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Discussion Page:Renan - Ecclesiaste - Arlea.djvu/110

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VI

L’intégrité du livre a donné lieu à d’intéressantes discussions. Jusqu’au verset 8 du chapitre XII, aucune suspicion grave n’a été élevée. , Certes beaucoup de passages ne se présentent pas dans l’ordre que nous voudrions, et M. Graetz, dans plusieurs endroits, a pu proposer des trans -positions qui soulageraient certaines difficultés. Mais aucun de ces changements ne s’impose. part les accidents qu’a subis tout livre ancien pour arriver jusqu’à nous, on peut admettre que le Cohélet, si on le termine au verset 8 du chapitre XII, est resté à peu près intact.

Les paroles mises dans la bouche de Gohélet finissent au verset 8 du chapitre xii. Le livre se termine à dessein comme il a commencé, par l’exclamation : « Vanité des vanités ! » Les versets 9 et 10, quoi qu’en dise M. Grœtz, nous pa-

raissent cependant de l’autenr primitif. Cet épilogue complète bien la fiction qui fait la base du livre. Quel motif, d’ailleurs, eût amené à faire postérieurement une telle addition ? Toute interpolation des livres sacrés se fait avec une intention dogmatique et d’après une tendance sectaire. Or les versets 9 et 10 sont les plus insi-gnifiants du monde. On ne voit nullement quel eût été le but de l’interpolateur.

11 n’en est pas de même des versets 11 et 12. Ces versets n’ont aucune relation directe avec l’ouvrage. Ils servent évidemment de clausule à une collection de livres *, et ils invitent le lecteur à regarder cette collection comme définitive, à n’y plus admettre les livres que l’on continuera de faire indéfiniment. M.Nahman Kroch-mal a très bien aperçu la vérité sur ce point*.

1. Méhemmaj au pluriel, verset 12.

2. Dans le t. ÏX du journal hébreu Moréneboukéhaz zéman, VoirGrœtz, Kohélet, p. 47 et suiv.

Non seulement ces deux versets ne sont pas de l’auteur du Cohélet ; mais ils n’ont jamais fait partie du livre. C’est une sorte de petit quatrain inscrit au feuillet de garde du volume des hagio-graphes, quand le CoA^// ?/occupait les dernières pages de la collection. Cette hypothèse est si satisfaisante, qu’on peut la tenir pour un fait acquis. Les versets 13-14, quoiqu’ils soient d’un ton légèrement différent et plutôt en prose qu’en vers, paraissent avoir fait partie de la môme finale. On peut, si l’on veut, les considérer comme un de ces résumés de toute la Bible en quelques mots, qui exerçaient la subtilité des rabbins *. On pourrait aussi être tenté de voir dans ces deux versets une addition faite au livre Cohélet pour sauver par une réflexion pieuse ce que le livre avait d’hétérodoxe. Mais il faudrait supposer qu’une telle addition se serait faite après que les versets 11 et 12 auraient été, par

\. Math., vu, 12 ; ixii, 36-40.

suite d’un malentendu, incorporés au Cohélel, C’est là une hypothèse conipUquée et même, vu l’âge moderne du livre, presque inadmissible.