Encyclopédie méthodique/Architecture/Tore

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TORE, s. m., du latin torus, que quelques-uns dérivent de tortus (tordu, tortillé). Torus signifie proprement, en latin, ces cordes qui, doublées ou triplées par l’art du cordier, forment ce qu’on appelle un câble.

Ceux qui se plaisent à rendre raison de tous les membres, et de toutes les moulures qu’emploie l’architecture, et à trouver cette raison dans les pratiques originairement inspirées par le besoin des constructions primitives en bois, pensent qu’il fut possible que, pour empêcher les bois debout de se rompre par la pression, on les ait environnés dans le bas et dans le haut, de cercles formés par des cordes ou câbles plus ou moins forts. Dans la suite, des liens de fer auroient pu remplacer les câbles, et lorsqu’enfin l’art employa la pierre à reproduire le travail du bois, et l’ouvrage de la charpente, les termes qui exprimoient les premiers procédés du modèle, se perpétuèrent, et continuèrent de s’appliquer aux objets de son imitation.

On appela donc torus, tore, cette grosse moulure ronde, qui entre avec plus d’une variété dans la composition de la base des colonnes. Elle a reçu encore d’autres noms tirés toujours de sa forme, tels que tondin, boudin, gros bâton. En italien, on l’appelle bastone.

La base qu’on nomme attique ou corinthienne, reçoit ordinairement deux tores, l’un qu’on appelle supérieur, et qui est plus mince ; l’autre placé plus bas, qu’on nomme inférieur, est plus épais.

Les ouvriers appellent corrompu, une sorte de tore dont le contour ressemble à celui d’un demi-cœur.