Encyclopédie méthodique/Arts académiques/Equitation/Rênes (équitation)

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Panckoucke (1p. 274-279).

RÊNES. Deux longes de cuir qui font attachées d’un côté à la branche de la bride, & qui font de Tautre dans la main du cavalier, font agir Tembouchure, & tiennent la tête du cheval affujettie. Ajufterles rênes, pre : idre, tenir les rênes en main. Un cavalier doit tenir les rênes égales, enforte que le pouce (oi : appuyé fur toures les deux, & que le petit doigt les tienne fêparées. Ncwcaftle donne le nom de rênes aux deux longes du cave^on qu il faifoit attacher aux fangles ou au pommeau de la Telle, & que le cavalier tiroit avec la main pour plier & aiTouplir le cou du cheval— Fau^e rêne eft une longe de cuir qu’on palTe quelquefois dans Tare du banquet, pour faire donner un cheval dans la main, ou pour lui faire plier Tcncolure. Newcaftle en condamne Tufage, & prétend, qu une fauffe rêne n’eft plus que comme un bridon qui n’a point de gourmette.

D£ LA MAIN DE LA BrIDE, ET DE SES EFFETS. ( La GuiRiNiERE).

Les mouvements de la main de la bride, fervent’ à avertir le cheval de la volonté du cavalier ; & Taôion que produit la bride dans la bouche du cheval, eft l’effet des différents mouvements de la main. Comme nous avons-donné dans la première partie de cet ouvrage, l’explication des parties qui compofent la bride, & la manière de lordonner, fuivant la différence des bouches, nous n’en parlerons point ici.

M. de la Broue, 8e après lui M, de Newcaftle, dîfentque pour avoir la main bonne, il faut qu’elle foît légère, douce & ferme. Cette perfeâion ne vient pas feulement de rdâion de la main, mais encore de Tafliette du cavalier ; lorfque le corps eft ébranlé, ou en dèfordre, la main fort de la fittiatioii où elle doit être, & le cavalier n*eft plus pccupé qu’à fe tenir ; il faut encore que les jambes s’accordent avec la main, autrement Peflet de la main ne fer oit jamais jufte « î pela s’appelle, ea tQf-R EN

mes de Tart, accorder la main & les talons, et qui eft la perfeâion de toutes les aides. La main doit toujours commencer le)>remter effet, & les jambes doivent accompagner ce mouvement ; car c’eft un principe gétiéral, que dans toutes les allures, tant naturelles qu’artificielles, la tête & les épaules du cheval doivent marcher les premières ; & comme le cheval a quatre principales -^allures, qui font, aller en avant, aller en arriére ^ aller à droite & aller à gauche ; la main de la bride doit auflî produire quatre effets, qui font, rendre la main, foutenir la main, tourner la main à droite ; &’tourner la main à gauche.

Le premier effet, qui eft de rendre la main, pour aller en avant, eft un mouvement qui fe fait en baiflant la main, & en la tournant un peu les ongles en defTous : la féconde aâion, qHÎ eft de foutenir la main, fe fait en approchant la main de Teftomac, & en la levant les ongles un peu enhaur** Cette dernière aide eft pour arrêter un cheval, ou marquer un demi-arrêt, ou bien pour le reculer ; il ne faut pas dans cette aâion, pefertrop fur les étriers, & il faut en marquant le temps de la main, mettre les épaules un peu en arrière, afin qu^ le cheval arrête ou recule fur ks hanches. Le t roifjême effet de la main, efl de tourner à droite, en portant la main de ce côté, ayant les ongles un peu en haut, afin que la rêne de dehors, qui eft la rêne gauche, laquelle doit faire a£lion, puiffe agir plus promptement. Le quatrième effet, eft de tourner à gauche, en y portant la main, tournant un peu les ongles en deflbus, afin de faire agir la rêne de dehors, qui eft la rêne droite à cette main.

Suivant ce que nous venons de dire, îî eft aifé de remarquer qu*un cheval obéiflànt à la main » eft celui qui la fuit dans touts fes mouvements, & que fur l’effet de la main, eft fondé celui des rênes, qui font agir l’embouchure. Il y a trois manières de tenir les rêiïes ; fêparées dans les deux mains ; égales dans la main gauche ; oîi lune plus courte que l’autre, fuivant la main où on travaille un cheval*

On appelle rênes fêparées, iorfqu’on tient la rêne droite dans la main droite, & la rêne gauche dans la main gauche. *

On fe (en des rênes fêparées pour les chevaux, qui ne font poim encore accoutumés à obéir à la main de la bride ; on s’en fert aufli pour les che-* vaux qui fe défeiident, & qui refufent dei tourner à une main.

Pour bien fe fervir des rênes fêparées, il faut baiffer la main gauche, lorfqu’on tire la f^ne droite, pour tourner à droite ; & de même en tirant la rêne gauche 9 pour faire tournef on cheval à gauche, il faut baiiter la rêne droite : autrement le cheval ne faurôtt à quelle rêne obéir : fi on ne baiftbit pas celle qui eft opposée à la main où oa le veut tourner.

R E N Les rênes égales dans la main gauche, fervent k mener un cheval obéiiTanc à la main de U bride, tant pour les chevaux de campagne, que pour ceux de chafle & de guerre ; mais lorfqu’on travaille un cheval dans un manège, pour le dreffer & lui donner leçon, il faut que la rêne dededans foit un peu raccourcie dans la main de la bride y afin de lui placer la tête du côté où il va : car un cheval qui nciï point plié y na point dt grâce dans un manège ; mais la rêne de dedans ne doit point être trop raccourcie ; cela donneroit un faux appui, & il faut toujours fentlr dans la main de la bride, Tefiet des deux rênes. Le plu « difficile eft de plier un cheval à droite > non-feulement parce que la plupart des chevaux font naturellement plus roides à cette main qu’à gauche, mais cette difficulté vient encore de la fituation des rênes dans la main gauche : comme elles doivent être féparées par le petit doigt, il fc trouve que la rêne gauche, qui eft pardeflous le petit doigr, agit pliis que la rêne droite, qui eft par-deiTus ; enforte que lorfqu on travaille un cheval k droite, i* ne fuffitpas d’accourcir la rêne droite pour le plier, on eft fouvent oblige de fe fervir de la rêne droite, en la tirant avec le petit doigt de la main droite, qui fait la fonâion du petit doigt de la main (gauche, lorfqu on travaille à gauche. Il y a três-peu de perfonnes qui fâchent bien fe fervir de la rêne droite : la plupart balÂent la main gauche en la tirant, 6c alors ils ne tirent que le bout du nez du cheval, parce que la rêne de dehors n’en fondent pas Taâton : il faut donc lorfqu’on tire la rêne droite pour plier un cheval à droite, que le fen ? iment de la rêne de dehors refte dans la main gauche, afin que le pli vienne du garot & non du bout du gez, qui eft une vilaine aâlon.

Il n*en eft pas. de même pour la main gauche* La fituation de la rêne de dedans, qui eft au de/Tous du petit dorgt, donne beaucoup de facilité à plier un cheval à cette main, joint à ce que prefque tous les chevaux y ont plus de difpofition. 11 faut remarquer que lorfqu un cheval eft bien dreffé, il ne faut raccourcir que très-peu la rêne de dedans, ni fe fervir que rarement de la main droite pour le plier à droite ; parce ^u il doit alors fe plier par l’accord de la main & des jambes ; mais avant qu’il foit parvenu à ce degré de perfeâion, il faut néceftàirement fe fervir (tes rênes de la manière que nous venons de l’expliquer*.

La hauteur d<e la main règle ordinairement celle de la tête du Cheval ; c’pft pourquoi il faut la tenir plus haute que dan » la fituation ordinaire pour les chevaux qui portent bay, aftn de les relever ; Ôc elle doit être plus bafle & plus près de leftomac, pour ceux qui portent le nez aa’Vfenr, afin de les ramener & deleiir fair^ baiflar la tète. Lorfqu’oh porte la main en avant, cette aâion laChe la goiirmett* & di^Mniie pctr conféquent Tefiet du mors. On fe fert de cette aide pour chaffcx en avant u » cheval qui fe raient : Iprfqa aa R E N 27c

contraire, on retient la main prés de l’eftomac, alors la gourmette fait plus d’effet, &le mors appuie plus ferme fur les barres, ce qui eft bon pour les chevaux qui tirent à la main*

Nous avons dit ci deffus, que la main bonne renfermoit trois qualités, qui font d’être légère, douce & ferme,

La main légère, eft celle qui ne fent point l’apput du mors iur les barres.

La main douce, eft celle qui fént un peu l’effet du mors fans donner trop d’appui.

Et la main ferme, eft celle qui tient le cheval dans un appui à pleine main.

C’eft un grand art que de favoir accorder ces trois différents mouvements dé la main, fnivani la nature de la bouche de chaque chevil, fans contraindre trop & fans abandonnera coup le véritable appui de la bouche, c’eft-à-dire, qu’après avoir rendu la main, ce qui eft l’adion de la main légère, il faut la retenir doucement, pour chercher & fentir peu à peu dans la main l’appui du mors, c’eft ce qu’on appelle avoir la main douce ; on réfifte cnfuite de plus en plus en tenant le cheval dans un appui plus fort, ce qui provient de la main ferme ; & alors on adoucit à on diminue dans la main le fentiment du mors, avant de paffer à la main légère ; |car il faut que la main douce, précède & fuive toujours l’effet de la main ferme » 6i on ne doit jamais rendre la main à coup ni U tenir ferme d’un feul temps, on offenferoit la bouche du cheval, & on lui teroit donner des coups de tête. *^

Il y a deux manières de rendre la main. La première, qui eft la plus ordinaire & la plus en ufage eft de baiffer la main de la bride, comme nous l’avons dit ; la deuxième manière eft de prendre les rênes avec la main droite au-deffus de la msin gauche, & en lâchant un peu les rênes dans la main gauche, on fait paffer le fentiment du mors dans la main droite, & enfin en quittant tout-à-fait les rênes qui étoient dans la main gauche, on baiffe la main droite fur le cou du cheval, & alors le cheval fe trouve tout-à— ! ait libre, fans bride. Cette. dernière façon de rendre la main s’appelle dejccntt de main ; on la fait auffi en prenant le bout des rè «  nés avec la main droite, la main à la hauteur de la tête du cavalier « & le bras droit en avant & hbre mais il faut être bien ftir de la bouche d’un cheval Ôc de fon obéiffance, pour entreprendre de le mener de cette dernière fiiçoq. U faut bien fe donner de garde de rendre la main, ni de faire la defcente de maÎB, lorfque le cheval eft fur les épaules ; le vrai temps de faire ce mouvement à propos, c’eft après avoir marqué un demi arrêt, & lorfqu’oti fent que le cheval plie les hanches, de lui rendre fubtilement la bride, ou bien oh fait la defcente de main Ce temps, qu’il faut prendre bien jufte v & —^ qu’il eft difficile de faifir à propos, eft une aide des plus fubtile « & des plus utiles de la cavalerie » Mmij . parce que le cheval pliant les hanches dans te temps qu’on abandonne Tappui » îl faut néce/Tairement qu’il demeure léger à la main, n*ayant point de quoi appuyer fa tête.

Il y a encore une autre manière de fe fervir des .rênes, mais elle eA peu ufitêe ; c’eft d’attacher •chaque rêne à lare du banquet » & alors la gourmette ne fait aucun effet. Cette façon de fe ieryir des rênes s’appelle travaUUr avec de fauffet rênes ; on s’en fert encore quelquefois pour accoutumer les jeunes chevaux à l’appui du mors lorfqu’on com-X mence à leur mettre une bride.

M. le duc de NewcafUe fait une diflertation fur les rênes de la bride /où il paroit quelque vraifemblance dans la fpêculation —, mais qui, félon moi, le détruit dans Texécmion. « 11 dit que de quelque « y c6té que les rênes foient tirées, l’embouchure j » va toujours du côté oppofé à la branche ; que •r lorfque la branche vient en dedaos, l’emboutr chure va en dehors, enforte, continue-t-il, que m les rênes étant fèparées, lorsqu’on tire la rêne f » droite, l’embouchure fort dehors de l’autre coté, s » & oblige le cheval de regarder hors de la volte, f » & on prefle auffi la gourmette du côté de de* w horsiy*

Ce principe eft détrait par Tufage » qui nous prouve que le cheval efl déterminé à obéir au mouvement de la main du côté qu*on tire la rêne. En tirant, par exemple » la rêne droite, le cheval e(l obligé de céder à ce mouvement > & de porter la fête de ce côté. Je conviens qu’en tirant fimpleitient la rêne, fans ramener en même temps la main près de foi, comme on le doit, l’appui fera plus fort du côté oppo(<& ; mais cela n’empêchera pas le cheval d’obéir à la main & de porter la tête de ce côté, parce qu’il eA obligé deluivre la plus forte impreffion, laquelle ne vient pas feulement ée l’appui qui fe fait du côté de dehors, mais de h rêne qui fait agir toute Tembouchure, la tire, & par conséquent h tête du cheval anffi, du côté où on veut aller. D’ailleurs en fe fervant de ùt main à propos, on Siccourcit un peu la rêne de dedan », & alors le mors appuie fur la partie qu’on veut dé* terminer.

Il faut encore remarquer que lorfqu’oo fe fert de ja rêne de dehors en portant la main en de^ dans,. cette aâioo détermine l’épaule de dehors en àcdêBS, & fait paffer la jambe de dehors par-deffus celle de dedans | & lorfqu’oi » fe fert de la rêne dt dedans en pertam la main en dehors, ce mouvement élargit l’épaule de dedans, ceA-à-dire, fait croifer la jambe de dedans par-cîeffus celle de dehors. On voit par ces différents effets de la rêne de dehors & de celle de dedans, que c^eA le port de la main qui fait aller les parties de l’avant-main du cheval » & que tont cavafier qui ne connoit pas l’ufage des rêneside la bride, tMvaiUe fans règles & ians princif es » R E N

PremiIre connoissakce des rênes ( DuPATt) ; Jufqu’icî j’ai tourné mon cheval comme il pouvoit & fans le contraindre, parce qu’il ne diAin-* euoit pas affez bien les deux rênes ; mais il faut enfin les lui faire connoître fuffifamment pour qu’on puiffe s’en fervir.

Je commence par lui faire fentir la rêne de dedans un peu plus que celle de dehors, que je re^ lâche même s’il faut, afin que l’animal comprenne mieux. Averti par lafenfation fur une feule barre, il donne la tête & plie un peu le cou. Cette opé «  ration fe fait en trottant toujours fur le droit. Les deux jambes de Ihomme le portent toujours ca avant dans le même train. Loriqu’il a fait quelques pas ainii à une main > je le mets à l’autre de la même manière, & je tâche qu’il réponde également des deux côtés^ ce qui eA difiicile & rare^ ; AuAi il eA à propos de travailler davantage le côté qui fe pr^te le nM>ins à cette leçon »,’ Parvenu a fe plier volontiers pour la rêne de dedans qui, dans ce travail doit primer ^ on corn* mencera à fentir un peu la rêne de dehors, aAi » (jue le cheval puiffe être enfemble ; il n’y feroit jamais, fi une feule rêne agtffoit. A mefure qu’il obéit aux deux rênes » félon leur valeur, je le te-* dreffe, & je tâche de lui fixer la tête fans force, en l’alignant autant qu’il fe peut avec le bridon, ’& en lui demandant un petit pli. On pourroit à la rigueur tourner le cheval avec une feule rênt ; mais ce feroit un travail ians goût, (ans juAeffe, & qui fatigueroit le cheval Air la partie de dedans. En eflet cette partie auroit bien des efforts à faire pour fourenir la maAe qui fe porter roit toute fur les jambes de dedans ; il eA donc i propos que nos jambes viennent au fecours. Première (oanoijfance de î jambes

Après avoir plîé le cheval delà rêne de dedans* ; avoir arrêté le degré de pli qu’on veut lui laiffer, il faut ranger un peu les hanches en dehors, e » lui faiiant fentir la jambe de dedans un peu plu » que celle de dehors.

Quand il commencera à répondre facilement à ce trataU, on pourra penfer a le tourner, & oi » n’aura autre chofe â faire qu’à fentir ia jambe de dehors & la rêne àt dedans ; mais on ne lâchera pas les opérations oppofies qui doivent contenir le cheval ; la jambe de dedans empêche le cheval de trop céder à l’aâion de celle de dehors, & le porte en avant ; & la rêne de dehors l*empèche de ie Jetter fur Tépaiile de dedans.

Lorfque le cheval a plusd’inftruâion, on tourne d’une manière plus analogue au vrai droit ; maisdans les commencements oo ne peur pas exiger tant de juAeffe.

Il y a des chevaux qur ont une grande difficulté pour tourner, & qui même refufent de tourner it ttoe main > c’eft quIU ne font pas encore aflea f^ui ; ples. Il faut les remettre aux leçons précédentes > & les y tenir longtemps.

Quelquefois auffi on veut les tourner pdtir la rêne de dedans & la jambe du même côté ; alors il leur en coûte trop d’obéir y parce qu*ils ne peuvent couferver de force après avoir dérangé la direction naturelle des vertèbres des reins & du dos. U e{ à propos de leur faire fentir beaucoup la jambe de dehors qui fixe les hanches, & donne par-là les moyens au cheval de fe mettre en force. U y a d’autres chevaux qui, au lieu de fe plier du coté où il s’agit de tourner, fe plient de l’autre y & tournent en fe jettant fur la jambe de dedans. A ceux-là il faut éviter de leur faire fentir cette jambe ; mais on doit leur bien faire eonnoitrc 6(j craindre la jambe oppofée, & ne les tourner que lorfqulils fe plient & rangent les hanches convenablement »

Si on s’appercevoit que le cheval refusât de tourner par malice, comme cela arrive quelquefois, & qu’il reculât pour éviter la fujétioii qu*exiee cette aâlon » il faudroit alors le pincer vertement & le jetter en avant ; par ce moyen, on le corrigera de (es caprices » & on le décidera à faire do* cilement ce au’on exige de lui.

En général, c’ed une excellente méthode, lorsqu’un cheval refufe à une leçon, de reprendre la précédente ; car c*eft une preuve que l’animal n’y eA pas encore bien confirmé > & qu’il a befoia qu’on l’y remette.

Du TOURNER (ThiROUX).

Loriqu*un cheval trouve dans fa courfe quelque obdade qui le force à fc détourner, il y parvient en prenant la tournure d’un demi-cercle ouvert, foit de gauche à droite ( ce qui conftitue le tourner à droite),’foit de droite à gauche ( cç qui calaâérife le tourner à gauche).

Le tourner de gauche à droite,

Suppofons pour un moment l’obAacIe d*un angle à gauche » il efl évident, qu’à moins de reculer, le cheval ne peut Téviter qu’en fe portant à droite. Or, la première opération naturelle au cheval en libené, opération qui nous eft commune^ à tout être mouvant, lorfque nous croyons devoir nous détourner d’un objet que nous appercevons à gauche, c*eft de regardera droite, pour reconnottre la nouvelle carrière dans Liquelle nous allons chercher un abri. En réfléchiflant for les fuites de ce premier mouvement, on trouve qu’il produit le double cflèt, & d affurer à l’animal qu’il ne court aucun rifque de s’engager dans la nouvelle route Jiu’il veut fuivre, & de laiffer fous le centre la jambe fur laouelle il va tourner ; conféquemment qu’il facilite révolution du tourner dan^ toute la fécurité phyfique & morale. Quant au dernier effet du port de la tète, rien de plus aifé que d’en vérifier le réfuhat, puifque touts les individus qui fompofei(it le règne animal ^ reatrçnt forcépçm ]a R E N l^^

partie du corps qu’ils regardent. Le cfteval corn— / mence donc par tourne^, fa tête à droite. Ce port de tête, qui attire la jambe i abfolumcm fous le bipède de devant, entame d’abord l’ouverture du demi— cercle figuré de gauche à droite, & la pente, que lavant-main en reçoit, difpofe enfutte tout le refte du corps à prendre fucceffivement la méma • forme. La colonne de devant,. ainfi balancée ds gauche à droite, alourdit vifiblement la jambe x plus que la jambe % ; enforte que cette jambe i, fixée à terre, fert de pivot indiipenfable à fa compagne la jambe 2, jufqu’àceque les épaules du cheval foient direâes à la nouvelle pifle qu’il cil à la veille de parcourir. Auffitôt après le paflaga de la jambe % fur la jambe x » le cheval avance tranfyerfalement fous le centre la jambe 3’, muni d’un fecours auflî nécefTaire, il retire la jambe i da defibus la jambe %, & après avoir pofé fes dçux jambes de devant à côté Tune de Tautre, il finit Té*-’

  • volution du tourner à droite par le jeu de la jambe

4 qui achève d’effacer la figure dcmi-cintrée de gauche à droite, en plaçant le cheval dans la nou* velle pifte droit d’épaules & de hanches, tel qu’il étoit avant que de quitter celle donc il eft forti par le tourner de gauche à droite.

Le tourner de droite â gauche.

Les mojrens que le cheval emploie pour le tour* • ner de droite à gauche, font cxaâemeht pareils ^ ceux dont on vient de donner les déf ails, fj ce n’eft qu’ils font inverfement combinés ; c’eft-à-dire, que le cheval commence par regarder à gauche. La colonne de devant chargée fur la jambe 1 que le cheval approche en la regardant, aide au paiTige de la jambe 1, qui fait prendre au Cheval la tournure du demi-cerclé ouvert de droite à gauche ; enfuite la jambe 4 s’avance tranfverfalemcntpour étayer le poids du corps, & afin que la jambe 1, retirée de deflbus la jambe i, permette à la jambe 3 de terminer l’évolution du tourner de droite à gauche.

Calquons afluellement les temps des mains, créateurs des preffions du mors, fur les combinaifons naturelles au cheval pour tourner % droite fie à gauche, & enfeignons au cavalier lart de tendre à ion gré les refibrts dont il vient de prendre connoifiance, de manière que l’exécution é cheval femble moins tenir de l’obéiflance, qu’être le ré* fuUat d’une volonté déterminée de fa part. Comment on tourm un cheval de gauche à drohe* Pour fe conformer en tout point aux loix diâéc » par la nature., lorfqu’on veut tourner un cheval de gauche à droii ; e, , il faut, d’après le principe cidevant pofé, que les deux rênes font deux barrière » mobiles dans lefquelles la prefii^n des jambes égales du cavalier fait continuellement paiïer te che* val, il faut, dis-jé, s’occuper du foin de rétrécir la barrière droite, & d’augmenter Tefpace que peut donner la barrière gauche. On n’a donc rîeo de mieux à faire, en pareille circonftance, ( le demi-arrêt préalablement marqué ^ que d*arrondir la main, en bombant le dehors cfu poignet, juf* qu*à ce que les jointures qui partagent les doigts aient pris la place de celles d où ^rtent les ongles. Les rênes, qu’on entretenoit dans la plus grande égalité, reçoivent à la minute une valeur différente, vu que Tarrondiflement de la main raccourcit la rêne droite, & lâche la rêne gauche. Il faudroi : avoir entièrement oublié que lef rênes correfpondeht en ligne direâe aux branches da mt)rs, dont les talons pofent à-plomb fur les barres du cheval, pour ne pas s’appercevoir que la rêne droite tendue prefle la barre droite, &conféquemment produit TefTet d attirer à elle la tête du cheval, tandis que le relâchement de la rens gauche permet le port de la tête à droite, & forme un vuide propre à recevoir la convexité de Tencolure. Le cheval confomme de lui — même cette double REN

de— placer la jambe i deiTous le bipède de devant/ & la jambe 4 deflbus celui de derrière, confisquerament Tavant-main incliné à gauche, pendant que rarriére-mam penche à droite, de même quc4*exé’ cution de cette évolution exige qu*il co^ùre— balance inverl’ement Ces deux bipèdes, portés alors fur les jambes i & 4, contre— pofîtton qui lui donne la facuhé de faire agir les jambes o^ôc 3 principales aârices dans révolution du tourner de gauche à droite.

Comment on tourne un cheval Je droite à gauche* Comme on ne peut pas raifonnablement efpérer de ne jamais rencontrer que des angles ouverts à gauche « il eA auunt de Tintérèt du cavalier d’apprendre à tourner un cheval de droite à gauche, que de fçavoir le détourner de gauche adroite. Puifque le cheval, abfolument libre de fesmouvements, emploie au tourner à gauche les mêmes combinaifon de I avant-main, en retenant prés de procédés qui le font tourner à droite, excepté que lui la jambe i, pour qu’elle ferve de pivot au bi— leur combinaifon eA tnverfe, de inéme la mé* ^éde de devant, pendant le tourner de gauche à droite. Auffirôt que le cheval regarde à droite, on porte la main & Tadiette du milieu du corps du niêfne côté, en obfervant de conferver le dehors du poignet bombé. Par ce moyen la rêne gauche, qui recouvre toute la tenfioi » dont rarrondifTcmcnt ile la main l’avoit fruArée, mais fans que ce foit au détriment de la rêne droite, contraâe une puiffance pulfative qu’elle exerce d’abord fur lencolure & çnfuite fur Tépaule gauche du cheval. La nouvelle preiHon de la rêne gauche, aeifTant fur CCS deux parties avant que de fe faire ^ntir à la barre gauche 9 redreflc l’encolure, pouiTe la colonne de devant attirée par la rêne droite, & détermine enfin le cheval à paffer la jambe 2 fur la }jmbe I reAée fous l’avant-main. C’eA à cepaflage d une jambe fur l’autre, que l’équitation rapporte le mot chevaler. La jambe 2, étendue fur la jambe I, n*(eA pas plutôt re ; iiife à terre, qu’on rend la main. Alors le cheval aflujetti à la combinaifon tranfverfale ci-deAus démontrée, cédant en outre à 1.1 preAîon des jambes égales du cavalier, avance la jambe 3 qui vient naturellement étayer le poids des deux corps inclinés à droite. Puis on le voit retirer la jambe i pour la placer à côté de la jambe 2, & enâii il étend la jambe 4 qu’il pofe auprès de la jambe 3. On ne doit pas être étonné de voir les <)&mbes de derrière travaillera l’inAar de celles de devant, quoique le cheval fe meuve obliquement, & ce parla puiAance de la main, aidée de la preffîon des jambes égales, du moment qu’on fait que la loi tranfverfale dirige autant les deux bipèdes du cheval, qu’elle préfioe au jeu de fus quatre bafa^ ; c’eAà-dire, que fi la jambe gauche de derrière fuit conAamment la jambe droite de devant, les épaules déterminées, par fuppofîtion, à droite, donnent toujours les hanches balancées à gauche. C’eA ainfi que le cheval qui fe prépare au touraer à thode relative à cette première opération, quoique conforme pour les refuliats à celle qui vient de produire b dernière, doit cependant être inverlenient combinée. En partant de ceue remarque, & dans la vue de mettre les élsiwts en état de trouver, par comparaison, les moyens propres à tourner le cheval de droite à gauche, on eil me devoir reprendre encore le détail des préceptes qui viennent d’être donnés pour déterminer te cheval à fe porter de gauche à droite.

D, Lorf^u on veut exécuter la leçon du tourner à drôitç, quelles font les fenfations que le cheval doit éprouver ?

R, Preflion fur la barre droite ; prefKon fur l’épaule droite ; preAion fur la partie de l’encolure bombée à gauche ; preAion fur Tépaulç gauche » aidée de l’attraâion de l’épaule droite ; enAn liberté dans la colonne de devant, & preAion fur la colonne de derrière.

D. Quels font aâuellemem les moyens créateurs de ces diverfes prefiîons ^

. R. L’arrondiflement de la main ; le port de la main à droite ; la defcente de la main, 6c la pref* fion det jambes égales.

D, Comment enfuite les diAérentes combinai* fons de la main & des jambes du cavalier opérenc-elles fur le cheval i

R. Premièrement, larrondlAerneiU de la main » qiiî raccourcit la rêne droite & allonge la rêne gau* che, fait appuyer le mors plus fur la barre droite que fur la barre fauche. Secondement, la main portée à droite éloigne du chev »  » ! la rêne droite, qui ramène avec elle la colonne de devam, pendant que la rêne gauche » rapprochée du dievalpac^ le même poit de la main : à dfoîce, prefie l’encolure qu’elle redrefle » &’pbufle 1 épaule sanche fur laquelle fa nouvelle renfion a lieu « Ainfa le feni temps de lamain portée i droite attire d’uti côté la codroite, porte un temps fur les jambes 2 Se 3, afin 1 lonne de devant, la pouAc de Tauue & redreAe l’encolure. Troîfièmement & enfin » Va maiû ^^ T due détend alTez les deux rênes pour que k cheV^* puifle fe porter en avant, lorfque la preffion d^ jambes égales du < : avalier fait rétrograder au centre l’ondulation c|p la colonne de derrière > à œe* fure que les jambes 3 & 4, qu’elle dirige, fe dé^ tachent dé terre pourfulvre tranfverfaiement celles 2 & 1.

D. Enfin quelle cA la figure que prend le cheval à cha.que nouvelle opération du cavalier ? R. Conféquemment à larrondiirement de la fliain, moteur de la première fenfation que le cheval éprouve fur la barre droite, après avoir tourné la tête à droite » en donnant à fon encolure la forme d’un arc tendu à gauche, il rentre Tépaule droite, & aufTnôt la jambe i arrive fous Tavantjnain incliné à gauche, pendant que la jambe 4 s’avance fous rarrière-main portée à droite ; ainfi la condition prefcrite pour le tourner à’droice fe trouve exaélemenr reniplie, putfque le cheval préfente la figure d’un demi*cercle ouvert de gauche à droite. Enfulte, d’après le port de la main à droite, qui produit l’aitraélion de la rêne droite & la preffion de la rêne gauche, le cheval pafTe la jambe a fur la jambe i, & du même temps, la fê : e & l’encolure fe trouvent direâes aux épaules, Quoique l’épaule gauche domine encore la droite, infin, chafié dans les jambes égales du cavalier, dont la main baifiee permet lextenfion de la colonne de devant, le cheval avance la jambe 3, il retire enfuite la jambe i de defTous la jambe 2, ce qui met les deux épaules de niveau, & termine le tourner à droite par le jeu de la jambe 4, qui rend le cheval droit de tète, d’encolure, d épaules & de hanches comme il étoit pendant la préparation du demi-arrêt.

Diaprés touts ces éckîrciflements, on ne doit être embarraffé ni fur la nature des fenfations qui excitent le cheval à fe porter à.gauche, ni fur la valeur des moyens qui les occahonnent, ni fur la manière dont les difiérentes combinaifons de la main & des jambes parviennent an cheval, ni fur la forme qu’il en reçoit > ni même fur la fournure quM convient de donner à la main pour que les rênes puifient opérer relativement à la nouvelle combinai fon du cheval. En effet, lorfqu’on annonce que le tourner à droite & le tourner à gauche font redevables de letir exigence k des procédés femblables, mais inverfement calculés, n’eft-ce pas <îire qu’à cette dernière évolution, il faut donner à la main une tournure abfolument contraire à celle qui commence la première ? Or, VoppoCé de la main arrondie efl fans contredit la main cambrée. Il faut donc aâuellement, au lieu de chercher à remplacer les jointures d’où fortent les ongles par celles qui partagent les doigts 9 en bombant le dehors du poignet 9 s’attacher à fubffituer ces dernières jointures à celles qui tiennent les doigts à la main, & qui font parallèles à l’encolure du cheval, pour lors le dehors du poignet creufé^ R E N i79

comme fi on vouloir faire toucher le deiTu^ de la main à l’avant-bras. Ainfi, quand il eô queftipn d(* tourner un cfeeval de droite à gauche, on cambre la main, afin que la tenfion de la feule rêne gauche avertiffe le cheval, préparé par le demi-arrêt, qu’il eA temps de lai/Ter aller fa tête à gauche, & de mettre près rde lui les jambes 2 & 3 déclinées au foutien de la mafi ! e pendant que le jeu tranfverfal des jambes « ^ 4 eâeâue révolution projetiée. A l’égard : d<îs autres combinaifons émanées du port de la main 6l de laffiette, de la defccote de la main & deiapreilion des jambes égales, leurs t : Sets offrant, pour le tourner à gauche, des rê «  fultats en tout pareils à ceux du tourner à droite, on laiiTe aux élèves la fatisfaâion de fuivre feuls le cheval, pour ainfi dire à la pide, pendant qu’il répond à la le^pn du tourner à gauche. On fc contente d ajouter qu auffit^t que l’une ou l’autre de ces évolutions ell confommée, il faut fur-le-champ replacer la mai » telle qu elle doit être en dirigeant le cheval fur le droit, & ne plus afiujettir les jam* bes égales fur la circonférence de fon corps, qu’autant qu’on eilime leur puiifance nécefiaire pour alimenter, par prefiîon, le centre de gravité du cheval, & leur enveloppe utile à l’entretien de l’alliette du cavalier. J infime feulement d’autanc plus fur la néceiiué de faire précéder le port de la main par l’arrondifiiemenc ou le cambrer, afin d’a<> voir le bout du nez du cheval préliminairemenc amené fur le cô é où on veut qu’il tourne, qu’il eft d’expérience journalière que fa réfi/lance au tourner s’entame toujours par le port de la tête fur le côté oppofé. Lorfqu’on vient à décomporer le réfultatdece procédé, commun à touts les che-vaux, on trouve que la tête, par fuppofition, por-. Itée à gauche, en déterminam les, épaules du même côté, poufife les hanches à droite, conféquemment

  • facilite la défenfe du cheval, puifque^ diagonale*

ment campé de gauche à droite, fa jambe droite de derrière, qui dépafie le centre, lui fert d’un arcboutant contre lequel échouent toutes les tentati* ves du cavalier qui defire le tourner à droite. C’eft à cette remarque, puifée dans les éléments, qu’eft due la précaution prtfe dans le travail d’exiger le pli fur le dedans, afin d’avoir la certitude phyfique de faire chevaler à fon gré les deux jambes du dehors fur celles du dedans.