Encyclopédie méthodique/Art aratoire et du jardinage/Greffe

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GREFFE ; opération qui consiste à unir une plante ou partie d'une plante à une autre de la même famille pour faire corps avec elle.

On pratique différentes sortes de greffes dont nous ne pouvons donner une idée plus juste & plus précise qu'en rapportant textuellement le petit traité sur les greffes en usage, extrait de l'excellent Manuel du Jardinier, qu'on trouve chez Dufart, libraire à Paris.

Des Greffes ou Antes.

La greffe sert à multiplier & à conserver sans altération les individus des espèces précieuses, en faisant adopter par un sauvageon une branche ou les rudimens d'une branche d'arbre franc. Elle se fait en diverses manières & en diverses faisons, d'où elle a pris divers noms qui sont : 1°. Les greffes par approche ; 2°. en fente ; 3°. en écusson ; 4°. à œil dormant ; 5°. en écusson à la pousse ; 6°. entre l’écorce & le bois ; 7°. par juxta-position, ou en sifflet, flûte, tuyau, &c.

Cet art a deux secrets dont l’effet est pareil :
Tantôt, dans l'endroit même où le bouton vermeil
Déjà laisse échapper sa feuille prisonnière,
On fait avec l'acier une fente légère :
Là, d'un arbre fertile on insère un bouton,
De l'arbre qui l’adepte utile nourrisson.
Tantôt des coins aigus entr'ouvrent avec force
Un tronc dont aucun nœud ne hérisse l'écorce.
A ses branches succède un rameau plus heureux,
Bientôt ce tronc s'élève en arbre vigoureux ;
Et se couvrant des fruits d'une race étrangère,
Admire ces enfans dont il n'est pas le père.

Delille (Géorgiques.)


De la Greffe par approche.

C'est la réunion de deux troncs, ou de deux branches qui se joignent avec force ; il faut que les troncs des deux arbres soient assez voisins l'un de l'autre & se touchent en grossissant ; & comme la végétation sera égale en force, ils se contre-buttent mutuellement & s'identifient tellement dans l'endroit de leur plus forte réunion, qu'ils ne forment plus qu'un même arbre. La preuve est, que si l'on coupe dans le bas l'un des deux pieds, les parties supérieures végéteront & suivront le cours des saisons. La végétation des deux têtes ne sera pas aussi forte que si les deux pieds subsistoient, parce que les racines du tronc coupées ou supprimées ne porteront plus la sève à leur ancienne partie, & il faudra que celle du tronc qui subsiste, se divise dans les deux têtes, qui languiront pendant quelques années ; mais insensiblement l'équilibre se rétablira par la distribution égale de la sève.

La greffe par approche compliquée s'exécute souvent aussi naturellement que la première. On suppose que le tronc d'un arbre A ait été coupé ou cassé par un coup de vent ; que le tronc d'un arbre voisin, par position naturelle ou forcée, soit couché sur le premier & s'y appuie fortement, il est clair qu'à la moindre agitation du vent, le biseau de l'arbre coupé froissera & écorchera le tronc de l'arbre B à l'endroit de leur réunion La pression & l'agitation de celui-ci endommageront à son tour l’écorce qui couvre la partie du biseau de l'arbre coupé, & le bois restera à nu. Les écorces de ces deux arbres agiront de manière qu'insensiblement les deux arbres n'en feront plus qu'un ; & si l'on retranche le pied de l'un ou de l'autre, la végétation ne sera pas détruite. Cette expérience réussira mieux, si sur le tronc coupé C, on pratique une cavité proportionnée à la grosseur de l'arbre B, & dans laquelle on le fera entrer avec un peu de force, & si on assujettit les deux troncs d'arbres avec une corde, après avoir enlevé l’écorce de la partie qui doit être enchâssée dans l'autre. En général, les méthodes dépendent toujours des arbres voisins.

On pratique aussi la greffe par approche, en taillant le tronc A, en rabaissant le tronc de l'arbre B, en aiguisant celui-ci de deux côtés, & en faisant entrer cette partie aiguisée dans l’incision faite au tronc de l'arbre A ; on peut également supprimer le pied que l'on voudra.

Voulez-vous opérer sur des branches saines, grandes, avantageuses dans la formation des hayes ? Cette méthode consiste à donner à deux branches de grosseur autant égales que faire se peut,, la direction presque horizontale, & dans l’endroit où les branches commencent à diminuer de grosseur, & même plus près du tronc si on le peut ; enlevez une partie de l’écorce & du bois de chacune dans l’endroit où elles doivent se réunir, en ayant soin de vérifier & marquer ce point sur l’une & sur l’autre avant, l’amputation : alors on réunit les deux cavités, on les scelle l’une sur l’autre, & on observe que les bords de l’écorce des deux cavités se correspondent également entre elles, ainsi que le bois de chacune. Avec les doigts de la main gauche, on tient assujetties les deux parties, & avec ceux de la main droite, on les fixe au moyen d’un peu de filasse qu’on roule tout autour ; la laine est préférable, parce qu’elle s’alonge à mesure que le point de réunion grossit. Cette opération finie, on met en terre, à l’endroit de la réunion des deux branches, un échalas avec de la mousse, de la paille, &c. on enveloppe la première ligature ; & par une seconde en osier, paille, &c. on assujettit le tout contre l’échalas ; il ne reste plus qu’à retrancher l’excédent des deux branches, mais on doit laisser au-dessus de la greffe un bon œil, ou bourgeon à chacune. L’échalas maintient les deux branches & empêche que l’agitation imprimée par les coups de vent ou l’élasticité naturelle des branches ne fassent décoller les greffes. Si on est dans le cas de redouter les coups de vent, il faut multiplier les échalas & les assujettir fortement en terre. Par la réitération successive de cette dernière opération, on parvient à former des hayes impénétrables.

De la Greffe en fente.

La greffe par approche dont nous venons de parler, se fait rarement, parce qu’il est rare de trouver des sujets plantes volontairement aussi près des uns des autres que ces opérations l’exigent : la greffe en fente se pratique plus communément & avec plus de fruit ; elle se fait peu de tems avant le premier mouvement de la sève, & réussit bien sur tous les arbres fruitiers, excepté sur le pêcher, l’abricotier, le figuier & le châtaignier : elle consiste à insérer une petite branche garnie de deux ou trois boutons dans une fente quelconque, pratiquée sur une branche forte ou sur un tronc d’un arbre. Il faut choisir une petite branche bien saine, garnie de deux à trois yeux, & l’on coupe l’excédent. La partie inférieure est coupée en manière de coin, très-unie, & l’écorce coupée nettement sur ses bords. On laisse aux deux côté du coin une petite retraite, afin qu’ils portent sur la partie supérieure des lèvres de l’incision. La portion de ce coin, qui doit être insérée dans la fente, doit avoir moins d’épaisseur que celle qui correspondra à l’écorce de l’arbre, & l’écorce doit être conservée des deux côtés du coin. Il faut bien ob-


server que la place de l’arbre dont on veut scier le pied, soit bien saine, que l’écorce soit bien lisse, bien unie ; après avoir fait passer la scie, qui rend raboteuse & hérissée la superficie de la branche ou du tronc, on unit la plaie, de manière que les pores & les couches soient bien unies, parce qu’à mesure que le bourelet des deux écorces se forme, il recouvre plus intimement la coupure, lorsqu’elle est raboteuse.

Il s’agit actuellement d’inférer le coin de la petite branche dans le tronc, si le tronc de l’arbre ou la branche à greffer sont minces. On choisit une branche qui doit être d’un volume à peu près égal, on la coupe en pinule de haut-bois, de manière qu’un peu d’écorce reste des deux côtés, & qu’elle corresponde à l’écorce de la circonférence du tronc ou de la branche, lorsqu’elle y est insérée. Un couteau ou une serpette servent dans ce cas, & suffisent pour faire l’ouverture. A cet effet, on appuie le tranchant de la lame juste dans le milieu de l’arbre ou de la branche, ensuite frappant plusieurs petits coups avec un maillet ou un marteau sur le dos du couteau ou de la serpette, on fend le tronc assez profondément, afin de substituer à l’instrument tranchant, lorsque l’on le retire, un petit coin de bois sec & dur, qui tiendra les deux lèvres écartées & qui facilitera l’introduction de la greffe. On retire ensuite doucement ce coin, lorsque la greffe est bien rangée, & on enveloppe le tout avec de l’onguent de S. Fiacre, ou avec de l’argile, de la mousse que l’on recouvre avec un linge & que l’on assujettit avec de la paille, ou du jonc, ou de l’osier. L’onguent de S. Fiacre est préférable à toute autre substance : il ne le graisse pas, il ne le réduit pas en poussière, la pluie ne le détrempe pas ; & dans, tous les cas possibles, il empêche le contact de l’air qui nuiroit à la plaie. Enfin, lorsque cette plaie est bien consolidée par le tems, on détache les liens & on enlève l’appareil. On fera bien cependant de le conserver sur place jusqu’à l’entrée de l’hiver, si le pays qu’on habite est sujet aux coups de vent.

Lorsqu’on veut opérer sur un tronc de trois à quatre pouces de diamètre, on doit alors placer au moins deux greffes opposées l’une à l’autre.

De la Greffe en couronne.

Elle consiste à scier le tronc ou la grosse branche de l’arbre à la hauteur convenable, de rafraîchir, avec la serpette ou tel autre instrument, le bois meurtri par la scie, ainsi que l’écorce. Lorsque l’arbre est paré, on prend un petit coin de bois dur qu’on introduit entre la partie ligneuse & l’écorce ; on soulève doucement celle-ci, afin de ne la point endommager & on retire doucement le coin, en tenant l'écorce soulevée avec l’instrument en Z, ou à crochet, & la greffe prend sa place.

La greffe doit être taillée sur la longueur d'un pouce au moins, en manière de coin ; mais la réussite exige qu'elle ne soit taillée que d'un côté, de manière que le bois de la greffe corresponde directement & touche le bois de l’arbre ; & du côté extérieur, que l'écorce touche à l’écorce dans le plus grand nombre de point possibles. Afin de mieux assujettir la greffe, on doit laisser un cran ou espèce d'entaille du côté du bois, & lorsque le tout est mis en place dans la situation convenable, on l'assujettit avec des liens, ainsi qu'il a été dit plus haut.

De la Greffe en canon ou sifflet.

On choisit une branche bien saine & de l'année précédente, lorsqu'on le peut, que l'on coupe à quelques pouces près du tronc, ou plus éloigné, suivant sa force & sa grosseur, qui doivent décider de ce retranchement. Avec le tranchant de la serpette, on fend l'écorce en lanières, qui sont ensuite doucement détachées du bois, sans les meurtrir.

Pendant qu'un ouvrier exécute cette opération, un autre prépare l’anneau ou cylindre, ou flûte garnie de son bouton, ou de plusieurs boutons, & d'un diamètre égal, s'il se peut, à celui du bois mis à nu. Alors, sans perdre de tems, l’on fait glisser sur ce bois, jusqu'à ce que sa base soit parvenue à la naissance des lanières. Si le cylindre qui s'applique sur le bois est dans une proportion avec lui, & s'il recouvre tout le bois & s’unit exactement avec lui, on coupe circulairement les lanières au dessous de ce cylindre ; & après avoir fait rencontrer & joindre les deux écorces, on recouvre cette union, ainsi que le sommet du bois & du chalumeau, avec l'onguent de S. Fiacre.

Roger donne une autre manière de greffer par juxtaposition. La voici : c'est lui qui parle.

Je perce l’écorce lisse & unie d’un poirier, & j'y fais un trou d'environ un pouce de profondeur, puis avec une gouge de menuisier, j'unis la plaie, surtout à l’endroit de l’écorce. Je prends ensuite la mesure de la profondeur du trou, & je diminue par le bout mon rameau en forme de cheville ronde, en observant qu'il soit de la même grosseur que la vrille. Après l'avoir fait entrer un peu à force, & l'avoir enfoncée jusqu’au fond du trou, j’observe que l’écorce de la tige de l’arbre & celle du rameau se touchent de toutes parts, après quoi j’enduis cet endroit avec de l’onguent de S. Fiacre. Le rameau étant


toujours de la pousse précédente, je lui lisse trois ou quatre yeux. Cette manière de greffer doit se faire au commencement de germinal.

Des Greffes en écusson.

On appelle écusson un morceau d'écorce de douze à quinze lignes de longueur sur trois à quatre de largeur, garnie d'un bon œil dans son milieu. C'est de sa forme, qui ressemble à un écusson d'armoirie, que ce morceau d'écorce a pris son nom & qu'il a été consacré à ce genre de greffe.

Pour enlever l'écusson de dessus la branche, on fend l'écorce de celle-ci tout autour de l’œil, en observant de lui donner la forme de l'écusson ou d'un triangle. Après cette première opération, il faut enlever l'écusson, sans le meurtrir ni sans endommager l'œil. Pour cet effet, on presse, avec le pouce de la main droite, l'œil de l'écusson contre le bois, & on tourne lestement la main gauche, comme si on vouloit la tordre. Alors l’écusson se détache, parce que l'arbre étant en sève, l'écorce ne sauroit y être collée, & l’écusson cède facilement à l’impulsion qu'on lui donne.

Avec le tranchant de la lame du greffoir, on fait ensuite sur l'écorce de la branche à greffer, une incision en manière de cette figure T, ensuite avec la partie inférieure du greffoir on soulève doucement les deux parties de l'écorce coupée sur une largeur proportionnée à la moitié du diamètre de l’écusson, & l'on tient ces deux parties soulevées cc écartées jusqu'à ce qu'on ait placé l’écusson. Comme les deux mains sont occupées pendant le cours de cette opération, on tient avec l'extrémité de ses lèvres l’écusson ; ensuite, lorsque le soulèvement de l'écorce est fait & maintenu avec la main gauche ; on prend de la droite l'écusson, & on l'insinue dans l'ouverture. On observe avec soin que l'écorce de la partie supérieure de cet écusson corresponde & joigne en tous points l'écorce coupée de la partie transversale T, après avoir insinué le reste sous les deux parties de l'écorce soulevée, qui forment alors deux angles. L'écusson une fois bien placé, enfoncé & collé contre le bois ; vous ramenez les deux angles de l'écorce sur l’écusson, mais sans couvrir l'œil.

On doit avoir par avance préparé de petites ligatures, soit en laine, soit en coton (ce sont les meilleures, parce qu'elles ont la facilité de prêter & de s'étendre) soit en chanvre, écorce, brindilles d'osier, de saule, &c. le moment de les employer est venu. Prenez ce lien par le milieu, placez-le derrière la partie de la greffe, ramenez-le sur le devant, & recouvrez la ligne transversale T ; ramenez-le sur le derrière, puis sur le devant, &ainsi de suite, jusqu'à ce que toute la greffe en soit recouverte, sans cependant cacher l'œil ; nouez ensuite par derrière, & l'opération est finie.

La plupart des pépiniéristes suppriment l’excédent de la branche après l'avoir greffée. Ne vaut-il pas mieux le couper auparavant, après avoir examiné & choisi l'emplacement où l'on veut greffer ? Souvent cet excédent de branche embarrasse, & plus souvent encore la secousse que l'on donne à la branche en la retranchant, puisque l'on est obligé de placer la main trop bas, peut occasionner le dérangement de l’écusson : il faut aller au plus sûr.

On est quelquefois surpris du peu de réussite de plusieurs greffes, quoique l'opération ait été bien faite. Une légère attention auroit prévenu ce contre-tems. Après avoir détaché l’écusson de dessus le bois, c'est le cas d'examiner si son œil est vide ou plein ; c'est-à dire, si la partie intérieure & qui constitue essentiellement la greffe, n'est pas restée adhérente au bois. Dans ce cas, l’écusson est à rejeter, & sur mille il n'en réussira pas un. Le moyen le plus sûr de parer à cet inconvénient, est, lorsqu'on lève l’écusson, de laisser un peu de bois sous l'œil. L'habitude facilite cette pratique.

Il y a deux manières de greffer en écusson, ou à œil dormant.

I. La greffe en écusson à la pousse ne diffère en lien, quant au mécanisme de l'opération qui vient d'être décrite, la saison seule a fixé sa dénomination. Elle s'exécute dès que l'arbre commence à être en sève, & l'on choisit alors un œil sur un bourgeon d'un arbre franc, œil qui n'a pas encore poussé.

II. La greffe en écusson à œil dormant se pratique lorsque l'arbre est en pleine sève, & elle ne diffère de la précédente que parce que la feuille, mère nourrice du bouton, est développée & couvre de sa base l'œil qui doit pousser au printems de l’année suivante. On l’a appelé dormant, parce qu'il reste engourdi & comme dormant jusqu'au retour des premières chaleurs du printems suivant.

Soit que l’on greffe en écusson à la pousse, soit à œil dormant, on peut placer deux greffes sur le même sujet aux deux côtés opposés, mais non pas sur la même ligne ; l’une doit être plus haute que l'autre. Pour suivre l’ordre de la nature, on fera très-bien d'observer le même espace entre les deux greffes que la nature conserve d'un œil à l'autre.


Cette greffe diffère encore de la précédente, en ce que dans la première on abat la partie de la branche supérieure à l'écorce, tandis que pour celle-ci on la conserve jusque vers la fin de l'hyver prochain : alors on la rabaisse à cinq ou six lignes au-dessus de l'œil qui a dormi jusqu'à cette époque, & qui ne tardera pas à s'ouvrir & à pousser un jet vigoureux au moment que la chaleur viendra ranimer la végétation.

La greffe à la vrille (invention de Schabol), se fait en perçant l'écorce lisse & unie d'un poirier, à un pouce de profondeur, puis unissez l’ouverture à l’endroit de l’écorce ; prenez, un rameau de la pousse précédente, diminuez-le par le bout en forme de cheville de même grosseur que la mèche de votre vrille, & de la longueur du trou dans lequel vous faites entrer ce rameau un peu avec force ; observez que les deux écorces se touchent ; enduisez d'onguent de S. Fiacre le tour de votre greffe, & mettez un linge par-dessus. Quand cette greffe reprend, elle est supérieure à celle en fente.

Les arbres à pépin se greffent sur franc, sur sauvageon, sur coignassier, & sur d'autres arbres déjà greffés ; ce qui s'appelle franc sur franc. Cette dernière façon donne les plus beaux fruits possibles, en renouvelant cette greffe plusieurs années de suite sur le même sujet, & changeant l’espèce à chaque fois.

La greffe en fente se fait au mois de février ou de mars ; on peut encore greffer les pommiers à la mi-avril.

La greffe en écusson se fait en deux tems, à la pousse & à œil dormant ; elle réussit mieux à la pousse sur les fruits à pépin, c'est-à-dire, quand la sève est dans toute sa force, à la fin de mai, ou au commencement de juin ; on coupe alors la tige au-dessus de la greffe.

Les fruits à noyau, sur-tout le pêcher, ne doivent être greffés qu'à œil dormant ; ce qui se fait en juillet, août, même en septembre si l’année est humide. Si l’année est sèche, on peut commencer cette greffe en juin.

Quoique l’on puisse greffer le pêcher sur prunier, abricotier, & pêcher venu de noyau, le mieux est de le greffer sur amandier, ainsi que l’abricotier, sans distinction de terrain, parce qu'on le plante dans des trous profonds de trois à quatre pieds.

On ne doit greffer un sujet que quand il a au moins un pouce de diamètre pour espaliers, & dix-huit lignes pour les plein vent & demi-tiges.

Quand la trop grande abondance de sève menace de noyer l’écusson, il faut, à quatre ou cinq pouces au-dessous & par derrière l’écusson, enlever l’écorce jusqu’au bois de la longueur d’un pouce.

Soit pêcher, soit tout autre fruit, il faut, quand on les sort de la pépinière, couvrir les racines avec du fumier moite.

Le pêcher ne se greffe qu’en écusson : les autres arbres se greffent en fente & en écusson.

Greffe, se dit aussi d’une partie d’une jeune branche de l’année, prise sur un arbre cultivé qu’on veut multiplier ; on l’insère sur un autre dont on veut améliorer le fruit, òu changer l’espèce.