Effet de soir (Guaita)

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Rosa MysticaAlphonse Lemerre, éditeur (p. 213-214).


Effet de soir


La lune, en un brouillard laiteux comme une opale,
Se fond, blanche. — Alentour, lumineusement pâle,
Vert lumineusement, trouble et mystérieux,
L’immense firmament nocturne ouvre les yeux.
Du Grand Tout immobile un silence mystique
Semble sortir et s’élever : large cantique
Qui se tait ! Hymne saint des mondes recueillis !…
Nous écoutons parfois cet hymne, enorgueillis
D’entendre la parole éloquente des choses…

Et tel, lorsque sourit sur tes lèvres mi-closes
Un silence. Très Chère, eh bien ! je le comprends ;
Tu ne dis rien, mais tes grands yeux sont transparents,
Et dans le calme alanguissant que je respire,
— Doux comme un crépuscule — à vivre en ton empire,
Je me crois transporté sous un vert firmament
Vespéral, où Phœbé met son enchantement.


Février 1884.