Ennéades (trad. Bouillet)/Tome II/Avertissement

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Traduction par M. N. Bouillet.
Hachette (p. frontispice-xiii).

LES
ENNÉADES
DE PLOTIN
CHEF DE L’ÉCOLE NÉOPLATONICIENNE

TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS EN FRANÇAIS
ACCOMPAGNÉES DE SOMMAIRES, DE NOTES ET D’ÉCLAIRCISSEMENTS
ET PRÉCÉDÉES DE LA VIE DE PLOTIN
AVEC DES FRAGMENTS DE PORPHYRE, DE JAMBLIQUE,
ET AUTRES PHILOSOPHES NÉOPLATONICIENS


PAR M.-N. BOUILLET
Conseiller honoraire de l’Université, Inspecteur de l’Académie de Paris
TOME DEUXIÈME
PARIS
LIBRAIRIE DE L. HACHETTE ET Cie
RUE PIERRE-SARRAZIN, 14
(Près de l’École de médecine)

1859



AVERTISSEMENT.



En remettant en lumière les écrits du chef de l’École néoplatonicienne, nous n’avons pu assurément avoir la pensée de faire revivre une philosophie qui a fait son temps ; mais nous avons voulu, comme nous l’annoncions dès le début, combler une lacune regrettable en rendant plus accessible un ouvrage dont la lecture, indispensable à quiconque veut étudier l’histoire de la philosophie, semblait être devenue le privilége d’un petit nombre d’érudits ; nous avons voulu, en produisant les pièces du procès qui s’agite encore de nos jours au sujet de l’École néoplatonicienne, mettre chacun à portée de prononcer par lui-même, en pleine connaissance de cause, sur la valeur d’une doctrine si contestée ; nous avons voulu aussi aider l’éclectique impartial à séparer d’avec des erreurs dont il a été depuis longtemps fait justice des vérités sublimes, vraiment dignes d’entrer dans la science et éminemment propres à élever l’âme, à la détacher du corps et des intérêts terrestres.

En même temps, nous nous étions proposé, dans le travail qui devait accompagner la traduction, d’éclaircir, à l’occasion, par un exposé de chaque partie de la doctrine néoplatonicienne, les points qui seraient restés obscurs, de faire saisir les rapports de cette philosophie avec celles qui l’ont précédée ou qui sont venues après elle, de retrouver dans les premières les éléments dont s’est composé l’éclectisme alexandrin, de suivre dans les secondes les traces de la doctrine néoplatonicienne à travers les âges et de signaler la puissante influence que cette doctrine a exercée sur tous les écrivains postérieurs, chrétiens comme païens.

À ces divers titres, le volume que nous publions aujourd’hui offre un intérêt qui surpasse de beaucoup celui que pouvait offrir le précédent. On y trouve, en effet, les solutions données par Plotin aux questions les plus graves, à celles qui de tout temps ont le plus vivement préoccupé le philosophe et le théologien, celles de la Providence et du Destin, du Temps et de l’Éternité, de l’essence de l’Âme, de ses facultés, de son origine, de son immortalité ; de l’Unité ou de la Pluralité des êtres, et de la conciliation de l’une avec l’autre. Ajoutons que les livres qui contiennent ces solutions sont peut-être les plus achevés que nous ait laissés Plotin, et que plusieurs peuvent aller de pair avec ce que les plus grands philosophes ont produit de plus solide, dans les temps modernes comme dans l’antiquité. Et en effet, nous ne craignons pas de le dire, le traité De la Providence peut sur bien des points soutenir la comparaison avec la Théodicée de Leibnitz ; le livre Sur le Temps et l’Éternité, aussi remarquable par la méthode que par la profondeur, se place à côté de la célèbre correspondance de Clarke et de Leibnitz Sur le Temps et l’Espace ; nulle part enfin la distinction de l’âme et du corps n’a été établie plus fortement que dans les livres Sur l’Âme et Sur l’Immortalité : ici Plotin le dispute à Descartes, si même il ne l’emporte sur l’auteur des Méditations[1].

Nous espérons que le travail que nous avons joint à la traduction des deux Ennéades contenues dans ce second volume ne sera pas non plus sans intérêt ; nous avons fait du moins tous nos efforts pour qu’il ne fût pas indigne des livres qu’il devait accompagner.

À cet effet, nous avons dans ce volume, de même que dans le précédent, réuni tous les genres de secours qui nous ont paru propres à faciliter l’intelligence du texte.

Pour ceux des livres de Plotin où le sujet est traité complètement et avec assez de méthode, et qui par conséquent peuvent se suffire à eux-mêmes, nous nous sommes borné aux Sommaires, destinés à faire mieux saisir l’enchaînement des idées, et aux notes particulières, où sont expliquées les difficultés de détail ; mais, pour les livres où la doctrine n’était exposée qu’incomplètement et qui supposaient la connaissance des autres parties du système, nous avons, dans les Éclaircissements placés à la fin du volume, présenté un tableau aussi complet et aussi fidèle qu’il nous a été possible des opinions de notre auteur sur la matière, en recueillant dans les autres parties des Ennéades tous les passages qui se rapportaient au sujet en discussion : c’est ce que nous avons fait notamment pour la doctrine de Plotin sur la Providence et le Destin[2], sur l’Essence, les Facultés et la Destinée de l’Âme[3].

Non content d’expliquer ainsi notre auteur par lui-même, nous avons, dans un Appendice, donné des morceaux importants de Porphyre, de Jamblique et d’Énée de Gaza, dont nous devons la traduction à l’obligeance de M. Eugène Lévêque[4], et qui jetteront plus de jour sur la psychologie néoplatonicienne. Nous appellerons particulièrement l’attention sur le Traité de l’Âme par Jamblique : outre l’intérêt qu’il offre à l’histoire de la philosophie, parce qu’il renferme des documents qu’on ne trouve que là, cet écrit a l’avantage d’énumérer dans un ordre méthodique toutes les questions qui étaient posées sur l’âme dans l’école néoplatonicienne et de comparer la doctrine de Plotin sur ces questions avec celles des autres philosophes. Les fragments que nous donnons du Commentaire du même auteur Sur le Traité de l’Âme d’Aristote ont aussi leur importance, non seulement parce qu’ils complètent l’œuvre de Jamblique, mais encore parce que le Commentaire dont ils sont détachés a servi de guide à plusieurs écrivains postérieurs, à Plutarque d’Athènes, à Simplicius, à Priscien de Lydie. Enfin, le Théophraste d’Énée de Gaza, dont nous présentons l’analyse avec des extraits étendus, fera connaître tout à la fois la polémique des théologiens grecs contre quelques théories platoniciennes qui étaient en opposition avec le dogme chrétien et les emprunts que ces mêmes théologiens ont cru pouvoir faire sur d’autres points à l’École d’Alexandrie.

Nous avons en outre, dans ce volume, comme dans le précédent, recherché avec soin les sources où a puisé l’auteur des Ennéades, et nous avons également indiqué ce qu’il a fourni lui-même, soit aux philosophes de son école, soit aux écrivains chrétiens.

Les auteurs qui ont été le plus souvent mis à contribution dans la IIIe et la IVe Ennéade sont, comme pour les deux premières, Platon, Aristote et les Stoïciens, Chrysippe surtout[5] ; cependant, nous avons pu aussi, en plus d’une occasion, y saisir la trace du juif Philon[6] ; il y a même dans la IVe Ennéade quelques idées qui nous ont paru ne pouvoir être rapportées qu’à une origine chrétienne[7].

Pour les temps postérieurs à Plotin, nous nous sommes attaché à signaler, non seulement les emprunts qui lui ont été faits par ses disciples et par les commentateurs arabes, mais aussi les nombreuses analogies qui se rencontrent entre certains auteurs chrétiens et notre philosophe[8] ; et peut-être cette dernière partie de notre tâche ne sera-t-elle ni la moins neuve ni la moins intéressante. On savait bien, il est vrai, qu’une étroite affinité unit dès l’origine le Platonisme et le Christianisme, si bien que le savant et pieux Baronius a pu dire que l’Académie était le vestibule de l’Église, et que l’orthodoxe Baltus crut nécessaire de justifier les saints Pères à cet égard[9] ; on savait aussi, par les déclarations et les citations de quelques auteurs chrétiens[10], que les écrits de Plotin ne leur étaient pas inconnus ; mais nous étions loin de soupçonner, avant les recherches dont nous consignons ici les résultats, jusqu’où s’étendaient les services que ces écrits ont pu leur rendre.

Pour ne parler que d’un seul des Pères, mais de celui qui est le plus important de tous, parce que c’est celui qui a le plus contribué à constituer l’enseignement théologique dans l’Église latine, pour ne parler, disons-nous, que de saint Augustin, nous avons pu reconnaître que ce Père, qui du reste ne cite jamais Plotin qu’avec honneur[11], lui a emprunté, non seulement quelques pensées détachées, mais la meilleure partie de sa doctrine sur la Providence[12], les principes de la théorie qu’il expose sur le Temps et l’Éternité[13], ainsi que presque toute sa doctrine psychologique[14].

Et qu’on ne s’étonne pas des nombreuses analogies qui se rencontrent entre le docteur de l’Église et le philosophe païen : saint Augustin lui-même va nous les expliquer. D’un côté, en effet, ce Père nous déclare que, dans son ardent désir d’atteindre la vérité, il est résolu à consulter la raison aussi bien que la foi, et ce sont les Platoniciens qu’il va consulter, avec la confiance de trouver chez eux des vérités qui soient d’accord avec les Saintes Écritures[15] ; de l’autre, nous avons pu établir, tant par son propre témoignage que par de légitimes inductions tirées de plusieurs passages de ses écrits, que, bien qu’il fût peu familier avec la langue grecque, il avait lu et profondément étudié les écrits de ceux qu’il appelle les Platoniciens par excellence et qui ne sont autres que Plotin et Porphyre ; et qu’il les avait lus à l’aide d’une traduction littérale faite en latin par un auteur qu’il nomme lui-même, par Marius Victorinus[16].

Qu’on n’aille pas non plus s’imaginer que la foi ait à s’alarmer de l’accord que nous avons plus d’une fois signalé entre notre philosophe et les Pères de l’Église. Cet accord, qui n’existe d’ailleurs que sur des matières qui sont du ressort de la raison et qui ne touchent en rien au dogme, ne peut qu’être à l’honneur de la religion aussi bien que de la philosophie, et il doit être un sujet de joie pour les amis sincères de l’une et de l’autre : il prouve en effet que, malgré tant de causes d’incertitude et d’erreur, il existe une vérité éternelle, perennis quædam philosophia, comme disait Leibnitz, qui est indépendante des temps, des lieux et des écoles.

Du reste, en nous livrant à ces rapprochements, nous n’avons fait que suivre la voie si bien tracée au dernier siècle par un des plus grands théologiens français, par le P. Thomassin, de l’Oratoire. Dans ses Dogmata theologica, ouvrage qui fait autorité en théologie, ce pieux et savant auteur interroge successivement sur chaque question les philosophes aussi bien que les Pères de l’Église, et, parmi les philosophes, les Platoniciens de préférence, ces patriciens de la philosophie, comme il les appelle en se servant d’une expression qu’il emprunte à Cicéron ; et, frappé de la justesse et de la profondeur des réponses qu’il obtient de quelques-uns d’entre eux, de Plotin surtout, il s’écrie : « Le lecteur ne pourra s’empêcher de ressentir une grande joie en songeant que des hommes dénués du secours de la foi aient pu pénétrer si avant dans les célestes mystères&hellip ; Cette étude ne peut manquer d’offrir une grande utilité à cause de l’importance des secours qu’on y trouve pour éclairer et confirmer la vérité de la religion chrétienne[17]. » Ailleurs, le même théologien, plein d’admiration pour la manière dont Plotin décrit l’état de l’âme qui s’est élevée au monde intelligible, s’écrie avec transport : « Il me semble entendre Augustin lui-même enseignant comment le Bien suprême, Dieu le Père, engendre le verbe, la Vérité éternelle, qui éclaire les intelligibles et tout ce qui possède la vérité[18]. »

Il nous reste à acquitter deux dettes de reconnaissance :

L’une, envers M. Eugène Lévêque, qui, outre sa traduction des Fragments de Psychologie néoplatonicienne, que nous avons déjà mentionnée, nous a prêté pour tout ce volume, comme pour le précédent, un concours aussi utile qu’assidu ;

L’autre, envers le public lettré, qui a fait à cette publication le plus bienveillant accueil.

Honorée des suffrages des juges les plus compétents, en tête desquels nous nous glorifions de pouvoir nommer les représentants les plus illustres de la philosophie et de la littérature en France ; accueillie avec faveur par l’Académie des Sciences morales et par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, notre traduction des Ennéades a attiré l’attention des organes les plus graves et les plus sérieux de la presse[19] et a été appréciée avec toute la bienveillance que nous pouvions espérer.


Toutefois, cette bienveillance n’a pas été telle qu’elle dût empêcher un examen impartial. Quelques critiques ont été exprimées, dont les unes s’adressent à notre auteur et les autres à nous-même ; nous y répondrons en peu de mots.

On a reproduit contre Plotin les accusations de panthéisme et de mysticisme qui lui ont été si souvent adressées. Si l’on fait consister le panthéisme, comme on le doit, dans l’identification de la nature avec Dieu, de la créature avec le créateur, et non dans telle ou telle explication contestable de la création, dans la théorie de l’émanation, par exemple, personne n’est moins panthéiste que Plotin : car, bien qu’admettant que tous les êtres émanent ou procèdent de l’Un, c’est-à-dire du Dieu suprême, il maintient partout la personnalité et la liberté humaines ; il proteste avec force contre toute doctrine qui tendrait à les supprimer, et c’est avec cette arme puissante qu’il combat le panthéisme des Stoïciens et celui des Nouveaux Pythagoriciens[20], d’accord en cela avec la plus grande autorité théologique, avec saint Thomas, l’ange de l’École.

Quant au mysticisme, que l’on considère généralement comme étant le pivot de toute la doctrine de Plotin, nous pouvons dire que si l’on entend par là, non pas l’amour de l’idéal, la tendance vers les régions intellectuelles et le détachement des biens terrestres, mais la théorie de l’extase et de l’union avec Dieu, cette théorie, loin de faire le fond du néoplatonisme, y occupe si peu de place qu’elle semble n’y être qu’un hors-d’œuvre ou du moins un accessoire inutile. Dans les quatre premières Ennéades, on trouve à peine quelques lignes qui se rapportent à l’extase, et, si l’on considère l’ensemble de l’œuvre de Plotin, on peut dire hardiment que la plupart des livres dont elle se compose n’ont aucune espèce de rapport, ni direct ni indirect, avec le mysticisme. Bien plus, Plotin a combattu avec force le mysticisme des Gnostiques et il ne craint pas de signaler certaines exagérations de Platon lui-même à cet égard[21]. Le mysticisme modéré qu’il admet ne dépasse en rien celui que professaient alors la plupart des Pères de l’Église, notamment saint Augustin, avec lequel il se trouve encore ici pleinement d’accord. Au reste, quelque opinion que l’on ait du mysticisme, ce qui peut se rencontrer de cette doctrine dans Plotin ne doit en rien affaiblir le mérite de ses observations sur les facultés de l’âme ou diminuer la valeur des preuves si solides qu’il a données de la Providence, de la spiritualité et de l’immortalité de l’Âme humaine.

On a aussi répété contre Plotin l’accusation d’avoir été l’ennemi du christianisme : nous ne pourrions répondre à cette imputation qu’en rappelant les hommages rendus à ce philosophe par plusieurs Pères de l’Église, ainsi que les nombreuses analogies que nous avons déjà signalées entre leur doctrine et la sienne, en un mot en répétant ce que nous avons dit à ce sujet dans la Préface de notre premier volume. Qu’il nous suffise d’y renvoyer[22].

Si la publication que nous avons entreprise peut rendre quelques services, ce ne sera pas sa moindre utilité d’avoir aidé à dissiper les préjugés que nous avons essayé de combattre, et de donner des idées plus exactes d’une grande et noble philosophie, qu’on a trop longtemps condamnée sans l’avoir entendue.


Venons-en aux critiques qui nous concernent. On nous a reproché d’avoir inutilement multiplié les citations textuelles, et d’avoir compris parmi les imitateurs de Plotin des écrivains qui ne paraissent pas l’avoir connu, comme Bossuet, Fénelon, Malebranche, Leibnitz.

Nous l’avons déjà dit[23] : Si nous avions cru devoir citer in extenso les passages qui donnaient lieu à des rapprochements, c’est que nous pouvions craindre, en nous bornant à des indications sommaires, que ces indications ne fussent stériles pour la plupart de nos lecteurs, qui n’eussent pu facilement recourir aux textes originaux, et que, par suite, les analogies signalées ne fussent acceptées avec défiance, faute de moyens de contrôle, ou même contestées. Les mêmes motifs nous ont déterminé à persister pour le présent volume dans la même méthode de citation.

Quant aux passages d’auteurs modernes que nous avons rapprochés de Plotin, nous n’avons jamais prétendu que ces auteurs eussent tous étudié Plotin lui-même, et qu’ils eussent puisé directement à la source des Ennéades. Seulement, nous avons dit[24] que, par l’étude approfondie qu’ils avaient faite de saint Augustin, de Boèce et des grands docteurs de la Scholastique, de saint Thomas surtout[25], qui avaient pris pour guide saint Augustin en même temps qu’Aristote, ces auteurs s’étaient approprié, même à leur insu, certaines idées que leurs devanciers avaient empruntées au chef de l’École néoplatonicienne. C’est ainsi que la psychologie de Bossuet se trouve être en grande partie d’accord avec celle de Plotin parce qu’elle est tirée de saint Augustin, qui était familiarisé avec la doctrine de notre philosophe ; c’est ainsi encore que la théorie de Fénelon sur le Temps et l’Éternité, inspirée également par saint Augustin, se trouve reproduire si fidèlement celle de Plotin que l’écrivain français semble souvent se borner à traduire l’auteur grec. Au reste, lors même que quelques-unes des transmissions d’idées que nous signalons pourraient être contestées, le fait de la coïncidence et de l’accord des doctrines n’en resterait pas moins, et un tel fait serait des plus dignes de remarque : il fournirait un témoignage de plus en l’honneur de la pénétration et de la profondeur de l’auteur profane, ainsi qu’en faveur de l’unité de l’esprit humain.

Ces critiques, on le voit, n’atteignent en rien la partie essentielle de notre travail, qui était la traduction d’un auteur réputé intraduisible et l’interprétation de doctrines proclamées inintelligibles. À cet égard, les représentants les plus accrédités de la presse, ainsi que les hommes les plus éminents dans la science et dans les lettres, se sont accordés pour reconnaître l’utilité et la difficulté de l’entreprise et pour rendre justice à nos efforts ; tous ont bien voulu nous adresser des paroles d’éloge et d’encouragement.

Le succès qu’a obtenu ce livre auprès des juges compétents, seul succès que nous pussions ambitionner, a redoublé notre zèle : soutenu par le désir de justifier tant de bienveillance, nous avons poursuivi notre tâche avec courage et déjà nous avons pu en exécuter la plus grande et la plus difficile partie. Espérons, bien qu’arrivé aujourd’hui à l’âge du repos, que la Providence ne nous refusera pas le temps et les forces nécessaires pour l’achever.


Savigny-sur-Orge, le 31 octobre 1858.

  1. C’est ce qu’avait déjà reconnu un des écrivains les plus compétents, M. Jules Simon, qui s’exprime ainsi dans sa savante Histoire de l’École d’Alexandrie (t. I, p. 587) : « Plotin a employé tout un livre à établir la distinction de l’âme et du corps ; et si l’on rapproche cet ouvrage de la Méditation de Descartes sur le même sujet, je ne sais laquelle des deux démonstrations on trouvera la plus complète. »
  2. Voy. ci-après, p. 507-519.
  3. Voy. ci-après, p. 566-581.
  4. Voy. p. 611 l’Avertissement en tête des Fragments de Psychologie néoplatonicienne.
  5. Le savant Mémoire sur le Stoïcisme, de M. Ravaisson, nous a été d’un grand secours pour la détermination des rapports de Plotin avec le Stoïcisme, de même que l’Essai sur la Métaphysique d’Aristote du même auteur, pour les emprunts faits au Péripatétisme.
  6. Voy. notamment p. 231, note 1.
  7. Voy. p. 288, note 4 ; p. 297, note 1.
  8. Voy. pour les Néoplatoniciens, p. 519, 542, 584, 606 ; pour les philosophes arabes, Maïmonide et Ibn-Gébirol, p. 170, 597 ; pour les écrivains chrétiens, notamment pour S. Grégoire de Nysse, S. Denys l’Aréopagite, Théodoret, Némésius, Synésius, Énée de Gaza, p. 520, 552, 585 ; pour S. Augustin, Boèce, Cassiodore, p. 523, 552, 588, 593, 600, 607, etc.
  9. Défense des Pères accusés de Platonisme, par le P. Ballas, jésuite.
  10. Voy. à cet égard les indications déjà données dans la Préface de notre 1er vol., p. XXXII.
  11. Voy. la Préface du 1er vol., p. XXX.
  12. Voy. ci-après, p. 523.
  13. Voy. ci-après, p. 549.
  14. Voy. ci-après, p. 588-592.
  15. « Ita sum affectus ut quid sit verum non credendo solum, sed etiam intelligendo apprehendere impatienter desiderem ; apud Platonicos me interim quod sacris nostris litteris non repugnet reperturum esse confido. » (Contra Academic., III, 19.)
  16. Voy., à la fin du vol., p. 554-565, la dissertation que nous avons consacrée à ce sujet.
  17. Voy. ci-après le texte de ce passage, p. 544. Voy. aussi la Préface des Dogmata theologica et l’excellente thèse de M. Lescœur sur la Théodicée du P. Thomassin, 1852.
  18. Voy. ci-après le texte de ce passage, p. 470, note 1.
  19. Nous signalerons notamment, en suivant l’ordre de leur apparition, les articles de M. Ch. Jourdain, dans la Revue contemporaine (16 octobre 1867), de M. Is. Cahen, dans la Presse (26 octobre 1857), de M. Ém. Saisset., dans la Revue des Deux-Mondes (15 décembre 1867), de M. Vacherot, dans la Revue de Paris (15 janvier 1868), de M. Ad. Franck, dans le Journal des Débats (2 février 1858), de M. l’abbé Hébert-Duperrou, dans le Journal général de l’Instruction publique (6 mars 1858), de M. Éd. Fournier, dans la Patrie (8 mars 1858), de M. Chassang, dans le Pays (29 mars 1858), de M. Marey, dans le Siècle (21 juin 1858), de M. Ch. Lévêque, dans le Journal des Savants (septembre 1858), de M. Michel Nicolas, dans le numéro de septembre du Disciple de Jésus-Christ, revue mensuelle publiée par M. J. Martin-Paschoud ; de M. Rapetti, dans le Moniteur (26 novembre 1858). Nous signalerons également, à l’étranger, les comptes rendus publiés en octobre 1857 par la Bibliothèque universelle de Genève (bulletin littéraire), et, en mai 1858, par l’Eclectic Review de Londres et l’University Magazine de Dublin. Nous avons profité avec empressement de plusieurs des conseils qui nous étaient adressés ; nous répondons ci-après à quelques critiques qui n’ont pas paru suffisamment fondées.
  20. Voy. notamment Ennéade IV, liv. III, § 4 et 5, et les rapprochements indiqués dans les notes de ces paragraphes, ainsi que les Éclaircissements p. 515 et 516.
  21. Voy. notamment Enn. IV, liv. VIII, § 11 p. 478-79.
  22. Voy. p. XXIX et suivantes.
  23. Voy. la Préface du 1er vol., p. XXI.
  24. Préface, p. XXXIII.
  25. Nous avons signalé, p. 593-597, plusieurs points de ressemblance entre saint Thomas et Plotin. On sait du reste, d’après les recherches de M. Ch. Jourdain, que saint Thomas connaissait les Éléments de Théologie, où Proclus a résumé les idées du chef de son école.