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Douce Maistresse, touche

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Douce Maistresse, touche
Les Amours, Texte établi par Hugues VaganayGarnier2 (p. 162-164).

CHANSON

Douce Maistresse, touche
Pour soulager mon mal,
Mes lévres de ta bouche
Plus rouge que Coral :
D’un doux lien pressé
Tien mon col embrassé.
Puis face dessus face
Regarde moy les yeux,
Afin que ton trait passe
En mon cœur soucieux,
Lequel ne vit sinon
D’Amour et de ton nom.

Je l’ay veu fier et brave,
Avant que ta beauté
Pour estre son esclave
Du sein me l’eust osté :
Mais son mal luy plaist bien,
Pourveu qu’il meure tien.
Belle, par qui je donne
A mes yeux tant d’esmoy,
Baise moy ma mignonne,
Cent fois rebaise moy :
Et quoy ? faut-il en vain
Languir dessus mon sein ?
Maistresse, je n’ay garde
De vouloir t’esveiller.
Heureux quand je regarde
Tes beaux yeux sommeiller :
Heureux quand je les voy
Endormis dessus moy.
Veux- tu que je les baise
Afin de les ouvrir ?
Hà, tu fais la mauvaise
Pour me faire mourir :
Je meurs entre tes bras,
Et s’il ne t’en chaut pas !
Hà ! ma chere ennemie,
Si tu veux m’appaiser,
Redonne moy la vie
Par l’esprit d’un baiser.
Hà ! j’en ay la douceur
Sentie au fond du cœur.
C’est une brusque rage
Qui nous poinct doucement,

Quand d’un mesme courage
On s’aime ardentement.
Heureux sera le jour
Que je mourray d’amour.