Encyclopédie méthodique/Beaux-Arts/Dictionnaire de la pratique/Transparent

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TRANSPARENT. (subst. masc.) Terme de l’art des décorations en peinture.

Sur un chassis sans traverses, on tend des feuilles de papier réunies, ou de la toile serrée & très-fine, ou de la gaze, ou mieux encore du taffetas : on peint sur ces matieres en glacis, avec des couleurs légeres, quelqu’objet que ce soit, & cet ensemble forme ce qu’on nomme dans le Décore, ou la décoration en peinture, un transparent. Voyez l’article GLACIS.

Ce genre de peinture transparente est destiné à n’être apperçu que par le moyen du passage de la lumiere, soit naturelle, soit artificielle, qui se trouve derriere l’ouvrage.

Pour peindre sur le papier, en choisit celui qui se nomme Serpente. Les feuilles en étant collées les unes contre les autres avec propreté, & le tout bien sec, fixé & tendu sur le chassis, on passe sur le papier, avec une éponge, une légere couche de belle huile siccative, soit de noix, d’œillet, ou de noisette, &c.

Le taffetas est, comme nous l’avons dit, infiniment préférable à la toile & à la gaze : mais ces deux matieres le sont elles-mêmes au papier lorsqu’elles ne font pas voir de coutures : effet désagréable qu’on ne peut éviter avec le papier, à cause de la jonction des feuilles.

Les étoffes exigent, avant que l’on y peigne, une préparation essentielle, afin que la peinture qui s’employe ordinairement à l’huile, n’y fasse pas des taches qui s’étendroient fort au-delà du trait des objets peints. Pour prévenir cet inconvénient, on fait fondre au bain-marie, ou de la colle de poisson, ou une belle & forte colle faite avec des rognures de parchemin ou de gants. Celle de poisson est la plus claire. Lorsque cette colle, quelle qu’elle soit, est fondue, on la passe rapidement & avec légéreté sur l’étoffe. Cette préparation étant seche, on peut peindre sans craindre que l’huile ne fasse des taches à l’étoffé.

La méthode de peindre les transparens, est de réserver sur les lumieres, le fond sur lequel on peint, ainsi qu’on le fait pour les dessins sur papier blanc. Il faut employer, autant qu’on le peut, les couleurs les plus légeres : les blancs de plomb ou de céruse, ne doivent pas servir à ces peintures, & si l’on use des terres, il faut qu’elles soient d’une finesse impalpable & employées très-légérement. Les meilleures couleurs a l’usage des transparens sont les stils ou sucs de graines ou de fleurs, & toutes les autres couleurs légeres dont nous avons parlé à l’article GLACIS du Dictionnaire théorique.

L’art d’éclairer les transparens avec une lumiere artificielle, demande une grande discrétion, car il faut que la flamme n’en soit pas trop voisine pour n’être pas apperçue & ne pas enflammer une peinture très-combustible, & qu’elle ne soit pas trop eloignée, parce qu’alors elle ne produiroit pas un éclat suffisant.

On se sert de transparens pour former des dessus de porte à des cabinets obscurs, dans lesquels on veut cependant introduire de la clarté. Dans ce cas-là, les transparens sont sur la gaze.

Les peintres de décore font des transparens d’un autre genre, en peignant sur des matieres dures & polies, telles que le papier doré, argenté & le fer blanc. Dans ces cas ils font valoir les fonds métalliques pour produire des clairs étincelans. Quand les glacis propres à faire des peintures transparentes sont bien secs, on les couvre d’un vernis blanc.

C’est par des procédés à-peu-près semblables que se font ces papiers brillans & colorés à l’usage des brodeurs, qui en font ce qu’on appelle des paillons. (Article de M. Robin.)