Fables de La Fontaine (éd. 1874)/Le Geai paré des plumes du Paon
Apparence
Pour les autres éditions de ce texte, voir Le Geai paré des plumes du paon.
Livre IV
IX
LE GEAI PARÉ DES PLUMES DU PAON
Un paon muait : un geai prit son plumage ;
Puis après se l’accommoda ;
Puis parmi d’autres paons tout fiers se panada,
Croyant être un beau personnage.
Quelqu’un le reconnut : il se vit bafoué,
Berné, sifflé, moqué, joué,
Et par messieurs les paons plumé d’étrange sorte ;
Même vers ses pareils s’étant réfugié,
Il fut par eux mis à la porte.
Il est assez de geais à deux pieds comme lui,
Qui se parent souvent des dépouilles d’autrui,
Et que l’on nomme plagiaires.
Je m’en tais, et ne veux leur causer nul ennui :
Ce ne sont pas là mes affaires.