Fama Fraternitatis

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Fama Fraternitatis
Texte établi par Adolphe Peeters BaertsoenRevue internationale des sociétés secrètes (1p. 243-244).

FAMA (Edition de Cassel, 1614). Fama Fralernitatis, oder Entdeckung der Bruderschaft des hochloeblichenOrdens des R. C. (Fama Fr., ou découverte de la Très honorable Fraternité de l’Ordre de la R. C).

« Aux Chefs, Etats et Savants en Europe,

« Nous, les Frères de la Fraternité de la Rose-Croix, offrons notre salut et nos prières à tous ceux qui liront dans un esprit chrétien notre Fama ici présente.

« Dieu, l’unique sage et bon, ayant fait surgir des génies très éclairés, qui ont en partie rétabli dans leur éclat, les arts atteints de corruption et d’imperfection, afin que par là l’homme en vienne à comprendre la noblesse et la magnificence (divines), qu’il sache quelle est la figure du Microscome et jusqu’où s’étend son art dans la nature, — dans cette intention, le défunt Père Christian Rosenkreuz, Allemand pieux spirituel et très éclairé, chef et créateur de notre Fraternité, s’est efforcé d’entreprendre une réforme générale.

« Pauvre, mais de naissance noble, il est mis dans un monastère, apprend les langues anciennes, el se rend avec un Frèro ecclésiastique à Damas, de là, à Jérusalem, puis à Damcar, en Arabie. Il a alors seize ans. Il y apprend l’arabe et y étudie le livre de M. (Moïse ou Mahomet ?) Il gagne alors l’Egypte, puis Fez, où il s’applique à la Magie et à la Cabbalo. Mais il y trouve « une base encore meilleure » pour sa foi, qui est en accord avec l’harmonie universelle du Monde, et qu’il retrouve imprimée merveilleusement dans toutes les périodes du temps. Et de là se conclut la belle conception que, de même qu’un très bon arbre ou fruit est renfermé dans un germe, de même l’ample Univers est contenu tout entier dans le petit corps humain, dont la religion, le gouvernement, la santé, les membres, la langue, les paroles et les œuvres agissent de concert et en harmonie avec Dieu, le Ciel et la Terre, que tout ce qui y est contraire est erreur, mensonge, ayant pour auteur le Diable, qui est, lui seul, la cause première, moyenne et finale de la dissonance, de l’aveuglementet de l’amour des ténèbres dans le monde.

« Riche de sagesse et de trésors, il s’embarqua au bout de trois ans, pour l’Espagne, mais il fut assez mal accueilli des savants du pays, comme du reste de l’Europe. Il fut secondé dans ses efforts pour établir l’harmonieuniverselle par Th. B. Théophraste, qui n’était point un Rose-Croix, mais qui avait étudié avec ardeur le livre de M.

« Au bout de cinq ans, malgré ses déceptions, Rosenkreuz forme, avec trois Frères de de son ancien monastère d’Allemagne, une Société pour propager la réforme projetée dans l’Edifice de l’Esprit-Saint.» Plus tard, le nombre des Frères est porté à huit. Avant de se séparer pour parcourir le monde, ils concluent le pacte suivant : «

1° Aucun d’eux ne doit adopter d’autre profession que de guérir les malades, et cela gratuitement ;

« 2° Aucun ne doit être contraint de porter un habit particulier comme membre de la Fraternité, mais devra s’accommoder aux usages du pays ;

« 3° Chaque Frère doit se présenter chaque année au jour de la Sainte-Croix près de l’Esprit-Saint (ce doit être le nom d’une église ou d’un édifice religieux) ou faire connaître les causes de son absence ;

« 4° Chaque Frère doit faire choix d’une personne sûre, qui puisse lui succéder à l’occasion ;

« 5° Le mot de Rose-Croix doit lui servir de sceau, de mot de passe et de signature ;

« 6° La Société doit rester secrète pendant un siècle.

« Ce fut seulement par l’art magique que fut découvert, au bout des cent ans de secret prescrit, la tombe du Père Chr. Rosenkreuz, avec l’inscription : « Post C X X (centum viginti annos) patebon. Le corps du Père se trouvait dans un caveau, dont la voûte offrait quatre figures renfermées dans un cercle. Le corps tenait un petit livre marqué d’un G, qui se terminait par la phrase suivante : « Ex Deo nascimur, in Jesu morimur, pèr Spiritum Sanctum reviviscimus ».

« Dès lors.le moment de la Réforme était venu ; les Frères s’occupèrent de sa préparation. Voici comment ils se représentent eux-mêmes : ils appartiennentà la Réforme chrétienne (protestantisme), admettent deux sacrements, reconnaissent le Saint-Empire Romain comme leur chef et celui de la chrétienté. En ce qui concerne l’art de faire de l’or, cela leur serait aisé, mais c’est pour eux une oeuvre secondaire, un superflu. Ils connaissent mille autres artifices meilleurs, mais ils s’attachent au salut des âmes.

« Quiconque répondra par la voie de l’imprimerie à cet appel, sera mis en relation avec la Société, et l’Edifice ne restera pas éternellement invisible ».

« Sub timbra alarum tuarwn, Jehova ».