Donne moy tes presens en ces jours que la Brume

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Donne moy tes presens en ces jours que la Brume
Les Amours, Texte établi par Hugues VaganayGarnier2 (p. 484).

III

Donne moy tes presens en ces jours que la Brume
Fait les plus courts de l’an ou de ton rameau teint
Dans le ruisseau d’Oubly dessus mon front espeint,
Endor mes pauvres yeux, mes goutes et mon rhume.
Misericorde ô Dieu, ô Dieu ne me consume
A faute de dormir : plustost sois- je contreint
De me voir par la peste ou par la fiévre esteint,
Qui mon sang deseché dans mes veines allume.
Heureux, cent fois heureux animaux qui dormez
Demy an en vos trous, soubs la terre enfermez,
Sans manger du pavot qui tous les sens assomme :
J’en ay mangé, j’ay beu de son just oublieux
En salade, cuit, cru, et toutefois le somme
Ne vient par sa froideur s’asseoir dessus mes yeux.