Fables de Florian (1838)/3/Le Parricide

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LE PARRICIDE.

FABLE XVIII.

LE PARRICIDE.


U

n fils avait tué son père.

Ce crime affreux n’arrive guère
Chez les tigres, les ours ; mais
l’homme le commet.
Ce crime affreux n’arrive guèreCe parricide eut l’art de cacher son forfait,
Nul ne le soupçonna : farouche et solitaire,
Il fuyait les humains et vivait dans les bois,
Espérant échapper aux remords comme aux lois.
Certain jour on le vit détruire, à coup de pierre,
Un malheureux nid de moineaux.
Eh ! que vous ont fait ces oiseaux ?
Lui demande un passant : pourquoi tant de colère ?
Ce qu’ils m’ont fait ? répond le criminel,
Ces oisillons menteurs, que confonde le ciel,

Me reprochent d’avoir assassiné mon père.
Le passant le regarde : il se trouble, il pâlit,
Sur son front son crime se lit ;
Conduit devant le juge, il l’avoue et l’expie.

Ô des vertus dernière amie,
Toi qu’on voudrait en vain éviter et tromper,
Conscience terrible, on ne peut t’échapper !