E. D. – Le marbre animé/6

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Aux dépens de la compagnie (Bruxelles) (p. 42-45).

CHAPITRE VI



LA PARESSEUSE




Serai-je plus heureux, cette nuit, avec cette adorable pose, dans laquelle on tient embrassés tous les appas d’une belle maîtresse, où le corps se colle à celui de l’amante, comme le lierre au chêne, et si peu fatigante, qu’on l’appelle la „paresseuse”? Étendu auprès de ma beauté, qui me tourne le dos, couchée sur le flanc gauche, ma peau s’attache à la sienne, ma poitrine est contre son dos, mon ventre contre sa croupe large et rebondie, dont le doux contact communique à ma verge une ardeur dévorante ; ma main gauche occupée avec les tétons, les patine avec amour, la main droite caresse la grotte de Cythère, glissant, douce et légère, sur les bords resserrés, entre lesquels se glisse parfois un doigt quêteur, qui vient chatouiller le prisonnier dans sa geôle. Puis, entrelaçant nos cuisses, je me fais aider par la mignonne, qui écarte ses petites lèvres, pour me laisser introduire mon priape dans le sanctuaire, où quelques poussées le font entrer tout entier. Revenant alors aux tétons, mes mains reprennent leur aimable occupation, patinant les chairs élastiques d’une gorge ronde et ferme, telle qu’est la gorge d’une jeune vierge. Doucement, sans secousses, je continue mon manège, fouillant le vagin de ma longue et grosse verge, pendant que le visage à demi tourné, la mignonne offre ses lèvres vermeilles à mon baiser. Je passerais volontiers ma vie, à tenir ainsi paresseusement dans ma main, sous mes yeux, contre ma chair, les plus aimables trésors, à peloter ces charmants appas ; et prolongeant le joli exercice, j’aime à reculer le moment de l’extase, tant est délicieuse cette attente de la volupté, qui perd toujours à être hâtée. Malgré mes efforts pour contenir encore l’effusion de ma félicité, je suis incapable de l’arrêter plus longtemps, et je laisse jaillir dans le temple de l’amour, les preuves de l’ivresse que j’y goûte. Mais hélas ! je n’ai pas senti la belle palpiter sous mon étreinte.

Bientôt, reprenant sur la couche nos places respectives, Nijni est auprès de moi, obéissant à tous mes désirs, pelotant mes rouleaux de sa fine main blanche, aidant mon priape à reprendre une vigueur qui lui est nécessaire, par des baisers qu’elle lui prodigue sans compter, le prenant dans sa bouche, le suçant, le caressant comme un objet chéri. Il ne lui en fallait pas tant pour renaître à la vie, et il manifeste déjà par de joyeux frétillements qu’il est prêt à recommencer la lutte. Nous reprenons l’attitude paresseuse, si charmante, si commode, entrelaçant nos cuisses, nous pigeonnant bouche à bouche, mes mains roulant ses seins, les siennes pelotant mes bourses, et je reprends le charmant exercice, frappant dans mon va-et-vient mon ventre contre son gros derrière, dont la douce chaleur me fait espérer qu’un petit succès va enfin couronner mes efforts. Hélas ! après la sixième tentative, toujours infructueuse, je quitte la place à dix heures, désespérant presque de jamais animer ce beau marbre.