Encyclopédie méthodique/Arts académiques/Equitation/Monter à cheval

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Panckoucke (1p. 219-220).

MONTER à cheval, (l’art de) L’art de monter ik cheval apprend également à dreffer un cavalier & un cheval. Il infiruit le cavalier de la bonne affiette, de la oofture libre & dégagée » & des moyens d’accorder la main & les talons. Il met suffi, autant qu’il eft poftîble, un cheval en état de porter en beau lieu, de prendre finement les aides, de craindre les châtiments, qui le peu* vent affurer au pas, au trot, au galop, & de le faire manier enfuite à toutes fortes d airs, afin qu’il puifle également fervLr dans les périls de la guerre^ .dans toutes les occaftons où chacun peut en avoir befoin, & quelquefois même dans la pompe des fêtes galantes & des foeâacles publics. Il faut que celui nui vent apprenare à monter i cheval, loic naturellement’dtlpos de fa perfonne. La taille la Π» lus avantageufe eft la moyenne. Les grandes per— ^ bnnes, outre qu’elles font fujettes à le défarçon-. ^ ner, donnent au cheval des aides moins fines, elles ne les donnent pas de fi bonne grâce, qu’un d’une taille médiocre ; & les hommes petits, quoi-Îuoique plus fermes k cheval, lui donnent des aies trop foibles, le cheval ne s’emploie que moU lement fous eux ; il ne fent pas alors avec aflèz de force ce qui doit l’animer.

Celui qui apprend oujqui enfeî^ne à monter à che* val, doit être vêtu le plus à la légère qu’il eft poffible. Quand on fait l’exercfce du manège, on le fait ordinairement le chapeau enfoncé & ferme fur la tète, de peur qu’il ne vienne à tomber, ce qui embrouille le cheval. Pour bien monter à cheval, il faut tenir les rênes de la main gauche, le pouce deffiis, & le petit doigt par-deubus & entre deux pour les féparer. U uut lever le bout des rênes en haut, à bras ouverts, afin de bien ajufter la bride dans la main, enforte qu’elle ne fpit ni trop longue, ni trop courte. La placide la main de la bride eft environ trois doigts audeflus du pommeau de la felle. Celui qui fait bien montera cheval, fe tient plac4 droit dans le fond de la felle, de manière qu il ne touche prefque que le milieu, fans rencontrer larçon de derrière, crainte dëtreaflis, pofture qui a très — mauvaife grâce. Il aura* les coudes libres, un peu éloignés du corps & à égales diftances ; les deux épaules juftes, Teftomac avancé, le poing droit proche du gauche d’environ quatre à cinq doigts. Les jambes du cavalier feront portées de bi’dis. La pointe du pied gauche regardera l’oreille du cheval ; le bout fera âppuyc fermement fur rétrier 9 proche Tépaule » les talons feront « a Eeij

peu en dehors, de crainte de piquer’mal-à-propos le cheval. Ceft ce qui, en termes de manège, s*appelie dérober Us éperons.

Pour fe tenir ferme à cheval, il faut ferrer les genoux de toute fa force ; % il faut s’y tenir ferme toujours, quelque chofe que fafle l’animal qii’rl monte ; fi ce n’eft lorfqu’il manie, parce qu’il eft befoin alors de changera propos les aides, tam de la main que de la houffine. Ceft dans le poing droit qu’on doit tenir la houffine par le bout, 1^ I Î jointe élevée en haut, & un peu penchée vers •oreille gauche du cheval > & tombant de travers fur le cou pour l’en frapper dans le befoin fur l’épaule gauche, mais fans hauffer le coude, ni mettre le poing hors de fa fituation. On obfervera de tenir les ongles de la bride levées en {haut ; & le poing de la bride fera toujours droit. En le tirant un peu du même côté, le cavalier préfentera de •> Yautre la houffine au cheval & auprès de l’œil droit, Jour lui apprendre qu’il doit changer de main, ovr lors il le frappe mr l’épaule droite & au ventre fous la botte, d’un coup ou deux feulement, en fe tenant toujours ferme fur les étriers, pour ne quitter jamais le milieu de la fellc, & ne point perdre la bonne contenance.

Avant que de monter à cheval, le cavalier jettera un coup.d’œil fur la bride, pour voir ii elle eft 1 placée dans la bouche au-deffiis des crochets ; fur a gourmette, pour voir fi elle n’eft point —entortillée, ou trop ferrée, ou trop lâche, fur les fangles 8c fur le refte du harnois, pour voir fi tout eft en bon état. Le cavalier s’approche enfuite de Té-, f aule gauche du cheval, prend les deux rênes de la bride & le pommeau de la felle de la main gaulie, met le pied dans l’étrier ; & s’appuyant de la droite fur l’arçon de derrière, il s’élève avec le plus de légèreté qu’il lui ef^ poffible, & fe place enfin dans la felle. Un cavalier léger & qui fe tient ferme, fatigue moins fon cheval que celui qui fe laifle appefantir deiTus. Pour conlerver la bonne grâce, il eft eflentiel d’obferver de tirer un peu le dos en arrière quand on arrête le cheval, d’éviter alors de pencher la tête près du crin, & l’eftomac près du pommeau de la felle ; & de bien ferrer les cuifles & its genoux quand le cheval marche au pas, au trot ou autrement. Il y a auffi quelques autres obfervations à faire, quand on veut monter des chevaux de grand prix, & def3uels il y a quelque chofe de dangereux à crainre. Il faut d’abord que celui qui amène > le cheval, le tienne droit, que le cavalier prenne également garde & de s’approcher pour monter à cheval droit erf vifière, & d’éviter en même temps le derrière qui n’eft pas moins à craindre. Pour prévenir tout inconvénient, il viendra donc au cheval, du c6té gauche, un peu plus vers le devant que vers le derrière, & vis-à-vis de l’épaule.