Encyclopédie méthodique/Arts académiques/Art de nager/Manière de plonger dans l’eau
Ne pensez pas, comme le publie le vulgaire, que l’homme aille naturellement au fond de l’eau. Pour y atteindre, il faut faire violence à la nature, 9a le nageur le plus intelligent & le plus adroit a kefoin de mettre à profit toute fa fcience & fa fa^cfle pour y uarvenir promptement. C’eftpour cela <{u’en Afie oc ta Afrique les plongeurs s attachent fous le corps une pierre épaifle de (ix pouces, & longue d’un pied, qui les met en état d’aller avec plus de fermeté au travers des flots. Indépendamment de cette précaution, ils fe lient à un pied une autre pierre fort pefante, qui les précipite au fonrf 4e la mer dans un inflant. La première façon de plonger con£âe à fe dreflèr fur les pieds, à s’élever
ensuite, en tenant la tête courbée, de manière que le menton s’appuie contre la poitrine, leibmmtf
de la tête tourné vers 11 fond, & les dos des mains
joints enfsmble l’un fur Tautre devant la tète. Dans
cet état, fi Ion fe précipite dans l’eau la tête la première,
on arrivera « u fond auffi vite qu’un trait
d’arbalète. Remarquez d’ailleurs que vous pouvez
vous plonger par tout, pourvu que le fond foit
bon. Il eft de principe que, plus l endroit eft pro^
fond, plus il efl avantageux au plongc ; ur. Vous ob-*
ferverez feulement de ne perdre jamais de vue la
lumière, & d’être en état de retenir afliez long*
temps votre haleine pour vous permettre de revenir.
Vous pourrez auflî vous plonger à plomb ; & cette manière doit être mife eu ulage lorfqu’^n fe précipite dans la rivière du fommet de quelque lieu élevé, afin d’arriver plus promptement au rond de l’eau. La difpofition efl la même que la précédente » J’obferverai cependant qu’il eft eflentiel de choifir ainfi un endroit élevé pour plonger, quand la rivière a beaucoup de profondeur, parce que la rapidité avec laquelle on arrive au fond, vous permet de retenir aflez votre haleine pour n’avoir pas à craindre d’être étouffé dans l’eau. Cependant les nombreux dangers qu’elle préfenre, loit à caufe des rochers contre lefquels on peut fe brifer, foit à caufe des précipices où l’on s’engage fans pouvoir en foriir, font que je confeille de ne plonger ainfi S rue fort rarement, & lorfque l’on connoitra paraitement les lieux.