Escole Paroissiale, ou la Methode facile pour enseigner Chrestiennement les enfans dans les Petites Escoles

La bibliothèque libre.
Escole Paroissiale, ou la Methode facile pour enseigner Chrestiennement les enfans dans les Petites Escoles
Et les Instructions familieres en forme de Catechisme pour toutes les Solemnités de l’année
Pierre Targa.

L’ESCOLE

PAROISSIALE,

ov

LA MANIERE DE BIEN

INSTRVIRE LES ENFANS

DANS LES PETITES ESCOLES.

Par un Prestre d’une Paroisse de Paris.


A PARIS.

Chez Pierre Targa. Imprimeur de
l’Archeuesché de Paris, & Libraire
Iuré de l’Vniuersité, ruë S. Victor
au Soleil d’Or.


M. DC. LIV.

AVEC PRIVILEGE DV ROY


TABLE DES CHAPITRES
ET
DES MATIERES
contenus en ce Volume.


De la pratique de la foy du Maistre.
p. 2
De la foy des Enfans.
p. 3
De ce que c’est de l’Esperance en general.
p. 5
Des actes en gros de l’Esperance.
p. 6
Des actes de l’Esperance en particulier.
p. 7
De la priere du Maistre avant le Catechisme.
p. 7
De ce que c’est de l’Esperance à l’égard des Escoliers en general.
p. 8
Des pratiques en particulier.
p. 8
De ce qui est de cette Vertu en general.
p. 9
De la pratique de la Charité à l’égard du Maistre.
p. 9
De la division de la Charité envers le prochain en general.
p. 10
De la Charité à l’égard des Enfans.
p. 11
De la Charité du Maistre envers ses confreres & les pauvres.
p. 12
Des pratiques de la Charité à l’égard des Escoliers entr’eux.
p. 12
Punition des batteries mutuelles.
p. 13
De la visite des compagnons malades.
p. 13
De la Charité envers les pauvres.
p. 14
Ce que c’est.
p. 14
De la Prudence envers soy-mesme.
p. 15
Il se doit contenter du possible des Enfans.
p. 15
De la science du Maistre.
p. 16
Du credit du Maistre.
p. 17
Du bon exemple.
p. 17
Exemples de ses Enfans devenus bons ou mauvais.
p. 17
Exactitude à son devoir.
p. 18
Rendre les Enfans respectueux.
p. 19
Lire souvent son Reglement.
p. 19
Connoistre le naturel de ses Enfans.
p. 19
De sa definition & division.
p. 20
De la prudence à aller manger en ville.
p. 21
Dissuader les Enfans de la gourmandise.
p. 22
De la Chasteté.
p. 23
Moyens de la conserver au Maistre & aux escoliers.
p. 24
De la modestie.
p. 27
De la modestie aux habits des Enfans.
p. 28
Modestie à l’Escole.
p. 28
De la modestie en la rue & en leur maison.
p. 30
Sa definition & sa division.
p. 31
De la Magnanimité.
p. 31
De la Confiance.
p. 32
De la Patience.
p. 32
De la patience a l’endroit des Enfans.
p. 34
De la Perseverance.
p. 35
De la Religion.
p. 36
Des pechez contre la Religion.
p. 38
De la Pieté.
p. 38
De la grace & reconnoissance.
p. 40
De la vindication.
p. 40
Maniere de corriger en general.
p. 41
Chastiment des Nouveaux.
p. 41
Maniere de chastier en detail.
p. 42
Correction des Enfans gastez.
p. 44
Observer les rapports.
p. 44
Remede des Obstinez.
p. 45
Des sortes de Corrections d’Escole.
p. 45
De l’Observance du Maistre.
p. 46
La pratique de cette Vertu, &c.
p. 46
Ne rien donner aux Enfans, que le Maistre.
p. 48
De la verité du Maistre.
p. 48
De la verité aux Enfans.
p. 49
De la Iustice commutative.
p. 50
De la punition des Larrons.
p. 51

Ses qualités.
p. 53
Ses qualités en particulier.
p. 53
Des fenestres.
p. 54
De la porte.
p. 54
De la cheminée, & des bancs à se chauffer, &c.
p. 55
Des Images.
p. 56
Des autres sujets de devotion.
p. 57
Des Porte-manteaux, Porte sacs.
p. 58
De l’armoire.
p. 58
Des livres de l’Escole.
p. 59
Des livres du Maistre.
p. 60
Du contenu au troisiesme estage de l’armoire.
p. 61
Du Coffre de l’Escole.
p. 62
Division du lieu.
p. 62
Des sieges à escrire.
p. 63
De la deuxiesme partie de l’Escole.
p. 63
Des Bancs des petits.
p. 64
De la place des nouveaux.
p. 64
De la place de l’Asne.
p. 65
De la cloche & eau benite.
p. 65
Des tablettes à marquer.
p. 65
Des cornets & regles.
p. 65
Du panier, balays, &c.
p. 67

Des Enfans des Heretiques.
p. 68
Des Enfans d’une autre Escole.
p. 68
De ceux qui auront esté en cette Escole.
p. 69
De ceux qui ont este chassez.
p. 70
Des Enfans de la Paroisse admissibles.
p. 71
Prudence sur le nombre des Enfans.
p. 71
Des enfans des pauures honteux.
p. 72
Des enfans des autres Paroisses.
p. 72
Des filles.
p. 73
Du registre de reception.
p. 74
Fin du registre.
p. 74
Prudence à differer ceux qui demandent.
p. 75
Du temps a admettre les receus.
p. 76
Les interrogations aux parens.
p. 76
Du deuoir du Maistre entendant les responses.
p. 78
Conferer auec les parens.
p. 79
Aduis à donner aux parens.
p. 80
Aduis sur la vocation.
p. 80
Aduis sur les talents des enfans.
p. 81
Des enfans Tonsurés.
p. 81
Aduertir de l’heure de l’Escole.
p. 82
Aduis des liures des enfans.
p. 83
Aduertir de l’ordre de l’encre.
p. 83
Aduertissement à l’enfant presenté.
p. 84
Du dejeuner & gouster
p. 85
Aduis sur la propreté des habits.
p. 85
Ne donner argent aux enfans.
p. 86
Aduis des corrections.
p. 86
N’escouter les plaintes des enfans.
p. 87
De la retraite des enfans.
p. 87
Aduertissement des visites.
p. 88
Priere pour commencer.
p. 89
Des diuers officiers.
p. 89
Maniere de les eslire.
p. 90
Iugement de l’Escriture pour les places.
p. 91
Des dignités des Latins.
p. 91
Des dignités des escriuains.
p. 92
Des Intendans.
p. 94
Des Obseruateurs.
p. 95
Des Admoniteurs.
p. 96
Des Repetiteurs.
p. 97
Des Recitateurs des Prieres.
p. 99
Des lecteurs.
p. 99
Des officiers d’escriture.
p. 100
Des receueurs de l’encre & poudre.
p. 100
Des ballayeurs.
p. 101
Aller à l’eau.
p. 102
Du Portier.
p. 103
De l’aumosnier.
p. 103
Des visiteurs.
p. 104
Formalite à visiter.
p. 105
Escrire les responses aux visites.
p. 106
Eslection des visiteurs.
p. 106
Aduis sur les visites.
p. 107
De ses qualités & deuoirs.
p. 107
Faire exemples & escrire.
p. 108
Faire lire.
p. 108
Faire getter.
p. 108
Assister à la seconde Messe.
p. 108
Conuenir de ses deuoirs.
p. 109


De la necessité du Catechisme.
p. 110
De l’heure.
p. 110
De sa matiere ordinaire.
p. 111
Changement de matiere.
p. 111
De la diuersité de cette matiere.
p. 112
De la forme de ce Catechisme.
p. 112
Du iour de ce Catechisme.
p. 113
Maniere de faire apprendre aux enfans le Catechisme.
p. 114
Ordre de l’entrée du Maistre le iour du Catechisme.
p. 114
Se preparer à ce Catechisme.
p. 115
Prieres à cét effect.
p. 116
De l’entrée à l’Escole en ce iour.
p. 117
De la 1. partie de ce Catechisme.
p. 117
De la 2. partie.
p. 118
De la maniere de Catechiser.
p. 119
De la 3. partie.
p. 120
Obseruer les paresseux.
p. 121
Maniere de reciter le Catechisme du Diocese.
p. 121
Explication du Catechisme.
p. 122
De la fin du Catechisme.
p. 122
De la priere en ce iour.
p. 123
Des iours de ce Catechisme.
p. 124
De la matiere de ces instructions.
p. 128
Methode pour la faire apprendre.
p. 129
Preparation à ce Catechisme.
p. 130
Entrée à l’Escole en ce iour.
p. 131
Des demandes de l’abregé à faire en ce Catechisme.
p. 131
De la recitation des parties de ce Catechisme.
p. 133
De la fin de ce Catechisme.
p. 133
De la 1. leçon.
p. 135
De la 2. leçon.
p. 135
De la 3. leçon.
p. 136
De la 4. leçon.
p. 136
De la 5. leçon.
p. 137
Des dispositions exterieures.
p. 137
Du iour de la Confirmation.
p. 138
Des pratiques durant le temps de la Confirmation.
p. 139
Premiere leçon.
p. 143
Seconde leçon.
p. 144
Troisiesme leçon.
p. 145
De la Contrition.
p. 148
Du ferme propos.
p. 148
De la Confession.
p. 149
De la pratique a se confesser.
p. 150
Resolution sur les mauuaises Confessions.
p. 151
Aduis pour faire confesser les enfans.
p. 152
Aduis pour les Escoliers.
p. 153
Des Escoliers de dehors la Paroisse.
p. 154
De l’exercice de la communion.
p. 155
Recommendation aux premiers Communiants.
p. 155
Aduis particuliers a iceux.
p. 158
Pratique des ceremonies pour la Communion.
p. 158
Aduis pour ceux de la Paroisse.
p. 159
Exhortation du Maistre a cét effet.
p. 160
De ceux qui auroient Communié auant que de venir à l’Escole.
p. 160
Methode pour instruire les premiers Communiants par tout.
p. 161

Aduis sur les Escoliers hors la Paroisse.
p. 165
Maniere de tenir a l’Eglise les enfans.
p. 165
Du temps d’aller à vespres.
p. 167
Des prieres à l’Eglise.
p. 168
Pratique durant le retardement de l’office.
p. 168
Du commencement du chant.
p. 169
Du commencement des Psalmes.
p. 169
Aduis sur la garde des enfans.
p. 170
Aux complies.
p. 171
Du retour a l’Escole.
p. 172
Des veilles des Festes ordinaires.
p. 173
Obseruation durant le Caresme à faire au matin des Samedys.
p. 174
De l’apres midy en ces iours.
p. 175
Des pratiques en ces veilles.
p. 175
Des vespres en ces iours.
p. 176
De l’heure de l’Escole aux Dimanches.
p. 177
De l’entrée à l’Eglise.
p. 179
De la Procession.
p. 179
Du retour de la Procession.
p. 180
Du commencement de l’office.
p. 181
Du déjeuner des Escoliers.
p. 182
Du reste de la grande Messe.
p. 183
Annotation sur les enseignement des ceremonies de la Messe.
p. 184
Obseruation pour l’apres midy.
p. 185
Obseruation des Dimanches de sermon.
p. 185
De l’assistance des vespres.
p. 186
Obseruation pour le Cathechisme des Dimanches.
p. 187
De la preparation au seruice de la Messe.
p. 189
Aduis generaux sur ce fait.
p. 190
De la pratique desdites ceremonies.
p. 191
Depuis l’offerte iusques à orate fratres.
p. 193
Depuis orate & iusques à la fin.
p. 194
Du reste de la messe.
p. 195
Obseruation sur ce qui a esté dit.
p. 196
Du matin des Solemnelles.
p. 197
De l’apres midy desdites Festes.
p. 198
Des Festes communes au matin.
p. 198
De l’apres midy.
p. 199
Des iours du Carnaual.
p. 199
Du Samedy à vespres & du Dimanche du Carnaual.
p. 200
Du Lundy du Carnaual.
p. 201
Du Mardy du Carnaual.
p. 202
Du Mercredy des Cendres.
p. 203
Des jours de la Semaine Sainte.
p. 203
Du mercredy Saint apres midy.
p. 205
Du jeudy Saint.
p. 205
Du vendredy Saint.
p. 206
Du samedy Saint.
p. 207
Du samedy ou veille de Pentecoste.
p. 208

De ranger les Enfans aux Dimanches.
p. 210
L’ordre de faire marcher.
p. 212
Du jour des Rois.
p. 213
Du jour de la Purification.
p. 213
Du Dimanche des Rameaux.
p. 214
Du jour des morts.
p. 216
De la Procession des Saluts du Saint Sacrement.
p. 216
Des Processions longues.
p. 217
De la Procession de la Quinquagesime.
p. 218
De la Reduction de Paris, 22 Mars.
p. 218
Du jour Saint Marc.
p. 220
Des Rogations & de l’Ascension.
p. 220
Le jour du Saint Sacrement, & Octave.
p. 221
Les jours de l’Assomption, & de saint Roch.
p. 222

De la Priere avant la leçon du matin.
p. 223
Pour les Festes & Dimanches.
p. 224
Exception du Mercredy, Ieudy, & Samedy.
p. 225
Observation des jours de Catechisme.
p. 226
Pour les iours de Catechisme.
p. 227
Pour les Samedys.
p. 227
De celle de l’heure.
p. 228
De la priere des Confessions & Confirmations.
p. 228
Prieres durant le Caresme.
p. 229
Du benedicite.
p. 229
Des graces.
p. 230
De l’adoration du Saint Sacrement.
p. 230
Pour les malades.
p. 230
Pour les morts.
p. 231
Pour un nouueau baptisé.
p. 232
Pour le tonnere.
p. 232


De la façon du premier Alphabet.
p. 235
De la composition dudit liure.
p. 236
De la forme du syllabere.
p. 237
2. Sorte de liure pour espeler.
p. 238
Du 3. liure pour monstrer à lire en Latin.
p. 239
Methode à monstrer les lettres.
p. 239
Obseruations sur ce point.
p. 241
De la maniere d’enseigner à espeler.
p. 243
Des abbreuiatures.
p. 243
Pratique d’espeler.
p. 244
Commencement de cette pratique.
p. 246
De la prononciation.
p. 247
Obseruation sur la lecture Latine.
p. 247
De la disposition des enfans.
p. 248
Du commencement de cette lecture.
p. 249
De la prononcitation de l’a, & de l’e.
p. 249
Du c, t, s, & z.
p. 250
Moyens de faire entendre les difficultés aux enfans.
p. 251
Faire garder les ponctuations.
p. 252
Maniere d’auancer les enfans en cette lecture.
p. 252
Lecture des escritures à la main.
p. 252
Lecture des characteres gothiques.
p. 253

De la constitution des places.
p. 254
Des places des tables à escrire.
p. 255
Des Plumes & Canif des Escoliers.
p. 255
Du papier pour escrire.
p. 256
De l’encre des Enfants.
p. 257
Composition de l’encre.
p. 258
De la poudre.
p. 259
Des choses necessaires un Maistre d’escriture.
p. 260
Du Canif.
p. 260
Maniere de tailler la plume.
p. 261
Obseruation sur la taille de la plume.
p. 262
Pour monstrer à tailler les plumes.
p. 263
Aduis aux commençants.
p. 264
Bien tenir la plume.
p. 264
Comme il faut tenir le corps.
p. 266
Maniere de gouuerner la plume.
p. 267
Façon de mener la main de l’escriture.
p. 268
Obseruation pour corriger l’escriture.
p. 269
Visite des escriuains.
p. 270
De la tasche d’escriuain.
p. 270
Maniere d’apprendre l’ortographe.
p. 271
Recompense des diligens, & punition de paresseux.
p. 272

De quels gettons faut se seruir.
p. 274
Du iour du get & de la 1. 2. & 3. leçon.
p. 274
De la quatriesme leçon.
p. 275
Maniere de placer les gettons.
p. 277
De la connoissance des Caracteres.
p. 278
Moyen de la pratiquer.
p. 278
Maniere d’adjouster les sols & deniers.
p. 280
Adjouster les liures, sols & deniers.
p. 281
De la preuue.
p. 282

Comme il les faut choisir.
p. 283
Commencement de cette methode.
p. 284
Enseignement des qualités des noms.
p. 285
De la 2. leçon des noms.
p. 286
De la distinction des noms.
p. 287
Des genres des noms.
p. 287
Distinctions des declinaisons.
p. 289
Des pronoms.
p. 290
Maniere de faire coniuguer.
p. 291
Des mœufs, temps & personnes.
p. 292
De la connoissance des temps.
p. 293
Formaison des temps de l’actif.
p. 294
Formaison des Verbes passifs.
p. 296
Moyen de connoistre les coniugaisons des Verbes.
p. 297
De la fin de cette methode.
p. 299
Maniere de repeter les Concordances.
p. 299
Maniere de comparer.
p. 300
Formaison des comparatifs.
p. 301
Formaison du superlatif.
p. 301
Explication des Concordances.
p. 302
Commencement de cette maniere.
p. 305
Monstrer à chercher dans le Dictionnaire.
p. 304
Methode pour commencer les enfans en la composition.
p. 305
Reigles de la composition.
p. 307
Maniere de corriger les themes.
p. 307
Des leçons des composants.
p. 308
Reueue des genres.
p. 309
Leçon des declinaisons.
p. 310
Des places honorables.
p. 311
Des images, agnus.
p. 312
Des points de diligence.
p. 312
Punition des paresseux.
p. 313

De l’entrée de l’Escole & heure de la Messe.
p. 315
De la conduite à la sainte Messe.
p. 315
De l’assistance de la Messe.
p. 316
Du retour de l’Eglise.
p. 317
De l’entrée du Maistre.
p. 319
De ceux qui viennent tard.
p. 320
Obseruation sur le peu des Latins.
p. 321
De la façon du déjeuner.
p. 321
Des graces.
p. 322
Apres les graces.
p. 323
Correction de ses escriuains.
p. 324
De la distribution des enfans entre les deux Maistres.
p. 324
Enuoyer seruir à la Messe.
p. 324
De la priere & sortie de l’Escole au matin.
p. 325
Des l’heure de cette leçon.
p. 326
De l’exercice iusques à l’entrée du Maistre.
p. 327
De l’entrée du Maistre apres midy.
p. 327
Reste de l’employ du Maistre principal.
p. 328
De l’employ du sous-Maistre en cette leçon.
p. 328
De la fin de l’Escole apres midy.
p. 329
De ceux qui vont dehors.
p. 330
Des iours de congé ordinaire.
p. 331
Du feu en hiuer.
p. 332
De l’ordre à faire chauffer.
p. 332
Fin de la Table.

PREFACE AV LECTEVR.


MOn cher Lecteur.

Vn des plus grands besoins que l’homme aye en sa vie, c’est d’estre formé de bonne heure à la vertu ; dautant que les premieres impressions qu’il reçoit en sa ieunesse, retiennent vne telle fermeté, que tous les emplois de la vie, quoy que difficiles, n’en peuvent tellement effacer les marques, qu’il n’en reste quelqu’vne, mesme dans l’aage le plus auancé. La nature nous enseigne cette leçon dans l’education, mesme des animaux, priués de raison, chacun dans son espece, ausquels elle donne vn instinct tout particulier d’engendrer & nourrir leurs semblables auec vn soin tout extraordinaire, iusques à ce qu’ils soient capables de la fin pour laquelle ils sont créés. Les Payens par la seule lumiere de la raison nous ont monstré cette necessité, notamment en la personne des Lacedemoniens, donc les enfans estoient dressés dés le berceau, à supporter les fatigues d’vn grand trauail, au mespris des richesses & à l’obseruation exacte des loix ciuiles. Aussi cette Republique a esté par ce moyen la plus florissante de toute la Grece, & a serui de prototype & de Maistresse aux plus experimentés des siecles suiuants. Mais laissant là ces exemples prophanes, la sagesse increée nous a enseigné de la part de son Pere eternel, que son Royaume estoit pour les enfans, talium est enim regnũ cœlorum ; aussi leur a-t-il témoigné tant d’amour durant sa vie, qu’il se diuertissoit volontiers de ses plus Saints employs, pour receuoir comme vn amoureux pasteur, ces petits agneaux ; il benissoit les enfans, il les embrassoit auec tant de tendresse, qu’il a mesme prononcé, que si nous ne deuenions petits comme ces enfans, nous n’entrerions iamais dans le Royaume des Cieux. Apres les tesmoignages de l’Espoux Sacré, suiuront les Saintes practiques de sa chaste Espouse l’Eglise, qui non contente de faire renaistre les enfans dans les Saints fonts du Baptesme, craignant trop l’abandon ordinaire qu’en font leurs parens, elle leur pouruoit de parein & mareine pour les instruire des Mysteres de la Foy, esperer en Dieu, & l’aymer en faisant ses Conmandements auec le bon vsage des Sacrements, & sur tout pour leur donner la pratique des vertus morales & Chrestiennes, en satisfaisant aux renonciations qu’ils ont fait au Baptesme, au Diable, à ses pompes & à ses œuures ; & neantmoins tous ces moyens demeurent quasi inutiles, puisque la pluspart des peres & meres les esleuent comme des bestes, se contentant de leur donner la nourriture & le vestement du corps seulement ; & bien souuent leur monstrant de tres mauuais exemples, sans aucune instruction, ny correction raisonnable. Les autres leur procurent quelque connoissance des lettres humaines, quelques vns, des enseignemens exterieurs de religion, comme se Confesser, Communier, aller à la Messe &c. mais de leur donner des Instructions des maximes Chrestiennes, il y en a peu, puisque ils ne les ont pas eux mesmes : veu que bien souuent s’estant iettés dans l’estat du Mariage, sans eslection ny preparation à vne condition si difficile, ils se sont rendus indignes de receuoir les graces necessaires pour viure sainctement dans cette vocation, & esleuer des enfans selon cet Esprit du Christianisme : & qui pis est, au lieu de pouruoir à leurs enfans, de vrais pareins & mareines, pour suppleer à leur defaut, n’ont point d’autre pretention en ce choix, que de faire des amis, en choisissant des grands qui ne les regarderont iamais, bien loing de veiller sur eux & les instruire par eux, ou par autres, & bien souuent ils prient des personnes qui ignorent mesme Les principes de la Doctrine Chrestienne. Il ne reste donc plus qu’vne voye, pour l’education spirituelle des enfans, à sçauoir celle des petites Escoles, desquelles le grand Gerson Chancelier de Paris auoit vn si grand soin en son temps, qu’il prenoit la peine luy mesme d’instruire les enfans, des choses necessaires à leur salut. C’est le dessein du present traitté, dans lequel vous verrés vne methode asses facile pour instruire Chrestiennement la ieunesse. Il est diuisé en trois Parties, en la premere vous y verrés les qualités d’vn bon Maistre d’Escole, les circonstances des lieux & ameublements necessaires, & les conditions des enfans qu’on doit receuoir. La seconde contient les enseignements de la Pieté ; en Theorie, dans les Catechismes de diuerses especes, & en Practique par l’assistance aux offices diuins, Processions & aux Prieres de l’Escole. La derniere contient la methode de la science, à sçauoir pour enseigner à lire, escrire, compter, getter, & les principes du Latin & du Grec, qui se concluera par deux Chapitres de la Pratique & iournal de l’Escole, Ce traitté pourra seruir aux Maistres des garçons & aux Maistresses des filles. Au reste, ie coniure tous ceux qui liront cette Preface, de considerer attentiuement l’estat present de la mauuaise education des enfans, qui est la cause de la corruption presque generale qui se voit en vous les estats ; or pour remedier à vn si grand mal, chacun auouëra qu’il n’y a point d’autre moyen que de dresser des petites Escoles, où les enfans soient esleués Chrestiennement. C’est pourquoy il seroit à souhaitter que tous Messieurs les Prelats, Chantres, Escolatres, Curés, Magistrats eussent le soin de pouruoir de bons Maistres & Maistresses d’Escole dans les lieux de leur dependance, lesquels estant bien choisis, obseruassent exactement les reiglements qui leur seroient donnés, sur lesquels Messieurs les Curés & Vicaires dans les Bourgs & Villages veillassent soigneusement : les visitant à cét effet au moins vne fois la semaine : & quant aux grandes Villes, il y faudroit establir autant d’Escoles de l’vn & l’autre sexe, en y mettant vn Maistre ou Maistresse auec chacun son ayde ; comme il en seroit besoin en chacune Paroisse, sans que les enfans d’vne Paroisse fussent obligés d’aller à l’Escole d’vne autre, composant vne Escole de cent ou six vingt enfans, s’il s’en rencontre suffisamment pour remplir ce nombre, pour y employer vn Maistre ou Maistresse auec chacun leur ayde, ou bien cinquante ou soixante, pour chacun Maistre ou Maistresse sans ayde, quand le nombre ne sera suffisant. Car il est plus à propos de faire vne Escole nombreuse auec deux Maistres, que de les multiplier, ce qui ne cause souuent que de la jalousie parmy les Maistres & Escoliers : outre qu’il est bien plus facile de trouuer vn Maistre & vn Coadjuteur, qui se forme auec le principal Maistre pour succeder, que de trouuer plusieurs Maistres formés, qui tiennent les Escoles en chef. Or afin de garder l’ordre, il seroit à propos qu’il y eut vn prefect principal, destiné de Monsieur l’Euesque (comme à Paris Monsieur le Chantre, & ailleurs en beaucoup de Cathedrales & Collegiales l’Escolastre) qui visitassent au moins tous les mois, assistés de leur Promoteur & Secretaire, les Escoles, Maistres & Escoliers, & ensuitte de chaque visite, apres auoir deuëment remarqué les defauts d’vn chacun, assemblassent tous les Maistres & Aydes en vne conference, les Maistresses & Aydes en vne autre, pour marquer & corriger les defaus & contrauentions aux reiglements ordinaires reconnus en la visite. Or pour faire eslection desdits Maistres & Maistresses, Coadjuteur ou Aydes, il seroit encore à propos, qu’ils fussent choisis par vne douzaine de personnes notables, tant Ecclesiastiques que laïques ; que celuy, ou celle qui seroit arresté, fut receu auec lettre gratis par Monsieur le Prelat, Chantre, ou autre par luy preposé à cét effet, apres serment presté, de garder fidellement le reiglement ordinaire du lieu, à peine de destitution. Il y auroit encore deux choses à prendre garde, dont la première seroit, d’empescher que les places des Maistres ne fussent iamais venduës, ny resignées, moyennant telle conuention, mais que l’on y pourueut purement & simplement sur la demission, mort, ou destiturion du dernier possesseur. La seconde est, qu’il feroit fort à propos que l’on eut égard à tous ces coureurs de Villes, tant hommes, que femmes, qui sans aucune qualité ny capacité, vont mõstrer aux enfans dans les maisons, sans necessité, d’où il arriue qu’ils ne sont iamais bien instruits, n’y employant au plus qu’vn quart-d’heure pour les enseigner, cela ne devroit estre permis que pour les ieunes gens raisõnables, & non pour les enfans qui ont besoin de demeurer vn temps notable pour estre reiglés dans les mœurs & la Doctrine. Voyla, mon cher Lecteur, les causes qui m’ont esmeu à vous presenter le fruit de dixhuit années d’experience, & attendant qu’vne meilleure plume releue ce petit ouurage en vn autre stile, ie vous prie de l’agreer auec autant de Charité, que i’ay de vous le presenter comme vostre affectionné en Nostre Seigneur, I. de B. Prestre indigne.

APPROBATION.


I’Ay leu les liures intitulés : Escole Paroissiale, ou la Methode facile pour enseigner Chrestiennement les enfans dans les Petites Escoles. Et les Instructions familieres en forme de Catechisme pour toutes les Solemnités de l’annee.    Fait ce 2. Iuillet 1654.

                          Signé,       M. GRANDIN.


Extrait du Priuilege du Roy.


LE Roy par ses Lettres de Priuilege données à Paris le 14. iour de Iuillet 1654. Signées Tessier ; Sellées du Grand Sceau, a permis à Pierre Targa, Imprimeur ordinaire de l’Archeuesché de Paris, & Libraire Iuré de l’Vniuersité, d’imprimer, vendre & distribuer les Liures intitulés l’Escole Paroissiale, ou la Methode facile peur enseigner Chrestiennement les Enfants dans les Petites Escoles : Et les Instructions familieres en forme de Catechisme pour toutes les Solemnités de l’année. Faisant defences à tous Imprimeurs, Libraires & autres, de quelque qualité & condition qu’ils soient d’imprimer lesdits Liures, en vendre ny distribuer par le Royaume, païs & terres de son obeïssance, sans le consentement dudit Targa, sur peine aux contreuenans de confiscation des exemplaires, & de trois mil liures d’amende, despens, dommages & interests : Nonobstant clameur de Haro, Chartre Normande, prise à partie & lettres à ce contraires. Comme il est plus amplement porté par l’original des presentes.

Acheué d’imprimer pour la premiere fois le
20. Aoust 1654.
Les exemplaires ont esté fournis à la Bibliotheque du
Roy, & registré an liure de la Communauté.

L’ESCOLE
PAROISSIALE,

PREMIERE PARTIE.

Cette premiere partie contient les qualités du Maistre d’Escole, le lieu & ameublement, pour la bien exercer, & ensuitte les enfans ; Et leurs qualités pour y estre receus, distribution d’Officiers pour bien gouuerner cette petite Famille Chrestienne.

CHAPITRE PREMIER.

Des qualitez du Maistre.


T ovt de mesme, que le cœur est le premier viuant & le dernier mourant en l’homme, & qu’il est le siege principal de l’ame ; ainsi le Maistre dans l’Escole deuant estre le cœur, animé de l’esprit de Dieu, qui donne la vie spirituelle à tous les membres de sa petite famille : Nous commencerons par les qualités dont il doit estre doüé, lesquelles nous partagerons par articles des trois Vertus Theologales & quatre Cardinales, concluant par l’humilité qui est le fondement de toutes : car ainsi que pour donner l’esprit de la reigle aux Nouices d’vn Ordre bien reglé, l’on choisit toûjours quelqu’vn des plus zelés, pieux, & doctes de la compagnie, de mesme pour donner l’esprit Chrestien à des enfans dans les Petites Escoles ; il faut choisir vn homme soit Ecclesiastique, soit Laïque, qui aye non seulement les Vertus Chrestiennes, & communes, mais qui les aye tellement estudiées, qu’il les sçache enseigner auec facilité à tous ceux que l’on doit mettre sous sa conduite, & par preceptes & par exemples. Non seulement il doit instruire le enfans à la vertu, mai encor toutes ses actions doiuent tellement estre compassées, qu’il soit comme vn miroir dans lequel les petits enfans se regardent, comme en vn liure viuant, où ils voyent l’exemple de ce qu’ils doiuent faire, pour estre bons Chrestiens. L’on compare ordinairement la façon d’enseigner à vn liure qui est bien long à escrire, si on veut l’auoir à la main, mai qui estant composée en vne planche d’imprimerie, on en tire tant de copies que l’on veut, & ce en vn moment. Ce sont les paralelles de l’exemple & des preceptes. Longum iter per præcepta : breue per exempla.


ARTICLE I
De la Foy dv Maistre.


L A Foy est vn don de Dieu, & vne lumiere, par laquelle nous croyons tout ce que Dieu a reuelé à son Eglise ; soit escrit ou tradition.

De la pratique de la Foy du Maistre. §. I.


LA Foy suppose vne instruction de toutes les choses necessaires, à sçauoir pour le salut. Car quomodo credent esse quem non audierunt ? dit S. Paul ; il faut donc que le Maistres soient bien instruits, non seulement dans les articles du Symbole, les sept demandes du Pater, les Commandemens de Dieu, les sept Sacremens de l’Eglise : mais mesme qu’ils les sçachent expliquer : il faut qu’il connoissent encor les mysteres des principales Festes de l’année, la Vie des Saints Patrons du Diocese, de la Paroisse, ou de la Ville : afin d’en donner vne suffisante connoissance à leurs enfans, & comme vne bonne mere nourice, ils prennent la nourriture eux mesmes, pour la faire succer à leurs petits, qui attẽdent d’eux le laict de la Doctrine Chrestienne ; quasi modo geniti infantes : comme des petit enfants nouueaux nez en Iesus-Christ, & pour cét effect ils doiuent auoir des liures propres à cela, comme le Catechisme du Diocese, celuy de Turlot, le Pedagogue Chestien dernier imprimé à Mons, ou à Rouën, in quarto, & s’il entend le Latin, Hortus Pastorum & Catechismus Romanus, le Catechisme de Bellarmin & le petit Catechisme ou Instructions des Festes de l’année luy seront tres vtiles. Ce n’est pas assez de croire, & auoir la Foy speculatiue de tous les mysteres, mais il la faut tesmoigner par les œuures, & par exemple, portant vn grand respect à toutes les choses Saintes, ne parlant, ny souffrant iamais parler qu’auec respect de nostre S. Pere le Pape, de Messieurs les Prelats de l’Eglise, de ses Ceremonies, des Prestres, & de tous les Ecclesiastiques.

De la pratique de la Foy à l’esgard des enfans. §. 2.


LE Maistre aura soin de ne souffrir aucun liure aux enfans qui ne soit Catholique, & bien approuué des Docteurs, leur recommandant souuent de ne dire iamais ou parler contre les pratiques de l’Eglise, mais en honnorer toutes les ceremonies & Commandements.

S’il a des enfans des heretiques dans son Escole, il leur tesmoignera vne grande affection, les gouuernant auec toute sorte de ciuilité & bien-veillance, pour les gagner à Iesus-Christ, & mesme à leurs parens qui les leur presenteront, ou qui les viendront visiter.

Ils ne seront pourtant receus dans l’Escole qu’à condition, 1. Qu’ils n’y apporteront aucun liure qui ne soit Catholique, 2. Pour y estre Catechisés & instruits à la Foy & Religion Catholique, Apostolique & Romaine, & 3. Pour estre menez à la Messe, Vespres, Catechisme & autres instructions qui se font en la Paroisse, comme les autres enfans de l’Escole.

Il ne doit iamais souffrir qu’ils parlent de leur huguenoterie à aucun des autres enfans, ny en particulier, ny en public ; à quoy il faut auoir vne grande circonspection : comme aussi que tous les escoliers ne hantent aucuns enfans des heretiques, de peur qu’ils ne se peruertisent : ce qui se fait aisément par ces petits tisons d’enfer : car les enfans estant encor dociles, à leur aage, comme la cire molle, sont prests à receuoir telle forme ou cachet qu’on leur voudra imprimer, & ils peuuent facilement estre induits & persuadés en leur aage à receuoir des pratiques d’heresie, lesquelles peut-estre ils ne feront paroistre d’abord, mais qu’ils garderont pour luy faire produire au temps de leur liberté leur maudit effect : dequoy nous ne voyons que trop de funestes exemples, par la licence que les parens donnent à leurs enfans, & leur en montrent mesme l’exemple, en hantant les heretiques par complaisance, simpatie, voisinage, parenté & sans necessité, qui mesme doit estre grande : à raison du peril euident, dont l’on court risque auec telles gens, qui ne peuuent este fidelles aux hommes, n’ayant pas gardé la fidelité à Dieu, laquelle ils ont protestée solemnellement en leur Baptesme. Car tout ainsi que les parents hantent les grands, les petits enfans des vns & des autres se familiarisent & se perdent l’vn auec l’autre. C’est ce que le Maistre doit recommander à ses escoliers exactement, sur tout, de ne hanter aucuns enfans heretiques, mesme parents : & en montrer l’importance à leur pere ou mere, & en cas de resistance, il leur rendra leurs enfans, de peur qu’estans gastés par leur mauuaise conduitte, ils n’endomageassent quelques-vns de son petit troupeau.

Enfin le Maistre doit auoir grand soin de bien instruire dans ses Catechismes & lectures Spirituelles ses escolliers comme nous dirons cy-apres. Voyla ce qui regarde la Foy : passons à l’Esperance.


ARTICLE II.
De l’Esperance.

De ce qui appartient à l’Esperance en general. §. I.


L a Foy nous ayant affermy en la croyance de Dieu nous donne Esperance de recourir à luy en toutes nos necessités spirituelles & corporelles en cette vie, & d’obtenir la recompense de nos bonnes œuures en l’autre, auec toute sorte de confiance. Or le Maistre doit estre muny de cette vertu principalement : car l’humilité & pauureté de sa nature luy faisant reconnoistre son petit pouuoir & d’ailleurs les grands besoins qu’il a de toutes sortes de vertus, tant pour sa propre perfection, que pour celles des enfans qu’il entreprendra d’enseigner : luy donnera confiance de recourir à Dieu, dont la puissance est infinie & qui seul luy peut donner ce dont il a besoin pour vn si saint ouurage, duquel la bonté estant vn tresor inépuisable de misericorde à l’endroit de ceux qui ont recours à luy auec reuerence & confiance d’obtenir leur necessités ; il doit conceuoir vne ferme esperance que Dieu ne luy deniera rien s’il luy demande comme il faut.

Des actes de l’Esperance en gros à l’esgard du Maistre. §. 2.


L ’Acte principal de l’Esperance, c’est la Priere laquelle doit estre familiere au Maistre, puisqu’il rencontrera mille & mille occasions de s’en seruir.

Or la Priere doit estre faicte premierement, auec humilité, qui est vne humble reconnoissance de son neant & de ses pechez & imperfections, qui le mettent au dessous de toutes les creatures. Secondement, en esprit & verité. In Spiritu & veritate oportet adorare & Pater tales quærit qui adorent eum. C’est à dire qu’il faut adorer Dieu en esprit & en verité, & le Pere Eternel cherche de personnes de telle sorte qui l’adorent ; enseignoit nostre Seigneur à la Samaritaine. Troisiesmement, il faut demander au nom de nostre Seigneur : tout ce que vous demanderés à mon Pere en mon nom, il vous le donnera, quiequid petieritis Patrem in nomine meo, dabit vobis. Quatriesmement, auec ferueur & assiduité, ne se contentant pas d’auoir demandé deux, quatre, six fois vne mesme chose à Dieu : mais il doit reïterer, & continuer comme cette Veufue de l’Euangile, qui obtint par importunité ce qu’elle demandoit à ce Iuge si méchant, qui nec Deum timebat nec homines reuerebatur, & mesme si la chose est de consequence, il doit y adjouster le jeusne & l’aumosne pour l’obtenir : l’Oraison du Iuste continuée est bien forte, dit. S. Iacques, multum valet deprecatio iusti assidua. Bona est oratio cum ieiunio & eleemosina, l’Oraison est bonne, auec le Ieusne & l’Aumosne, disoit Tobie à son fils.

Les actions de l’Esperance en particulier. §. 3.


LEs actions specialles ausquelles il doit auoir recours à l’Oraison, c’est au commencement de la leçon, demandant lumiere à Dieu pour la bien faire ce iour la, en representant à sa bonté toutes les difficultés qui s’y rencontreront, & notamment s’il a preueu y en auoir ce iour la quelqu’vne : comme quand il aura à traitter auec des parens difficiles des enfans fascheux, & incorrigibles. Il pourra encor offrir cela durant la Messe qu’il entendra, ou celebrera, durant sa priere du matin, ou d’apres midy, offrant de bon cœur toutes ces petites ames à nostre Seigneur, à leurs Anges Gardiens & aux Saints Patrons du Diocese, & du Royaume, & apres les Prieres du soir & du matin, il doit remercier Dieu en general, & en particulier, du bon succez de sa leçon, demander pardon à Dieu des defauts qu’il reconnoistra auoir commis, faisant resolution d’agir mieux à l’aduenir, en preuoyant les moyens à cet effet auec sa sainte grace.

De la priere du Maistre auant les Cathechismes. §.4.


IL doit auoir recours à Dieu deuant que de commencer ses Catechismes, taschant mesme d’aller à l’Eglise deuant le S. Sacrement, pour demander à nostre Seigneur l’effect de sa parole, qu’il anime son discours, & luy donne l’intelligence de ce qu’il a à traitter à ses enfans pour les en bien instruire, il inuoquera à Paris S. Denis comme l’Apostre de la France, qu’il luy plaise luy impetrer de Dieu vne portion de son Esprit, pour renouueller en l’Esprit de ses enfans la Doctrine qu’il a enseignée aux despens de sa propre vie. Et ailleurs le Saint Patron du Diocese.

De la pratique de l’Esperance à l’esgard des escoliers en general. §. 5.


IL aura grand soin de bien enseigner & par paroles & par exemples à prier Dieu à ses enfans, prenant garde exactement de se trouuer aux Prieres, & regarder par tout si chacun de siens est dans la posture decente, ne badine point, notamment à l’Eglise durant la Messe & les prieres publiques de l’Ecole, & notés qu’il ne faut iamais pardonner telles impietés aux enfans, leur monstrant que c’est vne espece de sacrilege que de badiner en priant Dieu, & que c’est se mocquer de luy, ce qui est le plus grand peché que l’on puisse commettre.


Des pratiques des enfans en particulier. §. 6.


IL leur recommandera souuent de faire la Priere à genoux au soir & au matin, sans manquer vn seul iour auec grand respect & reuerence, & mesme chastiera ceux dont il aura aduis qu’ils y auront manqué en ayant esté par luy aduertis, il leur enseignera à la bien faire, dans les Catechismes par des comparaisons familieres, & il aura soin de leur bien apprendre à prononcer le Pater, l’Aue, le Credo, Confiteor en Latin, & en François, & aussi le Benedicite & les Prieres de l’Exercice du Chrestien : leur monstrant puisque nous croyons qu’il y a vn Dieu, tout puissant & tout bon, qu’il le faut honorer & auoir recours à luy en toutes nos necessités, auec vne grande confiance & humilité & c’est , la veritable Esperance d’vn bon Maistre d’Escole : voyons la troisieme Vertu Theologale.



ARTICLE III.
De la Charité dv Maistre.



LA Charité et vne vertu par laquelle nous aymons Dieu sur toutes choses, & nostre prochain comme nous mesmes pour l’amour de Dieu.


Les appartenances de la Charité. §. 1.


CEtte Vertu estant la Reine de toutes les autres ; aussi doit elle regner dans le cœur du Maistre par eminence. Pour ce qui regarde Dieu : il le doit aymer en qualité de Chrestien par dessus toutes les choses créées, & en qualité de Maistre, comme il doit auoir toutes les Vertus en plus grande perfection que les autres, aussi la Charité qui est la principale, doit eclater en son ame d’auantage enuers Dieu, puisque il ne doit point entreprendre cét office pour aucun respect humain ; autrement il n’y fera rien que s’y damner auec ceux qu’il conduira, mais purement & principalement pour Dieu ; & par ce moyen il supportera facilement les difficultés qui s’y rencontreront, par le moyen des consolations qu’il receura de son Createur, qui l’a appellé à cét exercice, & qui luy fournira les moyens de s’y perfectionner & en suitte receuoir la recompense eternelle apres sa vie.


De la pratique de Charité à l’esgard du Maistre. §. 2.


LA pratique de cette Vertu consiste dan vn fidelle accomplissement de la volonté de Dieu, qui contient premierement, les Commandemens de Dieu, 2. Ceux de son Eglise, 3. Tous le Edits & Ordonnances des Superieurs Ecclesiastiques, laïques & domestiques, sçauoir de Nostre Saint Pere le Pape, de Messieurs le Euesques & Curez, les reglemens de Messieurs les Directeurs des Escoles, des Communautés, où on reside, car qui potestati resistit, Dei ordinationi resistit & damnationem sibi acquirit, quia quæ à Deo sunt ordinata sunt. C’est à dire, que celuy qui resiste aux puissances, resiste à l’ordre de Dieu & s’acquiert la damnation, parce que tout ce qui est de Dieu est selon l’Ordre. 4. enfin la volonté de Dien, consiste à s’acquitter de l’exercice de sa vacation. C’est à quoy doit bien prendre garde le Maistre, puisque sa vacation n’estant pas seulement à l’esgard des choses inanimées comme les arts & mestiers communs du siecle, mais qui contient le gouuernement, bonne education & reparation des mœurs des enfans, qui sont si precieux à Dieu, qu’il n’a pas espargné la vie de son propre Fils pour les rachepter : c’est pourquoy cela luy doit donner vn grand soin de s’y perfectionner, puisqu’il ne peut esperer de salut, s’il ne s’en acquitte selon la volonté de Dieu, voyla ce qui est proprement faire sa volonté.

De la diuision de la Charité à l’esgard du prochain en general. §. 3.


OR la Charité ayant deux faces, apres en auoir rapporté les obligations à l’esgard de Dieu, il faut specifier quelque chose à l’esgard du prochain : car il est à remarquer que Dieu nous commandant d’aimer nôtre prochain, il ne nous a point dit de l’aymer comme vn pere, comme le frere : sçachant bien qu’il y a assés de mauuais enfans & de barbares freres ; mais il a dit, tu l’aymeras comme toy mesme : car nemo carnem suam unquam odio habuit : personne ne haiț iamais sa propre chair, dit l’Apostre. De ce fondement il faut conclure, que dans les actions particulieres, le Maistre doit beaucoup supporter les infirmités de ses enfans, non pas des riches plustost que des pauures, de ses amys plustost que des autres : mais regardant ses enfans esgalement d’vn œil Chrestien, comme tous ses petits freres, enfans adoptifs de Dieu, & freres de nostre Seigneur Iesus Christ. Quand ie dis supporter, ce n’est pas qu’il ne les faille corriger auec la prudence requise dans les occasions, mais non point par caprice, par vengeance, par colere, par indignation de leurs parens, à qui ils auroient fait quelque rapport, qui seroient venu crier & faire du bruit à l’Escole, mais supporter tout cela en patience, se souuenant de ce que dit saint Pierre, non reddentes malum pro malo nec maledictum pro maledicto ne rendant point le mal pour mal, ny malediction pour malediction : vous rendant semblables en tout à celuy qui estant frappé, souffleté, n’a rien respondu, estant maudit & iniurié, l’a enduré patiemment, & mesme a rendu le bien pour le mal offrant les douleurs de sa Passion à son Pere Eternel, pour ceux mesme qui le crucifioient.

De la Charité à l’esgard des enfans. §. 4.


QV’il tasche par cette mesme Charité d’ayder les enfans grossiers doucement, taschant de les polir auec le temps, & non pas dans l’impatience : que la mesme Charité luy doit faire supporter les mescontentemens, les plaintes, les iniures des parens (qui ne se font que trop frequemment) taschant de leur répondre doucement, amiablement : sermo mollis frangit iram, la parole douce appaise la colere, dit le Sage, leur remonstrant la verité & faisant enrendre le contraire de ce qu’ils croyent, &s’ils perseuerent, il doit prier Dieu pour eux, & ne tesmoigner iamais aucun mescontentement, ny chastier leurs enfans (mesme quand ils auront failly) iusque à ce que cette bourrasque soit passé, Charitas mnia suffert, omnia suffinct, la Charité souffre tout, elle supporte tout, dit S. Paul.

De la Charité du Maistre a l’efgard de ses Confreres & des panures, §. 5.


LA Charité l’oblige à ne faire iamais tort aux autres Maiſtres : au contraire, par exemple, quand les parens présentent leurs enfans & qu’ils font des plaintes du Maustre, où l’enfant a. esté à l’Eſcole : il doit l’exculer & rejetter la faute sur l’enfant plutoft que sur le Maiſtre, il doit têteuoir les pauures auec autant de Chariré comme les riches, & encor da. uantage : les regardant & leur faisant entendre qu’ils font les membres de Dieu, pourueu qu’ils agreent leur pauureté (ce qui s’entend en tant que la commodité le puisse permettre) c’est pourquoy quand ils preſenteront leurs enfans, il les retreura auce honneur & respect, regardant la présence de nostre Seigneur en eux pluftoft que leur infirmiré puisque le même Sauueur nous a donné pour marque, de sa venuë d’euangelifer & instruire les pauures.

De la pratique de Charité à l’esgard des escoliers entre eux. §. 6.


IL entretiendra de cette verru fouuent les escohiers, leur enseignant de ne s’accuser iamais l’un l’autre, s’ils n’en ont la charge ; de n’auoir aucune eruie, saloufie haine, mauuaise volonté l’un contre l’autre : mefme s’il apperceuoit quelques escoliers se hair, il tafchera auec adresse, soit en particulier ou en public de leur faire vuider leurs petits diffèrents & les reconcilier ensemble, les faisane embrasser l’un l’autre & demander pardon à Dieu, leur monstrant combien ce vice est dangereux, & qu’il conduit en enfer la pluspart des Chrestiens, qui le gardent en leur cœur ; il leur fera aussi rendre des petits seruices à celuy de qui ils auront receu quelque tort, comme de demander pardon pour luy & s’ils demandent pardon d’eux-mesmes pour celuy qui les a offencé qu’ils en prient le Maistre il pardonnera à l’aggresseur, luy faisant faire satisfaction à la partie lesée, comme de luy demander pardon mesme à genoux, ainsi que la prudence luy dictera.

Punition des batteries mutuelles. §.7.

{{|I}}tem s’il arriuoit que quelqu’vn eust battu son compagnon, dit des injures, & que l’autre se fust reuangé, il les chastiera tous deux, & en suitte les fera reconcilier, s’il y en a vn des deux qui aye souffert d’être battu ou iniurié, il luy fera faire satisfaction par l’autre, luy demandant pourtant s’il ne luy pardonne point de bon cœur, & s’il ne voudroit pas subir la peine que son frere Chrestien va souffrir pour l’auoir offencé ; luy qui n’est qu’vn petit ver de terre, & neantmoins que Dieu commande de le punir.

De la visite mutuelle des compagnons malades. §.8.

{{|I}}tem il les doit inuiter à s’entre aller voir en leurs maladies, pourueu qu’elles ne soient point dangereuses, comme veroles, rougeolles, fiévres chaudes, pourpreuses &c, car alors ils prieront Dieu pour le malade seulement ; & le Maistre mesme n’y doit aller qu’auec tres-grande nécessité & precaution, y allant le soir & faisant vn tour apres cela pour dissiper le mauuais air qu’il pourroit auoir contracté.

De la Charité enuers les pauures. §.9.

ITem il les doit inuiter à faire l’aumofne d’vne Ipartie de leur déjeuner, ou goufſter aux pauures de l’Efcole ou aux autres : mefme si on leur donne quelque double, il les inuitera de le donner aux pauures, enfin le Maistre entretiendra cette sainte Vertu qui est l’ame du Christennisme, dans le cœur de ses enfans, leur en faisant exercer des actes fouuent dans les rencontres, affin de les efleuer en vrais Chrectiens. Enfin vn bon moyen encor de faire pratiquer cette vertu, c’est de faire en forte que quelque bon escolier qui aura bonne place, la cede à vn paresseux par amitié fraternelle pour l’exciter à bien faire.

Enfin il incitera ceux qui font parens à s’entraimer l’un l’autre, se faisant du bien & s’entrefurportant pour Dieu les infirmités les vis des autres, affin de gaigner le Ciel. Voila ce qui est des Vertus Théologales : passons maintenant aux quatres Cardinaires ou Morales, & premièrement de la Prudence.

ARTICLE IV.

DE LA PRVDENCE DV MAISTRE.

Ce que c’est que prudence. §. 1.

LA Prudence est au dire de Saint Bernard, non solum virtus, sed auriga virtutum, non seulement vne des quatre Vertus Cardinales, mais la premiere & la principalle : puisque c’est elle qui gouuerne toutes les autres : c’est cette vertu qui fait trouuer le milieu en toutes nos actions, Or s’il y a office dans lequel on ays besoin de prudence, c’est en celuy du Maistre d’Escole ; ayant à conduire tant de sorte d’esprits, qui à peine se peuuent reconnoistre, veu le bas aage où il sont, les difficultés de traiter & gouuerner les parens, & enfin en toutes les actions de cette charge, en laquelle il faut que le Maistre d’Escole soit vn fidelle & prudent seruiteur, que Dieu a constitué sur sa petite famille pour la gouuerner.

De la Prudence enuers soy-mesme §. 2.


LE premier acte de Prudence que le Maistre doit exercer, c’est de voir s’il a les vertus & qualités necessaires auant que d’entreprendre cét office ; (ie sçay bien que l’on ne peut pas estre parfait tout d’vn coup) mais il doit voir s’il y a de la disposition, s’il y est appellé de Dieu, laquelle vocation doit estre reconnuë par l’aptitude, affection & zele à vn office qui est reputé si bas parmy le monde, il doit prendre conseil sur cela de personnes prudentes, pieuses & doctes ; apres l’auoir souuent recommandé à Dieu : car s’il l’entreprend pour le gain temporel comme vn mestier pour y gaigner sa vie, c’est vn mercenaire & non pas vn Pasteur, vn loup rauissant qui vient seulement pour tirer la laine & le laict de ces petites oüailles, & non pas pour les repaistre & nourrir de l’Esprit du Chrestien, qu’il n’a pas luy mesme : & partant il ne doit attendre aucune portion en l’heritage des vrais Maistres de nostre Seigneur, mais l’heritage des hypocrites (en la diuision de son Ame d’auec le corps) qui est l’Enfer.

Il se doit contenter du possible des enfans. §. 3.


TOut ainsi que le Maistre en l’escriture doit donner vn exemple bien formé & auec perfection & se contenter de son escolier qui n’escrira qu’imparfaitement en son commencement : de mesme le Maistre d’Escole doit estre parfait en tout ce qu’il aura à enseigner à ses escoliers & se doit contenter d’vn chacun de ceux, qu’il connoistra faire leur petit pouuoir squoy qu’ils fassent peu de chose) si ce n’est qu’ils fussent tout à fait ineptes à apprendre à lire, ce qui le verra aux vns apres vn mois ou deux, aux autres apres quatre ou six, selon la peine & l’industrie qu’il y employra : & alors les ayant tenté par toute forte de voyes, il en doit actuertir leurs parens, les priant d’auoir patience & leur donner esperance, que peut estre son esprit reuiendra & qu’il ayent pour agreable de le reprendre, iusques à quelque temps ; car bien souuent ils s’en prennent au Maistre en tel cas que l’enfant ne sçait rien & non à l’escolier, que si les parens estoient honnestes & gens qu’ils priassent de le garder pour l’empescher de faire mal, n’ayant rien à l’occuper, il le retiendra encor vn peu : & s’il est tout à fait inepte à l’estude, il luy apprendra les principes de la Foy & le r’enuoyra de peur de perdre d’auantage le temps au tour de luy.

De la science necessaire an Maistre. §. 4.

LE Maistre doit auoir non seulement les Vertus Théologales & Morales, mais il doit posseder les sciences qu’il a à enseigner en son Escole : non seulement pour s’en seruit, mais la methode facile de les enseigner à ses escoliers vtilement, comme par exemple dans les Escoles ordinaires on y doit enseigner (outre la pieté, ciuilité, bonnes mœurs) à lire, escrire, compter, jetter aux gettons & à la plume, & les principes du Latin & du Grec à ceux qui y feront propres, pour les rendre capables d’entrer en quelque bon Collège & y estre des meilleurs de leur Classe.

Du credit du Maitre. §. 5.


IL doit se mettre & conseruer en grand credit non seulement parmi ses enfans, mais encore estre estimé des parens : de sorte que ce qu’il aura dit ou fait, puisse estre de tel poids, qu’il ne puisse estre reuoqué en doute qu’il n’a eu raison de dire, ou de faire ainsi : ce qui luy doit donner vne grande prudence & discretion en toutes ses paroles & actions, notamment quand il a à conuerser & conferer auec les parens, & à enseigner ses enfans.

Du bon exemple qu’il doit donner. §. 6.


IL est la forme & le patron, sur qui ses escoliers & partant luy importe grandement en conscience d’estre assorty de beaucoup de perfections, & estre esloigné de toute forte de vices. Car les enfans prendront sur luy le ply qu’ils garderont toute leur vie, soit au bien ou au mal ; que s’ils prennẽt de luy vn bon exemple voila de grandes recompenses pour luy en semais s’ils tirent de luy quelque exemple vitieux, en voyant quelque sienne imperfection, ce sont autant de tortures & de supplices qu’il se prepare en l’autre vie.

Exemple des enfans deuenus bons ou mauuais selon les Maistre qui les ont enseignés. §. 7.


L’Experience nous apprend que les enfans retience est proposé, aussitost le mal que le bien, estans comme des tables rases qui n’ont ny connoissance ny experience : d’où vient qu’on remarque que plusieurs sont demeurés tels qu’ils ont esté esleués en leur ieunesse : l’on en voit qui estoient bien droits, & qui sont deuenus boiteux ayant demeuré auec vn Maistre boiteux : l’on en voit d’humeur douce, ayant vescu auec vn Maistre de douce humeur. L’on remarque des esprits querelleux & accariastres, parce qu’ils ont esté conduits par des Maistres qui auoient ce vice là. Saint Thomas d’Aquin, Saint Maur, Saint Placide, S. Oüen & ses freres, ayant esté esleués dés leur ieunesse par des Maistres sages prudents & vertueux, sont paruenus à vne grande Saincteté : au contraire Iulien l’Apostat ayant esté enseigné par vn Maistre idolatre, nourrit en son cœur cette perfidie, & quoy qu’il eust plusieurs Vertus Morales & en apparence Chrestiennes, auant qu’il fust Empereur ; neantmoins estant deuenu libre de ses actions, il descouurit le masque de son impieté, & se manifesta idolatre, & vn des plus cruels persecuteurs de l’Eglise de Iesus-Christ. Alexandre le Grand qui a subiugué toute la terre à son Empire, n’a pas peu s’exempter des vices qu’il auoit apris de son Maistre Leonides. Voyla le bien & le mal que peuuent causer les mauuais Maistres à l’endroit des enfans.

Exactitude à son deuoir. §. 8.


LA prudence du Maistre consiste à estre exact à se contenir en son deuoir, il doit estre doux & graue aux enfans, non comme vne mauuaise mere les gastant en les flattant ; mais comme vn pere raisonnable se gardant bien de familiariser auec ses escoliers, qui le puisse faire mespriser : s’abstenant sur toutes choses de les baisotter, mignarder ou faire autres choses semblables, & ce pour plusieurs bonnes raisons : il doit auoir la patience pour supporter leurs deffauts, la prudence de les conduire & la methode pour les instruire vtilement. Ce n’est pas pourtant que cette regle soit absolument necessaire & generalle, car quand on voit de bons escoliers, on peut quelquefois leur tesmoigner quelque petite bien-veillance de la veuë ou de parolle, d’amitié pour les encourager dauantage à bien faire, en particulier & rarement en public, de peur de ialousie, & notamment aux plus petits pour les attirer doucement.

Qu’il rende respectueux ses enfans. §. 9.


IL doit faire en forte par sa prudence qu’il puisse endroit, & qu’ils puissent auoir vne bonne volonté de bien faire profit de ses instructions, & mefme à tous ceux desquels il se seruira pour les instruire.

Qu’il lise son Reglement. §. 10.


IL doit sçauoir son Reglement sur le doigt pour le bien pratiquer en temps & lieu : c’est pourquoy il le doit lire souuent, comme tous les deux mois, & notamment toutes les sepmaines l’agenda, que nous auons mis à la fin, à ce qu’il ne puisse obmettre aucune des petites pratiques & obseruations ordonnées en iceluy, pour le profit des enfans tant au Spirituel qu’au temporel, il y aura aussi recours dans les occasions où il doutera de quelque chose par le moyen de la table.

De la connoissance du naturel des enfans. §. 11.


CE qui seruira beaucoup à la conduite des enfans, c’est que la prudence du Maistre doit se monstrer à bien reconnoistre leur naturel : à quoy seruiront les conferences qu’il aura auec leurs parens, quand ils seront presents, comme nous dirons cy-apres : à cét effect il obseruera soigneusement les nouueaux receus à l’Escole pour reconnoistre quel est leur naturel, s’ils sont d’humeur douce & tranquille : ce qu’il reconnoistra à la première correction, qu’il leur fera : s’ils s’humilient & apprehendent le foüer, ou ferule &c. s’ils se rebutent en se réuanchant, s’ils grondent ne voulant obeïr, il les domptera doucement pour le commencement, & notamment s’ils ont esté endurcis au fouet, ou aux coups par leurs parens, ouMaiſtre d’Efcole precedent : & alors il trauaillera auec grand soin à les corriger, tafchant de les gaigner s’il peut par amitié, caresses, promesses ; que s’ils font orgueilleux, il les faut punir par quelque contusion, taschant de les conuaincre toûjours de leur faute, auant que d’en venir à ce remede, parce qu’alors s’ils s’humilient, on leur pourra pardonner pour la 1. & 2. fois, mais non pas toujours, de peur qu’ils n’en abusent. Voila à peu prés quelques pratiques de Prudence. Nous en dirons dauantage en parlant des autres Vertus. Mais à present parlons de la Temperance seconde Vertu Cardinale.

ARTICLE V.

DE LA TEMPERANCE.

De sa definition & diuision. §. 1.


LA est vertu qui modere, tous les appetits sensitifs de l’homme, & fait voir sa difference naturelle & essentielle d’auec les bestes, Dieu luy ayant donné la raison pour cet effet. Or comme les appetits ont esté bien déreglés, par la rebellion d’Adam enuers Dien, Iesus-Christ nous a donné en nostre Baptesme la grace qu’il nous a acquise par son sang, pour moderer les mauuaises inclinations de nostre nature corrompuë.

Les especes de la Temperance, sont trois principales : à sçauoir, la Sobrieté qui modere l’appetit du boire & du manger, car l’homme naturellement ayant vn grand soin de conseruer son indiuidu en soy mesme, pourroit exceder au trop manger & boire, par la gourmandise & iurognerie, ou trop peu par vn ieusne inconsideré & indiscret : c’est pourquoy le Maistre doit auoir grand esgard à cette affaire, car vn homme qui est addonné à l’excés du boire & du manger, outre qu’il decherra de sa bonne reputation deuant les hommes, outre cela, dis-ie, il donnera vn tres mauuais exemple à ses enfans & s’emportera à des actions de rage, de colere, d’impatience, scandaleuses & dommageables à l’endroit de sa famille, & enfin se fera chasser & deposseder honteusement de son office, deuenant infame dans le lieu où il fera, & qui pis est, il se damnera en damnant les autres : & outre qu’il est incapable de rien enseigner aux enfans : car s’il y a vice qui oste la présence de l’esprit & rende vne personne inconsiderée & imprudente, stupide & hebetée ; c’est l’iurognerie & la gourmandise.

De la Prudence du Maistre, à aller boire ou manger en ville. §. 2.


S’Il est inuité souuent d’aller boire ou manger en ville, il doit remercier & s’excuser honnestement & n’y aller que le moins qu’il pourra : notamment s’il est Ecclesiastique, car quand on va si souuent en ville boire & manger ; cela fait mes-estimer : outre que contractant familiarité insensiblement auec les parens & les enfans, ils en deuiennent plus hardis, moins respectueux & se departent petit à petit de leur deuoir. Ie sçay bien qu’il ne faut pas absolument toûjours refuser : mais au moins y aller rarement & ce auec ces conditions : 1. Quand il preuoira qu’il y aura du fruict à faire en ces rencontres pour les parens & leurs enfans, il ne se c’est pourquoy doit iamais trouuer aux grandes assemblées de banquets, de nopces &c. 2. à la charge que l’on ne luy donnera que ordinaire & point de superfluité. 3. qu’il y soit libre de boire & manger tant & si peu, qu’il voudra, taschant que cette visite & entretien seruent pour vne plus grande connoissance des meurs de l’enfant, de sa conduite à la maison & des moyens que ses parens gardent pour le bien esleuer.

Il doit dissuader & retirer en cas de besoin les enfans de la gourmandise. §. 3.


L’Excés du boire & du manger est non seulement dommageable aux maistres, mais encor plus aux enfans, à quoy le Maistre taschera de remedier les considerant durant leur déjeuner & gouter, & leur recommandant de manger seulement pour la necessité : les enfans de Paris mangent ordinairement beaucoup de pain, à quoy il doit prendre garde, parce que cette nourriture leur abestit l’esprit & les rend ineptes bien souuent à l’aage de neuf a dix ans à apprendre : outre que, comme disent les Medecins, Omnis repletio mala ; panis verò pessima. Toute repletion est mauuaise, mais particulierement celle du pain est tres dommageable à l’estomach. Ils sont de plus friands & delicats : c’est pourquoy il doit recommander aux parens de leur donner leur déjeuner pour le manger à l’Escole, & non à la maison, & du pain seul, & en suitte attendre le disner ; puis gouster à l’Escole, & non pas à la maison : en suitte souper modestement & mediocrement.

Il faut les faire ieusner quelquefois par penitence de quelque faute, leur ostant leur déjeuner pour le leur rendre apres l’Escolle. Il leur faut dessendre estroitement de ne rien prendre à la maiſon pour friander, sinon se qui leur fera donné, & leur enjoindre d’y manger modestement, & non point deuorer comme les pourceaux. Il peut & doit leur recommander le sensue, notamment aux veilles des Festes principales de l’année, les ieurs de leur Baptelme & Confirmation, & quelquefois durant le Carelme, à quoy neantmoins il ne les obligera iamais par contrainte, mais il les y inuitera par douceur & persuasion, leur monstrant le merite du sensue par les exemples des plus grands Saints qui ont esté les plus sobres ; comme S. lean Baptiſte S. Nicolas, S. Antoine, & vne infinité d’autres.

De la Chasteté 2. espece de Temperance. §. 4.


LA 2. espèce de Temperance, c’ect la chasteté) qui regarde le toucher : car comme l’homme a vn desir violent de continuer son espece, il faut vne vertu pour le moderer, que l’on nomme la chasteté, & c’est vne Vertu Angelique, qui consiste à se tenir & mortifier tous les sens exterieurs, comme la veuë en la destournant de tous objets dangereux & des personnes de l’autre sexe mesme des peintures, tableaux prophanes, statues nuës, car les yeux font les fenestres de l’ame, par lesquelles la mort fait son entrée.Mors intrat per fenestras. La mort entre par les fenestres : & le bon & le mauuais object qui esmeut la puissance ; obiectum monet potentiam.. le toucher des mains ou du visage des enfans est grandement contraire à cette vertu ; c’est pourquoy vn grand & Saint Personnage de ce siècle le Père de Matincourt, qui a prispeine de faire vn institut de Religieux & de Religieuses pour exercer les fonctions des petites Escoles en l’un & l’autre sexe, estoit si circonspect en cecy, qu’il reprit vn ieur aigrement vn de ses freres, qui touchoit la main d’vn enfant à qui il faisoit dire sa leçon, pour luy monstrer ses lettres. De deffendre roy le meslange des garcons auec les filles, tant aux Maistres qu’aux Maiftreffes, apres tant de dessences de Monſeigneur l’Archeuesque de Paris, de Monsieur le Chantre, Directeur & Collateur des petites Escoles, ce seroit vne chose ridicule & superfluë ; car ie croy, que ceux qui voudront entreprendre de faire cét exercice dans l’esprit de Dieu, n’y penseront pas seulument, & il n’y a que les mercenaires, qui en vlent ainsi ordinairement. Quelques excuses que l’on puisse apporter pour se purger de ces reproches ; le danger en est trop grand & pour les Maistres & les Maipour strefles engagées à monstrer aux enfans, pour les enfans mesmes à cause de la conuersation familiere que peuuent auoir leş Escoliers & les Escolieres messes ensemble en forte qu’à moins que d’estre aueuglé de la passion de gagner, & de la crainte de perdre, celle & telle chalandise, il faut estre stupide ou malicieux pour l’entreprendre, & negliger entieremét son salut : & non seulement le sien ; mais aussi celuy d’vn grand nombre d’enfans, à qui telles conuersations dans les Escoles, font des precipices, plustost que des moyens pour se sauuer. se n’aduance rien sans estre bien informé & par exemple & par experience de ces verités.

Des moyens de conseruer la chasteté du Maistre & des enfans. §. 5.


LE Maitre pour conseruer sa pureté, doit auoir vn grand esgard à ne parler iamais seul à seul, en lieu secret, auec fille ou femme, quoy que sous pretexte de pieté ou necessité : mais s’il est necessaire, que ce soit, 1. Dans vn lieu d’où on le puisse voir.2. Qu’il s’escarte de la personne à qui il parlera de deux ou trois pas, & qu’il ne la regarde iamais en veue, ny permette qu’elle luy touche les mains pour faire quelques gestes, 4. Qu’il parle & s’entretienne le moins de temps que la necessité le pourra permettre auec des femmes ou filles. Si saint Paul a crié misericorde, tout Sainct qu’il estoit, contre les tentations de ce peché : si Loth s’est prophané auec ses propres filles. Si saint Martinian est tombé dans la volonté du peché dans le desert ; il ne faut pas se fier à ses propres forces. En cecy j’entends aussi bien parler aux Ecclesiastiques, qu’aux mariés, qui doiuent viure auec leurs femmes, comme s’ils n’en auoient point, dit saint Paul.

Le Maistre aura vn grand soin, de ne parler iamais des vices contraires à cette Vertu en presence des enfans, si ce n’est en general ; de peur de leur apprendre ce qu’ils ne sçauroient pas encore, il pourra neantmoins & doit leur deffendre exactement, 1. De ne iamais faire leur vrine deuant les autres, de ne coucher iamais auec leur sœur (& é contra, si c’est vne Maistresse) ny mesme auec leur pere & mere si ce n’est en cas de grandissime necessité ; auquel cas il enjoindra aux parens de les coucher aux pieds de leur lict, en telle sorte qu’ils ne puissent iamais apperceuoir, ny se douter de ce qui n’est permis qu’aux mariés : que si les parens ne vouloient oster leurs enfans de coucher auec leurs seruantes, leurs sœurs ou eux mesmes, le Maistre en ce cas apres leur en auoir remonstré l’importance, les renuoyera sans differer.

Il prendra garde à ceux qui mettent leurs mains dans leurs chausses, car il y en a qui commettent quelquefois des impuretés à l’Escole, ou en la compagnie des autres, ce qu’arriuant il doit examiner le fait en particulier & en cas que le coupable l’aduouë, il luy imposera vne penitence secrette, l’enuoyra à confesse, & le recommandera au Confesseur, taschant de voir la source de son peché, pour le retirer des occasions qui l’y ont porté, & le messe en la voye de salut ; l’enuoyant à confesse de temps en temps & ce à vn mesme Confesseur. Mais si le coupable de ce crime ne veut s’amender, il en aduertira les parens, puis le r’enuoyra & le mettra dehors, s’ils n’y donnent bon ordre, de peur qu’il ne gaste les autres. C’est pourquoy mesme ils ne doiuent iamais aller aux lieux deux ensemble. Et on leur doit encharger de ne iamais se descouurir ny se monstrer à nud deuant leurs seruantes ou sœurs, & encor moins de s’amuser à ioüer dans le lict auec leurs freres, ou domestiques, auec qui ils coucheroient. Le peril est encor à craindre quand ils couchent auec des seruiteurs : surquoy il les interrogera adroittement pour y donner ordre.

Il doit leur deffendre de iamais ioüer auec les petites filles, encor que ce fussent leurs sœurs, & le plustost qu’ils pourront s’habiller tous seuls, il leur recommandera de ne point se laisser habiller, attiffer, ajuster par leur seruantes ny leurs sœurs, ny se laisser jamais baiser : toutes ces actions estant tres-dangereuses.

Le Maistre se doit recommander à la saincte Vierge & à S. Ioseph, luy & toute sa petite famille, pour obtenir de Dieu, cette vertu Angelique, disant à la fin de toutes les prieres qui se font en l’Escole Iesus, Maria, Ioseph succurrite nobis, à cette intention.

De la Modestie troisiesme espece. §. 6.


LA troisiesme espece de la Temperance, c’est la Modestie, qui est vne Vertu qui regle nos actions & nos paroles. Elle est tres necessaire à vn Maistre d’Escole, qui doit estre comme l’original & le modele sur lequel se doiuent former tant de petites copies.

Or donc cette Vertu tempere les actions qui regardent la veuë, l’ouyë, & le toucher. C’est pourquoy le Maistre doit estre grandement circonspect à ne point auoir vne veuë esgarée, mais modeste : de ne point roüiller les yeux & faire des gestes de à l’encontre de ses enfans : ne les iamais frapper de son chapeau, ou bonnet, mais seulement auec la verge, la ferule, ou baguette sur les doigts & iamais sur la teste.

Il ne doit point tenir les pieds courbés, ou faire des gestes ridicules ; mais tout son maintien & ses habits doiuent tellement estre reglés, qu’il n’y ait rien qui soit contre la modestie Chrestienne, & encor d’auantage, s’il est Ecclesiastique ; parce que la Modestie doit seruir à cette profession, comme de marque extérieure, pour distinguer ceux quien sont honorés, d’entre les Laïques, qui sont quasi vestus de mesme façon que les Prestres. D’où vient qu’il est mesme indecent à vn Maistre d’Escole en cor qu’il soit Laïque, d’estre ajusté, poudré, gauffré & mesme d’estre habillé, tant en la forme qu’en la matiere, de vestemens qui soient au dessus de sa condition ; mais il est bien plus à propos que ses habits soient mefme plus mediocres que ceux qu’il pourroit porter sans blasme & sans scandale : se souuenant qu’il exerce vne fonction Ecclésiastique, & qu’il se doit comporter modestement en ces choses exterieures pour estre plus libre de reprendre les abus qui se trouuerroient en ses enfans. Il doit de plus estre fort retenu en ses paroles, ne proferant iamais aucune raillerie, iniure ou bouffonnerie deuant ses Escoliers.

Modestie des enfans aux habits. §. 7.


QVant aux enfans, il doit extremément leur recommander cette modestie dans leurs habits, où la vanité regne d’auantage, par où on leur accoustume à renoncer à la promesse & à l’esprit du Baptesme, & s’entretenir dans l’orguëil & la vanité qui sont vices opposés entierement à l’esprit d’vn Chrestien.

C’est pourquoy il blasmera prudemment en general & en particulier tant de galants, de plumes, de frisures & de poudres sur les cheueux, taschant de leur donner du dégoust de ces choses, affin que ses enfans en quittent l’affection : à quoy ils se portent facilement à l’exemple de leurs parens, notamment à Paris & autres Villes tant grandes que petites. Il se pourra seruir de l’exemple de nostre Seigneur à cét effect, de ceux des Saints & Saintes, comme de la Sainte Vierge, Saint Ioseph, Saint Jean Baptiste, les plus grands de Paradis, & de tant de Saincts Religieux qui ont abhorré toutes ces vanités ; estant chose indigne de faire gloire des marques de nostre peché.

Modestie des enfans à l’Escole. §. 8.


IL fera garder la Modestie aux enfans en leur faisant obseruer exactement le silence en l’Escole, notamment durant la leçon : ne permettant iamais qu’ils fassent du bruict, soit parlant haut, en estudiant leur leçon, soit en causant ensemble, ny mesme que d’autres personnes luy parlent en l’Escole, sinon en cas de necessité, ny auec luy mesme, ny auec les Escoliers : de peur que par ce moyen il ne soit destourné de l’attention & obligation qu’il a d’enseigner ses enfans.

Il pourra honnestement s’excuser enuers les personnes qui le viendront voir durant la leçon, les remettant à vn autre temps : ou bien s’il y a peu de choses à dire, il aura soin de se dépecher, & se remettre en suitte à son office : car il est bien difficile aux enfans de faire leur deuoir, quand le Maistre ne fait pas le sien luy mesme. Pour faire garder ce silence & modestie, il employra tous les moyens necessaires & conuenables : d’autant plus que c’est vne des choses des plus importantes, pour le bon gouuernement de l’Escole, pour la conseruation du Maistre, & pour l’auancement de tous ses Escoliers. Et pour y paruenir, il se pourra seruir de deux moyens principaux.

Le premier, ce sera de faire garder vne grande modestie aux Escoliers, depuis qu’ils seront entrés dans l’Escole, mesme en son absence, donnant ordre à ses obseruateurs de marquer exactement ceux qui causeront, badineront & feront des postures extrauagãtes en l’Escole, en quelque temps que ce soit. Il pourra permettre qu’ils puissent parler d’vn ton de voix mediocre, pour faire reciter leurs gens en son absence, ou bien demander l’vn à l’autre pour leurs necessités, sans sortir de leur place, sinon pour faire leur deuoir : mais ne iamais courir, ioüer, ou sauter dans l’Escole, mesme les iours de congé, en sorte que ces fautes soient chastiées exemplairement.

Le second moyen, est de mettre durant la leçon à chaque coin, vn des plus modestes de ses Escoliers, pour obseruer ceux qui causerent, en sorte qu’ils les nomment tout hault : & à mesme temps les faire mettre à genoux au milieu de l’Escole, puis ayant examiné leur faute les chastier ou les r’enuoyer à leur place.

Modestie des enfans en la maison & en la ruë. §. 9.


IL donnera ordre que les escoliers sortent modestement tant pour aller à la rue, qu’à l’Eglise. Cet pourquoy ils se garderont bien de faire aucune chose indecente dans les montées, dans la cour, ou dans la rue : comme de frapper, ou pousser les autres, crier, tempester, courir : mais qu’ils s’en retournent en leurs maisons tout droict, sans s’affecter, ny badiner en chemin, saluants honestement tous les honestes gens, qu’ils r’encontreront de connoissance, faisant voir par cette modestie exterieure, tant dans la rue que dans leurs maisons, le profit qu’ils font en l’Escole.

Pour celle qu’ils doiuent obseruer en l’Eglise, nous en parlerons dans le titre de la Pieté ; suffit de dire icy qu’ils n’y doiuent jamais parler, pour quelque cause que ce fait, mais qu’ils s’y doiuent comporter auec tout le respect & la reuerence deuë à vn lieu si Sainct, comme la Saincte Eglise : dequoy le Maitre leur monstrera vn tres fidel exemple, & à quoy il tiendra la main tres exacte, en chastiant rigoureusement les prophanateurs de la Saincte maison de Dieu.

Voila la Vertu & les pratiques de la Temperance, voyons maintenant la Force.

ARTICLE VI.

DE LA FORCE DV MAISTRE.

La definition. §. I.


LA Force est vne Vertu qui consiste à ne rien craindre que Dieu, & le peché : & supporter courageusement toutes les actuersités & prosperités du monde. Cette Vertu consiste à auoir les passions mortifiées, & à ne rien craindre : de telle façon qu’on ne se fafche de rien, & que l’on ne desire rien qui ne soit honeste, Cette Vertu doit estre bien familiere à vn Maistre d’Escole, qui entreprend auec la grace de Dieu, la conduite si difficile de la ieunesse, où il se rencontre tant de mescontentement, & quafi jamais de satisfaction, ny de la part des parens, ny de celle des enfans.

Or comme cette Vertu a quatre especes, nous les marquerons chacune en particulier, auec leur pratique, & leurs deffauts.

De la Magnanimité, premiere espece de la Vertu & la Force. §. 2.


LA première espèce c’est la Magnanimité, qui de grande consequence auec courage & auec ardeur. S’il y a chose d’importance au regime du Christianisme (comme nous auons monstré en la preface de cét œuure) c’est le bon gouvernement des petites Escoles : il faut vn grand courage pour s’ingerer & faire son dévoir en cette charge, non pas à l’estourdy comme beaucoup font ; mais auec l’intention & les talents necessaires & requis pour s’acquitter dignement d’vn employ si saint & si vtile, & qui est d’ailleurs si difficile, si rauallé, & si mesprisé de la plus grande partie du monde, mais neantmoins fort releué deuant Dieu, & les gens de bien.

De la Confiance, seconde espece. §. 3.


LA seconde espèce de la Force, seruira à fortifier que celuy qui se reconnoistra comme dit nostre Seigneur, vn seruiteur inutile, entreprendra neantmoins pour Dieu cét exercice, non pas en confiant en ses propres forces, & qu’il en viendra bien about tout seul : mais bien, auec l’ayde & assistance de Dieu, qui ne manque jamais à ceux qui estant appellés & inspirés à vn exercice, l’entreprennent premièrement pour lui : Prope est Dominus omnibus inuocantibus illum in ius jitia veritate. Il est proche de tous ceux qui le reclament en instice & en verité. Car c’est beaucoup dans ce siècle d’orgueil, de présomption, & d’hypocrisie où nous sommes, à vn homme de bien & à vn bon Ecclésiastique (qui d’ailleurs peut auoir des employs plus releués) de se présenter à vouloir faire les petites Escoles. C’est pourquoy taschant de s’instruire de la bonne methode pour en venir à bout, il peut sans difficulté l’entreprendre : & auec l’ayde de Dieu sans doute il y reüssira, Deus superbis resistit : humilibus ausem dat gratiam. Dieu resiste aux superbes, il donne grace aux humbles.

De la Patience en general, troisiesme espece. §.4.


LA troisiesme espece de la Force, c’est la Patience qui consiste à souffrir courageusement & volontairement pour Dieu, les affrons, les iniures & les autres difficultés. S’il y a Vertu necessaire à vn Maistre d’Escole, c’est celle-cy : car veritablement il en a besoin à toute heure, & à tout moment tantost tantost du costé des parens ; les vns qui viendront se plaindre de ce que leurs enfans n’apprennent rien (encor que le Maistre fasse tout son possible pour leur monstrer) neantmoins eux qui n’ont que leur passion en teste, & bien souuent aucune raison, picquent vn pauure Maistre (qu’ils dévroient honorer) iusques au vif. Il faut les escouter patiemment, les contenter, leur monstrer le deffaut, qui vient toûjours ou de la lourdise, tardiueté ou de la paresse de l’enfant, & leur promettre encor vn plus grand soin & vigilance : si pourtant telles personnes ne pouuoient se satisfaire apres que l’on aura fait ce qu’on aura peu, il faut leur rendre leur enfant, leur disant qu’il pourra peut estre mieux faire ailleurs, & ce auec tranquilité d’esprit : esleuant son cœur vers le Crucifix à cét effect. Il aura d’autres plus rudes secousses, quand les parens, soubs ombre de quelque chastiment qu’on aura fait à leurs enfans, soit qu’il y paroisse ou non, viendront chanter injures au Maistre, ou bien en diront pire que pendre en derriere ; il faut aualler tout cela doux comme miel, comme cét Agneau de bonté & de douceur, qui se laissa mener par les perfides Iuifs à la boucherie, sans ouurir la bouche : sinon pour prier pour eux : en quoy le Maistre le doit imiter. Toutefois si telles personnes estoient de si mauuaise humeur, & tellement amoureux de leurs enfans, qu’ils fissent deux ou trois fois tels scandales, il leur rendra tout doucement leurs enfans, de peur d’vn plus grand mal, & scãdale qui en pourroit arriuer : joint que les enfans en telles occasions, viennent à mespriser les Maistres & deuiennent pires.

De la Patience à l’endroit des enfans. §. 5.


LA Patience consiste encor, à supporter les deffauts des enfans & ne se mettre jamais en colere contre eux, mais les corriger auec vne grande tranquilité d’esprit, & jamais dans la colere, ny l’impatience, de peur de l’imprudence, comme nous dirons dans l’article de la lustice. Il y a quelquefois des Efcoliers qui ne feruent qu’à exercer la patience du Maistre : leş vns à cause de leur stupidité, & il les faut supporter, quand il n’y a point de malice ; les autres à raiſon de leur paresse & il les faut chattier ; les autres à raiſon de leurs mauuaises habitudes à cajoller, à badiner ; & il les faut gagner auce grande patience : & enfin les faire sortir, s’ils ne s’amendent ; les autres par malice, & il faut trauailler aupres d’eux & les chastier auec prudence & discrétion, se faiſant tour à tous, pour celuy qui s’est liuré pour nous tous. Mais la Patience. est bien nécessaire, principalement pour souffrir les reproches des pauures, qui font telles algarades, car estant d’ailleurs assés faschés & importunés de leur nécessité, croyent que quand le Maistre les fait attendre pour têteuoir leurs enfans ; ce n’est qu’à cause de leur pauureté : si l’on chastie leurs enfans est à cause qu’ils ne font pas Monsieur ou Madame : s’ils les mier déhors, les injures, opprobres, se. proches, se proclament par tout contre le Maistre. Enfin il faut faire estat de n’auoir iamais d’autre satisfaction de telles gens. Et ordinairement ils s’en vont au bout de deux ou trois ans, sans dire adieu, sinon qu’ils battent, ou sont quelques injure aux autres escoliers, en defpit du Maitre. Et pour conclusion bien souuent & quasi toûjours, tous les enfans que l’on retire de l’Escole, c’est sans dire adieu, & bien souuent sans payer ce qu’ils doiuent de reste, sinon à la viue force : & enfin les parens & les enfans se mocquent & mesprisent par tout ; & le Maistre, & l’Escole. Voyla-il pas beau sujet d’exercer cette Sainte Vertu, & cependant ce seront là les satisfactions ordinaires de l’Escole, auec toute la peine du corps & soucy d’esprit, qui est continuel pour la bien faire. Il faut donc faire bonne prouision de cette Vertu pour estre bon Maistre d’Escole.

De la Perseuerance. §. 6.


LA quatriesme partie de la Force, c’est la Perseurance, qui est vne stabilité dans le bien commencé. Cette Vertu est grandement necessaire au Maistre, car ce n’est rien de commencer à trauailler en cét œuure en general, si on vient à se descourager pour les difficultés iournalieres, qui s’y rencontrent, & qu’en suitte on quitte tout là ; ce ne seroit rien faire, mais il faut perseuerer iusques à la fin, pour obtenir la couronne : qui perseuerauerit vsque in finem hic saluus erit, celuy là sera sauué qui perseuerera iusques à la fin, dit Notre Seigneur, de mesme la perseuerance doit estre dans le particulier. Exemple : quand vn Maistre a entrepris d’enseigner vn Escolier, mais il y rencontre tant de peine, d’attention d’esprit, d’opposition, que cela luy fait perdre courage & l’esperance d’en venir à bout : il faut perseuerer, il doit surmonter toutes ces difficultés, & encourager son disciple, qui quelquefois à raison de la rigueur, de la colere, & fantaisies de son Maistre, se décourage & quitte tout . Or c’est là où le Maistre doit monstrer sa Vertu de Force, dans la perseuerance paisible du bon ouurage commencé, tant pour le corps de l’Escole, qu’au regard de quelque escolier qui sera peutestre dur d’esprit pour l’estude, ou bien inueteré dans les mauuaises mœurs, à raison des mauuaises compagnies, ou du peu d’instruction qu’il a eu par le passé. Il faut qu’vn bon Maitre ne se lasse point de l’enseigner, de luy parler, de l’instruire : iusques à tant qu’il l’aye mis dans le bon chemin de la Vertu ; ou bien dans la voyes d’apprendre quelque chose : & Dieu le recompensera de ses trauaux. Voylà ce que i’auois à dire de la Vertu de Force & de les parties : voyons à présent la Vertu de Instice.


ARTICLE VI.
De la Ivstice dv Maistre.


LA Iustice c’est rendre à vn chacun ce qui luy appartient. Il y en a de deux sortes : vne qui s’appelle distributiue, par laquelle on recompense chacun selon ses merites. Et l’autre que l’on nomme commutatiue, par laquelle on rend tant pour tant. Vous auez emprunté vn sol, il faut rendre vn sol. Quant à la Iustice distributiue, elle a six parties ; la Religion, la Pieté, la Grace, la Vengeance, l’Obseruance & la Verité.

De la Religion. §. 1.


LA Religion est vne Vertu qui nous commande de rendre à Dieu le culte que nous luy deuons : le Maistre d’Escole doit auoir cette Vertu en grande recommandation ; puisque non seulement il y doit exceller en tant que Chrestien, mais l’auoir si familiere, qu’il la puisse enseigner à ses enfans, & par ses exemples & par ses paroles. Les pratiques de ce culte sont, 1. interieures, comme l’Oraison mentale, l’adoration de cœur, les aspirations, & les offrandes qu’il doit rendre à Dieu auec ferueur ; car il doit estre vn homme d’Oraison, ayant besoin de tant de graces & de perfections, pour bien instruire ses disciples. Elles sont aussi exterieures, comme les genuflexions, les prieres du soir & du matin, l’assistance à la Sainte Messe, soit qu’il l’entende, ou qu’il y serue, ou qu’il la celebre (s’il est Prestre) assissant au seruice diuin les Festes & Dimanches ; recitant ses heures & prieres auec vne grande attention d’esprit & modestie exterieure.
2. Il doit enseigner à ses enfans à bien pratiquer cette Vertu à l’esgard de Dieu, leur recommandant de faire leurs prieres du soir, du matin, & de l’Eglise : d’assister à tout le seruice diuin, auec vn grand respect : leur enseignant que Dieu s’est reserué les iours des Festes & Dimanches, affin que nous le reconnoissions au moins en ces iours, en nous abstenant de toutes œuures seruiles & manuelles : & les employant en des actions Sainctes & de pieté Chrestienne. De plus il leur monstrera à bien seruir à la Sainte Messe ; leur disant, combien il sont indignes de faire cét office, qui appartient aux Anges & aux Clercs, & que ce n’est que par necessité qu’ils y peuuent seruir : & par consequent combien ils doiuent garder le respect & la modestie, bien faire les genuflections, adorations, inclinations & autres reuerences, se gardant bien de regarder d’vn autre costé : les aduetrissant que ceux qui seront trouués en telles fautes, ils seront chastiés de Dieu en l’autre vie tres-rigoureusement, & en l’Escole selon la grieueté de leur faute.

Des pechés contre la Religion. §. 2.


IL doit encor euiter toute forte de superstition, n’adjoustant foy ny aux songes, ny aux prestiges, qui n’ont aucun rapport auec la cause à qui on les rapporte ; & mesme il doit beaucoup des-abuser les enfans & leurs parens, melme dans les occasions de telles réueries ; leur monstrant que c’est vn tres grand peché, & que mefme il y a de certaines. maladies ou actuentures, qui arrment par forcelerie, ou magie, ou par quelque pact du diable fait il y a long-temps, ou bien c’est pour mesprifer les Saints ; comme quand ils tournent trois tours au tour du feu de saint lean par superétation, s’il croyent qu’il ne faut point fonner à midy la Veille du mefme S. de peur (difent ces pauures abufés) que les sorciers ne cueillent leurs sortireges durant ce temps, s’ils disent les tisons tirés du feu de saint Jean, conque feruent du tonnerre en les y remettant quand il tonne, & quantité d’autres pareilles sociétés inuentées par le demon. pour rernir l’honneur deu à Dieu, & à ses Saints : à quoy il doit prendre ſoigneuſement garde, pour bien obseruer cette Vertu de Religion.

De la Pieté. §. 3.


LA 2. partie de la lustice, c’eſt la Pieré, qui est amis l’amour, la renocence, & la bien-veillance que nous leur deuons. Cette vertu doit estre bien auant dans le cœur du Maistre, & il la doit pratiquer diligemment à l’endroit de ses supérieurs, tant Ecclésiastiques (comme à Noffeigneurs les Euelques) à Messieurs les Curés & Prestres. Commeauffi aux Laïques, à fçauoir, au Roy, en parlant auec respect de sa personne, aux luges Politiques, Magistrats, Gouuerneurs des Prouinces & des Villes ; & notamment à ses père & mère.

Il la doit extremément recommander aux enfans, s’enquerant de temps en del honneur, amour temps, & obeissance qu’ils portent à leurs Pere & Mere, Oncles & Tantes, Tuteurs & Tutriçes ; Pareins & Mareines, ne leur souffrant iamais les del-obeïflances & murmures, comme de parler à eux sans les saluer, mais auec respect : c’est ce que le saint Concile de Trente recommande aux Maistres d’enseigner aux enfans entre autres choses, dans leurs Catechismes, c’est pourquoy le Maistre chaftiera exemplairement ceux qui seront accusés & conuaincus de telles fautes ; & mefme les enuoyra auec vn de ses plus fideles, demander pardon à genoux à la personne offencée, si c’est vn de se parens : comme aussi il doit les porter à reuerer, obeïr & honorer les Ecclésiastiques, leurs Confesseurs : & Messieurs les Curés, specialement de prier Dieu pour eux, en reconnoissance de la peine qu’ils ont pour leur salut. Il ne doit encor iamais permettre qu’ils parlent qu’auec respect de leurs anciens Maiſtres d’ifcole, les chaftier s’ils font autrement, comme d’vn vice d’ingratitude, mefme les enuoyer demander pardon, s’ils leurs auoient dit ou fait quelque injure. Il ne doit iamais souffrir qu’ils parlent mal, ou racontent ce qu’ils auront entendu dire, contre le Roy, la Reine, les Princes & autres Potentats de l’Eſtat : mais il les reprendra aigrement, mefme les chaftiera si la faute a cfté dicte malicieusemét & auec mespris, leur remonstrant, combien il faut honorer ceux que Dieu a ordonnés pour nous conduire, encor mefme qu’ils fussent meschans, & qu’ils abufassent de la puissance que Dieu leurs a donnée sur nous, & qu’il ne faut pas croire tout cela, mais qu’il faut prier Dieu pour eux, qu’il luy plaise leur donner vn bon Conseil. Voyla en gros ce que contient la Pieté.

De la grace & reconnoissance. §. 4.


LA 3. partie de la Iustice, c’est la grace & reconoissance des bien-faits receus. C’est à quoy le Maistre doit auoir grandement esgard, semerciant pour cét effect ceux qui luy feront du bien, tant spirituel que corporel, ce qui doit paroistre quand les Escholiers luy apporteront quelque petit présent ; se contentant autant du petit comme du grand, prenant d’aussi bon cœur le petit que le pauure luy donne, comme le grand que riche luy offre.

Il doit pareillement enseigner à ses enfans de se.. connoistre ceux qui leur donnent, & de ne iamais prendre rien de la main de leurs parens ou d’autres personnes, sinon en bassant la main, & faiſant la renocence, ce qu’il leur doit faire pratiquer en son endroit, quand il leur donne quelque présent ou qu’ils reçoiuent quelque chose de la main pour le porter ou donner à d’autre ; leur disant que la grace est vne Vertu de bien— séance & mefme d’obligation Chreſtienne, notamment aux enfans qui n’ont rien à eux, & qui reçoiuent tout ce qu’ils ont besoin.

De la vindication. §. 5.


LA 4. partie de la Iustice, c’est la vindication, par les moyens moderés d’vne peine, proportionnée à la faute com. mise. En ce point le Maitre doit estre exact à chastier prudemment en temps & lieu, les fautes de ses Efcoliers, & moderé aux chastiemens & corre- Aions qu’il leur fera. Il ne les frappera iamais par la teste ny auec les verges, ny auec les mains, mosme ne leur tirera les oreilles ou le nés, ou les iouës, pour éuiter de grands inconueniens qui en peuuent arriuer. Il ne se laissera aussi emporter pour quoy que ce soit à la colere, de peur que cela puisse causer de l’excés au chastiment, & ne se seruira iamais contre eux de paroles aspres, en les tutoyant ou frappant & injuriant les enfans sans raison & sans consideration.

Maniere de corriger les enfans. §. 6.


LOrs que pour quelque faute il chastiera vn enfant dans l’Escole publiquement, & exemplairement, il declarera auec la prudence & circonspection conuenable, la cause de ce chastiment : afin que d’vne part tous les autres voyent la justice & correction, que l’on exige pour la faute de leur compagnon, & d’autre part que cela leur donne vne crainte de tomber dans la mesme faute, de peur de subir semblables peines ; se gardant bien toutefois de reueler aucunement les larcins, impuretés & autres pechés qui scandalisent l’enfant : sinon que telles fautes fussent dé-jà cogneuës.

Chastiment des nouueaux. §. 7.


LEs nouueaux seront plus doucement chastiés au commencement, afin de reconnoistre plus facilement leur naturel : principalement s’ils sont durs ou tendres au chastiment ; afin que s’il s’apperçoit qu’ils soient durs au foüet, il les punisse vne autre fois d’vne autre peine, qui les puisse détourner du vice & porter à la Vertu, & à la diligence. Ceux au contraire, qu’il connoistra tendres à la correction, il pourra vser des punitions suiuantes au lieu du foüet ; comme 1. leur faire quelque confusion ou vergogne en particulier ou en en public. 2. leur faire perdre leur place. 5. les faire mettre à genoux & les y faire tenir vn temps notable, au milieu de l’Escole, ou debout sur vn banc, teste descouuerte. 4. les faire conduire en la place de l’asne. 5. leur faire attacher l’asne au col, & autres instrumens d’asnerie, les faisant mocquer par les autres &c. Pour ceux qui sont si durs & d’vn si mauuais naturel, que ne se souciant point des verges, ils ne pleurent point du tout, ou plustost il ne paroist aucune larme sortir de leurs yeux, ny durant, ny apres, ny deuant le chastiment : il faut les chastier vn peu plus fort auec des verges neuues & vertes, mais toutefois sans extremité, crainte qu’ils ne s’endurcissent aux coups, & ne deuiennent enfin incorrigibles, & mesme il faudroit rechercher tels enfans tantost par amour, tantost par crainte, les emprisonnant, les faire iensner pour les esmouuoir au bien, plustost que de les rudoyer dauantage. Et en cas que tout cela ne seruist de rien, apres les auoir recommandés à Dieu instamment, leur auoir parlé en particulier pour voir s’il n’y a point quelque peché caché, qui les retient dans ce mauuais chemin (auquel cas il les doit faire confesser) & enfin tout cela n’operant pas, il en doit aduertir les parens d’y donner ordre, & enfin leur rendre, en cas qu’ils ny apportassent les remedes necessaires.

La maniere à garder pour la correction en detail. §. 8.


LE Maistre pour chastier les enfans soit du foüet ou d’autre façon, il doit 1. examiner le fait dont ils sont accusés & ne croire iamais de leger, mesme aux parens des enfans, qui bien souuent animés de passion plustost que de iustice, sont des plaintes de leurs enfans au Maistre, ausquels il doit respondre en ce cas, que l’on en fera iustice, puis examiner le fait diligemment, & rendre la iustice, ou en punissant, ou en pardonnant : leur donnant neantmoins toûjours à entendre, qu’ils ont le tort & non iamais leurs parens, de peur qu’ils ne conçoivent, vne haine contre leurs parens & contre leur Maistre, pour ces fausses accusations.
2. Il faut leur faire reconnoisse & auoüer leur faute, & mesme (s’il y auoit moyen) leur faire auoüer qu’ils meritent correction, car le plus grand mal qui puisse arriuer à vn Escolier, & au Maistre, c’est de chastier vn enfant sans raison, ce qu’ils retiennent toute leur vie & n’en font aucun profit.
3. Il les faut empescher de crier durant, ou auant, ou apres le chastiment, les faire détacher, ou trousser & tenir eux mesmes, & s’ils crient, ou diffèrent à se détacher, ou trousser : il les faut chastier dauantage, & alors ils en seront plus souples. Que si quelqu’vn refusoit au Maitre quand il le veut corriger & qu’il demeurast obstiné ; il luy faut laisser refroidir le feu de sa colere, ne faisant pas semblant de rien : puis vne heure ou vne leçon apres, on luy doit faire entendre sa faute, & le chastier exemplairement devant tous les autres, & puis luy faire demander pardon à genoux à Dieu, au Maistre, & à tous les Escoliers qu’il a scandalizés, & en suitte, pour toutes les fautes quoy que petites qu’il fera, il le faut faire détacher & humilier, pour abaisser ce courage durant 15. iours : auquel cas il ne faut pas les faire tenir par aucun des Escoliers, de peur de querelle. Que si ceux là ou autres en les foüettant au apres le foüet, accusoient quelqu’vn de quelque faute, il faut chastier cét accusateur encor, & luy montrer combien cela est méchant, d’enuier son compagnon, & pardonner à l’accusé iusques à vn autrefois, si la faute n’est pas de consequence.

De la correction de enfans gastés. §. 9.


IL y a de certains enfans, qui ont esté nouris en leur maison dans toutes sortes de douceurs, de caresses ; comme les garçons vniques : pour ceux là il les faut mortifier tout doucement ; notamment quand ils sont d’vne humeur superbe & accariastre ; & se seruir de ce moyen pour les foüetter ; c’est de les reseruer à les chastier auec plusieurs autres, par ce que la consolation des affligés, est d’auoir de semblables, cela les resoud à la correction plustost que si on les chastioit seuls, à raison que la honte & la confusion en seroit plus grande & leur est plus sensible à cause de leur superbe.

Obseruations sur les rapports. §. 10.


Il faut principalement obseruer de ne chastier iamais vn enfant sur des simples conjectures, ou sur le tesmoignage d’vn seul, mesme des-interessé : mais le Maistre doit bien s’informer de ceux qui les accuseront, si ce n’est qu’eux mesme confessent leur faute ; & alors il leur faut vn peu relascher de ce qu’ils meritent, leur faisant entendre que c’est à cause qu’il eut dit la verité, & mesme en les faisant preparer à la correction, il faut bien mediter & ruminer la faute, & les chastier toujours moins qu’ils n’ont merité. On doit aussi leur assembler les fautes passées, & les punir tout ensemble, leur en faisant resouuenir & auoüer. Or pour ceux qui se vont plaindre à la maison ou les conteurs de nouuelle d’Escole, il les faut encor chastier sans remission.

Remede pour les obstinés. §. 11.


IL y en a quelques vns qui ont des testes obstinées, & sont si glorieux qu’ils murmerent apres le chastiment : il faut pour y remedier, au bout de quelque temps apres la correction, les obliger à quelque chose, à quoy on connoistra qu’ils ont de l’affection, sans qu’il leur semble qu’on les recherche : comme les enuoyant seruir à la Messe, leur donnant vne place, qu’il semble qu’ils auront gaignée, & puis quand on verra leur visage vn petit accoisé ; il faudra leur faire entendre leur faute & promettre que s’ils font bien doresnauant, de ne les plus chastier & leur monstrer que ce sont eux qui en sont la cause.

Des sortes de corrections d’Escole. §. 12.


LA diuersité des chastimens ordinaires sont 1. De donner de la baguette sur les doigts pour faire estudier sur le champ.
2. Sont les verges sur les mains.
3. Sur le derriere tantost plus, tantost moins selon la grieueté de la faute.
4. C’est la prison dans laquelle on les enferme l’espace de 2.3.4.5. ou six heures : & cette punition est pour les endurcis, ou bien pour des fautes grieues, comme larcin, impuretés, des-obeïssance notable aux parens.
5. C’est la place de l’asne, les reuestir des habits de l’asne qui sont : vn vieux haillon, vn balay en main, vn vieux carton fait en forme de teste d’asne à la teste, & vn placar d’vn asne attaché au dos, auec la risée des Escoliers qui crieront à l’asne, & mesme les mener à l’entrée de l’Escole : cette punition s’applique aux paresseux, qui ne veulent rien apprendre & qui souuent ne sçauent point leurs leçons. Les cajolleurs de l’Escole on les faira mettre à genoux, ceux de l’Eglise doiuent estre foüettés sans remission, & demander pardon à Dieu à genoux & les menteurs aussi. Les des-obeissans sont punis de la mesme façon, ceux qui manquent au seruice souuent, ceux qui font l’Escole buissonniere, il faut les chastier exemplairement, & les emprisonner à la 2. ou 3. fois, puis en aduertir à la 4. fois leurs parens, & s’ils n’y donnent ordre, ou qu’ils y retournent, frequemment on les met dehors.

De l’obseruance du Maistre. § 13.


LA 5. partie de la Iustice distributiue, c’est l’obseruance, par laquelle on reconnoist ceux qui le meritent, à raison de leur qualité, ou de leur Vertu : c’est qu’il faut auoir esgard à certains enfans en l’Escole, à raison de la pieté, sincerité & vertu de leurs parens, joint à la qualité qu’ils possedent : estant bien raisonnable d’employer plus de peine & de trauail à l’endroit de ceux, qui doiuent auoir le maniement des charges de la republique, ou d’vne nombreuse famille, pour les stiller d’autant plus à la Vertu & Pieté Chrestienne. Il doit aussi pareillement traitter les parens, auec le respect & honneur que la Ciuilité Chrestienne oblige parmy les hommes, à vser à l’endroit de personnes de consideration ; non à cause de leur personne, mais à cause de la charge & vertu, en laquelle ils pourroient exceller pardessus les autres de la Ville ou du Village, où ils sont.

Pratique de cette Vertu à l’endroit des Escoliers. §. 14.


LA Vertu d’Obseruance, doit aussi inciter le Maistre à recompenser les enfans selon leur merite, & pour cét effect il pourra se seruir des moyens suiuants pour les encourager à mieux faire à l’aduenir, & inciter les paresseux à les imiter. 1. Il faut distribuer & placer les Escoliers chacun selon son merite & science, ce qui se fait à leur entrée, & se renouvelle tous les quinze ieurs, par les exemples ou themes, & mefme encor plus souuent par les disputes iournalieres, pour gaigner les places des vns des autres : en quoy il doit bien prendre garde de donner à vn chacun la place qui luy appartient, se gardant bien de fauoriser personne à cause de sa condition, de ses biens ou de sa parenté. Il pourra pourtant, cæteris paribus, preferer quelquefois & fous main quelques enfans paresseux. Pour les encourager à bien faire.
2. Il faut louer les diligens publiquement, pourueu que cela ne puisse pas enfler de Vanité, celuy que l’on veut encourager à la Vertu, ce qui dépend de l’industrie du Maitre.
3. Il doit leur donner quelques recompenses honoraires ; comme images, grandes, petites, mediocres, enluminées, ensoliuées de papier marbré, chacun selon son merite : lesdites images pourront estre signées de luy, pour leur fauuer le foüet, vne, deux ou trois fois : excepté pourtant pour les fautes d’Eglise, des-obeissance à la maison, larçin, impure tés qui font des cas irremisibles. Et d’autant que les choses qui ne sont estimées qu’à proportion de ce qu’on les fait valoir ; le Maitre les doit donner auec appareil : releuant sa marchandise, si c’est des Agnus, des Chapelets, liurets, selon son petit pouuoir, imitant en cela vn petit mercier, qui releue beaucoup sa marchandise, qui de soy n’est pas grand chose.

Defence à aucun Ecclesiastique de rien donner aux enfans. §. 15.


Et afin que personne ne puisse faire tort à cette industrie du Maistre, à distribuer ces petits prix, il ne doit estre permis à aucun Prestre ou Ecclesiastique de la Paroisse, de donner rien aux Escoliers de ces choses, comme quelque image, medailles, agnus, chappelets : mais si quelqu’vn desire faire cette largesse, il la donnera au Maistre d’Escole, qui seul peut distribuer, comme celuy qui connoist le merite d’vn chacun, pour le donner aux diligens auec honneur & en priuer honteusement les indignes.

De la verité à l’esgard du Maistre. §. 16.


LA verité derniere partie de la Iustice, qui est vne vertu, comme dit saint Augustin, par laquelle on monstre ou manifeste se qui est, ou on dit les choses comme elles sont. Cette vertu doit estre grandement recommandable à vn Maistre, dont les paroles doiuent estre la verité mesme. C’est pourquoy il ne doit iamais rien auancer à la volée, mais seulement ce dequoy il soit bien asseuré, principalement en la Doctrine Chrestienne, & pour les histoires ; par ce que il se met en hazard de perdre son credit enuers les parens, & les enfans qui reconnoistroient cela ; aussi il ne doit iamais rien promettre à personne qu’il ne tienne, principalement si c’est quelque chose fauorable, & s’il promet quelque correction auec aduertance, & sans restriction à vn Escolier pour faute qu’il auroit faite, il doit l’executer sans remission : afin que ses parolles soient de plus grand poids & ses menaces plus apprehendées par les siens : car s’il promet legerement & qu’il ne tienne pas quelque punition, pour quelque chose qu’il auroit dessendue, & qu’il n’exécute pas : tout ce qu’il dira fera mesprise en apres, comme les enfans ordinairement font leurs parens, qui ont bien souuent plus de passion, que de raison.

Leçon du Maistre aux enfans de dire toujours la Verité. § 17.


QVant à ses enfans, il doit extrémement leur recommander de dire toûjours la Verité, & de ne mentir iamais pour quoy que ce ſoit, exigeant toûjours dans les causes douteuses (quand ils sont acculés) la verité de leur bouche, & quand ils la disent librement (pourueu que la faute ne soit grieue ou malicieuse) il leur pardonnera, ou il leur remettra vne partie de la peine, ce qu’il fera valoir afin les que autres y prennent exemple. Au contraire, il doit punir les menteurs au double, & pour la faute commise (quand ils en seront deuëment conuaincus, & pour la menterie : & tous ceux qui se. tout quelque mensonge, feront punis (quelque leger qu’il puisse estre) du fouet, & en fuitte on leur faita demander pardon à Dieu à genoux & basser la terre. Comme il a esté dit cy dessus. Il doit leur remonstrer souuent l’horreur de ce vice, disant par exemple, que les menteurs font les en sans du diable, qu’il y a eu des Saints qui ont aymé mieux mourir cruellement, que de mentir legerement, ou mefme permettre que l’on commist vn petit mensonge pour les cacher ; comme il se r’apporte d’vn bon Euesque, qui estant cherché par des satellites, qui estoient enuoyés pour le prendre & l’amener pour estre fait mourir auec de grand tourmens pour la Foy de Nostre Seigneur, lesquels ayant receu & traité, & s’estant donné à connoistre à eux il ne voulut pas qu’ils mentissent, disant qu’ils ne sauroient pas trouué ; mais alla souffrir le Martyre courageusement. Il faut enfin estre fort exact à déraciner ce vice de mensonge, auquel sont fort enclins les enfans. Voyla les six parties de la Iustice distributiue.

De la Iustice commutatiue. §. 18.


QVant à la Iustice commutatiue, qui est de rendre à vn chacun ce qui luy appartient, tant pourtant : Le Maistre pour la bien pratiquer doit, t. be iamais rien demander aux Elcoliers, que la peti te retribution-laquelle on aura couftume de donner, selon la science, les personnes & les lieux, à qui il aura affaire, Il ne doit iamais permettre qu’ils ap portent rien à l’Efcole, de chez eux ; ny qu’ils changent leur pain, leur liures, leurs escritoires, images &c. car il leur doit remonstrer qu’ils n’ont rien à eux, que ce qu’on leur donne, & qu’ils n’en peuuent point disposer : c’est pourquoy, quand il apperceura tels petits marchands, il faut les fouetter auec l’achepteur, l’un pour auoir têteu & recelé, & le vendeur pour auoir donné ; leur dessendant cela tresexpressement. Comme aussi il se doit iamais permettre que les Decurions & Obseruateurs, demandent ou reçoiuent iamais rien, pour ne pas marquer ou rapporter les particuliers ; & en ce cas il déposera les Decurions &c. de leurs charges & les foüettera auec celuy qui aura baillé. Et il doit actuertir les Decurions Obseruateurs, ou Intendans, que si quelqu’vn luy offre quelque choſe pour le corrompre, il luy apporte, & alors ce corrupteur fera chatie apres auoir esté enquis où il a pris ce qu’il vouloit donner. Il aduertira aussi les enfans de luy rapporter fidellement, ceux des Obseruateurs, Decurions, ou Intendans, qui leur auront demande quelque chose, qui seront chastiés exemplairement, estans conuaincus, & déposés comme il a esté dit, & seront obligés de rendre ce qu’ils auroient receu, & les donneurs de le reporter où ils l’auront dérobé.

De la punition des larrons. §. 19.

Our ce qui est des larrons, qui feront apperceus seront chastiés & chasses, comme indignes de l’Escole, notamment si la faute est connue publiquement, par ce que ses cela, on les soupçonneroit toûjours d’auoir pris tout ce qui auroit esté perdu. S’ils ont fait ce larçin en leur maiſon, ils seront examinés en particulier sur le fait & presses de nommer leurs complices, puis chastiés en public, sans dire la cause, si elle n’effort connuë, puis mis en prison, & durant vn iour ne manger qu’à midy leur déjeuner, qui fera reserué à cet effect, & ce sous le bon plaisir des parens, auec lesquels le Maistre conuiendra prudemment de cette punition. Que s’il y auroit quelque complice qui eust dé-ja fait cela, ou qui eust poussé cét Escolier à dérober pour fiiponer, il fera chastié & chasse de l’Escole, de peur qu’il n’en gaste d’autres. Voyla ce qui regarde la Iustice commutatiue, & enfin ce qui est des Vertus Cardinales, que le Maiſtre doit auoir & pratiquer auec l’ayde de la grace de Dieu. Mais auant que de finir ce Chapitre des Vertus du Maistre, se dit ay encor vn mot du fondement de toutes les Vertus, qui est l’Humilité.


ARTICLE VIII.

DE L’HVMILITE DV MAISTRE.


CEtte vertu auec la douceur, que Nostre Seigneur a laissée pour Testament à les Apostres, est comme vn racouroy de toutes ses merueilles, qui feruira pour mettre de sceau à ce petit traité des Vertus du Maistre d’Eſcole, qui consiste à ne s’estimer rien & vouloir estre pensé & reputé tel des autres, par vne connoissance de la propre foiblesse, comme dit saint Bernard. Les pratiques de cette Vertu Chrestienne, inconnuë aux Payens, fera de ne s’estimer pas plus que les enfans ; mais en leur feruant de Maistre, les croire en son cœur beaucoup meilleurs & plus releués deuant Dieu que luy, & se tenir au milieu deux comme Nostre Seigneur auec ses Apostres, sicut qui ministrat, non pas se faire seruir à baguette, par superbe ; mais s’il a besoin d’eux hors leur deuoir de l’Escole, il les doit prier. Il se doit bien garder de ne iamais mespriser les autres Maistres d’Escole, ny souffrir le faire à ses enfans, estimant en son cœur qu’vn chacun fait le mieux qu’il peur, & il ne doit iamais oüir ses loüanges de personne, réjettant toûjours le bien qu’il pourroit auoir operé à l’endroit des enfans, ou bien sur la Misericorde de Dieu, ou sur le bon ordre de Messieurs les Superieurs, soit Curés ou autres, dont il n’est que le chetif instrument, ou sur la diligence des enfans en son absence. Enfin il doit penser qu’apres qu’il aura fait tout son pouuoir, il obmet encorbeaucoup de choses, & quand il auroit tout fait il n’est qu’vn feruiteur inutile, que la grace de Dieu a mis en ouurage, pour operer dans les enfans, ce peu de bien qui s’y rencontre, quia omnis qui se humiliat exaltabitur, & qui se exaltat humiliabitur. Car tout homme, dit Nostre Seigneur, qui s’humilie sera exalté, & celuy qui se releue sera humilié.

CHAPITRE II.

DE LA DISPOSITION ET

ameublement de l’Escole.

ARTICLE I.

Dv lieuv de L’Escole.

De ses qualités en general. §. 1.


APRES auoir parlé d’vn Maistre d’Escole, & remarqué les talents & vertus qu’il doit auoir, il faut maintenant parler d’vn lieu pour faire l’Escole. Ce lieu doit estre le plus à l’escart du voisinage que l’on pourra, non point sur la rue, mais plustost sur vn derrière, neantmoins le plus proche de l’Eglise Paroissiale qu’il fera possible, afin que les enfans puissent estre conduits plus facilement au seruice diuin, & Paroissial aux Festes & Dimanches, comme nous dirons cy-apres, dans la seconde partie de ce liure, parlant de la Pieté Chrestienne.

De la Chambre ou Salle d’Escole en particulier. §. 2.


LA Chambre ou Salle, où se fera l’Escole, doit estre grande & spacieuse, à proportion des enfans que l’on y doit têteuoir, comme par exemple, il faut vne Chambre de vingt six pieds en longueur, dix sept à dix huict de largeur, & douze de hauteur pour cent enfans, de peur que les chaleurs ne causent quelque puanteur, & en suitte vne maladie, & au Maistre & aux enfans, notamment dans sa ris, où l’air est fort grossier : & ainsi sur cette mesure on peut regler le reste à proportion : elle doit estre bien percée de fenestres à vitres, ou au moins à chassis de papier bien clairs. Et s’il estoit possible qu’elle fust percée des trois costés, & mesme des quatre, ce seroit le mieux, car en esté que le temps est chaud, on ne peut auoir trop d’air, pour euaporer toutes les mauuaises odeurs des enfans. Il faut pourtant s’accommoder comme l’on pourra.

Des fenestres. §. 3.


LEs fenestre doiuent estre bien closes de peur du froid, durant l’hyuer, à quoy les enfans qui ne sortent point d’vne place, & ne remuënt point, sont fort sensibles : neantmoins le Maistre donnera ordre à quelqu’vn de les ouurir aussi-tost qu’ils feront hors de l’Escole, afin de faire sortir le mauuais air, & en reprendre du nouueau, puis les refermer vn peu auant que les enfans r’entrent ; & durant le temps doux, il les fera ouurir pendant la leçon, & durant la nuit elles seront fermées barres par derrière, notamment à Paris.

De la porte. §. 4.


LA porte sera fermée à clef durant que les enfans n’y seront point, si ce n’est que ladite chambre serue de demeure, ou de passage au Maistre, qui doit auoir vne estude ou cabinet au moins, dans la dite chambre (sinon qu’il fut logé dessus) pour voir ses Escoliers ; or à ce que par sa présence il les tienne toûjours dans le respect & modestie raisonnable, il pourra auoir vne petite jalousie ou au plancher de sa chambre, s’il est dessus, ou à la porte de son estude ou cabinet, d’où il puisse remarquer leurs actions hors le temps de saleçon : ce qui est fort necessaire ; car c’est par là que l’on connoist les bonnes & mauuaises mœurs d’vn chacun, dans lequel cabinet ou chambre, s’il se peut quelquefois glisser, & demeurer en telle forte que les Escoliers ne le puissent sçauoir, qu’il y peut estre : ce fera bien aduisé pour les reconnoistre encor mieux : & mesme de là il les pourra aduertir & donner ordre aux immodesties.

De la cheminée des bans pour se chauffer. §. 5.


IL y aura dans l’Escole vne cheminée large & spacieuse de douze pieds au moins, & s’il le peut faire, sans iambages, afin que plusieurs se puissent chauffer à la fois, esgalement, les vns apres les autres (comme nous dirons cy-apres) estans assis sur trois bans, dont l’un tiendra la largeur de la cheminée à vn pied près de chaque cofté, long de six pieds seulement, & les trois feront hauts de quatorze pouces seulement, par ce que l’on se chauffe mieux de prés que de loing, & estant assis bas, que haut, ce qui est aussi en faueur des petits. Lesdits bans ne seruiront qu’à cét usage seulement, & quand l’on n’en aura plus besoin, ils seront ferrés en quelque endroit, d’où ils ne puissent point estre esgarés. Lesdits bans se joindront l’un à l’autre, & pour, ce faire, ils ne seront carrés par les bouts, mais seront eschancrés en triangle afin qu’vn chacun des Escoliers soit assis commodement : Le foyer fera fourny de pincettes, pelle à feu, de deux landiés de fer ; & d’vn soufflet pour seruir au feu ; lesquels vstencilles seront ferrés en esté, à ce qu’ils ne se perdent.

ARTICLE II

DES AMEVBLEMENTS DE L’ESCOLE.

Images. §. 2.


DAns ladite Escole il y aura vne grande image Ddu Crucifix en taille douce de papier, collée sur de la toille, ou depeinte sur de la toille, ou du. bois : laquelle sera placée au lieu le plus honorable, & qui neantmoins regardera le lieu du Tabernacle de l’Eglise de la Paroisse, afin que de là les enfans puissent en priant Dieu, adorer le Saint Sacrement : cette image pourra estre choisie de celles qui se vendent à Paris, sur du papier en taille douce, qui ont deux pieds & demy de hauteur ; il la faut coller bien proprement sur de la toille & orner tout au tour d’vne bordure de deux pouçes de large de papier noircy, puis l’attacher sur vn chassis de bois tout simple, ceux qui voudront & auront commodité d’y apporter plus d’artifice & de frais, il leur sera loisible de le faire.

Outre cette image du Crucifix il y aura vne image de la Vierge, & vne de Saint Ioseph, qui pourront estre placées aux deux costés du Crucifix, & aussi vne du Patron du Diocèse, comme de S. Denis à Paris, & du Patron des Escoliers, S. Nicolas, & de saincte Catherine pour les filles, & vne du Patron & titulaire de la Paroisse de mesme grandeur que celle de la Vierge, qui pourront estre placées à l’escart les vns des autres ; lesquelles seront collées bien proprement sur de la carte, afin de durer dauantage, pour estre honorées par les enfans.

Outre ces images, il seroit encor bon d’auoir vne grande image, de deux pieds en quarré, en taille douce, qui se vend à Paris, qui represente le Iugement general, le Paradis, & l’enfer : laquelle sera collée aussi sur de la toille, & enchassée comme l’image du Crucifix pour estre mise sur la cheminée, & seruir souuent pour donner de la terreur aux enfans, en leur monstrant l’image de l’enfer, quand ils auront fait quelque faute comme de mentir ou dire des paroles sales & mauuaises &c. & les encourager à la vertu en leur monstrant le Paradis. Ces images seront espoudrées deux fois la semaine, auec vne queue de renard, ou vn balay de plume de chapon, ou vn linge.

Des autres sujets de deuotion. §. 2.


AV dessous du Crucifix, personne des Escoliers ne sera placé par honneur & respect, au Saint Sacrement, & à l’image du Crucifix ; le Maistre se placera dans vne chaire à bras qui aura le siège haut de deux pieds, en vn lieu, d’où il puisse voir tous les enfans : il pourra mesme esleuer sa chaire de deux pieds sur vn marche-pied, ce qui est assés commode.

Outre ces images on pourroit placer en diuers endroits de l’Escole, plusieurs placarts colés sur des cartons bien proprement, qui puissent seruir de bon motif aux Escoliers, pour les retirer du vice & les entretenir en la Vertu. De plus il restera vne place vuide pour placer l’image du Mystère, dont l’on se seruira, comme nous dirons cy-apres, au Catechisme & Instruction des Festes & Solemnisés principales de l’année. Il y aura mesme vn chassis de bois bien fait dans lequel on enchassera chaque image en son temps, quand on en aura besoin, lequel fera resserré de peur d’esgarement,

ARTICLE III.

DES CLOVX ET CHEVILLES.

Des attaches ou porte-manteaux, porte-sacs & tablettes. §. 1.


IL y aura au lieu le plus commode de l’Escole où il y aura des cheuilles de bois, pour attacher les sacs des enfans, en aussi grande quantité, à peu prés, comme peuuent monter les deux tiers du nombre des Escoliers, qu’il y aura en l’Escole : comme par exemple, pour cent Escoliers, il faut auoir trois barreaux portant chacun vingt quatre cheuilles. Il y aura encor des autres barreaux portant cheuilles, pour attacher les manteaux, à proportion de ceux qui ont coustume d’en apporter ordinairement à l’Escole, afin que rien n’y traisne & que toutes choses soient en ordre. Il y aura encor quelques ais, ou tablettes posées sur des cheuilles, au dessus desdits barreaux, deux ou trois seulement, pour mettre les liures ou papiers sur le champ, ou estre resserrés en temps & lieu.

De l’armoire. §. 2.


IL y aura dans la dite Escole vne armoire, ou seront resserrées exactement tant les choses cy-dessus specifiées, que les autres, dont nous allons parler. Cette armoire aura trois estages, & deux huissets seulement, fermant à clef, ou trois selon la commodité d’vn chacun. Dans le premier estage d’en-haut seront resserrés vn calice, & patine d’estain ou de bois, vne passe de carte, auec quelque mouchoir ou voile, vu plat d’estain, ou de fayence, deux burettes d’estain, deux chandeliers de bois auec deux cierges, vn esteignoir, quelque vieux Missel, vn coussin, vne clochette pour monstrer à seruir à la messe. Lesquelles choses seront resserrées exactement aussi-tost que l’on s’en sera seruy de peur que que rien ne se gaste, ou ne se perde.

Des liures de l’Escole. §. 3.


DAns le 2. estage il y aura les liures seruans à faire la lecture spirituelle, comme la vie des Saints, du Pere Ribadeneyra, in quarto, ou en petit volume, de Lion, qui est en deux tomes qui couste vn escu, ou en plus grand volume. Ce liure est tres necessaire aux enfans de l’Escole, pour leur apprendre la vie des Saints. Item le Maistre pourra encor resserrer, s’il veut en ce mesme estage, les deux tomes de la Fleur des Exemples, pour en tirer des Histoires pour ses Catechismes : le Catechisme du Diocese, quelque petits abregés des Mysteres de la Foy, de la Confirmation, de la Confession, du Baptesme, de la Communion : pour s’en seruir au besoin, & mesme pour en donner aux enfans, quand il le iugera à propos pour ayder à les instruire. Ces abregés se vendent à Paris, chés Maitre Pierre Targa, rue Saint Victor, au Soleil d’Or ; Paradisus puerorum, imprimé à Doüé est encor excellent pour les Histoires, dont le Maistre doit faire bonne prouision, en ayant besoin à toutes sortes de rencontres, car les enfans retiennent plustost les exemples de leurs semblables, que les preceptes : il y aura encor le petit liuret des Meditations de saint Bonauenture faire lire durant la semaine Saincte, comme pour nous dirons cy-apres : le Pedagogue Chrestien en petit volume, ou in octauo imprimé de nouueau à Mons, ou à Rouen, qui se vend à Paris, lequel est tres-excellent, & pour la Doctrine, & pour les Histoires belles, & bien à propos qu’il contient. Le liure de l’enfant Catechisé du pere Bonnefons est encor excellent. La grande Guide des pecheurs de Grenade, le Catechisme Paroissial des Festes & celuy de la première Communion, qui se vendent à Paris, chés ledit Maistre Pierre Targa.

Des liures du Maistre & autres choses contenuës en l’armoire susdite. §. 4.


OVtre ces liures de pieté, & d’instruction, il pourra mettre dans cét estage vn Despautaire, vn Donaits, vne petite Grammaire Grecque, pour s’en seruir, s’il a des enfans qui apprennent le Latin. Dans ce mesme estage il doit mettre trois liures blancs, l’un pour escrire les noms, demeure & aage des Escoliers de la Paroisse, qui seront admis dans l’Escole, comme nous dirons cy-apres. Le 2. pour mettre ceux des autres Paroisses, si on en admet : ou bien il les pourra mettre derriere le mesme liure, s’il est assés gros pour cela. Le 3. sera pour marquer les receptes des retributions des Escoliers, mettant le nom du mois à capite, à la marge vn chiffre du quantiesme, en suitte le surnom de l’Escolier qui aura apporté, & à costé le nombre de l’argent qu’il aura donné, & derriere ce mesme liure il pourra mettre les mises & depenses qu’il auroit fait pour les particuliers, & pour l’Escole s’il est responsable de ce qu’il reçoit, de peur que se confiant trop à sa memoire en la chargeant de ces choses, il n’en arriue des inconueniens pour le mesconte, & des querelles en suitte. Tous ces liures seront resserrés exactement quand on s’en sera seruy, de peur d’accident. Il pourra encor auoir dans ce mesme estages des petites & grandes images de plusieurs sortes, Agnus, Chapelets pour recompenser les diligents en temps & lieu : par exemple, il aura des feuilles contenantes 36. petites images, des feuilles de 25. qu’il coupera & distribuëra aux petits, il aura des images à trois sols ou trois sols & demy la douzaine, ou il y en aura deux à chaque feuille à couper ; il en aura de mesme grandeur ou il ny en aura qu’vne, des enluminées s’il a la commodité, il pourra encor auoir du carton pour en accommoder dessus, bien proprement auec du papier marbré, taschant de faire prouision de toutes ces choses, afin de s’en seruir en temps & lieu, n’espargnant rien pour animer ses Escoliers à la Vertu.

De ce qui est dans le troisiesme estage de l’armoire. §. 5.


DAns le il y mettra les images des mystères, qui doiuent estre de papier, au moins de taille douce, grand d’vn pied & demy en bordure, & en image colée sur de la carte bien proprement : il en pourra coler deux sur chasque carte, vne derrière & l’autre deuant : ces images pourront couster deux sols ou six blancs en papier, de chacune desquelles il rognera la bordure à proportion de la grandeur du chassis, qui seruira à toutes les images, pour les exposer ; lequel fera haut de quinze pouces, & large d’vn pied, portant tout au tour deux pouces de nerueures pour tenir les images dans le vuide & sera noirey sur le bord. Il y aura encor dans ce mesme estage des autres moindres images (comme d’vn sol la piece) collées sur des cartons des deux costés, représentants les images des Saints & Saintes moins solemnelles, desquels on fait Feste d’obligation durant l’année, afin d’en exposer brieuement la vie & les actions aux enfans quand elles escherront. Comme aussi vnze images representant les mysteses de la Passion de Nostre Seigneur. Il y aura aussi vn marteau, des cloux, tenailles, plumes, canif, pour s’en seruir dans le besoin, dans ce mesme estage.

Du Coffre de l’Escole. §. 6.

L y aura dans la mesme Escole vn coffre fermant à clef, pour renfermer papiers d’escriture, les liures, & escritoires des absens, afin que rien ne se perde ; on pourra encor dans le mesme coffre mettre tous les liures qui se trouuerront apres la leçon du soit, ou du matin ; quand il y aura congé, solemnisé, ou Catechisme apres midy : il seruira encor pour r’enfermer les papiers, dans lesquels il ne fera besoin de faire des exemples pour le lendemain, comme aussi les officiers d’Escriture & bailleurs, ramasseront tous les liures, sacs, & autres choses que les Escoliers auront laissées, & les mettront dans ledit coffre, pour leur donner le lendemain.

ARTICLE IV.

DES TABLES ET DES BANS DE L’ESCOLE

Diuision de l’Escole. §. I.


L’Escole est diuisée en trois parties, la premiere & la plus honorable sera pour ceux qui apprennent le Latin, ou qui sont disposés pour l’apprendre : y doit auoir en cette partie trois ou quatre tables à escrire, dont les deux premières qui seront rangées le long des fenestres au bout de l’Escole, qui seront hautes, l’vne de trois pieds pour les plus grands, & l’autre de deux pieds, & demy pour les petits ; qui seront empietés de bon pied de chesne, ou posées sur des traiteaux, lesquelles tables seront larges de quinze pouçes. Il y aura des laiettes tout le long pour mettre leurs l’ures, lesquelles feront faites, si l’on veut, auec des douues de muids, ou bien auec des ais de sapin : la 3. & 4. s’il en est besoin, seront de mesme hauteur que la deuxiesme.

Des sieges des mesmes tables. §. 2.


IL y aura vn siege à chacune desdites tables, pour asseoir les enfans qui escriront, qui seront ordinairement ceux qui estudient au Latin. S’il ny en auoit pas assés pour les remplir, on y pourra faire escrire de ceux qui s’y disposent, afin de remplir les places vuides : on pourra encor ranger des tables le long de la paroy où sont les fenestres, auec des sieges pour faire escrire les autres Escoliers selon le nombre, & le long desdites tables on mettra deux sieges, pour asseoir ceux qui ne lisent pas encor des plus apparents, taschant par cette petite separation de contenter tout le monde, les personnes de condition n’estant pas bien ayses que l’on mette leurs enfans (& ce auec raison) auec les pauures, qui sont ordinairement pleins de vermines & de saletés en leurs habits, aussi bien qu’en leurs paroles & postures. Il y a des lieux où le nombre des enfans estant de plus de cent, on pourra separer si on a lieu, les pauures en vne autre chambre.

De la seconde partie de l’Escole. §. 3.


DAns la seconde partie de l’Escole, il y aura des tables larges de trois pieds, ou les plus grands escriront des deux costés auec des sieges à proportion de sorte que l’on puisse trouuer en vne Escole de cent Escoliers, place pour faire escrire pour le moins soixante Escoliers ensemble, & que s’il s’en rencontroit dauantage, il faudroit faire commencer quelques vns de ceux qui escriuent seulement A, B, C, dés sept heures trois quarts afin de faire escrire en suitte à neuf heures, les autres qui resteroient, que l’on taschera estre de ceux qui escriuent A, B, C, seulement ou les mots. Afin que tous ayent fait à l’heure de la correction, & en ce cas ceux qui auroient ainsi commencé tard à escrire, attendront apres tous les autres à corriger.

Des bans des petits de cette partie. §. 4.


DE l’autre costé le long de la muraille au deuant de ces tables là, il y aura trois bancs de chaque costé, où seront assis ceux qui liront seulement, sans escrire ; mettant ceux de mediocre condition ensemble & les pauures ensemble. Ces bancs seront longs de dix pieds chacun ou moins selon la longueur du lieu. Le premier de chaque costé sera haut de quinze pouçes, & on y mettra ceux qui lisent en François. Le second d’vn pied, & on y mettra ceux qui lisent bien au Latin, & commencent à lire au François. Au troisiesme haut de neuf pouçes de chaque costé ceux qui sont à A, B, C, ceux qui espellent, & commencent à assembler leurs syllabes.

De la place des nouueaux venus. §. 5.


IL y aura outre ces bancs, vn petit siege enuiron de six pieds en quelque lieu commode à la veuë du Maistre, pour mettre les nouueaux venus pour quelque temps, cinq ou six iours pour les reconuoistre, & les faire instruire des deuoirs & coustumes de l’Escole, & en suitte de cela on leur donnera place selon leur capacité, quand le Maistre l’aura reconnuë suffisamment, en les faisant reciter attentiuement les donnant en charge à quelqu’vn des plus zelés Escoliers à cét effet, afin de les bien stiler aux petites pratiques de l’Escole, à ce qu’ils ne puissent pecher par ignorance.

De la place de l’Asne §. 6.


IL Y aura vne place derriere la porte ou au lieu le plus sordide de l’Escole, où l’on mettra vn petit ratelier auec du foin, vn vieux morceau de bride à cheual, où l’on mettra les paresseux : & mesme il y doit auoir attachés au dessus, vn vieux bonnet de carte auec des grandes oreilles d’asne faites de carte, qui y seront attachées, qu’il faut mettre sur la teste du paresseux, vn petit ais d’vn pied en quarré, où sera peinte ou attachée la figure d’vn asne, & vne petite attache pour le pendre ; il y aura quelque vieux haillon de tapis de droguet, pour seruir de housse, ou de manteau sur le dos de l’asne, & celuy qui sera mis en cette place sera reuestu de ces beaux habits d’asne, & promené par l’Escole, auec vn balay à la main, & attaché par le bras au ratelier en la place de l’asne, tant que le Maistre le trouuera à propos, & le fera huer de tous les Escoliers.

De la clochette & eau beniste. §. 7.


IL y aura vne petite clochette attachée au plancher, grosse comme vn œuf, que l’on sonnera pour aduertir les Escoliers, tant pour les Prieres que pour le Catechisme, sortie & entrée &c. & mesme pourra seruir pour monstrer la façon de sonner quand on sert à la Messe, l’éleuation de la Sainte Hostie : quand le Maistre en fera l’exercice. Il y aura vne eau benistier à la porte, dans lequel vn chacun prendra de l’eau beniste auec respect, en entrant & sortant de l’Escole.

Des tablettes à marquer. §. 8.


EN quelque lieu commode de l’Escole, il y aura deux tablettes de bois, larges de huict pouces & longues de deux ou trois pieds (s’il y a cent Escoliers.) en l’vne desquelles il y aura de chaque costé 53. languetes de fer blanc, longues & larges comme le petit doigt, & eschancrées par vn bout, qui seront attachées sur la tablette auec des esguillettes de cuir & distinguées auec des petits cloux, en sorte qu’elles ne se puissent tirer facilement, sur lesquelles languetes, seront escrits les noms de tous Escoliers qui se tireront vn peu, pour marquer les absens de l’Escole. L’autre table sera composée de mesme façon, auec autant de languettes comme il y aura d’Officiers en l’Escole, qui seront marqués sur ladite tablette, chaque mois ou quinzaine qu’ils seront nommés. Or afin que cela soit plus facile, les noms des Offices seront escrits par ordre, en grosses lettres sur du papier collé dans le milieu de la table, & les languettes seront posées en suitte, laissant l’espace d’vn doigt entre la derniere languette de chaque Office, au titre de l’office suiuant. Cette methode est tres excellence, veu que l’on peut escrire facilement auec la plume sur le fer blanc, & l’effacer auec de l’eau, sans rien rompre ny gaster.

Des cornets à l’encre, & reigle d’Escriture. §. 9.


IL y aura des cornets de plomb, ou de corne enchassés dans du plastre, pour mettre l’encre en commun des escriuains, qui seront poses & arrestés sur la table au nombre de quinze ou seize pour cent escoliers. Item sept ou huict boüettes de bois, pour mettre la poudre. Deux regles qui seront faites d’vn morceau de bois de chesne plat, long de quinze pouces, & large de huict, où seront attachés des lignes de cordes à violon, ou à boyau, dans l’espace d’vn quart de pouçes, ou enuiron, au nombre de vingt quatre ou trente, bien proportionnées ; pour seruir à reigler les papiers en mettant le reglet dessous la feüille sur laquelle on a à escrire : bien droit & tenans la main gauche dessus, de peur qu’il ne bransle, il faudra presser du pouçe de la droite sur les lignes de corde, à trauers du papier. Cette inuention est tres excellente : ces deux reigles seront attachées à chacun bout de l’Escole.

Des paniers, balais, & ratissoires. §. 10.


IL y aura aussi vn petit panier, pour receüillir les aumosnes & les restes des Escoliers, quand ils auront déjeuné, ou gousté, pour les pauures. Il y aura aussi deux ou trois ballets & trois ratissoires pour balleyer & ratisser l’Escole (selon le temps que nous prescrirons cy-apres.) Item vn pannier pour receüillir les ordures & les porter hors. Il y aura aussi vn sceau pour mettre de l’eau, vn arrousoir de terre ou d’airrain pour arrouser l’Escole, auant que de balayer. Voyla à peu prés les meubles necessaires de l’Escole, qu’il faut tascher d’auoir, & conseruer exactement.



CHAPITRES III.
DE L’ADMISSION DES
enfans à l’Escole.


APRES auoir parlé du lieu & de ses ammeublements, il faut voir les qualités des enfans qui doiuent estre admis, & les conditions necessaires des admissibles. 68 L'ESCOLE.

ARTICLE I.

Des Admissibles et non admissibles A l'Escole.

Des enfans des heretiques. §. i.

Les enfans de ceux de la Religion pretenduë reformée, doiuent eftre admis auec les conditions portées dans les Reglements & Ordonnances de Monfieur le Chantre de Paris, Directeur & inftituteu en chef de toutes les petites Efcoles de la Ville Faux bourgs, & Banlieue de ladite Ville, a raifon de fa qualité de Chantre de Noftre-Dame de Paris, donnée le 6. de May, en aflemblée des Maiftres ordinaires 1633. en ces termes, Et d’autant qu’il n'eft permis à ceux de-la Relsgion pretendue reformée de tenir Efcoles publiques, [à insérer] En cours le 05/2022 cr qu'cftant pour ce nece ffas- re da ennoyer leurs enfans en nofdites Efcoles, cr que plufenrs Masftres or Maiftreffes refufent de les ads mettre: Nous leurs auons enjosnt e& enjoignons de les y admerttre recenoir,alacharge qu sls ne leur fouf- frsvont apporter aucun mauuais Catechs{ie , on an- tres lsures [ufpels d'berefie , leurs erdonnant ax con- traire leurs faire apprendre le Catechs{me ordinaire , les prieres cles lettrés comme aux enfans Catholiques, OF de les traitter anec pareslle humaniteé cy doucenr, a peine de deftitution. Certe regle parle fufifam- ment pour eftre mife en execution.

Des enfans d’une antre Efcole. §.2.

VEux qui auront eftéa yne autre Efcole, & qui | —yn'auront fatisfait 2 leur Maiftre, ne ferontad- mis iufques 4 ce que !’on foit certain, qu’ils l’auront contente raifonnablement, ce qui fe reconnoiftra par l'interrogation que le Maiftre en fera aux paPAROISSIALE. 69

rens, quand ils les prefenteront, & s'il fe trouuoie ayant interrogé les parens de I’enfant aucc adreffe & prudence de la caufe de la fortie de l’autre Ef- cole, qu'il’ peut reconnoiftre en examinant exacte- ment, que cette caufe n’eft raifonnable & que l’en- fant pourroit autant faire de profit en I’ Efcole, qu'il A quittée, comme en celle-cy , pour le Spirituel & les. fciences: il ne fera point receu: 1¢ file Mai- ftre en examinant reconnoift que l'enfant fort de l'Efcale pour quelque friponnerie, ou pour auoit efté chaftié;il ne fera receu:fila chofe eft douteufe, le Maiftre s’en enqueftera, Sc entre temps il ne fera receu, iufques apres que la verité fera reconnué, 8, alors s'il le iuge a propos, il le receura.

De ceux qui auront efté admis en fon Efcole antrefois. §. 3.

Eux qui auroient dé-ja efté receus en cette Ef- Carre , & quien feroient fortis;.de leur liberté, par le conferitemetit’ de leurs parens; apres qu’ils en auroient eftés aduertis parle Maiftre ( c’efta di- - ge fans dire adieu) ce que le Maiftre aura foin d’e- xamines exactement; ils ne feront receus qu’auec grande prudence, par ce que telles perfonnes qui font ainfi fujetes au changement, ne peuuent durer en vne Efcole, & bien fouuent ils fone fi idolatres de leurs enfans, quacquieflants trop libremenra leurs volontés defreglées (ne fgachantsce qu'ls de- mandent ) les changent ainfi facilement.d’Efcole en Ffcole, & n’apprennentrien, Oril faut refpon- dre a telles perfonnes , que fi leur enfant eftoit bien en cetre Efcole cy-deuant, ils ne l’en deuoient reti- rer; que s'il eftoit mal; ils ne peuuent pas efperer wil foir mieux 4 l’aduenir. Et partantil vaut mieux quiils le laiffenc la, dot ils le veulent retirer, Ce

E ij 70 L’ESCOLE

qui donne vne grande retenué aux parens, de ne changer d’yne Efcole ou leurs enfans font bien, pour les mettre en vne autre, dequoy mefme il les faut aduertir en admettant quelgu’vn la premiere fois. Ledir reglement aura lieu auffi, quand tels parens prefenteront quelqu’vn de leurs autres enfans, & neantmoins on laiile cette pratique 4 la difcretion du Maiftre,de laquelle il ne faudra fe feruir dans les petits lieux , qu'auec grande prudence,

De cenx qus anront efté chaffés autrefois. §. 4.

Si l'enfant que l’on prefente a dé-ja efté receu en l’Efcole, & qu'il en aye efte chaflé ; le Maiftre voyra fur le regiftre pour quoy; & s'il y a efperance probable d’amendement, apres leur auoir expofé la caufe & Vimportance de fon expulfion , notam- ment fi ¢’a efte dtaufe des parens ; il les fera vn peu atrendee.Que s‘tls continuent 4 demanderjél le pou- ra rettuoir, a condition de le renuoyer , sil dontie la mefme peine qu’auparauant, & dene le plus re- ceaoir iamais, Que s'il n’y a point d’efperance d’a- mendement (ce quiarriue ordinaitement ) il ne {e- fa pas ceceu,qu’apres vne tres longue e{preuue & en- quette de fes deportemens , en le faifant venir fur les bancs de l’Eglife tous les Dimanches , & au Cate- chifme, 11 faudra neantmoins auoir plus de come paffion pour les pauures , quand ils tefmoigneroht quelque bonne yolanré ’aduenir , que pour les au- tres; & mefme pour les enfans qui n’eftans pas pau- ures, feroient abandonnés de leurs: parens, foic quils fuffent morts, foie quiils en euffent peu de foin. . : PAROISSIALE. 71

Les enfans de la Paroiffe admiffibles. §. 5.

Les enfans dela Paroifle cant pauures que riches feront admis, y ayant places les pauures ferent enleignés gratuitement, & ceux quiauront moyen de donner quelque chofe, on receura ce quils don. neront, Il faut pourtant ( celuy qui eft de l’Aurel, devant viure de l’Autel) donner liberre au Maiftre de demander le falaire iufte ? & raifonnable, pour la peine qu’il employe au tour del’enfant, aux vns plus, aux autres moins ; ce qui (e doit regler felon ce que les enfans apprenneat, felon la faculté des parens, & {elon les couftumes raifonnables des lieux, Cette recommandation n’aura point de lieu 4 l’en- droit des’honneftes gens, qui eftans doiics de rai- fon, & faifant profeflion de s’en feruir 5 fcauent afles recompenfer vn fi digne feruice, qu’on leur rend en la perfonne de l : urs enfans ; en quoy Is Maiftre ylera de prudence.

Prudence fur le nombre des enfans. §. 6.

ET d’autane que la Chambre d’vne Efcele n’e- ftant pas hadi tants, pe contenir tous les en- fans de la Paroiffe, & que fi le Maiftre auec fon Coadjuteur ne pouyant pas fuffire a tous les enfans, qui luy feront prefentéstioint qu’il y a d’autres Mai- ftres d’Efcoles en la Paroiffe, qui doiuent aufhi eftre employés ; le Maiftre WE(cole vfera de prudence en l’admiffion des enfans, afin de ne sen charger outre mefure, & pardeflus fes forces, ce qui appor- reroit, vn grand prejudice auxenfans, & cauferoic dommage.& mefcontentement aux autres Maiftres d’Efcole, cant de Ja Paroiffe que des quartiers voi- fins, d’ol vient que le nombre des enfans peut eftre segle 4 cent pour le Maiftre, & fon Coadjuteur, & E iiij 71 L’ESCOLE

foixante en l’Efcole des pauures, oi i! y auroit peu auoir vn troifiefme Maiftre, cecy eft vn exemple qui peut feruir en cel cas £ Paris, & aux grandes Paroifles des champs. 7 ae ‘a

Des enfans des pauures honteux. §. 9.

tz enfans des gauures honteux, eftant receugs dans l’Efcole ordinaire de ceux gui donnenr, lefquels font des perfonnes.qui eftans incommo- dees, fonrdemeurées dans Vindigence inconnué, gui neantmains par honte ou autremenr, n’oferoiens manquet de prefenter quelque largeffe ou tetribu- tion ordinaire au Maiftre d’E{cole , craignants que faure de cela leurs enfans feroient negliges , & per- deroient leur temps; en tel cas on ne doit receuoir telle largeffe;ce que l'on ne reuelera 4 perfonne , le-Maitre ra(chafft de les rendre capables de fa bon- ne-incention , & tefmoignera en hiitce. toute forte ' d'affection , & de vigilante a leurs enfans. Cette re- gle peur eftre obferuée par les Maiftres,qui en au- ront le ponuoir & Ia deuotion, laquelle fe garde comme les autres inuiolablemene par les ecns de bion,& non de biens. - : =

Des enfans des autres Pavoiffes. §. 8.

I Es enfans des autres Paroiffes, pourrone eftre admis aucant que la commedite, le temps & les forces du Maiftre & de fon ayde, fe pourront eftendre, qui ne fe chargera d’enfans de-dehors, ui puiffent apporter prejudice 4 ceux dela Paroif¢, & fera en forte que lefdits enfans fe reglent les Feftes & Dimanches al’ Eolife, & 4 l'Efeole, com- me les enfans de la Paroiffe. 1] leur feraentendre la Mefle les Feftesdu Patron, Dedicace ou Titulai- re de leur propre Paroiffe , & apres les enuoyra au seruice & recommandera d’y assister exactement auec leurs parens, leur en demandant conte le lendemain. Pour les pauures des autres Paroisses ils ne feront têteus gratuitement, tant qu’il s’en présentera suffiſamment de la Paroisse, pour remplir le nombre determiné, n’estant pas suste de donner aux ectrangers le pain des enfans. Pour les autres on têteura & obligera d’apporter les retributions ordinaires comme aux autres Eſcoles de Paris, ailleurs du pays, où or fera.

Des filles. §. 9.

LES S Es filles ne peuuent iamais estre têteus en l’Efcole des garçons, ny les garçons, en celle des filles tenues par les Maiftreffes ; selon le reglement de Monsieur le Chantre cy-dessus datté, & plusieurs censures fulminées par Monseigneur l’Archeuesque de Paris, contre les Maistres, & Maiftreffes, tant des petites Efcoles, que les Maistres Elcriuains mesme, demetrans dans toute l’estenduë de son Dioceſe, par vne Ordonnance donnée en l’an 1641. à l’occaſion d’vn grand malheur, qui effort arriué, & des inconueniens qui arrment iournellement, & en peuuent arrmer par la communication des deux sexes : à quoy le Maiſtre doit grandement tenir la main, par vne genereuse résolution, & ne se relascher par aucune promesse ou crainte de perte d’amitié, de fortune, ou de gain, telle qu’elle pourroit estre. Dequoy iamais on ne s’est départy en quantité d’Escoles bien reglées, tant de l’un que de l’autre sexe à Paris, & ailleurs.

ARTICLE II.
DE LA FORME A GARDER EN LA Reception des Enfans.

Du registre de l’Escole. §. 1.

POur faire tout dans l’ordre, il y aura vn registre de papier blanc, dont nous auons parlé dans l’ameublement de l’armoire de l’Escole ; dans lequel chaque Efcolier de la Paroisse fera escrit, dans vn article particulier, qui fera large de quatre pouces ou enuiron : où feront escrites les refponfes des parens, comme nous dirons cy apres. Il y en aura vn autre parcil pour les enfans des autres Paroisses, neantmoins si l’autre effort affés gros pour le petit nombre des Eſcoliers, on pourroit se feruit du re-. gistre de la Paroisse, mettant les vns audeuant & les autres au derrière.

De la fin du registre. §. 2.

LE registre sert pour y auoir recours en temps & lieu, tant pour connoistre les mours des enfans, leurs auancement à la pieté, au Catechisme, aux lettres &c, selon le temps d’Efcole, leur esprit & iugement, qu’il trouuerra marqué depuis sa reception, Item il feruira pour reconnoistre comme nous auons dit cy-dessus ; les causes tant de la sortie de ceux qui auront esté chasses pour leur indocilité, & mauuais exemple ; que de ceux qui feront sortis, ou pour aller demeurer ailleurs, ou pour quitter cette Escole sans raison, ny sans dire adieu, pour aller à vne autre.

Prudence à ne receuoir aussi tost les demandans.     §. 3.


IL faut remarquer que dans Paris, & dans les grandes Villes, il ne faut receuoir les enfans en l’Escole, aussi tost qu’ils le demandent, quand on ne connoist pas bien leurs parens ; & il est bon de les differer en tel cas, & s’enquerir entre temps, par personnes du quartier, pour en apprendre, d’où ils sont, leur condition, mœurs, employ, le sujet pour lequel il veulent enuoyer leurs enfans en cette Escole, & ainsi des autres choses : & en la premiere veuë il leur monstrera attentiuement, les principales obligations de l’Escole, à ce qu’ils ne s’y engagent pas à la legere, & puis ne les pouuant pas executer & subir, ils fussent contraints d’en sortir, ou d’en estre repoussés. Cette enqueste sera dautant plus executée, que les personnes seront inconnuës ; & c’est le meilleur de ne point receuoir aucun enfant de dehors la Paroisse, s’ils ne sont addressés, ou recommandés de la part de quelque personne de connoissance : par ce que on ne sçait quelquefois à qui l’on a affaire, dans les occasions qui arriuent de traitter auec les parens des enfans. Pour ceux de la Paroisse, on les peut connoistre facilement, & en cas qu’ils mettent leurs enfans à la prudence, & discretion du Maistre, ils doiuent estre receus facilement ; notamment les pauures, quand il y aura place. Quand vne Escole commence, & mesme dans les Villages & Bourgs, cette regle n’aura point de lieu, mais seulement, on assujettirą toûjours les parens à les presenter eux mesmes.

Du temps pour admettre un enfant à l’Escole. §. 4.

QVand on presentera vn enfant à l’Efcole, le Maistre fera son possible de luy donner vn temps, auquel il puisse auoir le loisir d’interroger les parens, & l’enfant sur les choses que nous descrirons cy-apres ; par ce que quand ils viennent durant le temps de la leçon, outre que cela diuertit, & fait perdre le temps aux Efcoliers, il ne peut pas entretenir les parens, & leur donner auec prudence les actuerrissemens nécessaires ; c’est pourquoy il pourra les remettre apres l’Eſcole du matin ou de l’apres midy ; ou bien apres Vefpres en quelque Feste, ou bien apres le Catechisme des Dimanches ; faiſant entrer dans l’Efcole celuy ou celle qui se présentera auec son enfant, & ayant sa regle de se ception en main, il obseruera durant les interrogations, toutes les postures de l’enfant, & les ref poufes des parens.

Les interrogations à faire aux parens qui présentent un enfant. §. 5.

OR les interrogations à faire aux parens à la reception des enfans, sur lesquelles ils feront leurs responses, qui sera dattée en l’article de cét enfant, feront celles qui enfument, 1. le Maistre demandera le nom & surnom de l’enfant, celuy de son père, & le nom de celuy qui l’a en charge, sa condition, demeure, rue, enseigne, Paroisse ; 2. l’aage de l’enfant ; 3. s’il a déja esté à l’Escole : chez qui ; si les Maistres ont esté satisfaits ; pour quelle cause il ensort, furquoy le Maistre obseruera ce que nous auons dit cy dessus, art. 1. n. 2. car si l’enfant estant d’vne autre Paroisse, n’a cause raisonnable de n’alPAROISSIALE. 77

ler à l’Efcole fur la Paroiffle, fi c’eft au mefpris ou detriment des Efcoles de la Paroifle, aufquelles il pourroit autant profiter qu’en celle la, il ne fera receu ;car autrement l’Efcole feruiroir adeftruire- le bien que l'on feroit ailleurs. 4. aquel exercice il eft defigné ou qu'il fe porte:par exemple, al’E- life, aux Armes, au Barreau,ala Medecine, Mar-. chandife &c, 5. la capaciré quiilaalire, ou efcrire, ou au Latin,le faifant lire & efpeler dans fes heures en uelgue endroit qui n’eft pascommun: de peur ai ne life parroutine; dansvn liure Francois , lec- tre A.la main, ciniliré 8&c. (sil y a leu dé ja) en quoy il prendra garde de neiamais efcouter de blaf- me des Maiftres, mais comme la Charité eft indu- ftrieufe, il couurira les deffauts des Maiftres & en rejettera la faute ou fur les enfans, ou furla negli- gence des parens, fur le peu de profit qu'il recon- noiftra en l’enfant,comme il a efté dé-ja dit. 6. quel- les font les humeurs,ou meurs bonnes ou mauuai- fes de l'enfant, priant les parens de dire la vericé, fur ce poine, & que cela ne portera aucun preiudi- ce Aleur enfants aucontraire que c’eft pour fomen- ter le bien & cortiger le mal , auec prudence & dou- ceur, leur difant que comme il eft impoflible au Medecin de bien guerir fon malade, fi le malade ne defcouure bien fa maladie; ainfi qu'il fera diffi- cile au Maiftre de bien corriger leur enfant, s'il ne reconnoift par eux-mefmes {es mecurs ou inclina- tions: & en cas gue l'enfant eut peur de quelque chaftiment futur ,a raifon de cette declaration de leur vie paflee faite par fes parens, s'il audir efté mefchant; il lay fera; demander fur lechamp par- don a Dieu a genoux, puis a fes parens prefens : luy promettant en fuitre route forte de gratification, sil eft bon garcon dorefnauant, 7, s'il a quelque 78 L’ESCOLE

incommodicé ou infirmité corporelles, qui le puil- fent deftourner tant de l’affiduité a l’Efcole, que aux Feftes & Dimanches du feruice diuin del’Egli- fe; furquoy fi l'incommodité efoit notable, il ne feroit receu, dautant que le manque d'afliduire por- te grand prejudice a l'enfant, & aux autres Efco- - liers, qui y prennent mauuais exemple, & il vaue mieux gue on le face enfeigner ala maifon; 8. $'il fcait fon Catechifme: fur quoy il l’interrogera {c- lon le petit abregé des principaux myfteres. 9. Sil eft Confirmé ou Tonfuré,ous’il a dé-ja communié, ce qui ne fe doit pas demander 3 tous indifterem- ment. Combien il y a de temps qu'il n’a efte acon: feffe, 10. S'ileftparain de quelque enfant.

Du denoir du Maitre entendant les refponfes des parens. §. 6.

A Mefure que le Maiftrefera ces interrogations aux parens auec route forte d'honneur , & dé ciuilicé,les faifane couurir & affeoir, il efcrira, en — cette forte dans fon regiftre ce qui enfuit.Le

du Mois de 16 a cité prefen- ‘te & receu N § filsde eftant en la charge de demeurant rué de alenfeigned Paroifle de a la recommandation de | Aagé de . ans Confirme ouy ou non . Con: feffe 2 | Inclination: . a l’Eolife, au Meeurs bonnes petulan. . ‘efprit bon groffier. Subril. Cath, mediocre, rien, {uffifamment capac. lit Francois, Latin ‘ pipe...

ou bien efcrir Efcole chez M quia efté farisfair aux pau- ures le p. qui fignifiec payé fe mettra 4 ceux qui donnent retribution: & aux pauures il ad- jouftera pauures. Puis il laiffera vn pouffe de papier au.bas de chaquearticle, afin de mettre quand !’en- fant {era malade long-temps, ou qu'il fortira, le temps & la caufe defon abfence, ou de {a fortie. Le Maiftre 4 quelque heure de loifir , pourroit preparer les artieles fufdits pour plufieurs Efcoliers, laiffane les noms & les qualirésen blanc, comme les noms des mois , & des iours, des rués & des Paroiffes,

ARTICLE iii.

APRES QVE LE MAISTYRE AVRA ESCRIT Ja reception del'enfant prefenté, il conferera en la maniere qui fui auec les parens,


De la Conference fur la refponfe des parens. §. i.

Sur la refponfe des parens,le Maiftre conferera aJauec eux de-ce-quil fera a faire pour fe plus grand profit de l'enfant, rant pour fon inftrudtion en la Doctrine Chreftienne, que pour fes bonnes meeurs & actions, felon la vacation a laquelle ile defigné: comme par exemple, fi cét enfant auoit efté gafte par la negligence des parens, en la com- Pagnice de quelque mauuais enfant, ou qu'il cou- chat auec fa four, il les priera dele retirer deces mauuaifes occafions &qu’ils prennent vn grand foin de le bien gouuerner'dorefnauant ala maifon. $’il auoit efté mal enfeigné, comme fi on luy auoit monftré 4 efcrire auant que de lire, ou le Latin de- —uant la lecture & efcriture: ilfera entendreaux pa- rens ces deffauts ,4 quoy il faut remedier en mon: ftranc feulement a lire pour vn cemps 4 l'enfant, puis ep le faifantbien efcrire, & puis le Latin. Leur 80 L’ESCOLE

faifane entendre auec grande prudence l'importance de cette methode, fans laquelle l'enfant ne peut rien apprendre; puis les parens & le Maiftre execute- ront de leur part, cequiauraefte arrefté,

Aduis a donner aux parens. §, 2.

En cette conference le Maiftre aduifera ideux chofes, 1. que les parens tiennent leurs enfans en deuoir,ace gueftans mal appris ou vicieux, ils ne nuifent aux autres de l’Efcole. II reprefentera prudemment a ceux qu'il connoiftroit, ou doute- roit eftre des perfonnes fujetes i dire des maledi- tions 4 leurs enfans, (comme font ordinairemenc les pauures,) que les enfans comme ils nomment le teu du feu, le pain du pain, pour l’auoir ouy dire, ainfi ils iurent, querellenr, difent des paroles fales pour les auoirouy dire; partantqu’ils faffent en for- te que chez eux, leurs enfans: ne voyent aucun exemple de -mal , non plus qu’en l’Efcole: .au- qrement Ia peine du Maiftre Ainftruire l’enfant (- roit inutile. : :

Du 2. aduis aux parens de difpofer leur enfant a quelque vacation doucement. § 3.

Il leur remonftrera,que c’cft vnc chofe necefflaire, & bien-feante aux parens,de difpofer (non pas forcer ) doucement leurs enfans,a embraffer vne vacation morallement fortable,a la condition de leur maifon paternelle,¢n quoy Pveiliré de cette. demande feruira principalement,d ce,que les enfans gui feront defignes a eftre affans , boulangers . charpentiers ou a quelque autre meftier: ou que Yon voudra mettre incontinent dans quelque bou-. tique de Marchand, ne feront point amufes a per-+ dce le temps a la econ du Latin , qui leur feroit inutile ; mais PAROISSIALE. 8

tile; mais comme ils font tous obligés dezviure Chreftiennemene eftant baptifes , ils doiuent bien eftre,Catechifés, & morigenés en routes fortes de Vertus Chreftiennes, comme auffi enfeignés a bien lire, efcrire,4 getter 4 Ja main, & dla plume, A+ rithmetique, & bien feruir ila fainte Meffe.

Aduss fur les talens extraordinasres des enfans. §. 4.

Si dans le cours & temps del’Efcole, on recon- noiffoit qu’vn enfanc deftiné a vn meftierou a vne boutique, aye l’efpric & le iugement bon, & qu'il cuft l'inclination a [’eftude;on pourra s'il eft encor ieune , quand il fgauroit bien lire & efcrite, luy apprendre le Latin car bien fouuent les enfans qui fontcomme des tables rafes , ne {cachanr 4 quoy ils fe doiuent appliquer,ne peuuenc fouuent dilcer- ner 3 quoy Dieu les adeftinés , a caufe de la foiblef- fe de leur aage; & fone feulement ce que leurs pa- -rens leur -difent, & neantmoins 11 s’en trouye aqui Dieu a dofine des talens pout lEftat Ecclehaftique, gue l'on deftinoit a apprendre vn meftier,& qui eftane mis al’eftude onttres-bien reiifi. Ceft pour- quoy en cecas le Maiftre confultera auec les parens de lenfant fur ce fait, puisil executera fidellement, e¢ qui aura efté arrefté aucc eux.

Des enfans tonfurés. §. 5.

Si enfant eft Tonfuré, il ne fera receu en cetre Efcole, finon en habit décent a vn Ecclefiatti- que,a fgauoir eftant reueftu d’vne Souftane trouf- fée, & vn cour manteau noir pout les ioursde le- gon , & vn furplis qui demeurera a l’'Efcole , pour aller a l’Eglife, & pour feruir a la Meffe tous les iours @Efcole, & au fernice Paroiflial des Felles & $2 LESCOLE

Dimanches, apres auoir demandé licence a Monts fieur le Cure de porter le furplis dans fon Eglife, Dequoy il fera entendre importance aux .parens & Vobligation qu’eux & leurs enfans.ont contra- dtée de ite cela, & quela Tonfure confifte princi- palement 4 mener vd vie feparéc des autres , por- tant l’habit, la Tonfure , Couronne, & la Souftanne de Clerc. Erfi les enfans qhiauront eftetonfurés, nont aucun deffein d'eftre Ecclefiaftiques, ny les parens de les y auancer; alors ils feront receus en habit laique, & traités comme les autres: ceux a gui on donnera Ihabit Ecclefiaftique, eee feuerer , le Maiftre aura vn foin fpecial de cesenfans, leur donnant a l’Efcole .vne place honnorable, & feparce des aurres, leur parlant fouuent de la vie Cle- ricale, & faifanten forte quiils ne iotient point auec les autres & mefmeil leur pourra monftret le Plein- chanr, & les attirer pour fe promener & fe recrece auec luy. ee

ARTICLE IV. Les ADVERTISSEMENTS A DONNER AVX PARENS.

Pcs que les parens auront fait leur refponfe,

le Maittre auec prudence leur donnera tous

les aduertiffemens fiiuans, ou partie d’iceux, felon qu il iugera 4 propos.

Aduertiffement de Uheure de la legon. §. 1.

L leur dira.1. A quelle hetire l'enfant doit partir

de la maifon, & y eftre retourné tant auant mi-

dy que le foir; qu'il doit eftre a7. heures du matin

2 l’Efcole, & apres midy vn quart deuant deux hea. -

res en Efté, ou deuant vn heure & demie en Hiuer,

& de [a ils iugeront Iheure qu'il doit partir de la 4 PAROISSIALE., 83

maison, & que l’on le doit tenir p est,, tant es ieurs des Festes & Dimanches, qu’es ieurs d’Efcole. 2. Si l’enfant et perso, & qu’il n’escrme point encor, il ne fera oblige d’estrea l’Efcole le matin qu’vn peu devant huidét heures. 3. Qu’ils sortent sptijours a vnze heures le matin, si ce n’est qu’ils n’eussent entendu la Messe, &.alors ils la doiuent entendre apres l’Efcole, il sortent apres midy a cing heures en Esté & A quatre ow a quatre & demye en Hiuer, commeil fera dit cy-apres.

Des liures d’Eglise c’est Efcole pour les enfans, §. 2.

VL : actuettira que.les Feltes & Dimanches, il doit

garder la mefmeaffiduité à venir a l’Efcole, que les ieurs ouuriérs,& que pour ce, il dait auoir yn chapelet & vn liure propre pour chanter auec les autres, s’il fgaie lire, & faire les prieres accouftumces durant le feruice. Comme aussi vn Catechif{me du Diocefé commea Paris le dernier imprimé, vn Catechisme des Festes, vn Exercice du Chrectien en scarifie, & enfin les liures, lettres, & papiers, qui Jeur feront nécessaires tant pour l’Eglise que pour l’Efcole selon leur capacicé ; tafchant de les faire fournir au pluftoft, & sur le champ de ces cho- {ses, & vn sac pour mettre toutes fears nécessités dedans auce leur déjeuner ou goutter.

_Aduis pour la distribution de lencre. §. 3.

[ : actuertira les parens, s’ils escrment ou quand

on aura trouvé bon qu’ils escrment, que l’on a

trouué 4 propos, que les enfans ayant couftume de

prendre lencre les vns des autres, comme auf

gafter en ce faisant leurs papiers, liures &c. ce qui

cause vn grand désordre al Efcole, par ce que les Cs Page:Jacques de Batencour - L'Escole paroissiale, 1654.pdf/107 PAROISSIALE. 25

Aduis aux parens pour le dejenner & goufter, §. §.

it aduertira que c’eft la couftume de leur donner leur déjeuner & goufter pour manger al’ Efcole, & non ailleurs; parce que le Maiftre leur fait dire le Benedicite & les Graces, afin delenr monftrer 3 Je bien dire a la maifon quand ils y font, auant le difner & lefouper: & que fiils ne le faifoient point, ils en aduertiront les Efcoliers qui iront enquefter chez eux,ou bien les chaftieront eux-me{mes auec les conditions requifes a des perfonnes raifonnables,

Aduis fur la proprieté des babits des . enfans. §. 6.

E Maiftre doit donner aduis aux parens, que

leurs enfans foient propres en leurs habits ,non pas auec vanité ow affectation, furquoy le Maiftre leur fera voir a propos le grand mal que les parens font, quand ils accouftument leurs enfans ak vani- té, leur donnant ‘des habits trop fomptueux , & _au deffus de leur condition. Le Maiitre tafchera de ne permettre -qu'ils apportent des plumes a leurs chapeaux ou aux bonnets, mais qu'ls foient blan- chement, & proprement veftus, que les cheueux foient peignes , & non pas poudres ny trifes iamais; les ongles feront.rognées , quils foient nets de ver- mines , & que leurs vifages & mains ne foient ia- mais barboiiilles, C’eft pourquoy il recommande- ra aux enfans,quils ayentlefoin de les laucrle ma- tin & deuant le difner & fouper , quelque pauures quils puiffenc eftre, la ciuilité & honnefteté eftant aufli bien requife aux pauures , qu’aux riches, 56. “CES COLE * A duis de ne donner argent aux enfant. §, 7,

L- priera les parens de faire en forte qu’ils n’ayent aucun argent en maniement;pour peu que ce foit; s'ils demandent des liures , papier , plumes, encre, & chofes femblables, qu’ils s'informent du Maiftre sil en a befoin, afin qu’ls ne faflentde faux-fraiz & ne baillentde l’argent fur de faux pretextes, Le Maiftre pourra dire en paflant,a ceux qu'iliugera le pouuoir reconnoiftre ,la petite retributian ordi- naire, ou bien il actendra apres le premier. mois quils auront enuoyé par autre que leur enfant,ce qui eft le plus propos.les aduertiffant qu'il s’eft veu aflés fouuent des poftiqueries, icux, friandifes , menfonges; &c. enfuitte de ce que les Efcoliersre- ceuoient par fois tour, ou en partie de ce que leurs parens leur donnoient pour le falaire de leur Mai- ftre, fin que de la ils prennent garde, que telles maluerfations n’arriuenc 4 leurs enfans,

Aduis fur la correttion 4 dire aux parens. §. 8.

ib leur dira qu’en la conduire des enfansdecet- te Efcole, tant pour les fautes de leurs lecons que pour les mauuaifes meeurs, l’ahn’y vfe decor- rection violente, eftant meilleur de les exciter plu- ftoft par amour, emulation & douceur, que pat crainte & rudeffe: mais gue apres la deuxiefme ou troifiefme correction faite, pour la mefme faute no- table, qui n’auroit profiré: les parens en font ad- uertis,afin qu'il y tiennent Ja: main de leur part, é& y apporter la correction conuenable: & au cas quils negligeaflent ces aduertiffemens , on leur rendra plufteft leurs enfans que de les-rudoyer da- uantage, = ce qu'enfin il ne s’enfuiuroic aucun profit de les traizer plus rigoureufement. PAROISSIALE. 87

Aduis de nwefconter les plaintes de leurs enfans de lenr Maiftre. §. 9

L les aduertira qu'il arriue bien fouuent que les

enfans ayant efte chafti¢s en PEfcole , pour des fautes qui meritoient pat delalechaftiment, qu’or leur a fait, fe vont slates 4 leurs parens: c’eft pourquoy’, il les prie dene point efcouter leurs en- fans en cela, pource que s‘ils les efcontenc, ils les gafteront; mefme que fi les enfars voient, qu ils en venient faire reprimende au M.uiftre, cela les rendroit plus hardis & infupportables . & enfin il les faudroit chaffer de l’'E(cole; que fi au contraire ils eftiment le-Maiftre affes fage, & prudent pour conduire leurs enfans ,il luy en doiuent laiffer la conduite route entiere: sl ne le croient pas fufi- famment’ prudent, pour cela, il ne doivent pas mettre ny laiffer leur enfant 4 fon Efcole: & que guand leurs enfans leur te(moigneront quelque mef- contentement, le vray moyen ‘que la correction leur. profice, c'eft de fe fe ae ,& lear de- mander s'ils en veullent receuoit encor autant, & les menacer que silleuraduient faire iamais de relles plaintes de leur Maiftre, ils les chaftieront encor vne fois dauantage. I] dira aufh l'enfant, que ceux qui vont dire les nouuelles de l’Efcole, fort d’cux mefe, {oir des autres, feront chafties du fuiier, fans remiflion , aufi-toft qu’onlefcaitr. ~~

Aduis de prier les parens d'aduertir de la retraste ~ Se abfence de lenrs enfans. §. 10.

Le priera les parens de l’aduertir quand leurs en- fans cefferont d’aller 4 l’Efcole , pour canfe legt- time telle quelle foit, foir pour vn iourpourvn mois

yne femaine,ou autre temps, mefime pour n’y plus E iii on. me DESCOLE . retoutner, afin quil n’cn foitenpeine , parce qu'il doit foigner auec vne telle vigilance fur tous fes Ef coliers, qu'il ne fe paflerien a fon defceu : & qué les enfans ne puiffenc faire l’Efcole buiflonniere, ny commettre telles autres fripenneries ;.& qu'au cas que l'enfant ayant efté abfenr, il ne fe trouue de leur part vne perfonne, qui apporre tefmoignage certain comme l'enfant a efté legitimement occu- pe, il fera cenu comme coupable, & chaftie pour. cette faute. Sur quoy le Maiftre dita que quand ils auront befoin de les memer quelque part, foit les jours. des Feftes ou d Efcole ( ce qui doit arriuer ra- rement ,comme vne fois en deux mois, au plus ) ils font obligés de demander congé, autrement., ils feront chaftiés: & qu'il le donnera volontiers, paurueu que la caufe foit raifonnable , & que cence | {pit point pour aller promener les Feftes durant ts feruice diuin, ce- qui feruirojt.a les deftourner des bons enfeignements que l’on. donne encett¢e Efco-~ le, fur ce point principalement,

Aduertiffement fur la vifite dw Maitre, par tes

parens des enfans. § M1, |

I les aduertira & priera rout enfemble, qu’ils le voyent ou faffent voir de leur part detemps a autre ,par exemple, en deux ou trois mois vne fois, atin de conferer par enfemble, fur le progrés que fera l’enfane tant en l'Efcole, quien leur maifon, & rechercher les meilleurs moyens de le deftour- nec du mal, & de le porter d.ce qui fera pour fon plus grand auancement, tant ala VertyChreftien- n¢ qu aux letcres. PAROISSIALE. 89

Priere pour commencer a ventral Efcole, & eftre confeffée. §. 12.

— Ce qu'il plaife 4 Dieu benir cet enfant des entrée al’Efcole, & luy donner fon faint E(-

pric, le Maiftre luy fera faire a genoux la priere du Pater, Aue, & Credo, tout haut deuant le Cruci- fix, & faire produire vn Acte decontrition en la luy faifant dire mot 3 mot,comme elle eft dans l’exer- cice du Chreftien; afin d’obrenir de Dieu vne bon- ne volonre d’obeir 2 fes parens, & au Maiftre, d’e- ftre bien diligent a faire fon deuoir, al’Efcole, & bien deuor a l’Eglife: 11 fera inftruicen fuitte pour eeftre confeffe, incontinent apres fa reception ( sil ne l’auoit efte depuis peu ) ou bien, fion eft proche de quelque folemnité en laquelle les enfans del’ Ef- cole fe doiuent confefler , on le pourra differer , le mettant a cét effect entre les mains d’vn bon Con- feffeur, qui aye talent & affection pour les enfans, notamment fi l'enfant eft dé-j2 aage, & qu'il aye

efté nefchant , ou qu'il foit enclin au mal.

» ARTICLE V., Des pivErs OFFICIERS DEL ESCOLE

De la fin des officters, §. 1.

po bien conduire vn Royaume, vne afmer, vne Ville, vne famille; il faut qu’il y aye de l’or- dre. Et celuy ‘qui eft le chef, doir fe feruir de divers officiers qui fe rapportentl’vn al’autre, par fubor- dination, C’eft ce qui fe doit pratiquer exactement dans vne Efcole, ot le Maiftre quien eft le chef doit fe feruir de fes Efcoliers (comme nous voyons prati- quer dans les Colleges , & Efcoles les mieux ordon- nécs )non feulementen luy aydant aconduire leurs 0 “ VESCOLE

compagnons mais encor pour les porter eux-mef- mes dans la perfection dela Vertu, & de la {cience, par emulation, & par affection, rane a leur propre bien, qu’a celuy de leurs compagnons, car c’eft vn excellent moyen pour apprendre, d’efcouter , encor plus d’eftudier, & beaucoup dauantage en enfei- gnant les autres C’eft le deffein que le Maiftre doie auoir auec les enfans,pour conferuey vn ordre dans VEfcole ,d’eftablir des officiers, ce qui feruira ales porter par emulation les vns des autres a bien fai- re, puifque ces offices ne feront donnés qu’a ceux qui les auront merités par leur travail, ou par leur

Vert, & qui fe chageront de temps en rémps, | afin de donner courage a vnchacun d’y afpirer, par

leur piete & diligence.

Mansere deflire les officrers. ~§, fee -®

Vppofé que lEfcole eft difpofte comme nous Jauons dit cy deflus,a proportion decent Efco- liers, parmy lefqnels il y ena quelques vns‘qui ap- prennent le Latin; on fera au 1. iourd’Efcole de chaque mois, on leur donnera vn theme, ou quel- ques noms ou verbes a compofer (comme nous expliquerons plus amplemenr dans la methode denfeigner les principes du Latin) a faire dans YEfcole,ce qui pourtant ne deuroit point empef-

cher de dire leur lecon 4 l’ordinaire, mais au lieu:

«efcrire leur exemple entiere, ils pourront compo- fer pour les places, & le Maiftre reciicillera fidel- Jement tous les themes , & iugera par leur induftrie, e(criture, ortographe,celuy qui devra eftre le plus haut, & en fuitre. Sil y adeux bancs de Latins com- me des aduancés , & des non aduancés, il pourra donner aux vns vn theme de Francois 4 faire en

Latin, & aux autres quclque nom ou parties de ver- PAROTSSIATLE, gt be qui ne soit pas dans le Rudiment 4 escrire, & former tout ensemble comme il a este dit. La feconde quinzaine de chaque mois, afin delesauancer autant 4 bien profiter en l’Escriture, comme au Latin, il fera iuger par le Maistre Escriuain de leurs dernieres exemples quelles places ils doivent auoir, & les en actuertira acét effet, vn ieur ou deux auparas want, afin de les inciter a bien escrire.

Du ingement de (’Escriture pour les places. §. 46

Our ce qui est des autres qui n’estudient point

au Latin, chaque quinzaine du mois il leur assignera le ioug que l’on doit iuger de leur escriture pour les places, & en {uitte ayant fait ranger apres l’Efcole les papiers sur chaque. table, le Maistre Escriuain en iugera fidellement, Et les ayant ranges il les esctira par nom, & surnom en vn petit papier, quiil donnera au Maistre principal,ssi le Maistre principal ne le faisoit luy mefme.) Cela ainsi disposé, le Maissée ayant pris tour durant le dejeuner de quelque matinee, commencera 4 les exhorter a bien faire, leur reprochera les defauss de ceux de la precedente quinzaine,& en fuitte afignera les 4 aie d’vn chacun auce appareil, notamment de ceux qui auront bien fait ; & pour marque de leur diligence, il donnera vne image au premier des Latins, laquelle il signera, & vne au fecond sans signer, qui peurra ncantmoins estre signée a la premièrediligence ; il ferala mefme cho- ses au trois premiers des Escriuains. °

Des digniteés de ceux qui estudient ax Latin, §. 4.

ts premier officier des Latins, fera l’Empereur :

son office consiste a faire reciter sa legon a tous 92 PE sort

ceux de son banc, exiger leurs themes, marquer les absens, & le fecond luy aydera par indiuis,.& recitera a luy qui s’appellera Censeur, & il aura charge de marquer quand les enfans s’attacqueront Ala secon, & quand il dira lay mefme sa legon, l’Empereur marquera 4 sa place. S il y a vn fecond banc des moins auancés ; le premier du banc fera appelle Consul. Et le 2, Decurion, & auront ’oin tous deux de faire reciter, donner les themes & faire le restecomme |’Empereur, & le Censeur, a l’efgard du premier banc, or le Maistre donnera Aces deux chacun vne petite image & signera seulement celle du premier, afin de recompenfet chacun {e+ son fon merite, & que tous se portent 4 bien faire pluftoft par emulation que par crainte, & par force,

Des dignites des Escrinains.. $. 5.

-E premier des officiers des Escriuains, fera appelle Preteur, 8& aura {oin de faire reciter & marquer les absens de sa table, & si elle est petite des deux premières. Le fecond s’appellera Prince des Decurions, qui aura charge de faire reciter, maraquer les absents des Decurions. Le 3. s’avpellera ! Maistre des Piodecurions, aura foin de faire reciter & marquer les absents des Prédécurions, 8 ces officiers ferone placés en fuitée du Preceur le long de la psentiere table. Le Maistre donnera auec applaudissement au Preteur, vne image signée, au Princes des Decurions, vne moindrefignee, & ay Maistre des Decurions, vne moindre sans signer, les signatures du Maistre feront mention de leur diligence, auec la datte duieur, mois, & an, & le signe du Malitre (celles des Latins feront escrites en Latin, & pour les autres en Frangois, apresces PAROISSIALE. 3; trois, il nommera enfuitte les trois premiers Sena- teurs defquels le premiér aydera au Preteura faire fon office. Le 2. au Prince des Decurions, & le3. au Maiftre des Prodecurrions. Enfuitte de ces trois if nommera fix autres Senateurs, qui feront places en la table fuiuante {clon Ja commodité du lieu. Apres ceux-la il nommera fix ow huict Decurions {e- Ion lenombre des decuries qui feront placées 4]’au- tre table enfuitte, & apres il nommeta aurant de Prodecurions qui feront placés aux autres tables, felon la difpofition de l'Efcole, S’il ne s’y rencon- troit pas tant d’E(criuains pour remplir toutes ces places, il pourra diminuer ou augmenter le nom- bre des ‘officiers 4 proportion des Efcoliers qu'il aura a l’Efcriture. Les Decurtons & Prodecurions feront reciter chacun leur banc, deuant que le Maiftre entre a l’Efcole & apres qu’ils auront efcrit leur exemple, & ils marqueront les abfents : & le huict ou neufiefne qui n’aura pas de decurie affi- gnée tant des- Decurions que des Prodecurions, feront deftinés pour faire resicer ceux qui viennent tard, quand ils auront fait !a priere: & le Maiftre leur affignera place pour faire leur office durant la premiere demie heure feulement. Pour ce qui eft tant des Preteurs, Princes des Decurions, que du Maiftre des Prodecurions, ils feront feulement bien reciter leurs gens, deuant que le Maiftre entre a lEfeole ,& non pointapres auoir efcrir.

ARTICLE VIL. Des OrFFriciERS CoMMYNS.

E Maiftre aura outre les officiers de l’Efcole fufdits, d'autres Efcoliers qui] mettra en char- ge tous les mois, qu'il nommera , & marquera aufli wt BPESTOLE a fur fa table des officiers , afin-de les reconnoiftre dé temps en temps : ces offices ne fe donneront pas fur le iugement des themes , ny des efcrérures , mais felon la capacité qu'il reconnoiftra en vn chacun deux, a bien exercer la fonétion qu'tl defirera leur affigner, lefquels {cront en plus grand ou petit

pombre felon le nombre des Efcoliers qu'il aura a eafeigner,

Les Intendans. §. 1;

Es premiers de ces officiers feront appellés In-

tendans , qui feront deux des plus grands, des plus zeles & affe@tionnés a | Efcole, & aux bonnes ptatiques dicelle : leur foin fera de veiller aue= le Maiftce fur tous les autres officiers, inftruire les nouveaux officiers de leur deuoir, & del’aduertir de temps en temps des defaurs d’vn chacun ; or ces deux officiers font de grande confequence, e’eft pourquoy apres les auoir bien choifis, il aura vne attencon patticuliere fur eux, il leur parlera fou- uent en particulier, les encouragera a bien faire les continuéra le plus ou moins qu'il verraen auoir befoin ,& qu’ils s’acquiteront dignement de leurs charges, c’eft pourquoy il commandera a cous les autres officiers tant ceux que nous auons dé-janom- - més, qu’aux autres que nous allons defigner, de leur obeir; en forte qu’ils puiflent quand ils verront quel- que officier abfenc, prendre vn autre pour faire fen office, en attendant que le Maiftre vienne: a ce que rien ne manque ( pour l'abfence de quel- qu'vn ) du bon ordre de l’Efcole, Dequoy le Mat- fire les inftruira, leur affignant ceux dont il fe pour- roient feruir en tel cas. I] marqueront les ablents 4 la fin dela lecon fur la table fuldice. L’ESCOLE en la dira. Et de les faire retourner à l’Eſcole deux à deux les conduisant & remarquant leurs defauts. 6. Durant la Messe ils démeureront au milieu des rangs vn à vn bout, & l’autre au milieu : & les deux Intendans qui doiuent retourner les premiers pour conduire, demeureront au bout d’en bas, & remarqueront tous enſemble, ceux qui ne prieur pas Dieu, ceux qui n’ont pas de liure, ou chapelet durant la Messe, ayant foin de leur en prester ou faire prester par quelqu’vn des autres Efcoliers : le Maistre garniera a cét effect les Intendats de deux ou trois vieilles paires d’heures & d’vne douzaine de chapelers de bois, pour en prester, & les rerésultir apres la Messe, à ceux qui n’en auront pas ; nelaissant pas pour cela de marquer ceux la, pour les de ferer au Maistre : il actuertira sur tout tant les Intendans, que les Obseruateurs de ne marquer personne par vengeance, ou legereté (c’est à dire pour peu de chose) mais par charité, se gardant bien de faire à aucun de leurs compagnons, qui font leurs freres Chrectiens, ce qu’ils ne voudroient pas leur estre fait, s’ils estoient tombés en pareille faute. Le Maiſtre aura foin de parler aussi de fois à autre à ces deux officiers, & les continuera selon qu’il au> gera à propos, déposant ceux qui auront commis quelque lafcheté, & recompenfant les fidelles de quelque prix digne de leur diligence, & affection au bon ordre de l’Eſcole.

Des Admoniteurs. §. 3. 0 Vire ces Obseruateurs, il choiſira en chaque coin de l’Efcole vn des meilleurs, & des plus modestes ; qui durant la leçon ou Catechisme, auront charge de prendre garde à ceux qui parletont, ou qui bourdonneront en eſtudiant lears leçons, ceux PAROISSIALE. 97 ceux qui n’escriront pas, ou qui badineront : & les hommeront tout haut, & alors le Maitre les fera mettre à genouils aussi toft au millieu de l’Eſcole, & les punira ou renuoyra selon que leur faute le meritera, & que la prudence luy dictera. Ce moyen est tres-excellent pour tenir la modestre dans l’Efcole, & aussi pour empefcher les excuses que ceux qui sont marqués ont couftume d’apporter, & mentir pour s’excuser afin d’éuiter la correction ; car estant pris dans le flagrant delier, ils n’ont pas le loisir de penser à s’excuser, & leur faute est reconhuë plus facilement. Il pourra changer ou continuer ces officiers, de temps en temps, comme il iugera à propos.

Des repetiteurs. §. 4. છે.

Our faire profiter les enfans, les vns en monstrant, les autres estans enseignés ; il faudra se feruit encor outre les Decurions, de douze des plus fçauants, pour faire teciter deux à deux, à chaque demie heure (durant la leçon de l’Eſcole) les Decuries. Or ils feront cela en cét ordre. Les deux premiers Recitateurs commenceront immediatement apres la Priere à faire reciter. allontà cet effet l’un d’vn cofté & l’autre de l’autre, commençant aux Decuries des plus actuancés & ainsi continuant iusques à la première demie escoulée.O : pour faire cela plus facilement, ils obserueront ce qui fuit. 1. Ilfortiront de leurs places modestement, & iront se mettre entre les deux premiers de la première Decurie, de chaque cofté, & leur feront dire leur leçon ; le faisant espeler les mots qu’ils ne pourront lire, prenant garde qu’ils prononcent bien. 2. Ils se garderont de regarder d’vn autre cofté, mais feront attentifs à celuy qui dit. 3. Ils parleront Pour A as L’ESCOLE ; bas, qu’il n’y ait que celuy qui fait reciter qui l’entende, & qu’il le reprenne aussi bas. 4.11 prendra garde de les faire affecter aux points, & virgules, & qu’ils disent autant comme ils ont accouftumé de dire au Maiſtre. 5. Pour ceux qui auront déja dit leur leçon au Maistre, ils leur faitont dire vne autre fuiuante, & non pas la mefme ; si ce n’est qu’ils eussent esté renuoyés pour l’apprendre. 6. Les petits qui ne connoistroient pas encor leurs lettres, ils leur monſtreront à l’Alphabet, & ne diront point les mots à ceux qui lisent, ny ne nommeront les let. tres à ceux qui espellent : & quand il y aura des mots difficiles, ils les leur faitont repeter trois ou quatre fois, pour le moins, afin qu’ils les retiennent mieux. 7. La demie heure finie l’intendant fera aller les deux fuiuans, & ainsi de fuitte chacun de son coſté lesquels coftés seront partagés & assignés à vn chacun par le Maiſtre, & les fuiuans continueront à faire dire, où les autres ont quitté. Durant le déjeuner & le goutter, perſonne ne fera dire, & les trois quarts iusques à dix heures seront partagés entre les quatre fuiuants de la 3. & 4. demie heure. Apres midy les deux premiers ne faitont point dire, parce qu’il ny a que cinq demies, à cause du goutter, & du Catechisme Si le Maistre, apperçoit quelqu’vn des repetiteurs en faisant reciter, qui regarde d’vn autre cofté, il le punira, afin qu’il soit vne autrefois plus attentif ; il tafchera aussi d’encourager tous les repetiteurs à bien faire leur deuoir, car de là dépend l’auancement des petits enfans, pour se perfectionner dans la lecture ; car cettte methode pou uant faire autant de Maistres que d’Efcoliers, le Maistre fera soigneux de leur monstrer la Methode de bien faire dire les Efcoliers, soit en les faiſant approcher de luy quand il fait reciter la leçon, soit PAROISSIALE. 99 En les faisant exercer.en sa présence de fois à autres, quand il en aura la commodité.

Des recitateurs des Prieres. &. 5

L choisira deux dès plus sages & pieux des Efcoliers, qui ayent bonne voix, pour faire les Prieres tant deuant, que durant, & apres la leçon, ſelon l’ordre qui en fera prescrit cy apres au Chapitre des Prieres : il aura foin de les bien instruire de l’ordre qu’il faut garder aux Prieres, afin de ne causer du diuerrissement aux enfans, en vne action si Saincte, & les nommera de mois en mois, les continuëca, ou changera, selon qu’il verra en auoir besoin. Et il est bon, s’il en a plusieurs qui puissent bien faire, de les y appliquer, afin de voir comment ils la font en leur particulier & mefme pour les accouftumer perſonnellement à la bien faire.

Des lecteurs. §. 6.

It L nommera toutes les quinzaines, trois de ceux qui fçauront bien lire, pour faire la lecture Spirituelle, tant aux Dimanches & Festes, qu’és veilles des Festes solemnelles & au ses temps qui seront marqués cy-apres, au traité de la Pie : é Chrectienne. Il les enſeignera. 1. Les ieurs & les temps qu’ils doiuent lire. 2. En lifant qu’ils obseruent diligemment de parler haut, distinctement, porement gardant les points & virgules, s’affectant vn peu à chaque virgule, & vn peu dauantage au point & aux deux points. 3. Auant que commencer la lecture, ils s’affieront dans vnechaise de paille. ou de bois, où il y aura au deuant vn peut pupitre, pour soufrenir leur liure. 4. Ils faitont le signe de la Croix, puis diront le titre de la lecture ; comme la vie d’vn tel100 T’ESCOLE Saint : discours sur rn tel Mystère, on s’il a de sa esté commencé, ils diront continuation de &c. 5.’Il y aura vn des lecteurs qui fera aupres de celuy qui lira, pour luy suggerer tout bas, les mots qu’il manquera, & pour le soulager, à lire l’un l’autre, ils pourront succeder en vne mefme lecture (fi elle est.n peu longue.)

Des officiers d’Escriture. $ 7.

It L y aura deux officiers d’Escriture, qui seront choisis chaque mois, desquels le deuoir fera t. De venir de bon matin, à sept heures au moins le matin, & auant la leçon d’apres midy. 2. Ils auront foin de ranger les papiers grands & petits à la place d’vn chacun, dont ils doiuent trouuer vne partie dans l’estude du Maiſtre Escriuain, & l’autre dans le coffre de l’Eſcole : & pour ceils auront chacun leur quartier qui leur fera assigné par le Maistre. 3. Ils mettront tous les cornets d’encre communs à leur place, & lesboüettes à poudre. 4. Ils resserreront tous les soirs apres, ou le matin quand on n’escrita point apres midy, les papiers, cornets, & bouettes à poudre dans leur place.

3. Ils porteront les papiers selon l’ordre du Maitre Escriuain dans son estude, où il y aura besoin de faire exemple, & quand quelqu’vn aura efgaré son papier durant la leçon ils tafcheront de le trouuer, & quand quelqu’vn aura manqué d’auoir exemple, & qu’il n’eut rien à faire, ils auront foin de le porter au Maistre Escriuain, pour y en faire.

Des receneurs pour l’encre & la poudre. §. 8.

Ly aura deux autres officiers qui seront choisis des plus fidelles, & le Maistre pourroit prendre les Obseruateurs ou autres qui soient des plus grands Ide PAROISSIALE. 101 & ayent de l’esprit, lesquels 1. Auront le foin par indiuis de receüillir & faire payer aux Elcrivains par chacun mois, quinze deniers pour l’encre, & pour la poudre : & pour ce ils auront vn billet de tous les noms des Escriuains, auec la datre à la marge du jour qu’il sont venus, en chiffre ; à ce qu’ils leur puissent demander, deux ou trois ieurs apres que le mois fera escheu, ce qui se payera parauance, & les nouueaux en entrant le donneront. 2. Il auront loin d’achepter de l’encre, à chaque fois demiseptier auec la burette, laquelle il nettoieront tous les quinze ieurs, & d’achepter de la poudre tous. les ieurs. 3. Ils auront foin de venir de bonne heure, & de mettre de l’ancre dans tous les cornets, de la poudre dans toutes les bouettes, & à la fin de la leçon le soit, ou le matin quand on n’escrira point apres midy ; il vuideront les cornets dans la burette & la poudre dans vn sac de cuir, dans lequel on la doit conferuer ; puis resserreront tout cela dans le coffre aux papiers, attachant la burette auec vn cloud. 4. A la fin du mois il rendront conte au Maiſtre de ce qu’ils auront têteu & dépencé. 6. Ils nommeront de temps en temps ceux qui neglige. tout de payer ; lesquels y feront contraints par le Maitre, Or il se faut bien garder d’exempter personne de cette regle, car elle est excellente pour conferuer la modestie de l’Efcole, & le bon usage de l’Eſcriture, comme nous auons dit cy. deuant.

Des balleyeurs. §. 9.

LE E Maistre choisira de quinzaine en quinzaine, deux des plus forts pour balleyer la chambre de l’Eſcole, lesquels 1. aussi toft que les Efcholiers feront sortis, rangeront les bancs, ouuriront toutes les fenestres, vn d’eux arrousera la chambre seulement, G iij TESCOLES. (&iamais les montées) plus en esté, qu’en hiuer, puis balleyeront 2. Un d’eux alternatiuement apres que les autres, auront têteuilly les ordures, auec la pelle, dans la panier deſtiné à cela, les porteri au lieu destiné.. 3 Une fois la ſemaine à fçauoir. les Samedys auant que commancer à balteyer, ils nettoieront le plan-i cher auec vn grand balle :, puis houfferont les images auec le petit baller de plume.

4. Tous les jours de congé, ils ratisseront la chambre, & les montées, auant que commencer. à balleyer. ! 5. Ils balleyeront deux fois l’Eſcole par ieur, depuis Pasques iusque à la saint Remy, & depuis la saint Remy iusques à Pasques, apres la leçon du matin seulement.

Usne balleyeront pas les. Dimanches & Festes, se n’est, qu’il y euft nois Festes de fuitte, & en ca caspils balleyeront la feconde Feste apres Vefpres. 7 Les Lundy & les lendemains des Festes, ils balleyeront durant la Messe des Efcholiers, & en entendront vne autre durant ou apres la leçon, apres auoir balleyé, 8. Ils auront foin de resserrer les ballets & ratiffoires, remettre les bancs en leurs places & mettre dans le coffre ce qu’ils auront trouué à terre.

Pour aller a l’eau. §. 10.

Lisbe Es balleyeurs sortant de charge, feront pris pour. aller querit de l’eau dans le sceau, vne fois le ieur. à quelque heure commode en Esté, & en Hiuer, en deux ieurs vne fois, au puis, ou fontaine, qui leur fera destiné, lequel ils porteront à deux auec vn baston, le couuriront & le mettront derrière la porte ; si on en a besoin dauantage, ils en iront querit auec madestie & sans s’affecter en chemin. PAROISSIALE.

Du portier, S. II.

Ca Haque quinzaine, il choisira deux portiers, qui feront pris de ceux qui feront assis le plus proche de la porte, lesquels auront alternatiuement le foin d’ouurir & fermer la porte. Il ne laissera entret personne que les Efcholiers, & quand on heurtera, il demandera auec respect ce qu’ils desirent, & le di. ra en fuitte au Maistre. Il aura le foin de fermer la porte au verrouil, auant que l’on commence toutes les prieres, quand on fera p est de fouetter quelqu’vn & il n’ouurira à personne, iusques à ce que ce ſoit fait. Il se tiendra à la priere deuat la leçon du matin, & d’apres-midy hors la porte, donnant charge à son compagnon de la fermer & n’ouurir à personne, afin de remarquer ceux qui viendront durant la priete & auertir le Maistre à quel point ils sont venus. Ce Portier ſe changera toutes les ſemaines, 103

In fudamoſnier, § iz…

L choisfra vi de ceux qui n’escrment point, qui s’appellera l’Aumofnier, pour recueillir apres le déjeuner & le goutter, ce que les Efcoliers voudront volontairement donner pour les pauures ; il ira teste deſcouuerte (s’il a vn chapeau) par les places de l’Ef. cole, présentant bien truisement le panier, qu’il prendra sous les pieds du Crucifix, où il fera attaché. 2. Ayant fait la ceuillette, il la viendra présenter au Maistre auec respect que le Maiſtre distribuëra aux pauures, puis il reportera le panier en sa place.. 3 : Il aura foin aussi d’aller à dix heures trois quarts, demander à la Sarrissie bien modestement, à Monsieur le Sarrissain, en quelle Chappelle on doit dire la derniere Messe des Efcoliers, & le viendra dire au Maitre, afin qu’il y puisse faire marcher les Ef— G iiij

LEISCOLES coliers qui n’auroient entendu la Messe. 4. Il se gardera de badiner ou s’affecter, en allant ou en venant de l’Eglise à l’Efcole. Cét Officier demeurera vn mois seulement.

Des Visiteurs. §. 13.

L’Exactience du passé nous ayant fait voir les grands désordres, que les enfans commettent enleurs maiſons, tant à l’efgard de Dieu, que de leurs parents, Maiſtres & Maiftreffes, Freres, Sœurs, Serurteurs & Seruantes, &c. desquels les parents n’aduerrissent que rarement le Maiſtre d’Eſcale, & n’y donnent aucun ordre de leur part : c’eſt pourquoy.. pour remedier à vn si grand abus, & negligence des parents, on a trouué bon de choiſir quelqu’vn des plus fidelles & modestes de l’estole, duquel on se peut feruit, pour aller de la part du Maiſtre aux maisons de ceux, desquels ils auront charge, pour s’enquérir tous les mois, de leur vie & dépostements : or. cette inuention avant assez bien reüffi, depuis trois ou quatre ans en ça en quelque Efcole, dans l’ordre qui y a esté estably, on a trouué à propos de le continuer, d’aurant que les enfants redoutants les plaintes futures de leurs parents dans cette visite, se tien— • sent touſieurs sur leur garde, à ce qu’ils n’ayens rien à se mefcontenter d’eux.

Or pour bien faire réussir cette visite, il faut diligemmenty garder les circonſtances, que nous allons dont la corter, 1. Sera d’en informer truisement les parens, quand ils présenteront leurs enfants àl’Eſcole comme nous auons def-ja dit, dans les actuerrissemens aux parens. Le M. choisira les visiteurs au nombre de huict pour vne Efcole de cent Efcoliers.

2. 3. Il diuifera le nombre des Enfants en quatre. 20 105

PAROISSIALE.

quartiers, égaux selon la ſituation des demeures de ces enfans assignant deuxvisiteurs à chaque quarties. Et a cét effect il donnera vne carte ou papier à chacun des viſiteurs, où feront contenus les noms, surnoms, & demeures des enfans, chacun selon leur quartiers, dans lequelil y aura vne eſpace d’vn pouce, au dessous de chaque nom, pour marquer les ref. poufes des parens 4. Ils choisiront quelque ieur de congé, ou quelque Feste sur les quatre à cinq heures en Eſté, au commencement du mois, pour aller aux viſites, Ils n’iront iamais seuls, mais deux ensemble aux maisons de leur quartier. Ils porteront leur escritoire auec du papier, pour escrire ce que les parents leur diront.

Des formalités àgarder en cette visite. §. 14.

LR E Maistre ayant tafché de choisir des plus honnestes, ils iront auec leur manteau s’ils en ont, heurteront à la porte des maisons, faluëront ceux qui viendront parler, & ayant demandé bien hönnestement à parler au père ou à la mère d’vn tel ; & si on les veut escouter, ils entreront, & ayant falué ; le plus apparent des deux dira qu’ils sont enuoyés de la part du Maistre pour fçauoir d’eux (fi c’eſt leur bon plaiſir de leur dire) quatre ou cinq choses de la conduite de leur enfant ; file père n’eſt à la maiſon, ils ſe retireront sans rien dire du sujet de leur venuë. Il ne faut iamais qu’ils demandent les dépostements d’vn enfant à vne seruante, feruiteur, ou beaupère, ny à la belle mère, à cause des petites saboufies ou peu d’amitié qu’ils ont pour les enfans de l’autre lict, ny mefme aux freres ouaux fours ; si ce n’est qu’ils cuffent les enfans en leur tutelle. Er en ce cas on peut parler à l’oncle, & à la tante, en cas de tutelle ou 106 L’ESCOLE de garde, desquelles choses le Maiftře doit bien in struire ses visiteurs, de ceux à qui ils doiuent demander à parler en chaque maiſon, pour fçauoir d’eux les cinq’chofes fuiuantes.

1. Si vn tel prie Dieu soit & matin à deux genoux bien deuotement, deuant son oratoire squ’ils demanderont à voir pour cét effect) sans qu’on luy dise, & s’il dit le Bénédicite & las Graces deuant. & apres le repas.

2. S’il n’est point gourmand ou menteur à lą maison.

2 3. S’il est bien obeïffant sans gronder à tout ce qu’en luy commande.

4. S’il ne bat ou querelle ses freres, fours, feruiteurs ou feruantes.

5. S’il ne fort point (sans demander congé) de la maison, & s’il reuient à l’heure de l’Efcole.-.

fils eferirent les refponfes de parens. §. 15.

AY Yant entendu la refponfe, l’un d’eux eferira ce qui leur fera dit, sans adjoufter, ny dimi ? nuer. Et si les parens font contents, ils mettront vne S. puis ayant falué les assissans, sortiront bien honneſtement & iront à vne autre. Que s’il y auoit plafieurs enfans Elcoliers, Freres, ou parens en yne. mefme famille ; il s’enquesteront l’un apres l’autre d’vn chacun d’eux, pour escrire ce qui leur en fera dit. A la fin de leur visite de chaque mois, ils présenteront lear papier au Maistre.

Obferuation sur l’élection des visiteurs. §. 16.

LE ļ E Maistre prendra garde, de ne donner à personne sa maiſon propre à visiter, ou celle de ses parens, de peur de fraude ; mais il donnera ordre ; deux autres d’vn autre quartier d’aller en telle 107

PAROISSIALE.

maison, durant le temps qu’vn tel visitera ce quartier auec deux autres. Ces visiteurs feront continues le plus qu’il fera possible tant qu’ils s’aquitteront bien de leur charge, car comme cette methode est de grande importance, le Maiſtre en doit auoir grand foin. Et par la il tiendra tous ſes enfans en bride, aussi bien en la maiſon qu’à l’Eſcole. t

Aduis de conduite pour ces visites. §. 17.

Quan Vand les parens viendront voir le Maistre, il pourra s’enquester adroitement,’ce qu’ils ont dit à la visite de leurs enfans, pour voir files visiteurs ne fraudent point, & en tel cas les viſiteurs feroient rejettés de leur office, & chaftiés selon là gricueté de leur tromperie. Il faudra recompenfer de temps en temps, ceux qui s’acquiseront bien de leur deuoir, les encourager en particulier, & en public, leur monstrant l’importance de le bien acquiser de cette visite, & la recompenfe qu’ils en auront de Dieu ; estant cause de beaucoup de bien qui se fera par ce moyen…

ARTICLE VII.

Dv. Sevas

MAISTRE OV

COADIVTEVR de l’Eſcole.

Des qualités du foubs Maistre. §. 2.

S Il y a cent Efcoliers à l’Efcole ou enuiron, il faut auoir vn fecond, ou Coadjutcur qui soit le Maitre d’Eſcriture. Les qualités de cette personne, doiuent estre 1. Pour faire cette fonction à Paris, qu’il soit têteu de Monsieur le Chantre, ou que le Maistre à qui il ayde, aye permission de prendre. & choisir selle personne à sa discrétion. 2. Qu’il aye les Vertus, & qualités sinon toutes, au moins approL’ESCOLE chantes du Maiſtre d’Efcole que nous auons dessin, tes au premier Chapitre, s’estudiant de ieur en jour se perfectionner, notamment dans les Vertus Chrectiennes, dans les sciences, methode, &.industrie, auec laquelle il doit enseigner la ieuneffe, puis qu’il doit trauailler auec le Maistre à la bonne conduite des Efcoliers qu’on leur donnera en charge, ayant foin l’un pour l’autre, de tout ce qui se passe en l’Efcole, soit pour y donner ordre luy mefme, ou pour en actuertir le Maiſtre principal en temps & liou.

-LE

Il doit preparer les exemples d’escriture §. 2.

Es fonctions du Soufmaistre doiuent estre do faire auant la leçon, les exemples des Eſcoliers qui eſcrment, les corriger, tailler leurs plumes le matin, & l’apres midy, leur monstrer à les tailler, visiter leurs papiers, voir de fois à autres s’ils tiennent bien leur plume, & s’ils prennent peine de s’auancer à l’Escriture.\ ·

Il doit faire lire. §. 3.

ra, L doit faire lire ceux que le Maistre luy assignechangeant à cet effet de temps en temps afin de reconnoistre tous deux ensemble le profit des enfans, gardant sous les moyens que nous marqueions dans la methode d’apprendre à lire.

§. 4. Du get.

I L doit monstrer à gester, & compter, à la plume, & aux iettons, & les quatre regles principales de l’arithmetique au moins à ceux qui en feront capables, selon l’ordre & methode que nous dirons cy apres.

Il assistera à la Messe tous les jours & à tout le fernice des Festes.

I’L aura foin à l’Eglise de prendre garde aux enfans, faisant entendre la Messe à ceux qui iront.ر.$ PAROISSIALE. 109 apres l’Efcole, leur monstrera à prier Dieu, & à se tenir en modeſtie, & deuotion durant scelle, il les conduira quand ils entrent & sortent de l’Eglise, á ce qu’il ne se puisse rien commettre contre la renocence d’vn lieu si Saint, aux Dimanches & Festes il se trouuerra à la grande Messe aufec eux, demeutera à la place ordinaire en les obseruant comme nous dirons cy-apres. Il assistera aussi aux Vefpres tant aux premières que aux fecondes & aydera à bien conduire le chant des enfans auec le Maiſtre principal.

Il doit conuenir auec le Maistre principal du reste de son denoir. §. 6.

N fin il conuiendra auec le Maiſtre principal de coutes les autres choses en particulier, selon le temps & le lieu qu’il aura à faire. Quand le Maistre fera absent, ou ne fera encore s’arriué, il aura foin de faire comme s’il y effort, & s’il auoit beſoin de quelqu’vn pour ayder à faire la leçon, il se pourra feruit d’vn des plus fçauants Efcoliers, sur lequel il aura l’œil, & aura vne plus grande vigilance, que quand le Maiſtre principal y présent, sur les actions des Efcoliers. Quand il aura besoin de sortir à la ville, ou aux champs, il en actuertira le principal Maistre, pour estre pourueu de quelqu’vn à sa place. Nous cotterons plus en particulier les obligations dudit fous-Maistre, lesquelles il doit lire fouuent pour s’en bien acquitter, comme le deuoir de ſa cor ſcience l’oblige, & que le Maistre s’attend à luy : autrement qu’il fçache, qu’il refpondra deuant Dieu, de toutes les fautes qu’il fait faire, ou fera la cause que les enfans commettront, faute d’y prendre garde & de les chaſtier, ou faire chaftier en temps & lieu.

SECONDE PARTIE.

DE LA PIETE.

Après avoir parlé en notre première partie du devoir & des qualitez du Maistre & des Écoliers, il faut maintenant expliquer ce qu’on leur doit enseigner, sçavoir. 1. La Piété. 2. La Science : Nous parlerons en cette seconde partie de la piété des Enfans.


CHAPITRE PREMIER.

Des Instructions & Cathechismes.


N Ous monstrerons premierement la façon de bien enseigner la Pieté aux enfans ; auant que d’en escrire la pratique, qu’on leur doit montrer tant a l’Eglise, qu’en l’Escole ; ce qui se verra dans les Instructions & Cathechismes qui sont de cinq fortes.


ARTICLE I
DU CATHECHISME DU DERNIER.
quart d'heure

De la necessité du Cathechisme. §. I.


PVis qu'il est impossible de croire sans estre instruit,& que l'on ne peut operer sans sçauoir ; il faut necessairement, que si l'on veut que les enfans apprennent a seruir Dieu, & à viure en Chrestiens, leur en montrer l’obligation & la pratique liere, qui se recite premierement en ce Cathechisme du dernier quart-d’heure, qui se fait iournellement sinon aux Festes, Dimanches & aux iours ordinaires de Cathechisme de la semaine.

De l’heure de ce Cathechisme. §. 2.


TOus les iours de leçon le dernier quart-d’heure d’apres midy, est employé en quelque instruction pieuse, soit de Carechisme, soit de lecture spirituelle.

De la Matiere. §3.


LA Matiere de cette instruction, durant les dix jours d’auparauant le temps de Confirmation, sera pris du Sacrement de Confirmation : à Paris ces temps de Confirmation sont ordinairement les quatre temps de Caresme, le Vendredy saint, les quatre-temps des Pentecostes, de la saincte Croix & de Noël.

Cette Matiere est de la Confession, en six temps de l’année. §. 4


QVinze iours auant les iours ordinaires de Confession, la Matiere de ce Cathechisme sera du Sacrement de Pœnitence , qui font ordinairement quinze iours auant Noël, le Caresme, les Rameaux, la Pentecoste, l’Assomption, la Toussaints & tout le long du Caresme. Ce Cathechisme n’est employé a autre chose, qu’a bien instruire les Escoliers de ce Sacrement, iusques au Samedy des Rameaux, durant lequel temps, le Maistre tache de gagner vne demye heure entiere, pour cette Instruction, prolongée iufques à cing heures passées : or comme le temps de la Confirmation & de la Confession se rencontre en mesmes iours, il faudra alors faire durant

la quinzaine l’vn apres|’autre,
Aux autres temps cette matiere est diuerse. §. 5.


HOrs les temps de Confirmation ou de Confession ordinaire, il employera ce dernier quart d’heure, à leur bien expliquer (en interrogeant) les Prieres & actes de l’Exercice du Chrestien, a leur expliquer la Sainte Messe, & comme il la faut bien entendre ; leur apprendre à bien dire leur chapelet: & de plus quand le temps ne luy aura pas permis d’expliquer & faire entendre toute la leçon du Catechisme du Diocese, le iour ordinaize precedent ; il le pourra continuer au iour suiuant en ce petit Carechisme, ou bien. i! pourra faire lire quelque Article du Reglement de l’Escole, qui les recarde, & leur expliquer.

De la maniere de faire ce Catechisme. §. 6


LA methode de faire ce Catechisme, c‘est que aussi tost que le dernier quart est sonné, il doit faite mettre les Escoliers en estat d’entendre, leur faisant promptement quitter leurs liures, plumes , papiers, & escriture,faisant sonner la clochette pour en aduertir. Cela fait chacun estant en fa place. 1. Il fera le signe de la Croix que les Escoliers fairont aussi. 2. Il leur proposera les questions qu’il a à leur demander, qui seront deux ou trois seulement : & s'il auoit déja commencé la mesme matiere en quelque Catechisme precedent, il repetera succintement auant que de proposer les questions, ce qui en fut dit la premiere fois. 3. I] proposera les questions qu'il aura à demander , & repetera la premiere deux ou trois fois, sans changer les mots, 4. Il la demandera à quelqu’vn qui en aye besoin, & qu’il sçache estre des plus attentifs ; & ainsi l’ayant fait repeter 4 hyict ou dix; il la repetera luy mesme & leur proposera la seconde & troisiesme question, de la mesme façon. 5 Il repetera les trois questions ensemble, & finira par une petite Histoire propre au sujet. Or s’il veut s’acquitter dignement de ce deuoir, il doit preparer les questions & l’Histoire auant l’entrée de Escole, Voyla la matiere & la forme de cette instruction iournaliere, excepte les jours que mous auons marqués, tous les Samedis veilles des Festes, & comme nous dirons cy apres, a cause des Vespres, sinon durant le Caresme. Cette petite instruction est fort vtile, estant comme le sceau de Pieté, que l’on appose à toutes les exercices des leçons du iour, ce qui leur donne toûjours de bons sentimens de la Religion qu’ils ont embrassée.

ARTICLE II
Du Catechisme Ordinaire de
Paris, ou du Diocese.

Du iour de ce Catechisme §. 1.


SElon l’ordre de Monsieur le Chantre, Superieur des petites Escoles de Paris, on doit en chaque sepmaine les iours de Mercredy & Samedy, apres midy faire la leçon du Catechisme du Diocese, en l’expliquant & faisant apprendre aux enfans. Or comme plufieurs se plaignoient que la plus part du temps de leurs enfans se passoit dans l’exercice du Catechisme, on a iugé à propos au lieu du Samedy de prendre les Dimanches, auquel iour ils assistent & sont instruits, tant à l’Eglise apres Vespres aux Catechismes publiques auec les autres enfans de la Paroisse, que mesme à l’Escole auant Vespres, durant le seruice : ce qui mesme est supplée tous les iours par ce petit Catechisme du dernier d’heure, dont nous venons de parler. Il reste donc maintenant pour l’Escole le Mercredy, ou autre iour quand il eschera quelque Festes durant la sepmaine, auquel cas on pourra prendre la veille de la Feste pour faire ce Catechisme, divisant la premiere partie d'auec la seconde, pour la faire le iour de la Feste durant le Sermon : Afin que les leçons ne puissent pas tant estre interrompuës, ce qui pourroit bien souuent faire murmurer les parens, qui ne sont pas trop spirituels,

Maniere pour faire apprendre le Catechisme du Diocese. §. 2.


POur obliger les Efcoliers qui scauront lire en François, à fcauoir la leçon du Catechisme ordinaire du Diocese, qui leur doit auoir esté marquée & indiquée le dernier iour ordinaire de la precedente sepmaine, celuy qui aura soin de les faire reciter, les obligera pareillement de repeter vn couplet du Catechisme par cœur, chaque iour apres leur lecon & le iour du Catechisme apres midy, ils reciteront par cœur la leçon entiere : à quoy le Maistre tiendra la main. Pourquoy faire les Decurions marqueront ce jour la en vn billet les paresseux, gu’ils luy donneront en entrant. Car bien souuent les paresseux attendent le dernier iour, & n’ayant pas assés de temps a l’apprendre, ils ne le sçauent pas quant il le faut reciter.

Ordre de ce qui se doit faire avant l’entrée du Maistre le iour du Catechisme. §.3.


VN quart-d’heure auant l’entrée du Maistre, qui doit estre l'heure ordinaire de l’Escole de l’apres midy, selon le temps que nous marquerons cy-apres : l’Intendant donnera ordre que quelqu’vn des lecteurs iusques a ce que le Maistre soit entré et l’Escole, lise quelque liure Spirituel ; comme le Pedagogue Chrestien, la vie des Saints, taschant que ce soit toûjours tant que faire se pourra quelque matiere approchante du sujet, à laquelle lecture tous se rendront attentifs, & le Portier laissera la porte ouuerte, afin que le bruit d’icelle n’interrompe la lecture. Ceux qui arriueront durant cette lecture demeureront à genoux au milieu de l’Escole, de peur qu’en allant à leur place, ils empeschent les autres d’entendre & faire profit de ce que l’on lit, à quoy les Intendans & Obseruateurs auront l’œil, marquant exactement sans parler, les immodestes & cajoleurs, & les donneront au Maistre en entrant. Cet ordre de lecture, doit estre obserue toutes & quantefois que on la fera dans l’Escole, en quelque temps que ce puisse estre. Or le fruict de cette lecture est qu'elle sert de preparation, & de recollection aux enfans, pour se dispofer à entendre & faire profit des Instructions qu’ils vont receuoir de la part du Maistre, lequel aura soin de punir les insolents qui seront remarqués, en temps & lieu selon sa prudence.

De la preparation du Maistre a ce Catechisme. § 4.


LE Maistre d’Escole qui doit faire le Catechisme, doit ce iour là ou vn autre, lire attentiuement la leçon du Catechisme qu'il aura à traiter, mesme preuoir les demandes du petit abregé de la Foy, qu'il doit faire aux plus petits, comme aussi preparer vne Hiftoire pour confirmer ce qu’il leur aura dit, laquelle il tirera des liures que mous auons marqués cy-dessus (en parlant des ameublemens de l’Escole) en quoy il prendra garde de changer les Histoires & ne dire pas celles que les Escoliers auront dé-ja entendu, si ce n’est depuis long temps, par ce que la plus part quand on leur repete la mesme Histoire n’en font pas d'estat, retenant ordinairement plustost l'Histoire que I'Instruction.

Prière que le Maistre doit faire a Dieu un peu avant le Catechisme. §. 5.


Outre cette preparation il est à propos qu’il recommande à Dieu ce iour la, le bon succes de ce Catechisme en ses Prieres & à la Messe ; demandant lumière à Nostre Seigneur pour respandre la semence de la Doctrine Chrestienne dans ces petites ames, & qu'il dispose leurs petits cœurs pour la receuoir dignement, & en faire le fruict qu'il desire. Le iour du Catechisme, apres midy, il se retirera dans l’Eglise ou dans son cabinet vn quart-d’heure deuant le commencement de!’Escole, pour se receillir & penser attentiuement à ce qu'il doit faire ; pour trouuer les moyens, & la methode de les bien instruire : de ce qu'il a à leur proposer ce iour la, en demander a Nostre Seigneur la grace, deuant le Saint Sacrement (si c'est dans l’Eglise, ou se tournera au moins vers iceluy) il employra l’assistance de la sainte Vierge, S. Ioseph, son bon Ange, & de tous ceux des enfans ; principalement. celle du Saint Apostre du Diocese, comme de saint Denis à Paris,en recitant quelque Priere a son honneur ; le priant de luy obtenir, l’esprit & le zele auec lequel il a instruict ce pays, à ce qu’il puisse continuer à planter la piete & ferueur des premiers Chrestiens de cette Eglife, n’estant de luy qu’vn foible instrument, qui ne peut rien fans la grace de Dieu.

De l’entrée du Maistre à l’Escole, & de la Priere
auant le Catechisme.
§. 6.


L’Heure sonnée de l’Escole, le Maistre entrera ce iour là auec plus de grauité, qu’en autre temps, puisqu’il va annoncer la Doctrine de salut, comme ministre deputé de Dieu ; & alors la lecture cessera, & la clochette ayant aduerty, tous se mettans à genoux, & luy aussi la face tournée vers le Crucifix, mains iojntes en vne posture honneste, modeste & deuote : à quoy il aura l’œil durant la Priere, aduertissant tous ceux qui badineront, referuant toutesfois à les chastier apres la Priere selon la qualité & malice de la faute. Les deux recitateurs des Prieres ayant fait le signe de la Croix commenceront & diront le premier couplet du Veni Creator, & les Escoliers diront le second, & ainsi continuëront alternatiuement, puis vn d’eux dira l’Oraison de la tres-saincte Trinité, l’antienne, verset & Oraison du patron, & ensuitte l’antienne de l’Apostre du Diocese, & le verset : qui est à Paris, O beate Dionysi &c. Ira pro nobis &c. puis Iesus, Maria, Ioseph succurrite nobis, à quoy les Escoliers respondront comme à la Priere de la leçon d’apres midy, ainsi que nous dirons cy-apres.

De la disposition exterieure des enfants à ce Cathechisme
& de la premiere partie d’iceluy.
§. 7.


APres la priere, les Escoliers estant assis chacun en leur place, n’ayant aucun liure ny papier à la main : mais estants tous dans vne grande attention, la porte demeurera ouuerre, iusques apres la premiere demye heure de la leçon : puis elle sera fermée, & ne sera ouuerte à personne : si quelqu’vn demande le Maistre durant ce temps, le portier luy respondra à la porte qu’il ne luy peut parler, (si ce, n’estoit quelque affaire de grande consequence) il commancera durant cette premiere demye-heure, à montrer aux plus petits, à faire bien le signe de la Croix, leurs monftrant luy mesme & le faisant faire deuant eux a quelqu’vn des Escoliers qui le sait le mieux, & notamment aux nouueaux venus, quelques grands qu’ils puissent estre, pour voir s’ils le font bien, Il fera dire en suitte le Pater, Aue & Credo, à ces mesmes petits, & à ceux qu’il doutera ne le pas bien sçavoir, ou ne le pas bien prononcer : leur faisant dire-aux vns la moitié du Pater, aux autres tout, aux autres l’Aue, aux autres le Sancta, & faira ainsi dire les Commandemens de Dieu, les sept Sacremens de l’Eglise, aux autres qui foot vn peu plus grands. Quand il aura monstre vne semaine le Pater, Aue, Credo en Latin: Il les faira dire en la suiuante en François. Durant qu’il fait ainsi le Cathechisme, les obseruateurs prendront garde tres-exactemenent sur les causeurs & badins, & le Maistre à cet effect, pourra distribuer les deux intendants & les deux obseruateurs aux quatres coins de l’Escole, d’où il puisse remarquer tous ceux qui n’escouteront pas, les nommant tout haut, & le Maistre les faira mettre à genoux, & en punira quelqu’vn exemplairement sur le champ, afin de donner crainte aux autres,

De la seconde partie du Cathechisme & de la maniere de le faire. § 8.


APres la premiere demye-heure la porte sera fermée, & ne sera ouverte que pour faire entrer ceux qui viendront tard , qui demeureront a genoux au millieu de l’Escole par penitence durant vne heure (s’ils n’apportent excuse raisonnable, de leur pareile) & alors le Maistre en se pourmenant le long de l’Escole auec vne grauité aggreable, passera à la seconde partie du Cathechifme, & proposera vne partie des questions de l’Abregé des principaux mysteres, en interogera les petits & les mediocres , & leur expliquera, ce qu’il y aura de difficile à entendre ; ou bien le demandera aux plus sçauants, puis le fera repeter aux autres. Il taschera de parler clairement, & de ne point proposer des respontes longues aux petits enfanrs à respondre, mais courtes, & succintes. Il aprendra & faita repeter souuent, ce qui est du mystere de la saincte Trinite, & de l’Incarnation, aux plus petits & aux nouveaux: iusques a ce qu’ils le sçachent bien. Il pourra diuiser la feuille de l’Abregé des Mysteres de la Foy en quatre parties, & ce sera pour quatre Cathechismes : auant que de commancer la seconde partie, il repetera succintement ce qu’on aura dit de la premiere, afin de leur bien inculquer ce qu’ils auronr dé-ja apris ; car les enfants oublient facilement : or pour se rendre ces mysteres faciles à expliquer, il pourra lire le petit Cathechisme de Bellarmain, ou de M. de Richelieu en son particulier , qui est tres claire & net en cette matiere. Il prendra garde durant ces interogations, que personne ne souffle a celuy qui l’interrogera, car ordinairement ils font manquer celuy , à qui ils veulent suggerer : c’est pourquoy il deffendra cela expressément & punira ceux qu’il y attrapera sans remission,

Continuatin de la maniere susdite §. 9.


IL repetera tousiours les questions proposées luy mesme distinctement, auant que de passer a vne autre, & ainsi il continuera durant trois quarts-d’heure, depuis la premiere demye, & alors ayant reperé toutes les questions, il pourra adiouster quelque pePage:Jacques de Batencour - L'Escole paroissiale, 1654.pdf/143 Page:Jacques de Batencour - L'Escole paroissiale, 1654.pdf/144 Page:Jacques de Batencour - L'Escole paroissiale, 1654.pdf/145 Page:Jacques de Batencour - L'Escole paroissiale, 1654.pdf/146

ARTICLE III.
Dv Catechisme des Mysteres de

l’année sur l’Image.


LOrs que les Solemnités des grandes Festes de l’année approchent, le Maistre doit instruire ses Escoliers, comme estant vne chose des plus necessaires à la vie Chrestienne, & neantmoins qui est si negligée par ceux qui sont chargés des enfans, comme leurs parens & leurs Maistres. Aussi est ce vne chose pitoyable, de voir la plupart des Chrestiens plus ignorants des Mysteres de leur Religion, & des Sainctes pratiques de l’Eglise, comme des ieusnes, des Processions &c. que des Turcs. C’est pourquoy ils n’assistent aux Solemnités, que tres peu, ou s’ils s’y trouuent, c’est sans esprit, ny deuotion : & tout cela vient faute de ce qu’ils n’en ont pas esté instruits ; notamment durant leur ieunesse. C’est dequoy ie pretens vous donner methode presentement.

Des iours que cette instruction se doit faire. §. 1.


POur proceder par ordre en cette methode d’instruction, il faut destiner premierement les iours ausquels il faut proposer cette Doctrine aux enfans, qui sera le iour le plus proche de la Feste l’apres midy toute entiere, vn iour ou deux deuant, au lieu du Catechisme ordinaire du Diocese, qui sera obmis en ce cas, pour estre supplée au Dimanche ou Feste suiuante durant le Sermon, pourueu que les enfans ayent assés de temps pour l’apprendre, & que si on ne pouuoit acheuer toute la matiere de ce Catechisme au iour qui auroit esté pris, comme Page:Jacques de Batencour - L'Escole paroissiale, 1654.pdf/148 Page:Jacques de Batencour - L'Escole paroissiale, 1654.pdf/149 Page:Jacques de Batencour - L'Escole paroissiale, 1654.pdf/150 Page:Jacques de Batencour - L'Escole paroissiale, 1654.pdf/151 Page:Jacques de Batencour - L'Escole paroissiale, 1654.pdf/152 Page:Jacques de Batencour - L'Escole paroissiale, 1654.pdf/153 Page:Jacques de Batencour - L'Escole paroissiale, 1654.pdf/154 Page:Jacques de Batencour - 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CHAPITRE PREMIER.

De la maniere de bien monstrer à lire Latin & François.

POur bien monstrer à lire, il se faut bien garder d’embrouïller les Enfans, en leur voulant enseigner tout à la fois, à assembler, lire, en François & Latin : mais il faut se seruir de l’ordre, & ne point entreprendre de les faire voler dans la lecture, auant que de sçauoir espeler les lettres : car voulant les aduancer en leur apprenant tant de choses à la fois, on leur rend la lecture si confuse, qu’outre qu’ils sont long-temps à apprendre, ils ne sçauent iamais bien lire, ny Latin ny François : estans comme vne maison qui n’a iamais esté bien fondée, à laquelle il y a toujours à craindre & à refaire. Pour proceder donc par ordre, il faut 1. Enseigner aux petits enfans à connoistre les lettres. 2. A les assembler pour en faire des syllabes. 3. A espeler les syllabes, pour en faire des mots ; & en suitte, lire les mots ; pour en faire des periodes Latines, puis bien lire en François.

ARTICLE I.

De la façon de monstrer les
Lettres aux enfans. §. 1.


IL faut considerer quels enfans on doit enseigner : car s’ils sont petits, & qu’ils ayent l’esprit dur, ils seront plus tardifs, & par consequent, il y faut plus employer de temps, leur monstrer moins de Lettres à la fois, & leur faire repeter plus souuent qu’à ceux qui auroient vn bon esprit, bonne volonté, & le iugement fait : pour ceux qui auront l’esprit dur, & seront auec cela paresseux, il faut auoir vne grande patience & industrie, pour leur faire connoistre leurs lettres. Enfin plus vn enfant a d’esprit & de iugement, plus il le faut pousser & inciter, s’il a bonne volonté ; & moins il en a, & plus il faut employer de temps, de soin, & le faire moins aduancer en vne autre leçon, puis qu’il oublie plus facilement, & apprend plus difficilement que les autres.

De la façon du premier Alphabet. §. 2.


POur bien monstrer aux enfans les lettres, il leur faut faire apporter au commencement, vn petit Liure de quatre ou cinq fuëillets qui contienne. 1. Les Lettres communes, capitales, abreuiations, italiennes, grandes & petites. 2. Deux colomnes de syllabes, de toutes les lettres qui se peuuent assembler, tant auec les simples voielles, comme ba, pa, comme auec vne liquide & vne voielle comme bra, bla. Il y a vingt-deux lettres Latines, a, b, c, d, e, f, g, h. s. s. m. n, o, p, q. s. f. s. t, u, v, x, z, &, 9, & deux grecques, k, & y : les lettres se diuisent en voielles & consonnes ; les voielles ainsi dites, à cause qu’elles 216 L’ESCOLE donnent le son à la syllabe, font cinq Latines, a, e, 1, O, L’I, & vne grecque y, entre ces voielles il y en a 2. qui feruent quelques fois de cófonnes, autres fois de voyelles, 1, u : quand elles feruent de voielles, elles sont marquées i, u, quand elles feruent de consonnes, elles sont marqués i, v. Pour les bien distinguer au son aussi-bien comme en la prononétation, au lieu de dire i, il faudroit dire ie, comme au lieu de dire i, o, io, il faudroit dire ie, o, io, de mefme I’v consonne, au lieu de dire u, o, vo, il faudroit faire prononcer vé, o, vo, y ayant pareille raison de les faire consoner comme bé, pé, té. Des voyelles il y en a de doubles, qui s’appellent diphthongues ; c’est à dire deux voielles iointes ensemble, & qui ne rendent qu’vn ſeul son, comme x, fonne é, a, u, & o, u, qui donnent le son au & ou. Voila ce qui est des voielles. Pour ce qui est des consonnes, il y en a dix-sept Latines, à fçauoir, b, c, d, f, g, h. s. m. n, p, q, t, ft, x, z, & vne grecque k. De ces consonnes, il y en a treize, qui s’appellent mutes, c’est à dire, qui ne fonnent iamais qu’auec des voielles, à fçauoir b, c, d, f, g, h, m, n, P, q. s. f. quatre liquides qui se joignent entre vne voielle & vne consonne, pour faire vne syllabe, comme ble, bre, præ, mne, faut, quelquefois aussi f se joint auec vn p, t, comme spi, fti : or afin de bien faire connoistre aux enfans les lettres, il faut que le premier Liure d’Alphaber, soit compose de la forte que nous allons dire.

De la composition de l’Alphabet. §. 3.

L E premier liure de l’Alphabet, doit estre composé seulement de quatre ou six fucillets, la 1. Page doit contenir les vingt-quatre Lettres communes de l’Alphabet, a, b, c, d, e, f, g, h, 1, j, k. s. m. n, o, f.q, , , t, u, v, x, y, z : le mefme Alphabet fera mis à Page:Jacques de Batencour - L'Escole paroissiale, 1654.pdf/260 la. le. li. lo. lu. gla. gle. gli. glo. glu. ma. me. mi. mo. mu. mna. mne. mni. mno. mnu. na. ne. ni. no. nu. pa. pe. pi. po. pu. qua. que. qui. quo. quu. ra. re. ri. ro. ru. sa. se. si. so. su. ta. te. ti. to. tu. va. ve. vi. vo vu xa. xe xi. xo. xu. za. ze. zi. zo. zu.

pra. pre. pri. pro pru. pla. ple. pli. plo. plu. sta. ste. sti. sto. stu. spa. spe. spi. spo. spu. tra. tre. tri. tro. tru.

Et ensuite de ce syllabaire, il y doit auoir en ce mesme Liure, le Pater, Ave, Credo, Misereatur, Confiteor, Benedicite, Agimus, Et beata, & Angele Dei. Imprimés en lettres communes, grosses, & bien distinguées, les syllabes separées l’vne de l’autre enuiron de l’espesseur d’un teston de France. Car quand on donne des Alphabets aux enfans, qui ont les lettres petites, brouïillées & mal imprimées, en ces petits commencements, on leur donne double peine, leur estant besoin d’vne double attention, l’vne pour desbrouïller les lettres, & l’autre pour les connoistre & les nommer. Il seroit donc fort à propos que les Alphabets fussent composés de la façon susdite.

Deuxiesme sorte de liure pour espeler. §. 5.


QVand les Enfans commencent à espeler, il leur faut donner vn Liure, qui soit composé du Magnificat : Nunc dimittis : Salue regina, verset & Oraison, des sept Psalmes, & des Litanies des Saints, du S. nom de Iesus, & de celle, de la saincte Vierge, d’vne Liste des nombres des chiffres communs, 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 20. 30. 40. 50. 60. 70. 80. 90. 100. 200. 300. 1000 & des versets des responses de la Messe : car ayant dé-ja, veu le Pater, Aue, Credo, Confiteor, dans le premier Alphabet auec l’Alphabet des lettres, si vous les remettés encore dans le deuxiesme liure, cela les desgoustera, & mesme apprendront plustost par memoire les lettres & les syllabes de ces choses, que non pas par connoissance & iugement.

Du troisiesme liure pour lire en Latin. §. 6.


LE troisiesme liure doit estre imprimé en lettres mediocres & lisibles, contenant l’office de Nostre-Dame, celuy de la Saincte Croix, du Saint Esprit ; les sept Psalmes, l’office des Trespassés & les Vespres du long de la semaine auec les responses de la Saincte Messe, les Hymnes du Diocese, qui se disent à Vespres, & en suitte il leur faut donner des liures Latins, mal imprimés comme des Pseautiers imprimés à Rouën & à Troies, pour les rompre dauantage dans la lecture Latine, & en suitte leur donner des liures François, 1. En grosses lettres, & en suitte en petit volume, à ce que la grandeur des characteres les facilite à la connoissance des mots, & le changement frequent de volume les encourage à bien apprendre.

De la methode à monstrer les lettres. §. 7.


POur bien monstrer les lettres, il faut les faire commencer à bien faire le signe de la Croix, puis auec vne petite touche d’vn bout de plume & non pas de fer ou de cuiure, ce qui gaste & deschire les liurets, le Maistre leur fera tenir le liuret par le milieu, de la main droite, & la touche, de la gauche, puis les ayant encouragé à bien apprendre, leur monstrera les trois ou quatre premieres lettres à la premiere leçon, leur faisant repeter trois ou quatre fois, puis les prenant à rebours leur fera monstrer auec la touche, & nommer ces trois ou quatre lettres, & en suitte les donnera à leur Decurion pour auoir soin de leur faire repeter leur leçon, & leur apprendre les 3. ou 4. suiuantes : à la seconde leçon, il leur doit faire repeter la premiere, & s’ils la sçauent bien, c’est à dire qu’ils connoissent & nomment bien les lettres, il leur fera repeter quatre autres lettres ensuiuant, & ainsi les donnera à faire reciter la premiere & seconde leçon à leur Decurion, & en suitte en apprendre vne autre pour le iour suiuant ; faisant toûjours repeter toutes les lettres precedentes, auant que de leur en faire apprendre de nouuelles. Quand il leur aura bien fait comprendre, connoistre & nommer toutes les lettres de l’Alphabet, il leur fera dire à rebours, puis leur fera toucher & nommer tantost vne lettre au milieu, tantost à la fin, tantost au commencement. Et quand ils sçauront bien ce premier Alphabet, il passera à leur faire apprẽdre les autres, & les abbreuiations & ligatures, selon la mesme methode. Le Maistre se gardera bien d’espouuenter les petits enfans dans ce commencement, les fouëttant, menaçant, se despitant contre eux, se souuenant au contraire de la mansuetude auec laquelle nostre Seigneur receuoit les enfans, leur tesmoignant de l’amour, sinon qu’il vit qu’il ne seruit de rien, & qu’il y eut de la malice ou paresse : ce qui ne se peut voir qu’auec le temps ; & en ce cas il y appliquera la correction temperée auec Prudence. Page:Jacques de Batencour - L'Escole paroissiale, 1654.pdf/264 comme vne s. 3. Quand le g, se rencontre auec vn a, vn o, & vn u ; il le faut faire sonner comme vn gamma grec qui s’appelle g dur. Quand il se trouue auec vn e, & vn i, il sonne comme vne j consonne ge, gi, qui s’appelle g mol. 4. Quand l’on trouue vne j. consonne joinct auec vne autre voyelle (ce qu’on connoistra quand il sera auec queuë) au lieu de dire j, a, ja, il faut dire je, a : ja : car ie m’estonne comme dans la methode ordinaire de plusieurs qui se sont meslés & se meslent tous les iours de monstrer la lecture, ils mettent vne double difficulté à faire prononcer l’j consonne, parce qu’il y a bien plus de difference entre dire j, a, ja que de dire je, a, ja : parce que pour distinguer l’i voyelle d’auec l’i consonne, faudroit prononcer l’vn ie, sans accent pour le distinguer du son du gé, estant bien raisonnable de luy donner vn son particulier, puisqu’il est marqué autrement que l’i voyelle. Quand t, se rencontre auec vn i, & qu’il suit vne voyelle apres, comme en ce mot ratio ; il le faut prononcer comme vn c, auec vn i. Quand l’u consonne se trouue auec vne voyelle, pour faire vne syllabe, comme ua, faut dire ué, a : ua, au lieu de dire u, a ; ua, y ayant autant de raison de donner vn son particulier à l’u consonne sans le prononcer comme l’u voyelle, puisqu’il y a beaucoup plus de facilité pour les enfans de dire ué, a, ua, que de leur faire deuiner le son de l’u consonne, en leur faisant prononcer dans l’assemblage des lettres, comme l’u voyelle. Voyla ce qui est de plus remarquable pour bien monstrer à assembler, nous en toucherons encor quelque chose dans l’article de la lecture Françoise. Cecy suffira pour la Latine, qui est le fondement des autres. Page:Jacques de Batencour - L'Escole paroissiale, 1654.pdf/266 Page:Jacques de Batencour - L'Escole paroissiale, 1654.pdf/267 Page:Jacques de Batencour - L'Escole paroissiale, 1654.pdf/268 Page:Jacques de Batencour - L'Escole paroissiale, 1654.pdf/269 Page:Jacques de Batencour - L'Escole paroissiale, 1654.pdf/270


ARTICLE IV.
De la Lectvre Françoise.


LA lecture Françoise estant bien plus difficile à prononcer que la Latine, encore qu’elle s’escriue auec les mesmes lettres ou characteres distinguez en voyelles, diphthongues, consonnes & liquides, exceptés le k, qui ne sert qu’aux mots Grecs, escrits en characteres Latins, comme nous auons dit cy dessus aux Articles de la lecture Latine ; c’est pourquoy nous ferons quelques obseruations, pour en faciliter la bonne methode aux Maistres & aux enfans.

De la disposition requise aux enfans pour lire en François. §. 1.


IL faut premièrement que les enfans auant que d’estre mis à la lecture Françoise, sçachent bien lire en Latin en toutes sortes de liures, car cette lecture estant le fondement de la Françoise, puis qu’elle contient les mesmes characteres & syllabes, si on monstre à vn enfant à lire en Latin & en François tout ensemble, il donnera grande peine au Maistre, n’apprendra la lecture qu’à force auec longueur de temps, & mesme bien souuent n’estant pas bien fondé dans la lecture Latine, quand il commence le François, il oublie la premiere en apprenant la deuxiesme ; ce qui n’arriue, quasi iamais quand il est bien habitué en la lecture Latine, auant que d’estre montré en la Françoise. Il faut donc que les enfans sçachent bien lire en latin, pour leur donner vn petit liure François, premierement, parce que changeant souuent de liure, ils s’encouragent à mieux apprendre : faut encore que le premier & deuxiesme liure François qui leur sera donné, soit de grosses lettres bien imprimées : parce que donnant des lettres menuës à vn enfant, on luy donne double difficulté à sur-monter ; à sçauoir la distintiõ des characteres, l’assemblage, & la pronõciation des mots. Il faut aussi toujours que ce liure contienne quelque sujet de pieté, afin qu’apprenant à le lire, ils en puissent quand-&-quand succer le fruit.

Du commencement de l’enseignement de cette lecture. §. 2.


QVand on commence à monstrer la lecture Françoise à vn enfant, il luy en faut monstrer les difficultez petit à petit, & il est necessaire qu’il ne quitte pas sa lecture Latine entierement, mais qu’il en lise en suitte de chaque leçon Françoise, quatre ou cinq versets à la fois, iusqu’à ce qu’il commence à bien lire en François, & à lors il quittera entierement la Latine.

Des premieres difficultés pour la prononciation. §. 3.


La premiere remarque qu’il faut faire entendre à l’enfant, c’est que vn a, ioint à vn i, se prononce comme e, exemple faire comme fere, gai comme gué, au comme vn o, exemple heaume, faut prononcer heôme, pauure comme pôure. Quand la voielle se distingue d’auec vne autre qui y est iointe, il y a ordinairement deux petits points sur la derniere, comme haïr est distingué de haine, ce qui se voit plus ordinairement, quand il y en a trois iointes ensemble : comme poüille : trois voielles ne seruant qu’à faire vn seul son : e feminin se prononce comme en Latin, & est marqué d’yn petit accent au dessus comme bonté, chastié ; e masculin se prononce sans son, comme docte fable. E deuant u, addoucit le Page:Jacques de Batencour - L'Escole paroissiale, 1654.pdf/273 ment, s au bout du mot, ne se prononce point quand le mot suiuant se commence par vne consonne, comme les bons Peres, mais quand le mot suiuant se commence par vne voyelle, faut prononcer s comme vn z, exemple bonnes ames comme bonnez’ames, le t, se gouuerne de mesme, il parloit de Iean, faut dire comme s’il y auoit il parloy sans t, & s’il suit vne voyelle, comme il disoit à Pierre, faut prononcer le t. Quand s’est au milieu du mot auant vne autre consonne, il ne la faut point prononcer ; comme teste faut dire tete : ti deuant vne voyelle se prononce comme vne f, comme action, acsion. Le relatif François encore qu’il s’escriue que, ou qui auec vn u, il se prononce comme sans u, quand suit la mesme reigle, se prononçant comme s’il y auoit qand. Quand n, t, se trouue à la fin du mot qui est nom ou aduerbe, il le faut prononcer, comme tourment, s’il suit vne voyelle on fait sonner le t ; s’il suit vne consonne on ne le prononce point. Quand e se trouue deuant vne m ou n, seule, il ne le faut prononcer comme a, mais comme e, combien, on ne dit pas combian : mais ph se prononce comme f.

Moyen de faire entendre ces difficultés aux enfans. §. 5.


LE Maistre doit auec discretion, par ordre, & non tout à coup, à chacun selon la portée de son esprit faire entendre ces difficultés à ses Escoliers : par ce que si tout au commancement de la lecture Françoise il vouloit faire exercer toutes ces reigles, il leur accableroit l’esprit, mais il doit commencer par les principales & ainsi auancer par ordre, à mesure qu’ils auanceront dans la lecture Françoise. 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