Effets de théâtre/23

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Alphonse Lemerre, éditeur (p. 47-48).

RAMPE


À H. Cazalis.


Les invisibles becs de gaz plaquent un ton
D’incendie, un ton jaune au rideau qui repose.
La tête de l’acteur, du front jusqu’au menton,
Sous leurs rayons bien crus est plus vive et plus rose.
La tête reluit mieux dans ce fard mélangé
De lumière, chaque œil parait une bougie.
Tout le théâtre a l’air vague d’être plongé
Dans un bain de clarté factice ou de magie.

Des costumes ils font resplendir le satin
Et donnent la couleur locale, l’atmosphère.
Pas besoin de soleil, la rampe peut en faire,
Mettant à volonté la nuit ou le matin
Sur les décors, sur les gens, sur le ciel des frises.
Rampe, rampe qui nous fascines et nous grises !