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Encyclopédie méthodique/Arts académiques/Equitation/Trot (équitation)

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Panckoucke (1p. 283-289).

TROT. Pas plus vite que le pas ordinaire. Le trot eft une allure du cheval entre le pas & le galop. II eft l’allure naturelle de^ chevaux. Ils fe mettent aifénlent au trot quand on les preffe. hts chevaux des meffagerics vont prefqne toujours le trot. Le trot fe fait par les deux jambes qui font en croix ou diamétralement oppofées. Elles fe lèvent à*la-fois 9 tandis oue les deux autres font i terre : ce qui continue alternativement dans le même or* dre. Par exemple » le pied droit de devant & le pied gauche de derrière fe lèvent à-la-fois, tandis 3ue le pied gauche de devant & le pied droit de erriére font encore à terre prêts à fe lever quand les autres defcendront : ce qui eft aufti Tordre du mouvement du pas. Le cheval fe met de lui-même au trot » lorfque, cheminant de pas, il fe diligente & fe hâte ; 8c s’il eft un peu aidé de la gaule & du talon, il s’y achemine encore mieux. Cheval affuré & ferme au pas, au trot » au galop. Mettre un cho «  val au trot, le trotter. Ce cheval a le trot libre, il trouffe les jambes, il plie les bras eatrotant. Ua cheval entrouvert fauche en trottant. «  Db la nécessité du Trot pour assouplir lu JEUNES CHEVAUX, ET DE L’uflUTÉ DUPas. (LaGuériniére).

M. de la Broue ne pouvôit définir plus exaâe* ment un cheval bien dreffé, qu’en difant^ que c’eft celui qui a la foupleffe, Tobéiffance & la jufteffe ; car fi un cheval n’a le corps entièrement libre & fouple, il ne peut obéir aux volontés de l’homme avec facilité & avec grâce, & la foupleffe produit néceffairemcnt la docilité, parce que le cheval alors n’a aucune peine à exécuter ce qu’on lui demande : ce font donc ces trois qualités effentielles qui font ce qu’on appelle, un chtval ajufié. La première de ces qualités ne s*acquiert que par le trot. C*eft le fentiment général de toutslet favants écuvers, tant anciens que modernes, & ff parmi ces derniers, quelauês-uns ont vpulu, fans aucun fondement rejetter le trot, en cherchant daat uA petit pas raccourci, cette preitiière foupleffe & Nnij s

J84 T R O cette liberté^. Hs fe font trompés , car en ne peut les donner à un cheval , qu*en mettant dans un grand mouvement touts les refforcs de fa machine ; par cerafinement on endort la nature» & Tobèiffance devient molle , languiflante & tardive , qualités bien éloignée ; du vrai brillant qui fait Tornexpent d*un cheval bien drefle.

CeA par le trot , qui efi Tallure la plus naturelle, ^u*on rend un cheval léger à la main fans lui gâter a bouche , & qu*on lui <)égourdit les membres , fans les oâenfer ; parce que dans cette aâion, qui €i la plus relevée de toutes les allures naturelles , le corps du cheval cft également foutenu fur deux jambes , Tune devant oc Tautre derrière : ce qui donne aux deux ancres , qui font en IVir , la facilité de fe relever, de fe foutenir , de s^étendre en avant ^ & par conféquent un premier degré xle ioupleife dians toutes les parties du corps.

Le trot eftdonc fans contredit , la bafe de toutes les leçons pour parvenir à rendre un cheval adroit & obéifTanc : mais ^quoiqu’une chofe foit excellente dans fon principe , il ne faut pas en abufer , en trottant un cheval des années entières ^ comme on faifoit autrefois en Italie , & comme on fait en* core a61uellement dans quelques pays , où la cavalerie t(ï d’ailleurs en grande réputation.. La raifon en eA bien fimple , la perfeâion du trot provenant de la force des membres, cette force «cette vigueur naturelle, c|u*il faut abfolument conferver ; Sans un cheval , fe perd & s’éteint dan^ Taccable-Bient & la laffitude , qui font la fuite d’une leçon trop violente» &^trop longtemps continuée. Ce défordre arrive encore à ceux qui font trotter de jeunes chevaux dans des lieux raboteux & dans des terres labourées ’, ce qui efl la fource des vefligons, des courbes , des éparvins » & des autres maladies des jarrets, accidents qui arrivent à de très-braves chevaux , en leur foulant tes nerfs & les rendons , par l’imprudence de ceux qui fe piauent de dompter uii cheval en peu de temps ; c efi bien plutôt le ruiner que le dompter.

La longe attachée au caveçon fur le ne2 du cheval , & la chambrière , font les premiers 6c les feuls infiruments dont on doit fe fervir dans un terrein uni , pour apprendre à trotter aux jeunes chevaux , qui n’ont point encore été montés , ou à ceux qui Tont déjà été , & qui pèchent par igno- / rance , par malice , ou par roideur. Lorfqu’on fait trotter un jeune cheval à la longe , il ne faut point dans tes commencements lui mettre de bride , mais uiî bridon ; car un mors , quel- 2 ne doux qu*ï foit , lut offenferoit la bouche » ans les faux mouvements & les contre-temps que font ordinairement les jeunes chevaux , avant qu’ils aient acquis la première obéiflance qu’on leur deinande.

Je fuppofe donc qu^nn cheval foit en âge d*étre monté, & qu’on Tatt rendu aflez familier & aflez docile pour fbuffi-ir Tapproche de Thomnie, la felle fie l’embiRiclmre : il faudra alors lui mettre un ca-T R o

veçon fur le nez, le placer s^0ez<haut p^ur ne luipoint ôter la respiration en trottant, & la muferole du caveçon aflez ferrée pour ne point varier fur le nez. Il faut encore que le caveçon foie armé d’un cuir , afin de confervcr la peau du nez qui eA très-tendre dans les jeunes chevaux. Deux perfonnes à pied doivent conduire cette leçon : lune tiendra ijiloçge >& l’autre la cham* brière. Celui qui tient la longe, doit occuper le centre autour duquel on fait trotter le cheval ; & celui qui tient la chambrière , fuit le cheval par derrière & le chafTe en avant avec cet înArument 9 en lui donnant légèrement fur la croupe &.plus fouvent par terre ; car il faut bien ménager ce châtiment dans les commencements , à^ peur de rebuter un cheval qpi r^’y eA point accoutumé* Quand.il a obéi trois pu quatre tours à une maia, ou l’arrête , & on le flatte ; ce ^i fe fait en accourcifTant peu-à peu la longe , jufqu’à ce que le cheval foit arrivé au centre , où eA placé celui qui le conduit ; & alors celui qui tient la chambrière la cache derrière lui pour l’ôter de la vue du cheval» & vient le Aatter conjointement avec, celui qui tient lii’loage.

Après lui avoir laifle reprendre haleine , il faudra le faire trotter à l’autre main & obferver la ’même pratique. Comme il arrive fouvent qu’un cheval , foit par trop de gaieté, f<^t par la crainte de là chambrière, galope au lieu de trotter, ce qui ne vaut rien ^ il faudra tâcher de lui rompre le galop en fecouant légèrement le caveçon fur le nçz avec la longe , & en lui ôtant en même temps la crainte de la chambrière : mais û au contraire , il s’arrête de lui-même , & refufe d’aller au trot , il faut lui appliquer de la chambrière fur la croupe & fur les feAes , jufqu’à ce qu’il aille en avant , fans pourtant le battre trop ; car les grands coups fouvent réitérés défefpèrent un cheval, le rendent vicieux, ennemi de l’homme & de l’école, lut ôtent cette gentillefle, qui ne revient jamais, quand une fois elle eA perdue. Il ne fant pas non plus , pour la même raifon , faire de longues reprifes ; elles fatiguent & ennuient un cheval ; mais il faut le renvoyer à l’écurie avec la même gaieté qu’il en efl forti.

Quand le cheval commencera k trotter librement à chaque main , & qu on l’aura accoutumé i venir finir au centre , il faudra alors lui apprendre à changer de main : & pour cela , celui qui tient la longe , dans le temps ^ue le cheval trotte à une main , doit reculer deux eu trois pas en tirant à lui la tête du cheval,. en même temps celui qui tient la dtambrière, déit gagner l’épaule de dehors du cheval pour le faire tourner à 1 autre main en lui montrant la chambrière » & même l’en frappnt, s’il refufe d’obéir , enfuite le finir au centre, l’arrêter » le flatter & le renvoyer.

Afin que la leçon du trot à la longe foit plus profitable, il faudra avoir l’attention de tirer fa tête du cheval en dedans avec la looge , & de lui élargir en T R O mèine temps la croupe avec la chambrière » cVft’àdire , la jetter dehors , en lui faifant faire un cercle plus grand que celui des épaules , ce qui donne la facilité à celui qui tient la longe , d’attirer Tèpaule de dehors du cheval en dedans , dont le mouvement circulaire qu’elle eft obligée de faire dans cette pofture, afiouplit un chevaL

Après avoir accoutumé le cheval à Tobéiflance de cette première leçog , ce qu’il exécutera en peu de jours, fi on s’y prend de la manière que nous venons de l’expliquer ; il faudra enfuite le monter » en prenant toutes les précautions néceflaires pour le rendre doux au montoir. Le cav^fier étant en Telle , tâchera de donner au cheval les premiers principes de la connoiâance de la main & des jambes ; ce qui fe fait de cette manière. Il tiendra les rênes du bridon féparées dans les deux mains , & quand il voudra faire marcher fon cheval » il baiiiera les deux mains & en même temps , il approchera doucement près du ventre les deux eras de jambes, fans avoir d’éperons» (car il n’en faut pcMnt dans ces commencements ). Si le cheval ne répond point à ces premières aides , ce qui ne manquera pas d’arriver , ne les connoifTant point , il faudra alors lui faire .peur de la chambrière, pour laquelle il eft accoutumé de fuir ; enforte qu’elle fervira de châtiment , lorfque le cheval ne voudra pas aller en avant pour les jambes du cavalier ; mais il ne faudra s’en fervir que dans le temps que le cheval refufera d’obéir aux mouvements des )arrets & des eras de jambes.

De même , Torqu’on veut apprendre au cheval à tourner pour la main , il faut, dans le temps que le cavalier tire la rêne de dedans du bridon , & que le cheval refufe de tourner , que celui qui tient la longe , tire la tète , & Toblige de tourner ; enforte qu’elle ferve de moyen pour Taocoutumer à tourner pour la main , comme la chambrière à fuir pour • les jambes , jufqu’à ce qu’enfin le cheval foit accoutumé à fuivre la main , & à fuir les jambes du cavalier ; ce qui fe fera en peu de temps , û on em* ploie les premières aides avec le jugement & la dif«. crétion qu’il faut avoir en commençant les jeunes chevaux : car le manque de précautioti dans ces commencements , eft la fource de la plupart des vices & des défordres , dans lefquels tombent les .chevaux par b fuite.

Lorfque le cheval commencera à obéir facilement , oc fe déterminera fans héfiter , foit à tourner pour la main , foit à aller en avant pour les jambes , & à changer de main , comme nous venons de l’enfeigner ’, il faudra alors examiner de quelle nature il eft , pour proportionner fon trot à la difpofition & à fon courage.

)1 y a en général deux fortes de natures de chevaux. Les uns retiennent leurs forces , & font ordinairement légers à la main : les autres s’abandonnent , & font pour la plupart pefants , ou tirent à la main.

Quant à ceux qui fe retiennent natmrellement » T R o î8$

SI faut les mener dans un trot étendu & hardi , pour leur dénouer les épaules & les hanches. A Tégard des autres , qui font naturellement pefants , ou qui tirent à la main en tendant le nez, il faut que leur trot foit plus relevé & plus raccourci , afin de les préparer â fe tenir enfemble. Mais les uns & lesautres doivent être entretenus dans un trot égal 8c ferme , fans trsuner les hanches , il faut que la le^. çon foit foutenue avec la même vigueur du commencement jufqu’à la fin , fans pourtant que la reprife foit trop longue.

Ces premières leçons de trot ne dcnvent avoir pour but , ni de faire la bouche , ni d’afTurer la tête du cheval : il faut attendre qu’il foit dégourdi , & qu’il ait acquis la facilité de tourner aifément aux deux mains ; par ce moyen on lui confervera la fenfibilité de la bouche , & c’eft pour cela que le bridon eft excellent dans ces commencements , parce qu’il appuie très-peu fur les barres , & point du tout fur la barbe, qui eft une partie très-délicate » & oii réfide, comme le dit fort bien M. le Duc de Newcafile , le vrai fentiment de la bouche du cheval.

Lorfqu’il commencera à obéir à la main & aux jambes , fans le fecours de la longe y ni de la cham* brière ; il faudra alors , & pas plutôt , le mener en liberté , c’eft-à-dire fans longe , & au pas fur une ligne droite , en le fortant du cercle , pour l’aligner, c’eft-à-dire» lui apprendre à marcher droit, &à connoitre le terrein. Sitôt qu’il ira bien au pas fur les quatre lignes & dans les quatre coins du quarré , fur lequel on l’aura mené, il faudra enfuite fur ces quatre mêmes lignes , le mener au trot , toujours les rênes du bridon féparées dans les deux mains ; enforte que de quatre petites repriprifes , qui font fuffifantes chaque jour , & chaque fois qu’on monte un cheval , il faut en faire deux au pas , & les deux autres au trot alternativement » en finifiant par le trot, parce qu’il n’y a que cette allure qui donne la première foupleftb. Si le cheval continue d*obéir facilement au pas & au trot avec le bridon , il faudra commencer à lui mettre une bride avec un mors à fimple canon & une branche droite, qui eft la première cmbou* chure qu’on donne aux jeunes chevaux , comme nous l’avons expliqué dans la première partie* . Ds L’Instruction du chival. (Dupaty ). La fouplefte du cheval e(^ttne faite de (on obéiffance ’, & cette obéiffance dépend beaucoup des bons on des mauvais traitements qu’il a éprouvés dans fa jeunefie & dans le temps où les hommes commencent à l’approcher. On ne fauroit alors agir avec trop de douceur pour Taccoutumer à fe laiifer toucher oc manier de toutes façons , & pour l’empêcher de s’effrayer de ce qui l’environne» Comme on a beaucoup écrit fur les préparatifs qui conduifent le cheval à fe familiarifer avec l’homme , je n’en parlerai point icij je fuppoferai qu’oa a à faire a85 T R O à un cheval doux , d une bonne nature » & difpafi à recevoir les înAruâions de Tart. Quoique l’équilibre du cbeval foie la première des leçons dont il aie befoin , cependant on ne peut parvenir à former cet équilibre « qu’après des opérations préliminaires ^ parce que cet équilibre , qui confifie , comme on Ta déjavu» dans la juAe répanition de la mafle du devant du cheval fur les refTons des jarrets aue cette mafle doit comprimer, cft fubordonné à la fouplefle que fes reins acquièrent par rage à la force de fes raufcles ang^ liUntée par Texercice, & à (a bonne volonté qu’on excite par la douceur & par des leçons peu fatiguantes & qui Te fuccèdent dans Tordre b plus naturel.

Le cheval en liberté, & à tmitâge, prend de lui-même , il eA vrai , Téquilibre qui lui convient ; fie cela ne lui occafionne aucune peine. Mais il ne làuroit en être de même lorfqu’il porte l’homme » doi^t le poids augmente la charge fur fes ^arrêts : pour qu’il puifle parvenir à cet équilibre, il faut’ que les mufcies acquièrent plus de force & d’adrefTe.

On eA zffcz dans Tufage de commencer dans Tenceince de quatre murs les poulains qu*on projette de former pour Técole. Cependant ;e crois qu’il feroit plus avantageux de leur donner dehors les premières inArùâions. On doit demander d’abord au jeune cheval qu’il fupporte patiemment les harnois de toute efpéce , & le poids de l’homme : parvenu là , qu’il marche en avant fans fe défendre ^ fans trop de gaieté. Je donnerai les moyens convenables pour rengager à aller en avant Le premier inArument eA le bridon , dont il eft bon de fc fervir tr^s longtemps pour le jeune cheval. Comme fon effet eA doux , il n’occàfionne point de vives douleurs à l’animal, & ne le contraint pas trop, ce qui eA bien eâeatiel : car dans les coipmencements , le cheval dépourvu d’adreffe ^ d’intelligence , emploie beaucoup plus de force qu’il ne faudroit } & fi on lui oppofe de grandes réfiAances, il agit avec le nlus de ; vigueur qu’il peut, il s’exténue, fe roidit oc fe défend. Néanmoins comme il eft à propos de le conte* pir, enfoite qu’il commence de bonne henre à fe placer ^ à fe contraindre , on fe fert de la maningale. Son effet eA celui d’un caveflbn tr^s-doux , qui enapéche le cheval de porter la tète trop au vent On la tient ai(ée«dans les commencements ^ afin de ne pas forcer les mufcies du cou ni les ligaments. A mefure aue le cheval prend de l’adme , on la raccourcit, oc on lui baiAê ainfi le nez peu-il peu , au point qu^on le defire* Il ne’faut pas que la maningale foit trop courte , car la tête feroit obligée de baifler»& le cou ne pourroit s’enlever fc fe placer.

L’adreflb du cheval eft une qualité quMI a reçue de la nature, ou qu’il acquiert parla louplefle ; & h fouptçflè eft remploi des forces mufcuUires re^ i T R O

lativement anx mouvements qulls doivent exécnter , joint à la liberté des articulatient : car un jeune cheval fe roidit dans les commencements, parce que k$ mufcies aeiflent avec trop de force ; & cet emploi de force eA néceftté en lui pour prévenir les clintes qui pourraient être occafîonnées par le défaut d^équiiibre , l’ufage n’ayam point encore donné à fes articulations toute l’étendue de mouvement que la nature leur a accordée félon leur conformation»

J>M trot À la longe.

Le dieval, équipé convenablement , je crois qu’il faudroit d’abord le trotter à la lonee pour abattre une partie de fa gaieté & pour c dégourdir. Mais cette leçon, que tout le monde fe mêle de donner & croit bien connoître , n’eft pas fi facile à eitécutor qu’on fe rimagioe.

Api es avoir |nis lecaVeA>n comme il convient, on ajufie les rênes dU bridon , enforte qu’elle» foient aA’urées des deux côtés , mais fans énre trop tendues. La rêne de dehors fera un peu plus fentte que celle de dedans , a4in de comrebalancer l’effi» de la longe , & d empêcher le cheval de porter trop le cou dans la volte , comme cela arrive fouvent » Lorfquele cheval fe place de lui-même , on peut tenir les rênes fort égales, enforte qu’il foit droit, & que la longe feule lui donne le pli : il me femble que cette manière eft préférable ; le cheval eft mieux aligné.

Le cheval auquel on a donné un peu de liberté, pmnd de la gaieté , ûute , galope , & veut fornr de la volte ; c’eft ce qu’il faut éviter^ non par de giands coups de caveflbn , & moins encore en tirant la longe , car plus on la tireroit , plus le cheval réfifteroit & tendroit à s’échapper. Voici comme on s’y prendra.

Commencez par faire cotmoitre le terrein à l’ani- • mal , en le promenant à la main fur le cercle qu’il doit parcourir en libené. Pour cet dÉet, prenez la longe à un pied environ de fon attache au caveffon , & étendez le bras , éloignez^vous de la lon-Eeur du cheval que vous conduirez , marchez à la Hteur do fon épaule, enfone ou’il aille un peu avant vous ; faites lui faire ainfi le tour du cercle ; peu-à-peu allongez la corde ; enfin vous arriverez au bout , & alors votre cheval pourra trotter fur le^ cercle fi vous le vouIqe.

Si le cheval va à droite , ou s’il eft ï droite , c’eft votre main gauche qui tiendra la longe , afin que Tos yeux ment tournés du même côté que ceux du cheval : par^là votre regard ne l’effraiera point , & vous ne vous trouvereiï point devant lui. Si le cheval veut fortir de fon terrein , iiecouez légèrement la longe ; le coup de caveflbn an*il recevra lui caufena qiielque douleur ; Çl dès qu il aura compris que ces coups augmentent lorfqu’il s’enfuit , il ceflera de réfiAer & il fuivra fa pifle* Si le cheval veut galoper , laîflez-le faire ; lafl% du galop , il prcm&a te trot de lui-même. S’il s’arrête , ou s’il T R O Tent retourner , aidezle avec la chambrlfctc , & «ilerminez-le en avant en le frappant fur la croupe. Si on defire arrêter k cheval & le fatre changer de main , on raecourcit Infenfiblemeiu la longe , & le cheval fe rapproche de l’homme^ Là on le carcffe , on le laiûe reprendre. Oo le met enfuitc k Fautrc ntain , & on travaille comme je viens de ^ire. A mefure ,que le cheval s’aflbnplit & prend de la iorce , tenez les rênes du bridon plus courtes ,’d fe placera alors & fe fowicndra bien miei^x. Lorfque je m’apperçois que Fanimal commence à fe bien décider dans fon trot» je lui fais faire tout prés de mroi quelques tours au pas , ayam attention à ce qu’il range un peu les hanches, tnfuite teifant la longe d une ma :n , je la lecoue un peu » & en même temps je le touche légèrement de la gaule au défaut de l épaule » atlii quM aille de c6té en chevalant. Dès qu’il a compris ce que je demande, il le fait. Je tiens la main légère > & je h fuis. De cette manière il va fur une ligne oblique, en paffant la jambe de dedans fur celle de dehors. LorfquM a fait cinq ou iîx pas , je m’arrête & l’appelle de la langue : Tanimal fe pone en avant, & je recommence fl je le juge à propos.

Quand il exécute bien cette leç^n , je lui g2gne, des temps de* côté en le menant fur le cercle par les mêmes procédas , avec cetre difiérence que |e range uq peu les^ hanches , & que je le maintiens plus en avant. Enrn je le ramène à moi, & je me fais iu’.vre par le cheval , afin quHl s’accoutume à f homme. Enfin je 6ms parle faire reculer, en fecouant le caveçon , Si en baiflant la corde de manière au’il )a fente entre les deux narines. Puis je )e tire à moi 8c le conduis en avant. Ainfi finit ma kcoQ de longe.

Par cette leçon donnée avec une grande douceur , on parvient aifément à procurer aux jeunes chevaux une première fou plene , &on les difpofe ainfi plutôt & plus faciiement à obéir en liberté. Je ne fuis pas d*a vis de faire monter les jeunes chevaux k la longe ; il leur en coûte beaucoup lorfqu’ils font fous 1 homme. Quelle fatigue ne doivent-ils pas éprouves , fi on les oblige de fe captiver à fon poids Si à fes opérations ? Pourquoi d- ailleurs commencer par ce qu’il y a de plus pénible ?

Du TROT ( ThIROUX ).

Le premier axiome de rérfuttatian , celui qui fert de bafe à la foule des autres vérités dont elle brille , pr^^fente la main & les jambes du cavalier comme les feuls agcRS de la correipondance établie entre Ihomme 6c le cheval. Dans la précédente eçon , qui fixe les fondions particulières à chacune do ces puiâances » on croit avoir fuffifamntent prouvé que Tut Jité des jambes ( abftraâion faite dufecoursque le cavalier tire de leur enveloppe ) fe borne uniquement à porter le cheval en avant , au moyen de l’aliment que leurs preffions motivées fur les diStrem^s combinaifons de T R o 187

h nwîti foornîffent au centre par l’apport réitéré de la colonne de derrière , tandis que la main , en difpofant la colonne de devant, dirige lesdiverfes évolutions qu’il exéaite. Cette phrafe a pu choquer touts ceux qui prétendent que les jambes du cavalier doivent agir féparément fur l’arrière-main du chevaU Mats pour peu qu’ils veuillent m’entendrc, j’efpere letir démontrer que nos principes fo«t très-analo^iies. En effet , lorfqu’un écuyer dit à fon élève, après avoir approché vos dfeux jambes également, faites dominer celle qui doit pouffer /e^ hanches de votre cheval , que vous recevrez enfuiie dans la jambe que vous avez mollie ; n*eA-ce pas exaâement articuler le précepte que je donne dans la première leçon à Tarticte du tourner , oit je dispolitivemeot > porter la main , foi* arrondie » loit cambrée, & lalfiette dir milieu du corps du côté ou vous defiree tourner votre cheval , puifque l aiiictte forcée , par fuppofition , à droite nèceffitff la jambe droite du cavalier plus étendue fur le corps du cheval , coniéquemment plus fentie que la jambe gauche , qui ne reçoit la croupe à fôn tour «qu’après que la fin de révolution du tourner a remis lé cheval droit d’épaules & de hanches ? Au fur^ plus on a vu ces évolutions au nombre de fcpt , émaner d’un pareil nombre de temps de main ; quiiont^la mam placée, pour tenir le cheval dans linafljoni la main retenue , qui produit le raffembler y la nviin rendue , afin de laiffer former le premier pas ; la raam reprife , d oîi naît Ijs demi^ arrer ; la main arrondie , qui porte le cheval k droite ; la main cambrée , qni le porte à gauche ; I» main rapprochée du corps , afin de l’arrêter ; enfiw le reculer qui fuit la main remontée le long du» corps. L’expofiiion & le développement de ces» principes tout naître le defir de quitter les ondulations aouces Hc uniformes de la première allure du cheval , ^jour chercher , dans une démarche plus agïtîc , les fréquentes occafions d’exercer la tenue, & conféquem ment les moyens d’aflferrr.ir de plus en plus la folidité de railîette. Or , des trois procédas dont le cheval fe fert pour fe mouvoir ^ il fcmble ;<ju>'il nejouiiTe de Tîntcrmédiaire , connu fous la denominarton du rror, qu’afin de coopérer à l’exécwion d un projet auflî fagemenr conçu. En ’ effet, la grande habitude de cette alîure , plus accélérée 6c plus vibrée que celle du pas , familisrife avec les ditférents mouvements du cheval à tel point qu^ , loin de redouter la fucceffion rapide de ceux qui lui font ordinaires, la rudefle des feconf-’ fv’S , même les moins attendues , ne canfent plus^ aucun dérangement , ni dans la puifiance des jam-^ bes qui continuent d’agir , tantôt par preffion , tantôt par enveloppe , ni dans l’affiette du cavalier qu’une tenue fouvent éprouvée rend maître de calculer les temps de fa main , fans quVtle en re^ çoive la moindre altération. On ne regarde pas. comme indifférent de rappeller encore que , par le mot tenue , on entend toujours parier de cette multitude dé tangentes quUortent de l’étendue de«^ cuisses & des jambes égales, & dont on forme une enveloppe que le cavalier adapte au-deflbus du diamètre de la circonférence du cheval qu il veut embrafTer. A Tégard de Taffiette, on fait y à n’en pouvoir douter, qu’elle n*exifle qu’autant que le haut des deux cuifles & le croupion pofent abfolument fur la felle. Malgré les avantages émanés de la tenue, puifqne fans elle on ne peut entretenir la juAefle de TaiGette, cependant lorfque Tenveloppe captive feule l’attention du cavalier, elle occafionne dans le bas du corps une roideur iné* vitable » qui prive bientôt le milieu du corps de fon point d’appui d’équerre, & nuit indifpenfablement à Taplomb du haut du corps. Âinfi quiconque facrifie l’af&ette à la tenue doit renoncer aux fioef* fes de Tart, en perdant i*e(poir d’acquérir les qualités inefiimables qui conitituent la bonté de la jnain ; qualités précieufes à cheval » dépendantes, à la vérité, de l>ccord parfait entre les proportions du haut, du milieu & du bas du corps, mais dont’ le cavalier ne s’afTure la pofleiTion que par l’exercice ralfonné des pofuions qu’il vient de prendre. Après avoir démontré combien il eft eilentlel de fçavoir allier l’affiette avec la tenue, on a rendu compte des raifons qui font donner la préférence au trot, lorfqu’on a l’ambition de parvenir au dernier degré de fermeté ; aâuellement nous allons pafTer kh définition de cette allure. Ci que cfl que le trot.

Dans la première leçon où on décrit les procédés naturels au cheval pour marcher, il eft dit qu’il ne réuflît à former un pas en avant que par la combinaifon tranfverfale de fes quatre jambes, enlevées & rapportées les unes après les autres ; enforte qu*à l’alhire tardive du pas, le cheval pèfe alternativement fur trois jambes, une de devant & deux de derrière, ou une de derrière & deux de devant. Mais lallure plus diligentée du (rot exige que le cheval qui veut la prendre, s’appuie feulement fur deux jambes tranfvcrfalçs, afin de pouvoir détacher de terre les deux autres enfemble :. de façon que pour trotter, le cheval enlève en même tqmps une jambe de devant & la jambe de derrière oppofée 9 qui font à peine remifes ai terre qu’il leur fait fuccèder, aufli du même temps, les deux aurres obliques, & toujours ainfi. On conçoit aifément que fans le repos du corps fur les deux ïambes eppofées qui reftent à (erre, il ferojt impoflible au cheval de lancer en l’air les deux jambçs tranfverfales qui lui font emb/aâer le terrein relatif à la viceiTç dç fon trot.

Commeai on met un cheval au trot.

Ceft affçz de jetter les yeux fur la pofition différemment prjfe par un cheval au pas que par un cheval au trot, pour appcrccvoir que nonobft^nt la combinaifon uniforme qu’il obferve à ces deux allures dans le jeu tranfverlal de fes quatre jambes, cependant la dernière fa^on d^ i^ mouyoir l’oblige T R O

à s’enlever un peu plus que la première. En effet. le cheval qui marche n’eft aftreint à lever fes jam* hes tranfverfalement que les unes après les autres > au lieu que le cheval qui trotte, détache, dans le même ordre, toujours deux jambes à-la-fois. Une différence aulfi marquée n’indique*t-elle pas que pour déterminer un cheval à fe lancer au trot, il faut néceffairement employer une méthode didinâe de celle qui l’engage à s’ébranler au pas ? En conféquence, d’après la.préparation du raffembler, préparation qui doit être commune à toutes les aU lures du cheval, on rend la main. Alors le relâchement des rênes produit l’effet qu’il a coutume de rapporter, fur-tout lorfqu’on a foin de le faire accompagner par la preffîon des jambes égales, & le cheval, qui étend fa colonne de devant avec l’intention de marcher, fe difpofe à mouvoir ^ ou la jambe i ou la jambe 2. Voilà i’inflant à faifir pour marquer un demi-arrêt, non-feulement afin de reftituer à la colonne de devant le degré d’élailicité qu’elle perd en s’étendant, mais encore afin que la puiffance des jambes, doublement imprimée fur la colonne de derrière, pouffe le reffort de cette partie jufqu’à fon dernier période. Lorfque le demiarrét a réuni, pour la féconde fois, le cheval au centré, le cavalier rend définitivement la main, fans rien diminuer de la preffion de fes jambes égales. Auffitôt le cheval, dont les deux colonnes font refferrées plus que de coutume, profite de la liberté qui lui eft offerte une féconde fois dans fon avant-main, & fe hâte de lever une de fes jambes de devant. Mais comme l’apport forcé de la colonne de derrière ne lui permet pas d’attendre que cette jambe en l’air foit remife a terre avant que d’en détacher une de celles de derrière, cherchant d’ailleurs à s’affranchir le plutôt qu’il lui eft poffible de la contrainte que le demi-arrêt lui fait éprouver, le cheval élève enfemble une jambe de devant & celle de derrière oppofée. Après avoir rapporté en même temps à terre les deux jâinbes tranfverfales qui s’cii font détachées à-la-fois, il renouvelle la même opération avec les deux autres, & par ce jeu fucceffif de deux jambes toujours obliques, il entretient l’allure du trot.

Si rélève eft curieui( de connoitre le point qui fépare la méthode du trot d’avec celle du pas, il faut l’aider à les comparer. Pour mettre un cheval au pas, on commence par le raffembler, enfuite on rend la main & on rapproche les jambes. Lorfqu’on a raffemblé le cheval qu’on deftine au trot, on rend dç même la main, mais on la reprend furlechamp en doublant l’approche dçs jambes, & on finit par redefcendre la main. Ainfi le demi-arrêt, ajouté à la première defcente de main, eflface le produit du pas qu’il remplace par le réfultat du trot. Au moyen de ce qu’à cette dernière leçon il ne faut rien innover à la fuite des temps de main précédemment adaptés, foit au raffembler, foit au demi-arrêt, foit au tourner, foit à l’arrêt total, foit a)} reculer | le cavalier eft àmèmc de urer Iç meiK

leur
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leur parti des nouvelles sensations qu’il essaie, puisque rien ne le distrait du soin important de veiller au fini de sa position.

Défaut à éviter dans le trot.

Plus on exige de vitefle de la part du cheval » & t^lus il faut fe rappeller que le poids de rhomme ui eft abfolumeot étranger. Convaincu de c^tte Téricé » le cavalier doit fentir qu’il ne fuifit pas de fe conformer aux loix de la naturepour embarquer avec préctfion un cheval à ks différentes allures, mais qu*il devient indifpenfable de l’aider à les entretenir avec la même jufieÀ^e, en tâchant de réparer à propos les forces dont il auroit abufé. Par exemple, pendant que le trot fobfifle 9 fi on omet de remonter de temps en temps le reflbrt de la colonne dé devant » riné^alité dans la progreffion des deux jambes tranfverfales enlevées à-la-fois, qui xéûilte évidemment de ce manque d’attention, i)eut avoir des fuîtes trés-danj^ereufes. En effet, orfqne la main abandonne le bipède de devant «  tandis que la prcffion des jambes égales chaiTe toujours vivement le bipède de derrière, rarrièreanam du cheval fait fupponer à 1 avant-main la totalité du volume qui devroit leur eue commun ; -difpofitioa vicieuie qu’on défigne par la périphrafe être fur les épaules. Alors la charge combinée de l’homme & du cheval, inconfidérément portée fur l’avant-main, alourdit vifiblement la jambe de deirant . dont le ]u raccourci, en raifon de fon peu d’élévation » ne quadre plus avec l’élan de la jambe , ^e derrière. Or, cette dernière jambe trop allégée » f uoique diligentée fuivant les régies du trot, vient heurter la Jambe de devant appe/âatie, à rinftaat oii les efforts du cheval réuiEnent enfin ï Farracher déferre. C’eflce bruit défagréaUe, occafionné par la pincé du pied de derrière » qui frapjpe fur le talon du pied de devant, qu’on nomxnp torger. Comme on n’cft pas toujours affez heureux pour que Taâion du forcer incommode feulement l’oreille, puifqu’un cheval trottant furies ipaules efi toujours au moment de s’abattre, foit farce que le bipède de devant furcbargé n’a plus aifance de franchir les inégalités qu’il rencontre, foit parce que les atteintes répétées^ du bipède de derrière deviennent par trop douloureufes » il faijt cpfeigner le moyen d’éviter un défaut auffi préjudiciable. On dit le moyen, car dans Timmenfe combinaifon des temps de main fimples & compo<fés qui fervent à l’équitation y le feul deml-arrèt I^eut s’oppofer aux défordres émanés du trot fur es épaules. Ainfi, chaque fois que le cliquetis menaçant des pieds du cheval avertie le cavalier du danger éminent « l’il court, ce dernier doit chercher à faire oublier fa négligence en marquant promptement un demî-arrét, afin que le cheval recouvre • avec rélafiicité de l’avant-main, la faculté de lancer (ts jambes de devant en raifon proporftonnelle i ia vélocité de celles de derrière. Exultation, Efcrïme £* Dunft.