Encyclopédie méthodique/Arts académiques/Equitation/Pilier (équitation)

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Panckoucke (1p. 232-238).

PILIER fe dit du centre* de la volte autour de laquelle on fait tourner le cheval, foit qu’il y ait un pilier de bois ou non, & cela s’appelle travail* ler autour du pilier. On dit aufii travailler entre deux piliers, quand on monte un cheval emrt deux piliers de bois, & quand on l’y fait fauter «  cabrer & ruer, lever le devant & le derrière. La plupart des erands manèges ont un pilier planté * au milieu de leur terrein » mais ils ont tous fur les côtés d’autres piliers de diftance en diftance, qui font difpofés deux à deux, d’où vient qu’on les appelle les deux piliers* pour les diftinguer du pi «  lier du centre. Le pilier du centre fert à régler l’étendue du terrein, afin de manier fur les vôTtes avec étendue &jufte(re, (k pour travailler avec règle & raefure hirles quatre lignes de la volte, aui doivent être imaginées dans une égale dlftaiice e ce centre. Il fert auffi à commencer les chevaux défobéiiTans & fougueux, fans aucun péril pour le cavalier, parce que le cheval eft attaché à une longe ou longue corde, attachée elle-même aujpî* lier & tenue en état par un homme qu’on y pofte. Cette fujétion empêche le cheval d’échapper. Pour commencer un cheval fougueux & le faire aller en 9f3Lnt, pour le dénouer, lui aflbuplir le corps & lui apprendre à ne pas galoper faux ni défuni, on lui met le caveçon, on attache la longe à l’anneau du milieu, & on Tarrête au pilier, on le trotte alen «  tour.

PI L téur (ans perfoane deiïus » en lui hxCznt penr de la chambrière, afin qu*il la cottnoïffe & la fuie non-feulement au moindre coup » mais encore à la moindre approche. Après cela on peut le monter, & on le fera marcher en avant, lans qu’il puiflb ie cabrer ni s’arrêter pour faire des contre-temps ; Ï>arce que la peur de ta chambrière préviendra tous esdéfordres & Tempêchera de s’arrêter. NewcafUe dit qu*on ne doit fouffrir qu’en cette occafion Tufage du pilier ; en général il ne l’approuve point, & foutient dans fa nouvelle méthode que cet ufage ne fen qu*à gâter les chevaux, parce qu’ils ne travaillent alors que par routine » ont continuellement les yeux occupés à regatder les mêmes objets, ne manient plus quand ils font hors de-Ià » & qu’au lieu d’être dans la main & dans les talons, ils ne font que dans la longe & dans la chambrière. Aux manèges qui h*ont pas de pilier » on confidére la place ou il doit être, âc on fait tous les mouve ments autour de ce centre imaginaire, comme s’il y avoit récllement, un pilier^ ou bien un homme fe met au inilteu du tenein, & tient le bout de la longe. Les deux piliers font plantés à deux ou trois pas fun de Tautre. On y met le cheval avec le c.iyeçon de cuir ou de corde, monté de deux grofTes cordes qui répondent de Tun des piliers à lautre. Il faut que le cheval donne dans les cordes du caveçon, & qu’il fe lève entre deux piliers. Dès qu’on lui a appris à fe lever devant, on Tin Aruit à s eparer & à fe mettre aux airs relevés, par les aides ou par le’châtiment de la chambrière. Dans le befoin on fait venir au fecours la gaule, le poinçon, la main & les talons.

De l’utilité des piliers. ( La GuiRiNifaiE). Les piliers font de l’invention de M. de Pluvinel. M. le duc de Newcaflle ne les approuve pas. Il dit « qu’on y eflrapaffe & qu’on y tourmente maliknpropôs un cheval pour lui faire lever le devant, eipérant par-là le mettre fur les hanches ; oue cette méthode efl contre Tordre & rebute touts les che^ vaux ; que les piliers mettent un cheval fur les jarrets ; parce que, quoiqu’il plie les jarrets, il n avance pas les hanches fous lui pour garder Téquilibre, loutenant fon devant fur les cordes du caireçon » « 

Ce qui a fi fort révolté cet llhiftre auteur centre rufage des piliers, c’eft^ue de fon temps la plupart des écuvers fe fervoient de cette méthode pour nûre lever d abord le devant à un cheval avant qu’il ïut réglé au piafer. Par ce moyen ils mettoient fans doute un cheval fur les jarrets, &lui apprenoient nlutôti faire des pointes &àfe cabrer qu’à lever le devant de bonne grâce. Mais fi dans les commencements au lieu de ibneer i détacher déterre un cheval, on fe fert des piRers pour lui apprendre à pafler dans une place fans avancer, reculer ni fe traverfer, ^ùeû l’aâion du piafer, on verra que cette cadence plus aifèe à donner dans les piliers yn’ep liberté, met le cheval dans ime belle pof-P I L i3î

ture, In ! donne une démarche noble & relevée, & lui rend le mouvement des épaules libre & hardi, & les reflbrts des hanches doux & lians : toutes ces qualités font recherchées pour un cheval de parade & pour former un beau paffage. Mais comme il faut beaucoup d’art » de patience & de temps pour régler un cheval dans cet air de pafTage fier & relevé, que donnent les piliers employés avec intelligence, il n’eft pas étonnant qu’ils caufent tant de défordres à ceux qui s’en fetvent dans une autre vue, que de parvenir d’abord au piafer. Un lavant ècuyer a dit avec raifon, que les piliers donnent de Tefprit aux chevaux ; parce que la crainte du châtiment réveille & tient dans une adion brillante ceux qui font endormis & pareffeux ; mais les piliers ont encore l’avanr^ige d’appaifer ceux qui font d un naturel fougutux & cogère ; parce que la^on du piafer qui e/1 un mouvement écouté, foutenu, relevé & fuivi, les oblige de prêter attention à ce qu’ils font : c’eA pourquoi je regarde les piliers comme un moyen, non-icu «  lementde découvrir la refTource « la vigueur, la genrilleiTe, la légèreté & la difpofition d’un cheval ; mais encore comme un moyen de donner ces der>. niéres qual : tcs â ceux qui en font privés. La première attention qu’on doit avoir dans les commcocemens en mettant un cheval dans les piliers, c’efl d’attacher les cordes du caveçon.égales & courtes, de façon que les épaules du cheval foient de niveau avec les piliers, & qu’il n’y ait que la tête & l’encolure qui foient au-delà, par ce moyen il ne pourra pafler la croupe par-dcilbus les cordes du caveçon, ce qui arrive quelquefois. II faut enfuite fe i^cer avec la chambrière Berrière la croupe, & affez éloigné pour n’être point à portée d’être frappé : le faire enfuite ranger à droite & à gauche en donnant de la chambrière par terre » & quelquefois légèrement fur la fcfle « <^tte ma «  nière de faire nnger un cheval de côté & d’autre ; lui apprend i pafler les jambes, le débrouille & lui donne la crainte du chàdment. Quand il obéira à cette aide, il faudra le chafler en avant, & dans le temps qu’il donne dans les cordes, l’arrêter &le âatter, pour lui fiure connoitre que c’eft*là ce Ju’on lui demande ; & il ne faut point lui demaner autre chofe, jufqu’à ce au’il foit confirmé dans l’obéiflance de fe ranger i droite & à gauche, & d’aller en avant pour la chambrière, fuivant la volonté du cavalier.

Il y a des chevaux d*un naturel fougueux & malin qui, avant que de fe ranger pour la chambrière & d’aller en avant dans les cordes) emploient toutes les défenfes que leur malice peut leur fuggérer. Les uns pleins d’inquiétude, trépignent au lieu de fûafer ; les autres font des poimes oc des élans dans es cordes, d’autres redoublent de fréquentes ruade

  • , & reculent ou fe jettent contre les piliers.

Mais comme la plupart de ces défordres viennent plus fouvent de l’impatience de celui qui les châtie mal-à-propos dans ces commencements, que dtt Gg

Î34 P I L naturel du cheval, il eft aifé tfy remédier, en fe contentant Amplement, comme nous venons de le dire, de le faire ranger & aller en avant pour la chambrière, qui eft la feule obéiflance qu’on doive exiger d un cheval les premières fois qu’on le met dans les piliers.

Une autre attention néceflaire, c’eft de faire ruer dans les piliers les chevaux qui ont la croupe engourdie, & qui n’ont point de mouvement dans les hanches. Cette aâion leur dénoue les jarrets & leur fait déployer les hanches, donne du jeu à la croupe, & met touts les reflbrts de cette partie en mouvchienr. Tout le monde n’eft pas de cet avis, 8c la plupart difent qu’il ne faut jamais apprendre à uti cheval à ruer. Mais Texpérience fait voir qu’un cheval qu’on n’a jamais fait ruer, a les hanches roides & les traîne en maniant : d’ailleurs il eft bien alfé de leur ôter ce défaut, qui en feroit un cfFe « 51ivement, fi on les accoutumoit à ruer par malice ; mais lorfqu’on trouvera les hanches aftez dénouées, il faudra les empêcher de ruer, en les châtiant de la gaule devant, lorfqu’ils feront cette aâion quand on ne l’exigera pas.

"Quand le. cheval cdTera de fe traverfer, qu’il donnera en avant & droit dans les cordes, il faudra alors l’animer de U langue & de la chambrière pour lui tirer quelque cadence de trot en place, droit & dans le milieu des cordes, qui eft ce qu on appelle piaffer ; & auftîtôt le flatter & le détacher, pour ne pas le rebuter. SU continue pendant quelques jours d’obéir à cette leçon, il faudra allonger les longes du caveçon, en forte que les piliers loient vis-à-vis le milieu du corps du cheval, afin qu’il ait la lil^erté de donner mieux dans les cordes, ce ()u’il pui/Te lever les jambes avec plus de grâce & de facilité. Quoiqu’il continue de bien faire, on ne doit pas pour cela faire de longues reprifes, jufqu’à ce au’il foit accoutumé à obéir fans colère ; & alors il ùuira les faire auffi longues que fa difpôfition, fcs forces & fon haleine le permettront ; & cela fans le feeours de la chambrière, le cavalier fc tenant feulement derrière la croupe. Pour l’accoutumer à piaffer ainfi fans l’aide de la chambrière ni de la voix, on lui JaiiTera finir fa cadence de lui-même, en demeurant derrière lui comme immobile, fans faire aucun mouvement, ni appeller de la langue, jufqu’à ce qu’il ait cefTé t « u.t-à-fait ; & juflement quand il ceïîe d’aller, il faut lui appliquer de la chambrière vivement fur la croupe & fur les fc/Tes:<cc châtiment met toute la nature en mouvement, & tient le cheval dans la crainte, de manière que quand il fera accoutumé à cette leçon, on pourra refter derrière lui autant de temps qu’on le jugera à propos, fans l’aider ; &il continuera de piaffv-’r. Quand on voudra l’arrêter, on l’avertira de la voix, en l’accoutumant au terme dt hoLa, & on fe retirera de derrière la croupe ; on ira le fla; ter, & on le renverra:mais cette leçon re doitfe pratiquer que lorfqu’un cheval commence à bien connoiire ce qu on lui de—’ p I L

mandb ; qu^il ne fe traverfe ni ne fe défend plos^^ Lorfque le cheval fera confirmé dans cet air de piaffer que produit le pafTage entre les pihers, il faudra alors & non plutôt, commencer a le déta* cher de terre, lui faifant lever quelque temps de pefades & de courbettes, en touchant légèrement de la gaule par-devant, & l’animant de Ta chambrière par derrière. Non— feulement la courbette eft un bel air, mais elle fait que le cheval eft pins re «  levé dans fon devant, & a une aâion d’épaule plus foutenue au piaffer ; ce qui l’eropéche de trépigner, aâion défagréable, qui fait que le cheval bat la pouffière avec des temps précipités ; au lieu que le piaffer eft une aûion d’épaule foutenue & relevée, avec le bras de la jambe qui eft en l’air, haut & plié au genou ; ce qui donne beaucoup de grâce à un cheval. Afin que le cheval i>e fe lève pas fans attendre la volonté du cavalier, ( ce qui produiroit des fauts défordonnés), fans rè^le ni obéifTance, il faut toujours commencer & finir chaque reprife par le.piaffer, en forte qu il lève quand on veut, & qu’il piaffe de même. Par-là on évitera la routine » qui eft le défaut des écoles mal réglées* Comme il y a du danger k monter un cheval dans les piliers lorfqu’il n’y eft pas encore accou* tumé, il ne faut pas y expofer un cavalier avant que le cheval foit drefte & fait à l’obéiffince qu’on en exige, fuivant les principes que nous venons de décrire. Et même lorfqu en commence à le monter dans les piliers, on continue les mêmes pratiques dont on s’eft fervi avant que le cavalier fût deflus, c’eft-à-dire, quil faut le ranger à droite & à gauche j en le fecourant des jambes pour le faire donner dans les cordes. Infenfiblement il s’accoutumera à piaffer pour la main & les jambes, comme il a fait auparavant pour la chambrière. Les amareurs de cavalerie en Efpagne ont une grande idée du piaffer, & eftiment beaucoup les chevaux qui vont à cet air, 8c qu’ils appellent pif’ /adores ; mais ils donnent à leurs chevaux une allure incommode & dégingandée, parce qiL’ils ne leur afibuplifTent point les épaules, &. ne leur font point connoitre les talons, ce qui eft caufe qu’ils ne manient que du bras, n’ont point l’appui de la bouche ferme & léger ; & qu’ils ne font point dans la balance des talons, & par conféquent dans la parfaite obéîfTance pour la main & les jambes ; ce quieftla perfeâion de l’air du piaffer. De L’USAGE DES PiLlERS. (DuPATT).

Ce n’eft point en liberté, qu’on commencera i exercer les chevaux aux airs du manège; les piliers diminuent les rifques de l’homme, & obligent le cheval d’écouter & d’obéir aux ordres qu’il reçoit.

Je crois qu’en général on fait bien de ne mettnr les chevaux entre les piliers qu’après les avoir affouplis, & lorfque leurs jarrets font formés. Leur tête étant calmée, ils ont moins de contre— temps, & les P I L. jarrets étant plus forts fupportcnt mieux ce trayail. La première foupleâe le leur rend facile. Ces leçons exigent de Thomme la plus grande connoi {Tance de Téquîtation & du méchanirme animal. Un bon écuyer avance fes chevaux eiitre les piliers ; ua autre leur y apprend ï fe défendre. Dans le principe où je fuis de ne mettre le che* val entre les piliers, que lorfqu il eft à moitié dref.^^9 je parriens proraptement à mes ans par la douceur.

Le cheval deftiné à recevoir ces leçons, étant hîen attaché, enforte qu*il ait une forte de liberté, je me mets derrière lui, après Tavoir flatté de la « ain : alors, avec un appel de langue modéré, je Tin vite à aller en avant, & i fe porter fur le caveçon. S’il refufe, je le frappe légèrement de la chambrière. Il eft rare qu il ne cède pas enfin. Quelquefois il s*élance avec férocité, & va donner dans les cordes : mais elles la retiennent ; & la douleur qu’il reflent au nez le rend moins prompt. Je Taccoutume, par la patience, à donner dans les cordes fagement oc fans s’y appuyer ; j’y mets tout le le tentps néceflaire, fans le battre. Cela étant gagné, je me mets un peu plus fur le côté droit, & avec une gaule dont je le touche doucement fur le flanc, je lui range un peu les hanches en Texcitant à aller en avant par un appel de lanfie. Je fais de même de Tautre côté, & je parviens le placer dans le pli, comme fi Thonime étoit defllis. Par mes carefles je lui his comprendre s’il a bien fait.

Lorfqu’il exécute bien ce queje viens de dire, je Tanime alors un peu plus, ann qu’il remue les quatre jambes en piaffant. Je Texcite enfuiiede plus en plus, enforte qu’il enlève le devant à pefade. Q’Jand il en a fait quelqu’une aflez bien, je le ca* reflfe, & le laifle reprendre. De la pefade, je le mets à courbette, en le chaffant un peu pUis. Lorfque le cheval eft bien confirmé h ces différents airs par un longtemps, par des leçons bien douces & un grand ménagement, je le fais ruer, en le touchant un peu ferme fur la croupe : leçon utile pour dénouer les hanches & leur donner de Taâion. Cela étant ainfi obtenu de lui, je faifis rinftant où il enlève à pefade, & je le touche fur la croupe, alors il faute des quatre jambes, & me fait voir l’air dont il eft capable : je 1 y maintiens en Texerçant avec modération » & je tâche de lui faire perdre teute humeur.

Ceu ainfi qu’en travaillant un cheval entre les piliers, on lui donne de la centillefle & de Tagréflient. Mais je recommande uir tout d’apporter à ce travail une patience & une douceur extrêmes, fi on veut conferverfon cheval.

Du SAVT DANS LES PILLIERS. ( ThirOUX). Dans la defcription d’un manège, on parle de deux piliers, hauts de fix pieds efpacés de cinq, & placés à l’un des bouts, ou quelquefois à chaque extrémité de la carrière. Après avoir annoncé oue ces piliers font deftinés à recevoir liri cheval dreffé à (auter, d’où ce cheval tire fon nom de fauteur dans les piliers, on prévient que ce genre de travail s’emploie comme une pierre de touche, Ignorer ;

des particularités relatives à ce nouvel exercicç » puifqu’il eft au moment d’en faire expérience, on va commencer le détail des circonftances analogues au ûiut dans les piliers par les attributs qui diftinguent le fauteur d’avec les autres chevaux de man^e.

On amène » aux piliers, le fauteur fellé & bridé ; mais les battes & le troufle-quin de fa felle font contournés de manière qu’ils emboîtent la cuifle du cavalier. En outre, ce cheval porte fur fa tète un gros licol ferré, d’où pendent deux longues cordes qui fervent aie fixer aux, piliers. D’ailleurs on ne ferre point les pieds de derrière du fauteur, de peur au un fer ne fe détache pendant la ruade, & n’aille blefler les fpeâateurs. Enfin, par attention pour le cavalier en enferme la qyeue du fauteur dans une efpéce d*étui, quefonufàge fait appeller troufle-queue.

Ce que c’cft que le faut dans les pHiers* Uécuyer, qui fe charge ordinairement de dé*’ terminer la longueiir des cordes, ne laifle au fauteur que la diftance néceflaire pour former un pas en avant, ou, ce qui eft fynonyme en équitation, pour donner dans les cordes. Au moyen de cette reftriâion, tout le travail du fauteur entre les piliers confifte dans l’enlever alternatif de ces deux bipèdes, dont le réfultac produit une fecoufle d*au" tant plus rude 9 que. le cheval eft contraint de finir fon faut fur la même place où il l’entame. Avant que Télève monte le fauteur, on croit eflentiel de Tinfiruire, & de la méthode ufitée pour mettre ce cheval en adion, & de la manière donc le cheval s’y prend pour répondre à la leçon du faut dans les piliers.

Comment on fait fâuier vh chtval dans les piliers^ L’écuyer, tenant une gaule dans chaque main ^ s’avance auprès du pilier qui eft à la gauche du fau-* teur. 11 comqience la leçon par faire donner le cheval dans les cordes « afin quelles deux colon* nés des vertèbres fe réunifient également au centre. Lorfque le fauteur eft cxaékment raffemblé, Técuyer touche fur le poitrail avec la gaule tenue dans la main gauche ; & alors le bipède de devant s’enlève. Au{&tôt que Félan du cheval l’a fait ai^ river jufqu’au bout des cordes, il revient â terre ; moment favorable que l’écuyer faifit pour luide^ mander la ruade, en frappant la croupe avec hi gaule dont là main droite eft armée. Comment U Cheval faute dans Us pilUrt. — On a dit plus haut, qu’en déterminant la Ioa| Ggî|

x}6 P î L oucur des cordes, Vècuyer ne laiflbît au fauf^uf eue la poffibilité de former le feul pas que Téquîtation dèfigne par donner dans les cordes. Pour apprécier rutilité de cette contrainte, il faut fuivre, avec une attention fcrupuleufe, touts les mouvements du cheval qui (e prête à la leçon du faut dans les piliers. Chaffé dans les cordes, le cheval étend naturellement fa cplonne de devant, afin .d’entamer le pas unique qu’il ait la liberté de faire, &, dans Tintention de le réitérer, il ramène, de lui-même, au centre Tondulation de fa colonne de derrière. Mais, pendant la marche du bipède dé derrière, la colonne de devant, arrêtée par la puiffance des cordes fixées aux piliers, refluç vers le centre avec la même rapidité qu’elle s’en eft éloignée, &, conféquemment, fait rétrograder avec elle le bipède de devant qui lui eft fubordonné. Alors rarrière*main oui n’a pas eu le temps de •fe retirer, refte prife denous le centre qui porte Tavant-main, enforte que le cheval, exaûemcnt affis, pèfe fur les jambes J & 4 » avancées fous le centre relativement à la combinaifon du marcher, plus que fur les jambes i & a, rapprochées du même point central conformément aux loix du reculer : difpofition évidemment heureufe pour demander l’enlever du bipède de devant, puifaue rcxpjofiôn dés rcfforts du cheval, tendus de 1 a-Tant à Tarrière-main, ne peut avoir fon effijt que ’de Tarrière à Tavant-main. Auffi, lorfque l’ecuyer, habile à pro iter de cette circonftance avantageufe, pince le poitrail avec la ^aule qui remplit fa main gauche, le cheval, excité par ce nouvel avertiflemem, ne balance pas à fe dreffer fur les jambes 5 & 4, afin de darder celles i & a. Il eft certain, qu’en nèeligeant 1 inftant où la colonne de devant, enlevée lur le centre, furcharge cel’e de derrière, le cheval pourroit employer un procédé moins violent pour fe remettre dans fon état naturel. Mais au moyen de la crainte que les deux gaules lui impriment également, il perd l’efpoir, foit de faire gliàer doucement le bipède de devant, foit de faire reculer > en rempant, celui de derrière, &, dans cette extrémité, le cheval prend le feul parti qui lui rèfte, & brufque un élan pour chercher, en l’air, te foulagement qu’il ne peut fe procurer à terre.

Auflîtôt que, d’après l’extenfion des jambes 3 6 4, Tavant-main efi élevé proportionnément à la longueur des cordes, la même puiiTai^ce, qui reC.^ 1 _i I _.. y^.. ! » : i : /r. rJ

vvriAiLKit <v^w.>f M ~…..^.. « ^.,.w w..^..i reprenne fa première fituatton, cependant on doit s’attendre à trouver un changement total dans fa dirpofition intérieure, puifque tout élan produit toujours TefFet d’entraîner le centre après Textrémité lancée. Conféquemment à cet axiome, l’avant-main n’efl pas Elutdt remis à terre que te cheval, emprefle d*aitlurs. de foulager l’arrière— main, apporte borifondeotent fur les jambes 2 Se 2 }a touiité du yolume PIL

quî ftirchatgeoît celles 3 &4— Tandis que le cli »  » val s’occupe de cette dernière répartition, I écuyet attentif à fes moindres mouvements, le trappe fur la croupe avec la gaule qu’il tient dans fa main droite, bien perfuadè, qu’en accélérant le refluK des msffes, dont les reflorts fe tendent aduellementde l’arrière i l’avant-main, il doit réfulter, de cette précipintion calculée, une reathon affea vive, de l’avant à rarrière-main, pour qu elle occafionne l’enlever du bipède de derrière. L expérience juftifie pleinement la conjeanre de 1 écuyer, car pour peu qu’on entretienne la vibration alternative des deux colonnes des vertèbres, on yoK les élans de l’avant-main conftamment fuiv » par les lancers de l’arrière-main. Ces deux mouvements, quoiqu’oppofès. ont même quelquefoi » une fucceflion fi rapide, que le fauteur détache la ruade, fans la fin de l’enlever du devant ; c eft ce quon appelle au manège Muer Cé^tllitu : genre de faut qui donne une preuve non équivoque de la force du rein du cheval qui l’exécute, pmfquil faut que le centre donne le feul point d appui qui permet au cheval de laffer un inflant fes quatre ïambes en l’air ; cclk-s de devant abfolunient p ovées deffous lui, pendant que celtes de derrière font autani étendues quelles peuvent 1 être. Pofinoa à prcnirt pour foiuenir le faut dans lu ■’’Pûitu.

Sans avoir jamais éprouvé la tourmente du faut dans les piliers, l’élève conçoit aifément que la vibration alternative des deux bipèdes doit produire un roulis, qui caufe une violente agitation an point de rencontre fur lequel on eft affis, & qui demande finonune pofition abfolument neuve pour foutemr la rudeffedes fecouffes qui en émanent, au moins une addition confidèrable à celle précédemment, prife fur un cheval mis au pas, & récemment confirmée par l’allure du trot D’après cette remarque, il fiiut chercher, dans les différentes parties des trois divifions du corps de l’homme, celles qui deviennent aôuellement inutiles à ta conduite du cheval, & s’appliquer à les faire tourner au profit de la fermeté du cavalier. Par exemple, dans le haut du corps, la tête, les deux avant bras, « le » mains peuvent recevoir une pofwion particulière » la leçon dont on s’occupe, puifque les cordes, fonement arrêtées aux piliers, forment une barrière i toute épreuve qui difpenfc du foin de dineer k cheval. En confèquence, la tète beaucoup plus haute que de coutame, & portée en arriére, non feulement pèfe davantage fur les épaules attirées par les bras’tombants & affujettis contre le corps. mais même facilite l’ondulatioo defcendante de k colonne offeufe. Quant aux avant bras, li on confeille de les tourner de façon que » mains, arrivées derrière le dos, fe joignent potavement dans le creux que le rein forme * 1 oppofite de la ceinture, c’eft moins pour éviter a 1 élève l’embarras que léw inutilité pourwm lui « anfer. (fU^afin de forcer Touverturc de la poitrine, ainfi Sue le gonflement du ventre, & pour que « nichées ans la concavité de la colonne offeufe, elles s’op’^ pofem au déplacement du bas du rein, en coopé* rant à la faillie des hanches & de la ceinture. Corn* me ni le milieu, ni lé bas du corps ne préfentent pas une feule partie oui concoure à la direâion du cheval, le cavalier, loin de rien changer dans Tar^ rangement primitif de ces deux divifions i doit au contraire apponer touts fes foins^^ les rendre imperturbables. On a la certitude de réuffir, premièment, chaque fois qo’affisfur les trois points d’appui donnés par le haut des deux cuifles & le crou-J }ion, Textenfiondu bas des cuiâes, pofées à plat, poufle les genoux fermés » qu’on garantit de la .moindre roideur, en cherchant à les ployer létté* rement. Secondement, chaque fois, qu*en raik>n de ce pli, Tenveloppe des jambes égales, tom «  banres perpendiculairement au bas des cuifles, peut fe cdtf « r fur la capacité même du cheval y & l^mbraiTer exaâement aù-d « âbus du diamètre de fa circonférence* Troifièmement, & enfin » chaque fois, qu*à la précaution d allonger les talons » compile fi on avoit defTein de les poler 2^ terre, on joint celle de foutenir la pointe des pieds qu’il faut actuellement cambrer, afin d*en former deux efpéces de crochets, qui puiflent fixer la liaifon des jambes étroitement adaptées au corps du cheval. Choqué de la contradiâion apperçue dans la nouvelle tournure de la pointe des pieds, dont on recommande la cambrure, lorfqu*on s’expofe ^la véhémence du faut dans les piliers « après avoir expreiTément ordonné, dans les deux premières leçons s de ne les poner ni en dcdans^ni en dehors, rélève doit confiderer que, fi chaque partie féparée du haut du corps, mife d’aplomb lune fur Tau* tre, donne au total un plan incliné qui, par fa pulfation d’arrière en avant, maintient Vaffiette du milieu du corps, il eft indifpenfable que chaque partie diftinâe du bas du corps produife une tan* gente dont la fuite, adhérée au coffre même du cheval, ait la puifTance d’attirer, & de retenir, d’un cité, ce que k haut du corps pouffe de l’autre.

fléficxion fur la pofithn à prenârt peur foutenir le faut dans Us piliers. *

Plus on emploie de force pour prendre une po* fition, plus on en abrège la durée, k moins que de favoir faifir adroitement certains intervalles qui permettent de fe relâcher, & qui donnent la faculté de reprendre enfuite avec une vigueur nouvelle. Ce (ont ces fortes de temps, imperceptibles lorfqu’îls font pris avec art, qui éblouifTent au point de faire admirer la feule contradton des nerfs. tandis que le véritable hommage appartient ^ la jufiefle de celui qui fait déployer Tes forces à propos. Ainfi, tant que le travail du Uuteur entre les piliers confifle dans les.enlevers du bipède de dejrant, qui o’onc & ne peuvent rien aw^ de rude p P I L 237

le cavalier a fout le temps néceifaire de mettre le haut du corps d’aplomb ; de prendre rafSertc la mieux foignée i enfin d’augmenter l’enveloppe des jambes égales, afin d’attendre, fans inquiétude, le lancer du bipède de derrière, d’où réfulte ce contre-coup, l’effroi de touts ceux qui fc livrent inconfidérément à l’exercice du faut dans lei piliers.

Danger du faut prématuré dans tes piliers^ En effet cette leçon effentielle à touts égards ; auffitôt que la dureté du trot ne caufe aucun dè^ rangement dans l’affiette, devient l’écueil le plus dangereux de la vraie pofition, lorfqu’on a la té^ mérité de s y expofer, avant que aavoir acquis une tenue invariable & conféquente. loin de donner cette confiance, qui fait fupporter defang* troid les défenfes du cheval » chaque faut prématuré fournît au contraire la preuve humiliante de llfifuffifance d’une enveloppe imparfaite. Cependant, quoique dénué de princioes certains, on s’obftineil tenir ; enforie que, viaime d un amour* propre mal entendu, on finit par faire les derniers efforts pour entretenir, en fe racrodiant, une po* fition manqué^, & dès-lors périlleufe. De-là naît Timpoffibihté de foigner les temps de main, puif^ que, toute correfpondance étant interceptée entre le haut, le milieu & le bas du corps, le cavalier g dont rattention fuffit à peine pour le préferver d’une chute toujours prochaine, fe trouve hors d’état de longer k rien de plus.

Des Piliers. ( DeBohan).

Je ne confeille ni à la cavalerie, ni aux chaffeurs, ni aux amateurs de chevaux de courfe, de .foire ufage de piLers dans Téducation de leurs che «  vaux ; ils n’en retireroient que peu d’avantages, & perdroient un temps qu’ils emploieroient beau* coup mieux à allonger leurs chevaux fur de grands cercles, & plus encore fur des lignes droites ; mais cette leçon, donnée par un habile maître, à un jeune cheval defliné au manège, devient très-utile, en donnant une grande juÔefle, & un grand liant aux refforts de Tanimai, en lui faifant plier les articulations avec grâce & agilité, & lui apprenant à repartir proportionnellement le poids de fon corps fur les jambes pefantes à terre, ce que j’appelle fe raffemblcr.

Cette leçon eh excellente pour les chevaux qui ont quelques difpofitions k s’appuyer fur la main, & oui fe fervent peu de leurs hanches, ou qui ont l’habitude de laifler tomber leur maffe à droite ou à gauche : elle doit être donnée au cheval quand il commence à être affoupli, & qu’il a déjà fait quelques temps de galop ; ii on la lui donnoit avant on lui demanderoit linv^offible. *

II faut que le cheval foit attaché dans les piliers > n de manière aue, donnant dans les deux cordes, qui doivent être égales, il dépaffe les piliers en avant de toute rencolure » enfortc que le garosdc i38 P I L raoimal & les deinc piliers foient à-peu*près fur h même ligne.

Après avoir mis le cheval dans le caveçon ( qui ne doit le ferrer de nulle pan) » on le careiiera, &, le prenant par le bridon » on l’attirera en avant » pour le faire donner dans les deux cordes » & voir fi elles font parfaitement égales ; le tout aînfi pré* paré, celui qui tient la chambrière la montrera ^ eif fc tenant un peu fur la droite, & en arriére de Tanjimal ; &, en relevant moèlleufement, il appel* ^ra un petit temps de la langue, afin d’exciter le cheval à avancer & donner dans les cordes. Si le cheval y répond bien, une perfonne, qui fe tien* dra au pilier gauche, & par conféquent à Tépaule du cheval, le flattera. Nombre de chevaux reculent avec colère,’OU épouvantés,.10rfqu*ayant donné cbns les cordes, ils en éprouvetn la réfii^ance ; il xie iaut point les battre 9 mais beaucoup les flatter, & réitérer la montre de la chambrière 9 beaucoup Π» lus moëlleufement, afin que le cheval donne dans es cordes fans à coup : quand il ne reculera plus t celui qui tient la chambrière paflera de Tautre côté du cheval, en le faifant ranger, & en le flattant de la voix fitot qu’il aura obéi ; il lui fera exécuter )a même chofe alternativement » aux deux mains ; obfervant toujours de lui « omrer la chambrière un peu en arrière, & vis-à-vis le centre de gravité. Ces premières leçons doivent être répétées plufieurs fois, fans exiger autre chofe du cheval, que de le faire donner dans les deux cordes, & le faire ranger aux deux mains. Lorfqu’il pratiquera bien ces premières leçons, on commencera à lui demander quelque temps de piaffer. Pour cela, le cheval étant dans les cordes, à main droite, je fuppofe, c’eft-àdire, étant rangé à gauche, & légèrement plié ï droite, celui qui tient la chambrière étant placé un pas en arrière, Se fur la droite de la jambe droite du derrière du cheval, réitérera fes mouve* mènes de chambrière de bas en haut, Ton bras droit étendu, de forte que, dans ce mouvement, la courroie touche le cheval entre l’épaule & le ventre, avec plus ou moins.de force, (elon la len<teur & la fenfibilité de l’animal ; fttôt qu’il a obéi, la chambrière doit ceffer, & on doit le flatter, pour lui faire connoître qu’il a bien fait. Si les mouvements de chambrière font moelleux, lents « bien égaux & bien doux, ils ne feront qu’une aide, ou un avertifTement pour le cheval, il ne s’y défendra p « s, & fes mouvements de piaffer ne feront point forcés, mais naturels, c’eft-àrdhe, que ce feront de fimples flexions dans les articulations des quatre colonnes ; pour lors, la leçon fera inflruâive & non dangereufe ; mais û les mouvements de chambrière font trop lecs, trop rapides, fans fuite, ils deviendront châtiment, le cheval s’y défendra, ruera, fera des pointes (toujours aux dépens des jarrets) ; les temps de piaffer ne s’opéreront que fur larrière-main, & les épaules fe roidiront. Cette leçon efl toujours ou très-bonne ou très-mauvaife j elle ne fauroit être donçcç ^y^c trop PIL

de ch’coBrpeâîon ; elle doit toujours être très-courte, & donnée au cheval lorfqu’il fon de Técurie, avant de le monter, parce qu’un cheval qui feroit fatigué y rèpondroit mal ; on la continue jut qu’à ce qu’ott ea ait retiré le fruit qu*on en attendoit. .

La théorie ii# fuffit pas pour mettre que ! qu*ua en état de donner cette leçon avec avantage, il hiit de la pratique, & avoir longtemps manié la chatobrière, pour pouvoir prétendre s’en fervir fans inconvénient. Les principes que je viens d expofer ne font que généraux, & trés-infuffifants pour la parfaite exécution : il faut néceffairement recourir à la pratique fous un habile mwtre.