Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/L’Aigle, le Choucas et le Berger (bilingue)

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L’AIGLE, LE CHOUCAS ET LE BERGER

Un aigle, fondant d’une roche élevée, enleva un agneau. À cette vue, un choucas, pris d’émulation, voulut l’imiter. Alors, se précipitant à grand bruit, il s’abattit sur un bélier mais ses griffes s’étant enfoncées dans les boucles de laine, il battait des ailes sans pouvoir s’en dépêtrer. Enfin le berger, s’avisant de la chose, accourut et le prit ; puis il lui rogna le bout des ailes, et, quand vint le soir, il l’apporta à ses enfants. Ceux-ci lui demandant quelle espèce d’oiseau c’était, il répondit : « Autant que je sache, moi, c’est un choucas ; mais, à ce qu’il prétend, lui, c’est un aigle. »

C’est ainsi qu’à rivaliser avec les puissants non seulement vous perdez votre peine, mais encore vous faites rire de vos malheurs.

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Ἀετὸς καὶ κολοιὸς καὶ ποιμήν


Ἀετὸς καταπτὰς ἀπό τινος ὑψηλῆς πέτρας ἄρνα ἥρπασε· κολοιὸς δὲ τοῦτο θεασάμενος διὰ ζῆλον τοῦτον μιμήσασθαι ἠθέλησε· καὶ δὴ καθεὶς ἑαυτὸν μετὰ πολλοῦ ῥοίζου ἐπὶ κριὸν ἠνέχθη. Ἐμπαρέντων δὲ αὐτοῦ τῶν ὀνύχων τοῖς μαλλοῖς, ἐξαρθῆναι μὴ δυνάμενος ἐπτερύσσετο, ἕως ὁ ποιμήν, τὸ γεγονὸς αἰσθόμενος, προσδραμὼν συνέλαβεν αὐτὸν καὶ περικόψας αὐτοῦ τὰ ὀξύπτερα, ὡς ἑσπέρα κατέλαβε, τοῖς ἑαυτοῦ παισὶν ἐκόμισε. Τῶν δὲ πυνθανομένων τί εἴη τὸ ὄρνεον, ἔφη· « Ὡς μὲν ἐγὼ σαφῶς οἶδα, κολοιός, ὡς δὲ αὐτὸς βούλεται, ἀετός. »

Οὕτως ἡ πρὸς τοὺς ὑπερέχοντας ἅμιλλα, πρὸς τῷ μηδὲν ἀνύειν, καὶ ἐπὶ συμφοραῖς προσκτᾶται γέλωτα.