Edits déclarations et arrests concernans la religion protestante réformée/Note de l’Editeur

La bibliothèque libre.
NOTE DE L’ÉDITEUR

Ce n’est pas un volume comme celui-ci, mais un épais in-folio, peut-être même plusieurs in-folios qu’il faudrait pour contenir tous les Édits, Déclarations, Arrêts du Conseil et Arrêts des Parlements rendus contre les Protestants de France depuis les commencements de la Réforme jusqu’à l’Édit de Tolérance de 1787, ou mieux, jusqu’à la Déclaration des Droits de 1789.

La publication de ce recueil immense sera faite un jour. Des mains pieuses et zélées en rassembleront les éléments, soit épars en des livres déjà publiés ou en des collections de documents déjà explorées, soit enfouis dans des archives encore inexplorées à ce point de vue, notamment dans les masses énormes de documents laissés par les douze Parlements de l’ancienne France[1]. Afin que ces futurs travailleurs aient le temps de faire la collection complète des pièces et de les accompagner des annotations nécessaires, peut-être n’est-ce pas trop que de leur accorder, pour l’achèvement et la publication de leur travail, jusqu’au troisième centenaire de la Révocation.

Toutefois, si ce Recueil de l’avenir doit être plus volumineux et plus complet que le nôtre, il ne saurait contenir rien d’essentiel qui ne se trouve dans celui-ci. La raison en est simple : les Recueils qu’il reproduit ont été imprimés pour servir de guides aux persécuteurs des Huguenots, pour être le code officiel de la persécution : ils en posent les principes, ils en règlent l’application d’une manière générale et ils contiennent, à titre d’exemples ou de jurisprudence, un certain nombre de cas particuliers. Ce qui grossira surtout le Recueil futur, ce seront principalement, sinon uniquement, ces cas particuliers, variant et selon le caprice du souverain, et selon les coutumes diverses des provinces, et selon, pour une part, l’humeur plus ou moins tolérante ou plus ou moins persécutrice de chaque Parlement.

Quand nous avons commencé la préparation de cette réimpression, nous connaissions l’existence de trois éditions seulement du Recueil : une de Paris, 1714, vue et examinée pour nous par M. C. Pascal à la Bibliothèque nationale ; une de Rouen, 1729 ; et une de Grenoble de 1752[2]. Ces dernières étant plus récentes devaient être les plus complètes. Chacune d’elles, celle de 1752 surtout, contenant des pièces qui manquent à l’autre, nous avons pensé faire le mieux possible en rassemblant ici le contenu total des deux.

Cependant, au cours de l’impression du livre, Mr le pasteur Corbière nous signala et voulut bien nous confier une édition du Recueil qui nous était inconnue, celle de Toulouse, 1715, contenant quelques pièces absentes des nôtres. À cause de l’intérêt tout spécial qu’elles offrent nous lui en avons emprunté trois : un Édit du Roy de Février 1685, un Arrest du Parlement de 1685, et un Arrest du Parlement de Toulouse sans date. Les ayant connues trop tard pour pouvoir les placer à leur rang, nous avons dû les mettre en l’Appendice.

Je serais bien ingrat, si, avant de terminer cette note, je n’exprimais pas la joie profonde que j’ai ressentie de l’accueil fait à la souscription ouverte pour la réimpression de ce livre. Contre mon attente, je dois l’avouer, elle a eu un succès très grand, unique, je crois, dans l’histoire des tentatives de ce genre parmi nous. En six semaines, délai rigoureux accordé au public, il a été souscrit plus de deux mille exemplaires des Édits.

J’aurais voulu joindre à ce livre la liste des souscripteurs, mais pour cela leur consentement aurait été nécessaire et il ne leur avait pas été demandé.

Il en est deux pour lesquels je me crois en droit de faire exception, car les nommer me semble un devoir :

Le premier est le gouvernement de la République, pour lequel le Ministère de l’Instruction publique à souscrit cent exemplaires. Ce fait se passe de commentaires. Nous sommes bien en 1885.

Le second est l’éditeur hardi et généreux auxquels les protestants de langue française sont redevables de tant de publications savantes, volumineuses et périlleuses pour qui les entreprend et qui ne rapportent guère que de l’honneur : j’ai nommé M. Fischbacher, de la librairie Fischbacher et Cie. En souscrivant au dernier moment à un nombre considérable d’exemplaires, il s’est mis en situation d’en fournir au moins à une partie des retardataires de la souscription publique.

Qu’il me soit permis enfin de remercier ici les amis, trop nombreux pour être tous nommés, qui m’ont encouragé ou aidé dans cette entreprise, spécialement mon très cher collaborateur M. Draussin, aux soins duquel les lecteurs de ce livre seront redevables, pour une bonne part, de la correction typographique, et auquel ils doivent, en entier, la Table Analytique des matières.

Léon Pilatte.

Nice, Août 1885.

  1. La publication des Ordonnances des rois de France entreprise par l’Académie des Inscriptions offrira une mine d’une grande richesse à exploiter. Malheureusement cette publication a été arrêtée à la mort de Louis XII ; mais l’Académie des sciences morales l’a reprise et déjà elle a commencé un catalogue des actes du pouvoir souverain sous François 1er qui n’offrira pas moins de 5,500 ordonnances. Que sera-ce quand on aura relevé tous les actes des successeurs de François 1er jusqu’à la Révolution Française ?
  2. Voir plus loin la Note bibliographique pour toutes les éditions mentionnées.