Encyclopédie méthodique/Beaux-Arts/Tome 2/Pratique G

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GLACER. On prépare les fonds Tur lefcjuels on veut glacer beaucoup plus clairs que les autres , parciculièrement les grandes lumières qu’on fait quelquefois de blanc pur. On laifle fécher ce fond ; après quoi on paffe deffus un "lacis de la couleur qu’on juge convenable. Il y a une façon de glacis, qu’on nomme foitoir. Elle eft plus légère : elle fert principalement pour accorder des couleurs trop entières avec celles qui les avoifinent. On prend avec une broffe de la couleur qui convient, mais en fort petite quantité ; on détrempe cette broffe imprégnée de couleur dans une huile ou vernis qui la rend extrêmement liquide, & on laitTe plus ou moins de couleir en gL’.çanc ou Frottant les parties du tableau qu’on veut raccorder.

! Dans la peinture en détrempe , on prend la 

précaution de paffer une couche de colle chaude fur le fond qu’on veut glacer. Loriqu’elle efl feche , on paffe par deffus cette couche le glacis le plus promptement qu’on le peut , de peur de détremper le dertbus. {Article de Ai. R. dans C ancienne Encyclopédie, ) GODE- MICHE, (fubft. mafc.) Petit vafe de fer-blanc plus haut que large , arrondi, & i’élagiffant vers le bas. Il a la forme des caffetieres cylindriques de fer-blanc , & parle moyen d’une queue de fer-blanc, foudée en deffous, il s’attache à la palette. li y a des ^ode-michés fimples, dans lefquels on met l’huile g ;affe : il y en a de doubles ; dans l’un on met l’huile graffe , & dans l’autre l’huile d’oeillet.

GODET (fubfl. mafc.) On appelle ordinairement ainfi un petit vaiffeau rond , & qui a plus de largeur que de profondeur , tel que les foucoupes.

Les godets des peintres en miniature ou à gouazze font de très-petits vafes rords dans lefquels ils tiennent leurs couleurs. Quelquefois au lieu de godets , ils fe fervent de coquilles. Les peintres en huile ne prennent pas leurs jlcouleurs dans des godets, ils les couchenr fur

h. palette : mais ils ont des godets qui contiennent 

leurs huiles.

GOMME ARABIQUE. E^le découlé

naturellement des fentes de l’écorce de Vacacia véritable , arbre qui croît en Egypte tk en Arabie. Ce f ;:c vifqiieux fe durcit avec le temps & fojme des morceaux trani’parens , d’un blane jaunâtre, fragiles & brillants qui diffous dans l’eau la rendent gluante. Les peintres en miniature 8c à. gouazze en font détremper en petite quantité dans l’eau dont ils empreignent leurs couleurs : elle fait le même office que li colle de gants ou de parchemin dans la détrempe en grand.

GOMME-GUTTE. (fubft. comp. fcm. ) Suc concret, réfineux , gommeux , itnflammable , fec , compaSe, dur, brillant, opaque, d’une couleur jaunâtre, formé en maffes rondes ou en petits bâ-ons cylindriques, fans odcur& : prefqae fans goût, ou du moins n’en ayant pas d’autre que la gomme arabique, au moment où on le retient dans la bouche ; mais il laiffe enfuite dans le gofier une légère acriaonie avec un peu de féchereffe. On tire cette gomme de Camboye, du royaume deSiam, & de l’empire de la Chine. Elle a plufieurs ufages dans la médecine. Mais nous ne la coniîdérons ici qu’en qualité de couleur. Elle fournit un très-beau jaune , dont on fait ufage dans la miniature &. dans le lavis. i

C U G E ( fubft. fem. ) Lagouge efl un inftrument à l’ufage des fculpteurs. II y en a de différentes formes , & elles fervent à diftéren» ufages.

GRADINE (fubfl. fem. } Inflrument à l’ufage des fculpteurs : c’efl une efpèce de cifeau à plufieurs dents. Il y a des gradines de différentes longueurs & de différentes matières , fuivant que l’ouvrage efl ou en marbre, ou en pierre ou en terre. Les dents de la ^radine onc deux ufages ; l’un d’abbattre beaucoup plus de marbre dans le travail que fi elle étoit fans dents ; & l’autre, de tracer, par l’intervalle qu’elles laiffent entre elles, certaines parties délicates , comme les poils de la barbe , les fourcils , les cheveux &c. ’

GRAINE d’Avignon. Voyei Avignon. GRATICULER Cv. n.) Ce mot vient de l’Italien grata qui fignifie gril. Graticuler n’efl autre chofe que réduire un original peint , àeClîné, ou gravé, par le moyen de quarreaux qu’on a tracés fur cet original , & qu’on a répétés eo s 92

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nvême nombre , mais d’une plus petite ou plus grande proporiion , fur le papier, la toile ou le panneau qui doit reccvo r la copie réduite. Pour p’.rvcnir à cecte opération , on trace fur le deifin ou tableau original des lignes qui fe croifent à angles droits & à diftai^ces égales , Si qui forment ainfi des quarrés égaux entr’eux. On trace aufli fur la furUce fur laquelle on veut faire la copie un, même nombre de lignes croifi^’os qui y produilcnt un même nombre de quarrés. Alors on deiTîris dans chaque quarré de cette furface ce qui eft conienu dans le quatre correfpondant de l’original , & l’on a eu foin d’avance de marquer par des nombres pareils les quarrés de l’original S< dg la luif.icé fur la<Jnelle on. copie. Si l’on veut rédai/e i’o^ riginal à moitié , on fait les q,larrea^x de la copie moitié moins grands que ceux de l’original ; ainfi chaque objet contenu dans : un des quarrés de l’original , & copié dms^ le quarré correfpondant de la furface qui reçoit la copie, fera d’une proportion moitié moins grande. Ce fera le contraire , fi l’on veut que la copie Ibit d’une proportion double de l’original. Cette méthode de copier avec preciflon furc aux peintres lorfqu’ils veulent rapporter en grand une compofition q^Als ont efquilléc en petit •. plus les ; quarrés font multipliés , plus ils donnent d’exaélitude. C’eft ce procédé qu’eraployent ordinairement les graveurs pour avoir un deflîn très-fidele, mais plus petit, d’un tablcaa qu’ils fe propofent de graver. Ils appliqusnt.ordinairemint autour du tableau un chafTis de bois tlanc : ils marquent fur ce chaflls des points à éf^als diflance avec le compas. Dans chacun de ces points ils fixent un clou d’épingle , & de chacun de ces doux, ils font partir une foie blanche. Ces foies fe croifant à angles droits , décrivent fur le tabîeaa des quarrés égaux. Ils tracent avec une pointe le même nombre de quarreaux fur le papier qui doit recevoir leur trait, & ils .y pnrtenc les objets que ïeur repréfente l’intér’e-ar de chaç[ue quarreau de l’original.

G R A T O I R. ( fubfl. mafc. ) C’cfl : un inftrument à l’ufage des graveir ; en taille douce & en manière noire. On l’appelle plus commanémcnt ébarl’olr , parce que fon ufuga le plus fréquent .eft d’enlever les reharbes , c’efta-dite le movfil que le burin laiffe au bord des tailles. Voyez E b a r b o i R.

Les fculpteurs & les ftuccateurs employeur aufli un grattoir, mais dont la forme efl différente.

Le <frattoir des fculpteurs elt prefque recourbera angle droit, & la partie recourbée eft dentelée fur toute fa circonférence. Il eA de fer , & emmanché daos un morceau de bois.

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Le graioir du fluccateur fe termine en feuiîls ou fpatule elliptique, & plus large par le bout qu ailleurs. La portion elliptique eft un peu recourbée & a deà dents dans toute fa circonft ; rence.

Les g’^aveurs en bois emp’oyent deux fortes 1 de grattoir. Le granoir à creufcr , outil qui ■ fert à polir le bois dans la nouvelle manière de le- préparer fuivant M. Papillon, pour y gf,avei- les, lointains & points éclairés ; s g atcoir. à ombrer-., t^w’i ne d.ftjre de celui à creulcr Se polir le ^o ;s , qu’en ce qu’il n’eft point courbe.- à fon taillant ou à fon cpaifleur. 11 n’a que les coins un peu adoucis & peu fenftbleniant arrondis. Il eft très utile dans la manitre ti-ouvée.par M. Papillon , de renforcer les ombres, à çratter aniftement & prudemment les tailles d^éjà gravées quel’on trouve trop maigres, pour les- rendre p !u9 nourries, leur, donner plus de force , & par- conf’quent les faire ombrer davantage la place où ell^ ont été faites. Voyez i’atricie Gravure en bois.

GRAVL’RE à L’eau forte & au lutrin. La théorie de la gravure a déjà été tiaitee avec beaucoup d’étendue dans la première partie de ce Didionnaire : nous fmmes obligés de reprendre ici ce qui concerne les procédés mécaniques de cet art, Commençons par la matière qui reçoit i a gravure. C’eft !e cuivre rouge, bien plus liant jque le cuivre jaune ou la rcfette. Quand il efl : bien choifi , on lent qii’il fe lailTe couper douceraeni ; par le burin ; il ànz être ferm ?,mais fans qi greur ; il doit oppofer partout à l’outil tranchant une réfiflance égale, médiocrement difScileà vaincre. Quelcjueiois il s’y rerxontredes pailles ; il s’enlève en écailles fous le burin , & le graveur a bien de la peine à réparer de lémblablci accl dens qui peuvent gâter l’ouvrsge de pliifieurs jours. Quelquefois il efï. piqué de petits trous prelqu’imperceptibles , qui recoivert l’encre d’imprellion, & détruifent la netteté du travail ; furrout dans les lumières. Quand il eft aigre, la gtavute devient ma’gre ; elle n’a pa- le moelleux , le velouté qui lui prêtent tant de charmes. S’il eflmou , l’eau forte n’y mord qu’avec peine ; le burin n’établit que des taiilesfans éclat ; tout l’ouvrage eft gris & morne ; il ne fournira pas de botines épreuves , & la planche fera bientôt ufee fous la main de l’imprimeur & fous les rouleaux de la preflé. li eft donc effentîel que l’ar tifte curieux de produire un bel ouvrage , cho :fiffe. avec un foin fcrupuleux le cuivre qui doil le recevoir.

Il peut en général fe fier à un cuivre, qui, frappé avec un inftrument d’acier , rend un (or net & argentin. Ce fon n’eft jamais fourni pai un cuivre môu, 11 peut aulli graver quelque : ■traits fur les bords de fon cuivre : mais cet efla ne peut l’affurer qu’il n’y trouvera pas de paillei

en terîa’ns endrcîrs. Mais quand le cuîvfe cft d’une dureté convenable, & ; qu’il a été bien plané fous le marteau du cha..dronnier, il eft bien rare qu’il fafTe éprouver à l’artifVedesaccidens fâcheux. C’eft quand il eft mal fcrgé, qu’il confêrve des parties poreufes , & ofrre à fa furt face de petits trous qui gâtent les lumières ou ’ les endroits couverts de travaux tendres & délicats.

Les cuivres deflinés à la gravure , Te préparent par des ouvriers qui s’adonnent entièrement à cette partie , & qu’à Paris on nomme Cuivriers. Cependant fi l’on vouloir graver dans quelque ville où il n’y eût pas de ces fortes d’ouvriers accoutumés à féconder les artiftes , il faudroit que le graveur s’adreflat à un chaudronnier- or-’ dinaire , qu’il le guidât dans fes opérations , & I qu’il le chargeât peut-être lui-même d’en faire une partie.

C’eft le cuivrier qui coupe le cuivre avec des cifailles dans la proportion qu’il doit avoir ; c’efl :

lui qui le forge & le plane à froid, en le frappant 

avec un marteau armé d’acier fur une enclume aulll d’acier. Il ne doit pas fe hâter , ni fe lafTer ,’ trop tôt dans ce travail de la forge , puil’que c’eft ’ ce travail qui unit les parties du cuivre , en refferre les pores , en rend toute la fubfïance égale dans fa fermeté.

Un cuivre d’un pied de long ou à peu près , fur une larg ;eur proportionnée , doitavoirune ligne dVpaiffeur. Cette épaiffeur doit augmenter à mefure que la planche augmente de proportion. Une fort petite planche peut n’avoir guère qu’une demi-ligne d’épaifleur : mais il faut toujours qu’elle ait de la confiftance , & qu’elle ne plie pas fous la main du graveur.

Quand le cuivre efl bien forgé, bien plane, c’eft encore le cuivrier qui lui donne le poli , & dans un endroit oil il n’y auroitpas An cuivrier, ni de chaudronnier fort intelligent, le giaveur feroit obligé de prendre fur lui cette opération, Pour donner le poli-àla planche , on la fixe au moyen de quelques clous . fur une table épailTe & folide. Onehoifit, pour recevoir le poli , le côté du cuivre qui efl : le plus égal & qui offre le moins de gerfures. On en augmente encore i’égaliié au moyen d’un gros ébarboir ou grattoir, bien plus fort & d’une proportion bien plus grande que ceux dont les graveuts font ufkge. Quand la planche a été gratée par tout, & qu’elle n’offre plus d’inégalités ni de gerfures , on la frotte avec un morceau de grès, en l’arrofant avec de l’eau commune. On la polit ainû le plus également qu’il efl poffible, en pafPant le grès fortement dans tous les fens , & en continuant i^e mouiller le cuivre & legrès,jufqu’à ce qu’on ait fait dirparoître entièrement les égratigaures qu’alaifîees le brnniffoir.

Mais’ il efir aifé de fentir qu’un métal fnotté jiyec une fubftance auffi rude que 1^ grèsjoSre Befiux-Ans. Tome IL

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lui-même une furface rude , qui retîendroît Je noir s’il en étoit couvert , & rt efc parconféquenc pas encore convenable à recevoir les travaux da la gravure. Il faut donc faire fuccéder au grès une pierre-ponce fine & bien ehoifie , donc le grain foit médiocrement raboteux & qui faife l’effet d’une lime très-douce. On en frotte le cuivre d^ns tous les fer.s , en l’arrofant d’eau commune. On efface ainfi les traces du grès , puis on lave bien la planche.

Cependant il y refle encore les traces de la ponce , qui , toutes fines qu’elles pufTent erre , nuiroient encore à la gravure. On renouvelle donc encore la même opération avec une pierra douce à aigiiifcr, dont la couleur eft ordinairement celle de l’ardoifs, quoiqu’il s’en trouve aufli de jaunâtres & d’olivâtres : on employa cette pierre avec l’eau , comme le grès & la ponce.

On fait enfuite le même iifage d’an charboa choifi & préparé "de la manière que nous allons indiquer. On prend quelques charbons de faule bien doux, gros, pleins ; & qui ne foient pas fendillés : c’eft de ces fortes de charbons que les orfèvres fe fervent pour fouder , & on peut apprendre d’eux la manière de les connoîire & da les choifir. On en ratiflè bien l’écorce , puis oa les range dans le feu , en les couvrant d’autres charbons allumés & de beaucoup de cendre rouge, enlcrte qu’ils y foient bien exaAement enterrés , & qu’ils puiffent fe recuire fans être décompofés par l’air extérieur. On les laifTe fous cette efpéce d’enterrage pendant une heure & demie , plus ou moins félon leur grofTeur. Il vaut mieux qu’ils y reftent plusquemoins , afin qu’ils foient intérieurement atteints par le feu , & qu’il n’y refte plus aucune vapeur. Quand on juge qu’il eft temps de les retirer, on verfe de l’eau, fraîche dans un vafe , on les y jette enfemble iîc tout ardens , pour qu’ils foient faifis de la fraîcheur de l’eau, comme le feroit une barre d’acier que l’on voudroit tremper , 8c on les y lajfiè refroidir. BolTe trouve que Teau commune l’ufSc pour cette opération ; cependant j’ai vu des cu :«  vriers fort expérimentés qtii préféroient i’urins , 8c qui croyoient que fes fels communiqiient ait charbon plus de mordant. C’eft ccque 1 on pr^-» tiquoit déjà dès le temps de Boflc. Pour achever de polit le cuivre, on prend un de ces charbons, gros & ferme , & qui ne fe foie pas fendillé au feu. On donne à l’un de fes bout» une forme angulaire, s’il ne l’a pas naturelle-ment , & faififl’ant avec fermeté le bout oppofé, on frotte partout le cuivre avec cette partie an^ giileufe, en arrofant fou vent. Peu importe dan» quel fens on faffe ce frottement, pourvu qu’oi| iènt.e que le charbon morde fur la planche, & ; en détruife les raies qu’ont laifTées les pierres dont on l’a frottée. Quelquefois le charbon gliiTa fur le cyivr.e 5 lans erj mordre la furfsçe : alors il 5P4 -G R A

faut le rejetter & en prendre un autre. On Tent à la main s’il produit l’eflet qu’on defire , & : on en ed : d’ailleurs avcrti-par le petit bruit qu’il fait en mordant. Quelque fois, au contraire, le charbon cfltroprude ;!) en faut alors prendre un plus «îoiiX. On continue le frottemenf, fans perdre patience , jufqu’à ce que la planche fcit parfaitement unie.

Elle eft noirâtre , quand elle fort de cette opér ration , & quoiqu’elle n’offre aieune rayure ni trou fenfible , fl on la couvroit de noir & qu’on î’efruyât à la main , on verroit, en la pafTant fous 3a prefTe a-ec i :n papier humide , qu’elle teindroitce papier & en dé^ruiroit la fciancheiir ; enforte qu’elle n’ell point encore propre à recevoir la gravure.

Onperfeaionnele poli, & on donne au enivre 3e pi Lis brillant éclat , par le moyen du bruniffoir. Lesbruniflbirs dont on fe fert pour cette opéraîion font plus grands & plus forts que ceux qu’employent le.- ; graveur,, & font ordinairement faits en forme de cœur. On le pafTe diagoralement fur toute la planche , en appuyant deux doigts fur la partie de cet inifrument qui touche îa planche. On eft averti du fuccès de cette ope ration quand le cuivre efl : brillant partout. Il faut bien regarder lî on n’a pas eu la maladrelTe èe faire quelques raies avec le bruniffoir lui-même , & la détruire avec le même inflrument. Souvent il eft bon que l’artifle fe charge de cette opération , lorlque la planche efl ibrrie des mains ducuivricr, furtout quand elle eft déflinée à recavoir de !a gravure à l’eau forte : car fi elle efl deftinée à recevoir une gravufe au burin , î’ébarboir qui palTera pli :fi2urs fois fur toutes fes parties, ne manquera pas de détruire ces légères défeSuofités.

M. Watclet dit, âav.s l’ancienne Encyclopédie , d’après Abraham Boffe , qu’après avoir mis en ufagc ces difiérens inoyens , il faut, fi l’on Teut être affuré q’. ;e l’on a réuffi , livrer la plan,che à un Imprimeur en taille- douce, qui, après l’avoir frottée de noir & effuyée , comme on a couti.me de faire lorfque la planche eft gravée, 3a fera paffer fous la prelfe avec une feuille de papier blans. Les inégalités les moins fenfibles, s’il en refte quelques unes, s’imprimeront fur le paDier , & l’on fera en état d’ô-er à laplanche îes moindres d ;fauts ([n’eile pourroit avoir, M. Watele : auroit dû ajouter que, pour cet effâi, il falloir que la planche filt effuyée à la main ; carfielle l’étoitau chifîbn, les petites défeélucfités ne paroîtrorent pas , & Ton fe trouveroic trompé quand, après avoir gravé fur le cuivre, ©n feroit tirer des épreuves à- la main. D’ailleurs cette précaution pou-voit être nécefîaire à A.braîiam Boffe qui gravoit à Teau forte, & laiffoit îcuverrt de grandes paraes blanches fur Tes eftampes ; mais elle eft inutile pour dts ouvrages auîiuïînjlorfcjuele cuiyredoit eue entieremest G R A

couvert de travail. Enfin on peut reconnsître i l’œil , & fans tirer d’épreiiVes , les rayures capables de marquer fur le papier , furtout fi l’on frotte le cuivre avec un tampon de feutre ou de lilîere , imbibé d’huile d’olive. Ce frottement détruit le trop grand éclat qui empêche.de bien voir les défeâuofités du poli.

Pour que la planche reçoive le travail de la pointe , n elle doit être gravée à l’eau forte , ou du moins le trait , fi l’on fe propofe de la graver au burin ,~il faut la couvrir d’un vernis, On la p-éparc aie recevoir en la lavant d’abord avec de l’eau bien nette, qu’on laiffe égoutterà l’air en été , & auprès du feu en hiver. Il faut enfuite la dégraiffer bien exaâenient ; car , fans cette précaution , le vernis s’enléveroit par écailles, à mefure qu’on y.ieLteroit l’eau forte. Après avoir effuyé !a,pianchc avec un Uc.^^/sUinc & bien lec , on la dégraiffeen la fro’rant"’avec de la rnie de pain raflis ; ou , ce qui eft encore mieux , on la couvre de blanc d’I ;.fpagne gratté & réduit en poudre, & on iafro.te avec un linge bien propre : il efl bon de recommencer cette opération à plufieurs reprifes. Jl faut , après cela, reffuycr,& : prendre bien garde qu’il n’y refte point de blanc ou de mie de pain qui s’incorporcroit avec le vernis, feroit mordu par l’eau - forte & teroit un trou fur la planche.

Il y a deux fortes de- vernis dont on peut couvrir la planche qu’on veut graver ; le dur & le mou.

Le vernis dur n’eft plus en uTage ; la difficulté de l’appliquer fur la planche, celle de l’enlever, l’ont fait abandonner. Il auroit cependant fon avantage pont préparer la gravure par des travaux fermes qui imiteroient le travail du burin , & qu’on termineroit avec cet inftrumeîit. On auroit l’avantage de pouvoir repaffer fur les mêmes tailles avec la pointe ou l’échoppe, ou même de commencer à les creufer au burin , quand on vcudroit qu’elles de» vinffent irès-noires. On-peut même, furce vernis, quand on en a pris l’habitude, graver d’une pointe fouple & badine. C’eft ce que prouvent les ouvrages de Callot, de Labelle , d’Abraham Boffe qui tous ont gravé au vernis dur. Il y a dans Hes ouvrages de Callot & de Boffe des travaux larges , nourris , Se faits d’une feule taille , qu’on prendroir pour l’ouvrage du burin -. rien ne peut être- comparé à la touche fpirituelle & : à la grâce des tailles courtes àf Labelle. Un grand avantage du vernis dur, c’eft qu’on ne craint pas de l’érailler, de lenlever , de l’aft’aiffer par le moliidre frottenj.ent^ comme le vernis mou. Il pourra donc fe trouver des artiftes qui jugent à propos d’en renouveller l’ufage , & îl n’en faut laiffer perdre ni Ix. recette, ni la manière, de l’employer. ’ Ferfiu diir d’^BUAHAM Bosse, Frênes cîa^ G R ^’

tfnee ? is poîy grecque , ou , à fon défaut , de la poix graffe , autrement poix de Bourgogne ; cinq onces de rtfine de Tyr ou colophone, & à ion défaut, même quantité de réfme comntune : faites fondre ce mélange enfemble fui-un feu modéré , dans un pot as terre neuf, bien plombé , verniffé , <k bien net. Ces deux ingrédiens étant fondus, & bien mêlés enfemble, mettez-y quatre onces de bunne huile de noix ou d’huile de lin : mêlez bien le tout fur le feu pendant une bonne d2mi-héure ; puis lailfcz cuire ce mélange, jiilqu’à ce qu’en ayant mis refroidir nn ciTai , tk le touchant avec le doigt, il file comme un firop bien gluant. Alors retirez le vernis de deffus le feu, &, lorlqu’il fera un peu refroidi , paiTez-le à travers un linge neuf, dans quelque vafe de f^yence ou de terre bien plombé. Vous le ferrerez enfuite dans une bouteille de verre épais, ou dans quelqu’autre vafe qui ne s’imbibe pas & que l’on ptiifFe bien bojcher : le vernis pourra fe garder vingt ans, Ik pour être vieux, il n’en îèra que meilleur. v

frémis dur de Caliot, autrement appelle %^rnh de Florence , ou vernice groffb da lignaioli. Prenez un quarteron d’huile graile bien claire & faite arec de bonne huile de lin , pareille à celle dont les peintres fe fervent ; faites la chauffer dans un poêlon neul de terre vernift’ce ; enfiite mettez-y un quarteron > de maftic en larmes pulvérife ; remuez bien le tout, jufqu’à ce qu’il fuit fjndu entièrement. Paffcz alors toute la mafie à travers un linge fin & propre , dans une bouteille qui ait un col affez large : bouchez-la exaftement, pour que le vernis fe conferve mieux. Il refte à indiquer la manière d’appliquer l’un ou l’autre de ces deux vernis. L’expérience des artiftes qui en ont fait ufagc , doit les faire regarder comme également bons, & la façon de les employer cil la mêrne. .^près avoir parfaitement dégraifl" ? la planche, comme nous l’avons dit , on aura f )in de n’y pas appliquer la main qui pourroit la g’-aifler dg,. nouveau. On lanieitra fur un réchaud dans l<||uel il n’y ait qu’un feu doux : qi :and on juge* qu’elle eft affez chaude on la retire , & C !f»^appliqi :e avec un petit bâton, ou une plrmî, du vernis en un aifez grand nombre d’endroits pour qu’il puiflé couvrir la planche entière, quand il fera étendu. Pour l’étendre, les anciens gravetirs lé fervoient de la paume de la main : ufage qui avoir pUifieurs inconvéniens. L’un étoit de falir les mains avec une fubiiance difficile à nétcyer parce qu’elle étoit mêlée de poix bu de maftic : l’autre , que fi la main tranfpiroit en frappant fur le vernis chaud , l’humidité de la t’ranlpiration pouvoir y faire >4n grand nombre de trous ijîiperceptxbles à la G ii A

yp ?

vue , maïs pénétrabîes à l’eau-fofte. Tous Je» graveurs modernes font dsnc ufage d’une ta~ / ?crtf«, qui n’cfl : autre chofe que du coton enveloppé dans du tafetas neuf. On étend également le vernis en le frappant avec la tapette. Il ne fuffit pas qu’ik foit par- tout d’une épaifiéur égale, il faut encore que cette épaiffeur foit très-foible. Si elle étoit trop forte , on aurcit trop de peine à le recuire , & d’ailleurs il feroit incommode à graver. Comme il eft fort tranfparent , iî eft aifé de s’y tromper, & RI. "^^atelet, qui en a fait ufage , avertit que lorlqu’il femble qu’il n’y en a point du tout, il y en «  encore aflez. Cet amateur fe fervoit, pour l’unie parfaitement, d’un taoyen qui lui étoit particulier. Il coupoit des morceaux de papier blanc fin à-peu-près de la grandeur de la planche, & .paffant légèrement deiTus avec la paume de la main , après avoir étendu le vernis à l’aide du tampon , il parvenoit à rendre la couche du vernis égale Sc-aufTi peu épaifle qu’il pouvoir le dcfirer.

On graveroit difficifement & on jugeroit mal des travaux qu’on établiroit fur le vernis, fi oa lui laifîbit fa tranfparence naturelle. Il faut le rendre d’un beau noir, pour que les tailles faites à la pointe aient le brillant de l’or. Pendant que le vernis eft encore chaiid & fluide on engage la planche dans un étau à main pouc pouvoir la tenir commodément. On la tient élevée, le vernis en dcflbiis, & l’on palTc fous ce vernis la flamme d’une bougie rufineufe oii. d’un flambeau ; on a foin de ne laiffer repofet : à aucune place la b.iugie , mais de la promener fans ceffe jufqu’a la fin de l’opération, fana quoi l’on pourroit brûler le vernis. Si la planche eft trop grande pour qu’on la puifTe tenif à la main , on la fufpend p.ir le moyen de quatr» étaux placés aux bords des quatre coins. Se auxquels font paffées des ficelles qu’on attacha au plancher. On peut aufll planter dancleraui : deux doux qui fervent d’appui à l’un d--s côtés du cuivre ; au côté oppofé on fixe des éiaux & on y attache dos cordes qui fe rendent ai^ mur où elles font retenues par des doux. Il eft encore un autre foin qu’il faut p-endi-a pour noircir le vernis, quand la plancHaeil : grande ; c’eft de promener d’abord la flamme liir les bords , parce que la chaleur fe maintient ainfi au milieu, & la ffe le vernis dans un état de fluidité ; au lieu que fi l’on commençoit par noircir le centre, les bords pourroient fe refroidir Sz ne s’impregneroient plus dii noir de la fumée : C, malgré ces attentions, le vernis paroiflbit tendre à fe refroidir, il faudroit couvrir de mo’ceaux de papier enflammés h face du cuivre oppofi au vernis. L’opération eft finie, quand le vernis eft par -tout d’un noir mat & égal. Elle eft manquée , fi Je vee ? F f f f îj

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nis eft brûlé dans quelqu’une de fes parties, & il faut la .recommencer.

Pour cjiie !e vernis devienne dur, comme il doit l’être avant de recevoir le travail , il faut le cuire. On procède à cette opération de la manière luivante.

Il faut allumer une quantité de charbon proporîionnée à la grandeur de la planché. Vous formevftz avec ces charbons , dans un endroit qui foit fur-tout à l’abri de la pouiriere , un b’afier dont 1 étendue excède de quelque chofe la planche dans tous les fens. Vous aurez encore l’attention de mettre fort peu de charbons dans le milieu , parce que la chaleur fe concentrera alTf-z , & qu’il faut plus de temps pour cuire les bords de la planche. Lorfque ces précautions feront prifes, vous expofgrez votre planche fur ce brafier, à l’aide de deux petits chenets faits exprès ou de deux étaux ac moyen defqnels vous la tiendrez fufpendue à quelques pouces du feu. On doit comprendre que le côté de la planche fur leqtel cfl : appliqué le vernis, n’cft pas celui qui doit ê ;re tourné vers le brafier ; îl fe trouvera en defTus , & pour és’iter qu’il îi’y tombe de ;, atomes de pouffiere , ce qui feroit très-dangereux , & qui pourroit occafionner des trous, vous étendrez au-deffus un linge qui vous garantira de ces accidens. Lorfqu’après un el’pace de quelques minutes , vous Terrez votre planche jetter delà lumée^ vous TOUS tiendrez prêt à la retirer. Pour ne pas ïifquer de le faire trop tard, ce qui pourroit arriver fi l’on attendoit qu’elle ne rendît plus du tout de fumée , vous éprouverez en touchant îe vernis avec un petit baron , s’il rc’fifîe ou s’il cède au petit frottement que vous lui ferez éarcuver. S’il s’attache au baron , & : s’il quitte îe cuivre, il n’eft pas encore durci : s’il fait réfifiance ik s’il ne s’attache point au bâton , ■ vous le retirerez. Si , par hazard , vous avez tardé un peu trop long-temps, & que vous craigniez qu’il ne tende à fe cuire trop, vous arrofercz p"omprerrbînt le derrière de la planche avec de l’eau fraîche ; car la chaleur que le cuivre retient aftèz long temps après avoir été féparé du feu , donneroit au vernis un trop trand degré de cuiflon , & même le bruleroir ; 3a p^ ?te ne pourroit plus le cot :per avec netteté , S îe fe :oit fauter en écailles. Comme la manière de gra-er efl la même ilir les deux vernis , nous allons parler du vorjiis mou , avant de parler des inilrumens & des procédés de la gravure.

l’e nis mcu , fuivant Abraham Bosse. prenez une once & demie de cire vierge bien î>lanche & nette ; une once de mairie en îarmcs pur & net ; une demi-once de fpalt calcine-, broyez bien le maflic & le fpalt : faites ■^cûdxeau feu vocre cire dans un 50c de teire G R A^

bien plombé & verniffé par- dedans. Quand elle fera entièrement fondue , ik tandis qu’elle eft encore toute chaude , vous faupoudrerej peu-à-peu du maflic, afin qu’il fonde & le mêle : vous remuerez le tout avec lui petit bâton. Enfuite , vous faupoudrerez ce mélange avec le fpalt, comme vous avez fait la cire avec le inafiic , en remuant encore le tout fur Is feu, jufqu’à ce que le fpalt foit bien fondu & mêlé avec le reiite , c’eft-à-dire pendant environ trois ou quatre minutes ; puis vous l’ôterez du feu & le lailTerez refroidir. Ayant enliiite mis de l’eau claire dans un plat, vous y verferez le vernis, & vous le paîtrirez avec vos mains dans cette eau : vous en formerez ainfi de petites boules que vous envelopperez dans un morceau de taffetas auquel vous ferez en haut un nœud avec du fil , comme aux veffies qui enveloppent les couleurs, îl faut que ce taffetas ne Ibit pas d’un rifTu trop ferré , afin que le vernis puiffe fortir fans trop de peine par les pores de ce tilTu : ii fiut aufli qu’il foit neuf ,^pour que Ton fait afluré qu’il n’a aucune partie gïafl’e.

Autre vernis mon. Il y a encore un grand nombre d’autres manières de compofer le vernis mou. On peut en voir plufîeurs dans le traité de la manière de graver à l’eau forte & aa litrrin. , édition de 1745 1 donnée par M. Cochin. En voici une que M. W’atelet a regardée comtne la meilleure , après avoir effayé toutes les autres. Il l’a donnée dans l’ancienne Encyclopédie.

Faites fondre dans un vafe neuf de terre vernifTée deux onces de cire vierge , d3mi-0r.ce do poix noire, & demi-once de poix de Bourgogne. Il taut y ajouter peu à-peu deux onces de fpalt , que l’on aura réduit en poudre très-fine. Laifiez cuire le tout jufqu’à ce eju’er» ayant fait tcffiber une goutte fnr uneaffiette, cette goutte étant bien relroidie puilFe fe rompre en !a pliant trois ou q latre fois entre les doigts. Alors le vernis efr allez cuit ; il faut le retirer du feu, le laiffer refroidir un peu, puis le verfer dans de l’eau tiède , afin de pouvoir le manier facilement , & en faire de petites boyWfc que l’on enveloppera dans du taffetas neuf ^our s’en fervJr. 4^"

Il y a quelques obferrations à faire qui forviront datrs les différens procédés qu’on erap’oycra pour la compofition du vernis.

    • . Il faut prendre garde que le feu ne foit

trop violent , de crainte que les ingrédien» dont on fe fer : ne fe brûlent.

,°. Fendent qu’on employé le fpalt, mênie après l’^avoir em^ployé, il faut remuer continuellement le mélange avec une fpatuîe, ou un petit morceau de bois.

°. L’eau dans la<j,uelie on yerfera la coîBja

fitîon doit être à-peu-près du même degré de clialeur que les drogues qu’on y verl’e. °. Il faut rendre le vernis plus dur quand on doit l’employer en été, que pour en faire pfage en hiver. Pour lui donner plus de ferme ié , U faut ai-gmenter l3 do !e du Ipalt , ou y ajouter un peu de poix réiîne. Voici comment on employé ce vernis pour en couvurir la planche . On adapte au cuivre un ou plufi’îurs étaux à main luivant fâ grandeur. On i met la planche, du côté dont elle n’eft pas polie, liir un feu de braile qui ibit modéré. Ce feu efl : placé dans un réchaud ou dans une poêle. Quand on juge que la planche efl aTîez chaude, [ on la frotte avec le vernis renfermé, comme

! nous l’avons dit, dans du taffetas : fi la chaleur 

ell fufîitante , le vernis fort par les tiffus du taffetas ; finon il faut attendre que la planche

foit plus échauffée. On parte le vernis fur toute

’} la furface du cuivre , tâchant qu’il foit par-tout

d’une épaifTeur égale , & que cette épaiffeur
foit irès-foible ; car fi elle étoit trop forte ,

■ elle gêneroit la manœuvre de la pointe , & il même tromperont le graveur. Pour rendre le

!) vernis encore plus égal & lui donner du grain, 

il en prend le tampon fait de coton enveloppé ji dans du taffetas neuf, & que l’on nomme ta- .i pecte , & l’nn tape fur toute la l’urface du verl’ nis, tantôt, s’il en eft befoin, retirant la planche il de defTus le feu pour que le vernis ne devienne i pas trop liquide , tantôt le remettant s’il fe I refroidit i pendant qu’il eft encore dans un i état de moyenne fluidiié , en le noircit à la i flamme d’une bougie réfineuieou d’un flambcr.u, ■ de la niême manière que le vernis dur. La léule

' différence , c’eft qu’il faut cuire enfuite le

[ vernis dur, au - lieu qu’il ne faut que laifler I refroidir le vernis mou. On doit avoir attention pendant qu’on l’applique , qu’on le noircit , ou ’ qu’on le laifTe refroidir , de n’y laifler voler ’ îîi pouffière, ni cendre, ni flammèche du flam-’ beau.

’, Manière de calquer le deffln fur le vernis. i Comirie on ne pourroit corriger en gravure

des faux traits multipliés, & que par conféquent

il faut établir le trait au premier coup , les

, maîtres les plus habiles calquent fur le vernis

.1 ce qu’ils ont deffein de graver. Si l’ouvrage qu’on fe propofe de graver eft un tableau , comme on ne peut le calquer lui-même , on en copie fidellement le trait , ou pour une plus parfaite précifion , on en prend un calque , lorfqu’il eft de la même proportion qu’on veut donner à l’eftampe. S’il eft d’une plus grande proportion , il faut le réduire , & comme ,cette rédudiôn doit être de la plus Icrupuleufe exaftitude , on fe fert du moyen des quarreaux , ,«n pour être encore plus sûr de i’opéraiion , G R A

ÏP7

on employé le pantomètre qu’on appelle vulgairement Jinge.

Si c’eft un deiFin qu’on veut graver. Se qu’il foit plus grand que ne doit être l’eftampe ,*il faut le réduire par l’un des mêmes procédés. Enfuite on rougit le derrière du deliin , ce qui le fait en prenant avec un tampon de linge de la fanguine réduite en poudre , & en frottant avec ce tampon toute la furface du papier oppofé au côté deffiné. On applique enfuite le côté rougi llir le vernis, & l’on fixe le deflin avec de la cire pour qu’iï’ne puiffe vaciller. Il ne refte plus qu’à paiTer fur tous les traits du deflin une pointe un peu moiiffe , qui ne puiffe ni déchirer ni couper le papier. Tous ces traits feront imprimés en rouge fur le vernis. Si l’on avoir laiffé au dos du deflin une trop forte épaiffeur de fanguine, & qu’on ne l’eût frotté que trop mollement , une partie de cette fanguine fe détacheroit fur le vernis, & fe confondroit avec les traits. Il faut avoir foin,, daiis l’opération du calque, d’appuyer aflez la pointe pour que le irait puiffe marquer & de ne pas l’appuyer au point d’égratigner le vernis,

At ; lieu de rougir le dos du deflin avec de la poudre de fanguine, on peut le frotter avec de la poudre de mine de plomb ; alors le trait au lieu de fe détacher en rouge lur le vernis , fe détacliera en blanc. Il fera plus blanc encore, fi au lieu de mine de plomb on employé de la craie de Brian(j-on. Il peut arriver fouvent qu’on refpeiîle affei le delfin , pour ne vouloir ni le rougir par derrière, ni paffer une pointe fur les traits. Alors on prend du papier ferpente huilé, on l’applique fur le deflin, on l’y attache fur les bords avec un peu de cire ou avec des épingles : on voie au’travers de ce papier tous les traits du deflin Se on les fuit à la plume avec de l’encre de la Chine.

Mais ce papier huilé a plufieurs înconvéniens. Il n’eft point de la tranfparence la plus parfaite , & ne permet pas de bijin voir les traits I les plus fins. S’il efl nouvellement huilé , il graiffe & gâte le defïïn. S’il eft anciennement huilé, l’huile en eft jaune, & lui ôte encore plus de tranfparence. Anciennement ou nouvellement huilé , il eft encore afTez gras , pour qu’on ne puiffe hazarder de l’appliquer immédiatement fur le vernis mou. Enfin on a beaucoup de peine à y faire à la plume un traie fin , & la finefTe du trait eft une qualité elfentieîle au calque d’un graveur , parce qu’il ne faut pas que, fur le vernis, il héfite s’il doit. prendre le bord intérieur ou extérieur ou le milieu du trait qu’il a calqué.

Il vaut donc mieux prendre du papier ferperrte verni , & le fixer fur le dcfTin avec de la cire ou des épingles, Il eft bien plus’ tranf^areas S9i^’

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que !e pap’er huilé, il laiffe prefqiie voirie traît comme au ti-a’/efs d’une glace. Alors, fans Ce lervir de la plume, on pafle une pointe fur tous les traits du defTin ; ils s’impriment en bjanc fur le papier vernis, &font de la plus grande linefTe. On rougit enluite ce papier par derrière avec de la fanguine , on applique le côté rougi fur le vernis , on paffe une féconde fois la pointe fur tous ies traits, & ils s’impriment en rouge fur le cuivre verni.

Si l’on avoit pris le trait fur du papier ferpente huilé , comme il ne faudroit pas appliquer immédiatement ce trait fur le vernis, de peur de le grailler, on prendroit une autre feuille de papier ferpente dans fon état naturel : on en rougiroit un côté-, on appliquoroit enluite fur ce papier celui où eft le trait , & l’on fuivroit ce trait avec la pointe , en appuyant un peu plus que s’il n’y avoit qu’un feul papier. Si l’on veut que le delPin vienne furl’eftampe dans le même fens que l’origirial , il faudra le calquer & le graver dans le fens oppofé. Alors on prendra le trait fur du papier ferpente verni ; on rougira ce papier du côté mê.iie où efl le trait , on appliquera le côté rougi llr le vernis : on verra encore très -bien le trait fe détacher en un blanc plus obfcur que fi on avoit rougi le côté oppofé , & l’on paflera ia pointe fur tout ce trait.

On peut encore , au lieu de calquer le trait, le faire contr’épreuver fur le vernis. II faut alors faire ce trait à la fanguine , 8c le porter avec le cuivre verni chez l’inipiinîeiir en taiiledouce. Si l’on veut que !e trait foit fur le vernis du mêrtje fens que le tableau ou deiîin , il faut en faire tirer par l’imprimeur une contr’épreuve , qu’il contt’épreuvera fur le vernis. Si c"eft l’eftampe elle-même qui doit venir dans le même fens que l’original , alors il faut graver la planche dan ? le fens oppofé, & par confequent ce fera le trait que l’on contr’épreuvera immédiatement fur le cuivre verni.

Nous obiérverons en patTant, que quand on veut que l’eftampe vienne dans le même fens que l’original , on a coutume de placer fon original deirière foi , & de le regarder dans un miroir que l’on place fur fa tsble. Cependant 11 l’on n’a pas la vue longue, il faut tenir l’original devant foi & le retourner par la penfée : c’efl une habitude que l’en p-.end afTez vite. J’en ai fait moi-même l’expérience , & je l’ai vu faire à d’autres.

Il nous refte à dire que pour fixer le trait fur le vernis mou , il faut faire réchauffer le vernis. Cette opération eu : délicate ; car s’il devient trop liquide, il dévore tout le trait. Il eft plus fur de le bien ménager, fans le fixer. On a peu de peine, en gravant, à bien conferver le vernis dur : il fuffit de le couvrir d’une feuille de papier doux, qu’on recouvre elle- , G R A

même d’un papier plus fort. Ces feuilles fervene à appuyer la main pendant le travail. Le vernis mou étant bien plus délicat, & très- facile à égratigner , il faut le couvrir d’un linge très-doux, tel qu’un mouchoir de fil qui ait fervi un peu long-temps, ou une étoffe Je coton ou delbie fouple 6c maniable. Il ne faut pas que la toile ou étoffe peluche & laiffe échapper du duvet ; car, fur- tout en été, on dans un attelier bien échauffé^ ce duvet s’attacheroic fur le vernis. Quel que foit le vernis qu’on emploie, il faut bien prendre garde qu’il ne lé loge quelqi :e corps dur 8c graveleux , on gras , entre l^papier ou le linge , & le vernis. Pointes à graver. Le vernis efl impénétrable’ à l’eaii-forte ; il s’agit donc, pour graver, de l’enlever dms les endroits qui doivent être noirs iur l’tiLmpe, & de refpeder les endroits qui doivent reiter blancs. On enlève le vernis avec des poinçons plus ou moins aigus que les graveurs nomment pointes ; on deffine avec ces pointes fur le vernis, comme on deffineroit à la plume fur le papier.

Les anciens graveurs, tels qu’Abraham Boffe, donnoient à leurs pointes le nom d’aiguilles , parce que c’écoit avec des aig !;il !es à coudre qu’ils les failbient. On peut encore les imiter en cela , Se l’on fent que ces aiguilles doivent être affez fortes pour ne pas plier. On fe fert plus ordinairement aujotird’hni de pstites verges d’acier terminées en pointe, ou plutôt encore do burins ufés qu’on arrondit ou que l’on fait arrondir furlani^ulc. Quelle que Ibit la pointe que l’on préfère, il î’ai :t l’emmancher dans un morceau de bois rond, on<r d’environ cinq pouces , & du diamètre de quatre à cinq lignes. A ce manche efl adaptée ordinairement une virole de métal qu’on remplit de maftic ou de cire d’Efpagne ; & pendant que la cire ou le maftic efl encore dans t :n état de moileflc, on y engage la pointe, ne la laiffant fortir que de la longueur d’r.n pouce ou un peu plus. Quelquefois auffi on fait encrer à force le bout fupérieur de ia pointe dans un morceau de rotin ou dans une courte baguette qu’on amollit dans l’eau. On dégroffit la partie de cette baguette qui touche à la. pointe, enforie qu’elle finiffe en mourant. C0 fortes de manches font fur-tout préférables pour graver à la pointe féche, parce qu’étant obligé, pour cette operaticr, d’appuyer avec affez de force, on cft bleffé par ia virole.

Il faut avoir plufieurs pointes de différentes groffeurs pour varier les travaux. Quelle que Ibit leur groffeur, elles doivent être bien arrondies, & pour les rendre telles, il faut les tourner fans ceîTe entre les doigts en les aiguiiant fur la pierre.

Si l’on veut faire des tailles extrêmement G R A

G R A

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’es, il faut fe fervir de l’échoppe. C’elt Jointe qu’on aiguife à plat d’un côte , & qui a par confiquent un bifeau , au lieu d’être ronde par le bout. Pour s’en lervir, on tient le bifeau du côti du pouce , au lieu de le tenir du i côté de la main.

j Pour aiguiler les pointes^ il faut avoir une bonne pierre à l’huile du Levant ; celles de nos pays fonttrès-interieîîfes. Elle doit être tendre, & d’un grain égal &. doux. La bonté de la pierre t^ fur- tout très- néceffaire quand il s’agit d’ai- ^ifer des burins. On-1’enchaSe dans du bois, & on pratique un manche à cette monture. II

faut répandre de l’huiîe d’olive iur la pierre

avant d’aiguifer les outils.

On grave ordinairement fur une table doucement inclinée en pupitre. Les graveurs qui •aiment leurs ai Tes , ia font tailler fur le devant en fer-à -cheval , enlbrte que le corps le place dans cette échancrure , tandis que les coudes trouvent un appui dan ? les deux parties avancées. Par le moyen de petits taifaux, on peut pratiquer

fur cette table des cafés deilinées à recevoir oiT

■ à contenir les outils. Un artifte foigneux craint

■qu’ils ne tombent , parce que les réparations

coûtent du temps.

Le luifant du cuivre , oppofé au noir du vernis, fatigueroit les yeux, fi l’on n’amortif-’ foit pas l’éclat du jour. On le tempera en atta-I -chant à la fenêtre un chalîis do papier huilé, I «u de gaze d’Italie, a’jquel on donne une inclinaifon à -peu -près ds quarante- cinq degrés. ’ Cette précaution elî : fur-tout abfolument necsf- ,’ ifaire, quand on travaille au burin fur le cuivre ’ nud.

Dans les jours d’hiver , le graveur laborieux ■eft obligé de travailler à la lampe. II la pofe fur un fupport ds bois fait en forme de marche-’ p’ed , 8c élevé de deux à trois pouces, arin ■ aju’une partie du cuivre puilTe paffer par-deiTous, I Au-devant de la lampe s’élève un petit chaflisgar- [ ’ni de papier verni ou huilé, ou de gaze d’Italie , I "auquel on donne une foible inclinailbn. Avec ’ la même précaution , on peut, au lieu de lampe , faire ufage de bougie ou de chandelle. Si l’on a gravé quelque partie que Ton veuille changer, on délaye du noir de îumée dans du vernis à l’efprit-de- vin , en en couvre cette [ partie : on laiiïe quelque temps repofer ce mélange , & avant qu’il foit durci , on grave deffus ce que l’on veut avec une pointe bien tranchante. Si l’on attendoit que ce vernis fû :

parfaitement fec, il s’enleveroit en écailles. Il

laut avoir attention ao n en pas coucher une trop forte épaifTeur, & de ne pas l’épaiiïir par , une trop grande quan :ité de noir de fnmce. De (i quelqi.e façon qu’on s’y prenne, on ne grave I ’jamais fur ce vernis auffi commodément que liir II le vernis dyrou mou des graveurs. On s’en ferc . aufli pour recouvrir, avant de paiTet là planche à l’eau forte , les endroits qui^ par accident, ont pu être éraillésj pointillés ou endommagés de quelque façon que ce puiffe être. Mcirtière de faire mordre les planchas gravées au vernis dur. Avant de mettre la planche à l’eau - forte , quel que foit le vernis dont on s’eft fervi , il faut examiner s’il ne s’eft pas faic au vernis quelque trou, quelqu’égratignure, ou s’il n’y a pas quelques travaux dont on foie mécontent , & qu’on airae mieux refaire an burin que de les fai,re mordre dans l’état où ils font. Alors on recouvre ces accidens ou ces travaux, au pinceau, avec du vernis à l’efprit-devin, mêlé de noir de fumée, comme nous l’avons déjà dit. Si ce font de grandes parties que l’on veuille couvrir, on fe fer vira d’une mixtion compofée d’huile & de fuif , dont voici là préparation.

Prenez une écuelie déterre vernifTée : mettez^ y une portion d’huile d’olive, 8c pofez ladite ccuelle fur le feu, Lorfque l’huile fera bien chaude, jettez-y du fuif de chandelle. Le moyen de lavoir fi le mélange eft te] qu’il doit être, elt d’en laKTer tomber quelqties gouttes fur un corps froid, tel qu’une planclie de cuivre. Si ces gouttes le figent de manière qu’elles foient médiocrement fermes , Je mélange eft jafte : fi elles font trop fermes, trop cafTan’es, vous remettrez de l’huile ; fi au contraire elles font trop molles, & qu’elles relient prefque liqiuides, vous y sjouterez une petite dofe de fuif. lorrque la mixtion l’^ffi au degré converiable, vous ferez bien bouillir le tout enfemblererpace d’une heure, afin que le faif Se l’iiuile le lient Se fe mêlent bien eniémble. Tel eîï le procédé donné par Abraham Bofle. J’ai tait quelquefois ia mixtion avec moins d’appareil. Je pliois & reievois les quatre côtés d’une carte à jouer, ce que les enfans appellent faire un bateau de carie. Je rempliffois cette efpèce de conret d’huile & de fuif, que je faifois fondre en paiTant la carte par -deffus la flamme d’une bougie. J’eflayois , de la manière ci -deffus indiquée , fi les dofes étoient dans la proportion requife, & la mixtion étoit faite. On s’en fert avec un pinceau. Il ne faut pas remployer trop chaude l’ur le vernis.

Pour faire mordre la planche vernie au vernis dur, il faut fe fervir d’une eau-forte particulière que l’on nomme eau- forte à couler, parce qu’on la fait couler fur le vernis. On n’en trouve pas chez les marchands, il faut la faite foi-raênie ; en voici la recette.

Prenez trois pintes de vinaigre blanc , dii meilleur & du plus fort ; le vinaigre diflilié fe’a encore meilleur : fix onces de fel commun le plus net & le plus pur ; fix onces de fei arr.raoniac , clair, blanc,’ net & îranfparenc ; quatre I onces devûide :, ou vert-de - gt^is, leaj, lao ?

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raclure de cuivre & lans aucun refle des grappes de raifin avec lefquelles on le fabrique. Ces dolcs peuvent être augmentées ou réduites dans les mêmes proportions, fuivant la quantité d’eauforte cuie l’on veut faire. Après avoir bien pilé les drogues qui ont befoin de l’être, mettez le tout dans un pot de terre bien verniiré, principalement en dedans, 8c qui foit aflez grand pour que les drogues , en bouillant & en s’élevant , ne fe répandent pas. Couvrez le pot de fon couvercle, mettez - le fur un grand feu, ik faites bouillir promotement le tout deux ou trois gros bouillons, ik non davantage. Lorl’que vous jugerez que le bouillon eft prêt à fe faire, découvrez le pot, & remuez le mélange avec un petit bâton , en prenant garde que l’eauforte ne s’élève trop & ne furmonte les bords, d’autant qu’elle a coutume de s’enfler beaucoup en bouillant. Lors donc qu’elle aura jette deux ou trois bouillons , vous la retirerez du feu , & la laifferez refroidir en tenant le pot découvert. Vous la verferez, quand elle fera froide, dans une bouteille de verre ou de grès , & la laifferez repoler un jour ou deux avant-de vous en fervir. Si , en l’employant , vous la trouviez trop forte , ’& qu’elle fît éclater le vernis, vous la pourriez modérer en y mêlant un verre ou deux du mémo vinaigre dont vous avez fait ufage on la conipofant. Il faut obferver que, tant qu’elle ell îur le feu, & julqu’à ce qu’elle foit froide, il faut avoir attention de refpirer auffi peu qu’il e’ii pofTible la vapeur qu’elle exhale, & . de renouvelier i’quv^t l’air de l’endroit oi l’on fe tient.

Paifons à la manière de faire mordre la planche. Pour que l’eau-forte ne morde pas le côté du cuivre qui n’eft pas verni , on le couvre d’une bonne couche de la mixtion dont nous avons donné la recette, Enfuite on la fixe avec des clous fur un ais incliné en forme dechevaîet, & on a foin de frotter aufïï de mixtion les têtes de ces clous. Cet ais a deux rebords qui empêchent l’eau - forte de s’échapper par les côtés. Au-deffous eft une terrine qui contient l’eaufortc. On puife cette liqueur avec un poêlon ou tout autre iuftrumcnt de terrt ou de verre garni d’un manche ; &c on la répand fur la partie fupérieure de la planche, d’où elle s’écoule & retombe dans la terrine. On efb obligé de puifer fans cefle l’eau-forte & de la répandre fur la planche jufqu’à ce qu’elle foir allez mordue : ce qui eft une opération incommode & fort ennuyeufo. I ! faut que toute lafurface du vernis foit inondée d’eau - forte , pour qu’elle pénètre dans toutes les tailles.

Le Clerc a fimplifié cette manœuvre. Il fufBt que l’eau -forte à couler ait du mouvement pour qu’elle creufo les travaux préparés à la pointe. Peu importe que ce mouvement lui foit imprimé jpa la jettant : ou en lui (Coupant un cours d’un G R A

bord à l’autre de la planche. Cet artîfte fit donc conftruire une boête découverte, & en enduifit de fuif l’intérieur, pour que le bois ne lût pas dégradé par l’eau-forte. Il clouoitau fond de cette boè’te fon cuivre frotté de mixtion du côté qui n’étoit pas couvert do vernis , verfoi : par-defllis l’eau-forte, de forte qu’il y en eut i’épaiffeur de quelques lignes ; & il balançoit la boëte fur fes genoux , jufqu’à ce que les travaux fuflent aflez mordus.

J’ai opéré d’une manière encore plus fimpla. Je faifois autour de ma planche un rempart Ce cire haut de deux pouces ou environ, comme nous verrons que Ton fait pour l’eau-forte de départ. Je verlbis fur mon vernis de l’eau-forte julqu’à la hauteur de quelqu’es lignes -, je pofois la planche fur un rouleau qui étoit lui-même fur ma table, & tenant les deux extrémités de mon cuivre , je le balançois à mon gré. M. Watelet , riche amateur, a imaginé pour cette opération une machine que peu d’artiftes adopteront, parce qu’elle eft difpendieufe. II ^aut la lut laifler décrire à lui-même, & la compofition de cette pièce mécanique fera encore mieux éclaircie par la planche qui la repréfente, ’Se par l’explication qu’on en donnera. Voyez ci - après Vexplication. des planches qut concernent la gravwe.

u J’ai premJèrem.ent obvié, dit M. Watelet, » à l’évaporation de l’eau - forte dont la vapeur « efl : nuifible à celui qui fait mordre, en adaptant à la boë ;e imaginée par le Clerc , un » couvercle qui n’eft autre cliofe qu’un verre » blanc , une vî.re , ou une glace montée à » jour dans un quadre de fer-blanc ou d’autre » métal.. Ce couvercle, qui ferme exaftemen : » la boëte, empêche que la vapeur de l’eauforte mile en mouvement ne foit à beaucoup » prèsaufTi abondante & aulFi nuifible que lorfqu’elle fe répand librement. Les boéres dont » je me fers font entièrement de fer- blanc : » j’en ai déplus grandes & de plus petites. Se » je les enduis de plufieurs couches de couleur » à l’huile pour les mettre à l’abri de l’impreffion de l’eau-forte. Ces fortes de boëtes font » peu coûreules & durent toiijours, pourvu qu’on » ait foin de leur donner ce temps en temps » quelques couches de couleur à l’huile. La » façon la plus commode de fe fervir de la » boëte pour balotter l’eau - forte eft de la pofer )3 fur les genoux qui forment un point d’appui. » Maii ce moyen a toujours l’inconvénient d’entraîner une perte de temps aflez confidérable » pour l’artifte, ou la néceflité d’employer un » homme dont il faut payer la peine. Pou- furmonier cette difficulté , j’aV adapté à la boëte n une machine très-fimple qui lui communique » le mouvement qu’on liii donneroit avec les » deux mains, & qui rend ce mouvement fi )i égal , qiie l’on eft bien plus à portée de i calculer l’effet de l’eau-forte fur la planche. V Voici en quoi confifte oecce machine , dont ) les figures aideront à bien faire entendre I) la conllriidion.

» Ei !e ell : compofe’e d’une cage de fer formée par deux montans AA, joints enfemble par | ^> deux traverses BB ; l’intérieure eft attachée j » à deux pieds CC , qui paflent au travers de » la table , & y font arrêtés par deux écrous. n Cette cage rentcrme dejx roues & deux il» pignons. Sur la première roue eft rive un » tambour ou barillet contenant un fortreffort : » leur arbre commun porte un rochet, & l’un » .des montans unencliquetage, lelquelsfervent » à remonter le grand reflbrt , & à lui donner n la bande nécelTaire-, La deuxième roue eft » enarbrée lur !e premier pignon ; elle engrenne i» dans le fécond, qui porie lur un de les pivots,

» extérieurement à la cage, un roche
à trois

i’» derits.

)> Ce rochet forme un échappement , au » moyen de dei.x palettes fixées lur un anneau » elliptique D 1) , dans lequel il eft renfermé. ’» Sur le prolongement de l’on grand axe, cet n anneau por :e deux queues fur lerciielies font » deux coulilTes , l’une lupérieure , l’autre inn férieure : il efc arrêté fur un des montans de » la cage par des tenons à vis qui lui permettent I» de fe mouvoir librement de haut en bas. _» La queue inférieure formée en équèrre , porte ’» un petit bras de fer I, qui lui etl loint au » -moyen a une vis par une de les extrémités , » & qui l’eft de même par l’autre F du T. [ » En K eft une goupille fixée fur un des montans ; j » elle paffe à travers une douille rivée fur le T

!» fur laquelle elle peut fe mouvoir. Sa branche 

. » G paffe par une ouverture faite à la table en » forme de rainure, fuffifamment grande poi ;r » ne pas gêner fon mouvement , & porte une ’l » lentille de plomb affez pelante. A l’extrémité ’} 9 de la branche longue E eft attaché un autre I » petit bras L femblable à I joint par fon autre

» bout au levier M, lequel eft fixé invariableî’ 

» ment à l’un des tourillons du porie-boëte. » Celui-ci eft fait d’une pièce de fer ON, NO, B coudée en NN & en OO , où font deux f| » tourillons fur lefquels il fe meut. PP font [| ij/deiix doigts de fer rivés fur la barre NN, jj * lefquels erfent dans deux mains attachées » fur la boë.Q pour l’empêcher de fe renverfer. n Q) font deux fupporcs terminés par deux » tenons qui traverlent la table , Ik font arrêtés » deffuus par deux vis ou deux clavettes-, ils » ferven : à porteries tourillons du porte-boëte ; » on y a ajouté deux petits anneaux afin qu’ils ji’.ne puiffent s’échapper. ..La boëte eft de fer-

  • blanc , couverte d’un verre qui permet à

» l’artifte de voir l’effet de l’eau-forte & la ’» fituïtion de fa planche.

» Voici maintenant comment fe fai : le jeu Beaux- i^ns. Tome Jl.

G R A

o

n de cette mîch’ne. Si l’on met le balancier G » en mouvement , il le commur.iqi e par le » petit bras L au levier M , & par confequent " au porte-boëte, en la faifanc paffer fur la o planche ik. repaffer fans dilcontinuer : mais ce >■> mouvement le rallentiroit & cefferoit peu-à- ’ n peu tout à-fait, fi le rochet R, faifant monter n & defcendre alternativement l’anneau eliipn tique au moyen de les palettes , ne reflicuoic » pas le mouvement au balancier, auquel il n communique le Tien par le petit bras I, » L’infpection des figures & leur explication » achèveront de donner l’intelligence de cette » machine. »

Pour lavoir fi l’eau-forte a mordu fuffifamment quelques parties, ou !a totalité de la gravure, il faut fufpendre l’opération de l’eau-forte, retirer la planche, la laver avec de l’eau fraîche & la laiffer ficher ou à l'air l>bre oa auprès d’dn feu modéré. Quand la planche eft féche , on en découvre une petite partie en enlevant le vernis avec un ébarboir ou avec un petit morceau de charbon de faule. Si le ; travaux ne fonc pas encore alTez profonds, il taut recouvrir la partie dont on a enlevé le vernis, ce qui fe fait" avec la mixtion dont nous avH)ns parlé , ou avec du vernis mêlé de noir de fumée : mais cette dernière retarde l’opératicn , parce qu’il faut laiffer fâcher le vernis. Enfuite on remet de nouveau la planche à l’eau-forte. Quand on s’eft enfin affuré que la planche eft affez mord^ie, on retire l’eau-forre, on la lava à l’eau fraîche qu’on laiffe fécher. On ’la fait chauffer pour fondre la mixtion qu’en enlève avec un linge. On peut aufli enlever le vernii mêlé de hoir de fumée en l’imprégnant de vernis liquide & l’effuyant. Il refte l’opération d’enlever le vernis dur. On y parvient en palT.inc deffus un charbon de faule, dont on frotîe la planche fortement, en la mouillant d’eau oa d’huile ainfl que le charbon. Quand on commence à appcrcevoir le cuivre , il faut modérela »force du frottement pour ne pas ufer les travaux. L’embarras, la peine, l’ennui de faire ; durcir le vernis avant de graver, & de i’ètej après l’opération de l’eau-forte, ont, plus que toute autre raifbn, contribué à faire abandonner le vernis dur malgré les avantages qu’il eft capable de procurer.

Manière de faire mordre les planches gravées au vernis mou. On peut les faire mordre à l’eauforte à eouler, comme celles qui font gravées au vernis dur. Le procédé eft abfolunient le même , & cette eau -forte procure aux travaux un ton plus flatteur & plus argentin. Mais pour s’épargner la peine d ; couler î’eau.forte pendant un temps ccnfiderable , ou de balancer la planche pendant le même temps, on fe 1ère ordinairement de l’can - forie^iie ie* G -g § S

fe"oa

G R A

’orfèvres nomment eau- forte de départ. Elle f«  fait avec du vitriol , du lalpêire , 6c quelquefois de l’alun calciné. Il feroir inutile d’en indiquer la corapofition avec plus de détail , parce qu’il n’y a pas d’apparence qu’un graveur préfère à ia facilité d’achster cette eau - forte toute faite la peine de s’occuper de cette diftillation. ■ Il faut commeneer par établir autour de la planche un rempart capable de la contenir. On fixe d’abord le cuivre avec de petites pointes fur une planche de bois un peu plus grande, parce que les bords excédans lervent à la prendre &c à’ la manier à fon gré Jorfqu’on veut renverler l’eau-forte. On prend de la cire dont les officiers le fervent pour les deffer-s , & qu’on nomme chez les ép’xiers cire d’office ; on la - paîtrit dans les miins & on en conltruit autour du cuivre un rempart haut d’environ un pouce, ayant loin qu’e !l% Toit bien cxatlement collée fur le cuivre, & qu’elle n’ait aucune ouverture •par laquelle l’eau- forre puifle s’échapper. La cire à modeler dont fe fervent les (culp-eurs efl : moins gluante & plus commode. On couvre de mixtion ou de vernis mêlé de noir de fumée tous les accidens qui peuvent être arrivés au vernis. Enfuite on laiffe la planche pofée horizontalement fur la table, & l’on y verie l’eau- ■ forte jufqu’à ce qu’il y en ait la hauteur de quelques lignes. Com.ms fon aftion feroit trop Violente fi on l’emplojoit pure , on y mêle àpru-lprès moitié d’eau. Il faut qu’elle foit plus violente en hiver qu’on é ;é , & par un temps humide que par un temps fec. Si elle mord avec trop de vivacité, & qu’elle menace d’enlever ’ îe vernis en éclats, on ajoute de l’sau pure : fî elle mord trop lentement , on ajoute de nouvelle sau- forte. L’eau -forte bouillonne avec force fitr-tout aux endroits qui font proforidément gravés : comme ces bouillons empêchent de voir les travaux & les accidens qui peuvent y arriver, comme d’ailleurs raoide ceffe d’opérer fur les endroits qui en font couverts, on les enlève avec une barbe de plume. • Pour connoltre fi quelque partie des travaux ou leur totalité eft affez mordue, il faut retirer l’eau -forte, laver la planche avec de l’eau fraîche, la lai/Ter féchcr. jEnfuite on enlève un. peu de vernis avec une pièce de raonnoic fort mince , telle que nos pièces de deux fols & encore mieux celles de fix liards, & l’on juge la profondeur des travaux. On recouvre, s’il en eft befoin , cette parâeavec do la mixtion ou du vernis mêlé de noir de fumée ; fi c’efi : le vernis qu’on emploie , on lui laiffe quelque temps pour fe fécher , & on en remet Teauforce.

Quand la planche eft fuffifamment mordue, il ne refte aucun embarras pour la dépouiller de Ion vernis. On l’expole fur un feu modéré. La première chajeur permet d’enle ver le rempa r j , G R A

de cire que l’on met de côté pour s’en fervîr’uiWj autre fois ; le vernis fe fond, on l’effuie «vec ! un linge , on achevé de nettoyer la planche ; avec un peu d’huile , & l’on peut aulFi-tôc titeti des épreuves. |

L’eau-forte qui a fervi à mordre une planche’ pourra lèrvir encore à l’avenir :’ elle fera feulement peut-être un peu trop foible , & l’onl ne lera qu’y ajouter un peu d’eau -forte nou-j velle, . j

Une médiocre intelligence de l’art fi :ffit poart fiire co.^lpren.lre que les fonds légers d’une ! planche ne doivent pas être autant mordjs quel ICi premiers plans, que les travaux établis lurl les clairs doivent ê :re moins profonds que ceux des ombres. On eft donc obligé de faire mordre à plufieurs fois. Ainfi on ôte l’eau-forte, on lave la planche en y coulant de l’eau fraîche qu on iaiffe fccher , on découvre quelques parties des endroits que l’on fuppofe affez mordus , & s’ils le font en effet , on les co ivre de mixtion ou de vernis mêlé de noir ds fumée, & : on remet à l’eau - forte. On répète cette ! opération autant de fois que l’exige la difFé-i rence de force que l’on veut donner aux travaux.

GRAVURE au burin. Le cuivre que l’on emploie pour la gravure au burin eft le même que celui dont on fait ufage pour la gravure à l’eaitforte, & exige les mêmes préparations. On calque^ aufli de même fur le cuivre verni le trait du delFin ou tableau qu’on fe propofe de graver ; on établit ce trait fur le cuivre avec une pointe coupante , & on enlève le vernis. C’eft alorsl que commence l’opération du burin. Les outils qu’on nomme burins le font de l’acier le plus pur tk le meilleur. Le grain doit en être fin & de couleur de cendre. C’eft furtout du jufte degré de la trempe que dépend ! la bonté du burin : s’il eft trempé trop dur, .111 eft caffant ; s’il eft trempé trop mou, il s’émoufle. La forme du burin eft reprefentée planche I , au-deftbus de la vignette. On y a repréfenté le burin lofange & îe burin quatre. On s^approche ou l’on s’éloigne plus ou moins de ces deux formes fuivant le travail qu’on fe propofe j on les tient aulli plus courts ou plus longs fuivant qu’on le trouve plus commode. En général, on aime qu’ils ne foient ni trop longs ni trop courts. La plupart des graveurs choififfenc le burin dont la forme eft entre le lofange & le quarré , & qui eft délié par le ! bout, mais fans que cette fineffe vienne de trop loin , parce qu’il faut qu’il conferve de la force. Il cafferoit ou plieroit s’il étoit délié dans toute fa longueur ; fa fineffe ne doit donc commencer qu’à environ un pouce & demi de fa pointe ; on la lui donne fur la meule, en yfans le dos & tes flanw , fans toucher au aiSif,

éhant. Il en bon qu^ graveur a !t une meuTe pour faire cette opération lui-même a Ion gre, parce qu’il falc mieux comment iî veut que foit fon burin qu’il ne le feroit comprendre a sn coutelier. i„,„„

Comme le burin quarré forme une taille !arg. fans profondeur, il fournit des travaux dune


<f65’

coule

peu de

ursrife, parce que ces tailles reçoiven e noir. D’ailleurs ces t ?avaux peu pro^""’ ! peu ce noir. J^ aiiic^iij w^-j -"• , ’ r i’ „ feront de peu de durée. Il faut donc fi Ion ébauche les tailles avec un burin quarrs, les rentrer enfuite avec un burin lolange. On doit avoir grand foin ds tenir toujours - ■le burin parfaitement aiguife ; car 11 ’ o" le Ipermet de faire ou de rentrer des tailles avec (un burin cmouffe, le tra’.-ail manquera ue netteté, les traits feront bavocheux, & tout 1 ouvrage ■ fera mal propre. , . , . /- ,

Nous venons de dire qu’on evidoit fur la meule l’extrémité du burin : mais les deux cotes inférieurs, qu’on appelle le ventre, doivent être aiguifés fur la pierre à l’huile dont nous avons parlé en traitant des pointes. Pour a.guiler le ventre du burin, on en tient luccefllvemsnt chacun des deux côtés bien à plat fur la pierre humeaée d’huile. On tient le manche du burin ■de la ipain droite, & Ton appuie lur la la«e du burin deux do-gts de la main gauche ahn , (fi’il ne vacille pa.. Cette opération elt tres- ^ difficile & demande beaucoup d’ufage. M on arrondit le ventre du burin en l’aiguilant , il ne I coupe pas ; il faut que les cô :és Ibient ai.guifes ’ bien plats. On won, planche l, fig.iJ , Lettre e , comment le burin doit être pofe lur la pierre . pour en aiguifer le ventre , & lettre/ comment

il doit être pofé pour en aiguiler la pointe.
Le burin fe monte dans un manche plus ou 

i moins long, garni d’une virole. On coupe un ’ côté de ce manche pour pouvoir le tenir a plat , lïir le cuivre.

On peur voir , planche lîl , fig- 4 , comment

! en tient le burin. Le bout du manche eft engage 

dans la main , & c’efV l’os du bras qui donne rimnulfion II ne fe trouve aucun doigt entre l le burin & la planche lorfqu’on applique cet

inftrument fur le cuivre pour graver. Sans cela

’ le manche du burin feroit trop élevé, la pointe , î’eneaeeroit trop dans le cuivre , & l’on ne , poiin-oii- pouffer des tailles. Il faut que le bunn gliffe horirontalement. En allégeant la main . on commence la taille d’une fineffe extrême ; ■ fi elle doit fe gonfler prcgrelTivement , on foulève le ooignet , & fi la ’aille doit devenir plus lub :ile en finiffant, on remet la main dans la même pofuion où elle ètoit quand on a commencé. Pour rentrer une taille .ébauchée , on la prend du côté oppofé à celui dont on l’a pouffee I d’abord : cependant cette règle n elt pas_ de • rigueur. Pour faire des tailles courbes , onim- S priijve de la main gauche à la flanche qui eft » élevée fur un couffinet, un m.iuvement qui s’accorde avec celui que* la main droite donne au burin. Ce couffinet doit avoir tout au plus im pouce d’cpaiiTeur , & il doit être aflez grand pour que la planche s’y tienne aifémen : ei* équilibre.

■Le burin, en coupant le cuivre, laiffe aux dsix côtés de la taille un moi fil , qui eft mûmefenfible au doigt quand là taille efb profonde. On enlève ce m^rfi ! avec l’inftriiment nomrn» grattoir ou ébarioir , dont on voit la forme ^ planche I,jÇj. 4, 5 & 6. Il doit être parfaitement aiguilo , & ap’ès l’avoir pafTé fur la pierre a l’huile, il eft à propos de le paffer fur la pierreà rafoir. S’il avoit du morfil, il feroit au cuivrer des l’aies qu’on feroit obligé d’effacer & d’écrafet" avec le bruniffoir , ce qui fatigue les travau» environnans. II ne faut pas , ébarber chaque" taille en particulier, mais attendre qu’on aitt établi une fuite de travaux. On en fentla raifonj c’eft que l’ébarboïc ufe le travail. Pour voir l’effet des tailles , on ,a un tampoi* fait do feutre ou de lifière de drap roulé. O» prend avec ce tampon de l’huile qui eft fur ]» pierre, & qui eft toujours un peu noire quanct ©île n’eil pas fraîche, ou de l’huile mêlée àe noir de fumée, & on frotte les travaux avec ce tampon. On effiiie l’huile ; le noir refte dan» les tailles Si en montre l’effet. Il ne faut pa» frotter trop Ibuvent les travaux avec le tampon, parce que ce frottement trop répété les ufe. Voilà à-peu-près tout ce qu’on doit dire ici fur la pratique de la gravure au burin. L’infpectiun des planches & leur explication achèveront de donner les.éclairc’ffemens néceilàires. Ce qui regarde la théorie de l’art a été traité amplement dans la première partie de ce Diflioanaire.

GRAVURE en manière noire. Les opérations de cette gravure font plus promptes & les effets plus moelleux que ceux de la gravure à l’Au-forte & au burin •. il eft vrai qua la préparation des cuivres eft un peu longue ; mais on peut employer toutei fortes d’ouvriers à les préparer.

TrépAratinn des planches. Elles feront d’abord choilies parmi les meilleures planches de cuivre plané : quelques artlftes préfèrent le cuivre jaune pour la grainure ; ils prétendent que fon grain s’ufe moins vite que le grain du cuivre rouge. Le cuivre’ fe prépare d’ailleurs comme pour la gravure en taille-douce.

De la grainure. Le berceau eft l’inftrument avec lequel on donne la grainure au cuivre.’ Il a la forme d’un cifeau de menuifier. Mais le cifeau coupe & le berceau pique par fes poiaces qui funt extrêmement aig-ies. Il tire^ G g g g ij

6o~S

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des fecrets de le Blon , par arrêt da confeîl du 24 juillet 1739 (*).

C’efb en cherchant les règles du coloris , que j’ai trouvé, dit l’inventeur, la façon d’imprimer les objets avec leurs couleurs narurelies ; en paflant enfuite à des inflruflions préliminaires, il jette les fonderoens de Ion art , en étâbli’Tant que la peinture p.uc reprélenter tous les objets vifibles avec trois couleurs, lavoir, le jaune, le rouge 8c le bleu, pujlque toutes les autr-es couleurs font compofëes de ces trois primitives : par exemple , le jaune Se le rouge , fjn ; l’utangi ; le rouge & le bleu font le pourpre, le viole ; ; le bleu & le jaune font le verd. Les diff.rens mélanges des trois couleurs primitives produilent toutes les nuances imaginables , & leur réunion produit le no>r. Je ne parle que des couleurs matérielles, ajoute -t-il , c’efl-à-dire des couleurs dont le fervent les peintres : car le mélange de toutes les couleurs primitives impalpables ne produit pas le noir, mais précifenienc le contraire : il produit le blanc. Le blajic eil une concentration <.u excès de lumière ; le noir eli une privation eu défaut de lumière. Trois cojleurs, nous le répétons , donnent, par leur mélange , autant de teintes qu’il en puiffe naître de la palette du plus habile peintre : mais on ne fauroit , en les imprim’ant i’une aprèi l’autre, les fondre comme le pinceau les fond fur la toile ; il faut donc que ces couleurs l’oient employées de façon que la première perce à travers la féconde , & la féconda à travers la troifième , afin que la tranfparenc :’ puifl’e fuppiéer à l’eftèt du pinceau. Chacune de ces couleurs fera diftribuée par le fecours d’une planche particulière : ainfi trois planches particulières Ibnt nécelfaires pour imprimer une eftampe à l’imitation de la peinture.

Préparation d ?s planches. Elles font graînces comme les planches deilinées à la manière noire. I oy : Gravure en manière noire. Ces planches doivent être entre elles de même épaiffeur , bien unies, & très- çxaftcment d’éqaerre à chaque angle ; unies, pour qu’à l’imprcllion toute la fuperficie foit également preffee ; d’équerre , pour qu’elles le rapportent contour fur contour l’une après l’autre , quand elles imprimeront la même feuille do papier. La meilleure façon de rendre les planches exaûenrent égales entre elles , c’eft de faire des trous aux quatre coins ; de les juindre l’une fur l’autre par quatre rivures bien ferrées, de tracer le quarré fur les bords de la première , ’ ( * ■) L’un des commiffairés étoit M. Duhamel du J/Iohceau ; l’autre , M. Gaultier de Montdorge , auteur. 4c, cet article. Le Blon çft inoit dsOj un ^gs fblt G R A

de lîmsr jufqu’au trait en confervant (onjoiirt l’équerre fur l’épaiffeur des quatre ; limez enSn vos rivures , & les planches en fortiront comme un cahieY de papier fort de la coupe da relieur.

On peut , au lieu de rivures , ferrer les planches avec de petits étaux qui changeront de place à mefure qu’on limera les bords. C’eft à l’artifte à confulter Ion adreffe & fa patience dans les differens moyens qu’il emploiera pour les opérations mécanicjues.

Moyen fur pour c alqiter fur laplanche grainée ; Il s’agit à préfent de diftribuer le tableau fur les trois planches ; & pour que les contours, fur chaque planche, fe retrouvent préclfément dins les endroits oii ils doivent le rencontrer,, voici de quel moyen on fe fert. Prenez une de ’ vos planches ; couchez- la far un carton épais plus grand de deux pouces on hauteur & en largeur que la planche : faites avec un canif une ouverture bien perpendiculaire dans le carton ; la planche elle-même fervira de calibre ; dès que le carton fera coupé fur les quatre faces, il vous donnera un cadre de deux pouces. Ayez, pour détacher ce cadre , une lame bien acérée & bien aiguifee avec un manche à pleine main : attendez-vous à trouver de la réfiflance , & pour éviter d’en trouver encore plus , effayez fur différentes efpèces de carton celui qui le coupera le plus net & le plus facilement. Sur -tout que le carton que vous choifirez foit bien fec, & tout au moins aufli épais que la planche de cuivre. Vous avez aux quatre coins de celle qui fait votre calibre quatre trous qui ont fervi à afferabler les autres planches pour les limer : vous ^^ourrez en profiter, pour river le calibre avec le carton, par ce moyen les rendre fixe ! l’un fur l’autre , & donner plus de facilités enlever le cadre.

Il faudra , pour le garantir de l’humidité qui le. feroit étendre , l’enduire delTus & deffous d’une groffe couleur à l’huile , telle qu’on l’emploie pour imprimer les toiles de tableau. Le cadre de carton efl ainli préparé pouï rece’voir un voile qui fera coufu à points ferrés fur fes bords intérieurs : c’eft ce voile qui ferc à porter aveç_ précifion les ccntourSi On le. préfente ra donc fur l’original qu’on va graver ; & après avoir tracé au pinceau avec du blanc à • l’huile fur le voile , on attendra que l’huile foit fiche pour repàfTer les mêmes traits avec, da blanc beaucoup plus liquide que celui qui a féché. On enfermera la première plsnche dans le cadre de carton ; & le bla’nc, encore frais,’ marquera fur la grainure tous les cbntours’donlf^ le voile eft chargé. ■ - • ’ ■"

On repaffera du blanc liquide fur-les "traits du voile pour calquer les autres planches : on’ fera certain, parce BM)ypn.j du - rapport -exaS’

Qu’elles auront entre elles. Le blanc liquide ^ peu-près la planche bleue, on en tiie quejn’ies qui doit calquer du voile au cuivre graine, énrpnvpï’ ,S- i-nn foîf lo,. ^.,„„„r !. : .._ • ft un blanc à détrempe , délayé dans l’eau dee

vie avec un peu de fiel de bœuf, pour qu’il morde mieux fur le trait à l’huile. Mais pour conferver ce trait, il efl : à propos de prendre une plume, & de le repaffer à l’encre de la j • Chine -, car l’encre ordinaire tient trop opiniàtré-’ ment dans les cavités de ia grainure. Gravure des planches. -Les inftrumens dont on fe lert pour ratilTer la grainure, font les mêmes que ceux qu’on emploie pour la manière noire, & le pro ;édé de la gravure eft abfolument le même, Voyei Gravure eu manière WOIRE.

De l’intention des trois planchas, La pre-I ’inière planché que l’on ébauche eft celle qui doit tirer en bleu , la féconde en jaune, & la troifième en rouge. Il faut avoir grande attention de ne pas trop approcher du trait qui arrête les contours, & de réferver toujours de la place pour fe redrefler, quand on s’appercevra , par les épreuves, que les planches ne s’accordent pas parfaitement.

On dirigera la gravure de fa^ ;on que !e blanc du papier , comm’o il a é :é dit, rende les hiifans du tableau ; la planche bleue rendra les tournans & les fuyan> ; la planche jaune donnera les couleurs tendres & : les reflets : enfin la planche rouge animera le tableau & fortifiera les bruns iufqu’au noir. Les trois planches concourent , prefqae par- tout , à faire les ombres , quelquefois deux planches .fuftifent pour cet objet, quelquefois une i’eule.

Quand il fe trouve des ombres à rendre extrêmement fortes, on met en œuvre les hachures du burin. Il efl : aifé de juger que les effets viennent non - feulement de l’union dëï couleurs, mais encore du plus ou moins de profondeur dans les cavités du cuivre. Le burin fera donc d’un grand fecours pour forcer les ombres ; & qu’on ne croie pas que les hachures croîKes dans les ombres occafionnent de la dureté •. nous avons des tableaux où , vues d’une certaine diftance , elles rappellent tout le mjëlleux du pinceau. Les ombres extrêmement fortes obligent même de caver plus profondément que ne font les hachures ordinaires de la taille-douce : on fe fert alors du ciièau , pour avoir plus de facilité à creufer. Nous obferyerons qu’il eft très -avantageux d’employer le burin dans certains cas. Les veines , les artères dans l’anatomie , les fibres dans la botanique , les moulures dans l’architecture , en un mot tous les traits décidés Ibnt l’ouvrage du burin.

Four établir Vehfemhle.^ Dès qu’on a gravé àépreuver, & l'on fait les correftion'v au pincao[>. Pour cela, mettez un peu de blanc à détrempe’ fur les parties de l’épreuve qui paroiflent trop colorées, & un peu de bleu à détrempe fur les parties qui pareiffent trop claires. Puis, en confaltant cette épreuve corrigée , vous paf’erez encore le grattoir fur les parties dj c^^vre trop fortes , & par conféquent trop grainees ; & vous grainerez , avec le petit Berceau , les parties troo claires & par conféquent trop grattées : mais avec un peu d’attention, on évii ;f le cas d’être obligé de regraine--. Cttte première planche bleue approchant de fa perfedion , vous fournira cies épreuves qui ferviront à conduire la planche jaune. Voici comment.

Examinez les draperies ou autres parties qui doivent reiter en bleu pi :r ; couvrez ces parties lur votre épreuve bleue , ave ; de la craie blanche, & ratiffez la féconde planche de facoa qu’elle ne rende , en jaune, que ce que la c/aie laifle voir en bleu.

Mais ce que rend la planche bleue, n’apporte pas tout ce que demande la planche jaune. C’efl pourquoi vous ajouterez à détrempe, fur cette épreuve bleue, tout le jaune de l’orig ;’nal, jaune pur, jaune paille , ou autre plus ou moins fonce. Si ia planche bleue ne fournit rien fur le papier, dans une partie où eft placé, par exemple, le nœud jaune d’une manie , vous peindrez ce nœud à détrempe jaune fur’vore épreuve bleue, afin qu’en tra.-aillant la féconde planche d’après l’épreuve de la première, vous lui faifiez porter en jaune tout ce que cet.e épreuve montrera de jaune & de bien. On travaille, avec les mêmes précautions,

!a troilième en rouge d’après la féconde e :’. 

jaune ;. & pour juger des effets de chaque planche , on en tire des épreuves en pariiculier qui font des camayeux , mais touv imparfaits parce qu’il leur manque des parties qui ne peuvent ^ie retrouver, pour l’enfemble , qu’on uniffant à rimpreiaon iej trois couleurs Cuv la même feuille de papier. On jugera, quand elles feront réunies , des teintes, demi-teintes, & de tou.es les parties enfin trop claires ou trop chargées de couleur : on pafiera, comme on l’a de]a dit , le berceau fur les unes , 8c le <^rattoir fur les autres. °

C’cft ainfl que furent conduits les ouvrages dans ce genre qu’on vit paroître, il y a vin’-t-cinq on trente ans ( l’auteur écrivoit en t.’/k6) en Angleterre. On devroit s’en tenir à cette façon d’opérer. L’inventeur cependant en a enleigné une |)lus expédirive dont il s’eft fervi’à Londres & à Paris : mais il ne s’en fervoit que malgré lui ,^parce qu’elle eft moins triomphantis pour le fyftêrae des trois couleurs primitives. Manière plus prompte d^openr. Quatre plaR, 6oS

G R ^

des fscrets de le Blon , par arrêt ia confeîl du 24 juillet 1739 (*).

C’efl en cherchant les règles du colons , que j’ai trouvé, dit l’inventeur, la façon d’imprimer les objets avec leurs couleurs narurelies ; en paflant enCiiite à des indruftions préliminaires, il jette les fondemens de Ion art , en établifTant que la peinture pmt représenter tous les objets vifibles avec trois couleurs, lavoir^ le jaune, le rouge 8c le bleu, puilque toutes les autres couleurs font compofées de ces trois primitives : par exemple , le jaune Se le rouge , font l’orangv ; ; le rouge & le bleu font le pourpre, le violet ; le bleu & le jaune font le verd. Les difF^rens mélanges des trois couleurs primitive : produiiént toutes les nuances imaginables, & leur réunion produit le no>r. Je ne parle que des couleurs matérielles, ajoute -t-il , c’eft-à-dire des couleurs dont fe fervent les peintres : car le mélange de toutes les couleurs primitives impalpables ne produit pas le noir, mais précifement le contraire : il produit le blanc. Le blapc eil une concentration lU excès de lumière ; le noir eli une privation cii défaut de lumière. Trois coaie’jrs, nous le répétons , donnent, par leur mélange , autant de teintes qu’il en puifTe naître de la palette du plus habile peintre : mais on ne fauroit, en lei imptimant l’une après l’autre , les fondre comme le pinceau les fond fur la toile ; il faut donc que ces couleurs l’oient employées de façon que la première perce à travers la féconde , & la féconde à travers la troifième , afin que la tranfparencj puifl’e fuppiéer à l’effet du pinceau. Chacune de ces couleurs fera diftribuée par le fecours d’une planche particulière : ainfl trois planches particulières font néceffalres pour imprimer une eflampe à l’imitation de la peinture.

Préparation des planches. Elles font graînces comme les planches dellinéesà la manière noire. loy^i Gravure en manière noire. Ces planches doivent être entre elles de même épaiffeur 5 bien unies, & très- çxaftement d’équeire à chaque angle ; unies, pour qu’à l’impreflion toute la fupcrficie foit également preflee ; d’équerre , pour qu’elles fe rapportent contour fur contour l’une après l’autre , quand elles imprimeront la même feuille do papier. La meilleure façon de rendre les planches exaSement égales entre elles , c’efl : de faire dos trous aux quatre co’ns ; de les joindre l’une fur l’autre par quatre rivures bien ferrées, de tracer .le quatre fur les bords de la première , ’ (*) L’un des commiffahés étoit M. Duhamel du Jrtohceau ; l’aiiire , M, Gaultier de Montdorge , auteur 4«.cet article. Le Blon çft niott dans «o ège ftit’Ç G R A

de l !m3r juftiu’au trait en confervant toujotirs l’équerre iiir l’épaiffeur des quatre ; limez enSn vos rivures , & les planches en fortiront comme un cahtsr de papier fort de la coupe da relieur.

On peut , au lieu de rivures , ferrer les planches avec de petits étaux qui changeront de place à mefure qu’on limera les bords. C’eft à l’arti.fte à confulter l’on adrelfe & fa patience dans les diffçrens moyens qu’il emploiera pour les opérations mécaniques.

Moyen fur pour calquer fur la planche grainée ; Il s’agit à préfent de diftribuer le tableau fur les trois planches ; & pour que les contours, fur chaque planche, fe rstrouvent précifémenc dins les endroits oii ils doivent fe rencontrer, voici de quel moyen on fe fsrt. Prenez une de vos planches 5 couchez- la fur un carton épais plus grand de deux pouces en hauteur & en largeur que la planche : faites avec un canif une ouverture bien perpendiculaire dans le carton ; la planche elle-même 1er vira de calibre ; dès que le carton fera coupé fur les quatre faces, il vous donnera un cadre de deux pouces. Ayez , fo :ir détache ! ce cadre, une Ismebicn acérée & bien aiguifee avec un manche à pleine main : attendez-vous à trouver de la réfifiance , & pour éviter d’en trouver encore plus , elTayez fur différentes efpèces de carton celui qui le coupera le plus net & le plus facilement. Sur -.tout que le carton que vous choifirez foit bien fec, & tout au moins aufîi épais que la planche de cuivre. Vous avez aux quatre coins de celle qui fait votre calibre qLiatre trous qui ont fervi à affembler les autres planches pour’ les limer ; vous pourrez en profiter, pour river le calibre avec le carton, par ce moyen les rendre fixe ? l’un fur l’autre , & donner plus de facilité à enlever le cadre.

Il faudra, pour le garantir de l’humîdité quî le. feroit étendre , l’enduire deffus & deffous d’une groffe couleur à l’huile , telle qu’on l’emploie pour imprimer les toiles de tableau. Le cadre de carton eft ainfi préparé pour recevoir un voile qui fera coufu à points ferréa fur fes bords intérieurs : c’eft ce voile qui fert à porter avec, précifion les contours^ On le préfentéra donc fîir l’original qu’on va graver ; tk. après avoir tracé au pinceau avec du blanc à l’huile fur le voile , on attendra que l’huile foit fiche pour repaffer les nièmeî traits avec du blanc beaucoup plus liquide que celui qui a féché. On enfermera la première planche dans le cadre de carton ; & le bla’nc, encore frais, marquera fur la grainure tous les contours’dont le voile eft chargé. ’

On repalTcra du blanc liquide fur -les "traits du , voile pour calquer les autres planches : on’ fçif» çehaJn , pac ce moypn, du r.apport exaS’

«Ju’elles auront entre elles. Le blanc liquide qui doit calquer du voile au cuivre graine , eft un blanc à dcjcrempe , délayé dans l’eau devie avec un peu de fiel de bœuf, pour qu’il morde mieux fur le trait à l’huilç. Mais pour conlerver ce trait , il eft : à propos de prendre une plume , & de le repaffer à l’encie de la Chine-, car l’encre ordinaire tient trop opiniitrément dans les cavités de ia grainure. Gravure des planches. "Les înArumens dont on fe lert pour ratilTer la grainure, font les mêmes que ceux qu’on emploie pour ia manière noire, & le procédé de la gravure efi : abiolument le mênie. Voyei Gravure em manière WOIKE.

De l’intention des trois planch :s. La première planche que l’on ébauche eft celle qui doit tirer en bleu, la féconde en jaune, Si la troifième en rouge. Il faut avoir grande attention de ne pas trop approcher du trait qui arrête les contours, & de rélerver toujours de la place pour fe redrefler, quand on s’appercevra , par les épreuves, que les planches ne s’accordent pas parfaitement.

On dirigera la gravure de façon que le blanc du papier , comme il a é :é dit, rende les luifans du tableau ; la planche bleue rendra les toiirnans & les fuyans ; la planche jaune donnera les couleurs tendres & : les reflets : enfin la planche rouge animera letabieau & fortifiera les bruns jufqu’au noir. Les trois planches concourent , preîque par- tout , àfsireles ombres, quelquefois deux planches .fuffifent pour cet objet, quelquefois une feule.

Quand il fe trouve des ombres à rendre extrêmement fortes, on met en œuvre les hachures du burin. Il eft aifé de juger que les efters viennent non - feulement de l’union àes couleurs, mais encore du plus ou moins de profondeur dans les cavités du cuivre. Le burin fera donc d’un grand fecours pour forcer les ombres ; & qu’on ne croie pas que les hachures croiRes dans les ombres occaiionnent de la dureté : nous avons des tableaux où, vues d’une certaine diftance , elles rappellent tout le moelleux du pinceau. Les ombres extrêmement fortes obligent même de caver plus profondement que ne font les hachures ordinaires de la taille -douce : on fe fert alors du cilèau , pour avoir plus de facilité à creufer. Nous obferverons qu’il eft très-avantageux d’employer le burin dans certains cas. Les veines, les artères dans l’anacomie , les fibres dans la botanique , les moulures dans l’archirecture , en un mot tous les traits décidés font l’ouvrage du burin.

^our établir l'eftfiml>le.^Dès qu’on a gravé à-G R A

a.

peu-près la planche bleue, on en tire quelq-ies épreuves-, & l’on fait les- correélions au pincac ! Pour cela, mettez un peu de blanc à dec-e-nDe’ lur les parties de l’épreuve qui paroiflent trop coloress, & un peu de bleu à détrempe fur les parties qui pareiffent trop claires. Puis, en conlultant cette épreuve corri2 ;ée , vous paf’brea encore le grattoir fur les parties d. ; ciyvre trop fortes , & par confequenr trop grainees ; & vous gra.nerez , avec ie petit Berceau , les parties trop ciaires & par conféquent trop gratrees : mais avec un peu d’attention, on évii ;^ le cas d’être oblige de regraine--. Cttte première planche bleue approchant de fa perfeftion , vous fournira des épreuves qui ſerviront à conduire la planche jaune. "Voici comment.

Examinez les draperies ou autres parties qui doivent reſter en bleu pur ; couvrez ces parties ſur votre épreuve bleue, avec de la craie blanche, & ratiſſez la féconde planche de façon qu'elle ne rende, en jaune, que ce que la craie laiſſe voir en bleu.

Mais ce que rend la planche bleue, n’apporte pas tout ce que demande la planche jaune. C'eſt pourquoi vous ajouterez à détrempe ſur cette épreuve bleue, tout le jaune de l’original jaune pur, jaune paille , ou autre plus ou moins foncé. Si la planche bleue ne fournit rien ſur le papier, dans une partie où eſt placé par exemple, le nœud jaune d’une min^e, vous peindrez ce nœud à détrempe jaune ftir’vo’re épreuve bleue, afin qu’en travaillant la féconde planche d’après l’épreuve de la première , voua lui faisiez porter en jaune -tout ce que cet^e épreuve montrera de jaune S ; de bien. On travaille j avec les mêmes précautioiu

!a troihème en rouge d’après ia féconde e ;~ 

jaune ;, & pour juger des effets de chaq,,planche , on en tire des épreuves en particulier quilont des camayeux , mais touv imparfairs parce qu il leur manque des parties qui né peuvent le retrouver, pour l’enfemble , qu’ea uniffant à l’impreffion les trois couleurs fur la même feuille de papier. On jugera, quand elles leront reunies, des teintes, demi-teintes, & de tou.es les parties enfin trop claires ou rrop chargées de couleur : on pafibra, comme on l’a déjîi

, le berceau fur les unes , Se le grattoir fur les autres.

C’eft ainfi que furent conduits les ouvrages dans es genre qu’on vit paroître, il y a vin*t-cinq ou trente ans ( l’auteur écrivoit en iTc’ô ) en Angleterre. On devroit s’en tenir à cette façon d’opirer. L’inventeur cependant en a e’nletgné une plus expéditive dont il s’eft fervi’à Londres & à Paris : mais il ne s’en fervoit que maigre lui , parce qu’elle eft moins triomohanaa pour le fyftême des trois couleurs primitives. Manière plus prompte d’ opérer- Quatre plan, <fog

G R a :

ches font néceffaires pour opérer pîu« promptement. On charge d’abord la première de tout le noir. du tableau : & pour rompre l’uniformité oui tiendroic trop de la manière noire , on ménage dans les autres planches de la grainu-re qui puifie glacer fur ce noir. On aura attention de tenir les demi -teintes de cette premièrî planche un peu foibles , pour que fon épreuve reçoive la couleur des_ autres planches fans les fa’.ir.

Le papier étant donc chargé de noir , la féconde plandie qui imprimera en b !eu , puisqu’on ne la forçoic que pour aider à faire les ombres, doit être beaucoup moins forte de grainure qu’elle né l’étoic en travaillant fur les premiers principes. De même la planche jaune & la planche rouge, qui lervoient aulFi à forcer les ombres , ne feront prelque plus ch.irgées que des parties qui doivent imprimer en iaune & en rouga , & : de quelques autrc^ parties encore qui glaceront pour fondre les couleurs, ou qui, réunies, enprcduiront d’autres, ainfi que le b’.eu & le jasne produiront cnfcmble le "erd -, le rouge & le bleu produiront le pourpre, &c.

Le cuivre dtiliné pour la planche noire fera erainé fur toute la fuperficie ; mais en traçant fur les autres, on pourra réferver de grandes places qui refieront polies. Ainfl, en s’évitant la peine de les grainer, on s’évitera encore celle qu’on eft obligé de prendre pour ratifier & polir les places qui ne do-ivent rien fournir à l’imprefFioTi.

Quand on efb une fois parvenu à fe faire un modèle, on eft bien avancé. Que j’aie, pai exemple, un portrait à graver : il s’y tro.ive, ie fuppofe j cent teintes différentes : l’efcampe en couleur d’.in faint Pierre que j’aurai confervce , avec les cui’.res qui l’ont imprimée, va décider une partie de mes teintes, ik voici comment.

Je veux colorer l’écharpe du portrait ; cette ccharpe me paroît, par la confrontation, de la même teinte que la ceinture de mon laint Pierre anciennement imprimée ( * ). J’examine les cuivtes du faint Pierre , je reconnois qu’il y a tant de jaune, tant de rouge dans leur grainure ; alors, pour rendre l’écharpe du ponrai--, je réferve en jaune & en rouge autant de grainure que mes anciens cuivres en ont eu pour la ceinture du faint Pierre,

Ves iûs particuliers qui peuvent exiger uns cinquième planche. Il fe rencontre dans que.- ( * ) Oa doit fentir combien ce tâtonnement des teinte " êc ce petit foin d’imiter fur une efUmpe ie procéii qu’on a f*vi fur une antre, e ;l contraire à la lavanre imiration du coloris d’un tableau. Pour copier Rubens , H imx être animé du. fîa de c«t arcifte. G R A

ques tableaux des tranfpafens â tendre qu> deiiiandent une planche extraordinaire , des vîires dans l’architedure , des voiles dans les draperies, des nuées dans les ciels, &c. Le papier ^^ui fait le clair de nos teintes a été couvert de difFér&ntes couleurs, & par conféquent ne peut plus fournir aux tranfparens qui doivent être blancs ou blanchâtres, & paroîtie par-deffus toutes les couleurs. On fera donc oblige, pour faire (intir la tranfparenco, d’avoir recours à une cinquième planche : à moins qu’on n’élude ce nouveau travail, & qu’on n’y fupplée par 1 un des quatre cuivres qui ont déjà travaillé , en employant l’expédient dont je vais parler,

Suppofuns que je cherche à tendre les vîtres d’un palais ; la planche rouge n’a rien fourni pour ce palais, & conferve , par confé^uent, une place fort large fans grainure -, j’e.i vais prolîter pour y graver au burin quelques traits, qui, imprimés en blanc fur le bleuâtre des vîtres, rendront la tranfparencs de l’original , & m’é- 1 pargneront un cinquième cuivre. Les épreuve» de cette impreffion en bianc que l’on tire pour efiai, & pour le corriger en cas de belbin , fe font fur papier bleu.

On concluera de cette explication que, par une économie fort contraire , il eft vrai , à la fimplicité de notre art, on peut profiter des places reftées fans travail dans chaque planche, pour donner de certaine’) touches qui augmenteront la force ; procédé d’autant plus Jacile, que la même plan. ;he imprimera, fous un même tour de prellé , plufieurs couleurs à- la- fois : il ne s’agira que de mettre dilh rentes teintes dans des parties affez éloignées les unes des autres, pour qu’on puiffo les érendre & les effuyer fuj la planche fans le ? confondre. Mais l’imprimeur intelligent, & furveillé par un artifte , aura, ’grande attention de confuher le ton dominant pour conî’erver l’harmonie, & il fera même à propos que l’auteur de l’ouvrage cherche fur la palette l’iccord deûré, & qu’après avoir trouvé la teinte convenable , il la fourniffe toute fait«  à l’imprimeur.

De Pimprejpon. Le panier, avant d’être mis fous la prefTe, fera trempé au moins ving>quair9 heures : on ne rifque rien de ie faire trimper phis long-temps.

On tirera, ii l’on veut, les quatre, ou les cinq planches de fuite, fans laifl’er fi.’cher !es couleurs ; il femble même qu’elles n’en feront que mieux m.rriées. Cependant 11 quelque obftacle s’oppofe à ces imoreilions précipitées, on pourra laiffer fecher chaque couleur, & faire retremper le papier autant de fors qu’il recevra de planches différentes.

On ne fauroit arrivera laprrfetlion du tableajj fans imprimer beaucoup d’elTais ; ces effais ufent lea

G R A

l’es planches , & quand on efl dans le fort de i’imprcflion , on eft bientôt obligé de les re- . toucher. Il ne faut pas fe flatter que les cuivres tirent plus de (îx ou huit cents épreuves fans /^Itération lenfible.

Les eftatnoes colorées exigent des attentions qv.e d’autres e/tampes n’exigent pas. Par exemple, l’impïimeur aura foin d’appuyer fes doigts e.ncrés fur les rovers de fon parier , aux quatre ’coins du cuivre, afin quî ce papier puilîe recevoir fucceffivement , angle fur angle, toutes les planches dans (es repaires.

Sans nous arrêter à toutes les obfervations que noLs pourrioTS faire fur ce qui regards l’impreffion , il futîîra dédire que les premierî efais en apprendront bien plus que nepourroient,. fjire do longues inftruftions.

Des coule :!rs. Toutes les couleurs doivent être tranfpîrentes, pour glacer l’une fur l’autre : /^Êlles demandent , par c ;>n(tquent , un choix jjarticulicr. Elles peuvent erre broyées à l’huile de noix : cependant la meilleu e & ; la plus Cccative, eft l’huile de pavots. Quelle qu’elle fcic, on y ajoutera teujours une dixième partie d’huile de litharge. C’eft à l’imprimeur à rendre ies couleurs plus ou moins coulantes , félon qije fon expérience le guide : mais qu’il ait l’attention de les faire broyer de la plus grande finelTe î fans cela, elles entrero'ent a>;ec force dans la giainure & n’en fjrciroient qu’avec peine ; elleo haperoient le papier, & le feroient déchirer.

Le blanc. Les tranfparens dont îl a été parlé, feront imprimés avec du blaric de plotnb le mieux broyé.

Du noir. Le noir ordinaire des imprimeiyrs en taille -douce eft celui qu’on emploie pour la première planche, quand on travaille à quatre ""cuivres. On y ajoutera un peu d’indigo , pour le dirpofer à s’unir au bleu.

Du bleu. L’indigo fait auîlî notre bleu d’efTaî. Mettez - le en poudre, &, pour le. purifier, jettez-le dans un matras : verfez detTus ailez d’efprit-de-vin pour que le matras foit divifé en trois parties-, la première d’indigo, la féconde d’efprit-de-vin, la troifième vuide. Faites bouillirau bain de fable, & verfez enfuite par inclinaifon l’efprit- de -vin chargé de l’impureté. Remettez de nouvel efprit- de- vin , & recommencez la même opération, jufquà ce que cet fiff rit forte du macras fans être taché. Laiffez alors votre ma.ras fur le feu jufqu’à ficciié. Si, au lieu de faire évaporer, vous diftilléz l’efprit- de- vin , il fera bon encore à pareille purification.

L’indigo ne fcrt que pour les effais. On ein-Jiiaiix-Ans. loiiu //,

G R K

ISogf

ploie â l’împreflïon le plus beau bleu de Prufle : mais il faut fe garder de s’en fervir pour effayer les planches ; il les tache li fort , qu’on a de la peine à reconnokre enfuite les défauts qu’oa cherche à corriger.

Du jaune. Le ftil-de-gtaîn le plus foncé efl

le jaune qu’on broyé pour nos imprefiions. On 

n’eu trouve pas toujours chez les marchands qui foit fufElàmment coloré : alors on le fait ainfl.

Prenez de la graine d’Avignon ; faites la bouillir dans de l’eau commune : j>:ttez-y, pendant qu’elle bout, de l’alun en poudre j paffez la teinture à travers un linge fin, & délayez - y de l’os de feche en poudre avec de la craie blanche, en parties égales. La dofe n’eil pas prefcrite : on tâtera l’opération pour qu’elle fournifle un ft :l-de-grain qui donne à l’huile une couleur bien foncée.

Du rouge. On demande pour le rouge une laque qui ^’éloigne du pourpre & qui approche du nacarat : elle lera mêlée avec deux parties du carmin le mieux choili. On pe ;it aufli faire une laque qui contienne , en elle-même, tout le carmin neceflaite ; on y mêlera , félon l’occafion un peu de cinnabre mincr.il oc non artiticiel. Il eft à propos d’avertir que, pour taire les effais, le cinnabre feul , même l’artificiel, fuffit.

Vernis. On peut vernir les eftampes en couleur , c >mme on vernit les tableaux ; miis toutes Ici fortes ds vernis ne funt pas propres à remplir cet objet. Pour ne rien omettre de ce que nous a laiffé le Blon , nous donnerons ici la recette d’un vernis particulier qu’il paffoit fur fes épreuves.

Quatre parties d’huile de Copahu, avec une partie de gomme copale compofent ce vernis. Pilez & camifez la gomme ; jettez-la- dans l’huile de Copahu, & remuez chaque fois que vous en mettrez. Je dis chaque fo"s ; car la poudre de copale doit être mife par projeflicn, de jour en jour, en quinze dofes au moins. Vous expolërez lo vaiffeau qui contient le mélange en plein fo’-eil,, ou à une chaleur femblable ; & quand les grains dç copale ne fe diftingueronc plus dans l’huile, & que la copale elle même fera corps avec l’huile en confiftance de miel, vous écUirsirez ce vernis à volonté avee.de la térébentine un peu chaude : celle de Chio eft la meilleure.

Il faut avant de vernir l’eftampe , y pafler unç légère colle de poiffon , que vous préparerez ainû. Faites di.Toudreà difcrétion de Ualun dans l’eau de rivière : que la colle trempe, pendant un jour entier, dans cette eau alunée. Enfuite faites -la bouillir îk paffer dans un linge. Vc’tre H 11 h l ;

< ?!o G R A

colle âo’t avoir une conliftance d’huile : vous •y mêlerez, pour qu’elle IVche plus vite, un peu d’eCprit- de -vin.

Quand le Bien vouloit donner à Ces eflampes le coup d’ceildu vélin, il l.ffoit fon papier avant àe le vernir. Il y faffbit deux couches, & c’efi là ce qJ’û appelloJt miniaturer . Quand il vouloit que l’ellampe imitât un tableau de chevalet, il la colioit lur une toile à gros grain , & n’y paflbiL qu’une ]i=gère couche de vernis. (^Mémoire de M. de Montâorge , impumé a la fuite du Traite du coloris de le Blon , fous le titre d’art d’imprimeries tableaux, G* inféré erfuite dans l’ancienne Encyclopédie. )

£x PLI CATION des planches relatives à la gravure.

PLANCHE PREMIÈRE.

La vignette repréfente un attelier où on a raffemble les principales opérations de la gravure a l’eau -forte oc au burin.

Fig. 1. Un graveur qui vernit une planche au vernis mou. a eu la planche placée fur un réchaud, p’oyei les inftrumens & la manière d’opérer, pL 7/, /^. i , 3 , 4. _ i. his. Repréfente un homme qui noircit le vernis. On fuppofe ici que la planche efl trop grande pour la pouvoir foutenir d’une main, tandis que de l’autre on tient le flam--beaa : voici comme on s’y prend en pareil cas. On paffe dans un piton attaché au plancher, quatre cordes d’égale longueur , ^ , t, d, e ; chacune de ces cordes a une boucle à fon extrémité ; on fufpend le cuivre que l’on veut noircir par Tes quatre angles que l’on fait entrer dans chp.cune des boi.cle.’. 3, c, d, e ; enforte que a ibit le côté verni de la planche. L’on conduit le flambeau parallèlement au côté è e dans toute la largeur b f, ■ & enfuite parallèlement au côté e d dans toute la longueur be.cd, & dans d’autres Tens, jufqu’à ce que ’a ft^perficie foit également noire par-tout ; il faut prendre garde que la mèche du flambeau ne toache au vernis, mais feulement la f amme. Si on appréhendoit que les angles du cuivre ne fortifTent des boucles , on mettroit un etau a main a chaque coin de la planche, & les boucles fe prendroient dans les queues de ces étaux. Lorfque le cuivre efi : petit , on le tient d’une main par un étau qui fert de poignée, & on a la facilité de le retourner comme on le voit ici, c’efl : - à - dire que le côté verni loin en a. ,. Cette opératicn eft de faire merdre avec l’eaufotte à couler. A , le graveur qui -etfe l’eau fur une planche pofee fur un chevalet ; on a repréfente ces inftrumens plus en grand & la înanière d’opérer dans la pi. V, fig, i j 2, , 3 , 4. G R A

. Eft un graveur occupé à graver à la po’nte furie vernis : çe :<e figure fuffira pour donoet une idée de la pcfition de la main dont il eft parle à Varticle Gravure, g le tableau que ce graveur copie ; i !a planche vernie fur laquelle il g^ave ; ; ! fon challis. Foyei ce chaffis, pi. F^fig.é.

. Manière de faire mordre avec l’eau -forte a couler, en baioitanc une boîte qui contient la planche & i’ eau-forte : on verra cette boîte plus en grand dans la pi. FI, fig. 4. La même planche repréfente aulii une machine, qui par le mouvement qu’elle communique à la boîte, pioduit ce balottement, & difpenfe l’artifte de le faire. Voyei l’article Gravure. J. Graveur qui tait morJre avec de l’eau-forte de départ : on le fuppofe ici" dans l’inftant oii il vuide l’eau-forte de deffus fa planche ; n la table liii- laquelle il pôle la planche iorfqu’elle mord ; o le petit poêlon qui contient la mixtion dont il va couvrir les endroits que i’eau-forte a affez ptnetréï. Voyci Iz fig. pi. F. des détails fur cecte opératicn. . Le graveur au burin ; m la table ; H le couffinetplacéibus la planche ; Z le tableau ; A fon chatlL’i. Voyei la manière de tenir le burin. pHn^fig 6,7.

. Lin graveur occupé à repoiiffer. Foyei pU fuivanie,_/io’. Iî, 13 , 18, ce que c’elt que repouilér, ic les outils dont on lé lért. On voit à terre, fur le devant de la vignette en /-> , une pierre à l’huile dans la pofiuon où on la tient lorfqu’on veut la dreffer on l’unir.

Sas de la Planche.

Fig. 1. A burin q’uarré ; aa le ventre du burin ,’ c fa face, d fon manche coupé en ç. Vovez la z. B burin lofange ; e fa face, /la queue qui entre dans le manche : on le fert de burins de différentes grcffeurs & de différentes formes , fuivant Je befoin ; on voit en g le calibre du burin quatre, plus gros que h, & celui - ci plus fort que i ; au-defl’us font deux autres formes de burins lofanges ; k eu plus lofange & plus gros que l.

Fig. C eft le bout du burin vu par la face. abcm la face, ab , b c es deux côtés du ventre ; am, cm les deux . ô :és du dos ; bn l’arrête ru venire. Foyîfig. ù la manière d aiguif.r le ventre & i&face d’un burin. . Emmancher le burin. F le manche du burin ; p> la virole ; q la partie du manche que l’on coupe fuivant la ligne /-j , lorfque le burin eft emmanché ; de manière que la ligne rs du manche & le venire du burin ne faffent qu’une ligne dreite , pomme on le voit egi aaq^,fig. I.

Fig. D algmfer h burin, ab pîerrê à l’huile montée dans un morceau de bois c d ; A la poignée ; eeleburin^ dont un des côiés du venire poîe à plat fur la pierre ; on appuie ferma luv le burin & on le fait aller & venir <ur la pierre de a en ^ & de i en a , julqu’à ce que le côté foit bien plat ; c’eft ce (ju’on appelle /à/re U ventre. On en fait autant de l’autre côté du ventre, & il en refaite que l’arrête figurée par bn^fig. C, eft très- aigiie & tranchante.

A la fuite de cette opération on fait la face» on tient fon burin dans li pofit !on/"a-, obliquement à la furface de la pierre, & l’arrête du ventre tournée en i ; en appuyant on fera mouvoir le boutyde ^ en a & de rt en ^ : la face fera faire lorlqu’il réfultcra des deux opérations ci-deffus, que les deux côtés du ventre ab .^ b en {fig C ) , formeront avec la îîQe abcm un angie très -aigu & très -mordant.

DdgroJJlr le burin , c’eft en ôter , foit fur la pierre, foit fur la meule, la partie acmo {fig- C) ; on le fait, lorfque l’on veut dégager fon burin par le bout, & il en refaite cet avantage, que plus la fuperficie ab cm eft petite, moins l’artifte emploie de temps à faire la face de fon buriti.

On fe fert quelquefois & en dernier lieu pour donner plus de perfeclion au ventre du burin , d’une pierre à rafoir : la pierre à l’huile doit écre parfaitement unie ; mais comme il arrive ordinairement que les burins ufent la pierre &c la creufent vers le milieu , pn fe fervira pour les unir & les dreffer, de grès pulvérifé qu’on jettera furie carreau, & l’on frottera le côté ufé de ia pierre far ce grès, jufqu’à ce que toute fa concavité foit emportée.

. VV ébarboir ; -w fon manche ; u la virole > T le plan ou profil de l’ébarboir. ^, XX grattoir ; y fon manche ; X profil de cet outil : on obfervera qu’on ne fe fert point de la pointe de ces outils, mais des atrêtes tranchantes V V , XX , formées par la rencontre de leurs faces : on aiguiie ces outils comme on fait le ventre d’un burin. Voye- ;^a.fig. D. . ^brunifloir ; l’autre bout Z eft un grattoir, & la partie comprife entre deux eft une poignée qui leur eft commune : on voit en aa le profil de la partie Z de cet outil. - Bruniffoir emmanché. A fon fer ; B fon manche : on fe fert de cet outil pour les tranches arrondies ef, e D’extrêmement polies. On voit en C le profil de cet outil, a a font les côtés dont on fe fert. Voye-^ l’ulage du ferujjiffoir aux articles Bîh/kir if Qkavure. G R A

Suite de la Planche première.

’6i

. Echoppe vue par la face ; F la même, vue Se côté : ces figures font relatives à la defcription de ce ; outil & à la manière de s’en fervic kVarcicle Gravure ; les figures rns en dépendent : ces figures font e.xagérées pour le» taire mieux lentir.

. H le couffin fur lequel on pofc la planche pour graver au burin. Foyela figure 6 delà vignette , pi. I.

. Règle d’équerre. AB la règle ; CD le T d’équerrs fur AB : lorfque cette règle fe meut fur elle-même faivant la ligne CD, toutes les lignes tirées des points j^^’avec le côté AB de la règle font parallèles entr’elles : les graveurs en lettres fe fervent de cette règle pour efpacer leur lignes d’écriture. . Profil de {^figure précédente, a b le delTus de la règle, c ^retraite ou faillie du T fous la règle : cette faillie fert de point d’appui contre le bord de la planche qui feroit placé en e.

I^. Marteauà repouffer. yie bout qui fert à repouffer ; g la tête.

. ; le tas à repoulTer, il eft d’acier trempé & ; très-poli ; / fon pied de bois. . mn règles parallèles. 00 , pp les tenons quî permettent aux règles de s’ouvrir Se de fe fermer par le moyen des goupilles fixées en o , o Se p ,p : on fe fert de fes règles pour gravier à l’eau-forte, pour l’architeaure ou autres objets qui demanderoient à être tracés éga» lement.

. Equerre.

. Le tampon fait de feutre roulé. . Compas à quart de cercle.

. RepouJJer. ç , r les branches du compas â repouffer, recourbées en .rr , j pointe emouffée ou arrondie -, t pointe coupante : on fnppofe ici que xu foit le côté gravé d’une planche, & le point. ^ l’eridroit oil l’on auroit effacé quelque choie, où il y auroit un creux, il s’agit de faire revenir cet endroit uni, c’eft ce qu’on appelle repoujfer. Pour y parvenir on appliquera la pointe émovffée s au point r ; on fera arriver l’aurre pointe t que l’on appuiera contre !e dos de la planche, de manière qu’elle y marque un point apparent qui fe trouvera correfpondre à l’endroit marqué * ; cette opération faite , on placera la planche fur le tas , fig 13 , en cbfér.ïant de mettre «Iç cô :é gravé de la planciie fur la facei’du ras, & a^ec le bout /"du marteauon frappera fur l’endroit correfpondant au point ^ qu’on a marqué avec îa pointe du pompas fur le dos de la planche ; cette opération eft faite lorfqu’on i’appercoit que l’endroit qui étoit erçux Ç h h h ij

^12

GR A

eft au même n.veai di refis de b fupeific’e du cirp-re.

Il elt efTcntîel qu’un cuivre fo’ir panaitement uni d : ni touie fon étendue, parce qi.e ■îes objets qui le trouveroient gravés dans les endroits creux, ne b’iniprimeroient^ pas aiiffi’bien que le refte , on bien le noir de l’impreinon venant à s’arrêter dans ces endroits , formeroit des taches fur l’épreuv.e. J^oyei Cartich Epreuve.

. Burette à l’huile ; elle fert à verfer l’huile fur la pierre à aiguifer les burins. ao. Bruniffuir à deux mains, c d le bruniflbir courbé en s , s pour s’emmancher dans les poignées A , B ; la partie du tranchant e eft arrondie fr fon épa-ffeur & convexe fur fa longueur ; on fe fert de cet outil pour brunir le cuivre avant de graver. Foy^i à l’article Gravure , ce qui concerne le pla-nage des cuivres pour les graveurs , les fcruniîTuirs , ôc,

P L A N C H E I I.

Ti’g. T- Vervi^ au vernis mou. Si l’on veut vernir une planche iÀ’Zm, dont B-reoréfentc le côté truni, on la fetrera avec un éiau à main A, parle moyen de lavis d, cer érau fervira de poignée pour tenir le cuivre. On dégraiffera le cuivre avec du blarc d’Efpagne & un linge blanc, on l’efTuiera enfuiie avec un a. :tre linge bianc & douafin qu’il n’y relie aucune ordure qiiel ;onque ; on placera îa planche fur lin feu de braife doux (comme on voit pi. I , fîg. de la vignette), on appliquera le vern.- en fvoitant la boule {fig. i lis) fur la fur-erficie ce U planche comme en voit en à a , a . a , &’c. & on é’ endra ce vernis avec îatïpette, femblable tlzfig. 3, en frappant légèrement furtoute la fuperhcie de la planche ■iufqu’à ce que le vernis foit étendu également par-tout : alors on retirera la planche de deîTus le feu, & fans lui donner le temps do fe refroidir .on noircira le vernis comme nous avons dit, fig. I de la vigr.e :te -, q^iand cette opération elHaite, on laifferefroidirlaplanche avant que de l’employer.

4. bis. La boule de vernis enveloppée dans du ■ taffetas.

». Vernir au vernis dur. Laplanche inmo ayanr été dcgraiffée comme nous avons dit pour l’autre manière de vernir , on procédera comme ti fuit. On prendra l’efpèce de vernis dontii i’agit, q*ie l’on conferve dam un pot ; =.on- en ^ppliqiwra avec le bout d’un tâ-on, anx-difci-Teri endroits >,7'5 l>:,’b', tfV. de la planche. . On’. -pôTera fa plarfche-’fur le feu comme nous’ avors ir.diqiié ci-deffu’s , & avec tiiie tapette qui ne fervira qu’ace vernis feulement , on étendra Je -/ernis fur toute la fuper-G R A

ficie de la planche. On noircit ce vernî" comme i’autre, & la derni :re opération eft de le taire cuire ou durcir. : c eft ce que reprél’ente i^- fig. < ;.

^. La tapette de coton enveloppée de taffetas. 4. Le flambeau qui fert à noircir le vernis. 1 j. Cette figure repréfente comment on place la planche fur le feu pour faire durcir le vernis. B le côté fur lequel on étendra le vernis ; c, c, les pie-is des chenets fur lefquels on a p’Iacé la planche ; fffïe brafier , qu’on a foia d’arranger de manière jqu’il foit plus confidérable fur les bords que vers le milieu. On trouvera à Yartiele Gravure, comment oit compofe ces deux ibrtes de vernis , les précautions à prendre en les employant, leurs propriétés, &c.

. Pointe à graver fur le vernis, h la pointe ; i fon manche.

. Aurre pointe plus groffe : il en faut de toute groffeur & qui foient aiguifées, plus ou moins coupantes.

. Echoppe avec fon manche, k le bifeau ou la face de l’échope. Voye l^fig. 8 de la planche précédente,

C). Autre efpèce de pointe, formée de trois & quelquefois quatre bouts d’aiguilles emmanchées enfemble en i, qui pourroit l’ervir à graver du payfage à l’eau - forte. Il efl ; bon d’obl’erver que fi quelques artiftes fe font quelquefois fervi avec une forte de fuccès de cetie pointe , on doit néanmoins en regarder l’ufage comme vicieux, & que l’on ne doit ’confier cette pointe qu’à une main qu’un goût libre S : capricieux dirige , dont le.-, produetion’ ; paneront plu ;ur pour un badinage pittotefque que pour de !a gravure pra™ prcment dite. Il eii : aifc de fentir que l’inconvénient qui on réfiilte , vient de ce que l’on fait trois traits à-la-fois au lieu d’un , & que par conféquent les formes des objets paroiifcnt. doubles ou triples, fuivant les cas, indécifes & maniérées ; enfin il feroit impcflible en fe livrant à ce caprice , d’imiter le feuille du faule, du chêne, £v. on ne s’en fervira dona point du tout, fur -tout dans les ouvrages férieux : on voit en m un eîl’ai de feuille tait avec ces pointes.

. Gro.s pinceau de poil de chèvre, avec lequel I on eîfuie les endroits gravés fur le vernis , afin que les parties qu’on en a enlevées ne rentrent pas dans les hachures que la p ::inte vient de former.

. Bouteille contenant le vernis appelle remis de peintre oa vernis de Venife , pour couvrir ’ le.s pe’.its acci^ens qui fera ent arri’/és au veinis de la plaiiche en gravant. . n coquille à dciayer’-le vernis & : le noir de fumée, o ie pinceau a’ec lequel on applique le vernis.

. Il arrive quelquefois que le deflîn que l’on •a calqué ou contre-tiré fur la planche vernie s’efface en certains enûr. :)its ; on fe TervTa de blanc de ccrufe ou de vermillon détrempé ’avec de i’eau de gomme, Ik on retracera avec le pinceau p les endroits effacés. PLANCHE III.

Les graveurs font quelquefois dans la néceflîté le réduire les deflins ou les tableaux qu’ils /ravent : on trouvera dans nos planches de i’.llin les inftrumens dont on lé fert pour ces brtes de réduftions, pi. II, fig. 16 , & pi. lïl. Fig. I. Préparation pour calquer. A eftledeffin , qu’il s’agit de tranfniettre fur la planche vernie : on frottera de poudre de fanguir.e ou de mine de plomb ie dos è du deflin dans toute ionétendue.

Calquer.

Après la préparation ci-deffus on I appliquera le dos du delGn fur le côté verni

de la flanche c d, e f , on attachera ce defTin

’. ., en plulieiirj endroits gf^^ avec de la cire fur

!-la planche. On pafléia enfuite avec une 
pointe h lur tous les traits du deffin A, l’ur

’ toutes les touches, & on détermineia la forme des ombres, des demi - teintes , &c. Cette opération faite, on relèvera le d^flln de deffus , la planche , & on auia fur le vernis un fécond j deiiin femblable à A qii’on vient de calquer : I c’elt ce que nous reprefente la-fig, 3. Voye^ I .à Vanicle Gravure une autre manière de tianliiietire fon deffin furie cuivre, que Ton .appelle cuntrépreuver.

Ij. Gravçr ù L’eau- forte. Cène figure te^ré^eme la même tê.e gravée à la pointe fur le vernis : on l’enc de quel.e confcquence il efl d’avoir fur ’.e cuivra un calque corrscl & précieux, puilque c’efl par- là qu’on parvient à laiffcr aiiX malfes de lumière la même étendue qu’elles ont dans l’original, & à renfermer les ombrei &z les demi-teintes dans leurs juftes limites : cr^fin à admettre dans la gravure les méplats &i les fineiTes de contours qui font le caraélère de ce qu’on fe propofe d’imi :er : on verra, pi. IV , ^^. 14, un exemple de ..gravure à l’eau-forte , qui donnera une idée j ;de la préparation des chairs j du méchanifme des ta ;lies , &c.

Nous ne donnons cet exetnpîe que comme une finiple ébauche, afin qu’on puiffe juger des chofe :, qui doivent être réfervées à faire au burin , & en même "temps pour ILivre l’ordre des opérations. On trouvera cet’e même tête finie au burin dans la pi. XXIII du deffm ; fig- I-

La fi^ii-’^ 3 ayant été prépr.rée à la pointe, ainfi qu’on la voit , fera paffce à l’eati -forte, c’eft-à- d’.re que l’on la fera mordre , ce qui . fe tait avec de l’eau-forte à couler ^ ou ayec G E. A ( ?i5

l’eau-forte de départ ; c’eft ce qu’on verra dans la pi. V.

. Manière de tenir le burin. G main vue endeffous pour laifier voir la pofltion de ? doigts & la fituation du burin dans la main, n le burin du côté du ventre ; m le manche coupé en cet endroit.

. g la même main vue dans l’aftion de graver ; i ie burin vu par le dos ; p la planche ; o la matière que le burin enJè^e , qui fe roule en foime de copeau ; n la table.

Il efl à obferver que dans quelque fituatiorj que foient les tailles que l’on veut former, par rapport à la planche ou à l’artifbe , le graveur doit tourner la planche furfon couffin de manière que ies’tailles qu’il fe propole de faire ainfi que fon btirin , foient dans uns fituation à-peu-près parallèle au bord de la table contre lequel il s’appuie. La main doit pouffer le burin de droite à gauche , & on doit tOL :)ours lailTer les tailles les premières faites du côté du pouce, comme on les voit en m. Gravure an burin.

- Notions pratiques. Tailles fur lesquelles on a paffe des fécondes & des troifi’^me. ;. aa les premières tailles ; bb les fécondes ; ce les troifièmes. VoysT^ i fig. z.

7. Le mêtne exemple quant à la dénomination des tailles ; mais il efl différent en ce qu’il offre ce qu’on appelle un grain de gravure, lofangt. Le premier exemple efl : une gravure quarrée ; on voit- dans ces deux exemples, que les premières tailles font fortes & près" l’une de l’autre, les fécondes tailles un peu plus fines & pli-s écartées que les premières, & les troifièmes plus fines & : plus écartées que les deux autres : il en feroit de mê.Tie des quatrièmes, s’il y en avoir. On dit en génét al gravure ferrée , gravu-e large , quand en conlldcrant !e5 tfiilles qiiî formeront la bafe du travail d’unfujet, elles feront près l’une de l’autre, ou écartées relativement à la grandeur de ce fujet. La gravure ferrée relativement efl plus propre à peindre, & : donne de la douceur à une eftampe, & la gravure large alourdit les objets , les rend moins fouples en général, & fatigue l’oeil du fpeflateiir.

La gravure lofange (_/ ?o-, y) efl celle dont la féconde raille b b e(t mife obliquement fur la première A A, ce qui produit leslcfanges qu’on voit en C.

La gravure quarrée efl celle dont la féconde taille eft mife perpendiculairement fur la première aa. ce qui forme les carreaux qu’on voit en C , fig. 6 ; de -là on dit en général, qu’un objet ell gravé lofange ou quatre, lorfque les tailles dominantes qui établiffent les formes, les ombres, ou les demi -teintes Ce gi4 G R A

croifent obliquement ou à angles dj-oîts l’une fur l’autre.

8. Inconvénient qui rérulte de mettre deux tailles trop lofanges l’une fur l’autre : il conflflc en ce que ces lofanges fe trouvant très-alongcs dans un fens bh ^ & très -étroits dans ■ un autre a a , produifenc une continuité de petits blancs qui s’eniilenc de a en a , & qui interrompent, fur- tout dans les maffes d’ombre , la tranquillité & le lourd que ces maffes exigent,

ç. Lorfque l’on veut paffer une troifième taille fur deux autres déjà établies, il faut éviter qu’elle coupe les carreaux ou les lolànges par la diagonale , c’eft - à- dire de c en c ou de l> en è -, on doit la mettre de manière qu’elle Ibit plus lofange fur la première que fur la féconde, comme aa ; c’eft ce qui produira un grain à - peu - près femblable à la Jig. J. e e feroit la direction fuivanc laquelle on pourroit paffer une quatrième taille qui feroit oblique fur les trois autres. Ce même principe aura lieu quand on mettra des tailles courbes fur des courbes, des mixtes fur des mixtes, fi les circonftances le permettent. to. Des tailles ee, & des entre- tailles //,entre- taille fe dit toujours de la plus rine des deux.

On me : des entre -tailles dans les travaux ■qui doivent exprimer les métaux , les eaux , ’ les étoffes de foie , & généralement fur tous 1(S corps dont les furfaces font polies ou luifin es.

CI. DifFérens exemples de points qu’on emploie dans l’empâtement des chairs, a tailles en points, b tailles & fécondes tailles en points avec des points ronds dans les lofanges ; c points rends pour adoucir les demi-teintes vers la lumière ; d tailles en points avec des points couchés, entremêlés de points ronds ; e tailles avec des points ronds Se longs en entre - tailles.

Ces différentes manières de varier le travail pour exprimer la chair , placées convenablement , produisent un effet moelleux, étant oppoféesavoc d’autres travaux plus folides. On en fera l’application dans la planche fuivante , fig- 6.

11. Ebarber. Soit AB le côté d’une planche fur laquelle on a gravé au burin les tailles c , d, e^f, que l’on voit en profil ; i, i, î, font les ouvertures des tailles ; g^h, font les parties de cuivre que le burin en ouvrant la taille a reiettées d’un côté & de l’autre, indépendamment de l’efpèce de copeau qu’il en a enlevé. Voye pL l’^ï -, fig- ?• C’elî avec l’ébarboir que l’on enlève cette efpèce de barbe oufuperfla g, h qui nuiroit à la propreté de la taille & : à !a beauté des épreuves que l’on feroit de la planche. Il faut pour ébarber G R A

que l’outil deftiné à cet ufage agiffe par une’ de fes carnes dans une diredion oblique fur les tailles que l’on ébarbe : par exempie û l’on avoir à ébarber les tailles formant la fid- 9 j on pré.nsntera un des angles de l’ébarboir en r , & : on fera mouvoir cet outil de r en j dans une direclion r s qui eft oblique fur les tailles qui forment le lofange & fur la troifième a a. On réitérera en relevant fon oiuil en j , en le repofant en r , & enfin en le ramenant de r on s jufqu’à se que la barbe des tailles foit enlevée.

On voit en t, fig. 13 , une taille formée avec un burin lofange ; elle a la même ouverture que (/& /’faites avec un burin quarré ; mais elle efl beauco.ip plus profonde qu’elles : il refulie de -là qi.e le noir de rimprelfion fera plus épais dans les tailles de burin lofange , & qu’il paroîzra plus vif & plus brillant à l’œil que le noir des tailles de burin quarré , les ouvertures i, i, i, étant égales. C’eft à 1 artifle intelligent à employer le burin lofange ou quarré, fuivant la nature des objets qu’il repréfente ou leur oppofition ; ce n’eit pas qu’on ne puiffe bien faire en gra/ant tout avec un burin lofange ou quarré, mais on doit regarder ce que nous venons de dire comme une reffource de l’art qui teut faire de 1 effet & devenir fenlible jufqu’à un certain point.

On met ordinairement les entre - tailles avec le burin lofange ; c’eib ce que l’on voit en e.

13. Pointe fiche. G’avcr à la pointe sèche, c’efl former avec une pointe aiguif^e , un peu coupante, des traits ou des hachures fans le fecours de l’eau- forte ni du burin. On fait à la pointe sèche des petits points ronds, longs, (jfc. Z, m font dos ouvertures de deux traits faits à la pointe sèche fur la fuperficie de la planche AB. Comme la pointe ne .’aitqu’ouv ; ir le cuivre fans en rien enlever, le vol./me de cuivre qui étoît compris dans l’efpace nlo. efl contraint par la preflion de la pointe de refluer vers les bords n, o, mais en plus grande quantité en 72, qui eft le côté oppofé à la main , & qui reçoit prefque toute l’aâ’on de la .pointe, dont la fi :uation /jR efl : oblique.

On ébarbe cette forte de gravure comme celle au burin , avec cefe différence que pour celle-ci on fera agir l’ébarboir de o en n, & jamais de ;z en 0, car il en réfulteroit que la partie n pourroit en fe développant refermer l’ouverture n dans certains endroits de la taille, ce qui feroit un mauvais effet. Le grattoir fert aufTi à ébarber. Voyei esjzg6} 7, planche I.

En général on emploie la pointe sèche dans le fini , pour faire les travaux les plus tendres G R A

&’Ies plus légers , dans les ciels, jés lointains, & le ton de eette gravure oppolie avec celle de l’eau -force & du burin , ell toujours heureux Se agréable.

On voit enr^ une taille qui auroit été faite àTeau-forre. Son ouverture cft bien plus large que profonde, c’eft ce qui fait qu’elle a un œil plus gris à l’impreflion , relativement à celles qui auroient été faites au burin , ce qui doit s’entendre lorfque l’eau -forte n’a pas trop mordu. Dans le cas où l’eau-forte auroit trop mordu , la taille portera un ton plus aigre ou phrs noir, par la raifon qu’acquérant autant de profondeur que d’ouverture , le noir aura autant d’épaiffeur fur fcs bords r , s que dans fon milieu Ui c’eft ce qui donne à une eauforte trop mordue ce ton dur à l’œil, fi défagréable fur-tout dan^ les demi-teintes 8c tout ce qui en/ironne les maffes de lumière. Un autre inconvénient d’ans gravure trop mordue , c’eft que les tailles venant à s’élargir en même temps qu’elles pénètrent dans le cuivre, elles reffencnt les efpaces blancs qui les léparent , & fe confondent l’une avec l’ajtre dans certains endroits , ce qui forme des crevaffes & des âcreiéi qui font infurmontables quand on vient à finir. Rentrer une taille, eft ordinairement l’action du burin fur un ouvrage déjà ébauché, c’eft donner plus de largeur ou plus de profondeur à une taille faite au burin ou à l’eauforte , en fe fervast du burin lofange ou quarré. En repaiTantle burin dans la taille rs elle acquerra la profondeur rts, & elle fera plus profonde & plus ouverte li on plonge davantage la pointe du burin.

PLANCHE ÎV.

g-. I. Cette _/îg ;ird repréfente la manière dont on doit traceur un fi^jet qu’on voudra faire entièrement au buriK , comme feroit un portrait : on s’y prendra comme nous l’avons dit dans la Planche précédente ,Jzg. i. & ^■ pour calquer le delFin fur la planciie vernie. Cela pofe on tracera ferme avec une pointe un peu coupante les contours de fon objet calqué fur le vernis-, on formera avecla plus grande exactitude les épaiffeurs des ombres, des demi-teintes, & : des reflets par quelques points fuivis ou quelques bouts de hachures tels qu’on les voit ici en il a a. Pour peu que l’on ait appuyé, en aui’a un trait^ luffifamment , marqué pour n’être pas obligé de le faire mordre , alors on dévernira la planche. Ce tracé ne doit point être ébarbe crainte de i’eftacer , & il doit fervir à guider l’artifte pour ébaucher, comme on va voir dans la ■’ figure luivante. _

’.. la. Jnêjnè figure ébauchée au burm. Cette G R A

i ;,

préparation doit être faite par des tailles fimples : ces tailles doivent s’arrêter en s’adouciffant fur les formes que l’on a tracées, & ; le ferrer davantage fur les contours qu’elles doivent former en fe couchant les unes fur les autres comme on le voit en b b &c. Les lumières doivent être refervées plus larges afin d’être toujours le maître de les relferrèr autant qu’il fera ncceffaire , foit en filant les tailles , foit en les prolongeant par des points, comme on le verra dansla^^K"« fuivante. Les cheveux doit être ébauchés par des tailles, ferrées &c avec légèreté.

. Empâtement pour le genre de portrait. La même tête finie. On voit que la taille de l’ébauche le trouve toujours la dominante (ous les travaux du fini. Les fécondes 8c les troifièmes tailles ne fervent qu’à peindre & à donner plus de moUefle à la peau. Les points doivent être un peu alongés pour ce genre ; ils font plus ferrés vers les ombres, plus écartés & plus tendres à mefure qu’ils fe perdent dans la lumière. On jieut remarquer aufli que le plein’ d’un point répond fur le vu’de qui fe trouve entre deux autres placés au-deffus ou au-deffbus : on difpofe les points de cette manière afin d’éviter que les intervalles qui fe trouvent entr’eux ne fe correP pondent les uns au-deffus des autres, ce qui occafionneroit des petites lignes blanches qui dstruiroient la douceur ik la tranquilité du travail.

Les touches ne doivent être portées à leur jufte ton de vigueur qu’en dernier lieu, afin de proportionner le degré de couleur qui leur convient au ton de tout le travail. C’eft cette analogie qui vivifie le fujet. La touche doit être brillante ou vigoureufe , par oppofiîion à ce qui l’environne ; mais elle doit toujours être fondue & accompagnée pour qu’elle ne foit point dure ou trop tranchante ; le moyen d’éviter ce dffaut, c’eft de réunir le plus grand noir auquel la touche ptiiffe être portée , dans le centre d’ellemême. Si aticontraire on donno’t a itant de couleur fur les extrémités que dans le centre, îa touche parçîuroit toujours aigre & dure , quand même elle n’auioit que la rnoitié du ton de couleur d’une autre , amenée & dégradée du centre vers les bords , comme nous venons de dire.

Ce principe eft relatif, non-feulement à la figure qu’on a fous les yeux , mais à tout antre fujet : c’eft un axiome en gravure comme en peinture, que les plus grands bruns ne peuvent être amenés que par gradations pour produire un effet vrai. On pourra fe former un bon goût de graver dans ce genre d’après les portraits gravés par G. Viffcher j

G R A

Nanreuil, Maffon , Edelink , Dievet, &c. . - f^oye^ Vanicle Gravure.

4. L,e trait d’un bras difporé pour être gravé au burin : a l’épaiffeur de l’ombre & du reflet, . b la demi-teinte ; c demi-teinte pour faire fuir le bias éclairé ; d la partie la plus Taillante du bras qui reliera la plu» lumineule. j. Le même bras fiai. Il faut oblerver cjue les contours formés par des traits dans la figure précédente ne fiibflftenc plus dans celle-ci , mais que ce l’ont les tailles qui en le icfrant l’une fur l’autre en e , f, g , dcilinent la forme du bras ; on voit aufli que les tailles font moins ferrées vers la lumière en A que vers les contours.

6. Empâtemnit , dans le genre d’hiftoire, -fe -dit de la préparation des chair, ; à l’eau-forte ou au burin. Cet empâtement conlifte dans tin mélange de tailles fuivie :> ou quittées , recrof.es par des fécondes d.ins les ombres , comme a a^ &s. des tailles fuivies ou en points longs entremêlés de rond" ; dans les dcmi-teintes comme b, b, h ; des peines ronds e, c fur les lumières , plus écartés les uns des autres que dans les demi-reintes ; des touches formées par pl’. :fisurs traits proches les uns des autres, & : quelqupfois acccmgagnées de poilus pour les rendre plus moëlleulés ; des contours formés par des point ; longs ou ronds pour qu’ils ne Ibient point fecs , & enfin des malles d’ombre- : méplates établies par des tailles xjui puiflént fervir dans le fini de fécondes ou de troificmei lur les dcmi-teintes on dans les refiers. Cet empâtement eft fubordonné au goût de J’arsiite , qui doit preffenàr ce que tous ces travaux deviendront dans le fini, ik. le moëleux qui en doit réfulter lorfqu’ils feront fondus enlemble fous des travaux plus légers. On pourra fe donner une idée de Ja manière d’exprimer ou d’empâter les chairs ë’ô.^rhs]es figures gravées dans nos Planches de deflin. Mais on fentira mieux ce qu’exige legenrede l’hifloire , & on fe formcraun bon goût d’après les chefs-d’œuvre des grands maîtres, tels que Viîfcher , Gérard Audran , Edelinck, PoiUi , Cars, &c. cités à l^article Graveur.

Cet exemple , que l’on a fait mordre convenablenient , fera juger de la différence du ton d’une eau-forte d’avec celui du burin 3 la fig. 3. faite au burin fervira de pièce de comparaiibn.

La gravure en petit , c’eft-à-dire celle, dont les figures, les animaux , le payfage font d’une trè’-petite proporrion , exige que l’on falTe mordre davantage la planche, ayant toujours égard à la dégradation que doivent svoir les différons plans. Voyei^fig. 4, VI. V. i-c principal mérite du petip eli û’être très-G R A

avancé à l’eau-forte. Les contours des f.-’ gures doivent être prononcés avec plus de ! fermeté, les touches feront établies & frappées prefque au ton qui leur convient, glles ! ’ en feront plusfpirituelles, & le travail moinsJ chargé de tailles que dans la gravure en 1 grand. Le burin n’étant pas propre à delTmer ’ les petits objets comme la pointe avec laquelle Oïl peut badiner fur le cuivre comiae avec un crayon fur le papier : on ne s’en fervira que pour mettre l’accord gênera ! & plus de ! propreté aux end’oits qui en feront fufcep-i tibles : la pointe sèche fera auffii une partie ! des fonds les plus légers.

On peut confulter Uitvce genre les eftampes gravées parLeclerc, Cochin, Labelle , Ca’.lot , Gillot , é-t-.

Finir , le dit en généra] d’une planche ébauchée à laquelle on donne l’éftet de l’objet qu’on fe prupofe d’imirer. Ainfi le fini confiée donc ; i^. à donner plus.de force ce plus de (".irdlté aux ombres ou aux reflets Ibit en rentrant les tailles, foit en paiTant .des troifièmes & des quatrièmes tailles fur les premières ; 2°. à fondre davantage les ombres par des demi-teintes, foit en filant les tailles vers la lumicre, ou en les terniifhnt par des points ; 3°. à donner les touches les plus vigoureulés , foie en ajoutant de nouveaux travaux , foit en rentrant les mêmes : voilà ce qui conilitue le fini Le btaa fini le dit de la propreté du travail alfu» jetti aux principes du méchaniline. MéchaniJ-nc ou manofuvre . fe dit de l’intelligence qui régne dans le jeu des tailles, l’empâtement des chairs, &c. Ce mcch.’inifme ’^ confifte ; i". en ce que le l’cns des tailles exprime la forme des objets ; x°. que la perfpective ou la dégradation des tailles foit bien obfervée relativement aux plans tju’elles occupent ; J*. que les premières tallle> fervent à former & dominent pi us que les autres, fuivant le cas ; 4°. que les travaux fiir les objets de demi-teintes auprès dos lumières foient moins chargés de tailles que les ombres & les reflets ; 5°. que les premières , fécondes, & troifièmes tailles concouient enir’elles à faire fuir ou avancer l’objet ; 6". enfin que les figures , le payfage, l’eau, le ciel , les draperies , les étoffés, les métaux, &c. a’ent chacun un travail qui leur foit convenable, de manière que le travail brut d’un objet contribue , étant oppofé à un autre ,’ aie j-er.» dre ou plus doux, ou plus fouple, ou plus liffe , ôc.

En général la manœuvre la plus fimple eu la meilleure, c’efl : un défaut de mettre beaucoup détailles par-tout ; le moyen d’éifiter ce défaut , c’eft de graver ferré en ébauchant, fojt à l’eau-forte ou ^u burin, On trouvera à i’aflick

I

Vartîde’G-RAVvs.e les différens travaux propres à expr^msc diffîrens objets. PMûucIur une pLinchi, a plafiears acceptions. Q^and il s’agit d’une planche déjà ébauchée à l’eaa-force", comme terok lifig. 6. la recoucher &ù fynonyme avec finir , c’ell la terminer au buïin : ainfl q’^and elle lera achevée, qu’elle aura TefTe : qui lui convient die aura été retouchée. Hetoucher (e dit aulu d’une planche que le travail de rimpreffion auroit uffco en partie , & à laquelle on feroit les réparations néccffiiires pour la remettre en éiat de tirer de nouvelles épreuves, PLANCHE V.

IFfo’. I. Faire mordre à l’eau forte à couler.

  • AAB le chevale.t pour tj.ire mordre. B la

planche de bols qui iert d’appui. Ç C planche ilippoiée appuyée fiir le clievalet, Se pottée par les cheVi’iies Z , /. D D les rebords Au chevalet. E l’auge dans laquelle tombe l’eauforce que l’on verte Tar la planche C^C. e e .’ talut intérieur da l’auge qui rame àé ; l’eau vers /"> où l’on voit un goulot par lequel elle combe dans la terrine g. h le pot pour yerfer l’eau-forte. ii chevilles quifoutiennent l’auge E.

Lorlqu’on aura verfé plufieurs potées fur laplancheB, onla retournera dans un fans contraire, comme la fi.g. 2. ’et iaj%. 3. le montrent , & on reverlera le nouveau, ^’oye^ Vcirticle Gravure.

Â, Ayant à faire mordre la planche B , on fera «tientionaux différens plans/, m, n,o qui ne doivent pas mordre autant les uns que les autres. Les plans les plus éloignés comme 2, feront couverts les premiers, mleî féconds, fi enfuite , & le premier plan le dernier. Si le ciel eil : vague, ce iera aufli une des presnièrca chofes que l’on couvrira , air.fi que !es demi-teintes quife trouveront dans les autres plans lotfqu’eiles feront allez mordues. En général le payfîge doit être un peu plus mordu qu’un fujct tout de figures. Voyei^ une autre manière de faire mordre, PL fl, fig. t. g. Manière de faire mordre à plat aves d ; Tecuforte de départ, pp la table. l,li,l les rebords de cire qui contiennent l’esu-forte fur la planche ii. x la plume avec laquelle on remue l’eau- forte pour enlever la mouffe qui fe forme fur les tailles. On retire de teraps-en-tenis l’eau - forte pour couvrir les endroits qui ne l’ont pas affez mordus, &c on fe fert pour cet ufage de mixtion ou de vernis de Venife. On trouvera à {article Gravure tout ce qui peut concerner l’emploi de l’une /OU l’autre eau-forte , les précautions à prendre en laifant mordre , la compofltion .de la mixtion , &c.

U^miai-J/ts. Torp.s JJ»

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, ChalTs, tes qvatre tringles fcnr affcmbiée en aaaa..I> b , ficelles tendues d’un angl„ à l’on oppofé. 6-c, plufïeurs feuilles de papier collées enfembie ,. & enfuite collées fur les quatre cô-és du chaiTis. On voit l’u.fege du chaflis,^^. 5, 6. Sr 7. de la vignetce. On huile ou vernit le papier du chailis pour le rendre plus triulparent.

, Lampe Sichaflls pour graver le fo ;r.« labmpe à trois mèches. /’, virole dan» laquelle s’introduit la branche de fer g, qui porte là lampe & le chalTis. h piton à vis qui s’enfonce dans le mur pour porter le tout, i la plancha fous le chaflis.

P L A N C H E V I.

Machine imaginée par M. i^ATSz.ET, poue^ faire mordre à Ceau forts à couler. Fig. I. A , B , A B cage qui contient Le roi ;age. À, A les montans. E B les traverfes. C, Q les pies qui font fixés par le moyen de deux vis 3. la traverfe inférieure B. T barillet contenant le refforr. a grande roue, r arbre commun au barillet & à la grands roue fur la-. quelle ils font fixés. V arbre qui porte un pignon fur lequel engrené la grande roue, u petite roue enarbree fur le pignon V, & engrenant fur le fécond pignon que porte l’arbre X ; cet arbre porte fur i’iin de fcs pivots extérieurement à la cage un rochet R à trois dents, DD anneati elliptique, r, r fes deuK palettes, d’ queue fupérieure de l’anneau. d queue inférieure recourbée en équerre. î périt bras qui eu joint à la queue inférieure par une de fes extrémités , & par l’autre à la branche courte F qui fert de levier. E C F le balancier. G G la verge. H lentille de plomb. E branche longue. K goupille fixée fur le montant A de la cage ; cette goupille pafîg librement dans une douille ou canon que porte les branches E", F., & : la verge G G , qui ne forment enfemble qu’une feule pièc^ en forme de T. Voyei fig. 3. bis. L autr® périt bras fixé par une de fes extrémités à la branche E , & par l’autre au levier M.M levier du porte - boîte fi.xé fur le tourillon O :• on obfervera que la branche E , le bras L ,- &C le levier M s’uniffent par des articulation»à charnière à leurs extrémités ; il en efl ds’ même de la branche F , da bras I , & ; de 1%. queue d de l’anneau. ON, NO porte-boîte-,-O fes deux tourillons. P, P doigts de fer rivés fur la barre N , N. Q, Q les fupportj du porte-boîte, q q pies des fupporcs qui fe terminent en vis , & font fixés fur la tablç par ie moyen de deux écroux qui les ferrent par-4effpi4S. Y Quverture en forme deraJaux ?’ î i i i

«i3

G R A

faite à la table , qui permet à la verge G G de fe mouvoir librement.

i. A A montant de la cage. D , D les queues de l’anneau fur lefqueîles font deux touliffei e, «,/y :enons fixt’sfur le motiian : A & pali’ant au-ciavers des couliffe» : on voit aLiïïyy.ieux écroux qui affiijettifTent les queues (ur leurs tenons, mais qui ne font p-oïar afiez ferrts pour empêcher l’anneau de fsniou’oir de haut en-bas & de bas en-haut fur le montart A A delacage.Rrochet àtiois dénis qui engrènent fur les palettes r . ; de l’anneau. D d queue inférieure recourbée en équerre. I petit bras fàparé de la qî ;eue d. K’ tenon ou goupille fixée iur le montant A qui reçoi : la douille ou canon A : du balancier, l’^oyeifig. i bis. . Profil de la c^ge. A A , montans de la cage. BB, rraverfes. Ib vis qui affujettifTept es pies C,’ C à la traverfe inférieure. C,’ C les pies de la cage terminés en vi ?. ce leurs écroux. G verge du balancier. Voye fig. 3. bis. H lentiliè. K tenon palTant à-travers du canon k da balancier. T barillet, t Ton arbre. "W rochef à encliquetage pour remonter le reffbrr contenu dans le barillet, a grande roue. V arbre de la féconde roue & du pignon u. X arbre portant le pignon qui engrené fur la petite roue u. x pivot du pignon X fur lequel fe viffe & s’adapte le rochet qui paffe dans l’anneau elliptique, yy les tenons des coulifles de l’anneau.

. bis. E la branche longue du balancier. F la branche courte. G la verge. K le canon. L le bras féparé.

iç. Le porte-boîte & la boîte. M levter afHjjetti invariablement par la vis m à l’extrémité du tourillon O. O , O les tourillons. N la barre du porte-boîte. P doigt de fer qui paffe dans une main p qii’on voit à la br.îte. Q Q fupporrs du porte-boîte. S S anneaux des fupports dans lefquels paffent les tourillons, tcxx la boîte, xxiiii le couvercle, y glace ou verre qui fe trouve cnchâffe fur le couvercle, & à-travers duquel on voit le progrès qtie fait î’eau-forte fu la planche renfermée dans la bqîte. 5 chape à charnière pour former la boîte & l’ouyrir ; fur l’autre côté x x du couvercle font deux charnières foudées fur la bâte de la boîte, & ati couvercle.

j. Profil de la boîte’ fur un des côtés xu de ia fig. 4 afb le fond, ba, cb les rebords. bdc la bâte. c,e deux talus formés par des .. plaques de fer-blanc fondées fur les angles .des pîus grands côtés de la ’ooîte. ff charnière pour recevo’.r celle du coi.vercle. p^oye-^ Vartich GiiAVUKE pour l’ufage de cette boîte. G R A

PIANCHE VIT.

Gravure, en manière noire.

Fig. I. Berceau pour graincr les plancher, A. le manche. B le fer, dfg e tailles formées fur un des côtés du berceau pour fonder les dents.

. Profil de z figure précédente’. A le côté taillé. B le côté aiguifé. E H ligne que l’on fuppofe être la fuperficie du cuivre, fur laquelle fe meut l’outil de E en H. . Autre petit berceau , dont on fe fert pour grainer de petits endroits qu’on auroit trop ufés.

. Racloir pour graver, c’eft-à-dire pour enlever le grain eu Tufer en parie : es font les angles des côtés cd qui fervent. - . Profil du racloir. On trouvera dans la Plancke première , fg. 6. un gratioirZ , tenant à un bruniffoir qui fert aufll pour ufer le grain.

. Autre petit berceau pour remettre du grain dans les endroit.s les plus étroits. . Le profil de la _/% !<■ ?■« précédente : on voit en O la coupe fur la largeur de cet outil. Fig. 000 dimenfions à prendre pour grainer les planches. /-’/'e/72/e.£ opération. On prendra un cuivre bien bruni & poli comme pour graver en taille-douce. On diviferala largeur AB & CD en parties égales ; chacime de M ces parties ou efpaces aura environ neuf lignes JH de pouce ; on tirera des points de divifion , les lignes EH, II, GK, &< :. Ces lignes doivent être tracées avec de lamine de plomb ou de la craie, afin de ne point rayer la planche , elles ne iervent feulement qu’à guider le berceau. On pofera le milieu B du berceau au point C ; on doit tenir cet outil un peu incliné Se le bifeau taillé en-deffus. On balancera le berceau en appuyant légèrement & on le fera mouvoir de C en A ; on le rapportera enfuite aux points E, F, G, D ; on lui fera parcourir de même les lignes EH, FI, GK, DB toujours en balançant. On divifera enfuite le côté D B en parties égalei à celles du côté CA, qui formeront des carreaux égaux, & on tracera de même des points de divîfion ’V,T, S, ôc. les ligne.s VP, TO, SN, &c. On fera mouvoir comtnV cidclTu. i le berceau fur les lignes d’un bout à l’autre de la" planche Enfijite on tirera les diagonales AD, E C ; & les parallèles à ces d !a< ?onaIes efpacées e-^tr’elles de neuf lignés ou environ , comme il a été dit. Ces lignes ou diagonales ferviront encore à guider le berceau dans des direftions dliférenies des premières.

Il faut aûuellement divifer chaque efpasi

CE, EF. .. . CP, PO, (&( ?* en trois parties égales. Les points de cette fubdivifion feiv !ront à tracer de nouveaux carreaux à un tiers de diflance les uns des autres , & nous aUons reporter ces . divifions-fur la féconde fig^ 00 , qui ne comprendra que la partie A li S N de celle-ci.

Lz figure qui vient de nous fervir marque que i’on peut tirer des diîgonales d’un angle à l’autre de la planche ; mais on poiirroit SulTi tirer les diagonales par les angles oppoTés des carreaux , c’eft-à dire de H en L , de I en M , de K en N , de A en T , &c. on éviceroit par-là l’inconvénient d’avoir des carreaux trop lofanges foimés par les diagonale ?

AD, CD, comme il nourroit arriver fi 

qn avoit un cuiyte trois fois plus long que large.

Ai fig. 00 y cette figure ne comprend que la farcie ABSN de la précédente ; toutes les ignés pontluées 1,1,1 ;, font celles qui ont jfervi dans l’opération précédente ; & les lignes finies , z , ^ , z , font celles dont il s’agit dans cette opération-ci.

Seconde opération. Ayant divifé chaque ef-- ■’paceNM, ML, LA, NE, EF, FG, &c.en trois parties égales du premier tiers , c’eft-à-dire des points de divifioT marqués , a, 1 , 2 , &c. on tracera les lignes 22 , 22,, 2Z, qui formeront des carreaux égaux, on fera mouvoir le berceaux fur toutes les lignes , çnfuice on tirera toutes les diagonales d’un angle à l’autre de ces nouveaux carreaux, & : le berceau les parcourra pareillement fuivant leurs ditedions.

Troifiéme opération. Il faut maintenant partir du fécond tiers, & tracer les lignes 3 :5,33,33, &£. pour formçr de nouveaux carreaux , qu’on a marqués ici par des lignes plus fortes-, on fera mouvoir le berceau fur toutes ces lignes, ainfi que fur les diagonales des carreaux qu’elles donnent. Ces trois opé- • rations faites on aura fait ce que l’on appelle u^i tour, la fuperficJp. du cuivre fera déjà couverte par-tout d’un grain léger occafionné par l’empreinte des dents du berceau ; mais pour que le cuivre foit bien graine, il faut faire vingt tours , c’elî-à-dire recommencer vingt fois, ce que l’on vient de dire.Ceft.de cette préparation que dépend la beauté de la gravure -, il faut pour que le grain foit beau, qu’il- foit fin , égal par-tout, & qu’il produite un fond noir, velouté & moelleux. F’oyer û^. 9. cela demande beaucoup de foin &xi’attention. ■

i". On prendra garde de ne point trop .appuyer le berceau. . ri 1,

■iP . De ne point l’appuyer plus danî un :en- 4f oit (Jue dans ^^ife aufrei : ■’■'■’■. •’■•■■■ o a K

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". De ne point tenir lebercean plus incliné fur la fuperficie du cuivre darn un endroit que dans un autre ; car lorfqu’il efi : trop incliné, il chemine trop vite pour le balancement de la main ; & lorſqu’on le tient trop droit, il reſte trop long-tems à la même place. & cave davantage le cuivre.

4°. On doit conduire le berceau d’un bout d’une ligne, à l’autre ſans s’arrêter , parce que les endroits d’où l’on ſe reprendroit formeroient des inégalités.

5°. Enfin il faut avoir l’attention que le balancer du berceau ſoit tel que ſon arc df g e, fig. I. ne ſe développe pas entièrement, car les angles d , e venant à toucher le cuivre, ils pourroient s’y imprimer davantage & former des points ou des inégalités dans le grain. Pour éviter cet inconvénient on marquera le milieu du berceau par un petit trait de craie en B. On en fera auſſi deux autres f, à égale diſtance du point B. La diſtance, g fera égale à la largeur AL, LM, &c. des carreaux tracés ſur le cuivre. Les points f , g ſerviront de repaires pour régler le bercement de l’outil , de manière que la même portion d’arc ſoit toujours également développée ſur le cuivre.

8. Ainſi dans la pratique, lorſque l’on aura, comme nous avons dit, placé le milieu B du berceau fur la ligne E H que l’on veut parcourir, on penchera l’outil de côté, enforte que fon arc touche le cuivre par le point çr,-on renverfcra auflî-rôc le berceau dans lefens oppofé, jufqu’à ce que l’arc en fe développant vienne à toucher la fuperficie du cuivre par le point y, & : ce bercement fuccefuf, occafionné par le balancement de la main , qui appuie en même tems légèrement , fera cheminer le berceau d’un bout à l’autre de la ligne de E vers H , en laiffanc en chemin faifant l’empreinte de.fes dent. ? ^^g-, f’ffi . Exemple de gravure en manière noire. Lx planche ayant été graînée , comme il a été dit, rend à rimpreffion un fond extrêmement noir par :-tout , tel qu’il fubfifte encore derrière la boule ; on grave fur ce fond , en ufanc le grain avec le racloir , j ?g. 4. ou avec la grattoir xx,fig. j. & 6. PL ï. Le bruniffoiï ferr auffi. à éteindre le grain & à polir les plus grands clairs. Ces outils ne fervent qu’à former les reflets , les demi-teintes qui paifen. !; de J’ombre à la lumière, & les lumières. Oij, ménage le fond pour exprimer les ombres & les’ touches les plus fortes. Cet exemple nouç a paru fuffiiant en ce qu’il réunit le prîncipç général de l’ombre , du reflet , de la demi» teinte , & de la lumière. Vpye l’article Gra-> v.u’P-É.r.N MANIERE NOIRE , &c. commçtit cjg calque,-..

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PLANCHE VIII.

Gravure en manière de crayon,

La gravure en manière de crayon , ed l’art d’imiter ou de contrefaire furie cuivre les deTfins faits au ciayon fur ie papier. Le but dg cette manière de graver efl de iaire illnnon , au point qu’à la première infpeflion îe rrai connoifleur ne fâche faire la différence du deflin original d’avec l’eftampe gravée- qui en eft l’imiraticn. On fert bien que l’utilité de ce genre de graver eft démultiplier ’(es exetnples delFinés que noi !S ont îaiflës les maîtres célèbres qui pcfTtdoÏTnt ce qu’on appelle la ieile ma-Viière de dejfMer relativement à la pratique du ’crayon ; avaniage fopérieur à tous les autres genres de gravure pour former des élevés dans la pratique du defTm.

Quel fecours les jeunes ccmmençans ne reçoivent-ils pas da cette nouvelle découverte 1 ■Combien d’élevés éloigr.és dîs grandes villes , le centre des arts , qui ne pouvant fe procurer Jes deflins originaux des Raphaëls, àes Caraches, deiBoucliardons , des VaTilco , «S-^. paffcient lès premières annéesde le’irs études à dtiljner d’après .des eflampes gravées en taille douce , & ac- •quiéroient par-là une manière dedelfin» r_/Ji.’fle, dur ^ & arrangée ^ fi oppolt’e au bon goût du ■crayon & aTetret de la natuie ? ïoii.ç ces obftaties à leur avancement ne fijbfi :îent plus ; Tn muMpliant les moyens de s’inflruire , on a iïpplani. les premières difficultés de l’art, on ï’a rer.du plu’S accelïïble & moins rebutant. Ce gïnVe de gravure ne s’exéccre point aC’ec des tailles de turin comme la gravure en taille- ■douce, mais par un mêlatige de points variés & fans ordre , comme plus propres à imiter e.ette efpece de graine cccafiontié par le crayon furim papier plus ou moins doux. Cha.jue coup de crayon fur lo papier doit ê ;re confidéré Comme une infinité de points léunis, & ces jjoitits ne font autre chofe que les émincnces du grain du papier fur lefquels le crayon fe dépcfe en palTant deîfits.

Le curvre dont on fe fert ayant été bruni & ▼erni , comme il a été dit pour la gravure en «aille-douce , on fera contre-épreuver le dfffin que l’on veut imiter, furie vernis delà planhe. Si le deflin original ne peut pas fe contie- ■épreuver , on en prerdra un calque à la fanguine fur du papier vernis ou huilé, & : ce calque ’ tiendra lieu de iîeiTin pour tranfmettre tous Jes traits de l’original fur le vernis. Cela pofé,. on foimera le :, conteurs de fon objet ««, _/ ?o’. i^. ■avec des points plus ou moins empâtés les uns avec les autres , fuivant la finelfe ou la force du coup de crayon indiqué. par. l’original. On fe fert pour former ces points, dej pointes î , i , 3-G R K

On établît ênfuite toutes les mafTes d’ombrïiJ & les reflets, en exprimant d’abord toutes les hachures dominantes, c’eft-à-dire, par exemple, que fi l’on avoir uns maffe d’ombre femblab’e à la_^g-. II, on la confidérer.i fous deux ai’pecls d iiïrens ; i". fous celui de la_^^T. 12. repréfentant les hachures dom’nantes qui fervent à indiquer la petffeaive de l’objet ; 2.°. Ibiis celui de lajÇj. 13. qiii n’offre que le fond grajr.é qai fert dans les maffes d’ombres à affourdir & à colorer , & en même cems à brouiller les hachures qui interrcmproîent la tranquillité qu’exige la privation totale de la lumière. Les dçmi teintes feront formées de hachures compofées de points, ou par des adouciflemens graines , fuivant ce qu’indiquera l’original ; & les touches les plus vigoureufes feront empâtées par des points confondus les uns avec les autres, la fig. 14, repréfênte une ébauche faite a l’eauforte, fuivant l’ordre des opérations qt.e nousr venons d’établir : cette forte de gravure peut mordre à l’eau-forte à couler ou de départ, fuivant le choix de l’artiiîe ; mais on obferveta. de laifTer mordre moins de te.ms les parties qui approchent des lumières, & davantage celles qui font les plus vigtiureufes. Il n’y a point de mal que le.’ points qui forment les touches & lei coiips de crayon les plus vigoureux viennent à crever un peu l’un dans l’autre ; il en rélukemême un grignotis fingulier & un défordre plus affefié , en même tems plus vrai.

Laj%. 14. n’ayant pas tout l’effet de l’original, on remettra du grain dans les endroit ; qui enfont fufccptibles, comme snbbb^fig. 15, ce qui fe pratique avec la pointe , _/îj. i. ouavec le burin qu’on ox,fig. 10, Si le crémier travail eft généralement trop tranfparent’dans les maffes d’ombres , on fe feivira du mattoir pour répandre fur le tout un grain , qui en abforbanc touî les petits blancs, produira des tons pàis fourds. On donnera aux touches leur plus grande vigueur en fe fervant du burin, pour crever davantage les travaux de la préparation. ETifin on cherchera à imiter le grain du papier, foriiiant des efpèces de petites cannelures qui coupent les hachures du crayon par des directions horifonrales ou perpendiculaires que le dcffin original indiquera ; on exprimera ces lignes cannelées par des.roints remis après-coup au ib-jrinioii àla pointe dansles endroits cùie crayon a psffé , mais moins fenfibles & mo-ins apparens dansles endroits les plus hr^.n : & les plus clairs. Dans cet exemple^ ces lignes font dans les diredion ? perp enciculaires indiquées ■^r..c-d àim la fig. ït, irc par g/, fig- 15. qui efl : totalement achevée. Cette gravure doit être ébarbc’e- avant de pafler, à l’impr-lTion , comme on ébarbe les planch.es gravées en tailledouce. ... ■ F. ; J ’ .-

Nousp.e prétendons point. que cette, manièie

[d’opérer Coït généralement fuivie de tous ceux I qui travaillenren ce genre : chacun fuit celle qui Jiiî paroît la plus convenable & la plus expéditi’/e. Les outils varient auili luivant le choix dp l’artifte. Il y en a qui le i’ervent de roulettes pour niattertoutes les mafles d’umbres, les reflets , les demi-teintes, & ils ne préparent à l’eau-forte que les hachures dominantes, "les conto. ;rs , Se les xouches les plus fortes ; d’autres Ce fervent de mattoirs en forme de poinçons, dont un des bouts eft garni d’une certaine quantité de petites dents pointues d’inégak grolTeur ; ils frappent fur l’autre bout de ce mattoir avec tin petit marteau , & : fon* mouvoir l’outil dans tous les endroits qu’ils veulent refortificr. Toutes ces variétés & ces moyens diffirens concourent au même but , & font bons dans Ja main d’un artiite intelligent , pourvu qu’il évite avec foin un arrangement fervile & limméirique dans fon travail ; £»r la meilleure manière, c’eft-à-dîre celle qui fait le plus d’iliufion , c-ft celle qui laifle le moins appercevoir le métier, & qui paroît la plus initiiitable.

Fig- I. Pointe fervant à pointiller les contours & les hachures dans la préparation à l’eauforte.

i. Pointe double,

. Pointe triple avec laquelle on peut faire trot» points à-la-tois ; les pointes de cet outil doivent être de différente gfofTeur & un peu emouffées ; il en elf de même des deux ^’gures précédentes.

j. Poinçon à remettre de gros grains dans les endroits déjà préparés à l’eau forte , que l’on veut emparer Se refortifier davantage ; cat outil fait à-la-fois deux points de différence groffeur & de forme irrégulière : fes deux pointes doivent être un peu émoufTées afin de faire des points moins acres : on s’en fprt en frappant fur la partie a avec un petit marteau.

S- Mattoîr , efpèce ds poinçon, dont la partie b , qui a la forme d’un cul de dé , efl garnie d’une infinité de petites dents inégales, émoufTée.s , ik placées fans ordre ; on s’en fert en frappant deiïas avec le marteau, comme il a été dit c’-deffas. On l’emploie pour remettre un grain léger, & matter ou affourdir davantage ce que i’eau- forte autoit rendu trop tranfparent.

5. Le même mattoir avec nn manche ou poignée. On peut employer celui-ci en gravant a î’caii-forie, pour répandre furies hachures dominantes un grain qui forme les mafles "d’ombres, les reflets, &c.

7. Le bout d’un des mattoirs précédens , repréfenté beaucoup plusgrand , afin de faire mieux fentir îa manière dont il doit être fa. Cet outil doit ê :re d’acier-, pn lui donnera la forme G’R A

(fai

que l’on voit avant de le tremper , S ; avec le bout d’un burin on frappera fur la furface c. Chaque coup de pointe de burin fera donné çà & là fans ordre & fans fimmécrie, ce qui formera autant de petites dents ou émlnences pointues ou incgales ; alors on trempera cet outii. Lorfqu’il fera trempé on émouffera ces petites pointes en les frottsnc légèrement fur la pierre à l’huile. Il réfultera de cette dernière op’.ration, que -les dents les plus longues fe trouveront émoufFecs, &les autres conferveronr leurspointesaiguss, ce qui formera le mélange de points pour la forte de travail auquel cet -outil efl deftiné.

a. 8 h. Roulettes d’acier trempé, fervant à matter, 

l’oit datis la préparation à l’eau-fone, foie après-coup pour donner l’efîet. On formera ces roulettes , & on y fera les dents , comme il a été dit ci-deffus.

p. La mêms roulette vue de côté. On voit en tl un efl’ai du grain qu’elle peut fermer en lapaffantà plufieurs reprifps Se dans diftérenr.es direftjons fur le même endroit 5 ce grain fera plus tort ou plus léger, en appuyant plus ou moins.

. Burin avec lequel on peut faire deux points à-ia-fûis : on lé fert de cet outil ou du burin ordinaire pour fortifier les touches par des points crevés les uns dans les autres. . Hachures crolfées & : affaurdies ou mattées par un fond graine.

II. Hachures croifées , faites toutes à l’eau- forte avec différentes pointes.

. Fond graine qui peut être fait avec des pointes de différentes grofTeurs , Jzg. i. & 2. ou avec la roulette & le mattoir , Jig. 6. cette dernière feroit plus expéditive. . Oreille ébauchée à l’eau-forte. On doit faire enforte que le travail de l’eau - forte approche beaucoup du ton de l’original , enforte qu’il n’y ait plus que les rigueurs à donner , foit avec des points de burin crevés les uns dans les autres , ou avec les mattoirs , & enfin qu’il n’y ait pour-ainfi-dire que l’accord général à remettre après coup, les légé- ; retés , &c :

I j. La même oreîllefinîe. Les efpeces de cannelures ef qui indiquent la trame du papier , ont été mifes après coup avec le bout e du poinçon }fig- 4. Parle moyen de cette manière de graver on pourroit imiter les deflins faits à lî fanguine &à la pierre noire fur le papier blanc, il ne s’agit que de faire deuK planches pout le même fujet, c’eft-à-dire une pour chaque couleur.

Avec trois planches on parviendroît pareillement à imiter les defïïns à la fanguine & à la pierre noire , rehauffés de blanc fur dti papier de couleur, bleu ou gris.

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G R A

Il paroît par le certificat de l’académîe de peinture, or la penfion du roi accordée à M. François, qu’il efl : i’invente ;ir de cette gravure, dont M. Marteau a donné dans la fuite des exemples trèi-eftimés. ( Cts ex’ :Ucatioas ont été faites pou-r l’ancienne Encyclopédie , par M. Prévost , habile g-aveur. )

Gravure pointielée. Morinàl’eau-

forte, Boullanger au burin , & Lutma au ciielct ont fait , dans le dernier fiécle , les premiers effais de cette gravure , qui a produit dans notre fiécle . gravure dans la manière du crayon , &• enfuite une autre forte de gravure dans laquelle on ne fe propofe pas d’imiter la marche , le grené, les hachures du crayon, mais les effets du tableau ou du deiïïn qu’on prend pour modèle. MM.Bartolozzi, italien, Skorodoumof, ruiTe, & plulieurs artiitos anglois ont produit en ce genre des ouvrages pleins d’agrément, d’efprit & de goiit : ils ont é.é imités par djs François, & quelques-uns par un mélangé de tailles à l’eau-for ;e & au burin, & du pointillé , ont produit des ouvragas d’un goâî e-quï-s. La pratique de ce genre n’eft pas fuiceptibîe d’un grand nombre d’oblervations. Il s’exécute fur le cuivre rouge comme la gravure à l’eauforte & au burin ; on calque de même le deilin qu’on fè propofe de graver. On peut ébaucher les travaux à l’eau -forte, & c’ell la pratique ordinaire de M. BarColozzi. On fent bien qu’alors il ne faut pas indiquer les contours par des traits, mais par des points. Dans les grandes parties , & fur-tout dans les parties obfcures, on peut fe lervir, comme dans i gravure au crayon^ de pointes qui faffent plutieurs point» à-ia-fois. Dans les petites parties, près des lumières , & fur les demi -teintes légères, il faut fe fervir des mêmes pointes avec lefquelles on grave à l’eau-forre. On fait mordre enfuite ce travail. La planche fe termine à la pointe du burin, fans qu’on foit obligé cependant de s’interdire l’ufage de la pointe ordinaire, fur - tout dans les emDàtemens où la variété des trava .x peut avoir beaucoup de charmes. Des parties oil refteroit le pointillé de l’eau-forte pure auroient peu d’agrémens -, ce pointillé doit être mêlé Se empâté de points faits au burin ou à lapointe sèche. Il eft bon que, fut les parties de lumière ou de demi-rteinte, les points Ibient quelquefois rangés en forme de hachures : cette forte de travail égayé l’ouvrage, y répand du goût ; fi les points font placés par-tout en maffes , ils offrent un travail monotone & qui a de la molleffe. Des points en hachures produifent aufli un bon effet dans les ombres. C’eif le goût qui indique à l’artiflc les endroits où il doit préférer les

^achures au grené en maffes , & les malles au

grené.-

Il y a des artiftès qui gravent leurs planches G R Â^

entières à la pointe du burin , fans faire aucun ufage de l’eau -forte. Nous confeirierons le nielange des deux manières, parce qu’il produit d heureufes variétés •, mais nous ne détournerons cependant aucun artifte de lliivre ton penchant. -Si l’on établit le travail entier avec des points, on s’appercevra ordinairement , fur- tout fi les objets ne font pas de fort petite proportion, qu’il y règne de la moUetTe, qu’il y manque un certain piquant capable d’attacher le fpeclateur. On détruit ce défaut en étabiiffant au burin quelques touches, quelques hachures, quelques portions de traits commencés & non continués. Ce travail du burin ne doit pas être ifolé , mais accompagné par des points qui lui fervent de fond. Les hachures ne doivent pas être croHees, à moins que ce ne l’oit peut-être dans des parties fort obfcures où elles le trouvent perdues. Elles ne doivent pas non pliu être ferrées , il faut qu’il y ait entre elles un travail de points. Mais ce que nous difons ici n’appartient point à la pratique proprement dite, c’eft-à-dire, au pur métier ; mais à l’art & au goût fur lefquels on ne^eut donner des règles préciles. L’artifte commençant doit examiner & étudier les ouvrages de iVI. Bartolozzi & des autres graveurs qui ont le mieux réulïï dans ce genre ; mais enfuite s’il ne trouve pas en lui-même les principes du goût, fi la nature ne l’a pas tormé pour les arts , s’il n’a pas le fentiment qui produit les fuccès , il ne fera que des ouvrages médiocres même dans ce genre facile.

Les graveurs à la manière pointillée, peuvent s’aider de la roulette , & des autres inftrumens donton a parlé à Vzvtz[s-Gravureà la ma ?iière du crayon. Nous n’avons pas dit que les points doivent être légers fur les lumières, larges & profonds dans les ombres des premiers plans ; que dans les parties fort obfcures, ils peuvent être tellement creufés & confondus entre eux que le cuivre (bit ce qu’on appelle crevé. Ces avis feroient inutiles, parce qu’il efl : à croire que perfonne ne s’avifeia de graver en ce genre fans avoir quelque pratique du deilin. Nous dirions bien que les points peuvent être quelquefois un peu allongés, quelquefois un peu tournans, rarement ronds comme ceux qui fe font à la pointe sèche : mais ce feroit retomber dans les préceptes de goût , & nous devons fuppofer à l’artifle qui s’exercera dans ce genre, un goût naturel perfeftionné par quelqu’étude de l’arc. La facilité de cette manière peut la rendre agréable aux peintres & aux deiïïnateurs qui n’ont pas le loifir ou la patience de fe formera la pratique du burin , & que peuvent rebuter les caprices de l’eau -forte, qui, lorfqu’on no fait pas s’aider du burin pour la retoucher, produit rarement l’effet qu’on s’étoit propoféi , GaAvuRE XV LAVIS, inventée par M- i5

Prince, peintre de P Académie Royale de Paris. _0n va tranfcrire ici le fecret âe ion procédé, tel qu’il l’a remis lui-même à l’Académie. Cet ariifte, plein d’elprit & de goût, a fait dans ce genre des ouvrjges reuipiis de charmes : il a eto imité avec i ?n grand iuccès par un habile amateur , M. l’abbé de Saint-Non , ■ îbn ami. D’autres perfonnes le font effayées dans cette manière , mais moins heurealemenr. ’ la manière de graver au lavis confifte en ■ trois opérations générales.

La prsmièie eft d’établir Je trait à la pointe & le faire mordre à l’eau -forte. La féconde , de laver à l’encre & y fubltituer un vernis.

La troifiàme . de faire mordre le lavis. Dans les delFins Ibit au biftre , foit à l’encre I de la Chine, on a coutume de deffiner d’abord le trait à la plume.

Pour imiter cette opération , après avoir calqué le trait du delîin furie cuivre , on le grave à la pointe, & pour imiter plus exaâement les pieins & les déliés que forme la plume, il faut avoir en réferve une pointe compofée de deux aiguilles à cocidre , un peu longues, les lier enlémble depuis la moitié jufquau haut avec ’un fil de laiton , & les emmancher comme une ’pointe ordinaire. Ces ferres de pointes, fans trop ployer, conferven’t l’éiaflicité qui leur convient, & elles ferviront utilement à retoucher ou [ enfler à propos le trait de pointe qu’on aura déjà tracé.

’ Il faut obferver , en mettant la planche à l’eau-forte , de faire très- peu mordre tous les traits qui doivent le trouver fur les bords des lumières, & au concraire, de creufer, autant qu’il (é’a polTible, ies touches deftinées à pro- [ duire les plus grandes forces

Opération du lavis. Lorfque le’ trait eft mordu , & que la planche eft bien nettoyée , • on la vernit de nouveau. Il faut avoir attention ’ de ne pas enfoncer le vernis dans les traits qui font gravés : ceîa eft facile à obferver, en ne faifanc que frapper le vernis avec le tampon. Il ne fiuî pas que le vernis foit enduit aufll épais que pour, graver à l’eau - forte ; mais il faut qu’il foit bien également étendu. Il ne faut pas non plus noircir la planche ; mais lorfqu’elle ’ eft entièrement vernie, il faut la poferfur un marbre , pour qu’elle refroidiffe plus promptemenr.

DégraiJJdge de laplanche. Quand la planche eft refroidie, il faut la dégraifT^r en répandant " à fa furface de. la poudre à poudrer , & la frotter exadement par - tout avec un tampon moelleux de linge fin ; cela donne au vernis Tâpreté néceffdire pour recevoir l’encre -, fans, cette ï pirécaution , elle ne pourroit pas s’y infinuer. G R A

< ?25

Manière de laver h s ombres. I ! faut avoir de l’encre compofée dans une petite bouteille dont le col ibit un peu long, afin d’avoir la fîi^ilité de bien battre la liqueur ; ce qu’il faut réitérer le plus fouvent qu’il eftpoftible. Amefure qu’on veut s’en fervir , on en veriis dans une petite fo[ !coupe, & chaque fois qu’on en prend avec le pinceau , on a foin de la remuer avec le pinceau lui-même. Il faut que les pinceaux dont on fe fert foient un peu longs , & toujours bien garnis d’encre.

Lorfque l’on fait un deflin , après avoir fait le ’rait à la plume , on établit toute ; les grandss maffes d’ombre, & l’on traite enfuite^ par-deffus ces maffes , tous les détails néceffaires ; ou bien , pour rendre le" deflin d’une manière plus brillante & plus tranfparenre , on dcftlne d’abord au pinceau tous les détails , & on glace enfuiie les grandes maffes par-deifus ces détails. Il en eft de même de la gra.’urt au lavis . & ce dernier procédé eft celui qui réuffit le mieux.

Compojzcion de Vencre. On prend de l’huils d’olive, que l’on triture parfaitement avec du noir de fumée. On la met dans une de ces petites bouteilles dont fe fervent les apothicaires pour renfermer les médecines. On y ajoute enfuite trois parties de bonne e.flence de thérébentine , & on les bat enfemble de façon que toutes les parties foient bien liées entre elles & ne fafferit plu ; qu’une même liqueur. Il faut avoir foin de tenir la bouteille bien bouchée, l’encre fe conferve long-temps.

La propriété de cette liqueur eft de dilToudre levernis. L’huile d’olive qui en fait paras s’emparant de la cire & de la réûne dont le vernis eft compofé, la conferve dans un état de fluidité & lui ôte la faculté de fe durcir de nouveau • en forte qu’on peut eni’uite l’effuyer, fans endommager le refte du vernis.

Toute efpèce de gravure fe fait par des points ou par des hachures, afin de procurer à la planche des cafés par le moyen .defquelles elle puiffe retenir la couleur avec laquelle on veut imprimer.

Il n’eft pas pofTible d’imiter par des hachures, l’uni & le moelleux de l’encre de la Chine couchée au pinceau. ïïa.utc^xe cène gra-.’ure, pour que l’effet en foit bien fondu & bien uni, foit un enfemble compofé d’une infinité de points imperceptibles. Comme aucune forte de liqueur compofée ne pourroit conferver l’arrangement de ces points, il eft nécelTaire d’enlever cette encre avec laquelle on a formé fon delfin , & d’y fubftituer une matière poreufe , qui, pofée d’à- plomb fur la planche, puilfe lui procurer, par le moyen d’un acide , le pointillé qui fait le caraclère de ce genre de gravure.

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G R A

Manière d’ejfaytr Vmcre. Pour enlever Sr efluyer l’encre adroitemement, voici de quelle manière on doit s’y prendre.

On a de vieux linges fins , blancs de leflîve ; ofl les cot.pe par morceaux un peu plus grands . que la main : on prend un de ces morceaux , on l’applique fur l’-endroit que l’on veut efluyer, & : on enlève une empreinte en appuyant avec le doigt. On doit avoir attention de ne pas liiffer traîner le refte du linge fur la planche. Lorfque le linge efl : trop plein de ces empreintes, on en change fuccellivement, julqu’à ce que l’encre de toute la planche foit enlevée. Après avoir ainfi enlevé le principal fluide de l’encre, on peut hardiment l’effuyer par -tout où le cuivre eft à découvert , & toujours avec des linges fins & propres. Enluite, on dégraifTe encore une fois^la planche avec de la poudre à poudrer, de la même manière que la première fois.

Madère poreufe que doit pénétrer l’acide. C’eft après cette opération , que l’on met fur le cuivre la matière poreufe au travers de laquelle doit s infmuer l’acide qui procurera le grain du lavis. On met cette lubfiance en poudre. Voici la compofnion du mordant qui doit ra :tacher à la planche.

On pulvérife du fucre , & on le rend aulTi fin qu’il foit polïïble. On ratiffe auflî’ très- fin une fois autant de favon ; on met le tout dans une bouteille de la même efpèce de celles dont j’ai déjà parlé. On verfe enluite fur la poudre, en pefanteur , cinq parties d’eau pure : on fait didbudre le tout fur’ des cendres chaudes, & on bat la liaueur dans la bouteille , jufqu’à fon entière faturation. AuUl-tôt qu’elle eft froide , on peut s’en fervir ; Ik. elle le çonfçrve longtemps.

Manière d’employer cette liqueur. On fait un tampon de linge fin ; on l’imbibe de cette eau, & l’on tamponne enfuite la planche avec attention , principalement dans tous les endroits où le cuivre eft à découvert. ’Il ne fiut pas en mettre une couche épaifTe ; il faut feulement que la planche en foit bien enduite. Le fucre donne à cette liqueur la p-opriété de retenir fur la planche la poudre dont on va la couvrir, & le iayon empêche le fucre de fe durc’.r. "Poudre qui fert à étahlir le grain propre à imiter le lavis. On prend de la réfine la plus belle ; on la tait féchcr ; après quoi on la réduit en poudre très- fine. On la conferve en la mettant dans un pot de verre que l’on tient dans un lieu îtès-feç.

Manière d’employer cettt poudre. On en met dans im tgmis de ibie de quatre à cinq pouces G R A^

de diamètre. On couche la planche à plat furune grande feuille de papier ; on tient le tamis à la hauteur de fix pouces au-deffus de la planche , Se on falTe par-tout de la poudre en frappant un peu fort avec les doigts fur les côtés du lamis. Il faut parcourir toute la planche , fans difcontinuer , jufqu’à ce qu’elle foit enduite également & qu’elle foit devenue toute blanche ; ce qui arrive quand elle efl : par -tout bien couverte de la réline pilée, jufqu’à l’épaifl^eur d’une pièce de fix liards.

On prend enfuite la planche par les bords, on la frappe afl’ez légèrement de champ fur la table, de manière que, par ces fecouffes, l’excédent de la réfine tombe fur le papier qui fert de nape : on jette le refte de la poudre du tamis, ainfi que celle qui efl tombée, parce que c’eft la partie la plus légère de la réfine, qu’elle eft la plus dénuée de parties réfineufes , & : qu’elle pourroit manquer fon effet, fi l’on vouloir l’employer une féconde f jis.

On effiiie enfuite avec un linge les bords d^ la planche qui font en -dehors du trait ; on la regarde avec beaucoup d’attention fur toutes les parties de fa furface , & fi l’on apperçoit dis endroits qui ne foienr pas également couverts delà poudre, on reprend le ta.iiis : maisàmefure que l’on reflaiTe la poudre, il faut auparavant redonner de l’humidité aux endroits fur lefquels on doit repaffer : cela fe fait en expirant fcn haleine fur chacun de ces endroits ; l’hum’diié de ce fouftle rend au fucre un gluant qui lui procure la facilité de retenir la réfine. Apres avoir repaffé de la réfine fur la planche , on frappe la planche fur le papier , comme on a fait auparavant, pour faire tomber les parties les plus légères & les plus groffières.

Moyen de chauffir l’enduit de réfine. L&rfque la planche eft parfaitement couverte de cette réfine en poudre, qui , par le~procidé que l’on vient d’expliquer , fe trouve également- étendue, on transforme cette poudre en un vernis qui, étant très -poreux par fa nature, donne facilement accès aux acides qui doivent s’infinuer dans le cuivre.

Cette opération confifle à adapter à la planche un étau à main comme lorfqu’on veut vernir les cuivres dans l’opération de la gravure à l’eau» forte. On a un réchaud plein d’un feu modéré qu’on recouvre encore d’une cendre légère : on expofela planche à huit pouces au ■defl’as du feu, en la tenant horizontalement , Si. la promenant fans celTe , toujours à la même hauteur , afin qu’elle s’échauffe également fqns que la rëfine fe brûle.

A proportion que le cuivre fe pénètre de chaleur , on apperçoit la réfine le difToudre & prendre infenublement la couleur du vernis qui eft fur le refte 4e la planche : on voit paroître

far gratktîon le trait qui efl : gravé fur cette pianche j & qui fe deffine en noir -, & la réfine I qui coavre cous les intervalles qui ont été décoLiverts par la liqueur noire , devient blanche. Aiors on celle de chauffer la planche , Se on . la pôle fur un maibre, afin qu’elle le refroidilTe. i 11 faut donner un degré de chaleur de plus,

.lorl’que la gravure doit produire des tons vigoureux , 

que lorfqu’elle doit produire des tons

unis & tranquilles. 

I Lorfque la planche eft entièrement refroidie, on la borde avec de la cire , comme dans la gravure ordinaire à l’eau - forte , & on la fait mordre.

j . Manière de faire mordre la. gravure en lavis. I On a de l’eau -forte dans deu>; bouteilles ; la première contient deux parties d’eau pure fur une partie de bonne eau -force.

La féconde contient trois parties d’eau pure & une partie d’eau -forte. La première fert à faire mordre la planche dans les détails, & la ’ féconde s’emploie pour les ciels , & généralement pour tous les tons les plus doux. Echantillons. Pour produire à coup sûr la jufteffe des tons qu’exige le deflin , il faut fe faire un échantillon qui ferve de diapafon. On a une petite planche de cuivre , de cinq à fix pouces de long : on la vernit fans la noircir ;

&, avec la liqueur à l’effcnce, on lave fur cette

planche une ou plufieurs bandes : on l’effuie , on la poudre de réfine, & on la fait mordre en lavis. Lorfqu’elle a mordu deux minutes, on la tait ficher, & on en couvre un pouce : on fait

mordre le refte encore deux minutes, & on en

recouvre encore un pouce ■. enfin , on continue de la même manière , jufqu’à ce que l’échani lillon tout entier foit mordu par gradation. "I On en fait tirer des épreuves que l’on a toajours devant foi en faifant mordre. On fait un échantllon avec l’eau -forte de chacune des

dfiux bouteilles fur lefquelles , pour plus de

iûreté, on en colle une épreuve. Soins à prendre pendant la morfure. On a une fnontre devant foi , & alors on fait mordre le lavis en oblervanc , par la comparaifon du deflin que l’on copie avec l’échantillon , le temps qu’il ’ faut lailTer mordre chaque teinte. A mefure que chacune a affez mordu, on la couvre avec du f vernis noir.

S’ Ce vernis à couvrir efl fieiplement , comme ■ pour la gravure.» l’eau-force , du vernis blanc , ou vernis de Venil’e , dont on fe fert pour vernir les tableaux. A njefure qu’on veut en faire ufage, on le mêle avec du noir de fumée. On a grand foin de le bien délayer chaque fois qu’on j’en fert.

^enux-Artf. Tom$ IL

G R A

éif

Pour faire mordre la planche a7ec fuccès , il faut bien obferver ce qui fuit. Après avoir bordé la planche avec de la cire, on forme à l’un des coins un gouleau plus haut que la bordure

On répand l’eau - forte fur la planche ; on la laiffe mordre le temps que l’on juge convenable. Hn&ite on remet l’eau dans la bouteille par la moyen d’un entonnoir de verre : on verfe de 1 eau un peu tiède iur la planche pour la laver ; OB laiffe un peu égoutter l’eau , & l’on fiit fecher la planche. Pour que ce deffechement foit plus prompt, on étend deffus de vieux liages fins, que l’on preffe avec les mains. De cette manière la planche ne conferve plus d’humidité ; s’il en. reiloit, elle feroit préjudiciable à la gravure. Lorfque la planche efl : bien féche , on obferve les parties qui font affez mordues , & on les couvre avec du vernis. AulFi-tôt que ce vernis eft fec , & il l’efl fort promptement, on recommence à faire mordre la planche, & l’on recommence cette opération autant de fois que les gradations ci-deffus l’exigent.

Après avoir ainfi copié tous les détails du deifin par cette première opération , on nétcie la planche, lie on la vernit de nouveau ^ fans la noire ;r. n

Pour la nétoyéV, il faut premièrement en arracher la bordure de cire , la reprendre avec l’etau, & l’effuyer au-deffus d’un feu doux, ea yerfant deffus un peu d’effence de thérébentine : après quoi on la vernit, comme la première fois ^ & après ai’oir bien obiervé les mêmes précau» tions, on lave avec le pinceau les maffes qu’on fait mordre enfuite. Ea lavant les grandes maffes , il ne faut pas épargner la liqueur , & on la paffe hardiment fur les travaux qui font déjà, gravés.

On grave de cette manière auffi proprement que l’on delïïne au lavis : mais comme lei trous multipliés & imperceptibles qu’elle produit one peu de profondeur, il ne faut pas s’attendre à tirer un grand nombre de belles épreuves. L’ufage des échantillons, que recommande l’auteur, ne doit pas être infaillible, & demanda à être fuppléé fouvenc par l’expérience. Il s’en faut bien que l’eau-forte ait, en tout temps, une égale aâivité : elle mord bien plus lentement en hiver qu’en été , Se bieu plus lentement encore dans un temps humide (jue dans ua temps fec.

Autre gravure au iavis. Le procédé qu’on vient de donner eft très-difficile pourles perfonnesqui n’ont pas une trè^-grande pratique du deffin , & même du deffin au lavis, & l’on peut affurei’ qu’elles ne produiront que des ou» vrages défeàîueux. Elle confifte, comme on l’a vu j à laver fur le cuivre apprêté, comme oa layeroit fur du papiçr. D’ailleurs avec beaucovp K, k k jfe

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G R A

d’habileté , on fera dans ce genre des cfciuiiïes pleines de goût, mais on ne parviendra peut-être pas à taire des ouvrages très-finis, dans lefquels il faut qi ;c les d ;fterencEi- teintes s’uniffent par des nuances imperceptibles , & le perdent les unes dans les autres.

Mais nn grave au lavis avec des outils, & l’on peut, danscetteraanière, fondre les teintes, les unir, les renfoncer , reprendre les travaux ébauche’s, les careffer , les peindre, en diminuer, en augmenter la vigueur.’

Le cuivre étant préparé comme pour la gravure au burin, on y porte le trait de lamên ;e manière ; c’efl’-à-dire qu’on le calque fur le vernis, & qu’on le trace à la pointe affez profondément pour qu*on puiffe l’appcrcevoir quand le Ci. ivre fera découvert , aflez légèrement pour qu’il ne (ubfifle pas quand les travaux feront établis. On enlevé enfuite le vernis , & l’on travaille avec des outils de différentes fortes , mais qui tous tiennent de la roulette. Les uns fe nomment outils fixes parce qu’ils ne roulent pas fur un pivot , mais qu’on les tourne par un mouvement des doig’s : les a-utrcs fous des roulettes mobiles. On a des outils fixes à un feul rang de grainure ; on en a qui font compofes de deux , trois rangs & davantage. La grainure diffère de groffeur , depuis des grains prefqu’imperceptibles à la vue , & : qu’on ne reconnoîl diftinftement qu’à la loupe, jufqu’à des grains jui font fur le cuivre des points gros & ; proonds. On fe fert pour établir le trait d’outils fixes à un feul rang de grains : on établit les maffes avec des outils roulans ou fixes qui en ont des rangs multipliés. Les teintes les plus légères fe font avec des outils à très-petits grains qui impriment dans le cuivre des trous imperceptibles, mais qui multipliés & extrêmement rapprochés les uns des autres, établiffent une teinte unie comme on pourroit le fiire au pinceau. Pour les teintes plus vigoureufes , on prend des outils dont le grain foit plus nourri & perce le cuivre plus profondément. On ébarbe les points , comme on ébarbe les tailles dans la gravure au burin. On doit com.mencer par les teintes vigoureufes, car fi l’on cdmmençojt par les teintes légères, on les uferoit dans la iuite des travaux. Les perfonnes qui ont quelique pratique du burin, accompagnent au befoin de points au burin , ceux qu’elles ont é ;ablis avec d’autres outils. Une maffe, dans laquelle îî s’annonce des points un peu plus marqués «j’ue ceux qui la forment , fans que cependant ils faiTt-nt tache, ou puiffent être remarqués, imite aifez bien le graine prefqu’infenfible de l’encre de la Chine, ou du biftre qui ne font autre chofe que des poudres impalpables & colorées , déla3’ées dans un liquide. Le procède de la gravure au lavis par le moyen des outils eil : bien plus lent que celui de M. le l

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Prince ; mais les planches gravées de cette ma-" nière fournilTïn : un bien plus grand nombre àa bonnes épreuves.

Des artiftes font parvenus à imitera- peu-près la lavis-par une manœuvre bien plus lente encore. Il» n’employent que la pointe du burin ; ils choififfent deï burins recourbés en manière de fabres. Les points qu’ils tracent l’a contrarient entr’eux par le fens dans lequel ils font pris. Après avoir fait une fuite de points de droite à gauche de la planche , ils la retournent pour en faire une autre fuite de gauche à droite ; ils établiffent de mêra.R des fuites de points de haut en bas, de bas en haut, d’angle en angle. Il exifte de petits bas-reliefs gravés ds cette manière avec goût. Cesfortes de travaux font tiès-folides ; mais ce procédé feroit bien lent , & , je crois, infufEfant pour de grands ouvrages. Gravure à la manière de la peinture à goua-[iie, ou des deJpMS à l’aquarelle. Il faut gra- , ver les planches de l’une dei manières que nous avons indiquées pour l’imitation du lavis. On grave autant de planches que l’on doit employer de couleurs différentes, & l’on fuit pour cela, de même que pour l’imprcffion, le j.rocédé inventé par le Blon , & : dent bols avo.ns rendu, compte.

Gkavcre en bois. Cette gravure eft fort ancienne à la Chine & aux Indes , où. l’on a fabriqijé des toiles peintes ( on devroit dire imprimées ) depuii. un temps immémorial ^eile p..roît avoir donné na-ffance à l’art d’imprimer. Les Chinois ont d’abord gravé leurs caradères fur des morceaux de bois qu’ils enduifoient d’encre,, & qu’ails appliquoicnt enfuite fur le tatin & d’autres étoffes minces & légères, (i) Nous avions des tablettes gravées en creux , que nous remplifiions de cire pour en avoir le relief, lorfqiie Laurent Cofter imprima l’écriture avec des planches de bois ; Cofter inventa et art e» 1410. Mental parut en 1440 ; Guttenberg & fes affociés en 1450 ; & ;la gravure tant en bois ^i^en cuivre étoit connue en £460 II y ades perfor.neS’ qui prétendent même qu’André M.Tano gravoic en cuivre en 1412 , & Lupracht Rult dès 1450 •, mais il efl : certain que Martin Schon , de Col-’ mar , l’un des in-û ;res d’Albert Durer, exerça cet art en 1460 , oi. a-i plus tard en 147O’ Les Graveurs en bois ont été appelles ancien. ( I ■) Des branches de la race da peuple Tangontp peitt-être aujeiud’hui enùérenient éteintes, & qui ont habité la Sibérie, ont dû graver des. caradtercs en bois ’ on a trouvé de leiiis planchesquel’on voyoir qulavoient été encrces, & par conféquent imprimées. J en ai va en Ruille , 5 ;; l’on peut en voir une à Paris à la Bibliothèque du Roi , au dépôt des livres imprimés. {JSQUm Rédaâeur. } .

ifement Fallleurs en bois , ce qui les a fait qnelqtiefois confondre avec les Dominotiers. Il faut faire deux clartés de ces graveurs : l’une des vieux , anciens ou petits maîtres , ou maîtres appelles û la licorne, à l’e'coile , aux pelles , aux èhandtliers , à la dague &c. parce que ces images accompagroienc fur leurs planches les initiales de leurs noms ; l’autre , des grands maîcres, tels qu’Albert Altorifer , m’ en Saiffe, qui travaillait en ijoo ; Sébald Beham, ou de Bohême ; Hans Scufelix ; Albert Durer , père du peintre ; Jean de Gourmont ; Anroîne de Crémone ; George Mathieu , de Lyon ; Antoine Van Leefc -, Jofeph Porta , Gorfannus, Gafpard Ruina, Joftph Salviati, Pierre Gatin, André Mantegna , Albert Durer le peintre , Lucas de Cronach , Albert Aldegraf, Lucas de Leide , Lucas Ciamfcerlinus, Jollar, &c. On remarque dans Albert Durer des conire-tailles , des fécondes, triples & qiiadruples tailles.

Ce fut en i^po que parurent les premières eftampes à rentrées de deux planches ou teintes ; art qui fa perfedionna en Italie en ijio Vojej^ Cravure en bois de camayeii.

Ce fut au plus tard vers le commencement du Teiziérae fiécle qu’on appliqua la gravure en bois à l’iraprelTion des carres à jouer. Le Titien a gravé lui-même en bois quelques uns de fes tableaux. Tout le monde connoît de nom la danfe <Jes iriorci de liolbein. ’L<igni-.ure en lois s’étendit à la cofmographie , & Gé.ard Mercaior exécuta en bois quelques unes de les cartes. Cet art fut encore cuhliépar JoftAman ou Amman deZuric ; Jacques Zuberlin deTubingue ; Pierre Hocck ou Houcfc Wovériot de Lorraine ; Jean ideCo’carou Calker qui grava en bois les plan- ’ ches anatomiques de Velale ; Jean Coufin ; Ber-Eard Salomon , &Rloni ; Fo , qui a gravé en bois des animaux pour Conrard Gefner ; le Vénitien Pagani , Michel Zinimerman , le Verrochio, Enee Bé, Sigifmond Foyerabendts , Chriftophe Aiîîbarger, Simon Huter , Virgilius Solis ; Chriftophe Chringer , dont on a une planche de l’a bataille de Lépante ; Chriftophe , dit le Suiffe ; X^erdizzotti , Cruche , les trois Vichera. On voit dans les ouvrages de S. C. Vichem , jufqu’à cinq à fix tailles Tune fur l’autre : il enï’endoit d’ailleurs très-bien le clair-obfcur. Ce fut alors qu’on commença, parmi nous, à imprimer des papiers dominotés. Ce premier pas conduifit aux toiles peintes, dont les premières parurent au commencement du règne de Louis XllI. Il Y *ut alors, & depuis, des graveurs célèbres : Raefe , Goujeon , Jean Le Clerc ; la iarte des Gaules de ceUii.-ci efl un bel ouvrage : Vinccola, Berbrule, les deux Stimmers ;EcBiart flui a e^vccuté plufieurs morceaux de Calot ; le libraire Guillai ;me Bé ; Duval , Chriftophe Jéier , qui a gravé d’après les tableaux de Rubens ; jtjeite Le Sueur, Ëouîeçiont, V^n-Heylea ; G R A

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Jean Papîîfon , père de l’auteur des tncm&i’.cs qui font analyfés par lui-même dans cet article ; Vincent & Nicolas Le Sueur.

ÏJL gravure en hois devient très-difficile & très-pénible quand on a des plantes , des fleurs , des animaux , des figures humaines & autres objets délicats à exécuter. Une planche qui n’a occupé un graveur en cuivre que quatre à cinq jours , pourra occuper un mois entier un graveur en. bois. Pour s’en convaincre , qu’on jette les yeux fur la fig. 50 & : 51, planche III de &^gravure en lois. Voilà quatre traits qui ne coûteront guère plus à faire au burin fur une planche da cuivre, qu’à la plume fur le papier : mais s’il s’agit de les couper en bois, c’eft autre chofe. Il laut 1°. couper & recouper, & enlever le bois en A. B. C. D. figures j2 , 53 & 54, ce qui demande feize coups de pointes ; & en fuivant l’opération julqu’au bout, on en trouvera quarante-huit , fans compter ceux fur lefquels on eft obligé de re’enif par accident, & les vingr-quatre coups nécefiaires pour dégager fartement les traits de chaque côté. Voilà donc, pour quatre traits , foixante & douze coups de pointes , nombre qui feroit encore fort augmenté , s’il falloit dégager & évuider avec le fermoir les plein» A. A. A. fig. 54. Les quatre traies de cette figure 54 font H ncs , & lecteux du bois enlevé par la pointe elt ombré. Si l’on fentoit le fermoir entraîné par le fil du bois du côté des traits, ils en pourroien : être endommagés fi l’on ne quittoit le fermoir , & fi l’on ne revenoit pas fur ces er«  droits avec la pointe à graver. Lorfqu’on aura enlevé le bois de chaque côcé entre les trait.’ ;, par le dégagement du fermoir , il reftera peu de chofe , qu’on féparera avec la giuge aux lieux A-A , &c. en la paflant & repaffant plufieurs fois , afin de polir le fond de la gravure. Ce» coups de fermoirs & : de gouges font au moins doubles des coups de pointes ; mais (î l’on vouloit, on pourroit démontrer à la rigueur que telle figure qui s’exécutera fur cuivre en quarn»^ vingt-douze jCoups de burin (i), ne s’exécutera pas en bois à moins de mille huit cent quatre-vingt-douze coups de pointes , & trois mille fix cents coups de fermoirs êc de gouges. Il eft vrai qu’en revanche une planche en bois peut fournir plufieurs milliers d’épreuves. Il y a donc entre la gravure en cuivre & en bois une grande différence pour le travail. Mais il ne fauc pas ignorer que, dans l gravure en bois, ce font les tailles de relief, ou d’épargne , qui marquent l’impreffion , Se que , par conféquent , (1) L’auteur de cet article fuppofe que , dans la gri» viire au burin , .chaque taille ne coûte qu’un coup de burin. Mais il s’en faiit bien qu’on grave en ce genre au premier coup, Se U feroit difficile de coir.pter com» bien de fois une taille a été rentrée depuis la plus’ ifîùÀi ébauche , jufqu’à fon dernier effet. K k t k i j

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contre un coup pu une poupe clebunn,quî forme un trait dans la gravure en cià^-re & marque à l’impreffion , il tant , dans la première de ces gravures , quatre coups pour enlever le bois de chaque côté du trait : ajoutez s cela les dtgagemens à la pointe & au fermoir , & dans la préparation des champs à cvuider , les coups de fermoir & de gouge qui l’ont néeetTaires. Les outils du graveur en boij font la pointe à graver, les fermoirs & gouges, le trufquin, l’entaille , le maillet , le racloir , l’équerre , les règles fîmples & parallèles, la faaffe règle , le compas fimple & à piufieurs pointes , les portecrayons, un marteau léger, un garde-vue, la mentoniere , la petite broffe , la prefie à tremper le papier , une petite balle , une pierre à l’huile , une pierre douce , une meule de grais montée ^ un petit broyon , un marbre, un rouleau garni de drap , un étau , des fcies à main , une varlope , un rabot , un valet , & un établi folide. La pointe à graver fe fait avec un reflbrt de pendule , d’un tiers de ligne d’cpaiffcur. On le coupe par bouts de la longueur de la fente du manche qu’on voit fir. ii & la. Planche i. on divile chaque bout fur fa longueur , fuivant celle que l’on veut donner aux lames. Les lamer, pour gros ouvrages, ont environ cinq lignes de -largeur ; pour ouvrages délicats , deux lignes ou deux lignes & demie. On les dégroflît& l’on en forme le raillant fur la meule. On y tire un bifeau du côté gauche , fur toute la longueur, à lin demi pouce près , vers le bas , qu’on laiffe fans bifeau. F’oje^ ^^ fis- i°- ^-^ coté droit eft aiguifé tout plat fans bil’eau. Voye-^fig. p. Le dos du chef de la pointe , Jîg. S , doit avoir un petit bifeau de chaque côté. On les trempe très-fec, ’, en les faifint rougir fur un feu de charbon vif, & en les plongeant fubi’ement dans l’eau froide. On leiT donne le recuit à la lumière d’une chan-- délie , jufqu’au jaune foncé. Si elles devenoient violettes, elles fcroient trop molles ^ furtout pour àss gravures délicates & fur le buis. On les emmanche un peu longues, comme d’un pouce ou deux fur le manche fendu , qu’on ferre par une corde tortillée, comme on vohjig.’j. On achevé de formerle taillant & îe dos du chef de la pointe fur la pierre à l’huile : Il faut que la première partie A du chef foit aigiiifée vive par le dos , ou fi ! r l’épaiffeur delà lame Ik fans bifeau , & que la fcconde , qui eft déjà oblique , entait au contraire deux , comme on voit en B ;j%. 8. 9. 10. On enlèvera lemorfîl qui fe fait de chaque côté à la première partie du chef A , en paffant l’angle des deux vives arrêtes fur la pierre à l’huiJe. Ce morfil gratteroit le bois, lorfqu’oa y feroit entrer la pointe pour graver. On adoucit enftiite le taillant fur la pierre douce , foit avec de l’eau , foit avec de la falive : on en ôte auffi le morfil. On place alors la lame dans la fente du manche ; on met tout le long du snan-G R A

che , du côté du taillant , un papier plié en Seu% ou trois , ou une petite carte , pour empêcher que le taillant ne coupe la corde qu’on tortillera furie manche pour en tenir les deux parties afTemblées. On ficelle le manche en commençant par la partie fupérieure oil font les heches , planche I. j%. II & II, B , deftinées à recevoir & à retenir la ficelle , & : l’on defcend du haut en bas, Parce moyen, on attache la lame fur toute fa longueur , on la tire du manche , & on la lailfe fortir de la quantité convenable à mefure qu’elle fe eaffe , fe raccourcit ou fe gâte , ou qu’on la raccommode.

On trouve dos fermoirs Sr des gouges de toutes les longueurs chez le clinquaillier. On lesemmanchera de la longueur qu’on voit planche ll.fzg- 13 , 74 & 1 5. Les manches font à virole pour retenir l’outil , Se à bouton poirr être plu& commodes à la main : on abbat une moitié du bouton , comme on fait aux m.anches de burins dans la gravure en taille-douce , D, _^^. 14 ; cela les rend plus aifésà tenir, & empêche qu’ila, ne gênent la main lorfqu’on vuide les champs. Il faudra obferver de mettre le bifeau du taillant du côté oîi une partie du manche eft coupée & applattic, &que le côté làns bifeau foit plaça com.iie dans la_/zj. 14.

Pour être bien outillé, il faut avoir des fermoirs depuis environ trois lignes de large au taillant , jufqu’au diamètre de la tête d’une^ moyenne aiguille à coudre. On fe (i ;rt quel-^ quelois d’aiguilles pour en faire de petits fermoirs , Jîg. 15. on les emmanche dans de la cire û’Efpagne chaude , que l’on fait entrer dans des, viroles longues , creufes , ajuflées , Se tenues d’une couple de lignes ou da^’antagea des man-, ches de bois plus courts ^ afin que le tout afferablé foit de la même longueur cjue les autres, manches.

Les gouges feront emmanchées comme les fermoirs. Il ne faut pas qu’elles foient pour le graveur auffi arrondies que pour le fcuipceur , & le demi-cercle qui en forme le taillant en doit être plus développé. Dans les parties angulaires àvuider, on peut fe fervir d’un fermoir afTes rond ou à taillant oblique : mais il en faudroit avoir qui euffenc le taillant & (on bifeau formé» les uns d’un côté , les aufes du côré oppofé ; obfervant deleï emmancher toujours le côté du bifeau vers celui du manche oij une partie du bour ton aura été abbattue ; ik que les manches foient longs, à pans arrondis ou ronds , afin de pouvoir, être tenus à pleine main. Voyez la forme de la gouge >/ér- ^°-

Le maillet fera léger & guère plus gros que lepo’ng.

Le truff.juîn que l’on voit^^, z-j , ne fert au graveur que pour graver de ;, filets autour des vignettes , ou à guider , lorfqu’il s’agit de faire des tailles horizontales ou perpendiculaires. Il efi

petît ; la pointe n’en doit pas être vive ; pourroir gâer le bois par des traces qa’elle feroit en des endroits où l’on feroit obligé de ^ graver des tailles. Que cette pointe foit adoucie & un peu arrondie.

L’entaille /f. 37, fera néceffaire à ceux «[ui gravent des pièces délicates , comme lettres gtiles, petites vignettes, fleurons, & :c. Elle prendra & ferrera fortement, par le moyen de les coins j ces ouvrages que i’aniftc ne peut tenir i entre les doigts.

Le racloir ,yzo-. jy , fervira à unir & polir la fuperficie des bois deftinés à z gravure , a.u Ibrtir des mains du menuifier ou de l’ebénille. La lame A doit en être aig-uifée vive fur fon épaiffeur, afin que le moifil grave & ufe le bois. 11 en faut un autre qui n’ait pas de morfil , pour les cas où il ne faut qu’adoucir. On peut fubftituer la prêle au racloir : c’eft même avec la prêle qu’on achevé de préparer le bois.

L’équerre du cuivre ,fzg. 14, fervira pour tracer des lignes droites , horizontales ou perpendiculaires , avec la pointe à calquer, ou elle tiendra lieu du trufquin lorfqu’on aura des tailles parallèles a faire.

Il faut des régies fimples , compofées, &c. Elles ferviront à tirer des parallèles à la plume fans le compas. La fauffe régie , fig. 25 , fervira à tirer des rayons d’un point donné, comme centre , foit avec la plume , foit avec la pointe à calquer , qui n’ell autre chofe qu’une aiguille emmanchée dans un manche à longue virole , comme celui des petits fermoirs, & dont on a formé la pointe par le côté de la pointe qu’on a caffée , & arrondie , ou émouflëe. Il faut au graveur un compas à plufieurs pointes , un porte-crayon , un tire-ligne. Sic. Il eft juutile d’infifter fut l’ufage de ces inûrumens affcz connus de tous les arnlles, qui en ont tous un befoin pius ou moins fréquent. Le garde-vue, fig- 35 , ell un morceau de carton d’environ l"e ;pt pouces de large fur cinq de haut , qui s’applique fur le front , & qui garantit les yeux du grand jour. Au lieu de carton iî peut être de taffetas verd sfFermi par un encadrement de fil d’archal , ou de leton, & ê ;re muni d’un cercle auffi de fil d’archal qui prend la forme de la tête & fert aie contenir. La mentonnière,,/ ?!^- 34, eft une toile piquée "qu’on s’attache fur la bouche au moyen de deux cordons. Elle empêche l’haleine de fe porter en hiver fur le bols, de le mouiller , & de décremplus, après avoir fait les coupes, où Ton aura paffé la pointe pour marquer le lieu des recoupes. La mentonnière eu néceffaire furtout , fi l’on travaille fur le buis ; on peut s’en pafîeiquand on grave fur le poirier.

Il faut des brofles douces , dont le poil foit coupé court avec des cifeaux , pour nettoyer la pouffiere & les petits copeaux. Voyez fig, 26. Une petite preffe , telle que celle dont le fervent les parcheminiers, perruquiers, &c. qu’on voit fig. 41 , efl néceflâire pour mettre le papier qu on aura mouillé avec une éponge , pour qu’il s’imbibe d’eau bien également. Pour cet effet, on le manie & le remanie, on le remet fous la preffe, & on le laiffe quelques heures de fuite entre chacune do ces opérations.

On doit joindre à la preiTe un broyon qu’on voit B : C do la. fig. 40 ; il eft à peu près de la hauteur de la main. Il faut auffi avoir un rouleau , fig. 43 , qui ait à peu près 15^18 pouces de longueur, qui foit garni de drap, & dont les poignées foient affez longues pour être tenues à pleines mains.

On fe munira de balles telles que celles dont fe fervent les imprimeurs de livres pour encrer les formes. Voyez fig. 42.

Si l’on ajoute à ces derniers outils le marbre fur lequel on broyé le noir au moyen du broyan,on-aura tout ce qu’il faut pour tirer des épreuves de fa planche , fans la porter chez l’imprimeur. Sois propre à la gravure. Le poirier, le pommier , le cormier , le buis , en un mot , tous les bois qui ne font pas poreux , font propres à la gravure en bois : mais le buis eft à préférer. Les fubfiances dure ■ & : féches , telles que le gayac , le coco , la paliffante , l’ébene , les bois d’Inde , font fujettes à s’égrener ; il n’en faut point employer non plus que des bois blancs & mous. Il faut., après avoir choifi le bois , en faire équarrir les morceaux par l’ébénifte ou le menuifier, quand même les figures qu’on auroit à traiter feroient rondes, ovales, &c. On leur donnera dix lignes d’épaifleur ; c’eft celle de l’épaiffeur de la lettre d’imprimerie. On peut tenir les morceaux à fleurons , armes, &c. moins hauts : on y fupplééra par deffous avec des cartes, & le coup de preffe eiT étant amorti , les bords de la gravure n’en feront point écrafés ; la planche ea durera plus longtemps.

Frincipes de la gravure en hois. Que celui qui veut graver ait un établi de la hauteur convenable : qu’il n’ait point la tête trop baiffée ni le corps trop droit ; que fon établi foit un peu élevé en pupitre : qu’il ait le jour en face, parce que la coupe faite , la petite ombre du bois coupé le guidera pour la recoupe. Sans cette ombre on auroit peine en hiver , lorfque l’humidité ou l’haleine enfle le bois, à difcerner la trace de la pointe. Qu’il faffe d’abord quelques traits fur un morceau de poirier, au bout de la pointe , fans que ces traits ayent été deffinés. Pour cet effer , qu’il tienne la planche fermement de la marn gauche ; qu’il ait dans la droite fa pointe à grar tfjo

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ver, à-peu-près comme une plume à écrire. Maïs que fa main foit un peu plus tournée & penchée vers le corps. Que le bileau au taillant de la pjinte foit du même côté , enforte qu’on ne voye p"ef jiie que l’épaiffeur de la lame, obliquement, très-peu du plat, du taillant & du bout de la pointe , & le deffas de la main. Qu’il enfonce l’outil dans le bois , fur le plan incliné du bifeau du caillant , & qu’il faffe la coupe. C’efl : la première tkla principale opération du graveur. Que les deux derniers doigts de la main pofent fur la planche , pour ne pas être gênés , en tirant la pointe de gauche à droite , comme on voit en A. plj.nchelll.fig. AJ{. C’eft le contraire de la gravure au burin , où l’outil cft pouffé de droite à gauche.

Pour enlever le bois coupé , on fait la recoupe ■, c’eft la féconde opération. Que la main foit tournée en dehors du corps , de façon qu’on n’en voye que le pouce & l’index qui tiennent la pointe , avec le bout du doigt du milieu : que les autres doigts foient pofés & prefque cachés f !:r la planche : qu’on enfonce la pointe au-deffus de la coupe , & où l’on ac( m.nencé à la former, enforte qu’elle entre dans le bois, appuyée en dehors du corj s , fur le côré du taillant qui n’a pas de bifeau, & que l’on voye tout le côté du taillant du bifeau , malgré l’ombre. Cela fuppo-Cé, fi l’on tire parallèlement l’outil de gauche à droite , on enlèvera le bois à mefure qu’il fe détachera , comme on le voit en B , fig. 45. Pour achever de former ou graver le trait , le contour, ou la taille commencée, on en fera autant qu’il a été die , par une coupe & une recoupe du côtéoppofe à celui que l’on aura gravé : & on donnera à ce trait, ce contour, ou. taille, une figure pyramidale fur toute fa longueur, plus ou moins menue , félon qu’on l’aura voulu. Onfe formera la main en faifant des traits en travers du fil du bois , comme en C fig. 46 , retournant la planche , le fil du bois montant toujours devant foi, & faifant une autre coupe, comme en D , fig. 47. Les deux coupes faites , on retournera la planche d’un autre fens , le fil du bois en travers devant foi ^ & on y tracera à des diftances égales d’autres coupes en échelle, depuis le haut jufqu’en bas, comme on voit en IL, fig, 4S, Les lignes tracées fig. 48, dénotant où l’on a paffé la pointe , il s’agit d’enlever le bois à cette efpece d’échelle : pour cela on recoupe & l’on achevé les tailles, comme dans li fig- 4ç , commençant toujours par celle d’en-haut , & finiffant par celle d’en bas. On voit, fig. jo & 51 , la forme que doivent avoir les tailles. Ce font comme des dents de fcie , & l’efpace qui les conftitue eft une efpece de gouttière. Il faut bien prendre garde , à la coupe , de ne pas coucher la pointe vers le corps plus qu’il n’a été prefcpit ; on s’expoferoit à endommager les é R A*

tailles par le pied , ce qui les rendroic fujettes S fe caffcr.

Quand on a fak des tailles en travers du fil du bois , s’il arrive qu’il foit difpofë à s’égrener , on exécute la recoupe avant la coupe. Voilà pour les tailles droites. Les circulaires ou courbes fe font en tournant un peu la main fur elle-même devant foi , toujours de gauche à droite , tant à la coupe qu’à la recoupe, faifant concourir à cette opération la main qui tient la planche, & qui la doit faire mouvoir dans le fens cppofé à celui de la main qui tient l’inftrument : on commence la coupe & la recoupe en A, & on les finit en B , fig. 55 , dans laquelle les traits blancs marquent le relief, & l’ombre marque les creux.

Les entre-tailles , ou tailles courtes entre de» tailles longues, comme on en yot fig. 57 , fe font comme les tailles ordinaires , les raccourciffant feolement à volonté.

Les entre-tailles ou tailles rentrées ou groffies par endroits , ne fe font pas autrement que les tailles, obfervant , fur leur longueur, de réferver des endroits plus épais Se plus nourris , comme on en vot fig. 56.

Pour les contre-tailles, ou fécondes tailles, on fait d’abord toutes les coupes parallèles,. comme à des tailles fimples : puis on croife ces coupes par d’autres fous toutes fortes d’angles j obfervant de ne pas trop enfoncer la pointe , de peur d’égrener ou même de détacher les croiises. On procède enluite quarreaux par quarreaux , en équerre, & on recoupe à contrefens de ce qui a été coupé. Lorfque tout eft gravé , on parte en frottaTt l’ongle fur les croifces pour les raffermir. Voye^ la (ig. 59 où les quarreaux font creux , & les railles croiteps de relief. Tout ce que nous dirons des triples tailles j c’eft qu’il faut , à chaque fens ds chaque taille , faire d’abord les trois coupes, ce qui divife ou coupe toutes leurs croifées. On vapolément , on paffe d’un petit quarreau à un autre, on y fait la recoupe , & on enlevé le bois , ce qui fuppofe un artifte exercé. Voytfig. 60.

S’il arrive que , parmi des tailles , on en fafTe qui foient de beaucoup plus baffes que celles entre lefquglles elles fe trouvent , de forte que ces dernières empêchent la balle d’atteindre aux autres , & par confequent celles-ci de laiffer aucun trait fur le papier , on appelle ces tailles tailles perdues L’effet en eft irréparable , furtout dans les morceaux délicats.

Les points, fi faciles à faire dans la gravure en cuivre , font très-difficiles dans la gravure en bois. Il faut qu’ils foient de relief, vuidcs tout autour, & affez folides à labafe pour ne point fe caffer ou s’écrafer. Pour cet efï’et , il faut faire cette baie à quatre faces, en pyramide. On ne les arrangera point par colonnes , comme font ceux qui , après avoir gravé les tailles , Jes cou- ;

pent S : recoupent tout en travers , pour abréger l’ouvrage , en exécutant d’une leule coupe & recoupe tous les points qu’ils ont à marquer : c’eft hafarder de faire partir & fauter tous les points qu’ils gravent ainfi, par les foubrefauts de la pointe de taille en taille. Il faut, après avoir divifé toute la longueur d’une caille par des points ^ un à un , formera la taille d’à-côiéles points correfpondani à l’entre-deux de chacun des autres, & ainli de fuite j comme on voit fig. 58. Si les points n’étoienc point affez fins pour paroître ronds, il faudroit en abbattre ou adoucir les angles ; car sien n’efl plus défagréable que des points quarrés à des ouvrages délicats^ furtout à des chairs pointillés, s’il arrivoit d’en faire ; ce qui eft rare dans la gravure en bois , où l’on ne porte guère le fini jufques-là.

Les points longs, ou tailles courtes fe font quelquefois au bout des grandes tailles , en les réparant à leurs extrémité». Il faut les rendre très-deliés & très-pointus à l’endroit oil ils doivent fe perdre dans les clairs. On en gliffe auffi parmi des tailles qui ombrent la pierre, &c. Alors il femble qu’il les faille faire d’égale épaiffeur dans leur courte longueur, afin d’en obtenir l’efi^et des eatre-tailles. Mais Tufage de ces points longs efl : rare dans la gravure en bois. Voilà des manœuvres auxquelles il faut s’exercer avant que de paffer à des fiijets. On paffera du poirier au buis , des traits aux deffins , & des contours fimplesaux vuides. Il s’agit maintenant de vuider IbHdement & proprement la gravure. Dégagez d’abord fermement vos contours avec la pointe que vous paiTerez & lepafferez dans tcut le creux de la gravure qui bordera les champs ou parties de buis qu’il faut enlei’er & crtulèr ; iervez-vousenfuite du fermoir pour enlever autour de ces traits le bois, partie pat partie. Le dégagement avec la pointe qui aura précédé , empêchera le fil du bois d’entraîner le fermoir , & les copeaux qu’on féparera d’en attirer d’autres.

L’art de bien vuider a été afTez négligé. Ou les arti fies font mal ou til’és pour cette manœuvre, ou ils ne font confifler la perfeélion que dans les tailles, ou ils lacrifient tout à la diligence, négligent la propreté & la (blidité , & ne vuident les champs que fuperficiellemenc ou grofTierement , fans les ragréer , polir & : finir à la gouge ; ou ils abandonnent ce travail à des apprentifs qui , ne prenant aucune attention pour ne pas appuyer la lame de l’outil fur les traits, les meurtriffent , lés écralenc Se les font égrener ; ou qui baiffant trop le coude en agifTant , & tenant la lame du fermoir ou delà gouge preîque de niveau au plan fur lequel la planche eft poCre , foritpaffer l’outil tout au travers de la gravure , & la défigurent par fept^ à huit échappades ou brèches ; ou qui ne contenant .pas leur main droite par la gauche , vont dpnaer du taillant G R À

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de l’outil au pied d’un contour, ou d’une taiile qu’ils coupent, caffent & ébrechent tout-à-fair. On ne répare ces accidens que par des pièces, & cette réparation laifie toujours de très-mauvais effets. E’ailleurs le vuidi peu profond & greffier, fait que des places qui doivent être blanches, viennent maculées d’encre.

Pour bien vuider une planche , il faut êtrs affis plus haut que pour la graver. Cela fait, on plante une cheville dans un des trous répandus à diflancs fur l’établi , pour y appuyer l’ouvrage s’il en eft befoin. On a un fermoir dans la main droite. Ce fermoir doit être de moyenne largeur , comme de deux lignes ou environ : la partie du bouton de fon manche efl placée dans la main , le bifeau du taillant de l’outil & un peu de l’épailîèur de la lame patoiflint du côté droit fur toute ia longueur. On tient la planche delà main gauche, on écarte le pouce pour recevoir & foutenir le bout du pouce de l’autre main qui tient le fermoir : parce moyen la lame de l’outil , appuyée du côté gauche , peut facilement gliffer d’environ la longueur de quatre lignes feulement , en avançant &. retirant vers le creux de la main les quatre autres doigts. C’eftainfi que l’outil va & vient à difcrétion dans le bois. Cependant cette pofition n’ed encore que préparatoire ; pour dégager, on tirera le bras droit alTez pour que l’outil pouffé entre diagonalement dans le bois. Alors la fituation des mains changera , & l’on vulderaTans danger. Le bois ainfi enlevé dans toute une longueur à volonté ,& la planche ainfi vuidée , on y repafTera le fermoir pour la polir partout, jufqu’à la baie des contours ou ti aits.

Si l’on fent , en dégageant , que l’on efi : dans le fil du bois , & qu’on en efl : entraîné, on reprendra la pointe qu’on repafferaau pied du trait ; ou , pour le mieux, on enfoncera moins l’outil par le côté du fil qu’à contre-fil. S’il y adepetites partiesà vuider qui n’exigent pas de dégagement avec le fermoir , il faut les vuider en plein avec des outils proportionnés à leurs efpaces.

On voit même planche IIT.^^. 61 & 6i , une planche entièrement dégagée avec le fermoir. Il i’agit de vuider le grand champ. Il faut y procéder à coups de maillet, avec des gonges proportionnées, comme on le voit dans la vignette, _^o’. a. On commencera cette manœuvre a contre-fil , puis de droit fil : on formera ainfi un bloc de copeau qu’on enlèvera. On réparera enfuîte ces creux à la gouge fans maillet, plaçant les mains comme nous l’avons indiqué cideffus , & conduifant l’outil de manière à ne faire aucune échappade. Plus les places à vuider feront grandes, plus il faudra les creufer, afin que les balles & le papier n’y atteignent pas à l’impreflion. Ainfi une place d’an pouce de dja ?^ Cs^

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mètre fera creufée d’environ trois lignes , & ainli des autres à proportion.

Les parties à vuider fur les bords d’une planche fans filets, comme aux fleurons , aux figures de mathématique , &c. le feront à coups de gouges & de maillet, & prelljue à moitié de leur épaifTeur fur leurs extrémités , pour peu que les places l’oient grandes , afin d’empêcher les balles & le papier d’y atteindre. Ces places n’étant point foutenueî , les balles y pochent le plus , & il y faut vuider plus creux , plus d’à- plomb , & plus en fond qu’ailleurs. F’oyeipl.lll. fig. 63. Malgré toutes ces précautions, s’il arrive de faire quelqu’échappade , & qu’il y ait quelque trait ou taille brilëe, éclatée, il faut y remédier par une pièce , ainli que nous allons l’indiquer. Vuider & mettre pièces. Quelque bien mile.-, que l’oient des pièces, elles peuvent le renfler à l’imprelTion après avoir été mouillées, ou pjr d’autres caul’es, excéder alors le refle de Jafuperncie, ik. marquer plus noir ; ou fi elles r’cxcedent pas , laiffer leurs limites fur l’cftampe.

i>i une planche eft échappadee , on prendra un fermoir de grandeur convenabîe ; on en tournera le bileaa vers le dedans du trou qu’on veut pratiquer à l’endroit echappadé , & l’on fera ce trau qu’on tiendra d’abord plus petit. On tracera lei limites du trou à petits coups ; puis, avec un fermoir plus petit, on enlèvera tout le bois de l’enceinte. L’attention principale, c’eft de ne pas froilTer & meurtrir les traits contigus à cette ouverture. Onl^creufera de deux lignes plus profonde que le trait ébreché. On en applaiiira le fond , on en unira tien les côtés , on la repaffera à la main & : au fermoir. On en rendra les bords biçn vifa & bien nets ; on obfervera de la creufer un peu plus large à fon fond qu’à Ion entrée , afin que la pièce s’y étende , le refferre d’autant à fa furface , & n’en puiffe fortir que difficilement. Cela fait, on taillera un morceau de bois, de manière à remplir ce trou le plus exaûemcnt qu’il fera poffible. On l’y placera, le bois plein tourné en - dclTus , & le bois de bout tourné vers lin des côtés. Après avoir enduit toute l’ouverture d’un peu de colle -force ou de gomme ara» bique , ou même fans cette précaution , on l’enchâffera fortement à l’aide d’un maillet & d’un morceau de bois qu’on appuiera deffus & fur lequel on frappera. On enlèvera enfuite avec un fermoir l’excédent de la pièce ; on la polira , on deffinera deffus , & l’on recommencera à graver fur la pièce comme on 51 gravé fur le refte de la planche,

Des pajfi-par-touts. On eotend par ce mot des morceaux de bois troués , où l’on place tplje lettre de fonte (jue l’on veut. Ppur les C R A

bien faire, pfene» un morceau deboîs équarrî, de la hauteur de la lettre : tracez deffus & deffous au trufquin le trou que vous y Touleï percer. Arrêtez enfuite votre bois dans l’entaille : évuidez le deffus & le deffous au fermoir à une ligne ou deux de profondeur ; puis le tranfportant de l’entaille dans un é ;au, arrêtez- le dedans , & le percez d’un ou de plufieurs trous avec un villebrequin , jufqu’à moitié de l’épaîffeur du bois. Faites -en autant ds l’autre côté. Remettez -le enfuite dans l’entaille, &, avec des fermoirs de différentes formes , achevez d’emporter le bois qu’occupe l’intérieur du trou que vous avez à percer. Ce^a fait , poliffez-en l’intérieur & les bords ; tracez à la plume ce que vous y. voulez graver , & achevez. Epreuves. Voici comment on aura des épreuves de fon ouvrage fans recourir à l’imprimeur. On mouillera, avec une éponge, le papier, deux à deux feuillets, quatre à quatre, fix à fix. On intercallera une feuille feche entre chaque feuille mouillée. On maniera ces feuilles humectées , on les changera de côté , on les mêlera quelques heures après la trempe , on les ’mettra enfuite , aufli pendant quelques heures , fous la preffe dont nous avons parle dans l’énumcration des outils du graveur : on recommencera à les manier, & on les mettra encore en preffe. On aura du noir d’imprimeur qu’x)n broiera fur le marbre ; on en touchera, c’eft-àdire qu’on en enduira fuffifamment la partie inférieure de la balle. On promènera cetre balle fur la planche en la balançant pour qu’elle charge de noir la partie émnente de la gravure. On étendra une feuille de papier encore huniide fur la planche enduite de noir, & on pafferï le rouleau fur la feuille. On concevra mieux cette opération en voyant travailler un imprimeur , avec la différence que l’imprimeur fe ferc d’une preffe au lieu de rouleau. Par ç moyen que l’on vient ds décrire, on aura une épreuve fur laquelle on jourra retoucher fon ouvrage. L’art de retoucher eft , fans contredit, la patjie la plus difficile de la gravure en bois. Retoucher. Dans a g-avure en taille-douce, on entend par ce mot tantôt revenir fur fes travaux ébauchés pour terminer fon ouvrage, & tantôt rendre de la profondeur aux travaux d’une planche ufëe. Une le prend pas en ce dernier fens dans la gravure en bois. On ne rétablit pas la taille d’épargne , quand elle s’efl éctalëe ou qu’elle efl : devenue filandreufe par le long fervice : ou du moins, s’il arrive que l’on répare ainli quelques ouvrages, ce ne font que des morceaux grolfiers &non àes gravures délicates. On auroit plutôt fait de graver une autre planche. _

Le graveur en bois entend par retoucher, revçnit

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levenîr fur une planche nouvelîe pour la perfedionner , en afFoibliflant les traits & les contours que l’on trouve trop durs , trop roides , pu trop marqués.

Tout fe réduit ici à exhorter le graveur à faire cette retouche le plus judicieulement qu’il pourra, & à lui obferver fur- tout qu’il ne l’uppléera pas le bois qu’il aura enlevé mal-à-piopos. Nous en dirons davaruage plus bas , & nous rxpoferons, d’après M. Papillon , les reffources qu’il a imaginées & portées dans (on art. ImprcJJîon. Lotfque la planche eft fortie des mains du graveur, c’eft ibuventà l’imprimeur, pour qui elle eft deftinée, à la faire valoir fon prix.

tes ouvriers d’imprimerie que l’on nomme •preiîiers , ont coutume de n’encrer qu’une feule rois les balles pour tirer cinq épreuves ; d’où il feut arriver que les premières foient pochées , les fécondes boueufes , & les dernières griles : autant de défauts à éviter. Il faudroità chaque lépreuve prendre de l’encre & n’en prendre qae ce qu’il laut ; avoir des balles moins pefantes , toucher avec ménagement & moins de promptitude , en un mot ufer des précautions nécef- •{àires.

Si le papier eft trop fec , la gravure viendra ïieigeufe ; nouveîu défaut à éviter. Ls^g-avure eft neigeufe, lorfque les tailles & les traies font confondus, & qu’on n’apperçoit que de petits traits inierrorapus , & en quelque forte verijniculés.

Si le papier eft trop humide , on aura des taches, parce qu’il fe "trouvera des places où le papier aura pris trop de noir, & d’autres oà il n’en aura pas pris affez.

Si la planche eft plus haute que la lettre , il faut qu’elle vienne pochie. Laiflez - la de «liveau avec la lettre ; le tympan foulera toujours affez ; ou fi l’empreinte n’eft pas affez forte, "vous aurez toujours la refiburce des haufles. Il ne faut pas croire qu’une planche en boîs foit ufée lorfqu’elle donne des épreuves grifes ou neigeufes. C’eft la faute de 1 imprimeur & non de la planche. Ceux qui penfent que la foiblçiTe de l’épreuve eft caufée par lavétufté delà planche, font trompés par l’opinion qu’il y a encre la gravure en cuivre & la gravure en bois une conformité qui n’exifte point entre elles. Loîlquela planche d’une gravure en cuivre eft ufee , les traits s’aftbibliffent , s’interrompent dans leur continuité, & quelques-uns s’effacent entièrement : la taille arrondie np contient plus le noir, & ne peut en fournir au papier. Le contraire arrive dans la gravure en bois : les tailles fe patent, fe grolfiflent, fe confondent tk. ne font plus qu’une mafTe. Jsmais , en fuppofant d’ailleurs les conditions ^ tirag.e égales , une planche en bois ne donl ^^am-d/fs. Terne U.

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Jiéfa des épreuves plus noires çue lorfqu’elle lera ufée.

Supplément. Il y a peu de graveurs en boîs qui ne fâchent ce que nous avons dit jufqu’à préfent fur leur art. Nous allons ajouter ici par fupplément ce que M. tapillon a découvert , & ce qui lui appartient en propre. La première de fes découvertes eft relative à la manière de cr<=ufer & de préparer le bois pour graver des lointains ou des parties éclairées , tk. de gratter les tailles déjà gravées , pour les rendre plus fortes & les faire ombrer davantage.

La féconde eft relative à la manière de retoucher proprement la gravure en bois. Nous finirons par fes idées fur la méthode d’imprimer les endroits creux.

Pour crcufer, à une planche , un loinrain , un ciel ou autre chofe, on delfineratout lerefte, à laréfervede cssobjets. Eniuite, pourébaucher le creux, on prendra une gouge de la grandeur convenable ; on enlèvera le bois peu -à -peu, &, autant : qu’il fera polfible , à contre -fil ; & l’en en ô :era peu fur les bords, afin que la pente du creux commence en douceur , & qu’elle aille imperceptiblement en glacis. Cela eft important. Si les bords étoient creufés trop proronds, ou d’à -plomb, la gravure ne marqueroit pas en ces endroits à l’impreffion , parce que la balle ne pourroit y atteindre ; & quand la balle y toucheroit, les haulfes qu’on feroit forf,é de mettre au tympan feroient caffer le papier à ces bords du creux.

On polira cette ébauche avec la même gouger le plus proprement qii’on potirra , afin d’avoir moins à travailler au grattoir à creufer. La lame de ce dernier inftrument fe fera avec un mor^ ceau de reffort de pendule , comme la pointe à graver. On trempera cette lame plutôt molle que fëche , afin qu’étant aiguiiee, le morfil y tienne mieux. Il faut qu’elle foit tranchante fur l’épaiffeur, comme au racloir ou grattoir ordinaire, &que ce :te partie foit courbç à droite & à gauche, & non de niveau comme à un fermoir : les angles feroient des rayures qu’on auroÎE beaucoup de peine à atteindre & à effacer. On prendra garde de ne pas trop creufer l’en- ? droit que l’on voudra graver. Il ne faut donner qu’une demi -ligne de creux à un cfpace d’un pouce, & cela encore à l’endroit le plus pro^ fond.

Le creux étant ébauché parfaitement à Is. gouge, on le repaffera & on le polira au grattoir à creufer , jufqu’à ce qu’il ait la concavité convenable, & : qu’il foit fans rayures , fans dentelures , fans inégalités, four l’achever on le fe_r^ vira de la prêle.

Ce creux étant fini, on le frottera avec da fg^nd.vaç en poudre, & l’on y deffinera ce qu’Qa ^

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y voudra graver. Si c’eft un ciel, un horizon, une rivière, ou quclqu’autre objet qui exige des tailles horizontales, ou perpendiculaires , on y tracera d’abord des lignes d’efpace en efpace avec le trufquin. Sans ces guides, on ne graveroit jamais les tailles de niveau & bien d’à- plomb. On les croiroit telles , elles le paroîtroient , & elles ne produiroient pas cet effet à l’épreuve : elles feroient plus ou moins recourbées à l’extrémité -, c’efl ; la fuite du plus ou moins de profondeur du creux.

Il faudra graver un peu plus à - plomb que de coutume furie glacis d’un endroit creufe, afin que la gravure ne foit point faite ni couchée fur le même plan que ce glacis, ce qui la rendroit luieite à pocher ou à s’engorger d’encre. On le/era le coude ou le poignet en y gravant, fans quoi on rifqueroit de Centir la pointe s’arrêter par l’extrémité du manche aux bords fupérieurs de l’endroit creiifé. Il faut auffi que la gravure foit plus profonde fur le glaci*, & les traits des bords plus à plomb, par les mêmes raifons. On veillera à n’y point couper les tailles par le pied. Pour peu qu’on s’oubliât, & qu’on ne contînt pas fermement fa pointe, la pente du glacis rejetteroit l’outil en dehors en faifant les coupes , & le repoufieroit en dedans en faifant les recoupes , ce qui occafionneroit néceflairement l’accident qu’on a dit. Pour rendre des tailles plus fortes ou plus épaifles qu’elles n’auront été gravées, & qu’elles n’auront paru à la première épreuve , on grattera légèrement leur fuperficie. On lent que puilqu’elles font coupées en talus , on ne peut ôter quelque chofe de leurfuperficie fans leurdonnsr plus de largeur. On lé iérvira pour cette opération du grattoir ! creufer, ou plutôt du grattoir à ombrer, parce que celui-ci n’étant prefque point courbe, on en avancera plus facilement l’ouvrage. On choifira celui de ces grattoirs qui mordra lélnieux, & l’on grattera l’endroit à retoucher, opérant, autant qu’il fora poffible, dans le fen- du bois -, autrement en pourroit relidre les tailles barbelées. On évitera de les gratter fur leur travers , de peur que le grattoir ne les égrené en fautillant de taille en taille. On broffera avec une petite broffe , on foufflera i’m a. gravure , afin de chaffer la raclure du bois qui pourra rofter , & qui rempliroit les inter- ■vaîîes des tailles. Quand les tailles grattées paroîrront plus larges & plus nourries , on tirera une féconde épretive de la planche. Si les tailles grattées femblent encore trop maigres, on recommencera ; & ainfi de fuite, juiqu’àce que l’on foit fatisfait. Cependant il faut procéder aveccirconfpeftion. D’ailleurs on ne parviendra pas à rendre très- larges des tailles qiii auront été gravées très-fines & un peu écartées les unes des autres ; il faudroit atteindre à la racine des tailles, & ces tailles grattées, devenant trop G R A

baffes , ne marqueroient pas à l’împreflîon , parcs que leur fommité ne pourroit atteindre le papier^ Le milieu des endroits grattés doit être feulement d’un quart de ligne , ou tout au plus d’une demi- ligne plus bas que le refle de la gravure. Le plus ou moin^ de profondeur doit dépendre du plus ou moins d’étendue de la partie qu’ort fe croit obligé de gratter. Si cette partie eft petite , il faut lui. donner moins de profondeur : car le papier, quoique comprimé par la prefie ou le rouleau, ne pourroit aller atteindre le fond de l’efpèce de trou qu’auroit fermé le grattoir, s’il avoit trop de profondeur avec très-peu de largeur*

Il faut encore obferver de former un glacis imperceptible qui, à mcfure qu’on approchera des bords de la partie que l’on gratte, s’élève un peu davantage, & gagne imperceptiblement, & : par la pente la plus douce , la gravure qui eft à l’eniour. Ce travail eft très- néceffaire pour faciliter le tirage des épreuves ; autrement les tailles grattées marqueroient difficilement à l’imprelîion , & l’on auroic la peine très-embarraffante d’ajiifler des hauffes au tympan. D’ailleurs on eil toujours maître de retoucher & d’aroniaigrir un peu avec la pointe à graver les tailles où l’on a formé ce glacis, qt ;and on apperçoit-que le grattoir les a rendues- trop épaiffes.

Cependant je ne puis nier, dit M. Papillon,, que cette pratique de gratter les tailles pour les rendre plus fortes, ne m’ait fait fouvent obferver qu’elles devenoient inégales & brouillées ; qu’elles fe pâtoient & ne faifoient plus qu’une partie matte & : noire. La pointe avoit enlevé le bois inégalement dans le fond des tailles par la coupe & par la recoupe. Comme il eit impofTible de l’enfoncer également par- . tout, fait parce qu’il y a, dans le bois, des veines pli’s tendres les unes- que les autres , foit par l’incertitude de la main & de l’outil, il arrive qu’à mefure que l’on a plus approché du fond des tailles, on les a confondues davantage. Le feul remède qu’il y air, c’eft de repaffer légèrement la pointe dans les mêmes coupes & recoupes, & d’enlever le bois qui empêche le blanc de paroître net & égal. Cette remarque eft importante. Alors la retouche eft nécelTaire, à moins que le mauvais effet ne vînt de la poullière retenue entre les tailles, â’ofi on la’ chaileraavec une pointe à calquer, fine & non mordante , qu’on cfidiiera à chaque infiant à mefure qu’on s’en fervira. La poulTière peut tenir fortement , quand elle efl iuélée avec le noir qui la maftique , pour ainfi dire, dans la ’ gravure.

On peut creufer également le cormier , le poirier, &c, pour graver félon la méthode de" M. Papillon ; mais il faut, en poliffant , !u ;vre le fil du bois ; fi le grattoir avoit été employé’

à contre -fil , oh ne pouri-oit plus polir proprement. Il en faut dire au’anr des tailles que l’on gritrcroit pour les rendre plus nouiries après avoir été gravées.

Plulieiirs perlonnes s’éroisnt appcrçues que les cre :jx des planches de M. Papillon étoient trava liés fingulicrement. Des graveurs en bois l’ont r|Uefi :ionné là-dclTds ; maigre cette oblervation de leur part , M. Papillon ne connoît aucun arciftc (^ui aie encore tenté de graver de cette minière. Ceuxqui lavent que l’on peutretoucher Iz gravure en l/ois ^ croient que ces creux font produits par la fréquence des retouches : & ce nombre même efl fort petit, prefque perfonne ne croyant qu’on puiffe retoucher une planche ■après une première épreuve. Quant à l’art de fortifier des tailles & de les rendre plus nourries, il penfe aufli qu’aucun graveur ne .^’en eft avifé, & il ajoute qu’il n’en eft pas furpris , & que cette manœuvre lui paro’uroit abl’urde à lui-même , fi l’expérience qu’il en a faite ne la juftiiioit.

Manière de retoucLer proprement. Il n’y a prefqu’aucun morceau gravé en bois qui n’ait belbin , après la première épreuve , d’être retouché, quelque net qu’il paroiffe, à moins qu’il ne foit de force taille , comme une affiche de comédie , &c. Les pièces délicares ne peuvent relier gravées au premier coup, parce que, deftinées pour l’imprinierie en lettres , & foulées par la preffe bien plus forcement que par le rouleau , elles paroîtront bien nettes lorfque les épreuves feront tirées au rouleau par le graveur, & toutes le ; tailles déliées en paroîtront dures, quand elles feront imprimées fous la preffe. On ne peut donc alors fe diCpenfer de les retoucher. Pour ne pas toujourj avoir à regarder en gravant , lorfqu’il s’agira de placer & de traiter les ombres , un detlin qui efl : dans un fens contraire de celui qui fe trouve fur la planche, M. Papillon lave à l’encre de la Chine fes deffins furie bois même : ce qui épargne du temps & donne du feu. Il ne fait qu’un croquis au crayon Touge ; il le calque fur la planche, le rectifie enliiite à la mine de plomb , & fiinit à l’encre & à la plume, traçant, lavant, & ombrant. L’encre de la Chine qui a fervi à ombrer peut iformer fur la planche une certaine épaiffeur : ûinfi, avant de faire une première épreuve , on nettoiera ia planche avec une éponge imbibée d’eau , on la laiflera fécher , & on tirera- l’épreuve.

Si l’on s’apperçoit qu’il y ait beaucoup à retoucher, on ne tirera pas, pour l’effuyer , une féconde épreuve fans encre , car c’eft de cotte hianière qu’on nettoie les planches. On laiffe :a l’encre qui y fera refilée après le tirage de la ’ première épreuve, &, par ce moyen, on diftinguera facile ;tgent les tailles, Si qn, renur^uera G R A ’6^’^

les endroits qu’il faudra adoucir Si ataiffer. On retouchera ces endroits avec la pointe à graver.

Pour éviter de fe falir les do’grs, on laiflera fecher la planche un jour ou deux. La vue fe repofera pendant ce temps ; car , fatiguée d’une application affidue d’un mois ou deux fur une même planche, elle n’en peut prefque pas jugée la première épreuve.

Pour retoucher , on aura devant foi font épreuve : on n’oubliera pas que les taille- : y font à contre-fens de celles de la planche. On verra fi une taille eft, trop éiaiffe ieulement dans quelques endroits , ou fi eile l’eil dans toute la longueur. On la diminuera d’épaiffeur par le cô :é convenable, égaillant autant qu’il eft poffible la diftance de cette taille à la fuivante, avec les autres entre-deux ou diftances de tailles : on veillera à ne point trop ô ;er de bois, fans quoi la taille fera perdue ; on aura foin de broffer à mcfure qu’on avancera , afin ’ que les petits copeaux ne reftent pas dans la gravure.

On fent combien le deflin efl : néceffaire dans la retouche, foi : pour ne pas eftropier un contour , déplacer un muicls, pécher contre le ciair-obfcur ; foit pour ne pas renfler ou ammaigrirmal à propos, en diminuant le trait par le côtéoppofc à celui qu’on devôlt choifir ; foit pour ne pas rendre clair ce qui devoir refter obfcur, en revenant fur des tailles qui étoient bien ; foit enfin pour ne pas courber ce qui devoir être redreffé, & redrefler ce qui dévoie être courbe , Sic.

Quand on fera obligé de retoucher ou diminuer, par exemple, l’épaiffeur du traicA, par le côté oi" ! il tiendra aux tailles B, on le fera taille par taille ; e’cft-à-dire qu’on appuiera un peu ia poinre au côté de la coupe (l’une taille, à fon extrémité, fur le trait duquel on fera entrer le taillant de la pointe, fuivant à peuprès l’épaiffsur du bois qu’on roadra ôter ati trait. On fera la même chofe vis-à-vis , fur le côré de la recoupe de la taille, qui eft atiT deffus de celle dont on vient de parler. Cela fait, on retouchera le trait", en levant le bois depuis une taille jufqu’à l’autre, comme on voie par les points de la figure fuivar.ts : ce qui fera trois coups de pointe à donner entre ces deux tailles. Trait A> tailles B. C, partie retran-f chée du trait.

C’eft ainfi qu’il faut s’y prendre, pour retoucher le crait du côté qu’il tient à des tailles ; car fl l’on faifoit d’abord une coupe en paffant la pointe dans l’épaifleur du trait & dans toute fa longueur, pour couper & rcco’iper enfuite le bois en travers, taille par taille, cela feroic coupe fur coupe, & toutes les tailles feroienc infailliblement endommagées, interrompues par le bout, & crç tiendfoient plus au trait. Sl’jes LUI ij

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en leroient fcpatées par l’ar.cienne ccupe faite t en cet endr.oit pour le former Se pour dégager j les laîlles. Le bois fe fcpaîeroit de lui-même .’ en cet endroit, & l’on ne poiirroit y remédier. C’efl de la même manière qu’on rsrouchcra les gravii-es aux endroits qu’on auracreufts, &, i."û efî îiéceff.iire , où l’on aura grarte les taliles, obiervant de tenir toujours la pointe plus à- plomb fur le glacis^dcs endroits creufés & des taillesgrattées. Après avoir rercuché , on tirera une féconde épreuve, qu’on retouchera, fi le trait & les tailles ne paroifTent pas encore affez adoucis ; puis une troilième~& une quatrième , jufqu’à ce qu’on foit fatisfait de fon travail.

On gardera dans un porte-feuil’.e les dernières épreuves de chatiue planche , félon Tordre où elles auront été tirées avant & après les retouches , &c l’on connoîtra par comparaifon les progrès qu’on fera d’année en année. Htltein , Bernard Salomon, & C. S. Vichem ont retouché quelques-uns de leurs morceaux en bois à la pointe à graver ; mais feulement à certain, endroits, à l’extrémité des tailles qui s’approchoient de la lumière, & jamais dans les grandes parties. Sur les eftaii^pes que M. Papillon pcfltde de ces maîtres, il ptétend qu’ils ne l’ont fait qu’une fois à chacune de leurs planches ; excepté celle de la bible d’Holbeln , où Abifaïg eft à genoux devant David , & où la retouche eft très-fenfible a’ ;x traits dclamôncagne que l’on voit par la croif.-e ds la chambre ; qiieiques figures eniblématiqaes de Bernard S’alomon , & quel<jues morceaux de C. S. Vichem. 11 eft .u’ir que ces g’.aveuis habiles entre les anciens n’ont pas retouché de lointains, ni de ciels ; & que , parmi les modernes, Vincent le Sueur , fon frère Pierre , & Nicolas fils de ce dernier, ibnt les feuls qui aient retouché Iqmxs gi avures à de grandes parties. Kaniire de lien imprimer les endroits creufés de la gya.’ure- On fera atteindre le parier aux endroits creufcs, foit avec le doigt, le pouce, ou la paume de la main, félon icur étendue, îorfqu’on imprimera au rouleau. Ce fecours efî impraticable • rmiprefrion par le moyen de la ■prefTe ; mais alo’s on a celui des haufles & de la foule du rymp’.n , qu’il faut toujours favoir préparer. On coljera un ou deux morceaux de papier à l’endroit du tympan. qui repondra au creux de la planche. li faut que ces papiers occupent toute l’étendue du creux. Sur ces premiers papiers on en collera d’autres , autant qu’il fera néceffaire, mais en les faifant totijours ailcr en diminuant depuis le centre jufqu’à l’endrcic oii ils fe terminent. I ! ne faut pas couper ces papiers avec des cifcatjx, mais en déchirer les î)o ;d= ; l’atis cette attention , l’épaifl’eur des bords G R A

du papier coupé net, fcrmeroit une gaufFrure & un trait blanc à l’épreuve. *

Si uii lointain ou un autre endroit creufé vient trop dur à l’impreffion , il faudra mettre une ou plufieurs hauffes au cympan, de toute retendue de la planche ;^mais découper ces hauffes & en ôiçr le papier à l’endroit qui répondra au lointain , ou même , f. ;ns employer de haufles, découper la îeuille du tympan aux endroits convenables. Onpourroirmêjiie , dans i^n befoin , y découper le parchemin du tynrpan & le premier lange oijblanchet. Il faudra que les bianchets aient déjà fervi ; neufs , ils ’feroient venit la gravure trop dure.

Voilà tout ce que nous avons cru devoir employer-des mémoires tres-favans & très-ctendus que M. Papillon nous a communiques fur fort arc : la réputation & les ouvrages de cet artiftedoivent répondre de la borté de cet article, fi nous avons bien fu tirer parti de Ces lumières. Au refle , ces principes font les premiers qiij aient été publies l’ur cet art : ils font tous de M. Papillon ; nous r.’avons eu que le petit mcrite de le» rédiger. {Article de l’ av.ciame Encyclopédie , extrait par AI. Dibef.ct , des me.i.oires de M. Pabillon , graveur en hou. ) ExiLicATiou des Planches relatives à / la volute.

l’ig. 4. Scie 3 main. A le fer. B le chafîis. C le manche.

Fig. 5. Maillet. A 2e maillet. B le msnche. Fig. 6. Marteau. A la lê’e. B la panne. C le manche.

lig. 7 Pointe à graver emmanchée & ficelée. A la première partie du chef. B la féconde. C.la ficelle tortillée, D le manche. Fig. 8. Dos de la pointe à gra. er. A la premier ? partie du chef. B la féconde. Tîg. 9. Côté fansbileau de la pointe à graver. A la première partie du chef. B la féconde. J-ig. lo. Côté d-j bifeau de la pointe à graver. A la première partie du chef. B la féconde. C le bifeau. £ !g. II & li. Manches de bois paur les pointes à graver. A les fentes. ITles bouts dentés pour retenir la ficelle. C les boutons. PLANCHE DEUXIÈME. Suite des outils, Fig- 13. Fermoir vu de face. A le fer. B le bifeau. C le manche. Fig. 14. Fermoir vu de profil. A le fer. B le bifeau. C le manche, I) la partie abattue du manche. Fig. 15. Petit fermoir fait avec une aiguille. A ’e fer. B le manche. Vig. 16. Pointe à tracer. A la pointe. B le minchc. Fig. 17. Racloir. A le fer en queue d’aronde. H le manche. Fig. iS. Pedt gr.iitoir. A le fer. B la pointe ou Ibie CjUi doi : eritrer dans le manclie. Fig. 19. Autre grattoir plus fort. A le fer. B la pointe. Fig. ^o. Gouge. A le tranchant concave. B la lige. C la pointe. Fig. 21. Bec d’ane. A le taillant. B la tige. C la pointe. Fig. 2.2. Burin en grain d’orge. A le taillant. B la tige. C la pointe. Fig. 13. Trulcu’n. A le quarré. B la pointe. C la platine. D la clavette ou ferre. Fig, 24. Equei’re. A l’cpaulement. Fig. 15. Fauffe règle à parallèle. A la tègle, a platine. C bouton. ^ Fig.%6. Règle fimple. A le chamfrein. Fig. 27. Règle à parallèle. A les règles. B les pla’ines. C les boutons. Fig- 18. Pointe, à l’encre du compas à quatre pointes. Fig. 19. Pointe au crayon du compas à quatre pointes. Fig. 30. Compas à qiiatre pointes. A la tête. B la pointe immobile. C la pointe mobile. Fig. 31. Compas fimpie. A la tête. B les pointes. Fig. 32- Porte - crayon. A le porte-crayon. B les viroles. Fig. 33- Tire-lignes. A la tige. B le bouton. C les platines. D la vis. Fig. 34- Mentonière. A le iiienton. B les cordons. Fig. 35. Garde -vue. Fig 36, B.offe. "pig. 37. EntaUlct A l’entâille. B la planche, C le coin. G R A ( ?37 Fig. 38, Pierre à l’huile. A la pierre. B le chailis. Fig. 39. Meule montée. A la meule. B l’auge. C le fupporc. D les pieds. E la manivelle. F les pédales. Fig. 40. Marbre. A le marbre. B le broyon. C le manche du broyon. Fig. 41. Preflé. . le papier prefie. B les plateaux. C les calks. D les vis. E les écrous. Fig. 42, Balle pour encrer les planches. A le cuir cloué. B la poignée, Fig. 43. Rouleau couvert de drap. A le rouleau, B les manches à viroles. C les boutons. PLANCHE TROISIÈME. Principes. Fig. 44. Modèle d’une coupe. A la coupe. Fig. 4J. Modèle d’une recoupe. A la coupe. B la recoupe. C le copeau. Fig. 46. Coupe pour former la main. C la coupe. iig. 47, Autres coupes pour former la main. i> les coupes. Fig. 48. Modèles de coupes en échelle. E coupes. tig. 49. Modèles de recoupes à quatre ou cinq reprilès. A la première, B la féconde. C la troifieme. D lat|uatriènie. E la cinquième. Fig 50 & 51, Formes des tailles. Fig. Ji, 53 & 5 :4. Modèles & comparaifon de quatre iignes à tracerlur une planche de bois, avec quatre autres femblaDlesfur une planche de cjivre. Ftg. î5. Modèle détailles circulaires ou courbes. A B route de la pointe. Fig. j6. Modèle d’encre - tailles ou tailles rentrées. Fig. j7. Modèle d’entre-tailles ou tailles courtes entre des tailles longues. Fig’- 5 S. Modèle de points. Fig. ji ?. Modèle. de contre -tailles ou fécondes tailles, Fig. 60. Modèle de triples tailles. Figt 61 & 62. Modèles de planches ébauchées. A pièce préparée. B pièce placée. L champs évuidés. Fig. 63. Modèle de planche faite. Gravure en bois d’une forte taille. Cefl la même chofe que la gravure ordinaire en bois : la feule differen-e eit que les tailles font plus grolTières-j ce font d’ailleurs les mêmes manœuvres & les" mêmes outils : mais il faut que les pointes foient plus épaifles, plus fortes de lames, & plus obliques à la première partie du chef. C’eft en cette gravure que font les planches de dominoterie, de papiers communs de tapifferie, les aiSches , les moules de cartes , les planches 63^

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de toiles peintes , &c. ( Article de Vancienn : ’Encyclopédie. )

Gravure en bois matte & de relief. C’eft un diminutif de la précédente, hes grofTes lettres d’affiches, les mafies do rentrées pour les camayeux & : les toiles peintes, font gravées jde cette manière. Elle èft à l’ufage des fondeurs ; c’efl par ion moyen qu’ils obciennent en creux la terre ou le fable oii ils coulent les métaux. ’Le graveur doit ubîsrver en leur faveur de graver fes traits & contours un peu en talus ; ils en feront plus de dépouille, & le creux ne retiendra aucune partie du métal quand il s’agira d’en retirer la pièce. Les planches de cuivre obtenues par cette méthode , fe réparent & s’achèvent au cifelet : mais la gravure en bois à donné les grofTes maffes , ce qui a épargné beaucoup d’ouvrage à l’artifle qui , fans ce moyen auroit été obligé d’exécuter au burin de grande parties. ( Article de l’ancienne Encyclopédie extraie des mémoires fournis par M. Papillon. ) Gravure en creux , fur le bois. On a, par le moyen de cette gravure , des empreintes de relief en pâte, terre, ou fable préparés , beurre, cire , carton, &c. des fceaux , des cachets , des armoiries de cloche à cire perdue, des figures pour la pàtifferie , les def-Icrts, les fiicreries.

Il eft vraifemblable qu’on a commencé par graver fur le bois, avant que de graver fur aucune matière plus dure ; 8c il ne i’eftpas moins oue la gravure en creux , appellée anciennement tngravare , a précédé la gravure. Il faut diflinguer deux fortes de gravure en creux , relativement aux outils dont on s’eil fervi.

L’une en goutiere , exfputée avec des outils tranchans, tels que le couteau, le fermoir, le canif, & la gouge.

L’autre plus parfaite , travaillée à la gouge plus ou moins courbe. Le fermoir & la pointe à graver n’y font que rarement employés. De-Ià, & fes vives arrêtes, & fes bords adoucis, & fon caraâère de dépouille que n’a pas la preaiicre, dont les angles & les vives arrêtes aigiies font fujets à retenir quelques parties des lubftances molles fur lefquelles on veut avoir les reliefs des gravures.^

Les anciens n’ont guère connu d’autres oraviires que celles là, fi l’on y ajoute celles qu’ils opéroient avec le fer brûlant.

Il faut, pour la gravure en bois & de dépouille , donner la préférence au buis qui ii» polit mieux qu’aucun autre bois. La manœuvre principale coniifte à faire enforte que les parties çreufées, quelles qu’elles foient, ne fuient point coupées foit perpendiculairement au plan de la planche, foi : en-deflbus. Il faut que les enfoncemens allient en ponte, depuis leurs bords jufqu’à leurs fonds, & qu’ils n’ayent en général, aucune gouttière, ni aucune faillie trop aigiie : le relief qui en viendroit feroit déi’agréable , à moins que l’objet repréfenté ne l’eût exigé.

Les parties’ çreufées à deux, trois reprifes, font celles qui demandent le plus d’attention. Si l’écuflon d’une armoirie , par exemple , étant creuf ; d’un demi-pouce de pra^^ndcur, doit avoir un fui tout, on le fera de deux lignes pluô proTond que le refte, & les figures qu’il portera , d’une ligne, 0 :1 d’une demi-ligne. Quand aux petites parties qui pourront fe faire à la main , d’un feul coup de gouge ou de fermoir , il faudra les couper nettes jufqu’au fond. On montera fur des manches les parties d’un ouvrage qui feront ilblées, & qui fe rapporteront dans l’ufage les unes à côté des autres. - Si l’ouvrage & le manche éroient d’une feule pièce , comme il arrive quelquefois , le graveur fe trouveroit Ibuvent dins le cas de travailler fur un bois de-bout, & : découper à contre-fil ; ce qui rendroit la gravure ingrate. Dans ce cas, on fera tourner le manche , & à l’extrémité du manche , on pratiquera une entaille , dans laquelle on enchâiTera une pièce fur laquelle on gravera ; obfervanc feulementque les bords de ces pièces aient les contours néceffaires bien évidés, pour enlever les reliefs qu’on aura à en tirer.

On voit que fi le g-aveur doit travailler fur un rouleau fait au tour, il y trouvera fon avantage , la forme lui donnant les ronds , quarts de ronds, & autres bofles qu’il auroit été obligé de tirer d’une furface plane.

Les pièces ilblées demandent des doubles planches, & des parties çreufées à contredit les unes des aurres. Il faut que les contours s’y correfpondent avec beaucoup de précilion , afin qu’appliquées l’une d’un côté, l’aucre de l’autre, la pâte entre deux, le relief vienne comme on le défîre. C eft la fuite de l’exaéticude, des repaires , & : de la parfaite rertemblance des doux morceaux gravé’. (^Article de l’ancienne Encyclopédie , extrait par M. Diderot , des mémoires fournis par M. Papillon. ) Gravure en bois de camayeu. On

l’appelle auffi gravure de clair-ohfcur ; elle eft leréfultat de plulîeurs planches, pour les différentes couleurs do l’eftampe.

Il eft vraifembla’olc que cette gravure a pris naiffance chez quelqu’un de ces peuples orientaux qui , depuis un temps immémorial , ont l’ufage de peindre leurs toiles parle m»yen de planches à rentrées & couleurs différentes. La. gravure en ^ow conduifit à l’invention de l’imprimerie en lettres ; & : les premières rentrées , de lettres en vermillon qu’on vbit dans d^s

livres , dès 1470 & 1472 , exécutées par Guttenberg, Schoeft’er , &autres , fuggérerent fans doute à quelque peintre al Icmand d’imiter les delïïns faits avec la pierre noire fur Is papier bleu , & rehauflës de bianc , avec deux planches en bois à rentrées, une pour le trait noir, & l’autre pour la teinte bleue, en réfervant le bianc du papier pour les rehauts, ou les hachures blanches. Cette découverte a précédé l’an 1500. On voit de ces eftampes ou premiers camayeux datés de 1504, & ils ne font pas fans mérite. Il y en a d’un goût gotgique de Martin Schoen, d’Albert Durer , de Hans ou Jean Burgkmaer, & de leurs contemporains.

Lucas de Leyde, LucaiCranis ou de Cronach, Sebald, & prelque tous ceux qui trayailloient alors pour les imprimeurs en lettres, ont grave à deux planches -ou rentrées.

Les Italiens s’appliquèrent aufll à ce genre après les Allemands. Voici ce qu’on en lit dans Félibien : « Hugo da Carpi, dit-il, publia dans » les principes d’architecture uno manière de 3> graver en bois, parle moyen de laquelle les » eftampes paroiffent comme lavées de clair obfcur. Ilfailbit, pour cet effet , trois fortes » de planches d’un même defTin , lefquelles Ce » tiroient l’une après l’auire fous la prelTe , fur » une même eftampe : elles étoient gtavées de » façon que l’une fervoit pour les jours & » les grandes lumières, l’autre pour les demi- >5 teintes , & la troifième pour les contours & n les ombres fortes ». On comprend que la planche pour les lumières, c’eft-à-dire pour les parties exprimées par du crayon blanc fur le deflin , eft néccîTaire fi l’on imprime fur du papier de demi- teinte, & qu’elle eft inutile, û l’on fe fert de papier blanc.

Abraham Boffe qui a traité de tous les genres as gravure , a aulD parié de la manière de graver d’Hugo da Carpi. « Au commencement du » feizième ficcle , dit-il, on imagina en Italie » tk en Allemagne l’art d’imiter en eftaiiipes n les delîins lavés , & l’el’pèce de peinture à » une feule couleur que les Italiens appellent » chlaro-fcu o ; & que naus connoiffons fous « le Bom de camayeu ». On voit parPhiftcnque qui précède, que la gravure en camayai eft. beaucoup plus ancienne que Bofl’e ne la fait. Il ajoute qu’avec le fecours de cette invention , » on exprima le paffage des ombres aux lumières » & les différentes teintes du lavis ; que celui » qui fît cette découverte s’appelloit Hugo di « Car-i, (autre erreur de Boffe) & qu’il exécuta » tic- fort belles choies d’après ; les deffins de » Raphaël & du Panne ! an «. Il eft certain que cette invention appar’ierit aux Allemands, <£ : il ne faut pas dérober- à- cette nation iridulirieafe la gloire que lui mcriient fes découvertes.

Voici exadeaient ce qus Hugo da Carpi G R A

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exécuta, au jugement de M. Papillon, graveur en bois , qui a mieux examiné cette matière qu’Abraham BofTe , & qui nous a communiqué un petit mémoire là-defTuï. Hugo da Carpi grava isi rentrées ou planches par parties mattes , & employa jufqu’à quatre planches de bois pour ’ une eftamp e , fans y faire aucune taille , les imprimant d’une feu^ couleur par dégradation de teintes, chaque planche donnant à l’eftampe une .teinte différente. Il sffeéloit de fe fervir depapier gris , dont la teinte très-foible fe fondoic avec celles des planches gravées , & W parvint, par cette induftrie, à donner à fes ouvrages un air de peinture fort voifin du camayeu. . Ce fecret plut tellement à Raphaël, que ce grand peintre fouhaita que pîufieurs de fes compolitions fuffent perpétuées par ce procédé. Il grava lui-même des camayeux en bois, & jl y mit la lettre initiale de fon nom, c’efl-àdire une R blanche ou de la teinte la plus claire de l’eftampe.

Sylveflre ou Marc de Ravenne, mais particulièrement François Mazzuolo , dit le ParmeiiiB, ont beaucoup gravé de cette manière d’après Raphaël. Ils furent imités par Jérôme Mazzuolo , Antonio Frontano , le Beccafumi, Baldalforno, Perucci , Benedetto Penozzi , Lucas Cambiafi ou Cangiage , Roger , Henri & Hubert Golîz ou Goltzius. Le trait des médailles données en camayeu par Hubert Goltzius, peintre anti- : quaire , a été gravé à l’eau -forte. Plu.leurs graveurs en ont fait autant depuis , pour avoir des copies plus exaftes de deîfins de peintres croqués à la plume & lavés de couleur : rcffource que M. Papillon ne croyoit appliquable qu’à cet ufage ; car , fuivani lui , le trait maigre de l’eau - forte n’a ni la beauté ni l’exprellion du trait gravé en bois, qui eft plus vigoureux & plus nourri. Mais fi M. Papillon avoir eu autant d’expérience de la gravure à l’eau - forte que de celle en bois , il auroit reconnu qu’il eft polTible de faire à la pointe un trait qui ait de la beauté & de i’exprefïîon fans maigreur. Se fur-to :it plus d’efprit & de flexibilité que dans la gravure en bois.

JJcs je temps de Goltzius, des graveurs en camayeu varioient leurs rentrées par différentes couieiir :-. du trait, & chargeoient cette gravure de tailles 6^ de contre- tailles ; ce qui forcoit du genre, & nuifoità l’effet de camayeu d’Hugo da Carpi. Cependant ces tailles peuvent être néceifàiic- : qi. :and il s’agit d’imiter un deifin, dont l’arii-le a fcutenu les teintes de ;ais par des hachures faites à la plume ou à la pointe du pinceau. : Il faut avouicr qu’il eft très-difficils dereridre ceiméiange het^reux dans le genre de gravure àoïf.tii,’iia,z- - ■ ,

On a dci efcav.ipes en camayeu àz Vanîus , Luvin , Dorig’.iy, Eloomaert , Fonuniu- , André’ .Andriam, Pierre .Galius, ligoffe de Vérone, <S"40

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Barrocci, Antonio daTrento, GuiPeppe Scolarî, Nicolas Rofiiliani, Dominique Saliene, âcc. Cet art fleurit vers 1600 par les talens de Paul Molreslfe d’Utrecht, George Lalleman , Buiînck , Stella , les filles Se (a nièce , les deux Maupin , le Guide , Coriolan , & Jean Coriolan ; vers 1650, par iesouvragcs de Chriftophe Jégher qui a gravé d’après Rubens, de Montenac ; & depuis par ceux de Vincent ic Sueur qui n’a pas réulli en ce genre , &r de Nicoias qui a exécuté avec plus de fuccès des morceaux pour M. de Crozat & ^our le comte de Caylus. François Perrier, peintre natif de Franche-Comte, imagina, il y a environ cent ans (*), défrayer à l’eau - forte toutes fes rentrées de camayeu ; ce qui, lelon Boffe , avoir été déjà tenté par le Parmsfan , qui avoir abandonné cette manière , parce qu’elle lui avoir paru trop mefquine. Elle fe failbit à deux planches de cuivre, dont l’une imitoit le noir &c l’autre le blanc ; les épreuves étoient tirées fur papier gris. Ces ellampes étoient fans agrément & fans eÛet , & : Terrier abandonna fes planches de cuivre pour revenir à celles de bois. Apres ce peut hiftorique , paffons maintenant a la manœuvre de l’art. Voici comment Bofle explique la manœuvre de graver en camayeu. « Il faut, dit-il, avoir deux planches de pareille » grandeur, exacleraent ajuftées l’une fur l’auire : on peut fur l’une d’elles graver entièrei > ment ce qu’on defire, puis la faire imprimer » de noir fur un papier gris & fort : & ayant » verni l’autre planche, & l’ayant mile, le côré »» verni dans l’endroit de l’empreinte que la » planche gravée a faite çn imprimant fur cette » teuille, la paffer de même entre les rouleaux ; » ladite eftampe aura fait fa contre-épreuve fur » la planche vernie : après quoi, il faut graver » fur cette planche les rehauts , & les taire très-profondément creufer à l’eau-forte. On peut B exécuter la même choie avec le burin, & » même mieux.

n La plus grande difficulté dans tout ceci , » eft de trouver du papier & une huile qui ne » faffent point jaunir ni rouflîr le blanc. Le » meilleur efl ; de fe fervir d’huile de noix très-blanche & cirée fans feu, puis la mettre dans » deux vaifleaux de plomb , & la laiffer au foleil a jufqu’àce qu’elle foit épailfie à la proportion » de l’huile foible dont nous allons parler. » Pour l’huile forte , on laiflera l’un de ces i> vaiffeaux bien plus de temps au foleil. » Il faut toujours avoir du blanc de plomb » bien net , & l’ayant lavé & broyé extrême-I » ment fin , le faire fécher , & en broyer avec » de l’huile foible bien à fec , & après, l’allier B avec de l’autre huile plus forte 8c plus épaiffe, (*) Cet aitide a paru en 1757.

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» comme on a-fait pour le noir. Puîs ayané « imprimé de noir ou d’une autre couleur , fur » de gros papier g ;ris, la première planche qui » eft gravée entièrement , vous en laifferez » lécher l’impreffion pendant dix à douze jours. » Alors ayant rendu ces eftampes humides, il » faut encrer de ce blanc la planche où font » gravés les rehauts, de la même façon qu’on » imprime ordinairement, l’effi.yer, & la paffer » enfuité fur la feuille de papier gris déjà imprimée , enforte qu’elle foit juftement placée » dans le creux que la première planche y a » fait, prenant garde de ne point la mettre à » l’envers ou le haut en bas. Cela fait, il ne » s’agit plus que de 1^ faire paffer entre les. » rouleaux. »

Ce procédé détaillé par Abraham Boffe , efl celui qu’a fuivi Perrier , & qui conliitoit à graver, fur le cuivre, deux planches, l’une pour imprimer le noir fur un papier de demiteinte , l’autre pour imprimer le blanc. On vient de voir le vice de cette manière , & combien lui eft préférable la gravure en bois , qui peut d’ailleurs fe paffer d’une planche pour le blanc , en tirant les épreuves fur papier blanc & laiffant travailler le papier pour les lumières. Nous allons tâcher d’expofer , d’une manière plus precife & plus claire , la manière de graver le camayeu en bois.

Les planches deftinées à cette gravure fe feront de poirier préferabtemenc au buis, parce que, lur le premier de ces bois, les maffss prennent mieux la couleur que fur le lécond. Il ne taut ni d’autres outils, ni d’autres principes, que ceux dont on a parlé à l’article de la Gravure en bois matte & de relief. Il taut graver autant de planches ou rentrées que l’on. veut faire de te nres. Les plus grands clairs ou les jours , comme hachures ou rehauts en blanc, doivent être formes en creux dans la planche, pour laiffer au papier même à ea donner la couleur. On gravera fur cuivre à l’eau-torte le trait de l’eftampe , quand on voudra imiter un deflxn lavé dont le trait foit fait^ à la plume & ne puiffe guère être imité qu’à la pointe. Si les ombres lavées font cjiar* gées de quelques hachures à la plume , on imitera ces hachures fur la même planche. • -La difficulté de cette gravure confifte en grande partie dans la jufteffe des rentrées de chaque planche ou teinte. On y réuffira par le moyen des pointes ajuftées & de la frifquette, comme à l’imprcflion en lettres : voyê^ le mot Frisquette : mais mieux encore parle moyen d’une machine telle que celle donc nous allons donner la defcription.

Lorfque les planches ou rentrées d’une effampe auront toutes été dellinées fort jufte les unes fur les autres, en bois, bien équarries, & gravées au nombre de tiois au moins, une pour les malTg»

nîatTes les moins brunes , où l’on âi ;ra gravé en creiix les rehauts, une pour lei maffss plus brunes , £s : une pour le trait ou les contours & coups de force des figures , chacune p’ayant rien de ce qu’on aura gravé iur Lne autre, on aura une machine de bois de chêne ou de neyer, <3e j’epaiffeur des planches g’avées , & à peu de choie près de la largeur des preffes en tailledouce.

Cette machine fera compofée de trois pièces jointes cnlemble par des tenons à mortaile ; l’une formée en talus, pour pouvoir être glilTce facijemenc entre les rouleaux de la preii’e fur la table, & : ayant de chaque côc une petite bande de fer , iixée avec des vis Iur fon cpaiffeur & fur 1 épaifl’eur dps deux autres. On mettra dans le vuide , fur l’efpace de la preffe , des ’ langes de drap, plus ou moins, feion l’exigence , pour que a.gra.u £ vienne bien. 11 faudra que le papier foie mouille à propos. On en prendra une teuille , qu’on’ inférera en équerre, ielon la mai-ge qu on y voiid-a la.ffer , fous la pièce en talus & : ibus l’une dïs doux autres, par deflus les langes. On encrera de la couieur qu’on voudra la première flancha ou rentrée , c’eil-àdire la plus ciai/e, avec des ba.les lèmblables à celles des taiiéurs de papiers de tar/uTcrie. On pofera adroiiemen^ cette planche du côté de ia gravure , fur la leuille de papier qu’on a étendue fur les langes, & un peu eng.gGe fous la pièce en ta^us & : Tune des deux autres. On obfervçra de l’approcher bien julte de l’angle ou équerre de ces pièces. Cela fait, onpoléra fur la planche quelques langes, maculatures_, ou autres chofes moll’.ttes , atin que tournant le moulinet, & faifant paffer le tout entre les rualeaiix, la couleur qui eit fur la gravure s’attache bien au papier. Cette teinte faite fur autant de feuilles «jue l’on voudra d’eftampes, on paO.era avec les mêmes précautions "à la féconde teinte, & ainfi de fuite. S’il y a plus de trois teintes , on commencera toujours par la plus claire , on paffera aux brunes , qu’on tirera fucceflivement en pafl’ant ds la mom ;. brune à celle qui l’eft plus, & l’on finira par Is trait ou par la planche des contours, ce qui achèvera i’eflampe en camayeu DU clair- obfcur.

C’eft ainfi, dit M. Papillon , qu’ont été imprimés les beaux camayeux que MM- de Cayhis & Crozat ont fait exécuter. C’eft ainfi qu’on eft parvenu à ne point confondre les rentrées, & c’eft de ce dernier foin que dépend toute la beauté de ce genre d’ouvrage.

Quant aux couleurs qu’on emploiera , elles font arbitraires : on les prendra à l’huile ou à la détrempe. Le biftre ou fuie de cheminée & l’indigo font les plus ufitées ; l’encre de la Chine fêta fort bien ; il en eft de même de la îerre d’ombre bien broyée, &g.

M. de Montdorge obferve avec raifon , dans i Beaux-Ans. Jonie II,

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le mémoire qu’il nous n communiqué là - ceûus, qu’il y a grande apparence que les efrets de ce genre de ^’<i ;’z.’re, combinés avec les efrers de a. gravure en manié e noire, ont fait naître les premières idées d’imprimer en trois couleurs, à l’imitation de la peinture.

( Cet article de l’ancienne Encyclopédie a été rédigé par M. Diderot, d’après l'ouvrage d’Abraham Bosse, celui de Félibien, & les lumières de M. de Montdorge & de M. Papillon.)

Gravure en pierres fines. Le graveur, après avoir modelé en cire les figures qu'il veut graver, & avoir épuré ce modèle autant qu’il en eſt capable, fait choix d’une pierre fine qui ait été taillée par le lapidaire dans la ferme dont on eſt convenu avec lui, & il ſe diſpoſe à l’ouvrage. Il ſe place vis-à-vis d’une fenêtre, dans un jour avantageux. La meilleure expoſition eſt celle du nord ; le jour qui vient de ce côté eſt plus doux & plus égal que celui du midi : on n’y a pas à ſe garantir des rayons du ſoleil qui incommodent beaucoup en travaillant qui fatiguent & altèrent la vue. La taille de l’artiſte détermine la hauteur du ſiège ſur lequel il eſt aſſis, mais il eſt néceſſaire que le deſſus en ſoit un peu incliné en devant, afin que le graveur foit moins contraint, & qu’il ſe puiſſe mieux porter ſur ſon ouvrage. Ce qui a donne la hauteur du ſiége , réglera pareillement la hauteur de la table ſur laquelle l’artiſte doit opérer. On ne riſque rien néanmoins à la tenir élevée de terre de deux pieds huit pouces ; & comme elle ne peut être ni trop ferme, ni trop ſtable, elle ſera montée ſur un pied compoſé de pieds droits & de traverſes ſolidement aſſemblés. Pour plus de propreté, & pour la commodité même, le deſſus de cette table pourra être recouvert d’une peau de maroquin noir rembourée ; & au pourtour, à l’exception de la place qu’occupe l’artiſte , il s’élèvera un rebord qui, comme un petit parapet, ſervira à retenir les outils & les autres inſtrumens rangés fur la table, & les empêchera de tomber à terre. Le deſſus de la table pourra auſſi être échancré par-devant ; le graveur s’en approchera avec plus d’aiſance , & il aura, à droite & à gauche, deux accoudoirs commodes pour repoſer ſes bras.

Sous la table dont je viens de parler, & vers le milieu, eſt une roue de bois , de dix-huit pouces de diamètre , qui ne doit point être d’un feul morceau , mais de plufteurs pièces affemblées en façon de parquet ; fans quoi le bois pourroit fe tourmenter, & la roue cefieroit ds tourner régulièrement, ce qui eft d’une grande importance.’ Elle eft pofée verticalement , & traverfée par un aiflieu de fer dont les deux extrémités fe terminent par deux petits pivots qui tournent dans des crapaudines de cuivre.

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ou, pour éviter le bruit que pourroit cauſer le frottement des deux métaux, dans des trous faits dans deux quarrés de buis, qui ſont logés dans l’épaiſſeur de deux piédroits ſervant de foutien à la table. La branche de cet aiſſieu qui a le plus de longueur, & qui ſe porte à droite par rapport à la ſituation du graveur, eſt coudée en manière de manivelle, laquelle embraſſe une courroie, ou, ſi l’on aime mieux, une chaînette, qui, étant de bout, va s’attacher à l’extrémité d’une pédale ou planche étroite aſſemblée à charnière par ſon autre bout à la traverſe du pied de la table, du côté que le graveur eſt aſſîs.

Celui-ci ayant le pied droit pofé fur cette pédale, lui donne le mouvement : elle fai ;: agir , en le haufTant & fe baiifant, la manivelle , & cette derniète tait lourner avec elle la roue de bois. Une co : de à boyau , plus unie & plus durable c[u’i !ni corde de chanvre, & par confequent d’uu msillciir ufage, cir, ;ule dan ; le fond d’une rainure , ou gouttière , pratiquée dans l’épaifleur & le long de cette roue, & : va , en paiTant par deux petiis trous quarrés, ouverts dans le delTus de la table, embiaffer une au-re petite roue qui fait partie de la machine appellée [ou^et , que je décrirai bientôt. Mais comme il arrive prefque toujours eue la corde s’allonge ou fe raccourci : fuivaut la difpofuion du temps, & que , pour la remettre dans ia juile proportion, il faudroit fouvent interronipr ; Ion ouvrage , on peut pratiquer jufqu’à trois rainures fur l’épaiiTeur do ’.a roue de bois, qui iront par degrés de profondeur, & faifant paîTer la corde trop lâche de la rainure profonde dans celle qui l’efi : raoins, elle fe trouvera tout d’un coup dans la tenfion qu’elle doit avoir ; ce qui efl d’autant plus commode que cela fait gagner du temps.

Examinons présentement toutes les pièces du tourct, Ce ;te machine efl : élevée fur un pied folide & d’une feule pièce, à trois ou quatre pouces de diilance de la furface de la taMe , & elle y eft attachée fortement au moven d’un fort écrou qui embralTe, feus ia table, lasige du pied qui fert de foutien au touret-, ii : l’y iffjjettit de faç ?n qu’il ne lui eft pas pofiible de vaciller : car c’eft à quoi il faut avoir une lir.guiicre attention. Le corps de la michir.e eft enveloppé d’une chappe , à laquelle on peur donner la forme d’an petit tonnelet, & qui, ainfi que le pied , eft de cuivre, ou de tel autre mé al q’u'on voudra employer. Ce tonnelet eft divilë en deux parties ; l’une qui , comme un chapeau , fe lève & fe remet en place fuivanc que le befoin l’exige ; l’autre, adhérente au pied & immobile, ayant dans chatjue face une ouverture qui biffe un paffage Hb-e à la corde qui fait mouvoir le touret. Cette machine çonfifte principaleraent en une petite roue G R A

d’acîer , dent j’ai déjà eu cccafion de parler ; épaiffe de trois lignes, & de quinze lignes de diamètre , & folidement montée fur un arbre aufTi d’acier, de trois lignes & : demie de groffeur, Se de trois pouces huit lignes de longueur, La roue eft debout , & l’arbre , ou fi l’on veut , l’aifHeu eft couché horizontalement , fes deux bouts étant enfermés Se rouîans dans deux collets d’étain , qui font engagés dans des pièces de Ciiivre de irois lignes d’epaiïfeur, mifes de bout : chacune à la diftance de huit lignes de la rcue , à-peu- près dans la même difpolition que les lunettes des tourneurs ou les chevalets des ferruriers. Toutes les pièces qui- compofent la machine fe démontent & fe rejoignent par le moyen de vis qui les tiennent affujetties. L’un des bouts de l’a iTicu de la roue, celui qui fort du collet à la main gauche de l’artifte, avance en faillie de deux lignes hors du tonnelet, & fur fa tête eft foudée une petite platine d’acier contre jacjueile s’applique & s’ajufte, au moven de trois vis, une autre platine aiifli d’acier : à celle-ci, qui eft prefque du même diamètre que ia précédente, eit jointeune tige ou canon d’acier, qui prolonge l’aiilieu d’environ neuf lignes , & qui eft deftinje à recevoir le ? outils avec lefquels on doit graver. Mais quoique la longueur de cène tige paroifle avoir été fixée à neuf lignes , il ne faut cependant pas regarder cette mefure comme invariable, attendu que la proportion de cette tige & celle des outih changent fuivant la grandeur des ouvrages : car fi la pierre qu’il faut graver a beaucoup d’étendue, !e> outils, ainfl que la tige qui les reçoit , feront plus long» qus pour la gravuro d’u'ne pierre de la grandeur ordinaire de celles qu’on porte en bagues. C’eft po !;r£volr ia facilité de changer cette tige félon les circonftances, qu’on a imagiié d’en faire une pièce feparée de l’arbre du touret, & de l’y a.Tujettlr ainfl qu’on vient de le voir.

Pour que les outils puilTent fe Ifger dans cette tige, eileeft percée dans toute fa longueur, & cette forure, qui eit quarrée , a un peu plus d’ouverture à Ion entrée que dans le fond, afin que les outils dont la tige ou la foie eft elle-même quariée,& va en diminuant, s’y enclavent plus ét-oitament ; & même afin qu’ils ne puifî’ent vaciller en aucune façon, ils font encore affermis dans ce canal avec une ou deux vis : ces vis appuient fur une des -carnes de l’outil, qui eft un" peu abattue en chamfrain, & elles les tiennent ainfi en état.

Tous les outils dont on fe fert pour graver , quelque grands ou petits qu’ils foient , feront : de fer doux non trempé, ou de cuivre jaune. J’ai déjà dit que la longueur qu’il falloir leur donner dependoit de la grar.déur de l’ouvrage : cependant ils ont aifez ordinairement quinze lignes , favoir neuf lignes pour la foie ou la G K iS

partie de l’outil qui doit entrer & s’encaftréîdans roiuerrure de la tige deflinse à la recevoir ; & cetta foie, ainli que je l’ai fait remarquer , fera quarrée , allant en diminuant comme un long clou, & fa groffeur étant proportionnée à la fufdiïe ouverture. Les autres iix lignes feront pour la partie de l’outil qui fe porte en avant , & dont la tige doit être ronde. Ces outils font diverfement configurés. Les uns, qu’on appelle àes fcies , ont à leur extrémité la forme d’une tête de cloud, quelquefois très-plate , & en d’autres occafions un peu plus. épaiiTe, mais toujours bien tranchante fur fes bords : d’autres, en plus grand nombre, o !ït une petite tête exaftement ronde , comme un bouton ; on les nomme houceroUcs. Ce bouton, dans quelques-uns, efl : coupé par la moitié, & devient, par ce moyen, tranchant furfcs bords : tantôt il préfente une tête convexe , & tantôt une tête plate ; on peut appellcr ces outils demi-ronds. Le bouton qui termine ceux qu’on nomme plats, ne le peut mieux comparer qu’à une petite meule , .& ceux qui ont le nam de charniérds ont poor petite tête une manière de virole ou emporte-pièce. De tcusces ouils , ce font ceux dont le graveur fait le moins d’ufage ; ils ne font propres qu’à enlever de grandes pièces, ou à percer une pierre. Félibien qui , àzns’îes Principes de Fa-chiteciare, iiv. 2, chap. 8 , a écrit qu’on faifoir cette dernière opiration avec un diamant ferti îu bout d’une petite pointe de fer, ne faifoit pas attention qu’on rifqiioit , avec un pareil inurument , d’éc’arer une pierre ; ce qui n’arrive point en fe fervant d’une charrdère. Il y a encore des outils qui fe terminent en pointe moulTe, & de toutes ces diffi-’rentes efpèces , le graveur en fait tourner, ou en tourne lui-même de divers calibres , pour les employer de la manière que demande la nature de l’ouvrage.

Perfonne n’efl : plus en état quelui d’imaginer & d’exécuter tout ce qui lui elt nécelTaire à cet égard ; & je ne confeillerois jamais à un graveur d’aller chercher du fecours ailleurs pour une opération qui n’a rien que de (impie & de facile. Il n’eft queftion que d’a/oir un fupport , pour appuyer le burin contre Touvrage que l’on veut former foi-même fur letouret, & voici de quelle manière ce fupport peut être conftruit. On fera forger une tringle de fer polie , quarrée , & longue d’environ fix pouces, laquelle fera coudée à une de fes extrémités pour lui fervir, étant dreflec , de. point d’appui, tandis que l’autre extrémité ira palTer d.ins une ouverture pratiquée à cet effet dans le pied du touret, oiî on la contiendra avec une vis : & fur cette tringle on établira un petit étau ou .G.ipport dont le pied embraffera la tringle , & qui , étant f.iit e.Ti couIifTe , s’y promènera & s’y maintiendra ^u point où on le deiir^er ?, en ferrant U vis qui GR^

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eîl èft-^eflbus. C’eft fur ce fupport élevé à trois pieds neuf lignes du deffus de la tringle, que fe pofera le burin , lorfqu’on voudra donner à un outil, qui fera pour cela monté fur le touret, la figure convenable au bsfoin qu’on en aura. Il faut avoir de ces outils de toutes les grandeurs ; & dans les bouterolles, le bouton ira par gradation , depuis la groffeur d’un gros pois, julcju’à celle de la plus petite tête d’épingle. Pour les conferver fains & entiers, & afia qu’ils tombent plus aifément fous la main de l’artifte toutes les fois qu’il fera liéceffaire d’en changer, on aura une boête de fer- blanc oui fera couverte à l’on orifice par une plaque percée comme un crible ; & dans chaque trou , on pourra placer un outil qui fe préfentera par la tête, c’eil-à-dire par l’endroit qui doit fixer l’attention du’ graveur. Outre leî outik donc j’ai fait mention , on ne doit pas manquer de fe munir ds pointes de fer ou de cuivre, ayant un manche qui les rendra plus faciles à manier, & fur la tê :e defquelles fera ferti un éclat de diamant. J’en enfeignerai bientôt l’ufage. Toutes les chofes étant amfi dil’pofees , un des outils étant déjà mjnié fur le touret, & le graveur dans la fituation où je l’ai laiffé, la grande roue de bois efi : mife en mouvement, & par le g-and cercle qu’elle dJcriten tournant, elle entraîne la petite roue de fer , multiplie fesrévolutions , & celle-ci fait marcher i’ôutil avec la plus grande rapidité. Alors le graveur prend de la main gauche la pierre qu’il veut graver. Se qui, pour être maniée avec plus de facilité^ o[ montée fur la tête d’une petite poignée de bois, où elle a éié cimentée avec du maftic. Il la préfente conrre l’outil, la tenant un peu inclinée, enfor^e que l’outil puiffe mordre & l’ufer, en tournant fur fa furface. Pour pouvoir lui donner tous les mouvemens convenables, & fuivant que l’exige le travail qui doit y être mis, le graveur tient .ferme la petite poigne» dans fa main , ferrant la pierre entre le pouce & le doigt indicateur ; &, pour achever de s’en rendre le maître , il appuie encore contre la pierre le pouce de la main droite. Cette dernière main, pendant que l’outil efl en aftion, refte appuyée fur le fommet du touret, qui, .pour la commodité de l’artifte, eft couvert de la partie du tonnelet qui fait le dôme. Do cette même main droite le graveur tient entre les doigts une petite fpatule de fer . dont le bout a été trempé dans de -l’huile d’olive, .où eft délayés de la poudre de diamant, afin d’être plus à portée d’en- abreuver , quand il en eft befoin , l’ouiil qui agit fur la pierre, Se qui y fait des excavations.

Car aucun outil ne mord fur uîie pierre fine, qu’autant qu’il eft bien abreuvé de poudre de diamant : c’eft cette poudre qui- fait tout la travailt Celle qui n’eft que groirièreinent éera-M m m m ij

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fée eft excellente pour les ébauches ; elle mange, elle dévore, pour ainfi dire, tout ce qui le préfente devant elle ; mais s’agit- il de finir, faut- il opérer avec plus de précaution ; ©n ne doit plus employer que de la poudre de diamant très-fine : elle ne peut, pour cet ufcge , être pilée trop fin dans le mortier. Au défaut de diamant, on pourroit ie fervir de rubis ou d’autres pierres orientales, réduites en poudre ; mais comme il s’en faut beaucoup que cette dernière poudre ait la même aflivité que celle do diamant, lebefoin feui la doit faî’e admettre. L’une is : l’autre s’emploient mêlées avec de rhui’e d’olive pour la gravure de toutes les pierres fines orientales , do même que pour celle des agathss , des cornalines & des jalpes. A l’égard des pierres plus tendres , telles que l’anie :h}fte & l’emeraude de Borième, le cryftal, &c, l’expérience a appris que la poudre de diamant ajiJric mieux fur elles, lorlqu’eilc n’étoit imbibée que d’eau. L’émeril,~dont quelques ar iites fe fer^’ent par économie , n’ell : bon tout au plus que dans les ébauches , & pour former de grandjs maîTcs : par- tout ailleurs il ell d’un fo :t mauvais L ;fage, il fait trop ce boue, & le graveur ne •. oit point ce qu’il fait. Mais ne perdons point de vue notre artifire , & revenons aup-ès de lui. Nous l’avons laiiTe ayant encre les mains la pierre deftinée à être gravée, & donr la furface doit être unie & non po’ie , Circonilance qu’il ne faut pas nég iger : il y a defline avec une pointe ce cuivre ce qu’il ) veut expfinier d’-apres ton modèle qui ne doit plus lortir de defluus fes yeux : il la prefente au touret. Il a eu la prccajtion de monter fjr cefte machine un des outils qu’on rornm ’_/^ :iVj ; il appuie ia pierre contre le tranchi ^nt de cette fcie , il m^irque de diCaice en dillancs des pointh de reconnoiffance l"i !ivanr le trait ou contour extérieur de la figi ;re quM doit gra’ er 5 il achevé de former exté’ieuremenr ce premier trait ; il di^-grolilt tout de fi i’e , i ! aba de ia ma icrc i puis, l’ouvrage commençant à prendre foime, il travaille avec plus de ménagement , ayant fuccef !!» ement recours aux houtoolles & aux autres outils qu’i ! eftime ê’re les plus conver.ables, & peu-à-peu il vient à bout de terminer ce qu’il a commencé de gi-aver. Mais comme il n’opère, comme on voit, qu’à tâtons & à l’aveugle, il efl non -feulement obligé, pour j^’grr de fon ouviage, d’effuyer prerc.ue à chaque infiant fa piètre qui fe coi :vre de boue ; mais il efl encore dan< une continuelle nécellité d’en tirer des empre’.n’es avec de la cire molle préparée. Il doit aulïï ne s’en pas fier tellement à ’es yeux, que cela lui faffe négliger de regarder fouvent fon travail avec la louoe ; car rien ne fait mieux appercevoir les défauts. Le meilleur coni’eil que l’en puiffe donner, ell de ns fe point trop précipiter. Si le <3 R A

j graveur à été trop avant, & que fon outil ai : trop mangé de la pierre, il n’eft pas poffible d’y apporter du remède -, c’efl une pierre gâtée. Outre cela, il faut avoir une attention fingulière que les outils foient extrêmement ronds, & qu’ils tournent bien fur leur pivot : le moindre petit foubffe’aut efl : capable d’éclater une pierre, & cela peut arriver au marnent qu’on fe félicite d’avoir furmonté toutes les difficultés. Ainlî , comme le graveur, quelqu’habile & quelqu’expérimenté qu’il foit, n’eft pas toujours abfolumentle maître de fon ouvrage, il ne peut ufer de trop de précautions, ni aller trop doucement, fur -tout loifqu’il fe préfente des fituations gênantes & qu’il faut faire de certaines excavations diiîiciles & cependant indifpenfables. Il arrive affez fouvent que les outils ne peuvent point parvenir aux endroits qu’on voudroit fouiller : ils font rond oii il faudroit faire plat, & ils laiffent toujours quelque choie d’indécis dans les touches. Dans ces cas , ce qu’on peut faire de mieux, efl : de fe fervir dos pointes de diamant que j’ai indiquées ci-deflus. Cet inftrument à la m£in , (car il n’eft plus quelrion du toure : ) on forme de pentes finaoiîtés , on te : mine des traits, on approfondit ; quelques endroits, on en évide d’autres, on dépouille certaines parties, on fait de ces travaux délicats qui, à peine, effleurent la pierre ; on met enfin i’ame, l’elprit & la finefie dans ^Agavurc. iV.a ;iE cette opération eff- infiniment longue ; il n’y a qu’un artifle jaloux de bien faire qui puilTc ne s’en pas rebuter : encorefaut-il qu’il foit ccut-à-fait maître de fa maint un coup échappé, ou donné mal à propos, eft capable de tûi ;t perdre.

Un graveur loigneux peut encore fe faire faire de petits outils à main de c-ivre , en forme d’ébai :choirs, & les imbibant dans de l’htiile mêlée avec de la poudre de diamant , il les promènera doucemerrt fur Ion ouvrage , pour mrnger ia f ioire dans les endroits oïl ni l’outi ! ni la pointe de diaiiianr n’ont pu pénétrer & fur- tout dans ceux qu’il veut unir. C’efl ce qu’on peut nommer, donner la dernière main à l’ouvrage.

Quoique- je n’aie parlé jufqu’à préfent que de gravure en creux, je n’en ai pas moins enfeigné rout ce qui s’oblerve dans la gravure en relief : car, dans la pratique, ces dçux fortes de gravures n’ont rien q. i ne fe relTemble. Ce font les mêmes outilî qu’on emploie, & les mêmes attentions qu’il faut avoir ; avec cette différence eue le graveur voyant ce qu’il fait, lorfqu’il travaille de relief, il n’a pas beioin d’en rirer des empreintes , comme dans la gravure en creux : la vue de fon modèle fufft poi ;r le guider. Il y a cependant une obier- 5 va-ion impor-ante à faire : les outils ne fervent

pas fi bien dans cette opération que dans celle 

pn creux : leur forme les rend très - propres à faire des excavations, des convexités, telles que le demande la gravure en creux ; mais dans les reliefs, où prefque tout eft ("aillant, & doit prendre uneformeconvexe, roiitil qui lui-même efi convexe, s’oppofe prefqu’à chaque inftant à l’intention du graveur. Ces outils, & l’on ne j peut en imaginer d’autres , ne portent jamais I cjue dans un point , & c’efr avec une peine infinie qu’on peut parvenir à expiimer les parties l’aillantes, &à leur donner de la rondeur ; Encore plus difficilement peut- on employer ces outils dans les méplats-, aufli les champs des camées ne font -ils jamais bien dreflcs. C’efl alors qu’il faut de toute nécelïité emprunter le fecours de la pointe de diamant & de ces petits ebauchoirs dont je viens d’enfeigner l’ufàge. Quand on examine le travail des plus beaux camées des anciens , il ne paroît pas po.Tible qu’ils les aient exécutés auiremeni ; & peut-être efl-ce pour avoir négligé de Ce fervir de ces derniers jnftrumens, & avoir craint les longueurs de Topération , que pîufisurs camées font d’un travail Il lourd & fi indécis. Les excellens graveurs , de l’antiquité , moins avarei rie leur temps que jaloux de leur réputation, ne ménageoient point •affez la peine, &■ fouvent ils fortoienc de l’ouvrage les yeux fi fatigués, que ne pouvant plus Ibutenir la vue des petits objets qu’ils gravoient , ils étoient obligés, s’il en faut croire Pline , de regarder des éme raudes , dont la couleur agréable & bienfailante les récréoit , & remettoit leurs yeux dans leur état naturel, Qiùn & ah iiitentione alla obfcurata , afpeclu Jmara^’di recreatur acles ; fcalpentibufque gemmas , non alla g : adoi ocidorum refeSio eji : ita viridi hnitate lajji[udin- ;m mulc :nc. Plin. lib- zi,J, c. j. Le verd eil : une couleur amie de l’œil, & s’il arnvoit que le loieil dardât trop vivement fes rayons fur l’eu , ’rage que le graveurauroit entre fes mains, & que celui-ci s’en trouvât incommode , il ne potrroit mieux faire poui’ les rompre , & adoucir une lumière trop vive, que de mettre à l’a fenêtre un flore de gaze verte très- déliée.

Il ne me relie plus qifà rendre compte de la manière dont il faut s’y prendre pour polir l’ouvrage qu’on vient de terminer, 8c cette .dernière façon devient encore commune à la gravure en creux & à celle en relief. On fe lért pour cela d’une broffe rende & plate, de |o-l de fanglier, qui ne foit ni trop rude ni trop doux, & le poil ne doit pas excéder deux lignes de longueur. En faifant pafTer & repalTer cette broffe fur la piefre avec du tripoli en quantité & beaucoup d’eau , on parvient à éclaircir ce qu’on a gravé & à lui donner le premier îufirre. On peut même monter cette broffe fur le touret, la faifant agir comme on fait les outils avec lefquels on grave : le poli,-. t3 R A

TCiQtt fe donnera plus proniptenient & mieux. P.lais cette opération eft accompagnée d’un inconvénient : l’acLivité avec laquelle le touret fait marcher la brofie en fccoue les poils ; cet ébranlement fait rejaillir de tous côtés l’eau & Is tripoli , bientôt celui qui conduit la pierre sn eft tout couvert. C’eil : pour y remédier, qu’on a imaginé d ; renfermer la brofie dans une peti.e boëie ou étui do fer - blanc , qui , contenant le poil , empêche que le tripoli ne s’échappe autant : qu’il feroit fans cette précaution. On prend enfuite de petits outils auxquels on a donne lafigitre d’une bouterolle ; on les mcnre fucceffivement fur le touret, commençant par ceux d’écain, puis par ceux de buis, & hnilTanc par ceux qui ne Ibnt que de bois bianc : oti lesinl^nue dans toutes les caviici qu’en a dcffein dé polir , & l’on parvient premièrement avec delà potée d’émeril , & tout de fuite avec le tripoli de Venife très-fin, à adoucir principalement les chairs. Se à mettre dans tout l’out^raga le plus beau poliment. S’il refte quelques petites linuofiîés où aucun outil n’ait pu arriver, on " y introduit une pointe de plume , & avec de la potée d’émeril ou de diamant, fécondée de beaucoup de patience , ces endroits s’éclairciuenc & piennent le même poli que tout le refîe. J’ai vu auili employer, pour polir des camées, de la poudre qui provenolt de ces pierres à aiguifer connues fous le nom de pierres du Levant , ou de la vieille rcche , lefqueîles avoient été écrafJes & pilées très-fin : &c je crois que la méthode n’ell pas mauvaife. Si la. pierre eu gravée en creux, îl ne s’agit plus que de donner le poliment à fa fupcrficie extérieure, ce qui le fait fur la roue du lapidaire : mais quoique l’opération foit aifee , elle n’en demande pas moins d’attention : car fi la pierre eft remife entre les mains d’trn ouviier peu intelligent, un tour de roue peut affamer l’ouvrage & : faire difparoître un travail délicat qui a demandé bien du temps , & ’qui doit montrer l’habileté du graveur. Auffi les bons artiftes préfèrent- ils de faire eux-mêmes ce travail à la main, fur le dos d’une siîiette d’étain, en promenant la pierre en rond avec du tripoli , autant de temps qu’il en faut pour lui faire acquérir le poliment vif dont elle a befoin. Cela même fait prendre à leurs pierres une forme convexe, & leur donne un galbe qui ne peut que produire un bon effet. {Extrait du Traité des pierres gravées, par 31. M-^RI^tte. ) On vient de parler de la gravure en creux furies pierres fines, & de celle en bas -relief qui produit les ouvrages que l’on nomme des camées : on travaille aulTi les pierres fines en ronde - boffe : mais la pratique de ce genre eft abfolument la même que celle de la gravure en creux & en relief, La différence ne porte 6’^S

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pas fur le travail , mais fur la coffipofiuoft , cjiii appartient à la théorie , & ceitf theoris ne peur être autre que celle de la liulpture, puilque ces ouvrages font en effet de ia iculpture en petit.

ExF LicATi 017 des Planches de la Gi’ayure en pierres fines.

PLANCHE PREMIÈRE.

La vignette repréfen’e , f.g. i , la firuar.on dans laquel’c doit être le graveur pour travaiùer. Il a le pied droit pofé fur la pédale qui donne le mouvement à la grande loue ; de la main droite il tient une pierre fine adaptée à un manche par du mafâc , & fe prépare à l’approcher d’un outil qu’on voit Ibrtir du tourei. Même vignette, jÇj. 2, Vue perCpedive de la table fur iaquelle eft pofé le tourer. Au-deJJous de la vignette ,f.g. i, Plan delà t2i)lc du gravfùr en pierre fines. jFi’J'. i. E.cva-.ion géométrale de la même table, avec l’i développement de la roue. Flo. 3. Touret monté’ l’ur fon pied .Sj enveloppé d’une chappe en forme de petit tonnelet. Cette chappe ell : coupée en deux parties. La partie infer eure eflaJhérenie au pied du touret & fert de fouticn à la machine : à chaque face eft i.ne ouverture pour laiiTerun partage libre à la corde qui va chercher la roue. La partie fucérieure eft mobile ; elle s’en’ève 8c fe remet à volonté. La machine préfente ici une de fes faces latérales , & un outil prêt à travailler ^tel qu’on le voit moins diftindemenc dans la ^J- c de la vignette. Ce : outil eft logé fur la têie de l’arbre qui faille. jF/jff 4- Le même touretvu par-devant, & n’ayant pas la partie fupérieure de la chappe. f/p". 5. Extrémité ds la tige qui laiffe voir la bouche dans l’intérieur de laquelle fe place le canon fors où fe logent les outils. PLANCHEII.

Plg. t. Le touret que l’on a vu dans la /^Za^îc^êJ. Ici la partie fupérieure du tonnelet a été enlevée pour laiffcr découvrir toutes les pièces qui y font renfermées , &c qui compofent le .corps du touret : lavoir , F la petite roue d’acier ; elle eft vue de profil : dans l’épailfeur de cette roue eft pratiqué un canal où circule la corde qui la fait agir & : mouvoir. Cette roue eft montée fur un arbre auffi d’acier, ( G G ) couché horizontalement, dont les deux extrémités (HH) roulent dans des collets d’étain , engagés dans les pièces de cuive debout, (II) qui font arrêtées avec des vis à tête perdue, (KK) fur les parois de la partie inférieure du tonnelet. La tige ou canon d’acier ( L ) qui eft force d’un bout à l’autre,’ oi fer : à placer les OMfi’s avec lefquc s on grave. Elle eftman :ée fur la tê :e de l’arbrs ^Cj g ) dont elle eft un prolongement. Fig. a. Fort écreu qui retient le pied du touret par- df ffims la table, l’y afTuiettit, & empêche la machine de vaciller.

Fig. 3. Tourne -vis, pour monter ou démonter les pièces d’afTemblage qui compofent le touret , quand-on les veut nettoyer , 01 quand il faur rétablir quelque pièce enJon-.m»agée, Fig. 4. Tige ou canon foré dans l’intérieiic duquel fe logsr.t les ouiils.

Fig. 5. iîoëte plate , fervant à contenir couchés des outils à g/aver de différentes formes. Fig. 6. Boëte de fer-blir.c, fermée d’une plaque percée de plufieurs trous, pour recev-oir iej boutcroîles & autres oi-tils fétnblablcs , Si 1»J tenir de bout dans une firuation qui les renda commodes à prendre.

Fig.J. Petite bouteille remplie d’huile d’oliva. Fig. S. Petit vafe en forme de jatte oi do’ Ibuconpe , propre à mettre de la poudre do diamant détrempée d.ins de fhuile. On voit fur cette jatte la fpatule avec laquelle on prend l’huile pour on imbiber les outils. Fig. 9. Outil appelle churnière propre à faire des trous ou à enlever de grandes pr.ri :les. Fig. 10. Boëte à tenir la cire molle pour faire >},Q.s empreintes.

Fig. II- Brolfe à longs poils, pour nettoyer l’ouvrage.

Fi’^. II. Brolfe à poils courts, renfermée dans une petite boëte de fer-blanc, & dont l’ufage eft de donner le- poliment à l’ouvrage. Fig. 13. La pierre à laquelle on travaille , montée dans du ciment de maftic , fur une petite) poignée de bo’s.

Fif. 14. Support propre à tourner le ? ouàls fur le touret ; il confiée en une tringle quarrée, de fer poli, dont une des extrémités eft coudée pour lui fervir de pied ou de point d’appui , lorfque l’autre extrémité eft logée dans l’ouverture, & que l’inftrument eft dreflS pour tourner un outil : ce qui fe fait far un petit étau ou fapport qu’on peut faire promener fur la tringle , & amener au point où l’on veutj au moyen d’une couliffe qui en fait le pied, & d’une vis qui eft en - deffous & qui la ferre & l’affujettit.

Fig. 15. Ebiuchoir de cuivre , d’étain ou de bois, pour terminer ’la gravure & y mettre le poliment.

Fig. 16. Spatule de fer, dont l’artifte fe fert pour prendre de l’huile imbibée avec de poudre de diamant & en arrofer la gravure. Fig. 17. Petit godet, monté fur un pied, dans lequel fe conferve la poudre de diamant. 0 ;i tient ce gode : couvert quand on n’en fait pss ufage. G R A

"Pîg- 18. Pointe ou éclat de diamant, fertî au , bout d’une tige de fer ou de cuivre, ayant’ un manche pour la manier plus commodément.

Flg- iç. Un des outils avec leCquels on grave. Fig.io. Bouterolles. Il y en a de divers calibres. JFig zi. Scie à rêce plate & tranchante.

! Fig. 22. Autre fcie plus épaifTe ik pareillement 

tranchante.

’jFig. 23. Outil plat.

Fig- 24. Outil demi -rond à tète ronde. Fig.o.’), Outil demi-rond à tête plate. Fig. 2.6, Outils à pointe moufle.

GRAVURE en monnoies & méd.Tilles, Tout le I inonde fçait que fous le mot générique àe gravure 1 en creux , on comprend la Gravure en pierres [ fines 8c la Gravure en métaux. Cette dernière

s’employe beaucoup furror, l’argent ou lecui-’

vre , pour les fieaux ou les cachets ; mais (on j plus noble emploi efr fans doute lurj’acier pour les monnoies, les jetions & furtout les médailles. Je dis furtout les médailles , parce que les monnoies étant fabriquées avec une fi grande rapidité & en fi grande quantité, quelque foin que 1 on apporte aux originaux, ils dépérilTent bientôt dans l’exécution. Mais les médailles qui font

!in objet de luxe & : de curiofité , font frappées & 

confervées avec attention : l’ariifle peut donc &c doit y mettre toutes les prétentions de goût dont il eft capable.

Cet art doit commencer comme tous lesautres ; l’étude du deffin , celle d’après le modèle, même en grand , fcnr néceffaires àl’artifie qui s’y deftine. II <a !it c|u’il lâche , avant de graver , fe fane un defTîn ou un modèle en terre , ou plus ordinairemenr en cire, de ce qu’il doit exécuter, & furlcqL-el il pui{re faire les changemens qu’il voudra ; car il ne fera plus temps fur l’acier. Il faut qu’il difrolé fes objets pour faire de l’effet avec plus ou moins ds relief , évitarit les racourcis inu’iles qui ne réijlîifTent que très-rarement. Son deflin ou Ton modèle étant arrêté , il aura à s’occuper de ibn acier q ;à lui préparera bien des difficultés à vaincre. Cette matière , fîere & capricieiifè , n’a donné julqu’à préfent prefque aucune fureté de réulîite. La trempe , opération qui I feule eft capable de la rendre sffez dure pour Vimpreffion , la trempe expofe les ouvrages les plus précie-’X ai.x ri’ques l.ei plus capables do [i décourager Tarti/le ; car, on cette trempe n’a [ pas lendii l’acier sfiéz dur , & alors il s’affaiffe i & fe fo,.Ie en creufant ; ou elle, eft trop dure , 1 & alor ; , pour p ;u qu’il y ait de défaut dans la î matière , elle caiTe quelque fois fans fervir . mais 1 phisfouvent ai.x premières épreuves del’impreffion.

Maiâ n’affligeons pav d’avance l’artifte qui fe deO-Jne à ce tajen : fi la. dureté de la matière qu’il employé exige de lui plus de peine , elle G R A

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a auiïl cet avantage qu’elle fe travaille plus finement & plus précieulément qu’aucune autre , ik : que , par le moyen de la trempe , elle multiplie coniidérablenient les épreuves d’un même ouvrage.

La Gravure en médaille peut fe faire de deux manières difrérentes &. par des procédés qui paroiffent oppoic>'. On grave en creux & en relief. Le graveur choifira le moyen qui lui convient le mieux -.mais ou il gravera fon objet tout en creux , comme beaucoup de graveurs célèbres , tels que les Allemands î"Lrtout , & le fameux Hedlinger & : lés élevés ; ou bien il gravera tantôt en creux , tantôt en relief i ou plutôt il fera en relief ce qu’on appelle ordinairement fon poinçon , f. ; après l’avoir iirtprims fur une autre pièce , il le terminera en creux.

Le graveur donc s’adreffera à un f jrgeron poi :r lui faite ce qu’on appelle fon coin ou fon quant- ; & fi cet artitan ne le fçait pas forger , il eft bon que le graveur lui apprenne la manière de le conftruire. Il prendra d’affez bbn acier d’Allemagne qu’il corroyera bien debout , & fur lequel il appliquera une mife d’un bon doigt d’épais à plat ; car l’acier debout à la furface foroit l’ujet à s’ouvrir. Il enveloppera le tout d’un cercle de ter doux , bien uni à l’acier , mais de manière qu’il ne déborde pas par deflus. I] aura foin de le faire bien r^ecuire , c’efr-à-dire , de le faire bien rougir enfermé dans un creufet de fer ou de terre , rempli de poufller de charbon & couvert & luté , de le laifTer fe refroidir tout feul ; étant retiré de ce creufet, il fera le plus doux qu’il puifle être pour le travailler. Je vois déjà ce morceau d’acier à peu près octogone, large de 30 lignes pour une médaille de 2z ou 24 lignes , ou d’antre grandetir en proportion, bien dreffé , limé bien plat, fe prefenter pour recevoir le defiln de ce qu’on vev.x v repréfen- : er. Ce defTin d’abord tracé avec une pointe a’jra befoin d’ê ;refixé avec un burin, ou plutôt avec une petite échoppe. Car , foit dit en pafTant, quoique le mot de burin foit beaucoijp plus connu, cependant, dans la gravure en creux , on nefe fert pre’fqiie lamai’. de cet infirument. Alors ce font les échoppes rondes ou plattes de toutes groffeurs , & les ongiettei rondes ou tranchantes qui vont travailler. »

L’artiîle. aprè :, avoir traci fon deilîn , aura foin , en CBmmerçant à graver, de bien ménager & conferver ;bn ’ralr e.’trérleur ; car une lois perdu , il auroi’ de la peine à ie retrouver ; la matière une fois trop ôtée ne fe remet plus ; on ne foude pas ’.'ne pièce.

Ainfi il choifira ou do gr.’.'.-er en creux ou en relief. S’il gta/e ce que l’on anpc !!e un poinron en relief, ce fera pour lui une efpéce de petite fculpLure ; il découpera îcn defîin eriviiori d’ine bonne ligne fi’r lu fond ; il rébau’ ;hfra foir au cBeau , fi i’ouvrsge efiLnpeuconfidérable ; fois ^48 G..R A

à l’échoppe ; & le teiminera Toit avec des cïzolets, fuie avec des rifîloirs , & enfuite arec des petites pierres à l’huile pour faire difparcître les traits des outils ; ou plutôt il employera tous les moyens qui lui l’eront fuggcrces par ("on génie ik fon adrefie. Il fuffit que l’artiHe rdufTifre : les moyens d’y parvenir doii’enc être laiflcs à fon choix.

Son poinçon étant terminé, il le fera tremper pour l’imprimer enfuite à l’aide du balancier, îur ce que l’on appelle le ([uarrc. Le q^iarre alors bien recuit aura beibin pour cette opération d’être un peu bombé pandeffus , afin que la matière puilfe mieux prendre les formes du poinçon qui doit y entrer peut-être d’une ligne ; on le limera , on drellera la face ou le champ pour atteindre au diamètre qu’on defire ; Ik s’il ne l’a pas , on recommencera l’opération de la preffe du balancier. Le, graveur aura foin de ne le pas changer de place en l’imprimant, pour ne pas doubler tous les traits, car fon ouvrage feroit perdu.

Cette impreflion , fi elle eft bien faite , S ; fi le poinçon a été bien terminé , avancera beaucoup l’ouvrage : mais il le faudra toujours retoucher ; il faudra au moins graver les acceffoires comme les lettres qui fe font avec des petits carafleres feparés , Se la bordure qui fo fait fur le tour ; bien adoucir le tout avec des limes douces & des pierres à l’huile.

Cette manière de graver psroît la plus commode ; premièrement , parce que le graveur, en faifant fon poinçon , voit mieux fon ouvrage que lorfqu’il travaille en creux ; fecondement , parce ’ qu’en fuppofant que le quarré qui foufrre tous les efforts du monnoyage vienne à man-_ quer , le poinçon efl : une ruflburce. Auili elle a fouvent féduit des graveurs qui ne fe font pas affez exercés à graver en creux, & : dont lesouvrag ^es durs & fecs accufent leur négligence ou leur précipitation.

L’art du graveur en médailles confifle à fçavoir autant graver en creux qu’en relief &même davantage ; car bien des gens prétendent que le relief n’eft pas une gravure proprement due. C’eft donc au creux qu’un graveur doits’exc-reer comme le plus difficile. Il faut qu’il fe le rende auffi familier que le relief, & qu’il y voye prefque aiiffi clair, q-ioiqu’il puilTe & doive employer fouvent , pour voir l’effet de ce qu’il aura creufé , de la cire qui doit êtve noire pour mieux accufer les formes. Qr.and il aura donc tracé , comme j’ai dit plus haut, fon deffin fur fon carré d’acier, il commencera volontiers par ce qui doit être le plus creux , pour le guider dans le relief qu’il àon donner au refte. Il ira toujours avec précaution ", car, comme je l’ai déjà dit , quand on a ôté de la matière de trop, oij ne la remet pas , & il n’en faut pas ôter beau- (BDuppour faire un grand défaut.

G K Â

II emploj’era donc les échoppes des d’fféreprta/ formes ; mais , s’il veut m’en croire , plutôt dos gîoffes que des petites ; il n’employera les dernières qu’à l’extrémité ; il ufera enfuite de fes rifloirs pour donner des rondeurs & ce qu’on appelle du large aux chairs, & de petits c’zelets pour des nettetés dans les cheveux ou les draperies des figures ; ik enfin pour donner le gras à l’ouvrage, & ôter tous les traits des outils, il fo fervira de petites pierres à l’huile , dures , faites comme des crayons, auxquelles il donnera les toraits qu’il voudra fur une pierre de gr.iis ; Sc fouvent, fa cire. à la main , il éprouvera l’effet de ce qu’il grave.

Mais la cire efbflatteufe ; il faut donc, qt’and il croira fon ouvrage achevé, qu’il en tire àes épreuves en étain. Ces épreuves lui repréfenteront abfolument l’effet de la médaille qu’il veut produire , du moins d’une des faces. La manière de tirer ces épreuves eft facile. II fera fondre de l’étain avec autant de bon plomb dans une cuiller de fer i II préparera un p.ipiec en double , qu’il placera fur une table , & coulera deffus de ce : étain fondu ; avec une cane^ il écumsra la petite pellicule qui fe forme à la furface , & avant qu’il ne le fige, il faifira foa quarré & l’imprimera fortement deffus. La ma :irre prend toutes les fineffesde la gravure, Ce avertit auffi des défauts mieux que toute autre chofe. D’après cela, il retravaillera fon carré & recommencera cette opération autant de fois qu’il en aura befoin pour fc fatisfaire fur fon ouvrage. Enfin il tirera de ces épreuves finies , pour en conferver pour lui & pour les curieux de l’art ; car elles font fort recherchées , le coin n’ayant encore éprouvé aucune altération.

J’ai oublié d’avertir l’artiite qui voudra tirer de ces crains de prendre des pr.’cautions pour fe garantir des éclabouffures de cette matière chaude ; car elle peut le jetter aux mains & au vifage & faire grand mal. Le befoin fera imaginer les moyens : com.me un grand gant de peau , un efpece de camail auffi da peau avec un verre devant les yeux, ou toute autre manière de fe fouftraire à ce danger. Il n’eft pas nécelfairs ds dire qu’il faut deux coins ou quarrés pour frapper une médaille ; mais ces deux coins devront être un peu abattus autour du cercle de la médaille d’environ deux ou trois, lignes & bien pareil» l’un à l’autre ; cette petite retraite marquée dan.^ la planche II ^fig- i , fert à recevoir une virole ou gros cercle d’acier, pourmaintenir les deux quarrés au monnoyage, pour contenirla pièce de métal que l’on imprime , & l’empêcker de gliffet ou de fe fendre au bord fous les coups redoublés du balancier, qui auront befoin de fe multiplier fuivant le relief de la médaille. Telle médaille fe frappe avec 20 ou 30 coups , & telle autre doit en recevoir i ou 30D. La matière de la médaille ainfi preffée, rejoic une grande dureté, & en -, teriUB

terme d’artyî rtcrouit ■ ; àufii cO : on obligé , après S2 ou I j , ou 10 coups , delà retirer, de la faire fortir de lîivirolle qui la conriçnt, & ds la faire rougir au feu pour l’attendiir & la rer.dre fulceptible d’impreffion. On la remet epfuite entre les deux coins dans cette virolle dont on fent bien alors l’unlité ; & : l’on recommence ainfi jufqu’à parfaite impreffion.

Les coins , comme l’on penfe bici , ont dû être trempés avant de fuibir l’impreflion du balancier , & ii n’eft pas inutile de décrire cette opération dont on fait Ibuvent un myftere & qui cftfimple. Voici une méthode qui rouvcnttéufîlt ; mais dont on ne peut cependant garantir le (accès confiant. Ayez une boëte de fer alTez. grande pour avoir deux ou trois lignes de vuide tout autour du quarré defTus Se deffbus. Préparez de la l’uie graffe pilée aflez fine. Vous la mouillerez mo- (d-’rément avec de l’urine ; vous frotterez d’ail ia furface de votre quarré gravé, vous y appl iquerez enfuite de cette Tuie que vous ferez entrer dans la gravure ; vous mettrez de cette fuie dans la boëte un lit de quelques lignes , vous y poferez votre quarré la gravure en defTous , vous remplirez tous les vuides au :our & au-deffus avec de !a fiiie préparée ; & remettrez defTus le couvercle àe la boëte que vous luterez. avec de la terre à luter. Vous mettrez le tout dans un fourneau affez grand pour contenir au moins 3 eu 4 pouces de charbon autour de la boëte , & : fait de manière que le feu que vous mettrez au fond Ibit animé cn-deffbus par un courant d’air. Vous entretiendrez le feu affei ardent pendant environ une heure & demie. Il y a des perfonnes qui Ibutiennent le feu pendant deux ou trois heures ; cela dépend de l’aflion du feu , de l’épaiffeur de la boëte de fer, ou d’autres circonftances ; mais on peut, après une heure & demie, lever le couvercle, découvrir le quarré, & voir s’il eft aiïez rouge pour la trempe. Le degré de chaleur ncceflaire ilépend quelquefois de la qualité de l’acier ;mais ordinairement il faut qu’il foit très-rouge , mais pas blanc, ni même près de l’être. L’ufage apprendra le juftepiilieu ; c’eft le moment de le retirer du feu Se de la boëte., avec une pince crochue , de le plonger dans l’eau froide , & de l’y agiter jurqu’à ce qu’il ne fafle plus aucun bruit. On l’y laiffe refroidir tout à fait un quart cî’h«ure & on le retire. Vous verrez fi la furface blanche vous paroît propre , alors efpérez le fuctès ; vous polirez le quarré avec des pierres à l’hiiile, &le porterez à l’effai fous le balancier : c’efl-là le moment de crife pour l’artifle • ou il voit avec plailir fon ouvrage Ibutenir la forte épreuve de cette preflion’, ou il perd en quelques coups le travail de plufieurs mois ; il rentrera trifle chez liii, & ne reprendra courage à le recommencer qu’après quelques jours ; car les premiers mopicns font durs. "

if’ai dj.t que les médailles aycient befoia de ^e^x-Arts. Tome U,

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beaucoup de coups pour être Impr’méeî ; il n’en eft pas ainfi des jettons & des monnoies. On les frappe d’un feul coup. Le graveur ména,^e la profondeur de fa gravure en confcquence. Les deux coins font fixés dans le balancier -, un des deux monte & defcend , Se produit une pièce à chaque coup ; ce qui va quelque fois à 25 ou ^o par minute. ( Cet anlch ell de 3i. DuviviERy Graveur des Médailles du Roi & des Monnaies^ & membre de C Académie Royale de Peinture 6e Sculpture, )

EXPLICATION

Des Planches de la Gravure en JHédailles, Planche I.

La vignette repréfente un graveur de médailles à l’ouvrage. On voit fur fa table une partie des inflrumens do fon art ; une pierre à l’huile , un quarré , des échoppes ou onglettes, un marteau , &c.

Au defTous de la vignette, figure i , niveau pour s’afTurer du deffus & du deflbus du quarré, ainfi que de ia furfa.ce qui environne l’ouvrage, du poinçon,.

Ptg. t. Boëte pour maintenir les quarrés en les travaillant , ou en faifant les bordures I l’aide du tour.

Fig. 3. Plan de ladite boëte.

Fig. 4. Clefpour ferrer les vis de ladite boëte,’ ¥ig 5. Quarré de jetcon ; la furface en doic erre bombée.

Fig. 6. Petit poinçon pour faire le grainetî des jettons.

JFig 7. Quarré de jetton odogone. Fig. 8. Plan dudic quarré.

Fig. 9. Couffui pour pofer l’ouvrage en travaillant. Celui qui eft ici repréfente eft fait de deux calottes de prêtre, remplies de fable & coufues enfemble : ce qui n’empêche pas qu’oa ne puifTe faire autrement des couffins pour la même ufa^e.

Fig. là. Gatte^broffe , ou grattc-brofle de fit de laiton.

’PLANCHE II.

Fig. 1. Quarré de eoin de médaille^ grav^ en creux.

Fig. 2. Le même quarré vu en deffus. Fig. 3. Poinçon de médaille ^ fa feule dénomination de poinçon indique qu’il efl de relief. On peut dire que c’efl plutôt une fculpture en bas-relief, qu’une gravure proprement dite» D’un quarré gravé en creux & trempe, on peut, fous le balancier, tirer un poinçon en relief, comme d’un cachet en creux on peut tirer une empreinte en relief avec de la cire. Mais ce poinçon tiré d’un creux , demande toujours 4 N n n jj

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être retravaillé par l’artifte , comme 11 efl : obligé aufli de retravailler le creux que donne un poinçon. Ainfi , dans toute manière d’opérer , le graveur en médailles doit favoir travailler en relief & en creux.

Fig. 4. Modèle en cire. La reprérentation feioicla même pour une empreinte en cire tirée par l’artifte , pour voir l’effet de ce qu’il a gravé en creujs. Il faut qu’il tire fort fouvent de ces empreintes. On peut voir , à l’article emprunte ^ Il compofi :ion de la cire pr.ipre à cet ufage. Le graveur ne fait pas toiij 3urs un modèle de ce qu’il veut graver. Il le contente de faire un dellin beaucoup plus grand que ne Icra la médaille. Il y tr^ee des quarreaux -, il fait à la pointe le même nombre de quarreaux plus petits fur l’on acier & à i’aide de C£s quarreaux, il defline à la pointe fijr l’acier les contours & les principales fermes de Ton ouvrage. Fig. j. Ebauchoir , pour faire des modèles en cire.

Fig. 6, Boëte à mettre des poinçons d’alphabets. Les lettres des légendes ne fe gravent pas , elle* le frarpent avec des poinçons j dont chacun porte une lettre différente.

Fig. 7. Cileaux pour ébaucher les poinçons des médailles. Les arriftes habiles dans la gravure en relief, manient fur l’acier le ciCeau auffi hardiment que I es fculpreurs le font fur le marbre. Fig. 8. ïvIafTe ou marteau court pour frapper les poinçons.

Fig. 9- Autre marteau moins fort pour le même ulage.

Fig. 10. Onglette tranchante, _ Fig. II. Onglette double,

Hg. 17.. Ewhoppc ronde.

Fig. 13, Burin. Le burin, proprement dit , Sz *el que l’employent les gaveurs en tailledouce & d’autres artiftes , eft peu d’ufage dans 3a gravure des monnoies & médailles. Le burin ■de cet arc cfl l’onglette ou l’échoppe. Fig. 14. Echoppe plate.

Fig. 15. Rifloir.

Fig. ï6. Marteau à cifeler.

Fig. i7- Poinçon. Ce poinçon porte une fleur de lis. On peut en avoir qui portent différentes figures, lefquelles fe trouvent gravées %p les frappant fur l’acier. Nous avons déjà dit que c’étoitainfi que s’imprimoient dans l’acier les leiires des légendes.

Fig. ib. Frifoir pourmatter.

Fig. 19.’ Traçoir.

Fig, 20. Matoir ou frifoir.

JFig. 21. Autre rifloir.

Fig. 2a. Pointe à defTiner.

Jvf. 23. Equerre.

Fig. 24. Equerre avec un poinçon ; elle efl portée fur une pierre à l’huile , pour applanir le poinçon.

Fig. 25. La même fans poinçon. G R A

Fig. 26. Compas à vis.

Fig. 27. Poinçon.

Fig, 28. Contre-poinçon. ^

GRAVURE en cachets. On a vu à l’article précédent, & on pourroit même le concevoir fans l’avoir lu, quece genre de gravure eft le même que celui des monnoies ou médailles. Il exige la même étendue de talent, puifqu’on peut graver en cachet des fujets d’hiftoire , des têtes , des allégories , comme fur les médailles : mais on ne va jamais , dans le genre du cichet , jufqu’à une aulli grande proportion ; on efl borné tout au plus à celle des jettons de moyenne grandeur. Cependant on pourroit encore , pour des fceaux , atteindre à la proportion des méi dailles.

Le graveur de médailles n’opère que fur l’acier :

e graveur en cachées opère fur l’or , l’argent ,

l’acier , îe cuivre.

Comme jufqu’à préfent on n’a guère gravé fur les cachets que des armoiries ou des chiffres , les graveurs en ce genre avoient fouvent à traiter les mêmes objets , & poi. voient faire grand ufage de poinçonii qui imprîmoient ces. objets furie métal. Mais à préfent que Ifs armoiries font interdites par la conilitution françoife , l’arc du graveur en cachets prendra vraifcmblablement un vol plus élevé. Bien des perfonnes voudront avoir fur de ; cachets en métaux , des fu jc^s que l’art des anciens & des modernes avoir pî-us ordinairement réiervé à la gravure en pierres fines. On a jufqu’ ici indiqué feu !e.Tient par fon cachet qu’on étoit noble de race & d’armes ; on voudra indiquer à l’avenir qu’on eft homme de goût, & l’on demandera au graveur ou la tête de quelques hommes célcbres , ou quelqu’aliégorie ingénieufe, ou même quelque trait d’hiftoire. Le graveur de cachets , dans fon genre borné^étoit prefque mi- dans la claffe des artifans ; il formera une claffe diftinguée entre les artifles.

PLANCHE I.

Fig. I. Poignée garnie de ciment & fon cachet. Comme l’artifte ne pourroit tenir & manier à fon gré le cachet qu’il travaille , il eu obligé de le cimenter dans une poignée pour s’en rendre maître.

Fig. 2. Il arrive fouvent que l’on grave un cachet au bout d’un étui. Il faut avoir une poignée , telle que cîUe qui efl : ici repréfentée, dans laquelle l’étui eu contenu , & qui ne laide fortir que la partie qui doit recevoir le travail du graveur.

Fig. 5. Plan de cette poignée. On voit r.u milieu le trou arrondi quia la forme de l’étui, & dans lequel il efl : renfermé. Fig. 4. Bocal d’un verre très-pur, que l’oB remplit d’eau , & derrière lequel on p !ace la lumière pour travailler le foir. Le bocal efl : placé entre la lumière & l’ourrage , ik fournit à i’artifte un foyer brillant , auquel il jouit de toutes les parties les plus fines de Ion travail. Fig. 5, Sceau ou cachet , avec l’on plan. Eig. 6. Boëce à contenir les poinçons. Fig. 7. Sceau avec fon manche. Fig. S. Marteau à ci fêler. Fig. ç. Gratte-bofle. Fig. 10. Pince qui fert à tîrer les cachets du fci ! 5 comme on le voit dans la vignette. Fïg. 11. Cire pour tirer les empreintes des cachets , & jugsr de l’efFet que produifen : en relief les travaux qu’on a faits en cieux. PLANCHE II. Fig. I. Plomb pour effayer les poinçons. Fig. X. Qiiarré pour travailler les poinçons. Fig. 3. Même quarré avec fon poinçon. Fig. 4. Plan du dit quatre. Fig. j. Matrice pour conferver l’empreinte des poinçons. Fig. 6. Quatre fervant à applatir les cachets qui ont été coulés. Fig. 7. Liège pour polir les poinçons lorfqu’ils font trempés. Fig. 8, Poinçon de différentes groileurs. Fig- 9. Lime plate. ^i^. 10. Liijie den)i-rond9t Fig. Fig. tî R E ’<f ;i . Lîme tianchanre. . Pince pour prendre les poisçans. GREN"É , ( fubft. mafc. ) Le grené du crayon eft la for.e de grain que le crayon laitTe fur le papier , quand au lieu de faire des hachures diftincles , on les place fi près les unes des autres qu’elles font des niaffes parleur réunion. Le grene eft bien plus moelleux que ne le feroient des hachures qui laïfleroient voir entre elles le blanc du papier. Cette oppofition du blanc avec la couleur du crayon ne peut manquer d’avoir de la le’chereffe 5c de la dureté. D’un autrcr côté un deilin qui ne feroit fait qu’avec du grené , auroit de la molleffe & feroit trop flou. II efl : bonde commencer par établir un grené , & de porter les hachures par-deflus ce premier travail. Le goût infpirera quelque fois de laiffer le grené pur ; mais on ne peut là-delTus établir des préceptes. Le grené , dans la gravure en maniere-noire , eft formé par les points innombrables que trace fur le cuivre l’inftrument appelle berceau. Dans les parties ombrées , ce g’-ené ne le remarque pas ; il produit des malTes fourdes & oblcares, que l’on peut comparera un beau velours noir. Mais dans les parties voifines de la lumière, 8c même dans celles qui ne font pas frappées de la lumière la plus piquante , l’artifte laifle voir ufi refle de grené , ce qui fait un ellet heureux d^rjs ce genre de gravurf . îî n n a î î