Eugène Fromentin (1820-1876)

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Anonyme
(p. 7-47).


LE MONUMENT D’EUGÈNE FROMENTIN

À LA ROCHELLE




HISTORIQUE




Le 29 octobre 1902, le Courrier de La Rochelle publiait, en première page, un article sur Eugène Fromentin, signé de M. le Dr Brard, où, après avoir succinctement rappelé la vie et les œuvres de l’illustre maître Rochelais, l’auteur s’étonnait que celui-ci n’ait pas encore de statue à La Rochelle.

À la suite de cet article, que nous croyons devoir reproduire, un Comité se forma à La Rochelle, dans le but de mettre à exécution ce projet et recueillir les fonds nécessaires.

Ce Comité se composait de :

MM. d’Orbigny, Maire de La Rochelle. Président.

Regnault, Préfet.
Dr  Brard,
Vice-Présidents.
Baudouin,
Garrigues,
Pic,
Secrétaires.

Basset fils, Secrétaire-adjoint.

Chatonet, Trésorier.

Blanchon, Trésorier-adjoints.

MM. Couneau.

Corbineau, architecte.

Alfred Vivier.

De Richemond.

Bellanger, inspecteur d’académie en retraite.

Franck Morch.

Gaston Périer.

Souchet.

Abbé Richou.

Hervieu, directeur des douanes en retraite.

Musset, archiviste.

Furcy de Lavault.

Eugène Babut.

Giraudeau.

En même temps et sous l’instigation du Comité de La Rochelle, se constituaient les Comités de Paris et d’Alger.

Celui de Paris fut composé de Présidents d’honneur qui furent :

MM. Combes, Sénateur, rue Claude-Bernard. 45. (Ve).

Chaumié, Ministre de la Justice, place Vendôme.

Roujon, Secrétaire perpétuel de l’Académie des Beaux-Arts, quai Conti, 25.

d’un Président effectif,

M. Bouguereau, Membre de l’Institut.

et du Comité de patronage :

MM. Calvet, Sénateur, boulevard du Montparnasse, 114.

Rouvier, Sénateur, avenue de l’Opéra, 22.

Braud, Député.

MM. Charruyer, Député, avenue de Wagram, 120.

Réveillaud, Député, rue des Chantiers, 85, Versailles.

Léon Bonnat, de l’Institut, 48, rue Bassano.

Bourget, de l’Académie Française, 20, rue Barbet-de-Jouy.

Brunetière, de l’Académie Française, rue Bara, 4.

Jules Breton, de l’Institut, rue de Longchamp, 136.

Édouard Detaille, de l’Institut, bould Malesherbes, 129.

Faguet, de l’Académie Française, rue Monge, 59.

Fremiet, de l’Institut, boulevard Beauséjour, 43.

Hervieu, de l’Académie Française, 23, avenue du Bois de Boulogne.

Humbert, de l’Institut, avenue Frochot, 8.

Lafenestre, de l’Institut, Conservateur du Musée du Louvre.

Lavedan, de l’Académie Française, rue Pierre-Charron, 32.

Marqueste, de l’Institut, rue Poncelet, 19. (XVIIe.)

E. Michel, de l’Institut, avenue de l’Observatoire, 15.

Antonin Mercié, de l’Institut, avenue de l’Observatoire, 15.

Pascal, de l’Institut, boulevard Saint-Denis. 8.

Vicomte Melchior de Vogué, avenue du Bois de Boulogne, 23.

Arsène Alexandre, homme de lettres, avenue de la Grande-Armée, 6.

Bellaigue, homme de lettres, rue de Bellechasse, 47.

Bisseuil, ancien Sénateur, rue Le Verrier, 5. (VIe).

Busson, artiste peintre, rue Falguière, 9. (XVe).

Callot, Ernest, boulevard Malesherbes. 160.

Callot Henri, Secrétaire du monument Fromentin, boulevard Malesherbes, 160.

Carolus Duran, de l’Institut, Directeur de la Villa Médicis, Rome.

MM. Jules Comte, rue Lord Byron, 18.

Ephrussi Charles, avenue d’Iéna, 11.

G. Geffroy, rue Vital, 27. (XVIe).

L. Gonse, homme de lettres, bould St -Germain, 205.

Harpignies, artiste peintre, rue Coëtlogon, 9. (VIe).

A. Michel, homme de lettres, rue Claude-Bernard, 59.

A. Pereire, Trésorier pour Paris du monument Fromentin, 69, rue de la Victoire.

Roy de Loulay, ancien député, rue de La Trémoille, 28.

E. Thirion, artiste peintre, boulevard de Clichy, 14. (XVIIIe).

Thiébault-Sisson, homme de lettres, quai Voltaire, 33. (VIIe).

Mme Arvède Barine, avenue de Wagram, 29.

Le Comité d’Alger se composait de :

MM. Altairac, Maire d’Alger, Président.

Dubois, Directeur de l’École Nationale des Beaux-Arts, Vice-Président.

Gastu, ancien Député, Président de la Société des Beaux-Arts d’Alger, Trésorier.

A. Mesplé, Professeur à l’École des Lettres, Président de la Société de Géographie de l’Afrique du Nord.

Waille, Professeur à l’École des Lettres.

F. Barbedette, délégué du Conseil Général de Constantine au Conseil Supérieur de l’Algérie, Secrétaire.

Grâce à la propagande faite par ce Comité, grâce aussi aux nombreux journaux qui vinrent leur apporter leur puissant concours, les souscriptions arrivèrent nombreuses et fructueuses. Le Conseil municipal de La Rochelle, sur l’initiative de la municipalité, composée de MM. d’orbigny, maire, Mabille, Wilckens et Gougnard, adjoints, vota une somme de 10.000 francs.

La Société des Amis des Arts de La Rochelle, offrit, de son côté, une somme de 2 000 fr.

La souscription donna le résultat suivant :


Comité de La Rochelle 17.275f 30
Comité de Paris 16.6801»
Comité d’Alger 111523 30
_________
24.478 60

Lorsque la souscription eut atteint le chiffre que nous indiquons, M. Bouguereau, jugeant cette somme suffisante pour assurer, dès lors, la réalisation d’un monument digne de la mémoire d’Eugène Fromentin, fit décider par le Comité de Paris que ce monument serait élevé sur la place des Petits-Bancs, à La Rochelle, et que les artistes qui devaient l’exécuter seraient désignés à la suite d’un concours.

Ce concours devait être restreint à dix sculpteurs et dix architectes, choisis par le jury, parmi les artistes hors concours lors de l’Exposition universelle. Les concurrents désignés commencèrent leur travail le 31 mars 1904. Ce travail devait être terminé le 20 juin 1904, époque à laquelle les maquettes furent exposées.

Le résultat de ce concours fut très remarquable, et, dès le début, la majorité du jury donna la préférence au projet que MM. Dubois et Patouillard avaient ébauché et duquel devait sortir le magnifique monument qui va être inauguré le Ier octobre 1905.

Ce monument se compose d’une stèle en pierre, que surmonte le buste de Fromentin et d’où émerge le stipe d’un palmier. Cette stèle est flanquée d’un groupe équestre en bronze, représentant une scène de fantasia arabe en l’honneur de l’illustre maître.

Nous sommes heureux de pouvoir reproduire ici un croquis à la plume de M. Dubois, nous donnant une juste idée de la superbe allure qu’il a su imprimer à son cavalier.






En honorant ses morts on
s’honore soi-même
.



De toutes les figures que j’ai rencontrées dans mon existence, déjà longue, aucune ne m’a plus vivement impressionné que celle d’Eugène Fromentin. — « Cet être d’art et de sentiment, » ainsi que l’avait si justement caractérisé George Sand, portait, en effet, inscrites sur son visage les éminentes qualités de son âme ; et quiconque avait vu une fois cette belle tête d’artiste, fine et expressive, ne pouvait plus l’oublier.

C’est en 1865 qu’il me fut donné de connaître Fromentin. Il avait alors 45 ans. Il était entré dans la sérénité d’un talent incontesté et marchait à la tête de l’école de Peinture Française. Ses dernières expositions avaient été des triomphes !… Accompagné par un de ses meilleurs amis d’enfance, j’allais, pour la première fois, lui rendre visite à Saint-Maurice. Nous le trouvions dans l’atelier qu’il venait d’y faire construire, debout, devant un chevalet ; il terminait un de ses beaux tableaux : « La tribu en marche » je crois ; il nous reçut avec la courtoisie exquise qui lui était habituelle, et tout en ajoutant quelques touches à la peinture, se mit à causer… Ce fut pour moi une révélation, un saisissement, un vrai coup de foudre ! Fromentin était de petite taille, et je ne m’en aperçus point à cette visite. Je ne voyais que sa tête et ses yeux qui me paraissaient remplir le vaste logis, et cette toile toute vibrante de chaude lumière et de mouvement, qui faisait trou dans la muraille… Je regardais, j’écoutais… et hypnotisé, ébloui, je restais muet. C’est qu’Eugène Fromentin causait comme il savait peindre et écrire. — Je n’avais et n’ai jamais rien entendu de pareil.

Fromentin est né le 27 octobre 1820, rue Dupaty, à La Rochelle, dans une vieille maison à grand porche, empiétant sur la voie publique, maison qui correspondait aux numéros actuels 7 et 9. Son père était médecin à La Rochelle et Directeur de l’Asile de Lafond, son grand’père avait été avocat au Parlement. Aussi, pour conserver la tradition de famille, son frère ainé ayant été destiné à la médecine, lui, devait-il être dirigé vers le barreau.

Ses études au collège de La Rochelle furent brillantes ; il y occupait les premières places et y manifestait de bonne heure ses aptitudes litté


La maison où est né Eug. Fromentin, rue Dupaty, à La Rochelle

raires. Déjà le poète perçait dans le collégien, et

de temps à autre il s’en allait le soir, rue de l’Escale, avec des battements de cœur, glisser furtivement des pièces de vers dans la boite de rédaction du brave père Maréchal, qui les insérait le plus souvent, car les vers n’étaient pas mauvais. Enfin, son professeur de rhétorique de 1837, l’érudit Léopold Delayant, nous a raconté jadis qu’un jour son élève lui avait remis un devoir si réussi, sur un sujet cependant assez ingrat, le psaume VIII, qu’il en avait été émerveillé et qu’il crut devoir, pour l’en récompenser, le faire reproduire, à l’insu de l’auteur, dans un journal de la localité.

En 1839, ses humanités terminées, son père l’envoya à Paris pour y faire son droit, et le fit entrer dans l’étude de Me  Denormandie, avoué, où il eut pour compagnons deux hommes devenus célèbres, eux aussi, dans des genres différents : Forcade de la Roquette, qui fut ministre d’État, et Me  Nicolet, le grand avocat. Il resta là quelques années, plus par devoir que par goût, prenant régulièrement ses inscriptions et suivant les cours, mais sans parvenir à se passionner pour la procédure et sentant bien que sa vocation n’était pas de ce côté. Entre temps, il commençait d’ailleurs à s’occuper d’art et de littérature. Son meilleur ami d’alors, Émile Beltrémieux, fondait à La Rochelle un journal littéraire : « La Revue organique de l’Ouest » et lui demandait sa collaboration. Fromentin lui envoya une critique du Salon de 1845 et quelques articles sur la poésie qui indiquent bien nettement les tendances de son esprit en ce moment. Il lui arrivait aussi, souvent, de suivre ses amis, étudiants en médecine, dans leurs courses d’herborisation aux environs de Paris, et il en rapportait, à la place de collections de plantes, des collections de croquis d’après nature.

Il venait enfin d’obtenir sa licence, et à contre cœur, pour obéir à la volonté paternelle, il commençait son doctorat, lorsqu’un jour, n’y tenant plus, il ouvrit son cœur à un ami de la famille, Charles Michel, et lui avouant les répugnances qu’il éprouvait pour le barreau et la magistrature, lui fit connaître son vif désir de se consacrer uniquement à la peinture. Celui-ci vint immédiatement négocier l’affaire à La Rochelle avec le père, qui, après une assez vive résistance, finit par céder ; mais comme le papa peignait lui-même et avait quelque prétention sur la matière, il voulut choisir l’atelier où son fils ferait son stage et le plaça chez le peintre Rémond, qui représentait alors l’école académique du paysage. Mais, un an après, Eugène Fromentin en sortait pour entrer, dans l’atelier de Cabat, qui fut le seul maître qu’il ait reconnu, si tant est qu’un tempérament comme celui de Fromentin put s’accommoder d’un autre maître que la Nature.

Dès lors, ses vœux se trouvaient réalisés et le grand artiste allait se révéler. Il était à peine familiarisé avec les principes de son art qu’il lui tarda de les mettre en pratique, sous un ciel plus lumineux que le nôtre. Il hésita entre l’Italie et l’Afrique et se décida pour l’Algérie, où, attiré par l’espace et le soleil, il sentait un pays nouveau, encore peu connu, et où il pouvait se constituer un domaine bien à lui. Il part donc pour Alger, en 1846, avec son ami Armand du Mesnil, dont il devait épouser la nièce un peu plus tard. Puis il se rend à Blidah, et est conquis par le charme de cette nature étrange, colorée et chaude qui l’enthousiasma. Son choix est désormais fait et jusqu’à sa mort il restera fidèle à cette première impression.

À son retour d’Algérie, en 1847, il exposait, pour la première fois, trois tableaux qui attirèrent immédiatement l’attention des connaisseurs et des critiques : Les Gorges de la Chiffa, Une Mosquée près d’Alger et Une Ferme des environs de La Rochelle. Deux ans après, il méritait une Ire médaille avec La Place de la brèche à Constantine. En 1850, il exposa onze tableaux, souvenir de son voyage à Biskra. Enfin, au lendemain de son mariage, en 1852, il retourne en Algérie, avec sa jeune femme et pousse seul une pointe dans le désert jusqu’à Laghouat ; il rapporte de ce voyage deux volumes et une quantité d’études qui seront la source féconde de tous ses travaux futurs.

Les deux volumes sont Un été dans le Sahara, qui parut dans la Revue de Paris et Une Année dans le Sahel, qui fut publiée dans la Revue des Deux-Mondes. L’apparition de ces deux livres fut un événement dans le monde littéraire et y produisit une vive sensation. Coup sur coup, Fromentin venait, en effet, de se révéler grand peintre et grand écrivain. Nul autre de ses contemporains ne pouvait lui être comparé à ce titre. Aussi les éloges lui vinrent-ils de tous les côtés et des plus opposés. Les plus illustres dans les lettres, comme George Sand, Théophile Gautier, Sainte-Beuve, lui-même, lui envoyèrent les félicitations les plus flatteuses et recherchèrent son amitié.

Ce dernier écrivait à ce sujet :

« M. Fromentin a un privilège que je n’ai encore vu personne posséder à un degré égal ! Il a deux muses : Il est peintre en deux langues. Il n’est pas amateur dans l’une ou dans l’autre, il est artiste, consciencieux, sévère et fin dans toutes deux… c’est un maître de fine race et vraiment français. »

Ces récits africains sont en effet exquis, ils sont non seulement écrits en une langue merveilleuse, mais ils viennent encore compléter les tableaux peints sans les répéter, en faisant naître des sensations nouvelles, toujours très douces et très poétiques, en exprimant des idées que la peinture est incapable de rendre : « Le lot du peintre était forcément si réduit que celui de l’écrivain me parut immense. Je me promis seulement de ne pas me tromper d’outil en changeant de métier », dit-il dans la préface d’Un été dans le Sahara.

Les envois de Fromentin aux Salons, vont maintenant se succédant sans relâche, d’année en année ; je n’en citerai que les plus célèbres, qui sont : L’enterrement maure (1850) ; La chasse à la Gazelle ; Les bateliers nègres ; L’audience chez le Kalifat (1859) ; Cavaliers revenant d’une fantasia ; Les courriers du pays des Ouled Naïls (1861) ; Le bivouac arabe au lever du jour ; Le Fauconnier arabe ; La chasse au faucon en Algérie ; La curée (1863) ; Le coup de vent dans les plaines d’Alger (1864) ; La chasse aux hérons ; Les voleurs de nuit (1865) ; Tribu en marche dans les pâturages du Tell ; Étang dans les oasis (1866) ; Arabes attaqués par une lionne ; Centaures (1868) ; Fantasia ; Halte de muletiers (1869) ; enfin les cinq dernières toiles : Le grand Canal et le Mole (1872) ; Le Ravin (1874) ; Le Nil et vue d’Eneh (Hte-Égypte)(1876), qui sont le souvenir rapide du voyage qu’il avait fait à Venise et en Égypte, avec la commission invitée par le vice-roi, pour représenter la France à l’inauguration du Canal de Suez.

Il serait impossible, quand même on le voudrait, de donner la liste complète des œuvres d’Eugène Fromentin, parce qu’il fut un producteur des plus féconds, un travailleur acharné et aussi parce qu’il fit de nombreuses répétitions de ses tableaux avec de légères modifications, qui ont été répandues dans le monde entier et particulièrement en Amérique.

Notre Musée renferme quatre toiles de lui, dont deux ont été léguées par M. Admyrauld, en 1877, et deux achetées par la société des Amis des Arts. Les deux tableaux provenant du legs Admyrauld sont de petites dimensions, mais très beaux. Ils datent de la première manière du maître et ont toutes les qualités de ses chefs-d’œuvre.



Ce sont La Chasse à la Gazelle, qui figura au Salon de 1857 et Le Passage du gué. Il en est de même de la première acquisition faite par la Commission, en 1842, à un marchand de tableaux de Paris, Les Cavaliers arabes, un bijou ! et qui coûta alors 600 francs. Le deuxième, qui a été acheté en 1888, et qui représente l’Attaque d’une caravane dans le désert, n’a point été achevé, mais il a été très poussé et est d’une facture également magistrale, il n’est point daté et est d’un travail different et plus récent que les trois autres. Il offre un intérêt considérable, car il permet de se rendre compte des procédés de métier de Fromentin.

Le Musée possède, en outre, deux grands dessins du maître représentant des Centaures ; ce sont, selon toutes probabilité, des esquisses de son grand tableau des Centaures qui a figuré au Salon de 1868, et y fut fort discuté et qui appartenait à Alexandre Dumas fils, lors de l’exposition des œuvres de Fromentin, faites après sa mort.[1]

Sauf L’Attaque de la caravane et les Centaures, tous les Fromentin du Musée figuraient à l’Exposition régionale de La Rochelle en 1866, à côté du Fauconnier arabe, que son heureux propriétaire d’alors, M. Marmontel, le grand pianiste, avait bien voulu prêter à cette exposition ; je me rappelle encore l’éclat incomparable qu’avait cette partie réservée au grand maître Rochelais.

Selon l’habitude, le jury avait décidé que les artistes décorés et médaillés étaient hors concours. Il n’y avait donc point de récompenses à décerner à Fromentin, mais le rapporteur du jury, M. L. Cador, disait : « M. Fromentin triomphe… il a créé un genre nouveau en peinture, autant dire qu’il a découvert un monde, ses tableaux ne relevant d’aucune tradition, d’aucune école ; c’est un talent original, dans la bonne acception du mot, plein de fougue et d’éclat, qui attire et captive par le charme puissant de sa couleur, la grâce des détails, par le sentiment poétique qui déborde de toutes ses compositions. »

M. G. Meneau, disait de son côté, dans le Courrier de La Rochelle, où il écrivait un compte-rendu artistique de cette exposition, après avoir glorifié le Fauconnier arabe : « M. Fromentin est pour l’heure présente un sujet d’admiration et pour la postérité il restera un sujet d’étude, une date dans l’art du xixe siècle. »

Fromentin se reposait de peindre en écrivant. En 1862, il achevait le roman de Dominique, qu’il publiait dans la Revue des Deux-Mondes et qu’il dédiait à George Sand. Ce roman, le premier et le seul qu’il ait écrit et qui fut une des œuvres les plus chères à son cœur, peut-être parce qu’il en avait vécu une partie, eut un grand retentissement dans le monde littéraire et artiste et restera une œuvre de choix pour les délicats de toutes époques. Ce beau livre renferme une action peut-être un peu languissante, mais celle-ci se déroule dans notre pays Rochelais, qui, grâce à la magie du style de l’auteur, devient un cadre merveilleux. L’ensemble de l’œuvre est surtout une étude psychologique très fouillée, très sentie, qui est rendue avec une délicatesse de sentiment et d’expressions, inconnue de nos jours.

Au mois de mai 1876, quatorze ans après Dominique, parut un nouveau volume de Fromentin : Les Maîtres d’autrefois, la plus retentissante et la plus étonnante de ses œuvres littéraires. Il venait de visiter après Venise, la Belgique et la Hollande et d’étudier, une à une, les toiles de maîtres qui garnissent leurs musées. Il en rapportait de fortes sensations et d’innombrables notes qui, quintessenciées par de longues méditations, devinrent le monumental traité d’art que sont les Maîtres d’autrefois. Il suffit, en effet, de lire quelques pages de cet extraordinaire livre pour se rendre compte de ce qu’une pareille œuvre représente de labeur prodigieux du cerveau. Il a recherché quels avaient dû être le procédé, la manière de peindre de chacun des anciens maîtres, pour en faire ressortir les effets, les qualités ou les défauts. Il lui a fallu ensuite faire la description de chacune de ces toiles, et cela, en des termes précis, des phrases courtes, résumant beaucoup de choses, le style de Tacite s’accommodant, malgré tout, avec la forme élégante et poétique qui caractérise tous ses écrits. C’est un travail unique, renfermant des pages qui peuvent compter pour les meilleures du maître et par suite, comme les plus remarquables de la littérature française.

Mais de pareils efforts se paient, et Fromentin paya ceux-là de la vie. Les Maîtres d’autrefois furent écrits d’une haleine, en quelques mois, dans un état d’exaltation permanente du cerveau, excluant tout sommeil réparateur. Une semblable tension de l’esprit ne pouvait être ainsi prolongée impunément. Sa santé, déjà chancelante, s’altéra profondément. Pendant quelque temps il chercha à lutter contre le mal, à Paris. Puis, brisé physiquement, amaigri, il arrivait le 18 août 1876, à Saint-Maurice, pour y chercher le calme et le repos dont il sentait l’impérieuse nécessité. Mais il était déjà trop tard ; sa force de résistance était épuisée, et le 27 août, il s’éteignait comme une lampe privée d’huile, succombant plutôt aux suites d’un surmenage cérébral qu’aux suites de l’anthrax, dont il avait été atteint à la lèvre pendant les derniers jours de sa vie. Fromentin avait 56 ans. Il disparaissait brusquement, dans la force de l’âge, dans la maturité de son talent, au moment où les honneurs lui arrivaient, où les portes de l’Académie Française s’ouvraient toutes grandes devant lui.

Après avoir obtenu une première médaille en 1859, une médaille de Ire classe à l’Exposition universelle de 1867, Fromentin avait été nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1859 et promu officier en 1869.


maison et atelier de fromentin à saint-maurice

Ce qu’était Fromentin, comme homme, quelques-uns de ses contemporains peuvent encore le dire ; mais, à l’heure actuelle, nous n’avons malheureusement à La Rochelle aucun document public pouvant éclairer sur ce sujet ceux qui ne l’ont point connu. Car je ne citerai que pour mémoire le buste en plâtre, donné par l’État et placé au Musée. Buste banal, qui ne rappelle que de très loin les traits de notre illustre concitoyen. Quant au médaillon en bronze, œuvre de M. Christophe, qui surmonte son tombeau à Saint-Maurice, il ne donne point non plus entière satisfaction à ceux qui avaient pu approcher le maître et qui n’y retrouvent point l’expression habituelle de sa physionomie.

George Sand, qui fut un ami de Fromentin et qui le connaissait bien, a donné de lui, dans une lettre adressée à J. Claretie, une silhouette très ressemblante :

« Eugène Fromentin, écrit-elle, est petit et délicatement constitué. Sa figure est saisissante d’expression, ses yeux sont magnifiques, sa conversation est comme sa peinture et ses écrits, brillante et forte, solide, colorée, pleine ; on l’écouterait toute la vie ; il jouit d’une considération méritée, sa vie étant comme son esprit, un modèle de délicatesse, de goût, de persévérance et de distinction. Il a des amis sérieux, dévoués, une famille charmante. Heureux ceux qui peuvent vivre dans l’intimité de cet homme exquis à tous égards ! Voila ce que vous pouvez affirmer en toute sûreté de conscience et de jugement. »

M. Louis Gonse, Directeur de la Gazette des Beaux-Arts, qui a vécu longtemps dans l’intimité d’Eugène Fromentin et qui lui a consacré une très belle étude, le dépeint ainsi :

« L’ensemble de sa personne était souverainement distingué d’allure ; la main était fine, nerveuse, pleine de vie et d’esprit dans le mouvement. Fromentin avait le type brun. La tête, qui concentrait tout d’abord l’attention de ceux qui l’abordaient pour la première fois, avait un caractère très remarquable, la barbe était rare, grisonnante, comme celle d’un ascète, le front entièrement chauve, le nez recourbé et mince ; les yeux grands, très noirs, très brillants en même temps que veloutés, interrogateurs, d’un éclat et d’une expression parfois surprenants, ajoutaient encore à ce caractère ascétique. Le regard chez lui était admirable, il était le flambeau constamment allumé de son être… Sa voix, qui savait si bien suivre les sinuosités capricieuses de sa conversation était musicale, vibrante, avec des douceurs caressantes qui la rendait irrésistible. Fromentin qui d’habitude repliait et concentrait sa pensée sur elle-même, était dans l’intimité, dans les moments d’abandon et de repos, le causeur le plus séduisant qu’on put voir — Quant au Fromentin moral, au Fromentin intérieur, si je puis dire, je le peindrai d’un mot, c’était une véritable sensitive. La nature l’avait fait nerveux comme une femme… Il aimait passionnément son chez lui, la vie de la famille et du foyer. Il aimait beaucoup son pays natal ; Eugène Fromentin était resté un Rochelais pur sang. »

Rochelais ! Il l’était en effet non seulement par la naissance, mais par toutes les fibres de son cœur. De son pays d’origine il aimait tout : le sol, la mer et les habitants. Lorsque ses amis de La Rochelle allaient lui rendre visite à Paris, dans son magnifique atelier de la place Pigalle[2], ils voyaient sa figure si mobile s’épanouir, et c’était toujours de La Rochelle qu’il fallait l’entretenir : sur ce sujet, la conversation était intarissable. Les meilleures pages de Dominique sont celles où il parle des lieux chers à sa jeunesse. En voyage, ses pensées reviennent toujours vers le petit coin du monde qu’il chérit, ainsi qu’une femme préférée. Quoi de plus charmant, de plus suggestif, à cet égard, que le début de son livre : Une année dans le Sahel, cette lettre écrite en octobre 1852, de Mustapha d’Alger, où il venait d’arriver avec sa jeune femme !

« Cette lettre, mon ami, ne partira pas seule, je viens à ce moment même de t’envoyer un messager ; c’est un oiseau que j’ai recueilli en route et que j’ai ramené jusqu’ici, comme un compagnon, le seul à bord dont l’intimité me fut agréable et qui fut discret. Peut-être oubliera-t-il que je l’ai sauvé du naufrage pour se souvenir seulement d’avoir été mon prisonnier ! Il est entré dans ma cabine hier au soir, à la tombée de la nuit, par le hublot que j’avais ouvert pendant une courte embellie. Il était à demi-mort de fatigue ; de lui-même il vint se réfugier dans ma main, tant il avait peur de cette vaste mer sans limites et sans point d’appui. Je l’ai nourri comme j’ai pu, de pain qu’il n’aimait guère et de mouches auxquelles toute la nuit j’ai donné la chasse. C’est un rouge-gorge, de tous les oiseaux peut-être le plus familier, le plus humble, le plus intéressant par sa faiblesse, son vol court et ses goûts sédentaires. Où donc allait-il dans cette saison ? Il retournait en France ; il en venait peut-être ? Sans doute, il avait son but, comme j’ai le mien.

« Connais-tu, lui ai-je dit, avant de le rendre à sa destinée, avant de le remettre au vent qui l’emporte, à la mer, à qui je le confie, connais-tu sur une côte où j’aurais pu te voir, un village blanc dans un pays pâle, où l’absinthe amère croît jusqu’au bord des champs d’avoine ? Connais-tu une maison silencieuse et souvent fermée, une allée de tilleuls où l’on marche peu, des sentiers sous un bois grêle où les feuilles mortes s’amassent de bonne heure, et dont les oiseaux de ton espèce font leur séjour d’automne et d’hiver ? Si tu connais ce pays, cette maison champêtre qui est la mienne, retournes-y, ne fut-ce que pour un jour et porte de mes nouvelles à ceux qui sont restés.

» Je le posai sur ma fenêtre, il hésita, je l’aidai de la main ; alors, il ouvrit brusquement ses ailes ; le vent du soir qui soufflait de la terre le décida sans doute à partir, et je le vis s’élancer en droite ligne vers le nord. »

Depuis, le maître Rochelais, revit souvent son cher village blanc… Il y retournait régulièrement chaque année, à l’automne… jusqu’au jour fatal où il vint s’y coucher pour ne plus se relever.

Il y repose maintenant sous les feuilles mortes qui s’amassent toujours dans des allées où l’on ne marche plus, et où, seul, le rouge-gorge d’Alger revient, chaque hiver, lui tenir compagnie.[3]


tombeau de fromentin au cimetière de saint-maurice

Il nous a semblé, qu’après avoir apporté à Fromentin le juste tribut de notre admiration, il était de toute justice d’appeler l’attention du public sur les deux jeunes artistes auxquels a été confié le soin de faire revivre par le bronze et la pierre les traits de notre illustre compatriote :

M. Ernest DUBOIS

On dirait presque en principe, que pour réussir, tout artiste doit se trouver fatalement, à ses débuts, aux prises avec les nécessités de la vie et ne les surmonter que par un travail opiniâtre et une extraordinaire énergie.

C’est le cas de M. Ernest Dubois. Né à Dieppe, le 16 mars 1863, dès sa jeunesse, un goût irrésistible l’attirait vers la peinture et la sculpture. Pour vivre, il lui fallut faire de la sculpture décorative sur bois et consacrer ses nuits à l’étude du dessin. Il n’avait que dix-neuf ans, et déjà les portes de l’École des Beaux-Arts lui étaient ouvertes.

Après avoir satisfait au service militaire par le volontariat, Falguière, Chapu et Mercié devinrent ses maîtres, ce dernier en particulier avait fait de M. Dubois son élève préféré. Son envoi au Salon de 1892, une Figure d’adolescent, lui valut une mention honorable. À partir de cette époque, ses progrès furent rapides. Son groupe le Pardon, que l’État fit reproduire en marbre pour le Luxembourg, lui fait attribuer une première médaille et une bourse de voyage. C’est grâce à ce même groupe, remanié sur les conseils de Chapelain, qu’il obtint la médaille d’honneur du Salon de 1899.

À partir de ce jour, la réputation de M. Dubois est solidement établie. On lui confie le monument de Bossuet destiné à la ville de Meaux. L’œuvre obtint un tel succès que l’auteur reçut la médaille d’or à l’Exposition universelle et fut fait chevalier de la Légion d’honneur.

Alors les commandes se succèdent : c’est pour Chambéry, la statue des frères Joseph et Xavier de Maistre (1899) ; pour Bucharest en Roumanie, le monument de J.-C. Brotiano (1903) ; puis une série d’œuvres moins importantes ; des bustes comme celui de Costa de Beauregard, Henri Lavedan, Ernest Daudet, Alexandre Dumas, etc. Enfin en 1904, un comité spécial lui confie l’exécution du monument que nous nous proposons d’élever à la mémoire de Fromentin.

La belle ordonnance de la composition de M. Dubois réunit tous les suffrages des grands artistes, qui composent le Comité de Paris. L’œuvre, menée maintenant à sa complète exécution, ne fait que justifier la confiance que les maîtres de l’art avaient mise dans le talent du jeune sculpteur.

M. René PATOUILLARD-DEMORIANE

M. Patouillard est Toulousain. Il est né le 13 novembre 1867. Il aurait pu se laisser vivre doucement dans l’administration des Ponts et Chaussées, où il était entré à l’âge de 15 ans, mais il sentait vibrer en lui d’autres aspirations que celles d’un simple employé, fidèle à son poste, jusqu’à l’heure de la retraite.

À 16 ans, il entre à l’École des Beaux-Arts ; lui aussi, comme son camarade Dubois, a connu les mauvais jours, il lui faut, pour subvenir à ses besoins, travailler chez un architecte.

Cependant les prix et les médailles commencent à lui être décernés. Il est admis à concourir, à 23 ans, pour le prix de Rome. Devenir pensionnaire de la villa Médicis, puiser, au milieu des admirables chefs-d’œuvre de l’antiquité, les saines traditions du grand art, voilà les légitimes aspirations de tous les débutants ! Cette satisfaction ne fut point refusée à M. Patouillard. Il obtient le premier second prix en 1894, sur un projet d’École centrale, et enfin, le premier grand prix, l’année suivante à 28 ans, sur un projet d’un Palais pour Expositions et Fêtes. Alors les envois de Rome affluent, c’est pour le Salon de 1900, des études d’architecture antique à Rome et à Pompéi ; une note spéciale sur l’art de la Renaissance à Sienne. Enfin la médaille d’honneur lui est décernée au Salon de 1904 pour sa restauration de l’Île Tibérine à Rome.

À son retour d’Italie, le voila devenu un homme important. Il est nommé auditeur au conseil des bâtiments civils, puis inspecteur des travaux de la Bibliothèque nationale. On lui confie la décoration du pont Troitzky à Saint-Pétersbourg (1901-1902).

En attendant que nous voyions au Palais-Royal, s’élever sur un socle composé par M. Patouillard le monument destiné à Gustave Larroumet, il nous sera donné d’admirer les lignes architecturales de la stèle où va reposer le buste de Fromentin.

Cette brève énumération suffit pour établir le mérite des deux jeunes artistes, dont l’heureuse collaboration doit aboutir à une œuvre d’art digne de celui dont nous voulons perpétuer le souvenir.



Diverses omissions ont été malheureusement commises dans la publication de la liste des souscripteurs au monument Fromentin. Nous nous empressons de les réparer dans la mesure du possible, en relatant les souscriptions suivantes :

La France du Sud-Ouest 50 »
M. Garrigues, Secrétaire du Comité 20 »
M. Ossian Pic, Secrétaire du Comité 25 »
M. Decout, Maire de La Rochelle 20 »
Mr  et Mme Auguste Alquier 10 »
MM. Drilhon, Directeur de la Société Générale 25 »
Terrasse, Directeur du Crédit Lyonnais 10 »
Moreau, vice-président du Conseil de préfecture de la Corrèze 15 »
J.-B. Lessieux 11 »
Georges Ballanger 15 »
Dr  Dubois 15 »
Lavoissière 13 »
Billard, bijoutier 10 »


LIVRE D’OR
des souscriptions au monument d’eugène fromentin


Séparateur


COTISATIONS RECUEILLIES

par le comité de la rochelle




Ville de La Rochelle 10.000 »
MM. Calvet, Sénateur de la Chte-Infre 10.020 »
Dr  Mabille, Dr  de l’asile des aliénés de Lafond 10.020 »
Hervieux, Directeur honre des Douanes 10.020 »
Franck Morch, consul de Danemark 10.050 »
G. Bernard, directeur du Jardin des Plantes 10.010 »
Mongis, négociant 10.020 »
E. Beaussant, ancien Préfet 10.100 »
P. Corbineau, architecte de la Ville de La Rochelle 10.025 »
H. Chatonet, avoué 10.025 »
Abbé Richou, curé de La Genette 10.010 »
Marius Bonnaud, négociant 10.010 »
Mr  et Mme Babinot 10.010 »
MM. Deforge, conducteur des Ponts et chaussées. 10.010 »
Lanqueteau, employé des Ponts et chaussées 10.005 »
Lévêque, vice-président des Sauveteurs Bretons 10.010 »
J. Jarillon, négociant 10.010 »
H. Alquier, ancien percepteur 10.010 »
Docteur Hillairaud, conseiller municipal 10.010 »
Buisson, pharmacien 10.005 »
Ch. Baudoin, artiste peintre 10.010 »
Guérin, chef de bureau retraité des chins de fer 10.005 »
Eug. Babut, banquier 10.500 »
Marcelin Mesnier, banquier 10.020 »
MM. Franck Faustin, armateur 10.050 »
G. Léridon, armateur 10.100 »
Alf. Vivier, juge hre 10.040 »
Bellanger, ancien inspr d’académie 10.040 »
Alexis Souchet, ancien notaire 10.010 »
A. d’Orbigny, Président du Comité 10.500 »
E. Charruyer, Député de la Chte-Infre 10.200 »
Christian Morch, consul de Russie 10.050 »
Jackson, consul des États-Unis d’Amérique 10.010 »
Conegliano 10.005 »
Mgr  Fulbert Petit, archevêque de Besancon 10.200 »
Société des Amis des Arts de La Rochelle 12.000 »
Ville de Toulon 10.024 60
MM. Marius Michel, artiste peintre 10.005 »
Louis Michel, consul d’Espagne 10.100 »
Colonel de Gourville 10.050 »
Lévy père et fils, négociants 10.020 »
Tiburce Sauvé, ancien magistrat 10.050 »
Mmes P. 10.020 »
C. 10.002 »
G. B. 10.002 »
MM. William Thomas, commercant 10.002 »
Favreau père et fils, commercants 10.002 »
Émile Cousset, négociant 10.001 »
Étienne Antier, commercant 10.001 »
Parpant fils, entrepreneur de menuiserie 10.001 »
Mmes M. B. 10.002 »
T. P. 10.001 »
MM. Laborde, négociant 10.005 »
Tony Alquier, lieutt de vaisseau en retraite 10.005 »
Léon Philouze 10.020 »
La Petite Gironde 10.050 »
N’oubliez pas Jean Guiton 10.001 »
Mr  E. P. 10.00» 50
MM. Dr  Brard, Vice-Président du Comité 10.100 »
Jules Gourlin, négociant 10.02 »
Couneau, conseiller municipal 10.100 »
Franck Delmas, armateur 10.100 »
Raoul Turpain, propriétaire 10.010 »
Julien Delmas, ancien armateur 10.020 »
Mme Émile Delmas 10.100 »
MM. Gaston Périer, agent de change 10.025 »
Fondard, propriétaire 10.005 »
Société des Sciences Naturelles 10.050 »
Société de Météorologie 10.010 »
Courrier de La Rochelle 10.100 »
MM. Gaston Gazac 10.010 »
Caduff 10.005 »
Mmes Condamy et Hérard 10.005 »
MM. Lem, trésorier général, Limoges 10.020 »
Bouthillier, négociant 10.050 »
Jégou, antiquaire 10.002 »
Bertrand, conseiller municipal 10.030 »
Eugène Meyer, conseiller municipal 10.025 »
L. H. 10.050 »
Gougnard-Périer, adjoint au maire 10.020 »
Maurice Delmas, armateur 10.050 »
Clément, censeur au Lycee 10.005 »
René Dollot 10.010 »
Un admirateur d’Eugène Fromentin 10.010 »
Mr  Langevin, doreur 10.005 »
Mlle F. M. 10.002 »
MM. Ch. Basset, négociant 10.020 »
E. Gilbert, négociant 10.001 »
H. Corbineau père 10.010 »
Mmes Pinchon 10.010 »
V. L. 10.002 »
Amédée Potel 10.020 »
MM. Canaud Lucien, consul d’Allemagne 10.010 »
Petibon, armateur 10.020 »
Bris, percepteur 10.002 »
B 10.002 »
Besson, directeur de l’Enregistrement 10.020 »
Bonniot, notaire 10.010 »
Magnan, ancien inspr de l’Enregistrement 10.005 »
Gourdan, entrepreneur 10.002 »
Mlle  et Mr  Berlan 10.005 »
MM. Luneteau, opticien 10.005 »
Pillaud, négociant 10.002 »
Gaillard, pharmacien 10.002 »
Lafarge, négociant 10.005 »
Beaumont, commercant 10.002 »
Antony Regnault, juge hre 10.020 »
Mmes A. Fournier 10.020 »
A. A. 10.001 »
A. P. 10.001 »
X. 10.002 »
MM. Regnault, Préfet de la Chte-Infre 10.050 »
Boisramé frères 10.005 »
Roblin, commerçant 10.001 »
Rellet, préposé des Douanes 10.001 »
Sillon, propriétaire 10.002 »
E. L. 10.005 »
Couillaud, propriétaire 10.002 »
Mgr  Le Camus, Évêque de La Rochelle et Saintes 10.005 »
Madame D. 10.010 »
MM. G. Méneau, ancien négociant 10.020 »
L’abbé Martin, curé de la Cathédrale 10.005 »
L’abbé Violteau, vicaire de la Cathédrale 10.002 »
Gabriel Serres, négociant 10.010 »
Poissonet, notaire 10.020 »
Musset, bibliothécaire 10.005 »
MM. Martin, avoué 10.003 »
Privat frères, entrepreneurs 10.010 »
Ed. Wilckens, négociant 10.020 »
X. 10.005 »
Pelaud, négociant 10.002 »
Brisset, négociant 10.002 »
Boursault, entrepreneur de camionnage 10.005 »
Bougrain, ancien directeur de la succursale de la Banque de France 10.020 »
Dr  Tronchet 10.005 »
Madame G. Faustin 10.050 »
Mademoiselle L. Beltrémieux 10.020 »
MM. Audoin, commissaire priseur 10.003 »
Joguet Henry (Saint-Maurice) 10.005 »
Dr  Robert, médecin chef de l’hôpital Auffrédy 10.005 »
Mme Remy (Saint-Maurice) 10.005 »
MM. Louis Bareau id. 10.001 »
Sebilleau id. 10.005 »
Soulbieu, négt id. 10.050 »
Pierre Laurent id. 10.001 »
Mme Pourain id. 10.001 »
Marot-Garraud id. 10.050 »
M. Tirateau Amédée id. 10.050 »
Mme Goumard-Gibaud id. 10.010 »
MM. A. Périer, vice-président des hospices civils 10.025 »
Bougardier consul de Colombie 10.005 »
H. Roy 10.005 »
Cornaud 10.005 »
Mailho, propriétaire 10.005 »
Chauvet 10.010 »
Grizet, architecte 10.005 »
Madame Ph. David 10.010 »
MM. Christian Sauvé 10.005 »
Farinaud, pharmacien 10.005 »
MM. Brieux, entrepreneur dee travaux publics 10.003 »
Modelski, ingr en chef des ponts et chaussées 10.025 »
Thibault. notaire 10.010 »
Usine à gaz 10.025 »
L. B. 10.002 »
Massé 10.001 »
H. S. 10.001 »
V. P. 10.001 »
C. B. 10.001 »
A. B. 10.001 »
X. 10.001 »
Eug. Combeau, negociant 10.010 »
Clion 10.001 »
Detriche 10.002 »
Collardeau 10.001 »
Bonhomme 10.001 »
Renaud 10.001 »
Bouju 10.001 »
Robert 10.001 »
Madame Fournier, professeur 10.002 »
MM. Gilbert 10.001 »
Audugé 10.001 »
Jules Mounier 10.001 »
Blanchet 10.002 »
Chadeau 10.002 »
Briaud 10.001 »
Madame Petit 10.00» 50
MM. Léguille 10.001 »
E. P. 10.002 »
Fournier-Raoulx 10.005 »
P. M. 10.005 »
Zélie 10.00» 50
Mourault 10.00» 50
L. M. 10.002 »
MM. G. J. 10.002 »
Blouille 10.001 »
Honoré 10.001 »
Joseph Franqois 10.001 »
Émile Jarillon 10.001 »
Madame Boutet 10.001 »
Abbé Fraineau, aumonier de l’asile de Lafond 10.001 »
Dr  Capgras (asile de Lafond) 10.005 »
Moinet 10.001 »
Madame Tassel 10.002 »
MM. Rey 10.002 »
Sculfort, conseiller municipal 10.001 »
Pierre Parpant (Lafond) 10.002 »
Gaillard 10.00» 50
Maillocheau 10.00» 50
Grassiot 10.00» 25
Joyet 10.00» 50
Jean Balin 10.001 »
X. 10.001 »
Roux-Poitu, conseiller municipal 10.005 »
Landois, propriétaire 10.005 »
Navrancourt, propriétaire 10.010 »
X. 10.001 »
Madame Vve Hugon 10.001 »
MM. Croizet Jean 10.001 »
Soulet 10.002 »
Ferrand 10.001 »
Ville de Royan 10.100 »
Ville de Rochefort 10.050 »
MM. Pierre Blanchon, Trésorier-adjoint du Comité 10.020 »
E. Lessieux, artiste peintre 10.010 »
Le Docteur Boutiron (Saint-Xandre) 10.005 »
Lechalos (de Rouen) 10.005 »
Madame Henry Gon (Lafond) 10.010 »
Produit de la Conférence de M. Brunetière,

membre de l’Académie Française

10.870 85
MM. Th. Phelipot, ancien maire (LeBois, île de Ré) 10.005 »
Anatole Malzac (Bordeaux) 10.010 »
Bonneau, ingénr des ponts et chaussées (Paris) 10.010 »
Paroissien (Sainte-Ruffine, Lorraine) 10.005 »
Dupeux, chef de bureau à la Préfecture 10.005 »
Pierre Bracquemond, artiste peintre, Paris 10.025 »
Picard, Adolphe et Albert, Paris 10.030 »
Dr  Bouchoir, médin-major de Ire clse en retraite 10.005 »
Dr  Giraudeau, médecin des Hôpitaux de Paris 10.005 »
Madame Creuzet, propriétaire 10.010 »
Baronne Vast-Vimeux (douairière) 10.020 »
Madame de Fleuriau 10.050 »
Madame Marchesseau de Malherbe 10.003 »
Georges Conor, armateur 10.020 »
M. W. A. 10.010 »
Mademoiselle A. A. 10.010 »
Colonel Peuetingeas, en retraite (Bordeaux) 10.020 »
Louis Robin, conseiller municipal 10.010 »
Madame H. Vincens-Bouguereau 10.050 »
Lieutenant William Vincens-Bouguereau 10.050 »
De Lagontrie, armateur 10.005 »
Mr et Mme Barthé 10.010 »

COTISATIONS RECUEILLIES

par le comité de la paris




Baron Alp. de Rothschild 14.000 »
M. William Bouguereau, membre de l’Institut 11.000 »
Madame Bouguereau-Gardner 10.200 »
Comte et comtesse de La Redorte 10.100 »
M. Bonnat, membre de l’Institut 10.100 »
Société des Peintres Orientalistes 10.100 »
MM. Léon Clery 10.100 »
Bellaigue 10.025 »
Paul Dubois 10.050 »
Lavielle, notaire (Marans) 10.020 »
Lenoir 10.020 »
Madame Arvede Barine, femme de lettres 10.100 »
A. T. 10.010 »
Madame Martin-Salon 10.010 »
MM. J. Thirion 10.040 »
A. L. 10.005 »
J. Julien 10.010 »
M. Louis Gonse 10.030 »
Madame Louis Gonse 10.020 »
Madame Paul Weiss 10.005 »
MM. Hugues Krofft 10.010 »
A. Kleine 10.010 »
Madame Th. Ellissen 10.020 »
X. 10.005 »
MM. Jean Thirion 10.005 »
Eug. Thirion 10.100 »
E. Michel 10.060 »
H. Levy 10.100 »
Madame Hayem 10.020 »
MM. Deutz 10.020 »
Chevalier 10.020 »
General Larchey 10.025 »
Dagnan Bouveret 10.020 »
Bouchemaure 10.100 »
C. Ephrussi 10.100 »
Magnan 10.020 »
Fremiet 10.050 »
Paul Lem 10.050 »
Souscriptions recueillies par le Comité d’Alger 10.523 30


  1. Ces cartons, qui proviennent de la famille, furent spécialement composés pour la décoration de l’hôtel Païva, aux Champs-Élysées, décoration qui avait précédé de quelques années, le tableau de 1868.

    Depuis son séjour en Algérie, où Fromentin avait été frappé de la beauté des chevaux et de l’habileté des arabes à les monter, il n’avait cessé d’être hanté par cette évocation de l’homme-cheval. Dès 1852, à propos d’une course de chevaux à Blidah, il écrivait, en effet : « La fantasia, c’est-à-dire le galop du cheval bien monté, est encore un spectacle unique, comme tout exercice équestre fait pour montrer dans leur moment d’activité commun et dans leur accord, les deux créatures les plus intelligentes et les plus achevées par la forme que Dieu ait faites. Séparez-les, on dirait que chacune d’elles est incomplète, car ni l’une ni l’autre n’a plus son maximum de puissance ; accouplez-les, mêlez l’homme au cheval, donnez au torse l’initiative et la volonté, donnez au reste du corps les attributs combinés de la promptitude et de la vigueur, et vous avez un être souverainement fort, pensant et agissant, courageux et rapide, libre et soumis. La Grèce artiste n’a rien imaginé ni de plus naturel, ni de plus grand. Elle montre par là que la statue équestre était le dernier mot de la statuaire humaine… »

    (Une année dans le Sahel).
  2. L’atelier de Fromentin était celui de Diaz ; il l’avait acheté après la mort de ce grand artiste. Cet atelier occupait la plus grande partie d’un petit hôtel situé au no I de la Place Pigalle
  3. Depuis la création du cimetière de la Rossignolette, qui est voisin, la porte du petit cimetière de Saint-Maurice, où est inhumé Fromentin, s’ouvre de plus en plus rarement. Dans ce lieu de silence et de recueillement, son tombeau apparaît blanc et fort simple, sous les grands arbres séculaires ; l’impression ressentie est tendre et poétique, en harmonie parfaite avec l’âme de Dominique, qui y habite, et doit s’y complaire.