Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Berger et les Louveteaux (bilingue)

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LE BERGER ET LES LOUVETEAUX


Un berger ayant trouvé des louveteaux les nourrit avec beaucoup de soin, dans l’espoir que, devenus grands, non seulement ils lui garderaient ses propres moutons, mais encore en enlèveraient d’autres et les lui apporteraient. Mais aussitôt qu’ils eurent achevé leur croissance, ils saisirent une occasion où ils n’avaient rien à craindre et commencèrent par ravager son troupeau. Quand il s’aperçut du désastre, il gémit et dit : « Je l’ai bien mérité ; pourquoi ai-je sauvé, petits, des animaux qu’il faudrait tuer, même adultes. »

Sauver les méchants, c’est leur donner à notre insu des forces qu’ils tourneront contre nous d’abord.

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Ποιμὴν καὶ λυκιδεῖς.

Ποιμὴν εὑρὼν λυκιδεῖς, τούτους μετὰ πολλῆς ἐπιμελείας ἔτρεφεν, οἰόμενος ὅτι τελειωθέντες οὐ μόνον τὰ ἑαυτοῦ πρόϐατα τηρήσουσιν, ἀλλὰ καὶ ἕτερα ἁρπάζοντες αὐτῷ οἴσουσιν. Οἱ δέ, ὡς τάχιστα ηὐξήθησαν, ἀδείας τυχόντες πρῶτον αὐτοῦ τὴν ποίμνην διαφθείρειν ἤρξαντο. Καὶ ὡς ταῦτα ᾔσθετο, ἀναστενάξας εἶπεν· « Ἀλλ’ ἔγωγε δίκαια πέπονθα· τί γὰρ τούτους νηπίους ὄντας ἔσῳζον οὓς ἔδει καὶ ηὐξημένους ἀναιρεῖν ; »

Οὕτως οἱ τοὺς πονηροὺς περισῴζοντες λανθάνουσι καθ’ ἑαυτῶν πρῶτον αὐτοὺς ῥωννύντες.