Aller au contenu

Encyclopédie méthodique/Art aratoire et du jardinage/Semoir

La bibliothèque libre.

Définition

◄  Semis
Sentier  ►

Semoir ; instrument d'agriculture avec lequel on peut semer le bled & les autres graines par rangées.

Article

◄  Semis
Sentier  ►

SEMOIR. Voici un semoir d'une nouvelle construction pour semer les pois & les sèves (fig. 5 de la pl. IX.).

On se sert de cet instrument dans la vallée d'Aylisbury, pour semer les pois & les sèves, qui réussit au mieux L'inspection seule suffit pour apprendre à le connoître. Telles sont ses dimensions.

La roué est de fer & a vingt pouces de diamètre.

La longueur de la boîte depuis A jusqu'à B, est de vingt pouces.

Sa largeur B C, de dix.

Sa hauteur C D, de cinq pouces & demi. Le cylindre de bois qui est au dessus de l'axe de la roue, a quatre pouces de diamètre. Ce cylindre est percé de vingt-quatre trous de trois lignes de profondeur, & de six lignes de diamètre.

La fig. 6 est la languette qui couvre le cylindre. Elle a six lignes d'épaisseur, sept pouces de long, & un pouce trois quarts de large. Lorsqu'il se présente une fêve plus grosse qu'à l’ordinaire, la languette s'élève & retombe ensuite d'elle-même.

E, fig. 5, est la languette avec sa coche, laquelle répond exactement aux trous du cylindre.

Cette boîte a un couvercle, lequel est arrêté dans l’endroit marqué F.

Un homme conduit cet instrument devant lui comme une brouette après la charrue ; il répand la semence dans le sillon, & elle se trouve couverte au second tour.

Ce semoir est de l’invention d'Ellis, riche fermier dans la province de Herffòrd, qui a donné plusieurs ouvrages sur l’agriculture. Gent. Mag. Feb. 1770.

Autre semoir, de l'invention de Rundall, Anglais.

Le principe qui a servi à la construction de «ette machine, est nouveau & curieux. Son usage est d'ensemencer trois sillons à la fois, en les espaçant à volonté. Elle est construite de manière que les trémies & les timons se trouvent toujours parallèles à l’horison ; au moyen de quoi les semoirs se trouvent également enfoncés dans la terre ; & à l'aide d'un méchanisme qui lève ou qui enfonce celui du milieu, on peut s'en servir pour labourer les terres qui ne sont point de niveau. (Voyez pl. XI, fig. 1.)

A, la chaîne qui doit être proportionnée à


la grosseur du cheval pour tirer le plus également qu'il est possible.

B D, Coutres arrêtés dans la traverse.

E, timon du milieu dans lequel est enchassé le coutre C.

Il y en a un autre parallèle à celui-ci, dans lequel sont enchâssés les semoirs F G sur la même ligne que les coutres.

M, traverse qui sert à affermir la machine.

N, continuation du timon du milieu.

O, traverse.

H, roue dentée.

P P, trous pratiqués dans l'axe pour recevoir les roues qui tracent les sillons.

I, bord de la trémie dans laquelle on met le grain.

Il y a dans le milieu un cône renversé K, par le moyen duquel il tombe par une ouverture en talud dans une autre trémie, où est un fragment de cône dans un sens contraire, sous lequel est une diagonale dont le fond est fixe, & où sont trois ouvertures qui répondent aux semoirs, d'où le grain passe dans des boîtes ; & des entonnoirs qui le répandent dans la terre. Les ouvertures sont proportionnées à la grosseur du grain qu'on veut semer, depuis un grain de moutarde, jusqu'à une petite pomme de terre.

Autre semoir, de l'invention du docteur Hunter d'Yorck. (Pl. IX, fig. 9 & 10.)

Avec cet instrument on peut semer telle espèce de grain que l’on veut, pourvu que celui qui s'en sert ait de l’intelligence.

Lorsqu'on veut en faire usage, on commence par herser le terrain le plus uniment que l'on peut ; après quoi on prend une herse plus grosse & plus pesante, avec laquelle on trace les sillons de la distance qu'on veut. Un homme remplit ensuite le semoir, & l'ayant attaché autour de son col, il suit les sillons, tournant la manivelle 4, fig. 9 ; au moyen de quoi & à l'aide d'une petite roue, fig. 10, percée de trous proportionnés, la semence tombe dans un tube 5, fig. 9, & du tube en terre.

Le sac 1 & 2 dans lequel on met la semence, peut être de cuir, de cannevas, &c. Il est entouré d'un anneau de laiton dans lequel la roue tourne, lequel est garni tout autour d'un morceau de peau d'ours 10, fig. 10, qui enlève la poussière de la roue à mesure qu'elle tourne, & facilite le passage de la semence. On recouvre ensuite les sillons avec une herse ordinaire. Gent. Mag. Feb. 1770.

Semoir à cylindre ; c'est une machine avec laquelle on laboure, on sème, & on couvre la semence tout à la fois. Cette machine consiste en une boite portée entre un avant-train & un arrière-train supportés sur des roues : on met dans cette boîte le grain qu'on veut semer ; il tombe sur une planche disposée en plan incliné, & va à chaque instant se ramasser dans un coin de la boîte, où roule un cylindre mu par le mouvement des roues qui servent à traîner la machine. Ce cylindre est garni dans toute sa circonférence de petites loges, creuses qui se remplissent de grains ; & le cylindre, en tournant, porte ces grains dans des trémies terminées par une ouverture par laquelle la semence se répand, & va tomber dans le fond du sillon à mesure qu'il est tracé par le soc qui précède ; vient ensuite une herse, qui est une pièce de bois armée de dents, & qui sert à recouvrir la semence à mesure qu'elle tombe.

Ce semoir met le cultivateur en état d'économiser une partie de la semence. A l'aide de cette machine, tous les grains sont mis en terre à la profondeur nécessaire, & ils sont recouverts de terre.

Mais quelque utiles que soient ces semoirs à cylindre, il ne faut pas compter pouvoir en faire usage dans les terres où il se rencontre beaucoup de roches, ou même quantité de grosses pierres, non plus que dans les terrains fort argilleux & qui font quantité de grosses mottes ; on ne peut guères se servir de ces semoirs que dans les terres labourées à plat ou en larges planches.

Semoir inventé par Cook, Anglois. Description de ce semoir. (Voyez pl. XXXVIII, fig. 2.

A, caisse où se verse la semence.

B, sa partie inférieure inclinée de la même caisse, où tombent les semences.

C, planche garnie d'un manche & posée transversalement, servant à empêcher les semences de tomber dans la partie inférieure de la caisse.

D, cylindre sur lequel sont fixées des espèces de cuillers, qui prennent les semences dans la partie inférieure de la caisse, & les versent dans l'entonnoir E, d'où elles tombent dans une raie faite dans la terre par le coutre F, placé au-devant de l'entonnoir : les semences sont recouvertes à mesure par un petit râteau G.

H, levier, au moyen duquel on soulève une


des roués K ; & on l'empêche de s'engrainer avec l’inférieure, lorsqu'on veut faire tourner la machine & qu'on ne veut plus que les cueillers se chargent de semence : au moyen du même levier, on soulève le râteau G par la traverse h h.

L, autre levier chargé d'um poids à son extrémité, pour déterminer la profondeur à laquelle doivent aller les coutres, &, par conséquent, celle où doivent être portées les semences.

M, vis fixée à la pièce qui soutient le coutre, qui sert à soulever ou à baisser la caisse qui contient les graines, afin que les cuillers ne les écrasent point & les prennent également.

N, râteau armé de dents de fer qu'on fixé, au moyen de deux vis, aux parties postérieures n n du semoir. On se sert de ce râteau pour faire différentes opérations ; comme celle d'amasser du foin, de sarcler les terrains semés nouvellement, de travailler les jachères, &c. Alors on enlève de dessus la machine la caisse qui contient les semences, le cylindre avec les cuillers, les coutres, les entonnoirs & les râteaux.

O, houe au moyen de laquelle un seul homme peut biner deux acres par jour dans un sol léger, rechaussant en même tems les racines des plantes.

On a décrit le semoir avec une seule caisse contenant les semences, un seul coutre, & un seul râteau, pour ne pas rendre la figure trop compliquée ; mais un semoir complet est garni de cinq coutres, cinq râteaux, &c. & les cuillers sont plus ou moins profondes, plus ou moins évasées, suivant la grosseur des graines qu'on veut semer.

On peut semer avec cette machine toutes sortes de graines, même celle de carotte, & on peut ensemencer huit ou dix acres par jour. La machine est dirigée par un homme & traînée par deux chevaux, conduits par un garçon. Des semences sont répandues également ; quelque quantité qu'on en emploie, on peut les enfouir à la profondeur qu'on désire, depuis six lignes jusqu'à six pouces, & on peut espacer les raies de douze a seize, jusqu'à vingt-quatre pouces & même au-delà : on peut employer également ce semoir dans toutes sortes de terres, & quoiqu'il paroisse assez compliqué, il est cependant très-solide, & exige peu ou presque point de réparations.

Lorsqu'on veut semer de la graine de turneps, de trèfle, de colza, &c. on met sur le cylindre les plus petites cuillers, & on sème pour lors à raison d'une livre de graine par acre. Le froment, le seigle, le chanvre, le lin, &c. exigent des cuillers un peu plus grandes, & on emploie alors un peu plus d’un boisseau (de 61 livres) par acre. Des cuillers un peu plus grandes que les premières sont employées pour semer l’orge, à raison d’un boisseau & demi par acre. Enfin, on seme avec des cuillers plus grandes de l’avoine, des fèves, des pois, des vesces, &c. & on met alors deux boisseaux de semence par acre.

Il est inutile de rappeler ici qu’avant de semer on a préparé la terre par les labours nécessaires, & qu’on y a fait passer la herse, & même le rouleau, lorsqu’il est possible, afin de rendre le terrain très-uni.

On sème les graines de carotte mêlées avec de la sciure de bois, dont on met une partie sur huit de semences.

Un des principaux avantages de ce semoir est de pouvoir semer même avec le vent le plus fort, en allongeant les entonnoirs qui portent la graine jusques dans la terre ; & on a semé ainsi très-également, & par un très-grand vent, les graines les plus légères, telles que celles du pastest.

Il faut avoir l’attention de faire sécher les semences avant de les mettre dans la machine ; & les grains qui ont été chaulés doivent être aussi bien séchés. Le bled vieux est préférable au nouveau ; on sait d’ailleurs qu’il est moins sujet que celui-ci à la carie. Il est bon d’observer que, dans des terres fortes & argilleuses, le froment ne doit jamais être enterré au-dessous de deux pouces : dans une terre sèche, cette attention est moins nécessaire.

La houe, dont on voit la figure dans la même planche, sert à biner le froment & le seigle ; mais il faut attendre que le terrain soit assez sec pour pouvoir y faire passer le rouleau. On fait cette opération deux ou trois jours après la pluie dans les terres fortes, & en tous tems dans les terrains légers.

En Angleterre, plusieurs fermiers très-instruits ont employé ce semoir pour les différentes espèces de graines, & ont reconnu, qu’outre l’épargne de la semence, ils obtenoient toujours des récoltes plus abondantes que lorsqu’ils avoient semé à la volée, & que les graines étoient aussi de meilleure qualité. Toutes ces expériences, assez multipliées pour ne laisser aucun doute sur l’utilité de ce semoir, ont été faites comparativement.

Description & usages d’un semoir inventé par Don Joseph Lucatello, Espagnol.(Extrait des transactions philosophiques, par Duhamel.)

On convient généralement, dit cet auteur,


qu’il est très-avantageux de distribuer les plantes à des distances convenables, relativement à la grandeur qu’elles peuvent acquérir ; & qu’il faut les mettre en terre à une suffisante profondeur, afin qu’elles reçoive de la terre assez de nourriture pour que leurs fruits puissent parvenir à leur état de perfection ; néanmoins on a coutume de répandre les semences à la main & sans assez de précision, ce qui fait qu’à des endroits il y a trop de grain, qu’à d’autres il y en a trop peu ; qu’une partie de la semence étant placée à une trop grande profondeur en terre, y périt sans en sortir, pendant qu’une autre étant trop à la superficie, court risque d’être mangée par les oiseaux, d’être desséchée par le soleil, ou endommagée par les fortes gelées. Don Joseph Lucatello s’étant proposé de remédier à ces inconvéniens, inventa un instrument qui, étant fermement attaché à une charrue ordinaire, ouvre le sillon, seme & herse en même tems, de sorte que sans employer trop de semence, les grains sont placés à la distance réciproque & à la profondeur qu’on juge être la plus convenable ; ce qui fait qu’on peut épargner les quatre cinquièmes de la semence qu’on consomme ordinairement. De sorte que si l’on s’éloigne de cette proportion, c’est ou par la négligence du semeur, ou par les défauts de cet instrument.

Voici la description de cette machine. Boîte de bois ; couvercle de la partie dans laquelle on met le blé. Les deux côtés qui couvrent la partie de la boîte où le cylindre qui a trois rangées de petites cuillères capables de contenir seulement un grain de semence, est renfermé & tourne pour jeter le bled.

Quatre pièces triangulaires, avec les interstices aussi triangulaires, par lesquels passe le bled que les cuillères y déchargent pour sortir par les trous qui sont au-dessous de la boîte. Une des roues dans laquelle passe un des bouts du cylindre. L’autre bout du même cylindre passe dans l’autre roue.

Il est bon de remarquer que tout cet instrument doit être attache ferme à la charrue, de façon que le bled puisse tomber dans le sillon que le soc vient d’ouvrir, & qu’à mesure que la charrue avance, ses oreilles puissent couvrir de terre le bled qui a été répandu dans le dernier sillon ; car par cette méthode la semence n’est point répandue sur la superficie de la terre, où elle reste souvent découverte : mais elle est placée au fond du sillon, ce qui fait qu’elle sort de terre un peu plus tard, c’est pourquoi quand on se sert de cet instrument, il faut semer huit à dix jours plutôt que quand on sème à l’ordinaire.

Notre auteur dit que dans les terres fortes peut donner cinq à six pouces de profondeur au sillon, sept à huit dans les terres légères & sablonneuses, & six à sept dans les autres qu’il appelle moyennes. Les expériences qui ont été faites font croire que ces profondeurs seroient trop grandes pour notre climat, & on peut à cette occasion consulter ce que nous avons dit dans le corps de l’ouvrage.

Il faut avoir grande attention que les roues ne glissent pas sur le terrain, mais qu’elles tournent & qu’elles emportent avec elles le cylindre qui les traverse. C’est pour cela qu’on fait la tête des clous qui attachent les bandes fort grosse. Les oreilles de la charrue doivent aussi être un peu plus ouvertes qu’elles ne le sont ordinairement.

Il est presque inutile d’avertir qu’il faut que le bled soit bien nettoyé, & qu’il ne reste point de barbe à l’orge pour que les cuillères puissent enlever un seul grain à chaque fois, & que ce grain coule aisément par les ouvertures qui sont au fond du semoir.

À l’égard des préparations qu’on donne à la terre pour la disposer à être ensemencée, elles sont les mêmes qui sont en usage dans chaque province. Mais quand on veut semer, le laboureur commence par ouvrir un sillon de trois à quatre pieds de longueur, jusqu’à ce que la charrue ait assez piqué dans la terre, alors on attache le semoir à la charrue.

On a recommandé que les oreilles de la charrue fussent plus ouvertes qu’à l’ordinaire, pour que le grain fût mieux enterré ; mais elles produisent encore le bon effet de détourner les pierres & les mottes, & d’empêcher qu’elles ne frappent contre le semoir & qu’elles ne le dérangent. Néanmoins si elles ne produisoient pas suffisamment cet effet, on pourroit ajouter deux autres oreilles, qui seroient de quatre à cinq pouces plus hautes que les premières ; alors le semoir ne courra aucun risque d’être endommagé.

Le tems le plus avantageux pour semer le froment, est quand la terre est sèche, ou médiocrement humectée ; dans ce cas le semoir fait son office sans que les roues se chargent de terre, & sans que les trous par lesquels la semence doit sortir se ferment. Il faut faire les raies assez près les unes des autres, pour que la semence soit bien distribuée ; & quand la terre est ensemencée, on la herse pour la bien unir, & qu’il ne reste pas d’apparence de sillon. Mais quand les terres sont en plaines & sujettes à retenir l’eau, on les refend par des sillons qui en procurent l’écoulement, ayant soin de ne pas les faire trop près, pour ne point perdre inutilement du terrain, & parce qu’il n’est pas


avantageux de trop faciliter l’écoulement des eaux, puisque dans plusieurs circonstances les grains souffrent de la sécheresse, sur-tout l’été & dans les pays chauds.

L’essai de cet instrument 8& de cette façon d’ensemencer les terres, fut fait en présence du roi d’Espagne à Buen-retiro, avec un succès qui passa toute espérance ; car un homme de la campagne ayant semé à l’ordinaire une certaine quantité de terre, on recueillit 5125 mesures ; & une pareille quantité de terre ayant été semée suivant la méthode qu’on vient d’expliquer, on recueillit 8175 pareilles mesures ; ce qui faisoit un bénéfice considérable, sans faire attention à l’épargne qu’on avoit faite sur la semence.

On fit quelque tems après une autre épreuve de cette façon de semer dans le Luxembourg (in Istria), en présence de l’Empereur. La récolte ordinaire n’est dans cette province que de quatre à cinq pour un, & elle fut de soixante pour un ; ce qui fut constaté par un certificat en forme, donné à Vienne le 1er août 1663, par un officier que l’Empereur avoit expressément commis pour suivre cette expérience depuis la semence jusqu’à la récolte.

Ces expériences prouvent qu’il y a plus de cent ans que l’essentiel de la méthode de M. Tull a été éprouvé en Espagne. Et un Espagnol fort éclairé nous a assurés qu’on la suivoit encore dans quelques provinces d’Espagne.