En Allemagne (1882-1886)/Agenda

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En Allemagne, Texte établi par Introduction et notes de G. Jean-Aubry, Mercure de FranceŒuvres complètes de Jules Laforgue. VI (p. 213-259).


Durant tout le cours de l’année 1883, Jules Laforgue nota sur un agenda les circonstances les plus saillantes de la vie monotone qu’il menait en Allemagne : cet agenda était le Carnet Mondain publié, au début de cette année-là, à Paris, par l’éditeur Charpentier. C’est un petit in-16 sous une couverture de toile grise ornée de filets noirs et d’un motif décoratif doré. Au début de chacun des mois figure un sonnet d’Armand Silvestre, Antony Valabrègue, Ernest d’Hervilly, Antoine Cros, Léon Valade, Albert Mérat, André Lemoyne, Claudius Popelin. Faisant face à chacun de ces sonnets, une illustration en couleurs de Félicien Rops, Forain, Daniel Vierge, de Penne, etc…

Le recto de chacune des autres pages de ce Carnet est orné de petits croquis et de remarques plus ou moins littéraires : le verso est divisé en trois cases portant en tête la date d’un jour. C’est dans ces cases que Jules Laforgue, de son écriture harmonieuse et fine, écrivit les notes qu’on trouvera ici. Le peu de place dont il disposait, en l’obligeant à une écriture minuscule, a rendu celle-ci d’une lecture parfois assez malaisée, en quelques endroits impossible.

Peu nombreuses pour les deux premiers mois, ces notes se multiplient d’avril à août, se raréfient pendant le séjour de Laforgue en France en septembre et octobre, pour ne reprendre, en novembre, que durant les douze premiers jours de ce mois, c’est-à-dire jusqu’au moment où la Cour, quittant Bade, regagnait Berlin.

Cet agenda, communiqué par M. Jacques-Émile Blanche, parut d’abord sous le titre « Notes de Jules Laforgue » dans le numéro d’octobre 1920 de la Nouvelle Revue Française. La version qui en fut donnée alors, en dépit du soin qu’on y apporta, présente des lacunes, des erreurs de lecture assez nombreuses et des passages obscurs.

J’ai eu la bonne fortune, non seulement de pouvoir contrôler ce texte sur l’original, mais encore de trouver en la personne de M. Th. Lindenlaub l’aide la plus précise et la plus efficace.

Résidant à Berlin à cette époque et lié d’amitié avec Jules Laforgue, M. Lindenlaub put éclaircir précisément à peu près toutes les indications brièvement notées par son ancien compagnon de vie berlinoise.

Une grande partie des notes qui figurent désormais au bas des pages de cet Agenda est due à son amical concours : il les avait revues quelques jours à peine avant que la mort ne vînt le frapper.

Outre le jour direct que cet Agenda jette sur l’existence quotidienne du poète à Berlin et sur quelques-uns de ses courts voyages en Allemagne et en France, il nous révèle un amour de Laforgue pour une personne appartenant à la cour de l’impératrice Augusta, personne discrètement désignée ici par l’initiale R. et qui ne fut pas sans contribuer à activer l’inspiration des Complaintes, en rompant la réserve extrême à laquelle la nature de Laforgue le plus souvent l’inclinait.


AGENDA

(Au haut de la page du titre). — Hippolyte étendu sans forme et sans couleur.

JANVIER

Lundi 1er. — Rentré coucher à 4 heures après le Champagne et le plomb fondu de Charlottenburg[1]. — Été à 8 1/2 à la messe [Sankt] Edwige Kirche[2] — avec M. B. — la bouche pâteuse — les yeux brouillés — froid glacial — Elle à son banc — moi à la porte près d’une mendiante, les pieds glacés aux dalles, perdu dans les vitraux lamentables. — Rentré — Mort de Gambetta. Visites — Panaches.

(Après le 31 janvier sous la rubrique « Notes » )

— Eugène [Ysaye] à Berlin. Observations.

FÉVRIER

(À la fin de ce mois, sous la rubrique « Notes ») — La Toccata [de] Bach-Thausig [sic] — Le concerto de Rubinstein — La Fantaisie de Liszt[3] — Le Lohengrin.

Dell’-Era[4]Coppélia — Carmen — La reine de Saba — Hamlet[5].

MARS

Jeudi 1er. — Marions-nous, mariez-vous. — X.

Samedi 17. — Gudrun[6].

Dimanche 18. — Le Prophète (!) — Drame en deux actes. — Un malheureux.

Lundi 19. — Congé — Complainte du fœtus[7].

Mardi 20. — Congé — Thé à cinq heures — Backfisch. Liebling, Büchheim[8] — Complainte des amoureuses — donné à R. à lire cette lettre prise à Eugène.

Mercredi 21. — Congé — Tannhäuser précédé d’un Hymne au Kaiser.

Ma belle inconnue de l’Opéra ! souvenir éternel — Elle aura ma dernière pensée à mon lit de mort. Idéal entrevu et enfui. Je suis sûr qu’elle a vu que je l’adorais et qu’elle m’en a adoré — Où est-elle ? elle se couche ? Elle ôte ses faux cheveux — en fredonnant cette obsession, l’ouverture du Tannhäuser, que chantent ensuite les pèlerins — ouverture que j’ai tant entendue dans le spleen de Coblentz. — Tout est mystère — Elle était seule.

Jeudi 22. — Congé — Reichsall[en][9] — die Ochsen — les acrobates — les 2 créoles. — La vie est bizarre. — le grand volume de Mariette-Bey — Mon Alléluia — Prologue à mes Complaintes. Tous ces gens qui communient !![10].

Vendredi 23. — Congé. — la journée seul — Toujours l’économique [restaurant] Printz — Une course dans le Thiergarten — Spleen — Impossible de combiner deux idées devant le papier blanc — Toujours pas de lettre — Plus un radis — fait avancer mon trimestre.

Samedi 24. — Au cirque — les Aquimoff — La connaissance de l’illustre Cascabel[11] — Proteus. De la neige.

Dimanche 25. — les Accents exotiques. Qu’irai-je faire aux États-Unis ?

Jeudi 29. — Concert F. Planté. Sing-Akadémie[12] — succès fou : la tête des berlinois — le P[rince] Radziwill dans sa loge.

Vendredi 30. — au Walhalla[13] — l’hystérique de Théo [Ysaye]. les Schœffer[14] — les 2 Darc — les chiens — Exposition Gurlitt et Jansen avec R. l’antipathie instinctive devinée — Mlle de Jo. [Max] Klinger. Une photo de Dell-Era faisant une pointe et souriant.

Samedi 31. — Tristan et Ysolde — drames Mallarméens — Couché à 4 heures — Mon porte-plume — Seul au monde.

(Sous la rubrique « Notes ») — Dîners sommaires — pipes nombreuses — Démocratie — Mon Faust — mort à Gidel à Louis le Grand — Indigestion de Carmen[15] — Gudrun.

AVRIL

Dimanche 1er. — Soleil — Que fait en ce moment l’être qui dessina les chats en regard desquels j’écris ????? fini Démocratie — (ce soir non la H. mais la Schöl) Une heure à l’Opéra les Rattenfänger[16]. Un joli décor — La Princesse F[rédéric] Ch[arles] — échange de coups d’œil — que fait ce mystérieux lord de Bourget ?[17]

Lundi 2. — Je trouve ma pièce stupide — En face l’éternel sourire de Del-Era — Walhalla — manqué Cascabel. Mélancolie de l’homme-serpent. Retour — avec Théo [Ysaye] dans la Friedrichstrasse. Bahnhof, mélancolie. — 2e édition mais plus huppée de Cléo.

Mardi 3. — Les Diamants de la Couronne[18] — stupide. Soupe avec Théo [Ysaye] et Lewinsky[19] — Le problème des huîtres.

Mercredi 4. — Il pluviotte — Au cirque — Abschied — Soirée — Failli être écrasé — Être enterré à Berlin !

Ste Elizabeth de Listz (sic) — Philharmonie, Bernburgerstrasse — Les Maywald.

Jeudi 5. — La matinée la Gde Duchesse. — Promenade avec B. — La tête d’Holzendorff[20] — venant me prendre mesure.

2 actes du Freischutz. — Lecture de 9 à 10. Le spleen de Bade approche. Dans quinze jours. Surviendra-t-il quelque catastrophe d’ici là ? l’existence est si monotone.

Vendredi 6. — Qu’ai-je donc fait ce vendredi là ? — Peut-être ai-je eu une absence de vie ? — Non, j’ai beau me subtiliser en efforts de mémoire…

Dimanche 8. — Été voir danser Dell-Era à Carmen — Et la danseuse phtisique — Et le danseur qui m’a jeté le mauvais œil.

Lundi 9. — J. B. et S. M. V[ictoria] !! — Partout la dynamite — Ici de grands malades — J’attends de l’Imprévu ! Le cœur palpitant.

Mardi 10. — Il pluviotte. Acheté une huître bronze chinois pour pot à tabac — puis comme encrier.

Vendredi 13. — chargé demi-mot de regret pour Planté — voir après lecture danser Dell-Era, Reine de Saba de Goldmarck — puis au concert Planté. À la fin présenté par Huster[21] — (de même à Fernow et Wolff ?)[22] charmant, débordant — Avec Théo — rencontré l’Américain « Thausig ist, mein Gott ! Colossal !  » etc. — été chez Julitz[23] — huîtres microscopiques — éreinté.

Samedi 14. — 9 h. Hôtel de Rome — Planté — seuls — causé — bredouillé avec mon français — sa photo — son cahier d’articles réunis par un Sre de l’ambassade — Il retarde d’un jour son départ, naissance d’un enfant. — Angoisse — court chez la [comtesse] H[acke] — emballé par cette figure insoucieuse, déjà embêtée à cette heure par des solliciteurs — Rentré — Angoisse ! Bernstein — sortis ensemble — vais chez R. — Oubliez tout, excepté que je vous suis dévoué. Ça va — lecture — délivré — chez Langlet[24] — puis à l’Hôtel :

Dimanche 15. — Mon costume — mince d’élégance — Toto ne va pas à Charlottenburg. Olbrich[25] — Spleen — soirée chez lui — dames — Le matin, promenade avec R.

Lundi 16. — Lecture — puis chez R — scène interminable. — Banquise et tison. — Aïda.

Mardi 17. — Lecture — ébauché préparatifs pour malles — Dresde — à 1 h. chez Théo — toilette impatientante — ses chaussures ! fous ! à 2 h. départ — fous — cigares — butterbrod. paysages — seuls — chahut. Arrivé à 6. rôdé — bêtes curieuses, nos chapeaux[26] — rôdé — perdus — voitures énormes — cocher fumiste — nuit — dîné Hôtel de France. plan — traversé l’Elbe — rôdé — éreintés — Kaiserhoff — vaste chambre au premier — fumé au balcon — couché — causé — Panthéisme — apparence Brahma, renoncement — jusqu’à minuit en fumant — Ostende[27] — réveil — fous.

Mercredi 18. — Levés à 8. Café. — fumé sur le balcon devant une caserne, soldats enfants — fait les fous — payé la note — rôdé jusqu’à dix h. — ruisselance de chefs-d’œuvre — beau à sangloter — n’insistons pas — rôdé — mangé hôtel de France — rôdé — Kunstverein (deux Klinger) terrasse café — fumé — rôdé — plein le dos — musée ethnographique et anthropologique — spleen — fumé — rôdé — gare, embêtements — éreintés — rôdé en voiture — départs — folie — fumé — sentimentalité — crépuscule champs — dormi côte-à-côte, joue contre joue — arrivés à minuit — rôdé — fous — Lune.

Jeudi 19. — Rentré ce matin à 1 h. tout encombré — pêle-mêle — fait mes malles — couché — levé à 7 — tout expédié — lavé — rasé — vu Théo — parti avec Velten[28] — journée de paysage monotone avec le sifflement des poussières[29], plus nous allions, plus ça verdissait — troupeaux de moutons — Pâtres idiots (V. aux notes !!!)

Vendredi 20 [Bade]. — Levé à 8. — Rinçage effréné — écrit à [Charles] Henry — Promenade invinciblement poseuse dans les Lichtenthal — Une aquarelliste — Passé par la villa de [Maxime] du Camp. L’Impé[ratrice] d’Autriche et sa fille. dîné avec Artelt — travaillé — écrit à Théo — et envoyé quelques articles traduits à Planté à Mont-de-Marsan — cabinet de lecture. Peur des yeux bleus de chez Marx — soupe — thé — Ctesse Vistchoune ? [Vitzthum] lecture — relation sur Dresde. Le chambellan aux doigtiers d’argent.

Samedi 21. — Ce matin Yburgstrasse — lecture mer intérieure Roudaire[30] — Promenade folle avec R. lamentations d’ambitieux esclave — etc. — Lecture — La Ctesse V. yeux baissés — Discours de Mgr. Perraud.[31] Est-ce assez idiot ! Quelle comédie — Tous ces gens-là sont-ils assez stupides et vides !

Dimanche 22. — De bonne heure jusqu’à Lichtenthal — Puis à la messe avec R. et D. — Cora Pearl — le Salon — selles (40 pers.) Impé[ratrice]-d’Autr[iche], — visité les écuries — rien.

Lundi 23. — Scène avec R. ! projets de fortune, Halle aux tableaux et dessins. Impressionnisme et cire !

Mardi 24. — B[erliner] Tag[eblatt] — loin très haut avec Shiller — en revenant vu monter Imp. d’Autriche, en gris, l’éventail cuir en abat-jour[32].

Mercredi 25. — Le duc et la duchesse d’Alençon. Qui m’aurait dit à 15 ans à Tarbes !..

Jeudi 26. — Là-haut, Yburgstrasse — La duchesse d’Alençon rouge, la Ctesse Trani gde jaune[33].

Vendredi 27. — Service à l’Église grecque, pope noir à croix d’argent — nasillements insensés — Portraits des Stourdza — scène avec R.

Samedi 28. — Dans les bois. Une cathédrale de feuilles tendres, un silence, et toute cette armée de minces troncs grisâtres tigrés de mousses. — La Csse Trani — la folie de me sauver comme seul au monde et de vagabonder à travers les peuples, les fils de l’Homme — mes Complaintes.

Dimanche 29. — Averse — Cabinet de lecture — Mélancolie du cornet à piston dans l’averse.

Lundi 30. — À la gare Cécile de Sch. — Promenade — Leurs cors — Tout humide et reverdoyant.

Notes.

de Berlin à Bade — dîné avec R. lu Une Vie de Maupassant, reçu la Revue — puis le thé — cigares — R. et Sch. — et la sœur Placida riant, signes — Insensé. Crépuscule — les draperies de la nuit sont retenues par la fibule de nacre de la lune — je chantonne dans ma mémoire des lambeaux d’airs de cet hiver (Toccata, la prière et l’autre du Freischütz, Tannhäuser, Lohengrin, Carmen !) la locomotive déraille. — Les chauffeurs tremblants — locomotive lente enlevée aux voyageurs arrivant de Mannheim ! bout de tendresse, serrements de mains tièdes avec R. — arrivé ici à 1 1/2 — ma vieille chambre avec un faux Berchem ou Dujardin[34] — installation — dodo, réflexions sur la vie.

à Bade — les journées passent ne sais comme. Pas la force de m’atteler à une besogne — on mange trop bien — on fume trop. On n’est pas assez seul, voisins, voisines. Il y a dans l’air trop de tentations de promenades. —

MAI

Mardi 1er. — Avec R. Tendresse — Cigares — Le Salon là-bas — Rage d’esclave — Ambition — sans le sou — Rochegrosse — Les Furstenstein —

Mercredi 2. — Rage de dents — promenades éternelles — bons repas — cigares — La complainte des vieilles tapisseries de haute lisse. Les Rantzau.

Jeudi 3. — Promenades — orchestre — etc. — Fête — spleen — cigares — prairies — hannetons. « J’avoue que c’est la dernière des choses à laquelle je serais exposée ».[35]

Vendredi 4. — Comme toujours.

Samedi 5. — Après la lecture — seul à la lampe — Hartmann[36] — Dehors l’averse — Hallucination universelle — Effroi réel devant la débâcle de mon (?) cerveau.

Dimanche 6. — Embêtement général.

Lundi 7. — Clown à New-York, costume épatant — Exécutant en une minute de grandes caricatures au charbon des grandes personnalités européennes et des pers. des États-Unis — (le clown du Walhalla à Berlin).

Mardi 8. — Qu’est-ce qui peut bien m’être arrivé mardi 8 ?

Mercredi 9. — v. Valérie von Sch.

Jeudi 10. — Averses — spleen — la fête des petites filles — (traduct. Planté)[37].

Vendredi 11. — L’Étincelle. Le Monde où l’on s’ennuie. (Quelles pièces idiotes !) Devoyod — — P. Reney[38], etc. — Averses. La Reine de Wurtemberg. Keine Vorlesung.[39]

Samedi 12. — Averses — Pas de lecture, le soir. Scène — Yulichen. Complainte des pianos — Rouge de faire mon portrait dans le miroir.

Dimanche 13 [Pentecôte]. — Schönes Wetter — Que fait Théo — spleen — Encore quinze jours et à Berlin.

Spleen effroyable !  ! — Ah ! il faudra soigner ça — Ce couronnement[40] sera peut-être une distraction — L’orchestre d’à côté fait rage — Quel métier.

Lundi 14. — Embêtement fixe : nombre infini de degrés au-dessus de zéro. Été chez du Camp —

Sous prétexte de Pentecôte — Débauches de l’orchestre d’à côté — Salade de valses, d’ouvertures, de rhapsodies, de marches, etc… Puis les cloches de la Vallée — Qu’est-ce qui m’arrivera mardi 15 ?

Mardi 15. — Il ne m’est rien arrivé.

Mercredi 16. — Été chez du Camp. Chaleur accablante — Cigares — Promenades accoutumées — Mlle de Kérouare[41].

Jeudi 17. — Cette fête des gens — Humanité, encore une fois, que tu me fais de la peine. — Lecture — Le verre d’huile de du Camp. Dans la nuit — complainte des bals — En bas on danse — Les crins-crins, le piston, les baisers de Strauss. — Ô terre, ô terre, que tu me fais de la peine[42].

Vendredi 18. — Visite à du Camp — Longue « bavette » comme dit Taine. Le portrait de Judith la filleule (500.000) — La visite au salon — perruque — Devenons-nous fous. Manet relevant de l’ophtalmologie ne voyait que les surfaces planes — Les portraits du siècle — David et surtout Gros (énorme). Deux sortes de gens de lettres — ceux qui les aiment et ceux qui en vivent. Puvis et Massenet, bons garçons — Clairin.

Samedi 19. — Rien — L’arrivée de la Vie Moderne[43] — Je me roule des cigarettes, tabac conservé au frais dans mon huître bronze chinois — Pas de lettres — Dîner copieux. Je coule.

Dimanche 20. — ? O — Promenade à 8 h. du matin jusque là-haut — gde impression — Notes — Le vent — Les pins gémissant, craquant comme de vieux meubles, les miaulements nasillards enfantinement plaintifs des corbeaux — la silhouette décharnée, gris de fer d’une cigogne qui file vers Strasbourg — puis droite plafonnant — silence habité des seuls oiseaux — de hautes salles — Le coucou sournois, les genêts, la flûte monotone des merles noirs à bec orangé.

Lundi 21. — À 8 h. Parti pour Strasbourg. Le petit vieux chef de gare — Mes Anglais — Le Gaulois — le Voltaire — arrivé à 10 h. Pourquoi que tu pleures, René ?[44] — Flâné, que de gasse et de gässchen ! Pas de cigognes. Tout parle français hors les soldats et les enfants. Du moins les enfants pauvres — Flâné — mangé. Hôtel de l’Europe — Café à la franç. — Café Broglie-platz. Où est le Rhin ? — Jeunes filles à cheveux châtains ou noirs — L’exposition hôtel de Ville — Jundt. Doré — La Vilette[45] etc. — Pille, Montchablon — Flâné — Que de gasse et de gässchen. Revenu ici à 7 h. (un peu de la route avec mes goinfres d’Anglais) — Kurhaus ; Parsifal ! la 9me symphonie de Beethoven — Promenade au clair de lune avec Bebelschen — À 11 h. sentimental et sceptique.

Mardi 22. — Une heure avec les yeux bleus de chez Marx — Spleen — Lettre de Bourget — Lettre de Planté — Figaro : article sur le pointe-séchiste Marcelin Desboutin. — ô gravure, quand me laisseras-tu tranquille.

Mercredi 23. — Encore cinq jours : et du changement — Misérable et inconstante créature.

Jeudi 24. — Dès 8 h. — La procession de la Fête-Dieu ! Devant l’hôtel d’Angleterre — Elles avec la sœur Placida aux fenêtres de la duch. Hamilton. — Quelle horrible population tannée, déjetée, osseuse, abrutie, abêtie — ô faune περιβοητος de Praxitèle — Les valets s’étaient mis à la file des hommes aussi — en noir et gantés. Toujours la hiérarchie, Corbeil d’abord et le palefrenier, le gros, le dernier. Les petites filles, les garçons. — C’est « ÉNORME ! » des gens récitaient des chapelets[46].

Vendredi 25. — La princesse Victoria de Suède, celle que le Dr Evans voulait marier à Loulou[47] en leur léguant ses millions. — Là-bas est le couronnement — Et je n’y suis pas — Je serais le seul à y faire de la psycho. — Complainte du soir d’hyménée[48] (envoyé mon monologue des journées à Coquelin cadet !!). — Relu des Chansons des Rues et des bois — Vraiment un Être unique.

Samedi 26. — Complainte des aveugles — Été avec les 2 Schô, boire là-haut du kuhmilch. — Mes cheveux en brosse — l’œil rouge de l’Imp. Lettre de Bourget — demain le Couronnement ! Que va-t-il arriver ? Qu’est-ce qui est écrit ????[49]

Dimanche 27. — Autour de la chapelle grecque où errait un pope crasseux dans les belles fleurs en fleur — Grande scène avec R… Elle était née pour être mère — Le soir lettre. — Lecture — bagages — Adieux à Max. du Camp (Evans. Michiels).

Lundi 28. — À 5 h. promenade vers Lichtenthal — Les paysans descendant vers la ville — Les puissants effluves de café des hôtels — rentré — puis à la Trinkhalle — puis rentré, pourboires — puis rentré — puis promenade — rentré — puis à la gare — puis vouloir rentrer pour Adieu à Cécile — pas pu — et au galop à la gare — Voyage — poussière — spleen — de 8 à 11 h. du soir. Quelle journée — pris le thé avec elles dans le salon bleu — Là-bas à Moscou rien — Mort de Rivière[50], etc. — Le soir seul dans le coupé chantant des airs au crépuscule — Potsdamer bahnhof — puis en voiture avec R. et la Schwester Placida (qui m’aime ?). R se pressait contre moi — Et Placida jetait des regards, me semble-t-il.

Mardi 29. [Berlin] — Théo — la pipe — piano (pastorale de Scarlatti-Thausig) (sic) [café] Bauer — Dimitri[51] — salon de Charlottenburg — lamentable — (v. aux notes) Exposit. d’Hygiène — lamentable aussi — dîné là — rentré par le chemin de fer — 2 grues — Envoi à Bourget — Lecture — le palais — son petit-fils le gd duc de Bade écoutant ?

Mercredi 30. — Éreinté — Tendresses chez R. Explosion.

Jeudi 31. — Éreinté — Pris des notes au salon à Charlottenburg. Tendresses.

JUIN

Vendredi 1er — Éreinté — Tendresses.

Samedi 2. — Théo et Lewinski, à l’Hygiène-Austellung, puis Friedrichstrasse. Streppe — des morsures ! Lettre de Bourget.

Dimanche 3. — Seul — National Gallerie — « Je ne suis plus digne de vos baisers » — « Racontez-moi tout alors » — Sch. avait pleuré — elle s’ennuie — Flick et Flock[52] — Dell-Era — chaleur accablante — balcon du café Bauer — ô les soirs de dimanche d’été dans la capitale. — Que ma destinée est sublime ! et que tout est éphémère.

Lundi 4. — Salon de Charlottenburg avec R — Envoyé à Bourget à Oxford la Complainte du soir d’Hyménée.

Mardi 5. — Avec Théo au salon — trois heures de notes, puis mal dîné là à une terrasse — puis le café chez les Meywald — La Lidschen[53] désirable — Rentrés — à 8 h. Lewinski — l’Akademie of Music[54] — Le vieux dont le ventre vibrait solitaire — La première, blasée. — Celle qui m’a fait demander un ananasbowle — ressemblant à Marguerite — La dernière, voix insensée !! — puis le tingel-tangel de la Hausvogtei[55] platz[56]. Une Juive aux aisselles noires — une blonde en bois — et l’Anglaise rouge, inouïe. « Yours, yours, yours. » La quête aux pfennige — accompagné Lewinski à minuit au tramway et là lui [ai] emprunté dix marks — Partie carrée insensée — Lutte (d’abord les ohringen pour la monnaie — inouïe d’entêtement) Friedrichstrasse 159, bei Elsa III. À 2 h. le café chez Bauer — puis erré philosophant le long de la Sprée désolée au jour naissant avec ses énormes péniches. Inouï — Rentré chez lui à 4 h. 1/2. Causé jusqu’à 6 h. 1/2. — Au palais à 7 h. — malles — toilette — puis à la Potsdamer Bahnhof — l’Empereur l’accompagnait — Vais avec [le Dr] Velten — R. devant ma mine — Excusé ou essayé — temps splendide — arrivé à 9 1/2 à Coblentz. La Csse Hacke sur le seuil — soupe chez Velten — ma chambre sur le Rhin — dormi — (!)

Jeudi 7 [Coblentz]. — Csse Hacke — Lecture. Le matin fumé la pipe — dessiné des bateaux et le pont — coup d’orage — spleen — amas de journaux.

Le soir après la lect. — essayé de travailler — mais fenêtre ouverte — trop de moustiques. —

Vendredi 8. — Scène de l’indigne.

Samedi 9. — Après la lecture — le livre de la Queen[57] — visite à Napoléon III — « Hélas ! » — la nuit — averse dans le jour — les grenouilles crécellent monotonement — des pipes — la langue me pèle.

Dimanche 10. — Congé de 2 jours — Je dois aller à Cologne — Emprunt de 100 m. Un gd bateau à 2 cheminées — à 5 h. l’orage — puis sur le pont — les rives — les vilaines gens des réjouissances dominicales — chanté — épatant der Vater Rhein — Arrivé à 10 h. 1/2 — couché — (café atroce) à l’hôtel de Cologne en face — Un ménage d’ouvriers mangeant par la fenêtre avec la placidité de tous les jours. — Écrit à Marie[58] et à Bourget —

Lundi 11. — Levé à 8 h. — café — note — le Dôme — un guide — Le Christ en bois 9e siècle style grec sans couronne, les jambes à la Morot. Un monstrueux St Christophe en pierre coloriée — Je préfère la Ste-Chapelle et N. Dame — Chez Farina[59] le modèle en bois 8 ans et 17 jours ! flacon d’eau et photo — Permanente Kunst Austellung, vergiftet [empoisonnée] de G[abriel] Max[60] et martyre chrétienne, le tourmenté factice et chromo d’Andréas Achenbach — Au Musée, un buste de César et de Scipion l’Africain — l’épatant petit Roybet — la Louise de Richter[61] — Le Camphausen à képi français — erré — à 10 1/4 le Bismarck[62] — jeune couple français. L’éternel fouettage des flots flasques — Table d’hôte. La petite comtesse Blumenthal devenue jolie — 8 h. de bateau — les rives — sensation de pleine mer — Le maître d’école de Blondel loyal, débonnaire, Breton. « L’indélicatesse est la cruauté moderne » Lettre de Klinger. Lecture.

Mercredi 13. — Silence de Bourget — Le silence et les reflets.

Jeudi 14. — Le boulet de mon Salon berlinois — l’horrible loque du catalogue — ma pipe cassée ou plutôt désagrégée par trop d’imbibition nicotinale — silence de Théo — Lettre de Charlot —[63].

Vendredi 15. — Terminé mon Salon, onze monstrueuses pages et envoyé rue Favart — l’Impé. l’attend de plus en plus. Quel fiasco si ça ne passait pas ! La Csse Schiemelman maigre simple à la Bachem boitant avec une canne — bavarde ! un rire nerveux de femme qui a beaucoup sangloté. La Vitzthum toujours perche et muette comme le poisson de ce nom — et la Elsen (?) idiote, prenant son thé avec des mines imperceptibles — changement de Chambellan — reçu le 5e [volume] de la Légende des siècles — Un prodigieux monsieur, en vérité.

Samedi 16. — Les cloches chevrotantes de Coblentz.

Dimanche 17. — Soleil — paisibilité — Le Rhin là-bas sous le pont, un gamin endimanché fait des ricochets en lançant à l’écho des tyroliennes monotones.

Lundi 18. — Point-de-côté — pris froid — souvenirs. Il doit être moins difficile de mourir que je ne me l’étais figuré — Le soir pleine lune sur le Rhin.

Mardi 19. — Matinée de soleil sur le Rhin — on entend le bruit de la tondeuse sur les petites pelouses du jardin où les fées (?) jouent au lawn-tennis.

Mercredi 20[64]. Cercle — aux Anlagen — crème — poudre oriza — de Moltke — refais ma pièce — Rêve d’aller à Dusseldorf — Pas de lettre — le St Antoine de Busch, gagné ma 1re partie de crocket avec la Babelschen — la première et seule fois que j’eusse touché un crocket, rue Achille Fould !

Jeudi 21. — Gagné 2 part. de crocket avec Sch.

Vendredi 22. — Salon de Berlin à refaire — Quel boulet !

Samedi 23. — Le colonel — Voyage en Égypte du Pe F. Charles. Ma réponse au livre de Hillebrand !

Dimanche 24. — Spleen — revu Maria Sch. — étonnante — La « Sagesse » de Verlaine — Quel vrai poète — C’est bien celui dont je me rapproche le plus — négligence absolue de la forme, plaintes d’enfant —

L’Alexandre Dumas de Bourget[65].

Lundi 25. — Crocket — Lady Seymour. — ?

Mardi 26. — ?

Mercredi 27. — C’est un original ?

Jeudi 28. — Grand thé — la baronne ? avec sa gorge, ses allures de servante — Lady Seymour, longue bavette sur la peinture anglaise. Les 2 petites comtesses — l’étrange backfisch la Vitzthun.

Vendredi 29. — Perdu au crocket — chaleur atroce cassant bras et jambes.

Samedi 30. — ?

Notes.

Vous savez, entre littérateurs, n’est-ce pas, gardez-moi le secret.

Période aiguë d’amabilité des 2 parts.

JUILLET

Dimanche 1er. — La Vie parisienne.

Mardi 3. — Quelques complaintes — Quand enfin publierai-je quelque chose ? Renvoyé mon salon refait — mal de tête atroce. Encore le colonel. Propositions pour Munich — de Gélien — Vive le roi à Kœnigraetz [Sadowa] — photo. 3 juillet.

Vendredi 6. — Crocket. L’Empereur — départ pour Munich — Sleeping-car. Ma pipe.

Samedi 7. — À 8 h. Central Bahnhof — Hôtel Bellevue ; toilette puis au hasard. Exposit. [66]. « Plaisirs de voyager, libre, bien mis avec de l’argent, sans bagages » — le soir théâtre troupe Meiningen — l’italien.

Dimanche 8. — Pinacothèque. Bouchor — Hofer — les étudiants, bleus, blancs, rouges, si grossiers — le tramway pour aller boire de la bière. — Le soir erré, éreinté à mort, par les rues noires. —

Lundi 9. — Exposit. les Italiens clowns — galerie Schack[67] — erré — puis en gare — nuit en sleeping-car.

Mardi 10. — Mayence — Coblentz — Pas de lettres — de journaux — Lettres à Bœcklin[68], à Wauters[69]. Lecture du matin.

Mercredi 11. — Spleen — été à Höhrd ? acheté deux puissants hanaps ou vidrecomes — Nihilisme dans le Temps — « Ce sont des articles comme votre pauvre père devrait en lire plus souvent. »

Jeudi 12. — Cercle — crocket — le colonel Égypte.

Vendredi 13. — Le matin lecture — tandis qu’elle [l’Impératrice] signe des diplômes — oh ! le règne de la lettre gothique.

Samedi 14. — Gde soirée, 12 personnes — 3 tables — le voyageur barbe à la française, voix grave et lente (dix ans, pôle nord) — Je faisais remarquer sa distinction à la Csse Elsa (qui en est amoureuse ?) Les 2 jeunes Furstenberg — piquantes (la plus jeune !) — le prince fils du prince Hermann — de Gélien, sa femme et sa fille — Le Cte ? Hussard — (jadis à l’ambass. à Londres) à Rome mainten. s’est fait présenter à moi — charmante conversation — notre table, moi — Elsa — Mlle de Gélien — le Cte hussard, l’aînée Furstenberg, Schwerin, la jeune Furstenberg — le prince présidant — on jouait à la loterie — des lots articles de Vienne ou de Paris — Je ne voulais pas jouer — On avait commencé — la Hacke[70] s’est levée et m’a dit tout haut que je joue de par l’Impérat. — on joue — à la 1re carte je gagne ! et double ! une boîte peluche bleue à roses pour cartes, et un cendrier en métal (têtes !) — on continue — thé — souper — glaces — conversation — Je rentre mes lots sous le bras — Et je fume une pipe en ravaudant mes complaintes. Le prince à côté de qui j’étais et dont j’avais aimablement arrangé les cartes, m’a serré la main en sortant ! — bull-dog, va !

Dimanche 15. — Concert, arrangé aux écuries les drapeaux. Les toilettes des chœurs (Les Saisons de Haydn) l’épileptique chef Maszkowski — mes Complaintes. Ctesse Elsa cousine du pianiste Graf Zicky —.

Lundi 16. — Lecture matin — Midi sonnant aux pendules du château — par la fenêtre le Rhin sous l’averse — Déjeuné — pipes — rêvassé — Ce soir Joachim et Brahms. Le vent, le vent — concert-Joachim (ses variations et le concerto de Max Bruch) — froid — les toilettes — les têtes — chanteuse légère en lunettes. Ridicule des gens qui chantent — Brahms et Hiller — Quelles balles d’artistes ! chœurs — Ce soir la Ctesse Munster — (rendez-vous à Ostende !) quels yeux — le roman de Ouïda (les glaces).

Mardi 17. — Le Cte Mouraviev (croix rouge) — invitat. au dîner — Placé entre Brandebourg et lieutenant — lettre à la Hacke et confér. au pied de la statue en haut du gd escalier — ce soir, observé l’Emp. mystère — Règle du jeu de crocket — ennuis pour mes chemises — gd vent — tout blafard — sensations d’automne.

Mercredi 18. — Pluies — averses — vent, qui ont tout lavé, car ce soir clair de lune solitaire sur le Rhin et les coteaux, clair de lune charmeur des nids — pas de lecture — soirée — le prince Mavrocordato, noir, barbu, pommadé, mauvais franç. ganté comme un marié de province, tournant ses pouces gantés quand l’Impé. le complimentait — Il a joué, il a réveillé ce pianino que je croyais mort — délicat, bon élève princier. (air national grec ?) la princesse, petite, maigre, ébouriffée, crépue, bêtasse, en bleu empesé — Puis les autres — Melle de Gélien trop blondasse, mais si vive dans sa douceur de laide charmante — etc. etc… — Dans ce monde, pas cinq minutes de conversation non creuse, fine, subtile, neuve — des banalités de salon — art, littérature, etc.

Jeudi 19. — Comme toujours — lecture le matin, à midi, après le déjeuner, l’après-midi après le café, crocket avec B ou scène avec R — dîné à 5 1/2 — puis promenade en voiture tous 4 ou crocket — automne — vent —

Vendredi 20. — Id. Complaintes.

Samedi 21. — Reçu 2 placards d’épreuves de mon article — et retourné — l’officier pour l’officiel Werner ! foudroyant pour poudroyant.

Dimanche 22. — ?[71]

Lundi 23. — Prenant mes congés, de Potsdam aller jusqu’à Hambourg — de Hambourg au Havre, du Havre à Paris ?

Mardi 24. — Cécile de Scholer — dessiné 2 fois à la plume l’Innocent de Velasquez (photo) collection Devonshire — puis des sanguines of Watteau.

Mercredi 25. — Mes congés vont du 10 août au 1er novembre ! — Fumé l’odalisque — maudite la race des blanchisseuses inexactes !! — Ce soir le prince Mavrocordato — coiffeur — joue — puis cause, en mangeant avec l’Imp.

Des airs
de prince-cabotin
capables de bourgeois

tel morceau du cachet — Elle : on retrouve la trace de ses souffrances dans les morceaux de Chopin — On joue, courses de chevaux de plomb — une partie. Je joue le dernier tout le temps, je vais dernier, et soudain je gagne !! l’Imp. envoie la C[omtesse] Hacke chercher un carnet peluche rouge pour mon lot.

Jeudi 26. — La Prsse Furstenberg envoyant à l’Imp. de l’eau de Lourdes et de la poudre.

Samedi 28 ? — Mes complaintes — Paris ! Paris ! — Un livre Quantin — sur la peinture allemande contemporaine —

Dimanche 29. — ? — Crocket — La duchesse de Tourzel — Schreckliche Zeit. [la Terreur] — Étrange époque. Paris ! — Paris ! —

Lundi 30. — ? — Paris ! — 40 complaintes — recopie avant la messe. —

Mardi 31. — Soirée — Une quarantaine de personnes — La tête du Seligmann examinant le Saxe — causé tout le temps avec un Monsieur roux dont je ne connaîtrai jamais l’identité — La fièvre les derniers jours — la cour à la Hacke — le bruit des joueurs de whist. Le chœur — 4 morceaux — Salve Regina — salle aux tapisseries Boucher. — finites complaintes, finites avant la messe — Logerai-je Hôtel Jersey ?

AOÛT

Mercredi 1er. — Thé — tout français — la catastrophe d’Ischia — une purée de 5 000 mortels — Les Lois s’amusent — le choléra —

Et allez donc, gens de la terre,
Tout est un triste et vieux mystère.

Jeudi 2. — La Kronprincesse de Suède[72]gde dégingandée en allée — le duc de Schonen[73] (9 mois) le soir thé — loterie — elle me présente — correction de mon anglais — la Jansen, la vice-vice-reine à qui les Coblenziens font la cour. Fermé mes complaintes.

Vendredi 3. — Reçu la Gazette des B. A. mon article[74].

Samedi 4. — Arrivé à 3 1/2 (à Ems) la gare, un pont, au quai des mulets ornés de rouge — eau dormante, petit vapeur de plaisance — une poignée d’hôtels dans un trou de montagne — Les gens se promenant un verre à la main — les sources et leurs nymphes — ouvrier occupé à graver des initiales sur un verre émeraude — les galeries, boutiques. — acheté Graindorge[75] et un coupe-papier = 5 m. 50. Le bijoutier de Coblenz et son corail solitaire — La musique — celui qui joue des airs de Carmen sur le xylophone. Toilettes — une toute en pensées — Un Français lisant les mémoires de M. Claude, [ancien chef de la Sûreté]. Les 2 rouges. Une fine, longue, longue, gants rouges ! — le soir viandes froides — après la lecture — la Charité de Maxime du Camp.

(Écrit en marge dans le haut de la page) : La pierre à l’endroit où, en 1870, le roi de Prusse tourna le dos à Benedetti.

Dimanche 5. — Promenade en voiture le long des vignes de la Moselle — reçu l’Irréparable 1re partie, de Bourget. Je me suis rué dessus, je riais tout seul dans ma chambre, tellement chatouillé au tréfonds de mes impiétés Schopenhaueriennes — plus un paquet d’articles du Parlement[76].

Lundi 6. — La Csse Blumenthal — le soir toujours voiture Mayence chaussée — Le train qui passe — la barrière qu’on ferme — la petite église de l’Imp. où un paysan ne veut pas vendre la place d’un arbre — thé — princesse d’Arenberg et fille, Bruxelles — Elle cause avec Gélien, chauvinisme français, la Commune, une lourde et pédante personne — sans tact — l’Imp. lui répond : Je crains que si l’on donnait carte blanche aux dynamiteurs on en trouverait partout.

Mardi 7 ? — Xavier Marmier.

Mercredi 8. — Bebelchen — Crocket-party. Diplomatie (l’Exposit. des 100 chefs-d’œuvre) pour partir le jeudi échoue. Eugène[77], Hekking[78] et Lindenlaub m’attendent à Liège !

Jeudi 9. — Diplomatie pour partir le vendredi échoue — La reine de Belgique — tour-promenade du soir, avec le train qui passe — Averses — vent — malles — papiers au panier. 2.000 [mark].

Samedi 11. — Départ, malade à sièges soufflés — Verviers 3 h. — Eugène, Lindenlaub, Hekking — soirée Voncken[79] — couronne, bouquets — ouvriers — la banquiste. Hôtel de Londres — lecture. Névroses jusqu’à 4 h. du matin.

Dimanche 12. — Liège — Clément [Moxhet] et son horizontale — bal — théâtre (pauvre Jacques) Hekking ; « le chien a tout mangé. »

Lundi 13. — Spa, connaissances d’Eugène, cousins, cousines, tantes, oncles — fête — lampions au Géronstère, Casino salle de lecture — Mazes de Fontanes, rentré à Verviers à 10 h. parti avec Lindenlaub pour Paris à 1 h. du matin.

Mardi 14. — Paris, douane, mes vases de Hohr — 99 Boul’Mich — Henry — Riemer[80].

Mercredi 15. — Bourget en Lorraine — Eden théâtre, Riemer — jusqu’à Rollin rentré à pied. Sandwiches rue Richelieu — rue Champollion, 12 — Laporte, Nevers — dix h. du matin + 4.

Jeudi 16. — Henry. L’ouvrière — coquetteries, poses anti-poseuses. Atelier d’Henry Cros — cires exquises — le Geoffroy St-Hilaire — Olive.

Vendredi 17. — Après-midi chez Larroque — piano — Gauchos — Fauré — le soir ensemble — crise de retour de la Fauré, rires nerveux sur l’épaule de la femme du tailleur. — Sagesse de la Loula — costume de Loula — virginité du salut militaire — rue Toullier.

Samedi 18. — Avec Riemer — le soir Henry et l’ouvrière — revu Revers.

Dimanche 19. — À 8 h. 10 départ pour Tarbes — journée avec Riemer — dîner chez Thiviez — Jardin des Plantes — dormi en wagon ! costume anglais.

Lundi 20. — À 5 h. à Bordeaux — Lavabo — accent ! — déjeuné Morcenx — Tarbes, tour Massey[81] à midi 39.

Mardi 21. — Pérès[82] — le soir musique aux allées — Marguerite[83] entrevue dans le va-et-vient causant, pâle, la tête haute, perdue, avec un Monsieur vulgaire et gras.

Mercredi 22. — Bagnères de Bigorre — voitures à petits chevaux grelots — la Vierge du Dédale — l’accent traînard et bravache des gens — les maïs — dîné Hôtel Beauséjour — colonie élégante nulle — Coustous, promenade abrutissante — Rentré à 10 h. soir — les prés bruissants de cigales et grillons —

Samedi 25. — Tarbes à Bayonne — sur les banquettes journaux conservateurs en deuil — deux royalistes les larmes aux yeux — à la gare de Pau drapeaux etc… réception du ministre des postes et télégr. — Raynal — Lourdes, hôpital — Le soir Bertrand.

Dimanche 26. — Hôtel de Londres[84] — Bertrand et deux officiers — St-Sébastien — le capitaine — Largartijo et Frascuelo — Mantilles, éventail — assaut des trains lents, retour (notes).

Lundi 27. — Biarritz — les grues — notes — la lame — le phare — rentré à minuit avec Bertrand.

Mardi 28. — À Tarbes à 2 h. après midi — Marie Tenaillon.

SEPTEMBRE

Vendredi 7. — Cadeau des Dramen de Klinger[85] 9, impasse du Maine.

Samedi 8. — Mon roman. « Ce pauvre Étienne » notes —

Tourgueneff — mort — Mon Don Juan de Pouchkine ?

Dimanche 9. — M. Lafitte — nuls

Ennuis d’argent.

Lundi 10. — À Lourdes — jeunes brancardiers épanouis[86].

Dimanche 16. — Lafitte.

Mardi 18. — Musique — cirque — parade.

Jeudi 20. — Musique.

Samedi 22. — Notes pour roman « l’Aveugle » Ennuis d’argent.

Dimanche 23. — Avec Pérès.

Lundi 24. — Lamon — La fête.

NOVEMBRE

Jeudi 1er. — Au cimetière d’Ivry — bières mal brûlées — Angoisse de mon argent — Lettre à Pigeon[87] — cafés — gens endimanchés — cabinet de lecture rue Vaugirard fermant à 5 h. — Pas de journaux du soir — crépuscule au Luxembourg — Rieffel — Formosa et le bel Armand.

Vendredi 2. — Angoisse de mon argent — la Comédie — chez Rieffel — le soir chez Henry — Régina C.

Samedi 3. — Le matin — averse — boue et tramways — No 17 — 99, Bd St-Michel — ma malle — etc… Réveillé dès 5 h., à 8 Rieffel — gare de l’Est — camions lents à indifférence journalière — averse — café au lait Paris — gueule de bois — voyage — ô mélancoliasse. — les 2 Avricourt — le train d’été à partir d’Oos à 11 h. Richard — les fenêtres Mindorff et Bachem éclairées seules — la sœur Placida circulant blanche arrangeant des coussins.

Dimanche 4. — Jour tiède de printemps l’unique boudiné de Bade.

Lundi 5. — Je passe le blaireau de l’euphuisme sur ma complainte. Oh ! cette cloche des après-midi de mai ! le Kurgarten fouetté d’averses par rafales — Et les belles feuilles mortes — Et les deux monts d’un vert noir profond et vivace tacheté de rousseurs —

Mardi 6. — Quelle interruption !… et quelle mélancolie — Ma table — No 19 villa Mesmer[88] — la lampe — la cire de Cros qui me sourit — remis — viens de dîner dans la blanche Speise-Saal — Le jet d’eau en bas — Un piano joue des fugues quelconques — Mélancolie idéale ! et tout me convie à m’y abandonner — Et je n’ose — Que je suis un pauvre être inquiet.

Lundi 12. — Averses patientes comme des anges — départ midi — Deux impotentes — avec Schliep[89] — le Corydon de Gratz — la Sapho de Bade — le mot de Gortchakoff « un homme n’est pas vieux tant qu’il a » Arrivée à 7 — Lecture à 8 1/2 (la Germania sans feu de Bengale, la ville de Bingen). Ma chambre, le Rhin terreux.

Les rues délayées d’ocre rouge de Bade, par les averses persistantes.

Ce Coblentz que j’ai quitté il y a trois mois, ivre de gaîté pour trouver Ysaye, Lindenlaub, Hekking à Verviers.

[Sur la feuille de garde, à la fin de ce carnet, Jules Laforgue avait noté ces adresses.]

[Gustave] Kahn, 4 rue Laugier[90].

[Charles] Henry, 5 quai d’Anjou.

[Théo] Ysaye, 8 rue Papillon.

Émile [Laforgue, son frère] 36 rue des Moines à Batignolles.

M. Brisbane.

[Charles] Ephrussi, 81 rue de Monceau.

[Paul] Bourget, 7 rue Monsieur.

[Th.] Lindenlaub, 39 Claude Bernard.

Bernstein, 25 in den Zelten [cousin de Ch. Ephrussi].

Miss [Leah] Lee, 57 Koniggraetzer Strasse (future Mme Laforgue.)

M. Fuchs.

FIN
  1. Dîner et soirée chez les Maywald, des amis berlinois des Ysaye : bons bourgeois qui raffolaient de ces jeunes Belges et les invitaient à dîner presque chaque dimanche et jour de fête.
  2. Paroisse catholique de Berlin proche des Palais.
  3. Titres de morceaux que travaillait Théo Ysaye et que Laforgue lui entendait répéter au cours de ses visites quotidiennes.
  4. Premier sujet de la danse à l’Opéra Royal (une Italienne à la figure à la fois mutine et sentimentale). Laforgue en était charmé et en avait même la photographie sur son bureau.
  5. Opéras auxquels Laforgue avait assisté : la Reine de Saba est celle de Goldmarck ; Hamlet celui d’Ambroise Thomas.
  6. Opéra allemand d’August Friedrich Martin Klughardt (1847-1902). Cet opéra venait d’être composé l’année précédente.
  7. Vraisemblablement la « Complainte au fœtus de poète ». Cf. le recueil des Complaintes. — Congé, parce que c’était la semaine de Pâques.
  8. Deux pianistes qui travaillaient avec Théo Ysaye chez Kullak.
  9. Folies-Bergère de Berlin.
  10. Ce pourrait bien être la première des Complaintes, la Complainte propitiatoire à l’Inconscient.
  11. Un méridional à transformations qui courait à cette époque les cirques de France et de l’étranger.
  12. Jolie petite salle de concert sous les Tilleuls, décrite dans la nouvelle de Laforgue « Une vengeance à Berlin ». Francis Planté et Saint-Saëns y donnèrent alors fréquemment des concerts.
  13. Nom d’un Variété-Theater, sorte de Folies-Bergère.
  14. Deux acrobates fameux à l’époque.
  15. Carmen de Bizet était l’opéra favori de l’Impératrice qui n’allait plus au théâtre que lorsqu’on l’y donnait ; aussi pour flatter l’Impératrice en abusait-on : et Laforgue y allait-il, de corvée.
  16. Opéra de Nessler (1841-1890) sur la légende du preneur de rats de Hameln. Cet opéra datait de 1879.
  17. Paul Bourget était alors à Oxford.
  18. L’opéra-comique d’Auber.
  19. Un ami, charmant, très simple, juif polonais de Silésie, fin et féru de musique, parent du célèbre acteur viennois du même nom.
  20. Tailleur berlinois.
  21. Le fils d’un grand restaurateur de Berlin, ami des arts.
  22. Directeur et secrétaire d’une agence de concerts.
  23. Restaurant.
  24. Restaurateur français sous les Tilleuls.
  25. Ce qui veut dire : Théo Ysaye ne va pas dîner chez les Maywald à Charlottenbourg : nous dînons ensemble au restaurant Olbrich.
  26. « Théo », écrivait Laforgue à Eugène Ysaye, à cette époque, « a acheté un chapeau à envergure de condor ». (Communiqué par M. Th. Lindenlaub).
  27. Souvenirs de Théo Ysaye au cours de la conversation.
  28. Médecin de l’Impératrice Augusta. (Cf. lettres de Laforgue à Ch. Ephrussi. Lettres, IIe vol.)
  29. Mot douteux.
  30. Lecture à l’Impératrice de l’article du commandant Roudaire dans la Revue des Deux Mondes, sur le projet de mer intérieure pour faire revivre le Sahara.
  31. Discours de réception à l’Académie.
  32. L’impératrice Élisabeth disait à son lecteur que cet éventail était sa défense contre le monde extérieur. (Cf. Constantin Christomanos, Mercure de France, éd.)
  33. Ex-reine de Naples, sœur de l’impératrice d’Autriche et de la duchesse d’Alençon.
  34. Une copie de Berchem ou de Karel Dujardin, les deux « petits Hollandais du XVIIe siècle ».
  35. L’impératrice avait ce soir-là, en racontant une histoire, dit : « Bref les cheveux m’en dressaient sur la tête », puis elle ajouta la phrase que Laforgue rapporte ici. Il cite également ce mot dans Berlin, au chapitre de l’Impératrice.
  36. La « Philosophie de l’Inconscient », de Hartmann.
  37. Laforgue avait traduit ce jour-là pour Planté des comptes rendus publiés dans les journaux allemands sur les concerts du grand pianiste français.
  38. En représentation au théâtre du Kurhaus.
  39. Pas de lecture, à cause de la visite de la Reine de Wurtemberg.
  40. Le couronnement du tzar Alexandre III. On s’attendait alors à des incidents sensationnels, bombes, Kremlin miné, etc.
  41. Roman de Jules Sandeau.
  42. Cf. Complainte du soir des Comices agricoles

    Ô Terre, ô terre, ô race humaine.
    Vous me faites bien de la peine !

  43. Un numéro de la Vie Moderne, la revue que dirigeait Émile Bergerat.
  44. Cf. Lettre à sa sœur, même date, tome IV.
  45. Élodie la Vilette, peintresse-portraitiste.
  46. Premières notes d’incidents utilisés par la suite pour « le Miracle des Roses » (Moralités légendaires). Corbeil était le premier valet de pied de l’Impératrice, un Français.
  47. Le Dr Evans, dentiste de l’impératrice Eugénie. Loulou, appellation familière par laquelle les Berlinois désignaient le prince impérial, fils de Napoléon III.
  48. Probablement celle « des Formalités nuptiales « (Cf. Poésies t. I).
  49. Toujours le couronnement du tzar, qui agitait probablement la cour impériale.
  50. Le commandant Rivière, qui venait d’être tué au Tonkin.
  51. Probablement l’opéra de Joncières, créé à Paris le 5 mai 1876.
  52. Ballet de Paul Taglioni, grand-maître de ballet de l’Opéra royal.
  53. Belle-fille des Meywald.
  54. Malgré son titre ambitieux, ce n’était qu’un beuglant d’assez petite espèce de Berlin.
  55. Mot douteux.
  56. Établissement genre café-concert de bas étage.
  57. Probablement des extraits des mémoires de la reine Victoria.
  58. Sa sœur.
  59. Peut-être Farina, le fabricant d’eau de Cologne.
  60. Le peintre munichois.
  61. Portrait de Louise de Prusse, mère du vieil empereur, par le peintre Richter. — Camphausen, peintre prussien de batailles.
  62. Le bateau sur le Rhin.
  63. Un de ses frères.
  64. Sous le mot mercredi, un croquis à la plume : la tête de Moltke.
  65. L’un des Essais de Psychologie contemporaine qui avait paru dans le numéro du 15 avril précédent de la Nouvelle Revue.
  66. Mot douteux.
  67. Célèbre collection particulière de Munich.
  68. Le peintre balois.
  69. Peintre belge.
  70. La comtesse Hacke, première dame d’honneur de l’Impératrice.
  71. Probablement la séparation à laquelle fait allusion la Complainte d’un certain dimanche, datée Coblentz, juillet 1883.
  72. Victoria, grande-duchesse de Bade.
  73. Gustave, duc de Skâne (Scanie), actuellement prince royal de Suède.
  74. Le Salon de Berlin, paru dans le numéro du 1er août de la Gazette des Beaux-Arts, p. 170-181.
  75. Thomas Graindorge de Taine.
  76. Journal où écrivait alors régulièrement Paul Bourget.
  77. Eugène Ysaye.
  78. Antoine Hekking, l’un des membres de la célèbre famille de violoncellistes.
  79. Alphonse Voncken, directeur de la Société chorale à Verviers.
  80. Charles Henry. — Riemer, un ancien camarade de collège.
  81. Jardin Massey à Tarbes.
  82. Ancien camarade de collège.
  83. Un amour d’enfance de Laforgue.
  84. Mots douteux.
  85. Un recueil d’eaux-fortes de Max Klinger, qui habitait alors Paris à l’adresse que donne Laforgue.
  86. Mot douteux.
  87. Amédée Pigeon, son prédécesseur comme lecteur de l’impératrice Augusta.
  88. Villa qu’habitait l’impératrice à Bade.
  89. Un docteur de la cour.
  90. Ces adresses peuvent être postérieures à la date de l’agenda, car Miss Leah Lee (future Mme Laforgue) par exemple, ne serait arrivée à Berlin qu’en 1884, si l’on en croit la lettre par laquelle Jules Laforgue, en septembre 1886, annonçait ses fiançailles à sa sœur.