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Mauvaise température de Sainte-Hélène – Observation importante sur l’esprit de ce Journal


Mardi 13 au vendredi 16. – J’ai déjà dit qu’il n’y avait point de saisons à Sainte-Hélène : ce sont seulement des veines de bon et de mauvais temps, fort irrégulières. Il a plu constamment chaque jour ; nous n’avons pu sortir à peine que quelques instants. Il me serait difficile d’employer quatre mots à exprimer, durant ces quatre jours, aucune déviation quelconque de notre vie accoutumée. Et ici, d’ailleurs, je saisis l’occasion de prévenir, une fois pour toutes, que s’il se rencontre de temps à autre, dans le cours de mon Journal, plusieurs jours réunis sous un même article, c’est que souvent j’ai élagué une partie de ce que chacun d’eux me présentait ; ce à quoi j’ai été conduit, comme on le devinera sans peine, par divers motifs : parfois les objets m’ont paru trop puérils ; parfois, au contraire, ils m’ont semblé trop graves et demander un temps plus éloigné, ou bien encore ne présentaient-ils que des personnalités, et il est dans mon caractère de les écarter soigneusement ; que si, malgré cela, on en trouve quelques-unes, c’est que j’y aurai été forcément conduit par l’objet essentiel de mon récit, qui est de faire connaître, à tout prix, le caractère de l’Empereur ; et même alors ai-je pu me dire encore, pour ma satisfaction intérieure, que ces personnalités ne concernent guère que des caractères publics, et ne mentionnent que des choses déjà connues de beaucoup de monde.

Du reste, je ne me suis nullement dissimulé que la tâche que j’ai entreprise pouvait me créer de nombreux inconvénients ; mais je me suis cru un devoir sacré, et je m’efforce de le remplir du mieux qu’il m’est possible : advienne que pourra !