Encyclopédie méthodique/Beaux-Arts/Rendre

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RENDRE (v. act.) La signification qu’a ce mot dans le langage de la peinture, ne laisse pas apercevoir au premier moment sa liaison avec le sens le plus ordinaire ; mais elle : est sensible, dés qu’on y réfléchit. Rendre dans la langue générale, vent dire restituer : rendre lorsqu’il s’agit de dessiner, ou de peindre, signifie représenter exactement. On pourroit penser que ce qu’il y a de figuré dans ce terme applique aux arts, est emprunté de l’effet du miroir, auquel il semble qu’on confie ou qu’on donne les objets qu’on lui présente, dans l’intention qu’il les rende par la représentation.

Au reste, on doit penser que le sens figuré de ce mot à toujours rapport à une sorte de restitution.


En effet si l’on dit d’un homme qu’il rend bien un fait donc il a été témoin, un entend qu’il restitue exactement ce qui lui a été confié par l’organe de la vue. Cet acteur rend bien son rôle, veut dire qu’il restitue comme il le doit, ce qui a été confié à sa mémoire & à son intelligence. Enfin on dit d’une cloche ou d’un instrument de musique qu’il rend un beau son, c’est-à-dire, le son dont l’art des dimensions & l’habileté de l’ouvrier l’a rendu dépositaire, ou si l’on parle de celui qui en fait usage, on entend qu’il rend le beau son qu’on exige de son habileté.

Par un sens plus particulièrement adapté à la peinture, on dit aussi, cet objet est rendu ; on veut dire qu’il est rendu par l’habileté de l’artiste aussi parfaitement qu’on l’exige : & cette acception rentre dans celle dont j’ai parlé.

Lors donc qu’un article peint, lorsqu’il imite, il le charge en quelque façon d’une dette ; il contracte l’obligation de satisfaire les yeux, l’esprit & la raison de ceux à qui il destine ses ouvrages. Que de débiteurs peu exacts à rendre ce qu’on exige d’eux !

(Article de M. Watelet.)