En attendant le train

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Traduction par Serge Persky.
Monde illustré (p. 283-300).
EN ATTENDANT LE TRAIN

J’avais dû quitter Moscou, convoqué pour une affaire aussi désagréable qu’ennuyeuse, que je terminai seulement vers dix heures du soir. Fatigué, de mauvaise humeur, mais libre de cette préoccupation spéciale, je me dirigeais rapidement du côté de la gare, en homme qui a constamment sur lui une liste de visites quotidiennes à faire par dizaine. Je murmurais, je maudissais… qui ? vraiment je ne le savais pas. J’étais fâché contre tout le monde ; contre ceux qui m’avaient appelé pour cette affaire stupide, contre moi-même d’être venu, contre les chiens, dont je devinais l’existence en cet endroit, contre l’été humide et les ténèbres, qui régnaient déjà partout et en particulier dans les chemins étroits et enchevêtrés qui coupaient les villas. Le milieu de la route était à peu près visible, mais les côtés où serpentait le sentier suivi par les piétons, se trouvaient dans l’ombre des grands arbres — et me semblaient noirs comme mon âme. À ce moment de la soirée il aurait dû faire plus clair — on était aux derniers jours de juin — mais un orage violent accompagné de rafales et d’une pluie torrentielle venait de cesser : les nuages plus espacés ne se dissipaient pas encore, comme s’ils avaient eu autant de peine que moi à se mouvoir dans cette atmosphère chaude et moite. Par instants, ils se ravisaient, et, tel un ivrogne, se rappelant qu’il a encore cinq copecks dans sa poche, revient sur ses pas et jette avec fracas sa monnaie au marchand de vin surpris, ils laissaient tomber quel ques rares gouttes attardées, qui frappaient paresseusement l’herbe et les feuilles avec un bruissement sourd. Les arbres ne s’agitaient pas mais, lorsque je buttais de l’épaule contre quelque tronc, ou que mon pied se prenait dans un buisson, des gouttes nombreuses et tièdes misse laient sur moi. Déjà l’idée me venait que j’étais égaré, quand soudain les arbres s’écartèrent, puis disparurent et, à quelques pas de là, dans une éclaircie, les rails mouillés brillèrent d’un éclat amorti.

Une station minuscule consistant en un simple hangar, enserrée par la forêt environnante et troublée à chaque instant par le passage des trains bruyants, se tassait timidement au ras de terre ; il n’y avait même pas de bureau et un seul réverbère solitaire y agonisait, luttant vainement contre les ténèbres, et ne réussissant qu’à les faire paraître plus épaisses. Au mur pendait un grand horaire, aux bords déchirés, que personne ne lisait jamais, et couvert de lignes compliquées. Dans le coin, un banc unique ; je m’y assis lourdement. Comme j’avais plus d’une heure devant moi, je me préparai à attendre patiemment le train. En prévision de cas semblables, j’ai, d’ordinaire toujours sur moi un journal ou un livre, mais il faisait trop sombre pour lire et d’ailleurs, cette fois-ci, je n’en avais pas. Les hommes qui n’étaient étrangers, dont parlerait ce journal, provoquaient depuis longtemps chez moi l’ennui ou la convoitise. Que m’importait l’éloquence que des orateurs prodiguaient là-bas, je ne sais où ? Que m’importait la vie trop encombrée des foules tapageuses, les cris de victoire et les plaintes de rage des vaincus — quand autour de moi l’air même dormait et que je m’ennuyais dans cette atmosphère immobile ? Quant au livre — ce serait pire encore. Des Jacques imaginaires aimeraient et embrasseraient des Maries imaginaires elles aussi ; le vice triompherait pour satisfaire le maudit réalisme, et la vertu larmoyante gémirait et pleurnicherait, pleurnicherait et gémirait tous à tour. Et puis, n’est-ce pas indifférent, que le temps passe vite ou lentement ? Après ces heures ci d’autres viendront, qu’il faudra tuer également, qu’elles meurent donc d’elles-mêmes et je n’aurai qu’à en compter les cadavres.

Plongé dans ces pensées moroses, je n’avait pas vu des voyageurs arriver sur le quai de deux points opposés. D’abord deux messieurs qui semblaient avoir un peu trop bu ; l’un était un vieillard de haute taille, maigre avec un visage jaune et une rare barbiche grise, qui descendait par touffes de la bouche fine et large sur son cou très long. Sous son chapeau melon qui ombrageait la partie supérieure du visage, on distinguait un nez, long et pincé, comme celui d’un cadavre. Son compagnon avait des joues larges et rouges comme une tranche de pastèque mûre, avec de petits yeux noirs pareils à des graines ; une casquette blanche posée sur sa tête ronde aux cheveux ras. Au-dessus des lèvres pleines, pointaient de petites moustaches foncées. Toute sa jeune et grasse figure reflétait une béatitude antipathique et une certaine humilité fâcheuse, Le vieillard s’assit près de moi, et s’écria d’une voix de fausset, enrouée, qu’il s’efforçait de rendre ironique et mordante :

— Songez donc, camarade Sémen Séménovitch ! Vous êtes éreinté, il faut bien réparer vos forces !

— De quelle façon, Vassili Ignatich ? Il n’y a pas de buffet !

— Cela, c’est votre affaire. Frappez et l’on vous ouvrira.

— Comment voulez-vous qu’on ouvre ? il n’y a que le mur.

Pour appuyer ces paroles, le jeune homme donna un coup de poing à la paroi peu épaisse, qui rendit un son creux, puis il se rejeta en arrière avec un air qui semblait dire : « Je voulais reculer depuis longtemps, je ne fais que profiter de l’occasion. »

— Mais à quoi bon me tourmenter par vos imprécations mesquines ? demanda le vieillard.

Il était rempli de politesse, d’ironie et de méchanceté, et des interruptions fréquentes dans ses phrases leur donnaient une force particulière.

— J’ai un cœur d’or, — je veux bien causer avec un honnête homme ? Fumons, vieux !

— Cela c’est votre affaire. Seulement, je ne suis pas un vieux : je suis Vassili Ignatich. Et ce n’est pas un porcelet ivre comme vous, qui pourrait être mon ami.

— Mais vous, n’avez-vous pas bu vous aussi ? dit l’autre d’un ton vexé.

— Cela, c’est mon affaire.

Sur ces entrefaites, deux autres voyageurs arrivés en même temps que ces compagnons s’arrêtèrent indécis.

— Allons-nous-en, Sacha, ils sont ivres.

— Cela ne fait rien, ils sont inoffensifs, asseyons-nous là-bas, dans ce coin.

Une femme de haute taille, enveloppée dans un manteau de toile grise, se dirigeait vers nous lentement et celui qui répondait au nom de Sacha la suivit. Quand ils passèrent près du réverbère, la lumière éclaira un beau visage féminin, et un jeune homme avec de longs cheveux. Portant une chemise bleue, il avait l’air d’un ouvrier intelligent ou d’un étudiant. La jeune fille avait des gestes tranquilles et parlait d’un ton décidé, peu soucieuse de ce qu’on pût l’entendre. Sa voix, pure et douce, avait des inflexions de tendresse dans les moindres syllabes. Les femmes qui ont cette voix tendre et ces gestes énergiques, soignent les malades particulièrement bien.

Ils s’assirent étroitement serrés, l’un contre l’autre sur le manteau de toile, étalé sur le plancher, et une main fine et blanche se posa sur l’épaule, près de la tête aux cheveux en désordre.

— Chéri, n’as-tu pas froid ?

— Naturellement non, répondit le jeune homme avec le ton négligent que les hommes croient devoir employer pour répondre aux attentions d’une femme.

Quant à moi, je commençais à sentir le froid, et je me recroquevillai frileusement dans mon coin peu confortable.

— C’est que nous sommes bien mouillés, — continua la voix tendre et rieuse. Comme c’est effroyable, la forêt pendant la tempête !

— Oh ! rien d’effroyable ! C’est plutôt agréable ! Et tes parents ! Ne vont-ils pas s’inquiéter à ton sujet ? Tu as disparu, — on ne sait où…

— Qu’ils s’inquiètent, — répondit la jeune fille, et elle eut un rire enjoué, mais immédiatement après elle changea de ton et reprit, sérieuse :

— C’est étrange, en effet, comme le temps, en ton absence, paraît long. Quand es-tu venu la dernière fois ?

— Hier.

— Hier, — répéta-t-elle d’une voix traînante. Oui, c’est vrai, hier… Que c’est ridicule… J’ai cru qu’ils mentaient…

— Qui ?

— Ceux qui écrivent les romans.

— À propos, as-tu fini le livre de Kautsky ? On me l’a demandé…

Je n’entendis pas la réponse. Déjà, depuis longtemps, on percevait au loin un bruit faible et étouffé résonnant dans l’air gris qui engloutissait les sons. C’était un train-express ou rapide qui ne s’arrêtait pas devant le quai. Peu à peu le bruit augmenta, et soudain, par-dessus le mur qui me cachait le côté droit de la voie, le monstre de flamme et de fumée noire fit irruption et passa comme le vent, traînant à sa suite avec un fracas assourdissant les wagons lourds. Les fenêtres éclairées se confondaient dans une raie lumineuse, peuplée de silhouettes. Du quai très bas, presque au niveau des rails, on voyait le mouvement des roues, qui semblaient légères et transparentes.

Le silence régna une minute, troublé seulement par le jeune homme béat, chez qui l’ouragan avait éveillé de nouvelles forces. D’une voix abominablement fausse, il se mit à chanter.

La lune blonde
Flotte au-dessus de la rivi-vi-ère…

— Tu mens, — interrompit méchamment le vieux. Ouvre bien les yeux et tu verras les nuages…

Tout est plongé
Dans le silence nocturne…

— Un joli silence ! Tu hurles comme un chat échaudé…

Je ne désire rien… au monde…

— Encore un mensonge ! Il vous faut un demi-litre…

Rien, que de te voir… Toi seule !…

— Ce laideron !… cracha le Vieillard avec dégoût…

— Permettez ! Vous dites un laideron ! N’avez-vous pas vu son charmant visage ?

— En voilà un connaisseur en beauté… ivrogne que vous êtes !…

Le jeune homme réfléchit, puis prononça d’un ton décidé :

— Après ces paroles, nous ne nous connaissons plus…

— C’est comme vous voudrez…

De l’autre côté on entendait :

— Dis, Sacha, quelle bonne odeur ! On respire le parfum des feuilles…

— Mais je l’ai déjà respiré…

— Non, s’il te plaît, encore…

Le jeune homme aspira bruyamment l’air, et tous deux se mirent à rire. Évidemment, le silence pesait au jeune homme béat, car il se remit à parler, imitant le ton ironique du vieillard…

— Par quel train partirons-nous ?

— Nous ne partirons pas.

— Vraiment ? — s’étonna le jeune homme dans un hoquet. — Pourquoi donc ? Je voudrais bien le savoir !…

— Parce qu’on ne vous permettra pas de monter. On vous dira : « Où vas-tu, ivrogne » ?

— Qui ça, ivrogne ? Tu devrais dire : deux ivrognes !

— On cognera même, continua le vieux.

— Oh ! — les yeux du jeune homme s’arrondissaient de plus en plus.

— Et l’on dressera un procès-verbal.

— Oh ! — l’étonnement du jeune homme était sans limites.

— Et on nous passera à tabac. Reste ici, petit, rafraîchis-toi, car tu es trop sensible.

Le jeune homme devint pensif, puis s’écria :

— Je ne veux plus vous connaître ! Vous êtes un homme malfaisant !

Malgré le nouvel et retentissant hoquet, qui ponctua la fin de cette déclaration imposante, il s’assombrit ; on voyait qu’il était affligé, comme si l’on avait coupé court à sa félicité. J’ai compris plus tard la cause de cette tristesse subite ; c’était bien le souvenir des caresses et des baisers de la femme aimée. Mais le vieux, pourquoi était-il fâché ?

— Quel sombre personnage, dit à voix basse la jeune fille, parlant évidemment de moi. J’étais content d’être remarqué, et surtout que ma tristesse le fût aussi. Qu’ils me plaignent au moins, ces charmants jeunes gens, moi, qui ne suis pas aimé !

— Il vient d’enterrer sa grand’mère, supposa le jeune homme.

Cette conjecture était extraordinairement stupide. Qui donc s’attriste tant du deuil de sa grand’mère ? Et pourquoi sa grand’mère, plutôt que son grand-père ?

— Ha ! ha ! ha ! — éclata la jeune fille d’un rire bruyant ; mais reprenant son aimable sérieux habituel, elle ajouta d’une voix repentante : — Peut-être est-il malade, et nous rions !

Ce fut mon épitaphe, après quoi ils me laissérent dans le néant, duquel ils m’avaient tiré un instant pour que ma tristesse fît mieux ressortir la sérénité de leur bonheur. De nouveau ils entamèrent une conversation animée au sujet des affaires, de l’étranger, de la faculté de médecine, des livres lus et de ceux qu’il fallait lire. Des plaisanteries familières se mêlaient à cette causerie, comme l’écume blanche au vin doré et fort. Le monde entier leur semblait une bagatelle, et chaque bagatelle, un monde. On devinait l’attention religieuse avec laquelle cette grande et belle fille saisissait comme autant de trésors les rares mots que laissait tomber son compagnon aux longs cheveux. Avec quel rire reconnaissant elle le remerciait pour une parole sage et spirituelle ! Cicéron aurait pu semer devant elle toutes les fleurs éclatantes de son éloquence immortelle ; Heine, faire briller pour elle les perles de son ironie mordante, et de sa tendresse mystique et passionnée ; Dante, pleurer et gémir à ses côtés ; enfin tous les grands cœurs et les grands esprits auraient pu déposer à ses pieds leurs offrandes, cette belle jeune fille n’eût même pas tourné la tête vers eux, mais elle buvait avidement chaque parole du jeune homme. Elle riait, heureuse et reconnaissante, comme si tout ce qui l’entourait, et son amoureux et ces ivrognes grotesques et ce personnage triste, qui venait d’enterrer sa grand’mère, n’existait que pour la plénitude de son bonheur. Pour elle, nous n’étions pas des hommes vivants, nous n’étions que des ombres, des images.

— Comme le temps passe vite ! dit-elle tristement. Et moi qui ne savais comment le tuer !

— Peut-être ma montre avance-t-elle ?

Une petite montre en or se rapprocha d’une plus grande en argent et les deux têtes se penchèrent au-dessus. Mais probablement les montres ne furent pas seules à se rapprocher, car la vérification de l’heure fut très longue.

— Je crois que c’est juste ! dit la voix féminine troublée, avec un léger tremblement.

— C’est juste ! affirma le jeune homme autoritaire.

Juste ! Comme le bonheur aveugle des gens ! C’est faux ! Mille fois faux ! Et vous maudirez le jour où la grande montre sera si juste, qu’elle vous reprochera toute seconde perdue, tandis que la petite, loin de vous, comptera de tristes et vides instants !

Les nuages se dispersèrent ; à l’occident, en face de la station, apparut une raie claire dans un ciel pur et transparent. Les silhouettes des arbres dressaient leurs formes noires et comme découpées dans du carton. L’air devint plus sec et plus frais. Dans une villa voisine on entendit les sons étouffés d’un piano, que des voix harmonieuses accompagnaient.

— Allons écouter, dit la jeune fille en se levant vivement, et elle tira par la manche le jeune homme qui se redressa lourdement.

Allons-y aussi et que le cœur glacé se dégèle tout à fait. On a chanté bien, comme on le fait rarement. La chanson était triste et tendre. Une voix de baryton veloutée vibrait émue et réservée, comme si elle voulait affirmer les lamentations passionnées d’un ténor puissant et sonore. Et il se plaignait de ne penser, durant les jours et les nuits, qu’à elle — à elle seule…

C’est de toi seule que je rêve, pleurait le ténor.

Je rêve, affirmait tristement le baryton.

De toi seule, ma mie, larmoyait le ténor.

Ma mie, affirmait toujours tendrement le baryton.

Et je mourrai, en maudissant la vie, avec ton seul souvenir

Ton seul souvenir… répéta le baryton, avec une angoisse profonde. Et tout se tut. En avant de moi, silencieux et immobile, se tenait le jeune couple, comme figé, et, quand la chanson cessa, ils soupirèrent ensemble et s’embrassèrent. Je retournai au hangar, où une voix horriblement fausse se faisait entendre, une voix qui ne disposait que de deux notes, également hideuses :

Le jeune homme au cœur d’or ne pouvait rester indifférent à l’appel amoureux et il répondait, comme il pouvait :

Il ne me faut rien au monde.

Rien que ta vue

— Mensonge ! sifflait le vieillard, tâchant de couvrir la voix de son compagnon. Tu as besoin de coups de bâton !

Pauvre vieillard ! Maintenant je compris, pourquoi il se fâchait. Il enviait, comme moi.

La sonnerie retentit qui annonçait l’approche du train et un bruit égal et sourd résonna. Bientôt ce train va m’emporter d’ici, et pour toujours ce quai bas et petit disparaîtra pour moi, et je ne verrai plus qu’en souvenir la gentille petite jeune fille. Comme un grain de poussière elle retombera dans l’océan des vies humaines et poursuivra son long chemin vers le bonheur.

De nouveau, de derrière le mur, le monstre noir fait irruption, et, retenu par une main puissante, arrête, en frissonnant, sa course vertigineuse. Les wagons s’entre-choquent au milieu du grincement des freins, ils rampent et s’arrêtent avec un bruit étouffé. Tout devient calme ; la vapeur seule siffle, en s’échappant.

Ainsi que le plus âgé des deux ivrognes l’avait prédit, on ne leur permit pas de monter dans le train. Alors le vieillard s’écria avec méchanceté :

— Eh bien, quoi ? Sommes-nous partis ?

— Cela ne fait rien. Ils us prendrons le suivant.

— À celui-là on nous battra…

Je me tenais sur la plate-forme du wagon, vis-à-vis du jeune homme aux cheveux longs. Celui-ci avait les yeux fixés sur la jeune fille svelte qui le dévorait du regard. Un choc, puis le train partit d’allure onduleuse.

— Au revoir, Sacha ! dit la jeune fille.

— Au revoir ! répondit-il.

— Adieu ! dis-je tout bas, en inclinant la tête.

— À demain ! reprit la voix lointaine et étouffée.

— À demain ! cria-t-il.

— À jamais ! répondis-je très bas.

Les silhouettes noires des arbres prenaient congé de moi pour toujours, et fuyaient en arrière.

— À jamais ! répéta le quai et il disparut au tournant.

Pourtant, il faut entrer dans le compartiment. L’air devient frais ; les rêves sont les rêves et le rhume de cerveau est le rhume de cerveau. Puis il faut jeter un coup d’œil sur ma liste de visites : où donc serais-je obligé d’aller le lendemain dès le matin ?