Exécutions atroces à Salonique

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SALONIQUE. — (29 septembre). Exécutions atroces. — « Le pacha de Salonique a fait mettre à mort la semaine dernière, dans l’espace de trois jours, treize Grecs, qui, pour la plupart, étaient innocens. Ces exécutions ont indigné toute la population. Le consul de France s’est empressé de faire faire au pacha des représentations énergiques sur des actes d’une aussi cruelle sévérité. Le consul de Russie a suivi cet exemple. Ce gouverneur, d’un caractère sanguinaire, fait pendre, sous le plus léger prétexte, ceux qu’on lui désigne comme coupables ; il ne demande ni ilam (sentence) du mollah, ni conseil de personne, et sous ce rapport il viole effrontément les lois faites dans ces dernières années par son souverain, qui a voulu placer la vie de ses sujets sous certaines garanties. Il avait dans ses cachots d’autres malheureux destinés au même sort ; mais depuis les démarches du consul de France, qui a déployé, dans cette circonstance, autant de fermeté que de zèle pour défendre la cause de l’humanité, il semble retenu par la crainte que des plaintes sévères n’arrivent à son gouvernement. On sait par ses alentours que les représentations de M. de Saint-Sauveur ont fait impression sur lui.

» La cruauté de ce pacha, qui méconnaît si indignement les intentions de la Porte, est cause que tous les Grecs des villages fuient ou se cachent. Des bandes de voleurs inquiètent la Macédoine ; il ne peut les atteindre et ne prend guère de dispositions pour cela. Cependant, afin de prouver à la Porte qu’il entretient une bonne police, et rétablit la tranquillité, il fait périr des paysans grecs qu’il représente comme les véritables coupables. Toutes les autres autorités, telles que le miri-olaï, le douanier, le mollah, l’évêque grec, ont partagé l’indignation générale qu’ont excitée les dernières exécutions, et s’en sont expliqué hautement. Le miri-olaï est un homme sage, éclairé, qui comprend la nécessité et la marche des réformes. S’il était gouverneur de la province, toute la population s’en réjouirait, et le pays aurait bientôt pris un autre aspect. »