Encyclopédie méthodique/Economie politique/AMITIÉ POLITIQUE

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Panckoucke (1p. 162).
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AMITIÉ POLITIQUE, II né saut oas croire ’ que le princjpe Sc les effets de Yamitié politique des cabinets soient les mêmes que ceux de Yamitié morale formée entre des particuliers. Celle-ci naît souvent d’un rapport heureux de caractère, de foút, d’inclinations, d’une espèce de sympathie , ’une estime mutuelle Sc de plusieurs autres causes qui dérivent des qualités personnelles : on ne ’ doit pas attribuer la première à de .semblables rnptifs. II est rare que les souverains se connoisseíit personnellement ; 8c , lorsqu’ils sc connoissent, i ! est plus rare encore qu’ils s’aiment. Mais, supposé qu’il y eût entre quelques souverains actuels cette sympathie amicale, leurssuccesseurs 8c leurs mi- < riistres auront-ils les’ mêmes dispositions ? -Chacun fait aujourd’hui que Yamitié politique des princes n’a d’autre principe que Y’utlllté Sc Yintérêt, Sc qu’elle s’évanouit dès qu’il est question d’un sacrifice.

Voilà pourquoi les écrivains politiques distinguent les amis naturels des amis forcés ; ils donnent le nom .d’amis naturels aux puissances qui sont liees naturellement d’intérêts , qui ne se proposent pas,.il est vrai, le même but dansleur système ,_ ou plutôt qui ne-cherchent point à y parvenir par les mêmes, voies , mais qui, n’ayant pas entr’elles de rivalité permanente, trouvent un avantage sensible à concourir à leur prospérité réciproque. Ils appellent amis forcés les peuples rivaux qui courent k même carrière, qui ne peuvent s’agrandir qu’aux dépens l’un de l’autre, Sc qui, malgré cette’diversité de vues Sc"d’intérêts, . . " se voient contraints , par les circonstances, de former entr’eux des liaisons d’amitié. C’est un intérêt momentané qùi produit ces liaisons , Sc eiles ne subsistent plus dès que k face des " af- faires a changé.-Voye^. Tarticle ALLIANCE. L’utilité est donc k base de toutes les liaisons d’amitié que les souverains forment entre eux , Sc oe motif est juste 8c raisonnable , s’il ne passe pas des bornes que nous indiquerons ailleurs. Les auteurs, à qui ce principe a paru trop vil, ont voulu fasciner les yeux du public par un beau nom, 8cils ont ’ inventé celui de raison d’état , terme ambigu quia trop souvent servi de voile aux opérations les plus odieuses ; il n’y.a guèresíde mot aussi fameux dans k politique que Celui-ci. Les ministres Tont mis au rang des secrets de Tétat, 8cT ont soigneusement renfermé dans, les H, cabinets. Lés docteurs Sc les gens de lettres sc font donné, k torture pour le définir 8c Texpliquer. On a vu paraître, dans toutes les’ langues, une multitude d’ouvrages qui traitent de Ratione status ,, de Rellglone politica , 8cc. Un auteur célèbre en Allemagne, qui s’est caché feus le nom d’Hippolitus.à Lapide (i) , en donne cette définition. « La raison d’état est une considération po- «  Jitique, qui sert de règle pour diriger toutes » les mesures 8c toutesles actions du gouvernement, - afin qu’elles atteignent d’autant plus » promptement Sc plus heureusement au but su- » prême , qui est le salut 8c Tagrandissement de " Tétat ». Voyez RAISON D’ÉTAT.

C’est ainsi qu’on a presque toujours traité d’une ’manière vague 8c fausse les questions de f économie politique ; ne valoit - il pas mieux dire simplement que la raison d’état est Tintérêt de la nation bien oU malentendu ; qu’elle change avec la situation Intérieure d’une nation 8c le systêmé général de TEurope. Cette maxime adoptée par toutes ’ les puissances anciennes Sc modernes , . le salut fj 1 le bonheur du peuple doivent être là suprême-, loi., est le seul principe de Tamitié des souverains Sc des bons offices qu’ils se rendent mutuellement. Voyci les Institutions politiques du baron de Bielfeld.