Explication historique des fables/1re éd., 1711/Tome 1

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Texte établi par Le Breton, Le Breton (p. -2).
EXPLICATION


HISTORIQUE


DES FABLES.


OU L’ON DECOUVRE


leur origine & leur conformité avec l’Histoire ancienne, & où l'on rapporte les époques des Héros & des principaux évenemens dont il est fait mention.


Par M. l’Abbé B***


TOME PREMIER.



A PARIS,

Chez François Le Breton, au bout
du Pont-Neuf, proche la ruë de Guenegaud,
à l’Aigle d’Or.
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M. D C C XI.
AVEC PRIVILEGE DU ROY.


PREFACE.


L est aisé de s'appercevoir en lisant les Fables, qu'elles renferment plusieurs sens ; ce sont autant d'envelopes sous lesquelles les Anciens nous ont caché plusieurs véritez : ainsi ceux qui se sont appliquez à nous en donner des explications, se sont jettez dans differens partis ; chacun y a découvert ce que son génie particulier & le plan de ses études l'ont porté à y chercher : & comme les voiles dont les Poètes ont couvert les veritez qu'ils nous y enseignent, ont répandu sur leurs Fables une obscurité mysterieuse, on y a trouvé tout ce qu'on a voulu. Le Physicien y a apperçû les mysteres de la Nature ; le Politique les rafinemens de la sagesse ; le Philosophe la morale la plus pure ; le Chymiste les secrets les plus importans de son art : enfin chacun a regardé la Fable comme un Pays de conquête, où il a cru avoir droit de faire des irruptions conformes à ses intérêts.

Ce n’est pas-là le jugement qu'ont porté des Fables les anciens Peres de l’Eglise, Origene, Lactancc, Arnobe, saint Augustin ; ils ont prouvé aux Philosophes Païens qui avoient intérêt de donner à leurs Fables des sens allégoriques pour en diminuer les absurditez, qu'elles n'étoient dans leur origine que d'anciennes Histoires défigurées par la licence desPoetes ; que ceux-ci n'en avoient pas inventé le fond, qu'ils n'avoient fait que l'embellir.

Les Savans du premier ordre, Bochart, Vossius, Heinsius, M. le Clerc, le Pere Tournemine, & tant d'autres, ont porté le même jugement des Fables, que les Peres de l’Eglise ; ils les ont regardées comme les dépositaires de la plûpart des grands evénemens arrivez dans ces temps obscurs qui suivirent le Déluge, & pendant les premiers établissemens que les enfans de Noé firent en differens pays. Le sublime & le surnaturcl qu'on rencontre dans les fictions agréables que les Poètes y ont mêlées, ne les a point éblouis ; ils ont emploié leur profonde érudition à percer ces ténebres mysterieuses, & à tirer de ce cahos quelques lumières pour se conduire dans la connoissance des temps les plus reculez.

Cependant quoiqu'on ne puisse point douter aujourd'hui que les Fables ne renferment une partie de l’Histoire ancienne, il ne faut pas croire que toutes leurs circonstances y fassent allusion ; & vouloir trouver quelque fait historique dans toutes leurs parties, seroit une extrémité aussi vicieuse, que de croire qu'elles ne renferment que quelques préceptes de Morale & de Physique. Voici, selon mon sentiments, leur véritable systême.

Les anciens événemens dont le souvenir s’étoit conservé faute de lettres par la seule tradition, ou dans des Cantiques qu'on retenoit par cœur, pafferent enfin dans les Ouvrages des Poètes qui ont été les premiers Historiens. Ceux-ci amateurs du sublime & du surnaturel, & donnant plus au caprice d’une imagination vive & brillante, qu'aux règles d'un esprit juste & modéré, embellirent leurs sujets, & mêlèrent la vérité avec les vains ornemens de la Fable. Tel est le premier état, & pour ainsi dire l’enfancc & le berceau des Fables. Ceux qui vinrent enfuite à traiter les mêmes sujets, & qui ne crurent pas les premiers Poètes assez simples pour n'avoir voulu renfermer sous tant d'agréables fictions, que quelques veritez souvent peu interessantes, s'imaginèrent qu'ils y avoient caché les sciences les plus sublimes ; & par le droit & la liberté que l'Art poétique leur donnoit, ils y mêlèrent en même tems plusieurs autres circonstances par rapport à leur Philosophie & à leur religion : ainsi les mêmes Fables qui n’étoient d'abord qu’Historiques, devinrent dans la suite Morales, Théologiques & Physiques ; Comme ces derniers sens sont plus aisez à developer que l'Histoire, les Mythologues s'y sont entièrement attachez : lorsqu'ils ont trouvé par exemple, que Saturne dévoroit ses enfans, au lieu de nous dire que ce Prince Titan immoloit ses Sujets à sa superstition, ils nous ont dit que par cette Fable les Anciens nous avoient voulu apprendre que le temps dévoroit toutes choses. Ils n’ont regardé Phaëton foudroyé, que comme l'emblême d'un téméraire ambitieux : ils n'ont apperçû dans le combat des Géants, que les assauts que la volupté donne à la vertu, ainsi des autres, & ils ont ennuyé le monde par d’éternelles allégories ; comme si l’on devoit supposer que des gens qui avoient le bon sens, aient emploié tant d’esprit à nous apprendre des véritez si communes.

Pour éviter le défaut de ces Allegoristes, l’on ne s’attachera dans cet Ouvrage qu’à découvrir ce que les Fables ont d’historique, pour les concilier avec l’Histoire ancienne : On sçait par exemple, que Jason, Hercule & Thesée, sujets éternels des Fables des Poètes, ne font pas des Héros supposez, que l’un est allé dans la Colchide enlever les trésors du Roi Eta ; que l’autre a purgé l’Attique des serpens, ou plûtôt des voleurs qui l’infectoient ; & que le troisiéme délivra par la victoire qu’il remporta sur Taurus, sa patrie du sanglant tribut qu’elle paioit au Roy de Crete. Ces événemens, quelques grands qu’ils soient, n’ont pas paru assez glorieux pour ces Heros, aux Poëtes qui les ont chantez ; ils y ont mêlez mille fictions, ils les ont défigurez par des ornemens étrangers ; ils ont attribué au secours de leurs Dieux, ce qui n'étoit dû qu'à la valeur de ces illustres Grecs ; & ils ont ainsi enseveli les événement les plus remarquables de leur Histoire, sous un pompeux attirail de fictions : C'est à les séparer, à les démêler, à voir ce qui peut y avoir donné lieu, que l’on s’est uniquement attaché.

Mais comme ceux qui ont suivi les mêmes routes avant moy, ont rempli leurs Ouvrages de trop d'érudition, & ont rebuté le Public par les longs passages Grecs & Hébreux, qu'ils ne se sont pas même donné la peine d'expliquer, on tâchera d’éviter cet autre défaut. L'on sçait bien qu'il est difficile de plaire à tout le monde, si l’on présente les explications des Fables débarassées de l’Hébreu & du Syriaque, qui les doivent accompagner ; les Savants qui n'y reconnoissent point le caractere de ce qu'ils appellent la belle érudition, n'en font pas grand cas ; si on les fait paroître avec ce bizarre cortege, la plûpart des Lecteurs en sont effrayez : cependant comme ce n'est pas le grand nombre qui demande des explications si chargées, je n'ai eu nulle peine à préferer la simplicité, au vain faste d'une érudition souvent mal digérée, du moins autant qu'on a pû le faire dans une matiere comme celle-ci, & j'espere que l'on conviendra que je l'ai fait avec quelque œconomie, & que l'on me rendra assez de justice pour croire que dans ces sortes d'occasions, l'épargne coûte plus que la profusion & la dépense, puisqu'on regarde comme une perte, ce que l'on veut bien retrancher.

J'ai cru qu'on ne seroit pas fâché de trouver dans un Ouvrage assez court ce qui est répandu dans plusieurs immenses Volumes ; peu de gens sont capables de lire des Livres hérissez de Grec & d'Hébreu ; la bigarure seule des caracteres les effraye ; on regarde ces Livres comme des mines fort riches, mais où les pierreries sont si difficiles à trouver, qu'on aime mieux s'en passer, que de se donner la peine de les en retirer, quoiqu’on soit ravi de les voir développées & mises en œuvre. Ceux au reste qui voudront approfondir davantage cette matiere, pourront chercher dans les Livres qu’on cite ou dans les passages qu'on rapporte aux marges de quoi satisfaire leur curiosité.

Je sais bien au reste que pour réussir sur un sujet si difficile, il faut avoir une grande connoissance des Langues & de l'Histoire ancienne, & sur ce pied là on n'a pas beaucoup de peine à avouer qu'on est fort éloigné de la vaste érudition qu'il faudroit avoir pour bien traiter cette matiere ; & l'on prie les Lecteurs de ne regarder ceci que comme un simple essai : on espere que les habiles gens qui travaillent sur ce sujet y mettront la derniere main ; on peut en attendant s'amuser à cette ébauche, ce ne sera pas assurement au tant de rabatu sur la réputation de ces Messieurs, je ne leur dois pas être fort redoutable : en tout cas le Pays des Fables est assez vaste pour pouvoir s’y établir sans crainte de nuire aux autres.

Lors même qu’on possede les Langues & l’Histoire, il est tres-dangereux de s'entêter de quelque chimere & de quelque systême particulier, qui au lieu de servir à expliquer les Fables, en fait inventer de nouvelles ; & c'est là l’écueil où ont échoué nos meilleurs Auteurs. L’un entêté de ses Phéniciens, les trouve par tout, & cherche dans les équivoques fréquentes de leur Langue, le dénouëment de toutes les Fables ; l'autre charmé de l'antiquité de ses Egyptiens, les regarde comme les Peres de la Théologie & de la Religion des Grecs, & croit trouver l'explication de leurs Fables dans les interprétations capricieuses de quelques Hyeroglifes obscurs : d'autres appercevans dans la Bible quelques vestiges de l’ancien Heroïsme, cherchent l'origine des Fables dans l'abus prétendu que les Poëtes firent des Livres de Moyse ou de la Tradition qui s'étoit conservée parmi eux ; & s'acharnant sur les moindres ressemblances, font à tout propos des parallèles forcez des Heros de la Fable & de ceux de l'Ecriture sainte. L'un va chercher toutes les Divinitez du Paganisme parmi les Syriens ; l'autre parmi les Celtes ; & quelques-uns jusques chez les Allemans & les Suédes.

Ainsi il est difficile d'éviter les extremitez, & l’on trouve peu de bons guides sur cette matière ; on ne voit dans les Poëtes qu'un mélange confus de quelques véritez, avec un pompeux attirail d'ornemens & de fictions. Si l’on consulte les Historiens Grecs, outre le penchant qu'ils ont à débiter des Fables, ils n'ont travaillé que d'après les Poëtes, & ils sont venus trop tard pour connoître la veritable antiquité. Les Historiens Latins même ne se sont pas donné la peine de purger leurs Ouvrages des Fables les plus absurdes, & pour ne pas céder en Heroïsme aux anciens Grecs, ils ont adopté leurs rêveries. Les Philosophes nous renvoient à leurs allégories ; & les Savans d'aujourd'hui donnent à travers d'une érudition hébraïque, sans laquelle ils croient qu'il est impossible d'expliquer les Fables, tirant tous leurs dénouemens de quelques étymologies forcées & arbitraires. C'est au Public à juger si on a été assez heureux pour éviter ces écueils, & si en se servant des meilleurs Auteurs, on n'a point donné dans leurs chimeres.

Au reste, pour rendre moins ennuyeuse la lecture d'un Livre qui traite d'une matière assez séche, on a préféré le stile de Dialogue à celui des Dissertations. La maison de campagne d'Eliante est le lieu où se passent les Scenes ; l’abbé Theophile est comme le Docteur de la piecé ; Alcidon son ami joint ses conjectures à celles de l'Abbé, & Eliante y mêle quelques Réflexions, telles qu'une femme d'esprit peut fournir[1]. Par les caracteres de ces trois personnages on a voulu faire sentir que cet Ouvrage pouvoit être à la portée· de tout le monde, & par là on s'est crû dispensé de devoir entrer trop avant dans ces discussions épineuses qui m'auroient éloigné de mon but & donné lieu à tout propos à des Dissertations trop étenduës ; ainsi on s'est contenté de proposer ce qui avoit été dit de meilleur sur ce sujet, & on a préferé le choix des conjecture à leur grand nombre : heureux si je pouvois réveiller le goût du Public, & lui donner de l'impatience pour des Ouvrages qui approfondiront davantage une matiere si curieuse.

On a renfermé toute la matière en vingt-cinq Entretiens. Dans le premier on prouve que les Fable ne sont pas de pures allégories, & qu’elles renferment l’Histoire ancienne Dans le second & le troisiéme on recherche les sources des Fables ; on les divise & on donne des regles pour les expliquer. Dans le quatriéme, avant que d’entrer dans l’Histoire des Dieux, on recherche l’origine de l’Idolâtrie. Les sept suivans renferment l’Histoire des Dieux. Au douze commence l’Histoire des Demy-Dieux & des Héros ; là on voit les plus célebres événemens de l'Histoire Grecque, le Déluge de Deucalion & celui d'Ogyges : l'enlevement d’Europe, les Victoires de Bacchus, le Voyage de Persée ; ceux d'Hercule & de Thesée ; la Conquête de la Toison d'or ; le Siège de Troyes ; les Thébaïdes, &c. Enfin dans les deux derniers on explique les Métamorphoses d'Ovide & des autres Poëtes, dont on n'a pas eu occasion de parler ; en sorte qu'il se trouve peu de Fables dont on n'ait dit quelque chose, si vous en exceptez celles dont on ne sauroit parler dans nôtre Langue, sans blesser les oreilles délicates.

On a rapporté la Chronologie des principaux événemens qui sont renfermez dans les Fables ; on a suivi les sentimens les plus ordinaires, sans entrer dans des Dissertations souvent inutiles, & toûjours épineuses. C'est le parti le plus court ; car après tout, on a beau vouloir concilier les divers sentimens des Auteurs, il restera toujours des difficultez insurmontables sur la Chronologie d’un temps où l’en comptoit sans exactitude, & où les Poëtes étoient les Historiens.

Il n’est pas nécessaire de s’étendre ici sur l’utilité du sujet qu’on traite, il est impossible sans savoir la Fable, de faire un pas dans la lecture des Poëtes, qui y font de continuelles allusions, toutes nos Pièces dramatiques, ainsi que nos Peintures & nos Galleries, sont tirées des sujets fabuleux : & l’on m’accordera aisément que la curiosité la plus vive, lorsqu’on sait la Fable, est de vouloir en pénétrer les mysteres.


TABLE
DES ENTRETIENS
Contenus dans le premier Tome


Premier Entretien.


Où l’on prouve que les Fables des Poëtes ne sont pas de simples allegories, & qu’elles renferment une partie de l’Histoire ancienne, page i

Entretien. II.

Où l’on découvre l’origine & les sources des fables. 11

Entretien. III.

Où l’on continue à découvrir les sources des Fables. 50

Entretien. IV.

Où aprés avoir découvert l'origine & le progrés de l'Idolâtrie, l'on commence l'Histoire des Dieux. 82

V. Entretien.

Où il est parlé des Dieux du Ciel, sur tout de la Famille de Jupiter troisième, Roy de Crete, 107

VI. Entretien.

Où l’on continue l’Histoire des Dieux du Ciel. 159

VIL Entretien.

Où l'on continue à parler des Dieux du Ciel, & où à l'occasion de Venus on traite de quelques Divinitez d'Egypte & de Phenicie, 194

Entretien. VIII.

Où l'on traite des Dieux de la Terre & de l'Enfer. 242

Entretien. IX.

Où il est parlé de l'état des ames après la vie, & où l'on void quel a été le systême des Poëtes sur l'Enfer & les Champs Elisées, 275

Entretien. X.

Où il est parlé de Neptune & des autres Divinitez de la Mer, 326

Entretien. XI.

Où l'on traite des Divinitez des Bois, de celles des Fleuves & des Fontaines, des Dieux Laris & des Penates, 363


Fin de la Table des Entretiens
du premier Tome.
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AVERTISSEMENT.


COmme il est presque impossible, quelque soin qu'on prenne, d'imprimer un Livre rempli de noms propres sans qu'il s'y glisse quelque faute : on marque ici les plus considerables qui sont en petit nombre, le Lecteur suppléra aisément aux autres, ainsi qu'à quelques notes qui ne sont pas à leur place.


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ERRATA.



PAge 38. s'étoit trouvé, lisez, s'étant trouvé, p. 73. les mots Ophis, &c. lisez, les racines des mots, &c p. 104. ont fait, lisez, offroient. p. 156. Celena, lisez, Celeno p. 197. Vesperugo signifioit la belle étoile, lisez, c'étoit la même qu'on nommoit en françois la belle étoile. p. 201. les représenterent, ajoûtez, l'un & l'autre. p. 248. Iphimodie, lisez, Iphimedie. p. 306. cette Poësie, lisez, cette piece.

APPROBATION.


J’Ay lû par ordre de Monseigneur le Chancelier un Livre intitlé, Explication Historique des Fables, & j’ai cru que l’impression en seroit agréable au Public Fait à Paris, ce cinq Juin 1710. Danchet.


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PRIVILEGE DU ROY.



LOUIS par la grace de Dieu Roy de France & de Navarre : A nos amez & feaux Conseillers les Gens tenant nos Cours de Parlement, Maîtres des Requêtes ordinaire de nôtre Hôtel ; Grand Conseil, Prevôt de Paris, Baillifs, Senéchaux, leurs Lieutenans Civils, & autres nos Justiciers qu’il appartiendra ; Salut. François le Breton Libraire à Paris, nous ayant fait remontrer qu’il désireroit faire imprimer un Livre intitulé, Explication Historique des Fables, où l’on découvre leur origine & leur conformité, avec l’Histoire ancienne, avec les époques des Héros, & des principaux évenemens dont il est fait mention, par M l’Abbé B*** s’il Nous plaisoit lui accorder nos Lettres de Privilege sur ce necessaires ; Nous avons permis & permettons par ces Présentes audit le Breton de faire imprimer ledit Livre en telle forme, marge, caractere, conjointement ou séparement, & autant de fois que bon lui semblera, & de le vendre, faire vendre & débiter par tout nôtre Royaumr pendant le tems de cinq années consécutives, à compter du jour de la datte desdites Présentes ; faisons défenses à toutes pcrfonnès de : quelque qualité le condition qu’elles puillé : nt ltrc :, d’en introduire d’imprc : ffion étrôD_gerc : dans aucun lieu de nôtreobéïtlànec :, & : à tous Imprimeurs, Libr~irea .& : aunes, d’imprimer, faire iMprimer,’fendre~ faire : vendi~. ~ dé.biëçr, ni çonw : faire ledit LiYre, en · tout ni en partie, sans la permiJlion exprdfc Je par écrit dudit Expo ! ant, ou de : ceux qui aulont dreit de lui, à peine de confifcation dea Exemplaires contrefaits,.ie quinze : cens Jinea 4’amandc coottc éhacun des Contrc : venans, dont un tiers à Nous, un tiers à ! •Hôtel Dieu de : Paris, I•atttre ~ers audit ~pofaac, & : de toua dépens • dommages& : ioterêcs • à la charge que ces Préfentes lcront coregi ! hécs. tout au long sur le R~ilhe de la. CGmmunaut.é des Imprimeurs & : Libraires de Paris, & : cc dans trois moi~ de la · dace d’icelles • que l’imPJelli >U. dudic Livre fera faite Jms nôtre : Royaume.& : non ailleurs, c11 bon pà.plù, &. eu ! xa.u caraaercs • conform~—. ment ll’~" P.églepltns de la Librai.tie ; & : qu’avant. que de l’expolèr en vente, il co fera mis.deus :. Exemplaires dans nôtre Bibliotequc : publique, un dans celle de.nôtre Chât~Ll du Loavre, & : — un · dans celle ; de f)Ôtre tres.— çhct : & :.fc : aJ Chc.alict Chancclie~ de Frani : e le ti, eur Phdfpeau~, Comte cie Pontchartrain,.O>mmal ! deur de.111os0rdrcs • le tout à peine de nullité des ~Ptétè : ntes ; du · contenu defquellcs, vous ~pandons & : enjoignons cle faire joiiir ledit Ex po fant ou fcs ayans caufes, plaiiiCmcnt ac. pai6blemcnt, sans foutfrir qu’il leur foit fait aucuu èmpêchement • Voulons que, la copie dc(ditcs Préfentcs, CfUÏ fera imprim~c au commcnc~ment o, u à la fin dudit Liyrc foit tenuë pour dûëment signifiée ; & qu’aux Copies collationnées par l’un de nos amez & feaux Conseillers & Secretaires, foi soit ajoutée comme à l’Original. Commandons au primier nôtre Huissier ou Sergent, de faire pour l’execution d’icelles tous Actes requis & necessaires, sans demander autre permission, & nonobstant Clameur de Haro, Charte Normande ou Lettres à ce contraires : Car tel est nôtre plaisir. Donné à Versailles le vingt-neuviéme jour de Juin, l’an de grace mil sept cens dix, & de nôtre Regne le soixante-huitiéme. Par le Roy en son Conseil. PAJ0T.


Registré sur le Registre N° 3. de la Communauté des Libraires & Imprimeurs de Paris, pag. 46. N° 46. conformément aux Réglemens, & notamment à l’Arrêt du 13. Août 1703. A Paris, le dix-neuviéme jour de Juillet mil sept cens dix.


De Launay, Syndic.






EXPLICATION
HISTORIQUE
DES FABLES



PREMIER ENTRETIEN.


Où l’on prouve que les Fables des Poëtes ne sont pas de simples Allegories, & qu’elles renferment une partie de l’Histoire ancienne.



LAbbé Théophile & Alcidon avaient accoûtumé d’aller passer tous les ans l’Automne à une Maison de Campagne, scituée sur les bords de la Seine, où Eliante les attiroit, autant par les charmes de son esprit, que par le soin qu’elle prenoit d’y tout ce qu’il y avoit d’honnêtes gens dans le voisinage. Comme elle avoit de l'esprit & qu’elle aimoit les sciences, elle faisoit ordinairement tomber la conversation sur quelques matières savantes. Un jour que la pluye avoit interrompu la promenade, & qu’on étoit demeuré dans un Sallon, on s’amusa à regarder les Peintures du plafond qui étoient fort belles ; c’étoient des sujets de la Fable & de l’Histoire des Dieux. Le milieu représentoit le Jugement de Paris ; là on voyoit les trois Déesses dans des habits magnifiques & galans, étaller leurs charmes devant ce jeune Berger, pour obtenir un jugement favorable à leur beauté. Paris paroissoit tout interdit, & on auroit crû qu’il n’auroit sçû en faveur de qui se déclarer, si on n’avoit vû dans ses yeux, quelque chose de plus tendre pour Venus que pour les autres Déesses. Alcidon qui savoit parfaitement la Fable, expliqua toutes les circonstances de celle-ci avec beaucoup de netteté, & tout le monde fut charmé de l’entendre. Je ne trouve rien de si beau, dit Eliante, que ces Fables magnifiques dont les Poëtes ont orné leurs Ouvrages : le mal est, qu’elles n’ont rien de vrai, & que ce ne sont que les fruits d’une imagination

  1. Omne tulit punctum qui miscuit utile dulci. Hor. Art Poët.