Encyclopédie méthodique/Beaux-Arts/Pratique Lettre L

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(p. 669-685).

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LAQUE, ( fubfl :. fém.) La laque a pour bafe une fubfcance terreufe ou crétacée à laquelle on ajoute une teinèure. Cette définition fuifit pour faire fentir qu’on peut faire bien des différentes fortes de laques.

La laque en pain eft la terre qui fert de bafe à l’alun, colorée par la cochenille. Pour fabriquer cette laque, on peut faire bouillir dans deux pintes d’eau le réfidu qui a produit le carmin, ( voyez carmin) en y ajoutant cinq onces d’alun. Il faut filtrer cette liqueur, & y ajouter quelques gouttes de diflblution d’étain ; enfuite on varie dans cette teinture de l’alkali fixe en liqueur ; il décompofe l’alun & en précipite la terre qui s’empare de toute la couleur rouge. On fil re cette liqueur ; la laque refle fur le filtre ; on palTe de l’eau deffus à pUiIisurs fois, pour enlever & diffoudre le tartre vitriolé qu’elle pourroit contenir ; enfuite on fait fécher. Cette lacue fera plus ou moins colorée, fuivant la quantité de cochenille qu’on aura employée pour la préparer. Sa couleur variera aujfi, fuivïnt la proportion de diflblution d’étain qu’on aura mife. (Note trouvée daris les papiers de M. Wate’.et, & annoncée comme extraite d’un manufcrit de M. Sage). Cette laque eft celle qu’on appelle de Venife, parce qu’on la tiroit autrefois de cette ville ; ou’du moins elle eft colorée de même par ! e réfidu de la cochenille qui a fervi à la compofitien du carmin. On ne tire plus cette laque fine de Venife, parce qu’on en fait d’auffi belle à Paris.

D’autres laques ayant toujours pour foutien delà terre d’alun, avec de l’eau de féche, & même de la craie, font teintes par des bois colorés, tels que ceux de Fernanibouc, de Bréfil, de Santal rouge, de Rocou, de Sainte Marthe & de Campeche avivés par un acide. La racine d’orcanecte. la fleur decarthame, ou fafran bâtard, la graine de kermès fournifTent auiïi des teintures dont on peut faire des laques. On trouve un grand nombre de recettes pour faire des laques. En voici une pour compofer la laque colombine. Prenez trois chopines de vinaigre diftillé, du plus fubtil, une livre du plus beau bois de Fetnambouc, coupez-le par morceaux, & faites-le tremper dans ledit vinaigre pour le moins un mois ; s’il y trempe davantage, ce fera encore mieux Faites bouillir le tout au tain-marie, trois ou quatre bouillons, puis le îaiflez repofer un jour ou deux. Enfuite, vous préparerez un quart d’alun en poudre que vous mettrez dans une terrine bien nçtte : vous pafferez la liqueur à travers un linge, en la faifan couler fur l’alun, & vous la laifferez repofer ne jour. Faires réchaufl-er le tout, jufqu’àcc que la liqueur frémiffe, laiffez-la repofer vingt-quatre heures, & mettez en poudre deux os de feche, par-deffus lefquels vous verferez votre liqueur un peu chaude. Vous Ja remuerez avec un bâton, jufqu’à ce qu’elle s’amortiffe ; enfuite vousîa laifl’erez repofer vingt-quatre heures, & la palferez.

LailTez fécher le marc de la laque colomb qui tombe au bas de la fiole oiî il y a des os de féche —, broyez ce marc ; il n’y a point de laqut fine qi : i foit fi vive, & en la mêlant avec de la laque, elle en augmente la force, {Traité de mignature.’)

On trouve d’affez bonne laque fous le nom de laque carminée. Elle eft ordinairement en grains ou trochifques. On l’éprouve, ainfi que la laque colombine, en répandant deffus un peu d’alkali fixe en liqueur, ou de vinaigre. La laque eft bonne fi elle ne devient pas violette avec l’alkali fixe, & jaunâtre avec le vinaigre. Les laques ordinaires ont le défaut de n’être pas folides. L’auteur du Traité de ia peinture au paftel, croit qu’elles fcroient plus belles, & qu’elles aurolent plus de folidité, fi l’on remplaçoit l’alun par la diffiilution d’étain. Il donne le moyen de faire cette diflblution ; le voici : Verfezdans unecaraffe une once d’acide nitreux, & moitié moins d’acide marin. Ce mélange eft ce qu’on appelle de l’eau régale. Jo’gnez-y, s’ils font très— fumans, un petit verre d’eau do fontaine ou de rivière très-limpide : faites diilbudre dans ce mélange de l’étain de Malaca ou de Cornouailie réduit en petits fragmens : le plus court moyen de réduire ce métal en grenailles c’eft de le faire fondre fur le feu dans une cuiller de fer, & de le verfer par gouttes dans un vafe plein d’eau. Ajoutez par intervalle » de cet étain en grenailles jufqu’à ce que le diflblvant n’apifle plus. Alors mettez la caraffc fur la cendre chaude, pour que l’eau régale achevé de fe faturer. Le même auteur offre la recette fui vante d’une laque’^fix laquelle il fupplée à la terre d’alun par la diflolution d’étain. Mettea dans deux pintes d’eau, trois ou quatre petites branches de peuplier d’Italie, ou de bouleau, coupés en très-petits fragmens. Tous les bois dont on veut extraire la couleur, doivent toujours être effilés oa hachés. Que ces branches foieni vertes ou fé- e-jo

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ches , il n’importe. Faites-les bouillir à petî’t feu près d’une heure. Décantez la décoûion. Joignez-y de la racine de garence pulvérifée , à peu près une poignée ; cette racine eft la l’eulô iur laquelle on puiffe compter pour fournir une teinture folide. Faites-la bouillir deux ou trois minutes. Verfei la liqueur au travers d’un linge dans un autre vafe , & jettez-y de l’alkali , du tartre, gros comme un œuf. Remuez- le in«’ange avec quelques tuyaux de plume. Verfez delfus, goutte à gou ;ie , affez de didblutiori d’étain pour que l’eau commence à jaunir. Quelques momens après , filtrez à travers le papier lombard. Quand l’eau fera paffee par le filtre , arrolez la fécule ou le précipité qui fera refté deffus avec beaucoup d’eau tiède que vous laifferez paffer de même autravers du filtre , afin de diflbudre & d’enlever tous les Tels. La garance eft de toutes les plantes connues dans nos climats celle qui donnele rouge le plus durable, & le fiic du peuplier ne peut que l’atTtirer davantage. Celui de bouleau vaut encore mieux pour les couleurs rofacées. On a remarqué que i’or & l’étain , mêlés enfemble , aptes avoir été difl’ous féparément par l’eau régale , fe précipitoient dans la décoif ioti de garance en une belle & folide couleur rouge. Ce procédé, qui ne ferait pas praticable dans la teinture , à caufe du prix d’un pareil mordant, pourroit fervir à compofer une taque bien fupérieure au carmin pour la peinture à l’huile. Les muex Scies buccins fourniroient des pourpres folidos , fi l’on pouvoir s’en procurer i ?ne affez grande quantité pour en compofer des laques, ( Traité de la peinture au pajlel. ) Les laques compolèes avec l’alun devroient erre débarralTées de leurfel par le lavage. Voyez l’anicle S til-de-grain.

Laque violette- Mettez fur le feu deux pintes d’eau filtrée : il faut que le pot l’oit affez grand p3ur n’être plein qu’aux trois quarts. Jettez dedans une petite poignée deboisde Fcrnambouc en poudre , avec moitié moins d’écorce tirée de jeunes branches de bouleau. Faites bouillir une heure & pafffz au travers d’un linge. Remettez la dccofl ion devant le feu. Joignez- y gros comme une noix d’alun de Rome, avec le double de couperofe blanche , l’un & l’autre en petits morceaux. Après quelques inftan.s, ôcez le pot du feu ; jettez-y du fel de tartre rouge ou blanc , mais en poudre , & d’une mefure à--pei :-près égale à celle de la couperofe & de l’alun. Filtrez de la même manière qu’on filtre le petit lait. Couvrez le filtre pour le garantir de la pouffiere. Quand l’eau fera paffée au travers du filtre , verfez deffu. ?, à coté de la fécule, de l’eau chaude pourdiffoudre les Tels : o.n ne doit pas craindre d employer trop de lavage -, le peu de matière colorante qu’il emporte & qui n’étoit pas fixée, n’auroit tervi qu’à rendre cette laque moins lo-L A Q

lidc. Elle fera plus violette, & approshera de la couleur de la penf.e, fi on la compofe de la même manière avec panie àpeu-près égale de bo.s de campeche & de feinambouc , l’un & & l’autre en poudre. Elle fera, au contraire, ^kiscramoifie , iU tirant fur la couleur du rubis ou de l’amaranthe , fi en .’"uppvirae le campêche , &L qu’on iubfbitue à la couperofe blanche , l’équivalent d’une diflo.ution d’étain dans l’eau régale. Ces laques l’ont fort belles , & le fouiienn ? nt affez bien On peut les employer à l’huile , funout pour glacerles violets qu’on aura compofés de rouge iS : de bleu , & qu’on aura eu la précaution de tenir plus clairs qu’ils ne doivent l’être. ( Jraité de la peinture au pajiel, ) Laque verte. "Vers le milieu de ce fiecle, un particulier mit au jour un verd très-brillant , auquîl il donna le nom de laque verts. M. Majault & le Comte de Caylu ::, dans leur mémoire fur i’encauftique, foupçonnercnt que cette couleur é oit compofée de bleu de Pruffe , & d’une belle couleur jaune qui devoit être plus folide que le ftil-de-grain jaune, puifque la couleur de cette laque fefoutenoit ?u i’oîeil.

On peut comp-o’er une laque verte de la même manière que l’on compofe les autres laques, en employant les baie&mures du nerprun • ellesfont en maturité vers le mois d’oflobre. Il fuffit de les écrafer , de les faire bouiU’r , de paffer la dfcoclion fur un linge , ou mieux encore au travers d’un tamis de crin ; d’y jetter une diffolution d’alun de Rome , enfuite un peu de craie ou d’os de feche ; la liqueur, rouge d’abord, devient furie champ d’un beau verd. On peut la, faire évaporer fur un feu très-doux pour la réduire en forme d’extrait. Cet extrait eil ce qu’on nomme verd de vejjie. La plupart des fabriquans y joignent un peu de chaux ; mais elle le jaunit Se l’altère. On peut garder la compofition en liqueur pour Is lavis ; elle fe conferve très-bien dans des bouteilles bouchées. ( Traité de la peinture au paJlel. )

LAQLTE, (fubft. mafc) Si nous n’avons pas les fubftances ivec leliquelles les Chinois compofent le laque ou lak qui eil fi recherché dan» l’Europe , nous en avons d’autres avec lefqudles nous pouvons les imiter de fort près. Comme les ouvrages couverts de ces laques ou vernis , font ornés de deffins en arabefques, l’imitation de ces ouvrage’ ! appartient aux arts qui dépendent du deflin , & quand nous surions quelqu’infériorité du côté de la compofition du vernis , nous pouvons acquérir fur les Chinois une grande fupérioi ité du côté de l’art.

Pour imiter le laque de la Chine ou du Japon , il faut choifir le bois le plus léger j le plus fec , Je moins poreux , le plus-uni , celui qui peut enfin

, recevoir le poli le plus parfait. Au défaut des boi»
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que poſſedent les Chinois, nous adopterons le tilleul, l’érable, le buis, le poirier, ou quelqu’autre bois que ce ſoit qui offre des qualités à peu-près ſemblables.

Quand le bois eſt poli, on y colle & on y tend avec foin une toile fine, ou plutôt une mouſſeline ; car le grain de nos toiles pourroit nuire au poli du vernis. Sur les grands ouvrages, on étend de la filaſſe. Ce premier ſoin eſt néceſſaire pour contenir le bois, pour empêcher qu’il ne ſe tourmente trop, imbibé à crud par les ap- prêts.

On broyé du blanc d’Eſpagne , on y ajoute de la terre d’ombre pour y donner du corps, & on les détrempe à la colle de gants moyennement forte. Cette colle doit être préférée comme plus douce que les autres. De ces deux ſubſtances ainſi détrempées, on donne cinq ou ſix couches, froi- des en été, tièdes en hiver, car il faut que la colle ſoit toujours tenue liquide. Ces couches ſe poliſſent d’abord avec de la prêle, enſuite avec de la pierre-ponce réduite en poudre impalpable, & du tripoli pilé de même. La pièce ainſi préparée, broyez avec du vernis gras au karabé ou à l’ambre, du noir d’ivoire, & detrempez-le avec le même vernis. La quantité du noir doit être ſuffiſante pour noircir le vernis : quatre onces, de vernis demandent à-peu-près une once de noir. Si le vernis eſt trop épais, on l’éclaircit avec de l'eſſence.

On donne, huit , dix , douze à vingt couches de vernis : les pièces doivent être , s’il eft poffible , féchees au four pour plus de folidiré. Au défaut de four , on a des étuves dont la chaleur douce , en féchant le vernis , lui donne la confiftance & : la dureté néceflaire pour recevoir les m )rdans , les pâtes & les arabefqiies. Si l’on fe fervoit du vernis de gomme-laque , à refpritde vin , on n’auroic bcfoin , pourféchet la pièce , que du foleil , ou même de la chaleur douce d’une chambre. Avec ce vernis, le travail eft plus expéditif ; avec l’autre , il eft plus durable. Quelque foit celui dont on fait ufage , il faut le polir à la prêle , à la ponce en poudre , au tripoli pilé,

A la fuite de tous ces préparatifs , ondeffineou J on calque fur la pièce le dîffin qu’on y veut peindre ou fculpter : car les ouvrages en pare fur ]e laque font des efpéces de fculptures en basreliefs. Le deflîn fe fait avec urre pointe d’un bois trèi-dur, ou , quand on eft bien fur de l’a main , avec une pointe de fer. On applique le mordant ou la pâte fur ce qu’on a rracé.

Nous venons de diftinguer deuxforte :. de travaux fur le laque ; la première eft un deflin dépourvu de clair-obfcur ; la féconde elt un basrelief, qu’on établit en çâte.

Pour la première efpéce de travail , on defTine tout fimplement fur le fond les objets quelconques que l’on y veutreprélenter ;puis on repaffe L A Q

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fur tous ces objets en peignant an pinceau avec un mordant. Quand le mordant eft aux trois quarts fec , on le faupoudre de poudre d’or ou d’argent , au choix de l’artifte , ou de l’amateur à qui l’ouvrage eft deftiné. L’ouvrage fec , on la brunir.

Le mordant n’eft autre chofe que 1» même vernis dont on a déjà fait ulage , & auquel on mêle du vermillon. On a l’atttntion de n’en pas introdurre dans le vernis en afTez grande quantité pour ôter au vernis la qualité graiffeufe qui lui fait happer l’or : il ne fert qu’à teindre le vernis pour faire retrouver la trace des endroits oii on l’applique, & furlefquels on doit jetter l’or. On rend cette mixtion un peu épaiffe, pour qu’elle ait plus de corps.

Il eft des objers que le goût infpire de laiffer plus plats , & pour lefquels on ne met pas de vermillon au vernis. Alors vous employez feulement le vernis comme mordant ; vous l’appliquez fur l’endroit que vous voulez travailler , & que vous avez rracé. Cela donne des formes plates, fur lefquelles vous defiinez une féconde fois avec votre mordant au vermillon, & vous donnez des formes , vous ajoutez des détails , à ce que vous n’avez fait d’abord que couchera plat. Il faut avoir foin , lorlqu’on peint avec ce mordunt , d’avoir un petit vafe rempli d’efl’ence de térébenthine pour laver de temps en temps le pinceau , & faire couler le mordant , qui , fans cela , s’engorgeroit.

Le travail en bas-relief efl plus diîïîcile. Nous n’avons pas les fubftances avec lefquelles les Chinois ik les Japonois compofent les pâtes qui donnent ce relief . nous parvenons au même bue en broyant enfemble du blanc d’Efpagne & de la terre d’ombre avec un vernis gras. On peut fe férvir du vernis à l’ambre, en mettant fur une partie de vernis, deux parties de blanc & deux de terre d’ombre. Quand le tout eft bien écrafé fous la moiette , & bien mélangé, on le détrempe au vernis à l’ambre , en, rendant cette pâte afle ? liquide pour qu’elle puiffe s’employer au pinceau. Quand toutes les préparaiions pour les fonds noirs (ont faites, & que ces fonds font polis & unis, on donne une ou plufieurs couches de la pare , fuivaric le deftin qu’on a ad ’ptè & le relief qu’on veut lui donner. On laiffe fécher la pâte au foleil , ou à la chaleur d’une étuve. Lorfqu’elle eft bien durcie , on unit avec des ’ morceaux de prèle ious les endroits du relief qui pourroient erre raboteux ; on les polit avec la ponce & le tripoli, broyés, comme on l’a dit, en pO’idre impalpable.

On grave enfuire avec un burin fur les reliefs, le :, détails néceflàires , & on polit ce qu’on vient - de graver. On pafTe fur les re.ief, i.ne couche ou deux de verni ;: à l’ambre, ou de vernis à la gomme-’ laque à l’efprit de vin , dans lequel on a mis da I noir d’ivoire.

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Pour la facilité de l’opération , on ne doit mettre ainfi en noir que les partiesoù l’on veutlaiP fer pénétrer les fonds , ce qui fe fait ordinairement aux têtes , aux pieds & aux mains. Cette méthode de mettre ainli en noir les yeux , la bouche, les oreilles, ce qui fait dominer les fonds, donne à celui qui applique le mordant, la facilité de bien delTiner les farraes ; fi au contraire on vouloit tracer après coup les yeux , le nez , h bouche, tout s’effaceroit & produiroit un très-mauvais effet. Les têtes , les pieds & les mains fe font avec du noir d’ivoire , & les draperies en rouge avec du vermillon. L’ouvrage ainfi difpofé efl : prêt à recevoir l’or ou l’argent. Leur application eft facile ; on couvre de mordant la partie qu’on veut dorer ; on renverfe la poudre d’or fur ce mordant , lorlqu’il eft à moitié fec, & on lui laiffe prendre autant d’or qu’il en veut : on laifTe enliiite fécher la pièce dans l’étuyeouau foleil.. Quand la poudre de métal paroît bien adaptée au mordant , on effaye avec la dent de loup ou brunilToir , de brunir un très-petit endroit. Si le poli vient bien > Se que le bruni foir beau & égal , on peut continuer le refte. Si , au contraire , on fent que le bruniffoir n’éprouve aucune réflftance , & que l’endroit qu’on veut polir fe raye , on attend que le tout foit bien fec.

L’or en chaux , l’or en poudre , l’orverd, l’or en coquilles , l’or faux , l’or d’aventurine , l’argent en poudre , la limaille d’argent , le cuivre , font les métaux qui fervent ordinairement à ces fortes d’ouvrages.

Or en chaux ; pfenez à la monnoîe de l’or de départ, réduifez-le en poudre en le broyant fur le porphyre. Lavez-le jufqu’àce que l’eau forte foitclaire , puis faites-le fécher au folfilou dans l’étuve. Servez-vous de cette poudre pour la mettre fur ce que vous aurez peint, en ne laiffant furie mordant que ce qu’il aura voulu prendre, & le laiflani bienféçhe}- av^nt que de le vernir.

Or en poudre. Prenez un livret d’or fin ,Tenrerfez-l. e fur une pierre à broyer que vous aurez enduite de miel , broyez ces feuilles d’or comme de la couleur, réduifez l’or en poudre impalpable, ramaflez-le & le jetiez dans un vafe. Lavez cette jnixtion d’or & de miel dans plufieurs eaux, jufqu’à ce que l’or Ipit dégagé du miel ; iJisctezie fécher, -^

Feuilles d’argent : même procé4é. Or& argent faux. On les employé à Spa pour les faux laques ; on les piépare par le même propédé. Les Chinois & les Japonois n’employent p ?s l’or faux : il§ font quelquefois ufage de l’é-L A Q

tain pour les terraffès, les montagnes, les rivières , & :c.

_ Or verd. C’efl : de l’or battu qui fe vend au livret fous cette couleur , & qui le prépare au miel, de la même manière que nous venon» d’expofer.

Or en coquille 8c argent en coquille. Ils fe vendent préparés ; on doit leur préférer l’or & l’argent broyés au miel.

Or aventurine , argent aventurlne. Ils fe vendent en livret & Ce broyent au miel. Il ne faut lesbroyer que jufqu’à ce qu’ils fôient réduits à la groITeur des têtes de ces petites épingles qu’on appelle camions. Quand on veut aventuriner un fond , on prend du vernis d’ambre : on en met une couche toute pure fur la pièce, & l’on poudre à quelque diftance fur la partie vernie. Le vernis d’ambre retient tout ce qui tombe , & forme un fond sveniuriné. Il faut avoirattention de jetter l’aventurine également , fans cela le fond feroit inégal , & feroit un mauvais effet. Les Chinois & les Japonois poffedent ilipérieurement l’art de faire des fond» aventurinés de la plus grande égalité.

Argent. On ne fe fert point d’argent en chaux. On prend un lingot d’argent , du titre de onze deniers de fin ; on le lime le plus fin qu’il efl : poffiible ; on broyé cette limaille fur le porphyre, comme l’or en chaux ; on la lave de même , & on l’employé de même fur le mordant.

La limaille de cuivre fe prépare ds même : ’^ le cuivre rouge , le cuivre jaune & la rofette donnent trois couleurs difîérentes. Le choix de ces différens ors & argens dé» pend du goût de l’artifte qui les emploie, & de ce qu’il croit le plus convenable a fon ouvrage -, à moins qu’on ne veuille imiter fervilement la pratique des Chinois ou des Japonois. Par exemple , ceux-ci fe fervent de l’or en chaux, & ceux-là de l’or en feuilles. Lorfqu’onfefert d’un or pour fervir de fond, & que l’on psint avec un autre par-delfus , il faut brunir l’un des deux , & laifier l’autre mat.

Les arabefqijes en faux laque acquerront de la valeur , quand ils feront dirigés par de bon* artifles. Nous n’avons fait , dans cet article , qu’extraire Van du ? cintre , Doreur, Vernif~ feur, par M. ^ATin. Nous n’avons pu ajouter par nous-mêmes aucun éclairçilfement fur des procédés dont nous n’avons aucune pratique : mais nous croyons que ceux qui voudroient s’çxercer en ce genre, pourroient y parvenir , d’après cet article , en commençant p^r faire des effais. Peut-être piême trouveroient-iI

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fo’ent-U des procédés heureux qui ne Teroîent <out-à-fait ni ceux des Chinois, ni ceux que iiifqu’à prafentont fuivi leurs imitateurs, mais qui n’en auroient pas moins de mérite. LAVIS. iful-JI. mafc. ) Manière de defllncr au pinceau , avec des matières colorantes délayées dins l’eau. Le nom de cette forte de delFin vient de ce qu’on femble laver le papier, en la frottant de couleur à pleine eau, çu de ce que la couleur efl : en grand lavage. Avant de faire ce qu’on appelle laver le d ?[jflii , on en cherche & on en établit le t.rait.

On cherche ordinairement le trait avec du C.ravon démine de plomb d’Angleterre ; comme il s’efface ailement avec de la mie de pain, ou une barbe de plume, ou de la gomms éîaftic |ue, on peut ie changer & le corriger à fon gré.

Quand on a trouvé le trait , & qu’on croit idefoir s’y tenir, on l’arrête à la plume. Le trait fe fait ordinairement à l’encre de la Chine. Si l’on vouloir faire un defTin très-fini, & dans lequel le contour fût annoncé , comme dans la ceinture, non par un trait fuivi, mais par la différence des tons, on ne mettroit pas le trait à la plume ; & même on efFaceroit affez le crait fait au crayon pour qu’il no parilt plus quand l’ouvrage léroit fini. Souvent les peintres, dans leuis eiquiffes , font le trait au pinceau.

C’eft quand le trait efl arrêté , que commence 1 opéra’i^n du lavis. On prend avec le pinceau beaucoup de couleur bien délayée pour établir les grandes maffes , tour à plat , (ans s’occuper des détails. Pour parvenir aux demiteintes légères , on trempe le pinceau dans l’eau, fans reprendre de couleur, & l’on étend, en approchant de3 lumières , la maiïe déjà établie , jufqa’à ce qu’elle s’accorde doucement avec le blanc du papier : on lent bien qu’il, faut opérer promptement, poiir ne pas laiffer à la couleur le tenipj de fecher. Ce lavage rrippe le papier : il faut donc avant d’y procéder , (ur-tout quand on veut faire un defTin Pfinl Sr agréable , tendre le papier fur. une {planche , en le collant pur les bords. Quand les maffes font établies , on paffe aux aétails. On tient à cô’é de foi un morceau de Ipapier blanc fur lequel on effaie fes teintes t^vant de les porter fi.r le deffin. On adoucit f.j& : l’on fond les teintes en prenant dans le Ipinceau do l’eau fans couleur ; on finit par Rtapper les touches. Quelquefois on fait des [fouches à la plume.

On peut fuivre une manière inverfe de celle tique nous venons de propofer ; ç’eft-à-dire , f^tablir d’abord les détails, & glacer enfuite ^es mafîes par-deffus : ce procédé doilnc plus Heaux-Arfs, Tgmf II.

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de tr’llant & de franfparence au delTm. La manière de fe corriger , dans ce genre de deffin , efl affez difficile : elle confifte à palTer une éponge mouillée fur ce qu’on a fait ; ce qui affoiblit tout l’ouvrage, & rend maître de faire des chansemens à l’ effet ; mais cette opération gâte le papier & nuit a la propreté du travail •, le papier deviendra même fpon-» gieux, fi l’ornie fe fert pas d’eau alunée. D’ailleurs on ne peut changer le trait , & les formes refirent telles qu’elles ont été d’abord établies : tout ce <|Ue l’on peut faire , c’eft d’en perdre quelques-unes dans les ombres , & de difllmuler au moins les défauts qu’on ne peut détruire. Mais on peut , tant que l’on veut ,. retoucher fon deffein , en étendre, en renforcer les malTes d’ombres, en rendre les touches plus vigouretLfes , en rendre l’effet plus fier & plus pi."iaan :. On connoi : des deffins ébauchés au lavis , & terminés à la plume ou au crayon." Tous les procédés font bons, quand on s’en fert artifTement.

Le deffin au lavis efl : prompt & expéditif,. Scies ouvrages faits dans ce genre font fixés au même initant où ils font fecs ; ils ne craignent pas le frottement comme les de’Iîns ait crayon relevés de blanc. Raiement les peintres employeur cette manière de delFiner pour faire des ouvrage.s très-finis ; mais ils en font ufage pour leurs efquiffes, & la négligenca fpirituelie & lavante de. ces morceaux y ajoute un nouveau prix.

Le b’ftre & l’encre de la Chine , vraie ou contrefai’e, font les fubflances avec lefquelles on deffine le plus ordinairement au lavis. Mais on peut employer en ce genre toutes les couleurs crar.fparen’es.

Qtiand on mélange ces couleurs , en forte que l’ouvrage devienne une forte de peinture, ce genre change de nom, & prend celui de dniïin. à l’aquarelle. On peut tirer, pour S cette manière de deffiner, des couleurs de d’fFérens fruits , en y ajoutant de la diiTolution d’alun. Voici celles qui font indiquées dansie traité de la peinture au pajlel. Les baies mures du nerprun fourniffenc un beau verd ; voyez laq^ue verte. On tire aufli des pétales bleues ’ de l’iris une fécule verte , mais bien inférieure à la précédente. Les baies d’hièble , traitées comme celles du nerprun , donnent une liqueur violette, mais que l’addition de l’alun rend bleues. Celles de ronce , ou mûres de haies , bouillies avec de l’alun , donnent une belle couleur purpurine. Beaucoup ^ d’autres baies de plantes , au moyen de la décoélion avec l’aïun, peuvent fournir de même, pour le lavis , des fucs colorés. Telles font les gror feilles , les framboifes, les çerifes noires, les pellicules des baies de caffis , mûres en Juin ; les graines de carence , mûres en Novembre j Q q q q

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les fruits dû marier noir , mûrs en Août ; les baies de liireau , mûres en Otlobre ; les décoâîons des bois de Fernambouc & de Campêche. La gomme-gutte feule , avec un peu d’eau, fourni : le jaune, ainii que la pierre de fiel. Le csrmin donne le cr.itnoili ; mais il faut le broyer avec une légère difiblution de gomme arabique : le bleu de Pruffe , on la décoction d’un peu d’indigo, réduit en poudre avec de l’alun, donne du bleu ; le yerdet , la couleur d’eau ; miis il faut avoir attention de ne pas liicer le pinceau imbibé de cet(6 ? couleur qui eft un poilon. La décoftion des racines de tormentille produit une couleur fauve , & donne du noir fi l’on y joint du vitriol de Mars ; mais le noir dont on fait le plus fréquent ulage eft l’encré de la Chine : le biftre , bien broyé , donne le brun. On peut mettre en tablettes tous les fucs colorans dont nous •venons de parler, en y joignant, lorfqu’on les fait bouillir, un peu de colle de poiflbn. La colle, en féehant dans des moules de carte, qu’il faut oindre auparavant de beurre ou de graiffe , leur donnera la confiftance de l’encre de la Chine , qui fe fait de la même manière avec de l’extrait de régliffe & du noir de charbon , réduits en bouillie par la mollette. LAVIS. Gravure à l’imitation du lavis. Nous avons donné à l’anicle Gravure , le procédé de M. Leprince , tel qu’il a été communiqué à rAcadéniie de peinture de Paris -. mais il paroît certain que cette communication a été imparfaite, & qu’en la^ donnant, on s’eft rélèrvé des fecrets. Les perfonnss qi ;i voudront renouveller ce procédé, feront obligées de faire elles-mêmes, d’après les indications données , des recherches pou- découvrir les parties de L’opération qui n’ont point été communiquées. Dans le fecret de Leprince , tel qu’il a été publié, il fe trouve des moyens qui fe détruifent les uns les autres : la diiEculté eft de parvenir à les accorder entre eux , ou à les lier par quelques autres moyens fur Icfquels on a gardé le filence. Cette difficulté n’eft pas jnfurmontable ; plufieurs perfonnes l’ont vaincue ; mais elles gardent le fecret à leur tour. M. Marinier, graveur à talent , a trouvé, ipeu-près dans le même temps que M. Leprince, un procédé différent, dont les effais qu’il a fai’s prouvent la bonté •. comme il fe promet de faire quelque jour un plus grand ufage de fa découverte, il juge à propos de fe la réferver.

Nous ne pouvons donc rien ajouter ici fur les différentes manières de graver au /avi/ par le moyen de divers mordans , & de dlverfe ; liqueurs, puifque les artifîes qui employent ce moyen s’accordent à en faire un fecret. Mais nous avoas ditj fous le mot Gravure j L A V

que la manière la plus ordinaire de graver ï l’imitation du lavis , s’opère par le moyen de divers outils du genre des roulettes. Nous devons revenir fur ce procédé, parce que des artiftes qui en font ufage avec fuccès , ont bien voulu nous communiqiîer de nouvellei Ijm’ères , & même opérer fous nos yeux. On commence par établir le trait. Quandon veut expédier , & qu’on cherche plutôt à faire vite , qu’on ne tend à la perfeûion , on fait le trait à la pointe, & on le fait mordre à l’eau-forte : mais il a toujours de l’aigiepr, & ne s’accorde pas bien avec le travail moelleux du lavis. Il faut donc tracer d’abord , comme on le fait dans la gravure au burin pur, & enfuite afTurer & acciifer le trait avec l’outil nommé roulette fine. Il ne faut que comparer deux eflampes où le trait ait été fait , dans l’une , par le premier procédé , dans l’autre par le fécond , pour en bien fentir la diffërettce.

Le trait fait , on établît les fortes maffes avec un outil ferme & qui creufe profondément, & on ébarbe bien ces premiers travaux. Enfuite on pafle fur toute la planche , excepté aux endroits où l’on veut réferver le blanc du papier, jne maCTe générale , avec un outil doux. Ce procédé efl à-peu-près le même que celui par lequel on donne le ^rcné aux cuivres qu’on veut graver en manière noire, excepté q’-'e, pour la manière noire, on graine le cuivre avec un berceau, & que, potir la gravure au lavis , on le graine avec une roulette. On promène par tout la roulette au moins quatre fois , en quatre direflions différentes. Ces directions font les mêmes que celles dans lefquelles on promèrse le berceau, f^oye^ au mot Gravure, la préparation du cuivre par la maniér-e noi’e.

Après que la msffe générale efî établie & ébarbée , on y ajoute du ton avec une roulerte qui tient à-peu-près le milieu entre les deux dont on vient de parler ; c’cft-à-dire , celle qui a creufé les fortes maifes , & celle qui a donné la maffe générale : on n’ébarbe pas que la maffe ne foit généralement établie. Lorfque nous parlons ici d’une maffe générale , il ne faut pas prendre ce mot à la rigueur, comme dans la gravure en manièrenoire, où l’on donne à toute la planche une feule maffe du même grain. Dans la gravure au lavis, la maffe générale ne doit s’entendre que pour les objets qui font à-peu-près fur le même plan. Mais fi l’on veut exprimer l’effet d’un lointain , dont le ton foit fort tendre ’, ri faut en établir féparémsnt la maffe avec une roulette d^un grain trèî-ferré & fort doux. Si l’ouvrage original que l’on veut imiter oô’e une grande variété de plans , on préparera la Ihalfe de ces plans divers avec des roulettes 3e diftërens grains.

A la manière noirs , on cherche les lumières , les deini-teintes , les reflers dans la maffi ; générale , en ufant le grain avec un gratoir. II n’en eft pas de même du grain formé paf la roulette ; on en dégrade le ton feulement avec le bruniffoir. On peut, dans les parties où les dérails l’exigent, ajourer enfuite du ton avec une roulette à-psu-près femblable à l’une des deux dernières dont on s’efl fervl. On Lsnt que cette gravure , s’approchant beaucoup du procède de la manière noire , eft aufli for : expéditive.

LAVIS. Gravure a r imitation du lavis coloré ^ que l’on nomme y^ÇuARELLE. La manière de graver qu’on employé pour parvenir à cette imitation , eft celle dont nous venons de donner le procède à l’article précédent. Par les différentes planches qu’il faut graver & accorder entre elles par les diverl’es couleurs , elle (e rapproche de la gravure en couleurs inventée par Leblon. ^’ovf^cequi en a été dit fous iepiot Gs.<f-"[/RE. Les Graveurs qui imicenc le lavis coloré, le fervent de cinq planches.

Première planche. Noir.

Seconde planche. Petit- rouge,

Troijlémt planche. Carmin.

. Quatrième planche. Bleu.

Cinquième planche. .Taune-

La première planche , celle du noir , fe gr.ave comme nous l’avons dit à l’article précédent, & eft plus chargée de travail que toutes les autres. Le trait, les formes , les maffes, les détails y font établis. Les épreuves feparées de cette planche reffemblentà un ouvrage terminé , & offrent l’imitation d’un delTin à l’encre de la Chine. Les travaux de la planche du jaune doivent être d’un grain plus gros que ceux des autres couleurs ; ils fe gravent avec une roulette d’un grain plus fort.

Les planches du bleu , du carmin , du petit rouge , fe gravent avec un outil moyen. On défalque fur chaque planche le trait de la planche noire ; mais il ne fert qu’à guider : il ne doit être ni mordu à l’eau-forte, ni rendu fenfible parle travail de la roulette.

Qu^riid les cinq planches font gravées , voipi t A V

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l’ordre dans lequel on les fait imprimer. On tire d’abord les épreuves du jaune, & tout de fuite , on imprime par-deffus ces épreuves encore humides , la planche dublou ; puis on fait fécher. Les épreuves étant bien lèches, on les moi^illa à l’éponge ; on tire les épreuves de la planche de carmin , & on les laiffe fecher. On humeéle de nouveau & de la même manière ; puis on tire de fuite^ fansfairelecher , les épreuves du petit rouge & celles du noir. De très-habiles graveurs en ce genre ccm- ? mencent par faire tirer les épreuves du noir : mais tous s’accordent à mettre dans le même rangle tiraj^e des planchée deftinéesaux quatre couleurs. Quand on imprime d’abord la planche r.oire , on en tait fécher l’épreuve , & fuccefii’-ement les épreuves de chaque planche avant de tirer celles de la planche fuivanre. Quelquefois, fuivatjt la couleur du deffin , on peut Ifc contenter de quatre planches ; mais on ne fe paffe jamais’ de celle qui s’imprime en noir. Il ne nous refte plus qu’à indiquer les fubftani» ces dont on fait ufage pour les différentes cou-«  leurs.

Jaune. Stil-dergrain de Troies. On y mêle ■ plus ou moins de blanc de plomb , fuiyanc % teinte qu’exige le defUn.

Bleu, Bleu de Pruffe. C’eft le feul qui con-TÎenne à ce genre. On a effayé fans fuccès éea couleurs plus précieufes. Seul, il feroit gras : on le dégraiffe en y mêlant du fel de talc en fortpetite quantité. On fait entrer du blanc dans cettg teinte fuivant le befoin.

Ciirmin,

Petit-rouge. Vermillon , mêlé de carmin ou de blanc de plomb , fuivant la force du ton. Nous avons nommé les principales couleurs dont on fait ufege dans ce génie : mais on peut les y rompre par d’autres , & le choix dépend de l’intelligence de l’artifte. On fait d’ailleurs que toutes les couleurs doivent être bien purifiées , bien broyées , & avoir toute la tranfparence dont elles font fufceptibles. Elles fe détrempent à l’huile , comme dans la Gravure en couleurs de Leblon.

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MANGANAISE ou MAGNÉSIE(fubfl.fera.) ; forte de mine de fer , très-psuvte £j fort réfractaire , d’un gris noirâtre & aff^z femblable à l’aimant. Elle efl : d’un grand u’.agedar.s les pcteriesde terre & dans les verreries ; & ells fournità la f einmre en émail une couleur pourpre. MANNEQUIN, (TubAr. mafc.) Machine dont îa charpente imice alTez bien le Iquelette du corps humain , & qui , par le moyen de boules , en expiitne le mouvemeîit. On reniboure de crin cette charpente, & on la douvre de peau , ou de foie travaillés au méiier comme pour les bas , ce qui la rapproche . autant quM efl : pofîible , de la figure humaine. Les peintres revêtent cette machine fuivan : le befoin , pour étudier les favmes des draperies dont les plis font trop fujets à varier fur un modale vivant, qui ne peut fe prêter longtemps à l’état d’un repos ablolu. VoycT^Xii delcription du mannequin à l’article Dessin. MAROUFFLE , ( fubft. mafc. ) C’efl : de l’orcouleur rendu épais & gluant par une grande «uiflbn , & qui furm.e une colie forte & tenace. ^ MAROUFFLER, ( v. ad.) C’eft coller un ouvrage de peinture avec du maioiiffle. On peut rnizroiiff.’er fur une plus grande toile un ouvrage de peinture fait fut une toile tiop petite pour recevoir toute la compofition que l’on fe propofe : |>ar exemple , fi un peintre de portraits a fait fur tjne petitetoile une tCte qui doit faire partie d’un jiorrraic en pied ou à mi-corps, il n’efr fas néiceiTaire qu’il recommence cette ter e fur ia grande toile, au rifquede latraiteravecplus dé froideur ; mais il la marouffieTuv cette grande toiie. Quand on peint à l’huile & fur loiie dans l’artelier , des plafonds ou de» tableaux qui doivent être appliqués ’àir le mur comme des frefqi’es, il faut enfuire les marouffler fur la place qui doit le recevoir, c’eft-à-dire , les fixer fur cet :e place far le moyen de la colie nommée maroujfle. On en frotte le derrière de la toile , en le couchant fort épais ; on en met une covche également épaiiTé au mur ou plafond qui doit recevoir l’ouvrage. Quand ia toile efVappiiquée/au plafond ou su mur, on ia contient avec des doux que l’on fiche tout autour & iiir toute !a furface de diftance en diftance , & que l’on, retient fur la loile par des morceaux de papier plies en cinq ou fix doubles. Quand le maroufle eil bien fec , on ô :e les clous. Si le mur eli de nature à boire l’huile, il faut commencer par l’imrrimer de plufiei rs couches d’huile qu’en laiffe Pécher avan : d’étendre le mjrouJPe : fans eetfe p écaurion , le mur boiroit l’huile du ma’oujfie lui-même , le laifferoit à fec , & le rendroit incapable de retenir le tableau.

MARTELINE. (fubft. fém. ) Marteau à l’ufagedes Sculpteurs. 11 eft armé de dents faites en taille de diamant.

MASSE, (rubfï. fém. ) Fort & pefanr marteau de fer à l’uiage des fculpteurs en marbre. Il décrit un quarrc plus uu moins long , & eft partout de la même épaiffeur.

MASSICOT. ( fubft. mafc. ) Le maJJIcor n’eft atitre chofe qu’une ehaux de plomb calcinée , & qui prend différentes teintes fuivant les difFérens degrés de ca !cina"ion , ce qui le fait diftribuer en majjicot blaix , jaune & doré. Le nuijjicot hlanc lui-même eft d’un jaune tendre. Quelle quefoit la calcination qu’il ait fubic , c’eft toujours une couleur perfide, parce que toujours il tend à lé revivifier en métal, & à pafTeraVi npr ; il faut le rejerter des ouvrages auxquels on veut affûter une beauté dr.rabie. A’oici la manière dont fe fait le mûj^cot. On concaffi- de la cérufe en morceaux gros comme des avelines, qu’on met fur le feu dans une pcële de fir , & qu’on remue comme le café qu’on fait brûler. Il faut ia calciner en plein ïir, -& en éviter la vapeur qui eft mortelle. Un degré de feu plusfcible procure 1° bijJJïcoc bianc , plus fortle m a Jfi c o t c’iu on ^ & encore plus ilemafficot doré.

Voici une autre manière de faire le mcfficot , indiquée dans l’ancienne Encvclopf’die On rem’. pli ; de céiufe dé vieux canons de piftolets ;on bouche ces canor.s avec rie la tei re giïil’e , & on les met dans le feu oii on le’ tient rouges pendant quat’eou cinq heures : au bout de ce temps , le majjîcot eff fait.

Leite méthode peut être bonne pour éviter la vapeur empoifonnée de la chaux de pkmb- ; mais pour être fur de donner nu majjicot une teinte plus ou moins forte , il eft mieux de travailler à découvert.

Le fait fuivant, rapporté dans le Traité de îa peinture enpajîel , fuffir pour prouver la mauvaife qualité des maïïicoîs , confidérés comme couleurs. » J’avois mis , dit l’auieur , à l’entrîe de

» l’hiver , fur une carte , au bord d’une fenêtre B qui donnoit fur la rue , de la cérufe que j’avois » fait paffer à la couleur jaune un peu fafrance » par le moyen du feu : quinze jours après , je » trouTai ce majjîcot à l’exiérieur entièrement » couvert de plomb. »

MATOÎR. ( fuba. mafc. ) Infiniment d’acier dont fe fervent les graveurs en pUifieursgenres, tels que ceux en cachets , ceux à la manière du crayon, &-c C’eft une forte de ciCele’ , ou de branche d’acier de plufieurs pouces de long. Un bout eft arrondi, & c’efl : fur ce bout que l’on frappe avec le marteau ; l’autre bout cfi grené. On y donne ce grain en i’iappanc fur une 1 me dont les dents foient proportionnés à la g-ainure qu’on veut faire prendre à l’outil. Les dents de la lime entrent daus le matoir & y forment un travail femblable à ces dents. On trempe enfuire l’acier. La roulette & l’outil qu’on appelle fi,-, e, fout de véritables matoirs , iiir lefquels on ne fi’appe pas avec le marteau , parce qu’au moyen de leur conftruâion , la force du marteau eft iuppléee parcelle du levier.

MATRICE, (fubft. frnu ) C’efl , en terme de lîionnoysge , un morceau d’acier , gravé en creux , ii enfuite bien trempé , par lequel, au moyen du balancier, on imprime un autre morceau d’ac’er qui n’ed point trempé, & qui, à force d’être frappé, prend en relief la forme de la grai’ure que porte la matrice. Cette pièce en relief, fournie par le creux de la matrice, fe rorame poinçon, parce qu’elle a quelque rapport, moins parla forme que par l’ufage , avec l’outil qui porte le même nom, & parce qu’elle fert de même à reproduire en creux la figure qu’elle porte en relief.

Le graveur d’une monnoie nouvelle , fait fon ouvrage en relief ou en creux , comme il le trouve pjus commode. S’il le fait en creux, c’efl la matrice originale. S’il commence par le relief, quand fon ouvrage eft fini , il le trempe & l’imprime fur une niaïïe d’acier pour fe faire une viatrice originale ; car i’I lui en faut toujour.î une pour en ti’-er enfuite les po’nçons qu’il diftribuera aux autres graveurs. Ces poinçons rcpréfenteront ou la tête du roi , ou tout autre type do monnoie. Les grai’eurs particuliers impriment avec ces poinçons trempés , fur de l’acier nontrempé , les coins ou qiiarrés qui doivent fervir à monnayer. Ils y frappent au(fi les lettres & la bordure ; & , pour ces ohiets mêmes , le premier graveur fournit des matrices de détail, d’où ils tirent des poinçons de lettres & autres. On conçoit par-là que, fi ces opérations font faîtes avec attention , tous les coins doivent reffembler parfaitement au premier original , & par conféquent fe refTembler parfaitenîent entre eux. On donne quelquefois le ïiom-àQTnatrices à ce M I N


que je viens d’appeller coins ou quarrés de monnoies , de jettons ou de médailles. Ces coins méritent en effet ce nom , puifqu’ils produifent de même une gravure identique fur les flaons que l’on monnoye. Le mot flaon , qu’on prononce fliZTi , eff un terme propre du monnoyage. Il vient apparemment du verbe lit’inflare , fondre. C’eft la pièce de méral qui eft toute unie avant rimprefîlon. Le métal eft d’abord mis en fonte dans un creulet , & coulé dans des moules en petits ronds ou en lames. Ces James fondues pour être réduite :, à une épa ffeur égaie & proportionnée au poids qu’on veut donner aux flaons, font’ paffles au laminoir entre deux cylindres d’acier : on les coupe enfuite d’un feu ! coup avec un inftrumcnt nommé coupoir : on les marque avec un autre inftrunient fur la tranche , & on les recuit avant de les préfenter fous les coins pour iubir ie ’ coup ou les coups du balancier. Ces flaons perdent alors leur no’m & prennent celui de louis , d’écus , de fols , de jettons ou de médailles , fuivant leur deflinarion ou leur valeur, {article deAl.DuriviEH.)

Aïeule, (fubft. fém.) Cet inflrument eflnécedaire aux fculpteurs il ; aux graveurs, pour aigulfer les inftrumens de leur art. Elle a la forme de celles que l’on voit aux rémouleurs ambulans que l’on nomme ga^ne-petit. Elle eft repréfentée planche II. de Id. gravure en bols. MINE -DE -PLOMB, (f.bft. fém. comp. ) Ce frainfi que les artiftes appel lent la molybdène, fubftance d’un gris noiiâire & brillant dont on fait des crayons. Elle eft friable & douce au toucher, & lemble favoneufe : elledonne aux mains une couleur grifàtre perlée , & fe détruit difficilement au feu. Voyez l’article Crayon. MINIATURE, (fubft. fém.) Efpéce de pcinture en détrempe, dans laquelle on employé un travail pointillé, au moins pourles chairs. Le nom de la miniature femble être dérivé de la couleur qu’on appelle minii/m. Cependant les mimaturijîes , loin d’employer cette couleur de préférence aux autres , ont coutume d’en faire peu d’iifage, parce qu’elle aie défaut de changer & de pouffer au noir. Il eft donc probable que la ; miniature a. rei^u fon nom , maintenant confacré par l’ufage , de pcrfonnes qui connoiffoient peu les procédés de l’art , & non des artiftes qui le profefioient. Il eft poffible auffi que’ ce genre de peinture ayant été longtemps abandonné aux imsgiftes, pour la décoration des manufcritï , ces ouvriers, à certaines époques , fe fuient beaucoup fervis de minium, furtout pour les carnations, & que, de leur pratique vicieufe, mais qui pouvait alors fembler agréable , foie née lî dénomination ^e l’art qu’ils exerçoient. Peut-être aulTi donnoit-on alors le nom âe ml6-]%

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nium au carmin , dont les miniaturlftes font uh afTei grand ufage.

Ce genre eft confacrc à des ouvrages de petites proportions : dc-’à quelc^ies perlonnes ont cru que le nom de la miniature , qu’elles prononcent mignaturc , eit venu du mot mignard : mais cette étymologie eft rorcée & contraire à l’analogie des dérives : les deux lettres rd doivent refterdatis les dérivés du mot mignard , comme on le voit dansles mots , mignarder , mignardifc. . Le mot miniature eft fouvont pris pour l’ouvrage peint en ce genre : on dit une miniature , pour dire un ouvrage peint en miniature. Mais on s’exprime mal quand on appelle miniatures àas, ouvrages en émail , à l’huile , ou à gouazze , par la railbn qu’ils font peints en petit : car ce mot ne deiigno pas la proportion de l’ouvrage, mais le procédé par lequel il eft fait. En parlant d’une miniature , on ne le fert guère du mot mfe /«<7K -, mais on dit, un ouvrage, une peinture, un portrait en miniature.

On peint dans ce genre fur une fubftance blanche, le marbre, l’albâtre, le vélin, l’ivoire : on employé des couleurs légères, i !s :longt-em : .s on n’a pas fait ufage du blanc , mais on laiilbit travailler le blanc du fond , comms lorfqu’on delTme fur papier blanc. On appelloit cette pain :ure à re/ni gne ., ^ztce qu’on épargnait le fond pour rendre les clairs , on ne fe leri’oit pas même de blanc dans les teintes ; on employoit toutes les couleurs Amples , & : on les dégiadoiten les détrempant plus légères ; comme lorfqu’on delTinc à l’encre de la Cliine ou au biftre , on met plus d’eau dans l ;s demi-teintes que dans les ombres.

Mais avec le temps on a fenti la nécefTiré d’admettre le mélange du blanc dans les couleurs pour dégrader les teintes , comme dans les autres genres de peinture ; on a feulement perlifté à i’e'xclure du pointillé des chairs. Des artiftes intelligens ont travaillé à augmenter le nombre des couleurs fimples, & à les rendre plus légères. Leurs progrès ont affocié leur art aux autres genres de peinture , par la liberté & la facilité qu’ils ont acquifes de multiplier les tons : ils 150 permettent pas , en quelque forte, de reconnottre dans leurs ouvrages la difette cil nous fommes de couleurs légères.

Van Dondre , en Hollande, Torrentius & Hufnagel en Flandre , Volfaek en .Allemagne, ont les premiers rejette la féchereffe de l’ancienne manière , & , fi l’on en excepte le nud , ils ont peint de pleine couleur , comme à l’huile. La peinture en miniature florlflbit depuis longtemps en Hollande , en Flandre & en Allemagne , & n’étoit encore en F rance qu’une forte d’enluminure. On ne faifoit guère que des portraits à l’épargne, péniblement & féchement pointillés , dans lefquelson admiroit moins l’art qufi la patience. Enfin les Rofalba , les Harlo, MIN

les Macé , fuîvîs par des artiftes dignes de leuè fuccéder, ont appris aux François que la miniature pouvoir avoir aulli des grands maîtres. Des peintres ont effayé de fendre l’hiftoire en miniature , & ont montre que leur art pourroit devenir capable d’exprimer en petit de grandes chofrs. Comme la miniatu e qui peut ébaucher fes travaux en couchant la couleur , les termine au moins en la pointillant, c’eft le genre de peinture qui peut parvenir le plus aifsment au fini le plus précieux , par la facilité. qUe donnent les points d’unir les teintes , de les fondre enfemble & de les attendrir.

La miniature o^ere fur différentes fortes de fonds , ou de fubfiancisi_nous l’avons déjà dit. C’)mmençonsà parler du velin. Celui fur lequel on peint eft fait de peau de v eau mort-né. Levélin d’Angleterre & de Picardie eft préférable-,^our la peinture, à celui de Flandre & de Normandie. Le vélin d’Angleterre eft trè^-doux & afiéz blanc ,■ celui de Picardie l’eft encore davantage. Les peintres exigent que le vélin Ibît de la plus grande blanc] ;eur , qu’il ne fait ni gras, ni tro :té de chaux, & qu’il ne s’y trouve pas de. petites tac l^çs , ni ds ces veines claires qui s’y rencontrent fi fouvent. I ! doit être bien collé& nullement fpongieux Si 1 on applique le bout de la langue fur l’un des coins, l’endroit mouillé doit être un peu de temps à fe fécher : sil fe féche ; au contraire très-promprenicnt , il boit, & doit être rejette. On ne peint plus atijourd’hui fur le vélin, à moins qu’on ne traite des fujets affea étendus pour qu’on ne puiffb trouver d’affez grandes tablettes d’ivoire. Avec quelqu’art que l’on puilVc opérer fur le vélin , le travail n’a jamais la même fineffe ni le même agrément. Si Ion veut peindie iur du papier, il faut le choifir fin & uni & bien encollé. Il feroit bon de lui donner une imprellion ; c’efl-à-dire , d’y palTer une ou deux couches légères de blanc de plomb , détrempé dans de l’eau de colle ; on polira ces couches quand elles feront féçhes. Nous détaillerons bientôt cette opération , en parlant de la miniature fur toile.

Le vélin ou le papier , humefté parla couleur, ne manqueroit pas de fe gripper : il faut donc qu’ils foient bien folidement tendus. On prend une petite planche, ou une plaque de cuivre, ou un fort carton de la grandeur du fujet qu’on veut peindre. On humefte légèrement le véliri ou le papier par derrière avec de l’eau bien nette ; & on le colle leulement par les bordi à la planche de bois ou de cuivre, ou au carton : les bords doivent être repliés en deffbus au derrière de la planche ; & entre la planche & le vélin , on met un papier blanc. En collant , il faut tirer le vélin ou le papier pour qu’ils foient bien étendus. On prendra garde que la colle ne foit que fur les bords ; s’il s’en attachoif à la partie du vélin

qui fe trouvera ^u revers de la peinture , çljç
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pourroît y caufer quelque grimace, & empê- j cheroit d’ailleurs de l’enlever à volonté de deffus i la planche.

On peut aufli peindre en miniature fur de la toile fine ou fur du bois , mais ces fonds ne s employent qu’avec des préparations. La toile s’imprime de quelques couches de blanc de plomb broyé d’abord à pluiieurs reprifesavec de l’eau très-notte : lorfque ce blanc efl bien fec , on le bioye encore , St pour la dernière fois , avsc de l’eau de colle de gants ou de parchemin. Le blanc ne doit pas être couché trop épais fur la toile ; il fuffit d’en mettre gros comme une noix fur un verre de colle. On l’applique médiocrement chaud, & l’on en met deux ou trois couihes. Pour enlever les petites înégalicésj les grumeaux qui auront pu s’y former , &. qui nuiroient à la netteté & au poli du fond , on le frotte légèrement avec une pierreponce , ou mieux encore avec de la prêle : & on repaffe enfuite une couche du même blanc encore un peu plus clair. *

L’imprcflion fur bois ne differ ;; de celle qu’on donne à la toile , qu’en ce qu’il faut que la premierecouche foi t de colle pure & toute bouillante , pour qu’elle pénétre mieux dans le bois, ik que s’unilfant avec les autres couches dent elle fera couverte , toutes ne faffenr enfemble qu’un feul corps. On unit ces couchosavec de la piêle , comme celles dont on imprime la toile , & on les polit en patTant légèrement par-deifus un linge net Se mouillé.

Quoique l’a'.bà re, le marbre blanc, & en général toutes les fubïlances blanches qui ne font pas fpongieufes, & ne boivent pas la couleur , foient propres à recevoir la winiMure , on a fini par f-référer généralement l’ivoire. Il eft bien plus commo.de que le vélin qu’on avoit long-temps adopté , & il efl bien plus fufceptible de recevoir un fini précieux. Il feroit fans reproche s’il n’étoit oas fujet à jaunir ; défaut qui le fera peut-être abandonner encore une fois, mais dont le vélin n’eftpas exempt lui-même. Au refte on é.ite, ou l’on éloigne au moins confidérablement le danger d’employer un ivoire qui jauniffe en vieilliffant , fi on le choifit d’une teinte bleuâtre ;c’efl :ce que , par rapport à cette teinte , on appelle de l’ivoire verd. Il doit être choifi très-blanc , fans veines apparentes , fort uni , fans cependant être poli , & réduit en tableires fiirt minces, parce que plus il eft épais , & plus Ion opacité lui donne un ton roux. Il tft très-important d’éviter les ondes qui fe trouvent dans l’ivoire , furtout lorfque, par la difpofition du fujec qu’on veut peindre, ces ondes fe reneontreroient dans les chairs.

Avant de peindre deffus , dit-on dans l’ancienne Encyclopédie, on y paffe légèrement un linge blanc ou un peu de coton imbibé , ou du vinaigre blanc ou d’alun de roche , & on l’effuie M I N.

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auffïtôt. Cette préparation dégraiffe l’ivoîre , luî ôre l’on grand poii , s’il en a , & la légère imprellion de lel qui refte encore deffus , fait que les couleurs s’y attachent mieux : de i’eau falée pourroit fulfire.

Cefel de l’alun ou de l’eau falée , doit infpïrer de la défiance pour ce procédé ; car tout fel efl porté à venir à l’efflnrefcence par l’impreirion de l’humidité ; & fuivant la quantité dans laquelle il fe trouve , il ne peut manquer de gâter plus ou moins les couleurs en les couvrant d’une légère farine dans laquelle elles fe dscompofent. Il vaut donc bien mieux fuivre la pratique des miniiituiijies qui planent l’ivoire avec foin , au moyen d’un graioir avec lequel ils font difparoîtré les raies de la fcie de l’ouvrier, & qui enluite y pafTent légèrement avec le doigt de la poudre très-fine de pierre -ponce pour le dégraiffer. On colle derrière l’ivoire un papier blanc avec dp la gomme. Comme nous avons dit que les tablettes d’ivoire dévoient être fort minces, eiles ont de la tranfparence : par conféquent , la blancheur du papier les pénétre & augmente celle qui leur cft propre.

Si l’on peint fir marbre on fur l’albâtre , on fera la même préparation que pour l’ivoire. On peut aulfi pe

àre en mlniarure fur des co-

quilles d’œufî. Indépendamment des préparations dont nous venons de parler, elles en exigent encore une autre ; c’efî : qu’il faut les amollir pour les redrefTer. Leur fragilité femble fuffire pour les faire rejertcr : cependant fi elles l’emportoient à d’autres égards fur les autres fonds , elles reeevroient allez de fbliiité de la glace qui les couvriroit , & de la plaque de métal fur laquelle elles po :irroient être appliquées. Enfin on a peint en miniature fur ces feuilles qu’on nomme tablettes , 8c qui fervent à écrire avec une a’guille d’or & d’argent , les choies dont on veut ib fouvenir. Cependant on peut dire que les fubftanccs fur lefquelles peignent lesminiaturiiles , fe bornent généralement au élin &a l’ivo’re.

On ne fe fertpas ordinairement de crayon pour chercher le trait fur le fond qu’on deftine à recevoir la peinture ; mais on trace avec une aiguille d’or, d’argent, ou même de cuivre, & l’on efface les faux traits avec de la mie de pain. fur le vélin , & avec de la poudre très-fine de pierre-porce fur l’ivoire. Pour éviter deles multiplier , il eil bon d’arrêter auparavant fa penfée , & de deffiner d’abord correflement fur un papier fin ce que l’on veut peindre : on calqueraenfuite ce trait fur le vélin par le procédé que nous avons indiqué au mot Calque. Si l’on fe propofe de copier en miniature un tableau d’une plus grande proportion , on s’afTurera de la précifion & de la fidélij :é de la copie , en réduifant d’abord le fujet prr le moyen des quarreaux : voye^ à l’article Dessin, la manière de réduire aux quarreaux> (S8o

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Le trait étant réduit , on ]e pisrte , paf le moyen du calque , fur le fond que l’on veut peindre. D’habiles artifl :es trouvent qii’il y a toujours de l’inconvénient à chercher le trait non-fculement au crayon de mine de plomb , mais même à l’aifîuille qui donne des tra’ts encore plus fins. En effet, on ne peut effacer las faux traits avec la poudre de piei re pon ;e , fans affaiblir confidérablcment ceux qui doivent reltar , & fans rifquer fouvent do les perdre. Ils aiment donc bien mieux deffiner au pinceau, parce qu’on enlève aifoment les faux traits avec le pinceau imbibé d’eau.

La plupart des couleurs dont on fait ufage à l’huile ou en détrempe , peuvent ; erre employées en mhiiacim. Il vaut cependant mieux rejetter beaucoup de couleurs fimples qui font fujettes à changer, & piendre la peine de compoitrles teintes avec un plus petit nombre de couleurs. Voici l’énumération des couleurs dontfe fervent ordinairement les miniaturiftes. LeBlane à : céruje’ àt Venife. On ne fe fert pas de blanc de plomb en miniature. Comme celui de cérufe efl ai^lli métallique, il feroic unie de pouvoir s’en pafîer. On propofe dans l’ancienne Encyclopédie, un blanc qui ne change jamais, & qui efl : fait d’os de pieds de mouton calcinés, broyés & préparés comme le biftre.’ Voyez Bistre.

Le carmin. •

L’outre- mer.

Le bleu de PrulTc.

La laque de Venife.

Le vermillon.

Le btun-ro’Jge.

La pierre de fiel,

L’ochro iaune.

L’ochrede rut.

La terre d’ombre.

La terre de Cologne,

La terre d’Italie.

Le ftil-de-gr. de Troies.

La gomme gutte.

Le jaune de Naples.

L’Inde.

Le noii d’ivoire.

L’encre de la Chine.

Le biftre.

Le vc’rd d’Iris.

Le verd de velïïe.

La cendre verte.

Le vetd de montagne.

Il vaudra mieux ne pas employer les deux derniers verds qui font métalliques ,& par conlequent ^lerfides : & généralement il fera toujours plus fur de ccmpofer les verds fur la palette. L’orpin eftconifteau nombre des couleurs qui appartiennent aux miniatttrifles : nous l’avons omis à deffein ; dîabord pa.-ce que, malgré fa beauté qui eft capable de f ;duire , il efl fujer à changer, comme toutes les couleurs métalliques i & enluite parce qu’étant un poifon , il efl fort dangereux pour les peintres en miriiaru. e , qui ont l’habitude de porter leurs pinceaux à la bouche.

Le fiel d’anguille doit être mis au nombre des couleurs pour la miniature : on l’employé fans goipîne. Il eft très- bon pour glacer , & peutaufU MIN

varier les verds dans le payfage en le mêlant avec diftérens bleus. Mêlé avec les couleurs vertes , grifes , jaunes & noires , il en augmente la forC)C &c l’éclat. Il faut tirer le fiel des anguilles quand on les écorche , & le pendre à un clou pot :r le faire fécher. Lorfqu’on veut s’en Servir, on le détrempe dans un peu d’eau -de -vie, & on le mêle à la coiileur en petiteiquantité. On ptopofe, dans, l’ancienne Encyclopr’d'e , un noir picfjrable à celui d’ivoire , qui a moins de corps , &c qui ell : a’.tifi léger que l’encre de la Chine. Il fe fait avec i’imande de la noix d’Acajou. On ôte lapellicitle qui couvre cette noix : on calcine enfuite l’amande au feu , & on l’éteint aullitôt dans un linge mouillé d’eau- de- vie ou de vinaigre. D’ailleurs./ag prépare cette couleur comme le biftre : Vayez Bistre -, il faut obferver de la broyer à plufleurs reprifes , & : de la lailier féclier chaque fols. Certaines couleurs l’ont liquides ; d’autres font en pierres & en moiccaux ; d’autres font ou doivent être réduites en poudre très-fine, à force d’être broyées fur la glace ou Is porphyre. Les couleurs liquides fe confervent dans des fioles ou bouteilles de verre bien bouchées ; cellesqiii font réduites en poudre dans des boëtès bien fermées ; & celles qui font en môrcçaux s’enveloppent dans du papier. Pour fe fervir des couleurs en tablettes ou en pierres , on les frotte contre le fond du godet où l’on met un peu d’eau gommée : pour fait e ufage de celles qui font en poudre , on les délaye avec le bout du doigt dans les godets , en y mêlant aulli de l’eau gommée. La miniacure exige des couleurs légères-, & cependant ies meilleures couleurs & les plus folides qu’elle puifTe employer font les terres qui femblent trop groflieres pour un genre fi délicar. Quelque foin qu’on apporte à les broyer , elles n ? perdent pas encore tout à fait cette grolliérelé : ce n’eft pas une raifcn pour s’en interdire l’uiage , &l’on parviendra à en extraire la partie la plus fine en les délayanr à grande eau dans un vafe de verre ou de fayence. Après avoir bien brouillé le tout , on le laifl’e un peu repofer , puis on verle par inclinaifon, dans un autre v-iiffcau, la partie la plus fine & la plus légère qui a pris le deflus. On la lailTe repofer , jufqti’à ce qu’elle ait eu 1-3 temps de fe précipiter au fond du vafe , & on en verfe enluite l’eau en le penchant dou» cément , & fans lui donner de fecouffe ;ou , pour être encore plus fur de ne pa’ ; agiter la couleur, on fait écouler l’eau par le moyen d’un fyphon , ou d’une bande de drap dont un bout trempe dans l’eau , & : l’autre forte du vafe & defcende plus bas que le fond du vaiffeau. La couleur reftera au fond du vafe , fine , pure & légère, & on la rnsttra ficher au folcil. Les couleurs pour la miniature fe détrempent dans de l’eau gomiiiée. La gomme arabique eft celle dont on fait ufage. Ou eji met à-peu^près

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îft grofffliii- d’une a-.-oline ordinaife fur un grand verre d’eau : on peut y ajouter à-peu-près gros comme une pe’.zte fève de lucre candi -, il ajoute aux couleurs un brillant agvéable , & les empêche d’écailler. Mais il fi.it bien prendre garde, ilan.’ ; la iaiibn des moucheî, de ne pas laifler (on ouvrage découvert quand on le quitte ; car le facro ell un appît qui les attire & qu’elles s’empreffcnt de fiiCcer. J’ai connu un peintre qui, ap-cs une affez courts ; ablence , trouva encicrement détruit par ces inleftes un portrait qu’il ai’oit fort avancé.

On tient l’es u gommée dans une bouteille nette & bien bouchéo. Il n’en faut jamais prendra avec un pinceau oïl il puifle être refté de la couleur , car elle troubleroit l’eau qui enfuitc gàteroit elle-mâms leàteiines. Onlaprend donc avec un pinceau nctj un tuyau de plume ou tel autre inllrnment. On met d^s cette eau dans un godet , ou dans une coquii le de mer avec la couleur que l’on veut détremper, & qu’on délaye avec le bout di2 doigt. Si après avoir délayé une couleur , on en ve’jt dé :aver une autre , il taut lé nctoyer le doigt avec beaucoup de foin , pour qu’il ne refle ritn de ’a première. En négligeant ceiteattennon , au lieu d’.'ivoir unecouleurpure, on auroit une teinte , & ce ieroit un f^rard hazatd fi elle étoi :b’en compolée. On laiS’e enfuite 1 lécher la couleur daiTî le godet. On ne met point d’eau gommée avec les verds d’iris & : de vefÎJe , ni avec la gomme-gutte ; ces couleurs portent leur gomme avec elles. Il y a au contraire des couleurs qui exigent un peu plus de gommo que les aufes ; telles font l’outrenier, la laque, le billre , le flii-de grain de Tioies , la cendre bleue , la terre d’Italie , l’ochre de rut.

Pour connot ;re fl nne couleur ed gommée au degré convenable , on en prend avec le pinceau, &Gn en met fur la main ; elle ft-che tirs-promptemenr : fi, étant féche , clic s’écaille , il eil certain qu’elle eft trop gommée , 3ci faut y ajouter de l’eau. Si , en padiant le doigt detTus , on voit qu’elle s’efîace , elle n’a point affez de gomme , & il faut en ajouter.

Les godets dans lefqucls on conf ;rve les couleurs peuvent erre de cryflal , de porcelaine ou de fayencc. On {efertaiiin de coquilles de mer ; mais il faut auparavant les purifier d’un fable & 4’un tel qui gàteroit les couleurs. On y parvient en les laiffant tremper dans de l’eau nette pendant deux ou trois jours , ou en les faifant bouiilir dans i’ea.i pendant fort longtemps. Le peintre en miniature doit avoir une pale’te qui po :irroit ê :re d’un bois très-dur, comme le cormier , ou le bois des Indes ; mais l’rvoire mérite la préférence : comme il efl de la même couleur que le fond qui recevra les teinre ; , il aide à les mieux juger. Il en ell do m&ne delà porcelaine blanche.

Btaua-Mts. Tome lU

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Cefl à Part’fte à régler les proportions & la forme de fa palette : on lent bien qu’elle n’eft jaiiiais fort grande : elle peut être ronde ou quarrée : elle n’a pas befoin d’être percée comme celle du peintre à l’iitiile, parce qu’on n’y pafl’e pas le pauce , Se qu’elle relte couchée fiir le pupitre du peintre. Elle peut avoir fix poucei da long, plus ou moins, fur une. largeur proportionnée. Son épiiffeur doit être affez forte pour qu’elle ne fe voiie pas. On a aufli des palettes de nacre de perle , ou un quarré de glace fous lequel on colle un papier, ou encore un morceau da marbre ou de porphyre. Tout ce qui efl cCientiel , c’efl : que la fubftance de la paletre na (oit pas poreufc.

Suivant le Traité de la Jf/rnlaucre, d’un câtéfe rangent les couleurs quidoivent (érvir aux carnationï, & de l’autre celles dont on peindra les draperiss. On met d’abord au milieu beaucoup de blanc, parce que c’eft la couleur dont on uCe !«  plus : furun bord , on place de gauche à droite, à quelque diflance dublanc , du iril-de-grain , d® l’ochre du verdcorapofe d’Inde oli d’outremer, da flil-de-grain ^’debliinc , autant d< ? l’un qua de l’autre ; du bleu fort pâle, compoië d’Inde oa d’outremer & de bianc , puii du vermillon, du carmin , du biftre & du noir : h i’aa :rebord , on étend les couleurs dont on veut fa’.re les draperies.

L’auteur de l’article Aîiniatiire dans l’ancienne Encyclopédie, conleille une autre difpofition des couleurs fur la palette, & il eft vraifemblable qu’il pade d’après les indications de quelqu’artifte. » Ceux qui aiment l’ordre dans leur » palette, dit-il , la chargent luivant la gradation naturelle : c’eft-’à-dire , commençant |»ar » le noir , les rouges foncés jufqu’aux plus clairs, » do même des jaunes, enfuite les vcrds, le» » blancs, les violets & les laques, ces quatre » dernières coraiaencenr par leua^s plus claires. n Le milieu de la palette refle pour faire les » mê’.anges& les teintes dont on abelbin, foie » avec i blanc que l’on met à portjc ou fans » blanc ; par ce moyen on a toutes les couleuri » (bus fa main ».

Un miniaturifle qui a fait imprimer en 178S ■un fort petit traité lui- Ion art , conleille trois ou quatre palettes.

La première a trois rangées, & : cft compofé* de dix lept couleurs ; /« première rangée : carmin , minium , mafllcot , jaune do Naples , ochre jaune , ochre de rut. La féconde rangée : cendre bleue, outremer, terre de Sienne non-bruIée , terre de Sienne brûlée, laque. /.a troijiéme rangée : ochre roug^e , flil-de-gra’n d’Angleten-e , brun rouge , biftre , terre de Cologne , indigo, lafeconde palette a deux rangées. Lapremier^ rangée : vermillon , orpin jaune , orpin rouge. La fecùndi rangée : terre d’Italie , bleu de Pruflè^ n<i(ir d’ivoire.

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La troifiéme palette a cinq couleurs : blanc léger , blanc de plomb, encre de la Chine , verd de veiîie , terre de Coîognp.

.Enfin il deiline la quacriéme palette à l’effai des teintes , des demi-teintes &. des ombres qui proviennent des couleurs primitives. Tout ce qu’il y a de vrai , c’eîî qu’on peut guider un commençant dans l’arrangement de fa palette ; mais qu’un artifle di-.poie Ja fienne fuivant Tes vues, les obietvations & la pratique qu’il s’efl : formée.

On le fert pour la miniature ^ de pinceaux faits de poil de petit gris : mais les meilleurs font ceux qui font fait ;- de poils de queues de martres. On en fait auflî de très bons avec des poils de chats d’Angora : mais il n’y a que les poils du dos qui foisnt propres à cet ufage. Il l’aut avoir des pinceaux de trois fortes de grofi’ear : les plus gros fervent à coucher les fonds ; les moyens à ébaucher ; & les plus petits, à finir & à pointîller,

eft très-important d’ê :re fourni de bons 

pinceaux & de favcir les bien choifir. Pour cet effet , il faut les humefter un peu , & après les avoir tournés fur le doigt , fi tous les poils fe tiennent enlemble , & ne font qu’une petite pointe, on peut juger qu’ils font bons. Si au contraire ils nefe raftemblent pas bien , & qu’ils faffcnt pliifieurs pointes , ou qu’il y ait des poils plus longs les uns que les autres, ils ne valent rien , furtout pour le pointillé 6c pour les carnations. Qiiar.d ils font trop pointus , & qu’il n’y a que qnatie o+i cinq poils qui paffent les autres, quoique d ailleurs ils Ci : tiennent affemblés , ils ne laiiïent pas que d’être bons ; mais il faut les ébarber avec des cifeaux &prendre garde de n’en pas trop couper.

Poir faire affembler plus facilement les poils do vo :re pinceau , & lui donner une bonne pointe, il faut le paffer fouvent fur le bord de vos lèvres en travaillant, & le ferrer & l’huniederavec la langi c , même après l’avoir trempé dans la couleur. Par ce moyen , s’il y en a trop, on j’ôte du pinceau, & il n’en refle que ce qu’il faut pour faire des traits égaux & unis. On ne doit pas craindre que cela rafle aucun mal , car touteslTS couleurs qu’on employé pour la miniature , (e^.ceptc l’orpin qui cil un poifon ) n’ont, quand elles font préparée* , ni mauvaifes qualités , ni mauvais goût. 11 faut iurtout en ufer ainfi four pointiiier Se finir les carnations , afin que les traits en fuient nets & peu chargés de couleur. Pour les draperies & les autres acceffoires , foit qu’il s’agiffe d’ébaucher ou de finir, on peut fe contenter d’aflémbler les poils de fon pinceau , & de le décharger lorfqu’il efl trop plein de couleur , en le paffant fur le bord de la coquille ou godet, ou fur le papier blanc qui fert à pofer la main , en donnant quelques ce .ps deffus, avant de paffer le pinceau fur i’ouyrage. M I N

Ce qu’on lit au fujet des pinceaux , dans Pan* cienne Encyclopédie, eft très- judicieux. » Il » eitaffez difficile , dit l’auteur, de décider fur y> la vraie qualité que doivent avoir les pinceaux » de la peinture en miniature. Chaque peintre » s’écant fait une manière d’opérer qui lui elt » propre, choifit feï pinceaux en confiquence. » Les uns les veulent avec beaucoup de pointe » Si très-longs, quoiqu’afléz garnis ; d’autres les » choififfeni tort petits & peu garnis. Il iembls » cependant qu’on doit donner la préférence à » un pinceau bien garni de poils , pastrop long, » & qui n’ait pas trop de pointe : il contient plui » de couleur ; elle s’y ieche moins vî ;e , & la )■) touche en doit acre plus large & plus rnoëlleufe. En gtnéral la pointe d’un pinceau doit » être ferme &l faire red’ort fur elle-même ». Qiiand on doit être longremps à fe iérvir des pinqeaux , il faut avoir foin de les enfermer dans une boeteoù il y ait un oeu do poivre fin ; autrement, il fe fourre entre les poils une el’péce de mires qui les rongent en fort peu de temps. Le peintre , en travaillant d’après le modèle, ne doit tirer le jour que d’une feule fenêtre , & même , pour que la lumière ne vienne que d’enhaiit, il doit la boucher jjrqu’à une certaine hauteur avec une forte toile, une pièce d’érofre, ou par quelqu’autre moyen. Sa table efl : placée à l’endroit où commence a tomber le jour. Sur cette table eft un pupitre ordinairement couvers d’une iérge , à laquelle il peut fixer fon ouvrag.e à l’aide de q’jelques épingles.

Il coninience par arrêter le trait de fon ouvrage , ce qu’il fait avec des couleurs qui tiennent de l’i.’bjet reprcfenté, mais qui doivent être trè£-foiblcs. Enluite il ébnuche. Dans le temps que la miniature ne connoifloit d’autre travail que le pointillé , c’etoit avec des points que l’on ébatxhoit. lies artiftes , en Allemagne & en Italie , ont confervéjufqt.’à prélent cette méthode , & foutiennent même qu’elle conftitue la miniature proprement dite : elle conflfte à placer les couleurs, non en touchant le fond d’un des côtés de l’extrémité du pinceau ; miis en piquant feulement de la pointe, ce qui forme des petits points à peu. près ronds & égaux entre eux. Cette méthode uniforme demande peu d’art , mai«  beaucoup de patience ; & comme tous les objets font traités de la même manière, ils paroiffent tous de la même nature. On s’eft fait une pratique plus favante & plus vraie. On ébauche les fonds & les draperies à gouazze , c’efi-à-dire, avec des couleurs mêlées de blanc , 8c e’eft e.qcore à gouazze qu’on les termine, quoiqu’ors puifi’e y introduire du pointillé, fi Ton trouve qu’il falîé un heureux effet, & qu’il foit néceffsire pour accorder le travail avec celui des parties voifines. Comme il n’entre pas de blanc dans les chairs , on les ébauche en lavant avec lee

teintes convenables. Partout on couche la covi- ;
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leur à grands coups , comme font les peintres à l’huile : mais on a foin de ne pas lui donner toute la force qu’elle doit avoir dans le fini ; car comme on doit pointiller par-deffus , il faut fe rcferver le moyen de fortifier le ton de ibn ouvrage , fans être obligé de le porter à un ton plus hautcju’il ne convient.

On peut, dans la miniature , fe montrer colo-

rilteaulFi vigoureux que dans toutes les autres

manières de peindre. Le biftre, bien employé, tk furtout mêlé avec du carmin , eft d’un grand fecours pour s’élever à la vin’ueur. Le pointillé ne doii pas ie faire conO’amment de la même manière , & : en ne piquant que cie la pointe du pinceau , enforte que tout l’ouvrage loi : compofé de petits points bien ronds. Cette manière eft froide S ; léchée. Elle peut être d’une propreté capable de plaire au vulgaire -, mais elle eft d’une monotonie & d’une infignifiance qui rebute les connoifTeurs. On doit mêler artiftement des points ronds , des points foiblement allongés , d’aurrss qui fe croiient dans tous le^ fens , d’autres qui le recourbent fur eux-mûmcs & décrivent des percions de petits cercles. Tout ce travail offre une variété qui plaît , quoiqu’on puifle la remarquer à peine , car il faut que les points ne tranchent pas avec la couleur qui leur lërt de fond ; il faut qu’on reconnoiffe que ce tra’ail exiftc , & que partout il trncie à le cacher. Si, par le ton, les points fe détachent de la teinte qu’ils convient, loin d’cifrir lagrément qu’on recherche dans la. miniature , ilsnepréfentent qu’un travail dél’agréable & : qui ro :nj.t partout l’uniim.

On peut , dans ce genre de peinture, efFicer les parties qui dcplaifent même dans un ouvrage avancé. On paffe avec le pinceau un peu d’eau (fur l’endroit défectueux • on lui laifi’e le temps d’imbiber la couleur, & : on l’enlève avec la pointe d’un pinceau net & un peu humeflé. .. . On peut & l’on doit même varier les fonds : il y en a qui conviennent mieux aux carnations très-blanches, d’autres aux carnations brunes ou jaunâtres. La couleur dominante des diaperiei peut engager auffi à fe décider pour un fond plutôt que pour un autre. En général , quand on veut faire un fond ou qi ;elquf grande partie, on fait la teinte dans des coquilles , ou du moins on la prépare en affez grande quantité fur la palette, pour qu’elle futiiie à route la partie à laquelle on la deftinc ; car s’il falloir la recommencer, on auroir beaucoup de peine à y parvenir, & l’on trouveroit toujours quelque différence. Les fonds bruns lecompofent déterre d’ombre ou de terre de Cologne , avec un peu de noir & de blanc : fi l’on veut les rendre jaunâtres , on y mêle beaucoup d’ochre ; fi on les veut grifâtres , on y met de l’inde. On fait des fonds bleuâtres, jlvec de l’indigo, du noir & du blanc. Des tons yeriîtresfe font ayec .du noir, du ftU-jle-graia MIN

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&rln blanc ; on les rend plus ou moins clairs à volonté , en faifant dominer davantage ou le blanc ouïe noir.

Quelle que foit la teinte du fond , on commence par en donner une couche très-légère ; enluite on en repaffe une féconde plus épaifTe , qu’on étend fort uniment & : à grands coups. Il faut la coucher le plus vite que l’en peut , & r.e repaffer jamais deux foi» au mémo endroit, à moins que la couleur ne ibit fecho ; car le fécond coup emporteroit tout ce qise le premier aurolc fait, furroutfi l’on appuyoii : un peu trop le pinceau. Il eft permis, il eft mètiie très-fou v’en-C ncceffaire, tn finiffant, de mêler aux fonds des variétés de teintes qui tendent à les rendre moins cruds.

Ce qu’on va lire eft extrait du Traitt Je la. Miniature ; l’auteur fait entrer du blanc dans les teintes des chairs ; c’eft ce qi :e quelque-, artiftes habiles hazardent avec fuccès : mais, comme nous l’avons déjà dit : , le blanc eft èxclii des carnations ; il les rend lourdes , à moins qu’il ne foit manié avec beaucoup d’arc , & ies teintes des chairs doivent èire K-ijeras & : tranlparentes. t’ j ,~ . ,

iicoutons donc notre auteur avec précaution ; nous indiquerons enfuite d’autres procédés. Si l’on peint des femmes , des enfans ou des perlbnnes qui ayent un coloris tendre , on couche, pour rendre leurcarnation , une teinte faite de blanc & d’un peu de bleu. Si c’eft une carnation d’homme , au lieu de bleu , on met du vermillon , & fi c’en eft une de vieillard , on mei : ’ de l’ocl’.re. Enfuite on rcchcrclie tous les traits avec une teinte formée de vermillon , de caimia & de blanc mêléi enlemblc , & l’on en ébauche toutes les ombres, ajo’.irant du blanc à celles qui font plus foibles , & n’en mettant que peu ou point aux ombres plus fortes. On ne met prefque pas de blanc au coin des yeux , fous le nez , fous les oreilles , Ibus le menton , dans la féraration des doigts, & dans tous les endroits où l’on veutmarquer quelque feparation.

près avoir couché les clairs & les ombres, 

on lait des teintes bleues avec de l’uutrcmcr & beaucoup de blanc pour les parties qui fuient, & l’on mec au contraire un peu de jaune pourccllej qui avancent. A la terminaiibn des ombies, dit côté du clair , il faut confondre imperceptiblement la couleur dans le fond ds la carnation avec du bleu, puis du rouge, fuivant les endroits. Si , avec le verd & le rouge , on ne peut donner afiez de force aux ombres, on le- finie avec du biftre mêlé d’ochre ou de vermillon , & qi.e !qaefoisavecdubiftre pur, fiiivant le coloris qu’on veut produire, mais toujours légéremens oc mettant la couleur fore claire. Il faut encore pointiller fur les clairs, pcuc les finir, avec un peu de vermillon, ou du carmin, beaucoup de blanc, tant If ic peu d’ochre , pour les f^ire perdre dans les ombres , Se ppuc R r r r Jj

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-faire mourir les teintes les unes dans les autres , ayant attention en pointillant , ou en hachant, de faire que vos points ou hachures fuivent le fens (S ; le mouvement des niufcies. Si les teintes paroiffent trop rouges, on les adoucit avec du bleu , un peu de ve ;d & : beaucoup de blanc qu’on met partout , excepté dans les clair ;:. Il y a pourtant de certainesparries qui doiveiU Ibuvent refier un peu rouges, telles que les joues, &c. Les deux mélanges dont on vient de parler, doivent êtrefi foibles qu’ils puifTent être à peine remarqués, leur fonclion étant feulement d’aloucir l’ouvrage , d’unir les teintei les unes aux aurres, & de faire perdre les contours. Dans quelque genre de peinture que ce folt, lî faut éviter qi :e les contours foient tranchés : les chairs doivent tellement fuir à leurs extrémités qu’on croyepouvoir attendre quelque chofe de plus que ce qu’on voit. Elles doivent aulîi réfléchir les unes fur Icsautres -, leurs reflets Ic’.ir donnent de la tranlra :ence,dc la tendreffe & du relief. Flies reçoivent aLlli des reflets des étoffes & des autres corps éciairés qui les avoiiinent. Pafions aux draperies, hi elles dcii-eni être bleues , mêlez du blanc & de l’outremer à un tel degré q.ie la leinte foit fort fâle : vous en ccmroferez les c’airs, & à meiure que vous approcherez des I mbres ou des plis protonds, vols ajouterez au blanc plus d’outierner ou d’inde, eu des deux couleurs enfembie , ou même de quelque couleur plus fombrc. Ces teintes fc cruchent à grands coups , & l’on finit avec les îi’.êmes couleurs que l’on a cbauché en rendant 3a teinte pKii forte.

Ladiaperie rouge fe fait au carmin par le même procédé , mais on met du vermillon pur aux oml 3res,& l’onaj nire du biftc aux bruns les plus forts. Il faut gommer beaucoup le carmin pour îui donner du corps.

On peint znUi des draperies ronges avec du vermillon mêlé de blanc peur les clairs ; on dégrade cette teinte jufqu’au vermillon pur, & on ajoute du carmin dans les ombre<^. On finit avec les mêmes couleurs, ce que nous nousdilpenfernn’î de répéter davantage. I ! efl : bon de caraclérfer les draperies par un travail différent .de celui des chairs.

Les draperies violettes fe font avec un mélange âe carmin & d’outremer, en ajoutant du blanc pour les clairs. Si le carmin domine , le violet fera colombin ; fl c’eft l’outremer, il tirera fur le bleu.

Une draperie couleur de chair fe couche de îjîanc , de vermillon & de laque, mêlés enfembie. Cette teinie doit être fort tendre. Pourune draperie jaune, on met une couche demaflTicotpur , que l’on couvre de gomme gutte, excepre dans.les plus grands clairs. Onébauehe enfuiîe fur ces couches avec de l’ochre , un peu de gomme gutte & de nai&cot ; mettant MIN

iTicînç icce dernier àmefurequ’onsppfocTie pîuf des ombres j & mêlant du biflre dans celles-ci. On peut auili peindre une draperie jaune avec du jaune de Naples , du fiil-de-grain & de la gorame-gutre.

Les draperies verres fe font en mettant fur Ijs tout une couche de verd de Vérone ou de mon-» ragne. Si elles paroiffent trop bleuâtres, on peut y mêler du mafficot pour les jours, &^ d’e lagomme gutte pour les ombrer. On les rend plus fortes en y ajoutanr du verd d’iris , ou du verd de velV fie , & même on met de ces derniers tout purs pour taire les ombres extrêmement fortes. On varie la nuance des verds , en y mêlant plus ott moins de jaune ou de bleu.

On ébauche une draperie noire avec du noir & du blanc , & l’on ajoute du noir à me Cure que les ombres augmentent de force, de même qu’orv met toujours plus de blanc, à mefure que l’oit approche de la lumière. Si l’on mêle de l’inde dans les ombles , la draperie paroîtra veloutée. Poiirunt dt.ipetic de laine blanche , on couche du blanc mêlé avec très-i>eu d’ochre ou de pierre de fiei. On ébauche les ombres avec du bleu , un peu ’le noir, du b’ ;Enc & du bi’lre. Il faut meitre beaucoup de ce dernier dans les ombres les plus brunes. La draperie gris-blanc s’ébauche avec di ! noir & du blanc. S : fe finit de même. La minime fe fait enc.’.uchant du biflre, du blanc & un peu de brun rouge, mettant ua peu p !u.’. d" ! ce dernier pour les oiribrcs. Quant ai ;’-' draperies changeantes , la violette fe couche d’otitremer & de blanc pour les clairs , & : les ombres fe font de carmir. & d’outremer : on finitavccdu violer méléde beaucoup de blanc. La dfajeie ro- ge cha-geanre fe fait en couchan : du mailicoi ; aux jour>, & dti carmin aux ombres, qu’on unit, en finiffant, avec de la gomme-gutte.

La draperie verte fe fair en mettant auffi du madicot pour les jours , (S : du verd de montagne, d’iri. ; ou de vellie poi r les unions. Pour les linges , on lifiûrse d’abotd les plis & fur ietout on met i :ne ccuciic de blanc On ébauche enfuite les ombres avec une teinte d’outremer, de noir & de blanc, & l’on finit avec les mêmes couleurs. On relevé les grands jours avec du blanc pur, & l’on fait quelques teintes jaunâtres en certains endroits, en les coi !char,t fort légères.

Si l’on veut faire des linges tranfparens, il faut ftiire les teintes fort claires, & l’on mêle dans l’ombre un peu de la couleur qui efb deffous. L’extrémité des jours le relevé avec du blanc & du bleu. Msi> ii l’on veut que les linges foient très-clairs , comme la gaze, on finit le defTotis comme fi i’on voL.loit ne rien mettre par delTus, & l’on marque enluite les plii du linge avec du blanc pour les grands clairs, du biflre,

du noir , du bleu & du blanc pour ^s ombres.
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On faît auGî le crêpe en finiïïant bien le âsCfous : enluite oîi marque les plis des ombres, ainfi que les bords de l’éroffe , par de petits filets de noir.

Pour faire des dentelles de point, on couche une teiiue de bieu , de noir & de blanc , & on releva les deflins 8c les fleurs avec du bianc pur. Les on-.bres Ce font avec la même teinte un peu plus forte. Si l’on veut faire paraître les chairs fous la dentelle , on finit d’abord ies chairs , on fait par deffus les defTms de la dentelle avec du blanc pur , ce on les cmbrs comme il vient d’être dit.

Quantaux fourufes, ft elles Tont brunes, on les ébauche avec du blanc i’ ; du biilre , mettant plus de blanc pour ies clairs , ck plus de bifrre poiir ies ombres. Si c’eft de î’hermine , on ébauche avec du blanc & du bleu pour les clairs , on metdes teintes d’un jaune pâ ;e dans certains endroits qu’indique la nature, du bianc très-pur furies lumières, du biftre dans les ombres. On termine par des points longs ou de courtes lignes prifes dans le iens des poils.

Xcs oicrres âes édifices le rendent avec des tein’.es faites d’inde, de blanc & cîe b’itre : pour ombrer, on mer pltiS de biflre que d’jnùc . fuivant la co).]eur des pierres. Si ce ion’ de vieilles marbres, on mer. en queJrjùe.-i endroits des teintes d’ochre ou d’outretr.er.

La manière plus ordinaire ds traiter des édifices ds tjois, eft d’fcbaucher d’ochre, de bifirre & de blanc , & de hnîr avec peu ou même point de blanc ; on met le biilre pur dans les fortes cmb’es. On cent a’.iCi ajoutjr du vermillon , du verd & du r ■•lir , telen la couleur que l’on veut donner au bois.

Les terraffes qui font fur le devant du tableau , s’ébauchent d’une teinte de verd de veiîîe ou d’iris , ave ; du bifire & i ;n peu de terre de Vérone. Do.vent-elie ; être claires -, on ébauche d’ochre & de blanc avec un peu de verd : les premières (e finiflenc avec les couleurs de l’ébauche , mais filus brur.es , les dernières avec du fciiîre )nêie ci’un peu de verd.

Pour les tertafîe.véleignées , plus vous les ferez bleiâ-rci, en y mêlant de i’omremer & du blanc , & plus elles 5’enfonceront dans le lointain. On y ajoute un peu de vermillon, pour exprimer les reflets de l’horizon qui tfl un peu roijge. Le feuille de.’ arbres & les herbes s’ébauchent de verd de montagne , avec un peu de blanc : on me : dans les ombres du verd d’iris & du bifire ; en rehaulTe les lumiercj avec du blanc ou avec au ).iune. Plus ies arbre.-, s’eioignent , plus il faut en tendre le verd tendre Se y mêler de bleu. Ce qu’on vient de lire peut être utile & donner de bonnes indicaiions pour la compofition des teintes fuivant les différens objets : on voit que l’auteur a établi les procédés fur ceux delà peintare à l’huile, & ii ne s’en eft pas affez écar-’M I.N

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, te , du mo’nf ! pour les chairs. Quelques minia- } turiftes, il eft vrai ,, ne craignent pas d’y faire j que’tjuefois entrer du blanc ; mais c’eft avec I beaucoup d’art & ds difcrétion ; ils n’en mettent j pas dans toutes les teintes , comme le confeille noire auteur : Hirtout ils ne pointillent pas avec du blanc, & je ne conçois pas qu’on puifle en mêier dans le pointillé & éviter une extrême pelànteur : maïs en fupprimant le blanc des teintes que cet auteur a conielllé peur les chairs , ii donne , même pour cetre partie , des indications dont on peut faire uft<ge. ’

Comme peu de peintres en miniature fe font adonnés à enfeigner leur art , chaque arrifi’e qui s’efi : livré à ce genre de peinture, s’efl : fait on procédé particulier. On peur dire cependant, en général , que la miniature fe fait par Ja réunion de deux procédés, celui de l’aquare.’le puintillée & celui de la gouazze. Le premier, que l’on appelle nrin/af^re proprement dite, étant fuiceptible de beaucoup piu.s de légèreté, eil employé pour les chairs : ma’s les draperies & les fonds fe font à la go’. :azze. Quelques peintre ;, , furtouc hors de la France, ne dUpoCent pas les chairs à l’aquarelle, & employent le pointillé dés l’ébauche. ■

Les couleurs pour la gouazze & l’aquarelle font également broyées avec l’eau de gomme a-abique , chacune à un degré que l’expérience fait connoître , & qu’avant d’a'oir acqui.’- : par expérience , on peut trouver par un tâtonnement j que nous avons indiqué.

Toutes ou prefque toutes les couleurs font propres pour la gouazze : mais dans ies chairs, on ne peut employer que des couleurs tranfpareates , telles que le carmin , l’outremer, la gomme-gutte , le versi’llon , le ftii-de-grain d’.Angîeterre, l’encre delà Chine, &c. Ces couleurs doiventêtre broyées avecb ?aucoup de (bifi & de propreté, & : mifes à côté l’une de fautre fur une palette d’ivoire o’i de porcelaine, en réfervant fur le milieu une pizce pour y faire les teintes avec la pointe du pinceau. A l’c'gard des couleurs propres à faire les fonds Si les draperies, telles que le blanc, lesochres, les terres de Sienne, ilc. ces couleurs font toutes rréparées dans des bouteilles chez les marchands ; & on les délaye à l’inftant où l’on en a befoin, avec un peu d’eau pure ou d’eau gommée , fi elles ne font pas affez chargées dégomme. Quelques peintres , comme on l’a dit, ébauchent & finiffent les chairs en pointillant ,• d’autres en faiilant des hachures croifées ; d’autres en’.in éba ;;chenten couchant leurs teintes à plat , comme iorfqu’on lave à l’encre de la Chine, & ils terminent en les liant enfemble au moyea d’un pointillé léger : ce dernier procédé eft le plus favant& le plus fpirituel.

On commence les chairs, en ébauchant les maffes d’ombre syec les tons propres de la figur* %