Elections académiques - Le maréchal Joffre à l’Académie Française

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Elections académiques - Le maréchal Joffre à l’Académie Française
Revue des Deux Mondes6e période, tome 44 (p. 202-209).
ÉLECTIONS ACADÉMIQUES

LE MARÉCHAL JOFFRE
À
L’ACADÉMIE FRANÇAISE'

L’Académie vient, aux applaudissemens de toute la France, d’élire le maréchal Joffre.

Il ne faut pas s’imaginer que cette faveur soit si commune aux grands capitaines. Six maréchaux seulement sont entrés à l’Académie — à des titres assez différens et tous en l’espace d’une soixantaine d’années. Le maréchal de Villars y entra le premier en 1714 ; il avait soixante et un ans, il venait de sauver la France, et ce trait rappelle l’élection d’aujourd’hui. Ce fut dans un élan de reconnaissance que l’Académie lui offrit spontanément le fauteuil, devenu vacant par la mort du premier aumônier de la Dauphine, Chamillard. Mais le vainqueur de Denain pouvait faire figure parmi les hommes de lettres. Il mit beaucoup de soin à polir son discours, qui fut très applaudi. Il y fut très modeste, ce qui ne lui était pas accoutumé. Il parla peu de lui-même. En quelques phrases seulement, il évoqua la grandeur du Roi et la valeur de l’armée française. Le directeur lui répondit avec grâce qu’il regrettait de n’être pas Cicéron pour répondre à César. Une fois à l’Académie, le maréchal prit intérêt à ses travaux ; il y collabora ; on dit que la finesse de ses observations littéraires étonnait ses confrères. Il fit don à la Compagnie de son portrait, suppliant, avec beaucoup de protestations de dévouement et de respect (c’étaient là ses propres mots), ses confrères, puisqu’il ne pouvait se trouver au milieu d’eux aussi souvent qu’il le désirait, de permettre qu’il y fût au moins en peinture, et que cette peinture fût un gage toujours présent de son zèle pour la Compagnie. Le don fut accueilli par des acclamations. Seul Valincour devina la gloriole secrète qui faisait désirer au maréchal d’avoir son portrait dans la salle des séances où se trouvaient seuls ceux des deux rois et des deux ministres protecteurs. Et pour lui faire pièce il fit don à l’Académie des portraits de Boileau et de Racine. Bientôt Corneille, La Fontaine, Bossuet, Fénelon, parurent à leur tour, puis d’autres, et ainsi commença la collection des portraits académiques.

L’année suivante, ce fut le maréchal d’Estrées, qui fut admis. Celui-là avait une admirable bibliothèque, aimait les écrivains, était l’ami de Montesquieu et écrivait avec beaucoup de grâce et d’éloquence. Cinq ans plus tard, en 1720, l’Académie recevait un jeune homme de vingt-quatre ans, qui avait justement fait, sous les ordres de Villars, la belle campagne de 1712 et qui, de sa courte existence, avait déjà passé vingt-cinq mois à la Bastille en trois séjours : une première fois, il avait fait une pénitence de quatorze mois pour sa débauche et son libertinage ; une seconde fois, à vingt ans, il avait été enfermé six mois à la suite d’un duel ; et une fois encore en 1719, pendant cinq mois, pour avoir trempé dans la conspiration de Cellamare : c’était Louis-François-Armand Duplessis, duc de Richelieu, qui sera fait maréchal pendant la guerre de Succession d’Autriche. Il était tout frais sorti de sa prison, et il était l’idole des dames de la cour, quand l’Académie l’appela à succéder au marquis de Dangeau. Comme il n’avait jamais écrit et qu’on ne pensait pas qu’il fût capable de composer un discours, Destouches lui en fit un, Fontenelle un second, et Campistron, un troisième. Il les accepta tous trois, et en fit un quatrième, qu’il lut : ce discours fut trouvé gracieux et spirituel ; mais il était tout rempli de fautes d’orthographe. Peu d’académiciens ont siégé aussi longtemps, car il n’est mort qu’en 1786, et il a été soixante-six ans de l’Académie française et cinquante-sept ans de l’Académie des Inscriptions.

Le quatrième des maréchaux que l’Académie a reçus jusqu’ici est le maréchal de Belle-Isle. Il était né en 1684. Il s’était illustré par la retraite de Prague en 1742, puis par la campagne de Provence, d’où il chassa les Anglais. Après la paix d’Aix-la-Chapelle, maréchal depuis 1741, duc depuis 1742, pair de France depuis 1748, il voulut encore être académicien. Le premier fauteuil, celui de Godeau, puis de Fléchier, puis de Nesmond, avait été, après ces trois évêques, occupé par le ministre des affaires étrangères, Amelot. Amelot mourut en 1749. Quelques conseillers mal avisés persuadèrent le maréchal de se dérober à l’usage des visites. Mais il se ravisa, et ayant ainsi satisfait à l’usage, fut élu tout d’une voix. Il avait soixante-cinq ans. Occupé des affaires publiques, il fut d’ailleurs un académicien peu assidu.

Le maréchal de Beauvau fut élu en 1770. Il n’était pas homme de lettres, quoiqu’on ait une lettre de lui à l’abbé Desfontaines sur des questions de syntaxe... Enfin le maréchal de Duras fut élu en 1775. Il n’a laissé aucun écrit.


Le vainqueur de la Marne est donc le septième maréchal de France qui se vient asseoir entre les gens de lettres. Son élection avait été prophétisée par Renan le jour où celui-ci, recevant M. de Lesseps, avait promis un accueil triomphal au général qui aurait rappelé la victoire. Le sentiment de Renan n’a pas cessé d’être celui de l’Académie. On a voulu que la première élection, après trois ans, fût toute nationale ; que les questions de partis n’eussent aucune raison d’y paraître , que cette élection fût unanime ; et qu’enfin elle fût un hommage à l’armée qui venait de sauver à la fois le sol et l’esprit français.

Sauver l’esprit français ! Beaucoup de combattans seraient étonnés de cette phrase, ou choqués, ou excédés. Il n’y a rien de si dépourvu d’emphase que l’esprit d’un troupier français. Cette simqlicité paraîtra son plus beau trait. Il est en service commandé, il fait sa besogne, il voudrait qu’elle fût finie, mais il la poursuivra jusqu’au bout. Les grands mots l’exaspèrent, quoique, sans y penser, il trouve lui-même des mots sublimes. Il a horreur de l’emphase, ce trait fondamental du germanisme, et par là il est bien de chez nous et nous défend encore. Il a horreur d’entendre dire qu’il est un héros. A juste raison : car il est un soldat, et c’est beaucoup plus beau. Mais il faut bien se dire pourtant que ce soldat a sauvé tout l’héritage d’idées et de sentimens que nos pères nous ont légué. Il a arrêté l’invasion sur une ligne qui va approximativement de l’évêché de Bossuet à la patrie de Racine et de La Fontaine. Et chaque fois que dans l’avenir un écrivain de génie, de la pure race de France, ajoutera une gloire nouvelle à celle des Bossuet, des La Fontaine et des Racine, cette gloire sera due aux soldats tombés sur la Marne.

Les livres ne sont pas toujours faits par ceux qui les écrivent. Un auteur n’est le plus souvent que le point de rassemblement et, comme on dit, le lieu géométrique des idées et des sentimens épars. Esprit de la race, désirs de l’âme humaine, rêveries faites de milliers de rêveries, espoirs de tant de cœurs souffrans, amours de tant de cœurs solitaires, c’est là ce peuple de fantômes qu’Hamlet voyait errer entre le ciel et la terre, et qui viennent se reposer et se dissoudre dans les pages des livres. Beaucoup de ces fantômes sont nés des vapeurs d’un tombeau. Ceux de nos champs de bataille seront ainsi féconds. Le voyageur qui passe aujourd’hui, près de Meaux, sur le plateau de Barcy s’arrête devant un spectacle saisissant. Le plateau est couvert de tombes, et sur chacune de ces tombes, une grande palme pliante et pâle frémit en gémissant. Là reposent ceux qui sont les vrais écrivains de l’avenir.

C’est par eux que le style français sera resté net, vif, mesuré et libre. Non seulement ils l’auront sauvé des ignobles qualités allemandes, du galimatias bouffi et de la mollesse gluante dont le poids fait la force, mais ils lui auront donné une vigueur nouvelle. L’énergie une fois créée ne se perd pas. L’héroïsme de ces soldats leur survit comme une force en liberté. Il se mêle à l’âme même du pays. L’écrivain le recueille et, sans qu’il le sache, son œuvre en est colorée et ennoblie. C’est bien lui qui écrit, mais ce qu’il écrit est dicté par l’âme errante des jeunes morts. Ils composeront ces livres que nous attendons demain. Comme il est arrivé après toutes les grandes crises, il est vraisemblable qu’une génération lyrique va surgir. Nous avions depuis quelques années un art si propre, si petit, si délicat, si vide de pensée, si dénué d’ardeur ! Dans l’art nouveau, la vie interrompue et l’ardeur brusquement brisée de tous ceux qui sont tombés prendront leur juste revanche et retrouveront cette part de l’existence qui leur était promise, qui leur a été retranchée, et à laquelle ils ont droit ; ils-lui donneront à leur tour l’énergie de l’action et la fièvre des mâles vertus, et l’enthousiasme, et tout ce qu’ils étaient à leur dernière heure, l’heure à laquelle ils sont devenus pour jamais eux-mêmes. En recevant le commandant en chef des armées de 1914, l’Académie a reçu par avance les poètes de demain.


Mais ce serait diminuer le sens du choix que l’Académie a fait que de le croire seulement symbolique. Certes, c’est à toute l’armée qu’elle a voulu rendre hommage dans celui qui l’a menée à la victoire ; mais c’est bien le maréchal Joffre qu’elle a nommé, et elle a eu raison. Ce n’est pas qu’il soit littérateur. Jusqu’en 1914, il n’avait rien fait pour solliciter cette renommée qui vient du style ou de la parole. A l’École polytechnique, ses moins bonnes notes sont celles de français. Ce n’est pas ici le lieu de retracer sa carrière de soldat et je recherche seulement les quelques occasions qu’il eut de parler et d’écrire. En 1892, on l’envoie en Afrique construire le chemin de fer de Kayes à Bafoulabé. A la fin de 1893, il reçoit l’ordre de marcher par la brousse, avec une colonne d’un millier d’hommes, de Ségou à Tombouctou, appuyant la colonne Bonnier, qui avance par le Niger. Le commandant Joffre montre dans la conduite de sa troupe les qualités d’un chef excellent. Il prépare minutieusement l’expédition. Il recueille des renseignemens précis sur le pays et sur la façon de combattre de l’ennemi. Il organise ses transports avec le plus grand soin. Comme il sait qu’il sera attaqué par surprise, il se garde avec des précautions sévères, et il déjoue en effet les tentatives de l’ennemi. Il est ferme et hardi autant qu’il est prudent. Il apprend que la colonne. Bonnier s’est laissé surprendre et il en recueille les restes le 2 février 1894. Mais il n’hésite pas avec sa petite troupe à se porter en avant, et, le 12 février, il entre à Tombouctou, après une marche de deux cents lieues. Il reçoit l’ordre de revenir ; mais il pense que son départ serait funeste, et il reste malgré les ordres. Il fortifie la ville et soumet le pays. Il a raconté cette campagne dans un rapport qui est surtout un modèle de clarté.

On a encore publié de lui deux discours, prononcés l’un en 1913, à la Société des anciens élèves de l’École polytechnique, l’autre à la Chambre, dans la discussion de la loi de trois ans. Ils ont le ton net de la voix qui commande. Ils sont logiques et solides.

Il y a dans l’armée française un assez grand nombre d’officiers qu’on pourrait croire plus près des lettres. et cependant voici qu’aux jours héroïques de la Marne, c’est bien le général Joffre qui a écrit deux pages immortelles, et que les plus grands écrivains seraient probablement incapables d’écrire, deux pages que tous les Français savent déjà par cœur, et qui seront répétées d’âge en âgé. L’une est l’ordre du jour qui arrive aux chefs de corps le 6 septembre au matin : « Au moment où s’engage une bataille d’où dépend le salut du pays, il importe de rappeler à tous que le moment n’est plus de regarder en arrière ; tous les efforts doivent être employés à attaquer et à refouler l’ennemi. Une troupe qui ne pourra plus avancer devra, coûte que coûte, garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer. Dans les circonstances actuelles, aucune défaillance ne peut être tolérée. » Cela est ferme et beau comme un discours antique. Cette beauté vient de la pensée nue, cette fermeté vient de la pensée claire. L’ordre est exactement égal aux circonstances pour lesquelles il a été fait et qui sont parmi les plus solennelles de l’histoire du monde. Le tour n’est pas différent des discours précédens ; mais l’exactitude, dans ces jours-là, est allée au sublime.

Le second texte est la célèbre dépêche du 12. « La bataille qui se livre depuis cinq jours s’achève en une victoire incontestable ; la retraite des 1re, 2e, 3e armées allemandes s’accentue devant notre gauche et notre centre. A son tour, la 4e armée ennemie commence à se replier au nord de Vitry et de Sermaize. Partout l’ennemi laisse sur place de nombreux blessés et des quantités de munitions. Partout on fait des prisonniers ; en gagnant du terrain, nos troupes constatent les traces de l’intensité de la lutte et l’importance des moyens mis en œuvre par les Allemands pour essayer de résister à notre élan. La reprise vigoureuse de l’offensive a déterminé le succès. Tous, officiers, sous-officiers et soldats, avez répondu à mon appel. Tous, avez bien mérité de la patrie. » Un Scudéry ferait remarquer que « quantités de munitions » est bas et que « constater des traces » est incorrect. Mais c’est tout de même du Corneille. J’ai vu, dans une pièce de théâtre qui n’était pas sans mérite, un personnage réciter les premières phrases de cet ordre. Tout le texte de l’auteur s’éclipsait auprès de ces lignes faites pour le marbre.

On cite ces passages parce qu’ils sont les plus célèbres. Mais tous les ordres qu’on a publiés sont du même style.

En vérité, on se fait des idées bien fausses sur l’état d’écrivain. On s’imagine qu’il faut être en même temps littérateur. C’est une erreur étrange. Beaucoup des plus grands n’ont pas fait profession d’être gens de lettres, et c’est même un des traits de l’art d’écrire qu’à l’inverse de tous les autres arts, on y excelle sans être du métier. A l’extrême, on peut imaginer qu’il y a des écrivains en puissance, et qui s’ignorent. Un grand général est de ceux-là. Il lui faut, pour mener une campagne, la puissance de se représenter les choses et la faculté d’inventer qui font l’imagination des grands poètes. Il a l’art d’adapter exactement les moyens à la fin, qui fait les grands stylistes. L’Académie peut l’accueillir ; et j’ajoute que, pour la valeur de l’esprit et du caractère, elle n’aura pas toujours la fortune de trouver un pareil homme.


Celui qu’elle vient de recevoir est, au dire même de ceux qui l’aiment le moins, un de ceux qui comptent dans l’histoire. Mais c’est aussi l’un de ceux dont il est le plus malaisé de tracer le portrait. Il y a en lui du je ne sais quoi et une sorte de mystère. Les uns lui prêtent l’esprit offensif le plus déterminé, les autres mettent sa gloire à avoir élevé et défendu un mur infranchissable. Il est énigmatique comme tous les silencieux. On ne l’a jamais vu, à la fin des manœuvres, faire ces critiques éblouissantes où se développaient l’éloquence et l’ingéniosité d’autres chefs. Il se bornait souvent à déclarer qu’il n’avait rien à dire. Mais, par un don qu’on a vu manquer aux plus grands orateurs, il sait parler au soldat dont il est adoré. Dans un temps où il était attaqué dans les conseils, on n’osait pas toucher à lui, tant était grande la confiance qu’il inspirait à l’armée. Les hommes le savaient ménager de leur sang, et c’est un trait à sa gloire d’avoir refusé les réjouissances publiques qu’on proposait après la Marne, ne pensant point qu’on pût célébrer par des fêtes une victoire qui coûtait tant de deuils. Ceux même qui ont travaillé avec lui au Conseil supérieur de la guerre ne connaissent pas ses méthodes de travail, l’ayant toujours vu apporter des solutions qu’il avait élaborées sans témoins. Mais ils tombent d’accord qu’il excelle à voir un problème et à le résoudre.

Ces solutions qu’il discerne avec une intelligence si claire et si juste, il a pour les appliquer aux faits un caractère d’un prodigieux équilibre. Un témoin raconte que, dans les premiers jours de septembre 1914, au moment le plus tragique de la guerre, comme on le consultait sur un point de justice militaire, on le vit appliquer son esprit à ces questions de code avec la même sérénité et le même sang-froid que dans les temps les plus calmes. Pendant la bataille même, quand les dés étaient jetés et que le sort du monde se décidait, on dit qu’il lisait son journal dans son cabinet, avec une tranquillité d’esprit qui ressemble à la plus belle fermeté d’âme. On connaît la régularité de ses habitudes, et ce sommeil des grands capitaines, dont rien ne retardait le moment. C’est par ce sang-froid imperturbable qu’il s’est gardé, après Charleroi, de tout énervement, qu’il a tout à la fois largement cédé le terrain et médité aussitôt la reprise d’offensive ; c’est ainsi encore qu’il a, au moment de la bataille de Guise, résisté à la tentation de livrer la bataille prématurément et que, renonçant aux lignes qu’il avait d’abord choisies, malgré de premiers succès, il ordonna le recul jusqu’à la Marne : aussi inaccessible aux conseils de la crainte qu’aux pièges de l’espérance, pesant tout, calculant l’heure, et inébranlable quand il l’avait entendu sonner.

Mais dans tout cela, il y a mieux que de la clarté de vues et de la fermeté de caractère. Cette tragédie d’août et de septembre 1914, avec son brutal premier acte, se déroule ensuite, à la vraie façon française, — commandée par l’esprit. L’ennemi vient précisément là où il craignait d’aller, sur une ligne tendue entre deux forteresses. Le piège se creuse devant lui. Il s’étend et se disloque, à mesure que l’armée française se resserre et se solidifie. Les deux armées changent de forme pour ainsi dire, et ces formes nouvelles sont imposées par une volonté, qui est celle du commandant français. Et quand cette transformation a atteint le point parfait, tout se porte en avant, et l’ennemi est culbuté : péripéties qui resteront comme un chef-d’œuvre classique.

Tel est l’homme. Il a sa place dans une Compagnie qui s’honore d’accueillir les premiers de la cité, et d’être une assemblée de ses gloires, bien plus qu’un bureau de faiseurs de livres. L’homme qui dans le désordre d’une action mal engagée a vu clair dans la situation la plus complexe que l’histoire connaisse, et qui a dit à tous ces flots divers de l’invasion accourant de tout l’horizon : « Vous irez jusqu’ici et pas plus loin, » cet homme-là est l’égal des plus grands. Ayant sauvé la culture française, il a sa place marquée dans le conseil des lettres françaises. Il prend rang entre les écrivains pour deux ou trois pages immortelles, qui dureront autant que la langue française. Il n’est pas nécessaire d’en avoir composé davantage, et le difficile était d’écrire celles-là. Que reste-t-il de plus, après quelques années, de l’auteur le plus fécond ?


HENRY BIDOU.