avec une bonne grâce et opéra ces modifications avec un empressement qui me touchèrent. Je fus frappé de ce qu’il y avait en elle d’un peu fébrile, de tourmenté et de passionné. Elle ne s’attachait pas, ne se dévouait pas à demi. Bien qu’elle ne dût aucune gratitude à ce journal qui, en accueillant son joli livre, ne s’était préoccupé que de plaire à ses lecteurs, elle se montrait envers lui reconnaissante. Elle se prit à aimer la maison et, bientôt, y fut indispensable. Elle accepta de se charger de l’examen des manuscrits. À cette ingrate besogne, elle apporta un zèle, une patience, une bienveillance, qui lui valurent notre admiration et la confiance de ses innombrables correspondants, tous devenus des amis. Elle continuait, néanmoins, de composer des volumes. Elle en avait plusieurs sur le chantier, entre autres Le Trio d’Amour, qui ne devait paraître qu’après, sa mort. Elle se plaignait de la répugnance qu’elle éprouvait à écrire, D’intermittentes lassitudes accablaient l’intrépide travailleuse. Elle doutait de son talent, alors qu’elle bouillonnait de projets et d’idées. Nous nous élevions contre cet absurde pessimisme. Nous réussissions momentanément à la convaincre. Elle sortait, vaillante et forte, de ces excès d’abattement, puis y retombait. Il semblait qu’un mal intérieur ; la minât, empoisonnât par avance le bonheur que les dieux s’apprêtaient à lui donner. Comment imaginer que cet état maladif pût s’allier à tant de raison, de bon sens, à une sensibilité si saine, à un équilibre mental si parfait !…

Toutes ces qualités, nous les retrouvons à un degré éminent dans Le Mariage de l’Adolescent… C’est, en cent pages, un chef-d’œuvre de vérité psychologique, de sagesse, de compréhension émue des temps modernes, de sympathie humaine, de large et généreuse philosophie… L’âme et le cœur de Jeanne Marais y palpitent, âme très fière, cœur brûlant, inassouvi et irrésigné…

ADOLPHE BRISSON.

Sur L’Heure galante[modifier]

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56186505/f3.item


Sur La Maison Pascal[modifier]

Le Frou-Frou, avec 2 illustrations : 6 juin 1923 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55546850/f12.image


C’EST un fait mathématique et non pas une fantaisie de vaudevilliste ; il y a, dans notre société d'après-guerre, trois femmes pour un mari.

On s'étonne qu'à notre époque où tout se vend, tout se monnaye, un habile industriel n'ait pas remédié à ce triste état de choses en reprenant une idée ingénieuse qui fut lancée, il y a quelques années, par une femme, et qui devient, aujourd'hui, d'une actualité... brûlante.

Connaissez-vous un roman, charmant et subtil, de Mme Jeanne Marais, qui s'appelle la Maison Pascal.

À Montfleuri-les-Pins, triste petit trou de province, qui suinte l'ennui, la population mâle est, comme dans notre France victorieuse, déplorablement inférieure au contingent féminin. Ce déséquilibre sexuel, contraire à la loi de nature, choque un philanthrope local qui prend en pitié les dames célibataires ».

, Ce philosophe ami des femmes, qu'aucune misère (féminine ne laisse insensible, fait répandre dans les demeures vides d'hommes de Mpntfleui-i-les-Pins, une

circulaire qui provoque une intense émo- tion.

« Vous qui passez tristement Vos veil- lées solitaires, venez à nous. Nous sau- rons exaucer vos désirs et distraire vos moments d'ennui .(demander brochure spéciale).. Séances musicales. Thé. As- sortiment choisi. Personnel de"'premier ordre. Spécialités parisiennes. Prix mo- dérçs >)V

' Apre*; une hésitation bien çompré- - hensiblë, trois vieilles filles-d'âge cano- nique se. présentent furtivement à la. maison Pascal. Elles sont, reçues dans des salons ornés de glaces par une maî- . tresse de maison avenante. Une bonne accorte annonce au récepteur :

« Monsieur, des dames montent».

A l'étage supérieur, elles sont ac^

cueillies par un grand gaillard vigoureux qui, malgré ses escarpins vernis, donne l'impression d'être toujours en pantoufles, de sa main dolente, chargée de bagues il désigne une table aux trois vieilles filles intimidées. —- Quatre thés.

C'est un langage convenu : un extra-dri) de bonne marque pétille bientôt dans les coupes. -

Effarées, les visiteuses demandent au philanthrope, la clef de cette étrange réception.

— J'ai réuni ici, expose ce bienfaiteur de l'huma- nité, des jeunes gens bien doués et d'un physique avan- tageux. Vous trouverez pour la conversation la plus variée, des... interlocuteurs attrayants. Pas de cor- respondance dangereuse, pas de sentimentalité épis- tolaire. Pas d'espionnage à craindre, célérité et dis- crétion. Des discours, rapides et. bien sentis. Parmi mes pensionnaires, les uns vous charmeront pat leur éloquence inépuisable et forte, à la Démosthène ; les autres, par la grâce de leur raffinement. Ceux-ci ra- chèteront le défaut d'ampleur par l'élégance de la forme, subtilité insidieuse et pénétrante, l'aisance hà- . bile d'un laisser-aller étudié. Tous sont parfaits -dp"* mesure et liés d'ailleurs par le secret professionnel. Quant à la, misérable question de la rétribution, veuillez . considérer les frais considérables qu'entraîne un personnel nécessairement doublé et soumis au. rou- lement. Je dois prévoir, en effet, les aphonies momen- tanées et ménager la voix de mes hôtes.

La consommation est obligatoire, conclut-il en précipitant les choses. Elle donne droit à un discours particulier. Bis repetila placent... s'il y a lieu à supplément, il: suffit de s'entendre directement. Allons ! au travail !... »

Et frappant jovialement dans ses mains robustes,- îl s'écria :

n Tous ces Messieurs au salon ! »

Paul TALSÈME.

Et dans le rire[modifier]

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6271749k/f4.item


L'Afrique du Nord illustrée : journal hebdomadaire d'actualités nord-africaines : Algérie, Tunisie, Maroc - 1er janvier 1921[modifier]

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56118728/f50.image précise que l'auteur s'est suicidé et que la préface donne quelques détails de la vie de l'auteur.

  • entrée du copyright US [13]

Le Mariage de l'Adolescent, roman par Jeanne Marais, Bertrand Grasset, éditeur

Jeune gens, mariez-vous, mariez-vous très jeunes sans crainte ! Plus que jamais, aujourd'hui, il faut que l'amour reste le grand maitre. C'est le conseil que vous donne Jeanne Marais dans cette exquise et claire histoire d'amour qu'est le Mariage de l'Adolescent, beau et bon livre en même temps. La foi naïve et les fiertés intransigeantes d'une âme tendre de jeune homme y triomphent de l'expérience paternelle et de la méchanceté des êtres.

Ce livre, le dernier qu'ait écrit Jeanne Marais, est précédé d'une longue préface (coupée de fragments de lettres) où Adolphe Brisson retrace la vie de la jeune romancière qui, après avoir donné une dizaine de romans spirituels et charmants, et vu s'affirmer sa notoriété, s'est donné brusquement la mort. P.B.

Sur Nicole courtisane[modifier]

Le mouvement littéraire; petit chronique des lettres, 1904-1912 [14][ https://archive.org/stream/lemouvementlitt09glasuoft/#page/392/mode/2up]

JEANNE MARAIS

Nicole Courtisane.

Nicole Courtisane, est une ravissante personne, intelligente, fine, cultivée ; elle relève singulièrement le prestige de ce titre de courtisane et lui restitue le rang officiel que les Grecs lui reconnaissaient publiquement et que nous mettons un peu plus d'hypocrisie à lui consentir. Nicole est d'ailleurs une courtisane d'un ordre tout à fait particulier ; elle ressemble énormément à une honnête femme. Son ami, le richissime banquier Bernard, est le premier homme qui ait passé dans sa vie, ou presque, — Nicole n'a, en effet, connu avant lui qu'une très sentimentale et très blanche déception, — il est certainement le seul, et Nicole serait une femme du meilleur monde si, par malheur, Bernard n'était marié ailleurs. A cette nuance près, la vie de Nicole est la plus régulière qui soit ; elle s'écoule dans le cadre d'un hôtel somptueux où fréquentent des ministres d'hier et de demain, de grands banquiers, des artistes, et de simples mondains prêts à l'amour, avides de se brûler les ailes à cette flamme éblouissante.

Dans ce palais, Nicole amusée, intéressée, un peu écœurée, assiste et préside à des événements de la vie parisienne où la comédie voisine avec le drame et qui ne sont pas sans influence sur la chose publique. Ces événements, que M^^^ Jeanne Marais nous raconte d'une plume alerte et familière, je ne puis songer à vous les retracer ; ils meublent tout au long ce roman très vivant, très palpitant et qui se dénoue le mieux du monde, par la rentrée définitive dans la vie normale de Nicole, qui épouse Bernard devenu veuf. Elle a trouvé, entre temps, le moyen de faire décorer son ami, de sauver d'une aventure fâcheuse le banquier Landry Colin, associé de Bernard, d'attacher à son char le ministre Brochard par le seul prestige de son intelligence et de sa grâce sans que sa vertu ait subi la moindre atteinte. Elle a sur la conscience une seule victime : Julien Dangel, le jeune papillon amoureux qui n'a su faire croire à sa sincérité qu'en se suicidant, comme Werther.

Il y a dans ce roman, écrit sans recherche, de bien jolies qualités d'observation et d'intérêt, et puis, il a la vertu suprême : une vie intense, débordante.

Sur l’Aventure de Jacqueline[modifier]

Les romans modernes (Vermot, 0 ff. 95). — La collection a été inaugurée en septembre 1920. Dans son ensemble, elle est propre ; cependant, la farine est mêlée d’un peu de son. Nous allons le montrer tout à l’heure.

  • 15/12/1923 Romans-revue : guide de lectures [15]

N° 6. Jeanne MARAIS, L’Aventure de Jacqueline. Jacqueline s’éprend d’un célèbre écrivain allemand qui séjourne à Paris. Le mariage est décidé. Préalablement, l’écrivain retourne outre-Rhin : il y publie, le misérable, un livre où il dénigre la famille de Jacqueline sous le titre « Une famille française ». Jacqueline, indignée, renonce à son projet : le boche, du reste, était marié. L’histoire ne contient rien de scabreux ; elle est assez intéressante.

1919/06/08 (N1876) Chronique nécrologique[modifier]

[16]

Les Deuils : Jeanne Marais

La mort subite de Mlle Jeanne Marais nous cause une vive peine et nous laisse des regrets auxquels s'associeront nos lecteurs.

Les Annales perdent en elle une collaboratrice infiniment distinguée et zélée. Elle assumait la charge délicate de la lecture des manuscrits et s'en acquittait avec un tact, une finesse de jugement, une bienveillance qui lui valaient l'amitié de ceux-là mêmes qu'elle se voyait contrainte de décourager.

Cette tâche ne l'empêchait pas de poursuivre sa vie littéraire. Elle écrivait beaucoup. Elle avait eu de grands succès de librairie. Dix ou douze volumes attestent la souplesse et la fécondité de son talent. Le roman Amitié Allemande, publié avant la guerre, est un beau livre, pénétrant et prophétique... La Nièce de l'Oncle Sam, parue ici même, obtint un accueil chaleureux... Nous possédons en manuscrit un autre ouvrage, très remarquable : L'Adolescent, qui devait être prochainement inséré. Plusieurs articles, déjà composés, allaient passer dans nos prochains numéros.

Une belle carrière s'ouvrait devant l'infortunée Jeanne Marais. L'avenir lui souriait. Et tout cela est anéanti.

Elle aimait la maison des Annales. Elle y était aimée. Tous, nous garderons de celle jeune femme, douée des plus hautes et des plus charmantes qualités du cœur et de l'esprit, un pieux souvenir.