Examen du livre de M. Darwin sur l’origine des espèces/11

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XI

DE LA GÉNÉRATION SPONTANÉE CONSIDÉRÉE EN SOI

(EXPÉRIENCES DE M. PASTEUR)

La question des générations spontanées était à peu près oubliée depuis Redi.

Elle s’est tout à coup ranimée en 1858.

Ce fut M. Pouchet, directeur du Muséum d’histoire naturelle de Rouen, qui donna le signal. À son exemple, une foule de naturalistes s’empressèrent et s’évertuèrent ; c’était, pendant un moment, à qui présenterait à l’Académie le plus d’êtres nés spontanément.

L’effervescence des esprits ne m’effraya point. J’engageai tout simplement l’Académie à proposer la question de la génération spontanée pour sujet de l’un de ses prix en 1860.

J’espérais avec raison, comme l’événement l’a prouvé, que si jamais un siècle semblait destiné à résoudre cette grande question, c’était le nôtre. Il est impossible, me disais-je, que dans un siècle où l’art des expériences est porté si loin, quelque heureux expérimentateur ne s’empare des générations spontanées, et du moins ne jette sur elles un nouveau jour.

Ce que je prévoyais est arrivé ; il est même arrivé mieux.

M. Pasteur n’a pas seulement éclairé la question, il l’a résolue.

Pour avoir des animalcules, que faut-il si la génération spontanée est réelle ? De l’air et des liqueurs putrescibles. Or, M. Pasteur met ensemble de l’air et des liqueurs putrescibles, et il ne se produit rien.

La génération spontanée n’est donc pas. Ce n’est pas comprendre la question que de douter encore.

FIN.