Fables de Florian (1838)/1/La Coquette et l’Abeille

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LA COQUETTE ET L’ABEILLE.

FABLE XIII.

LA COQUETTE ET L’ABEILLE.


C

hloé, jeune et jolie, et surtout fort

coquette,
Tous les matins, en se levant,
hloé, jeune et jolie, et surtout fortSe mettait au travail, j’entends à sa toilette,
Et là, souriant, minaudant,
Elle disait à son cher confident
Les peines, les plaisirs, les projets de son âme.
Une abeille étourdie arrive en bourdonnant.
Au secours ! au secours ! crie aussitôt la dame ;
Venez, Lise, Marton, accourez promptement.
Chassez ce monstre ailé. Le monstre insolemment
Aux lèvres de Chloé se pose.
Chloé s’évanouit, et Marton en fureur
Saisit l’abeille et se dispose

À l’écraser. Hélas ! lui dit avec douceur
L’insecte malheureux, pardonnez mon erreur ;
La bouche de Chloé me semblait une rose,
Et j’ai cru… Ce seul mot à Chloé rend ses sens.
Faisons grâce, dit-elle, à son aveu sincère ;
D’ailleurs sa piqûre est légère ;
Depuis qu’elle te parle à peine je la sens.

Que ne fait-on passer avec un peu d’encens !