Encyclopédie méthodique/Beaux-Arts/Correspondance des parties

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Panckoucke (1p. 154).
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CORRESPONDANCE des parties. La correspondance, l’accord des différentes parties d’une même figura, mérite une attention particulière. Le peintre, suivant le caractère qu’il veut donner à une figure, peut choisir une proportion haute, courte, médiocre, forte, svelte ; mais son choix fait, il faut que toutes les parties de la figure soient exactement proportionnées entre-elles. Si les bras sont musculeux, les jambes ne doivent pas l’être moins ; si les mains sont charnues, les pieds ne doivent pas être secs ; si la face arrondie témoigne une santé brillante, tout le corps doit briller d’un égal embonpoint. Il est vrai que, dans ; la nature, le modèle n’offre pas toujours cet accord parfait


entre toutes ses parties ; mais alors le modèle est défectueux, & l’art ne doit pas le suivre dans ses défectuosités. L’artiste n’est pas obligé de choisir toujours un modèle de la plus élégante proportion ; mais il doit être constant à la proportion qu’il a une fois choisie.

Quelquefois un artiste, content de certaines parties d’un modèle, prend pour d’autres parties un modèle différent qui les a plus belles que le premier. Mais il ne suffit pas de chercher la beauté absolue ; il faut encore avoir égard à la beauté relative ; il faut examiner si les deux modèles sont à-peu-près du même âge, de la même stature, du même embonpoint. La belle main d’un adolescent n’est pas une belle main pour un homme fait, ni même pour une femme. Les belles jambes du faune nourricier de Bacchus, ne seroient pas de belles jambes pour l’Antinoüs ou pour l’Apollon.

Si nous avions, autant que les Grecs, l’habitude de voir la nature nue, il nous arriveroit souvent de découvrir dans des ouvrages de l’art une figure qui auroit des bras de quarante ans, & des jambes qui n’en auroient pas plus de vingt. Que diroit-on d’un visage dont la partie supérieure peindroit l’âge fait ; & la partie inférieure, l’adolescence ? si nous sommes moins sensibles à ce défaut d’accord entre les autres parties, c’est que nous ne sommes accoutumés à voir que des hommes enveloppés de leurs vêtemens. (Article de M. Levesque.)