Ennéades (trad. Bouillet)/Additions

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Traduction par M. N. Bouillet.
Hachette (p. 693-694).

ADDITIONS ET CORRECTIONS.

ADDITIONS AU TOME I.

Addition I. — Dans le tome I, p. xxxvi, nous avons dit :

« Il y avait aussi des différences pour la rédaction entre l’édition d’Eustochius et celle de Porphyre. En effet, Creuzer a prouvé que le livre IX de l’Ennéade I (Du Suicide) dut être primitivement plus étendu qu’il ne l’est aujourd’hui. De plus Eusèbe, dans sa Préparation Évangélique, cite un morceau étendu de Plotin qui paraît appartenir au livre II de l’Ennéade IV et qui ne se trouve pas dans l’édition de Porphyre. »

Nous avions écrit ces lignes sur l’autorité de Creuzer. Après un examen attentif de la question, nous croyons devoir les remplacer par les suivantes :

« Jusqu’ici on n’a établi par aucune preuve concluante qu’il y eût pour la rédaction du texte des différences notables entre l’édition d’Eustochius et celle de Porphyre. Si Creuzer a écrit que le texte des Ennéades tel que nous le possédons est emprunté en partie à l’édition d’Eustochius et en partie à celle de Porphyre, que le texte du livre IX de l’Ennéade I était primitivement plus étendu qu’il ne l’est aujourd’hui (Voy. notre tome I, p. xxxvi, note 1, et p. 439), que le morceau sur l’entéléchie d’Aristote qu’on trouve dans Eusèbe paraîtrait se rapporter au livre ii de l’Ennéade IV et avoir été retranché par Porphyre, ce sont là autant d’assertions gratuites dont la fausseté est démontrée par un examen plus attentif des faits, comme nous allons le faire voir :

1° Le morceau sur l’entétéchie conservé par Eusèbe fait partie intégrante du livre vii de l’Ennéade IV, et, s’il manque dans les manuscrits, ce n’est point par le fait de Porphyre, mais bien par le fait d’un scoliaste qui s’est cru le droit de mutiler ce livre de Plotin. Voy. notre dissertation sur ce point dans le tome II, p. 602-606.

2° Le livre IX de l’Ennéade I (Du Suicide) ressemble sans doute à un plan de dissertation plutôt qu’à un livre complet ; mais aucun texte ne prouve qu’il ait été jadis plus étendu qu’il ne l’est aujourd’hui, comme le prétend Creuzer (Voy. notre tome I, p. xxxvi, note 1). Les passages d’Olympiodore et de David l’Arménien qu’il cite à l’appui de son opinion ne prouvent absolument rien, parce que tous les deux ne citent Plotin que de seconde main. Pour David l’Arménien, le fait est patent : s’il avait lu les Ennéades, il n’aurait pas cité Plotin d’après les Commentaires de Proclus sur ce philosophe (Voy. notre tome III, p. 614-615). Quant à Olympiodore, il semble avoir puisé également dans les Commentaires de Proclus les citations qu’il fait de Plotin, autant qu’on peut l’inférer de la réponse qu’il fait aux objections adressées par Proclus à notre auteur (Voy. notre t. III, p. 636-637). C’est évidemment de cette source qu’Olympiodore a tiré l’anecdote suivante qu’il cite dans son Commentaire du Gorgias, § xviii : « Le philosophe Plotin, comme on lui disait que quelqu’un était mort d’une mort violente et non d’une mort naturelle, s’écria : « Ô faiblesse de l’homme qui s’imagine qu’une pareille mort soit mauvaise ! » — En outre, dans les Principes de la théorie des intelligibles, par Porphyre, les paragraphes ii et iii (dans notre tome I, p. lvii), qui se rapportent évidemment au livre Du Suicide, ne contiennent aucun argument qui ne soit dans Plotin. Enfin, Macrobe reproduit à la fois le livre ix de notre auteur et les deux paragraphes de Porphyre sans y ajouter aucune idée nouvelle.

3° D’après ce qui précède, on peut juger de la valeur de cette assertion de Creuzer que le texte des Ennéades tel que nous le possédons, a été emprunté en partie à l’édition d’Eustochius et en partie à l’édition de Porphyre. Nous ajouterons que les citations assez nombreuses que divers auteurs ont faite de Plotin se retrouvent toutes dans notre texte. Si l’on, éprouve quelquefois de l’embarras pour déterminer à quel passage l’une d’elles se rapporte, cela tient à ce que l’auteur, citant de mémoire ou résumant la pensée de Plotin, ne reproduit pas fidèlement le texte. C’est sans doute pour cette raison que Creuzer s’est trompé assez souvent à cet égard (Voy. notre tome III, p. 583, 587, etc.). Les citations que Creuzer, dans ses notes sur les livres i-iii de l’Ennéade VI, a extraites du Commentaire des Catégories par Simplicius sont presque toutes inexactes. »

Addition II. — À la fin des renseignements donnés p. xxxviii sur l’édition de Creuzer, ajoutez :

M. J. J. Tengstroëm, d’Abo, a fait paraître en 1842 un cahier de variantes sur les quatre premières Ennéades.

Addition III. — Dans les Éclaircissements du tome I, nous avons omis de dire que Kirchhoff a traduit en allemand le livre II de l’Ennéade I (Des Vertus) et le livre IX de l’Ennéade II (Contre tes Gnostiques) dans l’édition spéciale qu’il en a publiée à Berlin, 1847.