Douce création (Leconte de Lisle, Premières poésies)

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Premières Poésies et Lettres intimes, Texte établi par Préface de B. Guinaudeau, Bibliothèque-Charpentier ; Eugène Fasquelle, éditeur (p. 17).



DOUCE CRÉATION



Douce création, dont la grâce divine
Suffit pour consoler des humaines douleurs,
Dont l’âme, rappelant sa céleste origine,
Se penche avec bonté sur nos âmes en pleurs ;

Ô femme, pardonnez si vos intimes fleurs
Ont d’un charme profond inondé ma poitrine,
Et si j’ai peur, depuis, que votre aile n’incline
Ses plumes, pour chercher quelques mondes meilleurs !

Oh ! c’est que votre vue a créé la pensée,
Miroir où votre image enivrante est tracée.
Urne où vient se poser votre pure candeur ;

C’est que le cœur, muet d’une suave crainte,
Fait qu’on croise les mains, comme pour une sainte,
C’est que votre sourire, ô femme, est le bonheur !