Encyclopédie méthodique/Beaux-Arts/Image

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Panckoucke (1p. 444).

IM

IMAGE, (subst. fém.) Images qui se peignent à l’esprit, & qu’on nomme plus ordinairement idées. Voyez l’article Imagination.

Images (icones), nom que l’on donne aux tableaux qui sont l’objet du culte relatif des chrétiens du rit grec : ils regarderoient comme une idolâtrie de rendre hommage à des figures sculptées. Leurs tableaux qui se font aujourd’hui comme ils se faisoient il y a plusieurs siècles, sans qu’on se pique ou qu’on se permette d’ajouter à l’art aucune perfection nouvelle, peuvent donner une idée de ce qu’étoit devenue la peinture chez les Grecs du bas-empire. Le dessin en est roide, sans vie, sans expression ; la couleur en est monotone & rembrunie. Ces mauvais tableaux sont souvent trés-richement ornés. On a coutume d’entourer les têtes d’une auréole en relief : elle est d’or, d’argent, de cuivre doré, suivant la fortune du propriétaire, souvent même elle est chargée de pierreries. Quelquefois on recouvre le tableau entier, excepté la face, d’une plaque d’argent ou de vermeil, sur laquelle est indiqué en bas-relief le dessin de la draperie qui se trouve peinte sur l’image, & l’on encadre cette plaque de pierres précieuses. Ces tableaux doivent être peints sur bois, & suivant les anciens procédés & la vieille ignorance de l’art. La superstition grecque regarde comme profanes les productions de l’art moderne exécutées sur toile. Dans les pays du rit grec, où il se trouve des peintres artistes, ils ne sont point chargés de peindre les images saintes ; on s’adresse toujours


aux peintres imagers ; ils font une classe à part, & ne dégraderont jamais leur art sacré par aucune connoissance de l’art profane.

Parmi nous, on appelle images, les estampes grossièrement gravées, qui sont offertes à la dévotion ou à l’amusement du peuple. Elles sont ordinairement enluminées. Le commerce de ces mauvaises images a plus enrichi de marchands que celui des estampes. (Article de M. Levesque.)