Esprit des lois (1777)/L24/C15

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CHAPITRE XV.

Comment les lois civiles corrigent quelquefois les fausses religions.


Le respect pour les choses anciennes, la simplicité ou la superstition, ont quelquefois établi des mysteres ou des cérémonies qui pouvoient choquer la pudeur ; & de cela les exemples n’ont pas été rares dans le monde. Aristote[1] dit que, dans ce cas, la loi permet que les peres de famille aillent au temple célébrer ces mysteres pour leurs femmes & pour leurs enfans. Loi civile admirable, qui conserve les mœurs contre la religion !

Auguste[2] défendit aux jeunes gens de l’un & l’autre sexe d’assister à aucune cérémonie nocturne, s’ils n’étoient accompagnés d’un parent plus âgé ; & lorsqu’il rétablit les fêtes[3] lupercales, il ne voulut pas que les jeunes gens courussent nuds.


  1. Polit. liv. VII. chap. xvii.
  2. Suétone, in Augusto, ch. xxxi.
  3. Ibid.