Femmes arabes avant et depuis l’islamisme/Texte entier

La bibliothèque libre.
Librairie nouvelle/Tissier (p. 1-index).

FEMMES ARABES
AVANT ET DEPUIS L’ISLAMISME.


EXORDE.


Qu’était-ce donc, aux temps d’avant l’Islamisme, que la vie de la femme dans cette société, dans ce monde fragmenté en tribus, chez ces Arabes épars à travers leur Arabie, sur leur Hédjàz et sur leur Saracène ? Comment la femme passait-elle son existence sur cette immensité dont le sable est le lit, dont le ciel est le dôme, le désert, enfin, avec les feux et les mirages du jour, avec la lune et les étoiles de la nuit ?

Les femmes arabes d’il y a douze ou quinze siècles avaient-elles une vie intellectuelle ? avaient-elles une influence, une valeur et une action sociales ?

Je le dis en vérité, la femme arabe a grandement dégénéré. Sa position dans la famille a été plus nettement et plus sérieusement régularisée par l’Islamisme ; mais l’Arabe musulmane n’a pas tardé à perdre la situation intellectuelle et morale de l’Arabe païenne. Je veux un peu parcourir, d’abord, les anciennes époques de la gentilité, puis dessiner en traits rapides mais caractéristiques, ce que les brunes beautés de l’Arabie, celles du désert surtout, ont conservé de leur physionomie primitive, de leur âme native, jusqu’aux deux premiers siècles de l’Islamisme. Aujourd’hui, elles n’existent plus guère que comme sexe, ou, si nous voulons être plus courtois, comme beau sexe. Les hommes, c’est le vilain sexe, soit dit sans vanité.


PREMIÈRE PARTIE.

FEMMES ARABES AVANT L’ISLAMISME.


I

La poésie des Arabes. — Chaque poésie commençait par parler de la dame du poète. — Réunion de poètes chez Aïchah fille de Talhah. — Goût des femmes arabes pour la poésie, pour la parure.


Beaucoup ont écrit déjà sur les femmes arabes, parce qu’on aime beaucoup à s’occuper de harem, c’est-à-dire de fruit défendu, ou de fruit difficile à prendre. Mais qui a parlé des femmes d’avant l’Islamisme ? Qui en a parlé avec quelques détails, avec un peu de couleur, et surtout au point de vue de l’intelligence, de l’esprit et du cœur ? Dites-moi, poètes, qui vous a parlé de femmes arabes poètes de ces âges anciens ? Qui vous a raconté quelque chose des amours et des existences des femmes dans les tentes, où aussi l’on faisait harem ? Vous êtes friands, vous affolez de tout ce qui a un arôme de poésie, poésie des vers et poésie des actes ; je suis sur d’avance que votre œil remarquera avec quelque plaisir l’allure mâle de la poésie des femmes en la vieille Arabie.

Comme on était poète dans cette presqu’ile-là ! Oh ! elle était vivace, là-bas, cette passion de rythmer en harmonieuses paroles, en lignes mesurées, en formes solennelles et cadencées, les émotions de la fierté, les gloires du courage, les joies de l’ivresse, les louanges de la beauté, les coquetteries, les désirs, les craintes, les bonheurs de l’amour, les soupçons et les colères de toutes les jalousies et de toutes les rivalités, les orgueils si multiples de la nature humaine. C’est que la poésie est une des manifestations de l’âme du monde, une émanation divine ; elle a pour patries toutes les patries des peuples. Ange, génie, la poésie se plaît à tous les climats, s’adapte et fraternise avec tous les degrés des développements sociaux, avec toutes les physionomies humaines ; elle a son lit et son trône partout ; elle souffle ses émotions au sauvage comme au civilisé ; elle aime tout le monde, et parle toutes les langues. Elle n’a pas plus peur des glaces du Nord que des feux solaires de l’équateur. Elle chante ses harmonies aussi bien dans la neige et au milieu des frimats et du grésil, qu’à travers les sables brûlants des gorges enflammées des déserts, que devant ces mirages pétillants des solitudes desséchées, que sur les traces tourmentées des torrents, que sur cette nature effrayante, pâle, fauve des espaces que le soleil chauffe au degré d’une lave qui se solidifie. La poésie ! mais elle aime tout, elle aime tout dire, tout faire ; en quelque pays que ce soit, elle s’habille de couleurs, de musiques, de richesses, de tristesses, de joies, de pierreries, de rosées, de parfums, de colères, d’amours, de philosophies et de rires. Les védas, les sagas, les niebelungen, les duma, les chants castaliens, les kacideh ou rimes arabes, les odes olympiennes, les vers capitolins, les vers des sauvages, tout cela est frère et sœur ; les noms varient, l’âme est la même.

Ils étaient nombreux ces poètes antéislamiques, ces inspirés de nature, qui de leurs vers charmaient les tentes fauves des tribus vagabondes de l’Arabie, qui disaient, le soir, assis à la lumière blanche de la lune, leurs rimes souples et faciles aux cercles des guerriers, psalmodiaient les louanges de la bataille ou du pillage, chantaient leurs émotions aux jeunes filles et aux femmes assemblées autour d’eux, grondaient leurs menaces ou leurs plaintes aux sentiers du désert, à leurs compagnons de rapines. Oui, dans cette presqu’île inhabitable et de tout temps habitée, sur les plaines de Saba,. exhalé sur les châteaux de Roumdân à Sana, sous le parfum par les fleurs mâles des palmiers de Médine, au cœur de ces mers de sables, loin des grèves abruptes de l’Océan, de Coulzoum et de la mer Persique, dans tous ces espaces où l’Arabe avec sa chamelle respirait libre entre l’immensité des sables et l’immensité du ciel, là-bas, les poètes naissaient partout, sous la tente du roi de la tribu, sous la tente du guerrier noble à vingt quartiers de noblesse, sous la tente en haillon du simple pâtre, de l’esclave, du malheureux, du pillard, sur la route aventureuse, sur le lit de sable du ribaud excommunié des siens, taché de sang, chassé du milieu de ses frères, et mis au ban des tribus.

Sur quels mètres réguliers, multiples, ces hommes incultes, ou leurs femmes, jetaient-ils donc leurs pensées ? Où donc apprenaient-ils cette harmonie vocale des paroles assemblées en cadences prosodiques ? Que savaient-ils… ? Ils savaient ce qu’ils apprenaient, et ils n’apprenaient rien. Qu’auraient-ils appris ? Qui savait lire ? Qui savait écrire ? On n’écrivait pas, et par conséquent on ne lisait pas. On versifiait, on improvisait, on récitait ; et les vers passaient ainsi de mémoire en mémoire, de tribu en tribu, de génération en génération. Mais de plus, on s’exerçait, on travaillait à faire de belles hampes de lances ; on recherchait les sabres bien fourbis et bien coupants, les lames longtemps frémissantes au brandissement ; on se préparait des arcs de bois jaunâtre, dur et élastique ; on armait des flèches bien empennées, bien aiguisées à leurs pointes en os, en corne ou en caillou. On se tissait des toiles de tentes, rousses, brunes, noirâtres, avec le ouabar ou poil des chameaux. Que dirai-je encore ? On courait à la chasse des voyageurs, à l’attaque des tribus, on faisait butin de tout. Et les poètes, après ou pendant leurs courses, leurs expéditions, leurs combats, improvisaient leurs hémistiches et créaient ainsi des légendes, des traditions, des souvenirs, l’histoire de leur presqu’île. Pour avoir quelque renom dans la tribu, il fallait qu’un guerrier, l’homme des batailles et des coups hardis, fût poète et sût assaisonner de vers un coup de lance et un coup de sabre, chanter ses faits et gestes en hémistiches irréprochables. Aussi, combien de ces héros bédouins eurent les honneurs de l’éloge funèbre dans les rimes animées et fraîches d’une sœur, d’une mère, d’une amante, d’une maîtresse ! car, là, les femmes avaient naturellement le droit des poètes ; rimer était, parmi elles, chose simple et commune elles n’en étaient ni plus fières, ni moins tendres, ni moins aimantes. Oui, un cavalier des cavaliers, un chevalier parfait devait être guerrier, amoureux et poète ; charmante trinité, la seule qu’adoraient les filles du désert, toutes les filles de l’Arabie. Les rusées ! ce sont elles qui l’avaient inventée.

Ce sont elles aussi qui inspiraient les poètes. Là aussi, l’amour soufflait ses frémissements, et ses douceurs, et ses souffrances embaumées, dans tous les cœurs poétiques, dans les âmes les plus âpres et les plus déshéritées de la fortune. Pas une kacîdeh, c’est-à-dire pas une poésie (car il n’y jamais de longs poèmes arabes), ne manqua, dans les beaux temps, à ouvrir ses premiers hémistiches autrement que par un salut, ou un soupir, ou un éloge, ou un souvenir à la dame du poète. Les premières rimes étaient pour la belle que le poète aimait ; eût-il à tracer des massacres, des malédictions, des œuvres de carnage et de sang, la première pensée était un hommage, ou un sourire, ou un regret d’amour. La femme, toujours la femme au sommet de toute poésie, toujours la fleur d’amour au front des premières rimes. En quels pays donc les poètes ont-ils été aussi courtois, aussi gracieusement terribles ? Eh ! l’amour est le souffle vital de tout poète. Ceux qui ont créé les grâces, qui ont fait une belle femme déesse de la poésie, étaient poètes d’âme et d’émotions. C’est une femme tendre, un cœur ardent et pur, Ste-Thérèse, qui a dit : « Les malheureux ! ils ne savent pas aimer ! »

Dans l’antique Arabie aussi, la femme était l’idole adorée, était le foyer où s’échauffaient et rayonnaient les pensées de l’homme. Partout la lionne fait jouer ou rugir le lion, la colombe fait soupirer la colombe.

Et nombre de ces vers de la gentilité ont traversé les années dans la mémoire des Arabes. Ce n’est qu’à la veille de l’Islamisme et comme si on eut prévu que de nouvelles préoccupations allaient emporter ailleurs les esprits et éteindre la primitive poésie pour lui substituer la poésie de la religion nouvelle, que l’on s’avisa d’écrire les monuments poétiques de l’antiquité ignorante qui allait finir pour laisser la place à la lumière religieuse qui allait se lever. L’Islamisme parut ; et Mahomet qui n’a jamais su scander un vers, donna la magnifique poésie de son Koran.

À ce moment, tout ce qu’il y avait de poètes existants perdit la parole. Un nouveau monde surgissait qui abasourdit la gentilité. Lébîd, le célèbre auteur d’un des sept poèmes dorés, ne sut plus trouver un hémistiche après l’inauguration de l’Islamisme. Toutefois, Mahomet, prophète, fut assailli et happé par la satire des poètes gentils, des rimeurs non convertis ; il vit qu’il lui fallait aussi ses poètes à lui ; il les eut. L’instant de halte qu’apporta l’Islamisme à l’admiration, ou a l’étude, ou aux récitations des poésies transmises par la gentilité arabe, ne se prolongea pas longtemps. Les beaux vers, nous le savons tous, ont une puissance incalculable ; les belles cadences qui revêtent de belles pensées sont des êtres qui méprisent la dent rongeante des années. Les femmes elles-mêmes adoraient ces vieilles poésies d’un autre monde, des époques antéislamiques. Ainsi, dans les premiers temps de l’Islâm, on lut un jour devant Aïchah, fille de Talhah, et plusieurs poètes réunis chez elle, une poésie d’environ quatre-vingt vers. C’étaient les vers d’un de ces brigands, de ces hommes de proie et de sang, que sa tribu avait jeté à la malédiction de toutes les autres tribus. Le pillard chante son amour, ses inquiétudes amoureuses, ses goûts de rapines. Aïchah, lorsqu’on eut fini de lire cette poésie du sauvage ribaud, resta toute émue, émerveillée : « A celui de vous, dit-elle subitement à ses poètes, qui sera capable d’ajouter à cette kacîdeh, un vers, un seul vers, qui soit dans la couleur et la portée de l’ensemble, je donne toute cette parure que j’ai sur moi. »

On garda le silence ; personne n’accepta le défi.

Le mouvement d’admiration de cette Aïchah, hommage rendu à la supériorité de la poésie antéislamique, est un des traits nombreux qui rappellent ce qu’étaient les femmes de l’Arabie d’autrefois, ce qu’elles avaient d’amour pour la poésie, pour la gloire des armes et des vers.

Il y a là aussi une preuve que les premières années de l’Islamisme étaient encore imprégnées, imbibées des goûts poétiques de la gentilité arabe, qu’il y avait encore des femmes d’étude, d’érudition, d’esprit, des femmes lettrées. En elles s’agitait un reste de cette âme poétique qui jadis passionnait, enthousiasmait les belles pèlerines du désert païen. Aux premières époques de l’Islamisme, et, il faut bien le dire, malgré l’Islamisme dans sa verte jeunesse, il y avait donc encore, par devers les rives orientales du golfe Arabique, des Du Défiant, des Geoffrin, des Du Châtelet, tenant salon de littérateurs et centres de beaux esprits, réunions d’érudits. Dans de longues causeries, dans des réminiscences des congrès poétiques si célèbres au Hédjâz, ces fêtes olympiques de l’Arabie, on évoquait les souvenirs de ces poètes païens qui, entre les espaces des tentes avaient charmé de leurs récits et de leurs vives improvisations, les guerriers, les sages et les princes des tribus, les enfants étonnés et les femmes émues, les vierges souriantes, ces grands cercles d’auditeurs de toute condition assis ou accroupis sur le sable, ou sur la grosse serge en laine ou en poils de chameaux, ces foules scénitiques qui aspiraient avec la brise les légendes et les vers récités pendant la fraîcheur des nuits. Aujourd’hui, à peine trouverait-on, en toute la musulmanie, quelques femmes sachant lire.

Dans l’Arabie de la Djâhélîeh, c’est-à-dire de l’ignorance, du paganisme, les femmes se teignaient comme celles d’à-présent, les sourcils, les yeux, les mains, se parfumaient de senteurs, avaient leurs miroirs. De même que dans l’ancienne Hellade, de même qu’à Rome l’ancienne, les femmes de l’ancienne Arabie « des mains filaient la laine, et des yeux observaient que la purée ne brûlât pas[1]. » Mais aussi, elles aimaient la gloire de leurs maris, de leurs fils, de leurs frères, de leurs proches ; elles aimaient les chances des guerres, les illustrations des poètes, les généalogies des familles, les légendes des tribus. Elles soignaient leurs simples vêtements, leurs frustes parures ; elles pensaient à la fraîcheur de leurs bouches, à la soie de leurs joues, à l’éclat de leurs yeux, à la finesse et au balancement de leur taille, à la rondeur de leurs seins et de leurs bras ; mais ce n’était pas seulement pour allumer un fol amour au cœur de l’homme, lui susciter une fièvre d’un moment, l’enfermer sous la tente, le soustraire à ce que chacun doit de sa personne aux intérêts des autres, le garotter à une couche voluptueuse, rétrécir enfin la pensée d’un mari à la limite des cordes de la tente ; c’était pour animer le jeune guerrier à bien mériter de la tribu avant d’obtenir les récompenses de l’amour ; c’était pour inspirer et échauffer le poète, engendrer de nouvelles légendes, rehausser le relief de la tribu ; c’était pour donner le jour à des hommes, non à des êtres sans puissance et sans valeur, incapables de défendre un camp, ou d’enlever une capture, ou de comprendre une pensée poétique, ou de s’émouvoir aux récits des mille traditions de la presqu’île entière. Elles étaient belles ces femmes arabes au teint bruni, à l’œil de perle et de jais. Elles vivaient à l’air pur des déserts ; elles voyageaient sur les chameaux de pâturages en pâturages ; elles se nourrissaient de simples aliments, des produits journaliers des troupeaux, des gibiers de gazelles et d’antilopes aux grands yeux noirs comme les yeux des filles de Joctân et de Saba. Saba, nom que les vieux âges ont livré à l’admiration du monde, avec le nom d’une reine.

II

La Reine de Saba.

Parmi les plus anciennes figures de l’antique Arabie, vers l’extrême fond de cette vaporeuse galerie des tableaux légendaires de l’Yémen, une étonnante physionomie apparaît, environnée de merveilles, colorées de couleurs fantastiques ; c’est la reine brillante de la contrée dite la Sabaïe, c’est la reine dite la reine de Saba. Mettons en tête de nos légendes, la légende arabe de cette femme qui avait refusé sa main à tant de rois. La belle femme reine s’unit au plus beau des hommes rois ; Makéda accepta Salomon. Magna magnis.

Aux yeux des Arabes, il n’y a pas de grands noms de grandes choses. Salomon fut grand en pensées, en puissance, en richesses, en magnificence, en femmes. Aussi, les Arabes en ont fait un prophète.

La célèbre reine de Saba n’a, pour histoire, dans les récits bibliques, que quelques lignes au chapitre x du troisième livre des Rois. Elle va rendre visite au fils de David, au chantre poète du cantique des cantiques, au fondateur de Tadmor on Palmyre ; et une conversation assez courte s’engage sur la sagesse ou sapience du Grand Roi. À la suite, des félicitations mutuelles, des présents splendides ; et la reine part, retourne en son royaume au fond de l’Yémen. Mais les Arabes ne voient là qu’un dénouement incomplet. Ils ont, au moins pour un temps, fait embrasser et marier l’Arabie et la Judée. En conduisant ce récit, ils l’ont semé de merveilles, ils ont exagéré les détails du tableau ; ils ne paraissent pas se douter que l’exagération est la rhétorique des esprits faibles, et la logique des esprits faux.

D’après les généalogies arabes et génésiaques, Saba, qui donna son nom à la Sabaïe ou pays des Sabéens dans l’Yémen ou Arabie méridionale, était arrière-petit-fils de Kalitân (le Joctân de la Bible), et troisième arrière-petit-fils de Noé. Les deux fils de Saba, Himiar et Halilân, furent ensuite la double souche de deux populations. Mais plus tard, les Sabéens et les descendants de Himiar et de Kahlân se réunirent et ne formèrent plus qu’un seul peuple sous le nom de Himiarites (les Homeritœ de Pline l’ancien). Les Sabéens n’eurent donc pas une longue existence individuelle, distincte. Néanmoins, il parut à intervalles, sur le trône de Himiar, des rois du sang sabéen proprement dit. Car les Thamaminah, c’est-à-dire les Octaves, étaient huit grandes familles en possession du droit de succession au trône ; c’était parmi elles qu’on élisait un nouveau roi, lorsque le chef de l’État mourait sans héritier direct. Ces huit familles arrivèrent à avoir un nombre de quatre mille princes ou akouâl, c’est-à-dire paroles ; ils avaient le privilège exclusif de parler directement au roi, et le roi ne recevait de communication que d’eux, ne parlait qu’à eux, et ne consultait qu’eux. Seuls ils composaient la cour et l’entourage du souverain.

On donnait le titre de Kaïlân, comme nous disons l’Infant, le Dauphin, à l’héritier présomptif du trône, à celui que, par une éducation spéciale, on préparait au maniement de l’autorité royale. — Les Mauthabân, ou sédentaires, terme qui rappelle nos rois fainéants, furent les rois qui ne suivaient pas les armées en temps de guerre. — Le nom de Tobba était l’appellation réservée uniquement aux rois, comme celui de César aux empereurs romains, de Kosroës ou Kesra aux rois de Perse, de Firaoûn, Pharaon, aux souverains de l’Egypte ancienne, etc.

Saba fut le quatrième ou cinquième aïeul de Makéda, appelée, dans les traditions et légendes arabes, du nom de Balkamah, Bilkis, Balkîs. Les Abyssins veulent qu’elle soit originaire de leur pays, de la contrée de Makâda, située au Nord de l’Abyssinie. Aujourd’hui, les plus belles esclaves abyssiniennes sont amenées de cette contrée, et sont qualifiées, comme titre de beauté et de valeur, par le mot de Makédiennes.

RÉCIT ARABE.

Balkamah, surnommée Bilkis, la glorieuse reine de Saba, eut un règne des plus extraordinaires et des plus brillants, une vie de merveilles et d’étonnements… Son nom rappelle toujours celui de Soleïmân ou Salomon.

Salomon fut, des dix-neuf fils du prophète David, le seul qui reçut de Dieu le privilège de la toute-science et de la toute-puissance, le seul qui fut prophète. Jamais élu de Dieu, jamais prophète n’eut à ses ordres, comme Salomon, les hommes et les éléments, les animaux, les Esprits et les Génies. Les vents eux-mêmes lui servaient d’espions, et, du plus loin possible, lui apportaient à l’oreille tout ce qui se disait de lui. Les sylphes ou ins, les djinn, les chaïtân ou démons, les animaux, quadrupèdes et oiseaux, lui obéissaient ; de tous il savait le langage, les pensées, les œuvres ; tous étaient ses humbles serviteurs. Ils lui formaient une armée qui tenait un espace de cent lieues carrées, et qui était divisée en quatre corps égaux ; vingt-cinq lieues étaient pour le camp de la division des djinn, vingt-cinq pour la division des sylphes ou ins, vingt-cinq pour la division des oiseaux, et vingt-cinq pour la division des quadrupèdes.

La demeure de Salomon était un palais de cristal, élevé sur des bases en bois, et renfermait trois cents femmes légitimes et sept cents concubines. Le tapis que, dans les voyages, les djinn étalaient lorsque le grand roi s’arrêtait, était tissu d’or et de soie, et couvrait une surface d’une lieue carrée ; le trône, on le dressait au milieu ; puis, en cercle, des sièges d’or et d’argent. Les prophètes de la cour de Salomon s’asseyaient sur les sièges d’or, et les savants et les docteurs sur les sièges d’argent ; la foule, ins, djinn, chaïtân, faisait couronne alentour. Les oiseaux se plaçaient en l’air, et, les ailes planantes, se tenaient disposés en voûte emplumée, en parasol vivant et émaillé dérouleurs frémissantes, contre les ardeurs du soleil. Lorsqu’on levait le camp, les vents emportaient le tout ; on voyageait en course aérienne.

C’est ainsi que Soleïmân partit pour l’Arabie. Il passa à Médine saluer le tombeau futur du dernier des prophètes, puis alla, près de Tâïf, à la vallée de la Fourmi. Il en était encore à trois milles, lorsque le vent lui apporta à l’oreille les paroles de la fourmi appelée Tâkhîah. Elle avertissait ses sœurs de vite rentrer dans leurs demeures, avant que Salomon, et ses soldats, et son armée ne vinssent les briser sans s’en apercevoir. Salomon, arrivé au débouché de la vallée, descendit. « Tu as cru devoir, dit-il à Tâkhîah, prévenir tes fourmis de se mettre en garde contre nous ; tu sais cependant que je suis prophète de justice et d’équité. — C’est vrai ; mais j’ai voulu faire entendre à mes fourmis que ta puissance pourrait bien leur briser le cœur, non pas le corps, et je voulais les préparer à te contempler, toi et la grandeur. — Dis-moi, savante fourmi, quelques paroles de morale et quelques pensées sur les choses de religion et de piété. — Volontiers. Sais-tu pourquoi ton père s’appelait Dâoûd (David) ? — Non. — C’est qu’il guérissait[2] les plaies et les souffrances de l’âme. Et sais-tu pourquoi ton nom est Soleïmân ? — Non. — C’est que tu es de cœur pur[3], d’âme sincère et nette ; et tu dois au moins égaler ton père. Et pourquoi Dieu a-t-il mis les vents à la discrétion ? Le sais-tu ? — Non. — C’est que ce monde n’est qu’un coup de vent passager, presque invisible. Encore : Sais-tu pourquoi Dieu a attaché le secret de ta force et de ta puissance au chaton de ton sceau ? — Non. — Eh bien ! c’est pour t’apprendre que ce monde ne vaut pas un petit morceau de pierre. — Mais les armées de tes fourmis sont-elles plus nombreuses que mes armées ? — Certainement. — Fais-moi les voir. » Tâkhîah appela une seule espèce de ses sœurs, et pendant soixante-dix jours entiers elles défilèrent en bataillons immenses sous les yeux de Salomon ; elles inondèrent les plaines, les monts, les vallées. « En reste-t-il encore beaucoup ? dit alors Salomon. — Il n’y a encore de passé, lui répondit tranquillement Tâkhîah, qu’une partie d’une seule espèce, et j’en ai soixante-dix espèces. »

Salomon partit.

Le grand roi alla faire son pèlerinage avec son armée d’hommes, d’ins, djinn, chaïtân, oiseaux, quadrupèdes. Il séjourna quelque temps aux environs de la Mekke. Chaque jour il égorgeait cinq mille chamelles, cinq mille bœufs ou taureaux et vingt mille moutons. Il parlait à ceux qui composaient son immense cortège, du prophète-arabe qui devait venir planter dans cette contrée l’étendard d’une foi nouvelle, et serait craint et révéré des hommes jusque dans les régions éloignées de là à un mois de chemin comme lui en faisait dans les airs. « Et quelle sera sa religion ? demandait-on au fils de David. — La religion de la pente au bien et au vrai. — Et l’époque de son arrivée ? — Dans mille ans ; et il sera le plus parfait des messies, le sceau final des prophètes destinés au monde. »

Un matin, Salomon se remit en voyage, se dirigeant du côté de l’Yémen ; à midi, il était déjà au-dessus des plaines de Sanâ. En quelques heures, il avait franchi un trajet d’un mois pour les autres hommes. Salomon charmé de l’aspect riant de cette contrée, de la luxuriante verdure des campagnes, descendit pour prier et dîner. Dès qu’il fut arrivé à terre, les oiseaux se rangèrent en coupole ombrageante au-dessus de lui.

Salomon demande de l’eau. On cherche la huppe pour indiquer où l’on en trouverait. Car la huppe, de son œil pénétrant, voit l’eau, même sous terre, comme si cette eau était dans un verre… Mais la huppe était absente. Pendant le trajet de la Mekke à Sanâ, elle avait, du haut des airs, remarqué vers le fond de l’Yémen de magnifiques jardins. Elle était allée à la découverte. Ces jardins étaient ceux de Balkamah ou Bilkîs.

Yafoûr, c’était le nom de la huppe de Salomon, rencontra, dans les jardins, Anfir, la huppe de Bilkîs. « D’où viens-tu ? dit Anfir à Yafoûr, et où vas-tu ? — Je viens de Syrie, et je suis avec mon maître, Salomon. — Qu’est-ce que c’est que Salomon ? — C’est le roi des hommes, des ins, des djinn, des chaïtân, des oiseaux, des quadrupèdes et des vents. Et toi, d’où es-tu ? — Moi, je suis de ce pays-ci. — Et qui donc le gouverne ? — Une femme appelée Bilkîs, dont les états sont au moins égaux à ceux de ton maître ; elle est reine de l’Yémen ; elle a sous ses ordres douze mille chefs d’armée qui commandent chacun douze mille combattants… Veux-tu venir visiter un peu son empire ? — Non ; je crains que Salomon n’ait besoin d’eau pour faire ses ablutions avant sa prière. — Mais si ton roi était bien aise de savoirce que c’est que notre reine Viens la voir. »

Yafoûr alla voir Balkamah, et ne put partir qu’à trois heures après midi.

Or, lorsque Salomon s’était assis au milieu de sa troupe, un rayon de soleil tomba sur lui. Le prophète leva les yeux, et au milieu des oiseaux il remarqua que la place de la huppe était vide. « Où est la huppe ? demanda-t-il tout à coup. — Je l’ignore, dit l’afrît ou lutin-vautour, chef des oiseaux ; je ne l’ai envoyée nulle part. » Salomon irrité jura de faire tuer la huppe, si elle ne lui apportait pas une excuse sérieuse. Puis il appelle l’aigle, le roi des oiseaux, et lui ordonne de lui trouver de suite la huppe et de la lui amener. L’aigle part, s’enlève jusqu’au sommet même de l’air, et, là, la terre lui paraissait grande comme une écuelle. Il regarde partout, il cherche, et voilà qu’il aperçoit de loin la huppe arrivant à tire-d’aile. L’aigle plonge sur elle : « Que Dieu te maudisse ! lui dit-il ; que bien eût fait ta mère de te laisser périr lors de ta naissance ! Notre prophète a juré ta mort. »

Ils arrivent au camp de tous côtés on répète à la huppe : « Où es-tu allée ? Le prophète a résolu de te tuer. — Il n’a pas mis de restriction ? dit-elle. — À moins, a-t-il dit, qu’elle n’ait une excuse sérieuse. — Alors, je suis sauvée. » L’aigle conduit la huppe devant Salomon elle approche d’un air humble, la tête et la queue basses, les ailes traînantes par terre. Salomon la saisit par le cou, la tire brusquement. « Où étais-tu ? lui dit-il ; je vais te punir comme tu le mérites. — Prince, reprit tranquillement la huppe, tu es en colère ! Rappelle-toi que tu paraîtras un jour devant Dieu. » À ces mots, Salomon calme : tressaille ; puis d’une voix calme : « Qui t’a retenue aujourd’hui loin de moi ? — J’ai appris et recueilli des choses que tu ne sais pas. Je suis allée jusqu’au fond de l’Yémen, dans la Sabaïe ; j’ai vu Mâreb, la capitale de l’empire des descendants de Saba ; je t’en apporte des notions positives — Voyons ! — J’ai aperçu la une reine d’une éblouissante beauté, Bilkîs, de la postérité de Mâlek, fils de Rayân. — Très-bien. Mais nous allons éprouver si tu nous dis vrai. » Et Salomon écrivit aussitôt la lettre que voici :

« De la part du serviteur de Dieu, Salomon fils de David, à Bilkîs, reine de Saba.

« Au nom de Dieu miséricordieux et clément ! Salut pour qui marche dans la voie droite.

« Or sus, ne te glorifie pas et ne t’élève pas au-dessus de moi ; viens, et suis ma parole. »

Salomon mit à cette lettre un cachet de musc et y appliqua son sceau. Puis il dit à la huppe : « Prends cette lettre ; va la jeter à Bilkîs, puis éloigne-toi aussitôt, mais à peu de distance, et place-toi de matière à tout voir et tout entendre sans être aperçue. » La huppe prend la lettre dans son bec et part. Pendant que voyage la huppe, contons la naissance de la belle reine sabéenne.

Le père de Bilkis s’appelait Zou Chark. Il eut quarante fils. Mais, de toute sa famille, il ne conserva qu’un fils et Bilkîs, l’avant-dernière de ses enfants, et qu’il eut de Rîhânah fille de Sakan et d’une djinnah (djinn femelle). Un jour que Zou Chark était à la chasse, il vit deux gros serpents, l’un blanc, l’autre noir, se battant avec fureur. Le blanc allait être vaincu. Le roi tue le serpent noir, et emporte le serpent blanc. Zou Chark, rentré dans son palais, asperge le serpent de quelques gouttes d’eau, sort et laisse le reptile reprendre ses forces. Zou Chark revient peu après ; mais voilà qu’à l’endroit où il avait déposé l’animal, il trouve un homme. Le roi s’arrête épouvanté. « Ne crains rien, lui dit l’homme ; je suis le serpent blanc a qui tu as sauvé la vie. Le serpent noir, que tu as abattu, était un misérable esclave qui avait donné la mort à plusieurs d’entre nous. Demande-moi tout ce que lu voudras de richesses. n’ai pas besoin de richesses. Mais si tu as une fille, — Je je te la demande pour femme. — J’ai une fille d’une rare beauté, je te la donne. Mais sache bien que si jamais, pour quelque motif que ce soit, tu lui adresses des pourquoi, au troisième elle te quittera, et tu ne la reverras plus. »

Le roi accepte la condition. Il épouse la fille de cet homme. Elle devient enceinte. Elle accouche d’une fille, et au moment même un feu s’élève près de la mère qui alors saisit son enfant, le jette à ce feu, et le feu disparaît avec l’enfant. « Pourquoi, dit le roi, as-tu. ? — Une fois, dit Rihânah ; il ne te reste plus que deux pourquoi à m’adresser. Tu sais nos conditions. » La reine Rihânah accoucha une seconde fois. Elle eut un fils. Au moment où il vint au monde, un chien parut tout à coup ; la mère lui mit l’enfant a la gueule, et le chien s’enfuit. Le roi tout hors de lui : « Pourquoi… ? — Et de deux, reprend la reine ; tu n’as plus qu’une fois. »

La guerre alors s’était élevée entre Zou-Chark et un antre roi appelé Zou-Aouân. Elle dura longtemps sans issue décisive ni pour l’un ni pour l’autre. Zou-Aouân eut recours à la ruse pour se défaire de son ennemi ; il proposa la paix. La paix fut acceptée. Peu après il invita Zou-Chark à un festin d’intimité. Zou-Chark y alla avec la reine. On servit. Mais voila qu’aussitôt Rihânah jette des excréments dans les mets. ZouChark, qui allait manger, reste la main suspendue : « Pourquoi, dit-il à la reine, as-tu jeté. ? — Voilà ton troisième pourquoi. Maintenant, je réponds à tes trois questions, et je te quitte pour toujours. Le feu et le chien, c’étaient deux nourrices, je leur ai confié mes enfants pour m’épargner les fatigues de l’allaitement. Quand ils seront assez grands, on te les rapportera. Aujourd’hui, j’ai jeté des excréments dans ces mets qu’on nous a servis, parce qu’ils sont empoisonnés. Je t’ai sauvé la vie. Adieu. »

Et elle disparut.

Le fils de Rîhânah mourut en nourrice. Quand la fille fut assez grande, elle fut rendue à Zou-Chark ; c’était Bilkîs.

Bilkis fut d’une beauté merveilleuse, d’une sagacité rare, d’une pénétration et d’une intelligence extraordinaires. À la mort de son père, elle s’empara du trône et se déclara souveraine. Mais une partie seulement de la nation la reconnut ; l’autre partie proclama roi Bnou-Akh-el-Mélik, homme sans pudeur et sans conscience. Il abusa bientôt de sa puissance. Tyran débauché, il outrageait et déshonorait toutes les femmes qu’il pouvait enlever à ses sujets. Le peuple se révolta, et plusieurs fois, mais en vain, tenta de le chasser. Bilkis, indignée de tant de crimes et de hontes, résolut de débarrasser l’Yémen de ce prince.

Bnou-Akh avait d’abord demandé la main de Balkamah, et il avait été refusé. Mais un jour elle lui fit savoir, avec les précautions convenables de la part d’une femme, qu’elle consentait à s’unir à lui. Elle se rendit auprès de Bnou-Akh, au milieu d’un cortège nombreux et brillant. Le mariage fut célébré avec toute la magnificence des rois. Le soir, après la cérémonie nuptiale, Bilkîs énivra le prince, lui trancha la tête, et, profitant des ténèbres de la nuit, sortit et retourna à son palais.

Au jour, elle appela les vizirs et les grands de la cour de Bnou-Akh. Lorsqu’ils furent rassemblés, elle leur exposa ce qu’elle avait fait, leur reprocha leurs honteuses complaisances pour le roi, leur lâcheté à venger les outrages dont il les avait abreuvés, à venger l’honneur de leurs femmes. Et elle ajouta : « Maintenant, choisissez-vous un autre roi. — Nous ne voulons pas d’autre souverain que toi, dirent-ils ; et nous te jurons obéissance. » Bilkîs régna avec gloire, et son peuple fut heureux. Un jour par semaine elle rendait elle-même la justice ; elle recevait toutes les plaintes, toutes les requêtes, jugeait tous les différends, condamnait toutes les injustices, tous les méfaits. Placée derrière un grand rideau d’étoffe légère, elle voyait tout, sans être vue, et répondait à tous. Lorsqu’elle avait terminé, elle rentrait dans son palais, et se tenait enfermée par delà sept partes, au septième appartement. Le trône où elle siégeait aux jours de solennités, avait trente coudées de haut et quarante de large ; il était d’or et d’argent, orné de pierreries, de perles, de rubis, d’émeraudes, et soutenu sur quatre principaux montants de rubis et d’émeraudes.

La huppe arriva. En peu de temps elle eut franchi l’espace qui sépare Sanâ et Mâreb, espace de trois jours de marche.

Bilkîs était couchée au fond de son palais, au septième appartement. Les sept portes étaient fermées. Elle en avait pris tes clefs, selon son habitude, et les avait mises sous sa tête. Au haut de l’appartement était une petite ouverture donnant du côté de l’Orient. Aussitôt qu’y venaient briller les premiers rayons du soleil, Bilkîs se prosternait à terre et adorait l’autre levant. La huppe va poser doucement la lettre sur la gorge de la reine encore endormie, puis retourne se placer à l’ouverture de l’appartement et la ferme en se tenant les ailes étendues. À son réveil, Bilkîs surprise, lit la lettre et reste plus stupéfaite encore.

Elle convoque les grands de la cour, leur raconte le fait et leur demande ce qu’ils pensent. Mais tous s’en réfèrent à la sagesse de la reine, à son jugement, et protestent de leur dévouement pour elle. Bilkîs, qui savait quelle est la puissance des présents sur un roi, propose d’en envoyer à Salomon. « Car, dit-elle, il nous faut le mettre à l’épreuve, reconnaître s’il est réellement prophète, ou s’il est seulement roi. S’il est roi, il accepte nos présents et n’entre pas sur nos terres ; s’il est prophète, il refuse ; car il lui suffit que nous embrassions ses principes. De plus, j’essaierai la pénétration de son regard. »

Bilkis fit donc choisir cinq cents jeunes garçons qu’elle revêtit d’un splendide costume de jeunes filles : des bracelets d’or, des colliers d’or, des pendants d’oreilles relevés de pierreries. Ils reçurent de magnifiques chevaux, ornés de selles et de brides couvertes de gemmes et d’or, parés de housses de soie. Puis, cinq cents jeunes filles sous le costume de jeunes garçons, montées sur des chevaux ordinaires et vêtues de cafetans et de ceintures simples, portaient chacune deux grandes briques, une en or et l’autre en argent. Il y avait en présents pour Salomon, une couronne chargée de perles et de pierres précieuses, du musc, de l’ambre, de l’aloës odorant, une boîte renfermant une perle vierge, non percée ; et enfin une gemme traversée d’un trou ondulé et tortueux. Tout cela fut accompagné de la lettre que voici :

« Si tu es prophète, devine quels sont les envoyés que je t’adresse ; déclare ce qu’il y a dans la boîte avant de l’avoir ouverte ; perce, toi-même, une perle d’un trou droit et régulier ; et passe un fil dans une gemme ayant un trou tortueux. »

L’ambassade se met en route… La huppe part aussi et va tout raconter à Salomon.

A l’instant même, le fils de David donne ordre de couvrir un espace de sept parasanges avec des briques d’or et des briques d’argent, et d’élever sur chaque côté un mur à crêtes découpées l’une en or, l’autre en argent, alternativement, dans toute la longueur du mur. De chaque côté on attache toutes sortes d’animaux domestiques ou sauvages ayant chacun leurs crèches, et faisant leurs crottins sur l’or et l’argent. Quant à la route, Salomon avait ordonné de laisser vides le nombre juste de cases pour les briques qu’apportaient les Yéménites.

Les envoyés de Saba, à la vue de tant d’opulence, demeurèrent stupéfaits, ébahis. Ils remarquèrent sur la route les endroits où il manquait des briques. Ils craignirent qu’on les accusât d’avoir enlevé celles qu’ils apportaient, et ils les déposèrent dans les cases vides. Arrivés ensuite devant Salomon, ils lui remirent la lettre de leur reine. Il demanda la boite, et annonça ce qu’elle contenait ; puis il consulta les ins et les djinn afin de savoir qui passerait le fil dans la pierre gemme, et qui percerait la perle. Ils ne purent répondre. Mais les chaïtan (satans ou démons) amenèrent deux petits vers ; l’un prit un cheveu dans sa bouche et le passa dans la pierre ; l’autre perça la perle. Ensuite, Salomon fit apporter de l’eau à tout le cortège sabéen ; tous se lavèrent. Ceux qui se versèrent de l’eau d’une main sur l’autre avant de se laver le visage, furent les jeunes filles ; ceux qui se lavèrent de suite la face sans se verser de l’eau sur les mains, furent, pour Salomon, les jeunes garçons.

Peu après, les Sabéens repartirent avec leurs présents. Ils racontèrent à Balkamah tout ce qu’ils avaient vu et entendu. Et elle s’écria : « Il est vraiment prophète. » Quelques jours après, elle se mit en route, avec une escorte nombreuse et brillante, suivie d’une immense armée. Salomon, averti, déploya toute sa magnificence.

Les génies, les ins, les chaïtan, craignant qu’il ne se laissât séduire par les charmes de sa majesté sabéenne, proposèrent de préparer, pour la recevoir, un palais merveilleux dont le sol de la cour serait en cristal le plus limpide, et au-dessous duquel on ferait arriver une eau pure et claire, peuplée de poissons et d’autres animaux aquatiques. Le but, dans cette sorte de ruse ou d’enchantement, était de faire apercevoir à Salomon les jambes velues de la princesse, et, par là, de le détourner d’un amour qui, en le conduisant au mariage, leur donnerait peut-être, dans les enfants, de nouveaux maîtres dont ils auraient a redouter et supporter la puissance absolue. Le palais fut construit. La reine arrive. En entrant, il lui sembla qu’elle allait mettre le pied dans de l’eau, et elle releva sa robe. On vit les jambes velues de la reine. Salomon surpris ne la reçut pas avec moins de politesse, de dignité et d’éclat ; … il sentit son cœur s’émouvoir.. Bientôt le désir de s’unir à Bilkîs tourmenta le saint prophète. Mais l’idée du poil aux jambes de la Sabéenne lui inspirait quelque répugnance… Enfin l’amour triompha ; Salomon prit, Bilkîs pour femme.

Le mariage consommé, le prophète apprit à sa nouvelle épouse les principes de la vraie foi religieuse, et ainsi Bilkîs devint musulmane[4]. Ensuite il la renvoya à Mâreb ; il consigna auprès d’elle une nombreuse légion de djinn, ins, chaïtân, qui servaient de gardes à la reine. Salomon regagna ses états. Mais tous les mois, il allait passer trois jours a Mâreb ou Saba. Il eut un fils de Bilkîs ; ce fils vécut peu de temps.

Puis Salomon mourut… Quand la mort le saisit, il était debout, appuyé sur un bâton, et il resta debout. La face du prophète semblait être encore alors, la face d’un vivant ; on ne se doutait pas qu’il fût sans vie. Il demeura ainsi près d’une année, toujours debout. Après ce temps, les vers et les mites avaient criblé le bâton, qui se brisa, Salomon tomba, et seulement alors on s’aperçut qu’il était mort.

Sept ans et sept mois après, Balkamah mourut. Son corps fut transporté à Tadmour (Palmyre), où il fut inhumé. Le lieu du tombeau de Balkamah resta ignoré jusqu’aux temps du kalife El-Oualîd qui succéda à son père Abd-El-Mélik, l’an 86 de l’hégire (commencement du huitième siècle de l’ère chrétienne). El-Oualîd envoya son fils Abbâs à Palmyre, avec Ahou-Moûça. « Pendant notre séjour dans cette ville, dit Abou-Moûça, la pluie tomba avec abondance et forma autour de Palmyre une sorte de torrent qui déplaça une immense quantité de terres. Ces bouleversements et déplacements de terrains mirent à découvert un cercueil de soixante coudées de long. Il était en pierre jaune comme du safran. On y lisait cette inscription : « Ici repose la vertueuse Bilkîs, épouse de Salomon fils de David. Elle embrassa la vraie foi la dernière nuit de la vingtième année du règne de ce prophète ; il avait épousé Bilkis le dixième jour du mois de moharrem (premier mois de l’année musulmane). Elle expira le deux du mois de rabî (troisième mois de l’année), vingt-sept ans après que Salomon fut monté sur le trône. Elle fut inhumée, de nuit, sous les murs de Tadmour. Nul ne sait l’endroit de sa sépulture que ceux qui l’y ont déposée. » Nous levâmes le couvercle du cercueil, et nous vîmes un cadavre d’une apparence de fraîcheur telle qu’on eût dit qu’il était là seulement depuis quelques heures. Nous écrivîmes au kalife notre découverte. Il nous répondit qu’il fallait laisser ce cercueil à la place où nous l’avions trouvé ; il le fit enfermer sous un mausolée de pierres dures et de marbre. »

III

Les femmes arabes dans les choses de la vie domestique. — Nourritures ; repas. — Gros mangeurs ; Yézid fils de Hohaîrah ; Hilâl fils d’Açàd ; Soleyman le dévorant. — Vins.


Les femmes arabes avaient leur importance ordinaire dans la vie privée ; elles savaient traire les chamelles, apprécier les qualités et les formes du chameau ou de la chamelle de course, peindre en termes justes et pittoresques un beau coursier aux jarrets de gazelle, à l’étoile blanche au front, au pelage soyeux, aux pieds « ferrés de vent du Sud et de vent du Nord ; » elles s’entendaient à décrire un jeune guerrier aux cheveux à l’enfant, une lance à la hampe souple et solide, une cotte de mailles aux anneaux inflexibles, un casque à la bombe étincelante ; elles savaient vanter une incursion heureuse, les noms des vainqueurs, les noms des aïeux et les longues lignées des familles reliées par une généalogie précise aux noms les plus anciens et aux premières hordes descendues en Arabie.

Ce n’étaient pas seulement des femmes savantes en légendes et dans les choses pratiques que je viens de signaler ; elles étaient aussi les mères des familles, les ménagères des tentes, les conservatrices et les surveillantes des troupeaux ; elles savaient, outre la préparation du pain, cette invention, disent les Arabes, qui est dûe au terrible Nemrod, comme celle du savon est due au grand Salomon, elles savaient les ressources culinaires des peuplades errantes, de peuplades de déserts, ressourcés toujours restreintes et chétives chez des hommes qui vivent entre le soleil et le sable, et qui attendent les pluies rares de leurs solitudes brûlées, afin que des pâturages trop incertains donnent de quoi faire remplir les mamelles des brebis et des chamelles.

En ces siècles antéislamiques, les plus splendides festins étaient simples et de chère mesquine ; c’étaient les débauches rivales des repas, de ces époques où s’illustraient des hommes plus que sobres chez les nations déjà grandies et puissantes. N’y eut-il pas un temps, à Rome, où l’oseille était le mets en faveur, où les gourmets les plus raffinés n’avaient que deux plats à dîner, où Caton, ce butor de vertu, ne prenait à son premier repas que du pain et du vinaigre ? Les friandises el le luxe ^arabes étaient bien aussi restreints, même dans les grandes occasions, même aux banquets dont on. régalait les voyageurs et les hôtes que le ciel envoyait à une famille. A la manière patriarcale, on égorgeait des moutons, des chevreaux, une chamelle, un cheval même ; et les énormes marmites bouillonnaient à roulements bruyants, dressées sur des triangles improvisés faits de trois pierres rapprochées, et au souffle du vent qui soufflait les brasiers. Le morceau superflu, délicat par excellence était, devinez !… la bosse de la chamelle, cette pelotte tremblottante de graisse onctueuse. Le commensal heureux qui recevait tant d’honneur, n’oubliait de sa vie ni l’amphytrion qui l’avait si magnifiquement régalé, ni le jour où ses lèvres s’étaient inondées de cette graisse moelleuse, de cette bosse savoureuse.

Voilà les grosses pièces des grands festins, les pendants des fêtes homériques ; et les vins carcaf et khandaroûs arrosaient et égayaient les convives, provoquaient et animaient les cantilènes des vierges, des matrones, des jeunes cavaliers, échauffaient et débauchaient la verve des poètes.

D’autres mets encore suivaient ou accompagnaient ces monstrueuses masses de viandes, mets bizarres que la gulosité des palais non arabes n’a pas agréés dans ses offices et n’a pas accueillis dans ses menus. Quelle bouche autre qu’une bouche arabe a jamais demandé de ces composés culinaires dont se délectaient les tribus du Hédjâz, de l’Y émeu, du Hadramaût, de l’Oman ? Les célébrités gourmandes, les de Cussy, les Berchoux, les Brillat-Savarin, les Carême ont-ils jamais vanté ou consulté la gastronomie de ces déserts ? De Cussy qui savait l’histoire de la cuisine depuis la création du monde, a-t-il accordé seulement une mention aux mets de l’Arabie ? lui qui aurait donné, et il aurait, certes, bien fait ! un dîner de Lucullus dans le sallon d’Apollon, le repas de Trimalcion, pour une allouette, qu’aurait-il donné d’un repas somptueux du désert, d’un dîner préparé même par les sémillantes filles de l’Arabie ? Qu’aurait-il donné, je ne dis pas seulement d’une appétissante bosse de chamelin, mais encore des compléments du festin, des mets accessoires, friandises. et surtout pâtes et farines le plus souvent servies parce qu’elles étaient le plus appréciées et le plus aimées ? Voyez et estimez ; voici les principales préparations ; j’en passe, mais pas des meilleures.

Le Sakhîneh, sorte de galette molle et très mince ; ce m’a tout l’air du crêpe. Le Haricah, espèce de sorbet nourrissant, préparé en jetant légèrement de la farine dans de l’eau mêlée de lait frais. La Samîrah, ou lait bouilli sur lequel on répandait de la farine. La Radirah, ou farine sur laquelle on faisait traire le lait de chamelle, et qu’on chauffait ensuite sur une pierre chaude. L’Akîçah, lait dans lequel on versait de la graisse fondue. L’Acibbah, farine pétrie avec du lait et des dattes sèches. La Rahîeh, blé concassé ou grossièrement moulu entre deux pierres et sur lequel on versait ensuite du lait. La Walîcah, faite de farine, de beurre et de lait. La Harirah, graisse fondue à laquelle, on ajoutait de l’eau et ensuite de V farine ; il y en avait de trois espèces : une au pain, une au miel et l’autre au beurre. Le pain en galette, rond, comme on le fait en Égypte. La Rabîcah, préparée avec la farine, le blé concassé et le beurre ou la graisse fondue. La Telbîneh, sorte de crème claire, faite avec de la fleur de farine ou avec de la farine brute, et édulcorée avec du miel ; elle avait la blancheur et la consistance du lait vierge. La Bakilah, ou beurre fondu mêlé de fromage sec. L’Abitah, ou fromage frais avec des dattes sèches. La Foûrab, mets préparé avec du fenu grec et des dattes, que l’on faisait cuire ensemble ; c’était le mets réservé surtout aux femmes en couches. La Labîkah ou Balîkah, était un composé d’épeautre, de farine, de lait tourné, de dattes et de beurre.

Je fais grâce de beaucoup d’autres mets dans ces goûts-là. Je fais grâce également des rôtis sur la braise ardente, sur la pierre rougie au feu, rôtis à trois degrés de cuisson, au degré œil rouge, au degré bien cuit, et au degré qui a senti le feu… L’Angleterre s’imagine qu’elle a inventé le roast-beef ! Quelle vanité ! Mon Dieu, que les peuples sont prétentieux ! Les Anglais, et même aussi les Allemands, s’imaginent encore que chez eux se sont montrés et illustrés. dans les fastes gastronomiques, les plus dévorants appétits, les estomacs les plus impérieux et les plus robustes, les abdomens les plus laborieux et les plus engloutissants, en un mot les gloires digestives les plus miraculeuses et les plus inimitables. Je n’ignore pas, et nous l’avons vu chez le plus grand nombre des voyageurs anglais, que prendre de grands viatiques dans l’estomac et ses dépendances, est une coutume très répandue, une pratique très respectée et très consciencieusement observée. Je sais bien que ces voyageurs dînent beaucoup, dînent souvent, dînent et redinent à chaque période de trois heures. Mais les Arabes ont eu aussi ce genre de renommée seulement elles ont été des gloires citadines ; le désert et les tentes bédouines ont eu peu de ces mangeurs à grande réputation et à grand ventre. Je dénoncerai, en passant, un ou deux de ces héros de la victuaille.

Un appelé Yézîd, fils de Hobaïrah, vivait vers la fin du premier siècle de l’hégire et dans le premier tiers du deuxième siècle. Cela correspond à la première moitié du septième siècle de notre ère. Ce Yézid a une assez longue histoire, une vie assez agitée dans les affaires publiques et les guerres de partis ; mais nous ne voulons que mesurer la puissance intestinale et jauger la capacité ventrale de ce fils de Hobaïrah, intrépide joûteur, batailleur intrépide, gouverneur de provinces.

Chaque matin, de bonne heure, on présentait 11 Yézîd une oss, grande jatte rebondie, où l’on venait de traire du lait sur du miel, et parfois sur du sucre. Yézîd avalait cela comme pour préparer les voies du Seigneur. Quand Yézid avait prié le matin, il attendait, à l’oratoire, l’heure de la prière canonique et obligatoire, et il accomplissait celle prière. Le lait bu lui avait alors aiguisé l’appétit ; Yézîd demandait donc le déjeuner et préludait par manger deux volailles et deux pigeons, puis il continuait par un demi chevreau et nombre d’autres plats de viande. Ensuite Yézid sortait et allait s’occuper des affaires du public jusque vers le milieu de la journée, c’est-à-dire deux heures environ avant le midi ; et il rentrait chez lui. Il appelait, invitait plusieurs amis, des personnes de qualité et de rang, et il faisait servir à dîner. Il s’attablait ; il appendait, étalée, serviette devant la poitrine sa et se mettait à fonctionner, pressant et poursuivant les bouchées en suite soutenue, et toujours belles et formidables bouchées.

Peu après ce repas fini, la société se retirait. Yézid entrait chez ses femmes ; il restait au harem jusqu’à l’heure de la prière du midi, et il sortait alors pour s’acquitter de cette prière. Ensuite il s’occupait des affaires du public ; et lorsqu’il avait accompli la prière de l’asr (heure intermédiaire entre le midi et le coucher du soleil), on lui disposait son siège particulier ; on plaçait en même temps des sièges pour le public présent et pour les gens qui venaient le visiter ; et à tous ceux qui se trouvaient la, on offrait, dès qu’ils étaient assis, de grandes coupes de lait miellé et toutes sortes de chorbet (sorbets).

Après ces bévandes, on dressait la table, on servait les mets à la multitude. À lui et aux amis et affidés on dressait une table plus élevée, et là, mangeaient, avec Yézid, les gens importants, les personnages.

Au coucher du soleil, on se séparait ; on faisait la prière du soir, et, une heure et demie plus tard, la prière de la nuit. Après cela venait la réunion, la soirée on réception. On s’assemblait d’abord dans une pièce particulière et on attendait. Yezîd ensuite appelait les visiteurs près de lui ; on entrait, et les entretiens, les conversations, les discussions, les causeries, les gaietés, se prolongeaient la plus grande partie de la nuit.

Ce Yézîd avait un simple revenu de six cent mille drachmes, ce qui représente trois cent soixante mille francs de notre monnaie actuelle, somme énorme pour ce temps… Il fut tué en 132 de l’hégire (749 de J.-C.).

L’appétit de Yézîd était pour ainsi dire peu orthodoxe ; celui d’un nommé Hilâl, fils d’Açad, et celui de sa femme n’étaient guère moins hyperboliques. Ces deux époux, largement dodus, richement bourrés d’embonpoint, étaient tamimides ou de la tribu des Béni Tamîm. En un jour où leur boulimie habituelle était en belle puissance, ils se repurent tête à tête ; le mari mangea presque un chameau, et la dame s’ingurgita un chamelin nouvellement sevré. Se levant de la table bien rassasié, Hilâl tout heureux veut embrasser sa femme ; la dame sourit et lui dit : « Ce n’est pas aisé de parvenir à nous embrasser ; nous avons, entre toi et moi, deux chameaux. » Hilâl se mit à rire et embrassa encore mieux sa femme.

Mais voici le coryphée des mangeurs, le Gargantua arabe. Le Prophète a dit : « Le manger pour deux suffit pour trois ; et le manger pour trois suffit pour quatre. » La parole divine du Koran a proclamé cet autre précepte de tempérance (chap. VII, verset 29) : « Mangez et buvez sans excès ; car Dieu n’aime pas ceux qui font des excès. » Notre homme était à l’inverse de tout cela ; le manger pour dix ne lui suffisait pas. Encore je dis pour dix, par manière de parler. D’ailleurs notre goulu y allait des deux mains, bien que le Prophète eut dit : « Que chacun mange de la main droite ; car le diable, lui, mange et boit de la main gauche. »

Soleymân, le dévorant, se rendit un jour à Ouadj ; c’est l’ancien nom de Tâïf. Il entra avec Omar fils d’Abd el-Azîz, et avec Aïoub fils d’Omar, dans un jardin qui avait appartenu a Amr fils d’El-As (le conquérant de l’Egypte). Chamardel était l’intendant, le surveillant de cette propriété. Lui-même a raconté l’anecdote. La voici. Quelques instants après que l’on fut arrivé, Soleymân dit : « Qu’a ces biens Dieu ajoute encore d’autres biens, et qu’il vous les conserve ! » Puis, comme s’il se mourait de faim, et n’en pouvait mais, il se laisse aller contre une branche d’arbre et s’acoute là d’un air épuisé, comme un homme qui va défaillir. « Mon cher Chamardel, me dit-il, est-ce que tu n’aurais pas quelque chose à me donner à manger ? — Si, si, répondis-je ; j’ai un chevreau cuit, un chevreau superbe que nous nourrissions avec la plus minutieuse attention, à qui le matin on donnait le lait d’une vache, et le soir le lait d’une autre vache. Chamardel, apporte-moi vite ce chevreau cuit. » Je lui apportai le chevreau, charnu, dodu, une véritable outre de graisse. Notre homme mange, mange ; … et il n’invite Omar et son fils que lorsqu’il ne reste plus qu’une cuisse : « Allons ! leur dit-il. — Je jeûne, répond Omar. » Soleymân acheva d’avaler la bête. Puis : « Chamardel, me crie-t-il, est-ce que tu n’as rien à me donner à manger ? — Par Dieu si ! répliquai-je ; j’ai là, préparées, cinq poules d’Inde magnifiques, à ventre renflé et rebondi comme des autruches. — Apporte, apporte vite, mon cher Chamardel. » J’apporte les poules d’Inde. Et voilà mon homme qui à pleines mains empoigne successivement chaque dinde par les pattes, l’écartèle lestement, et plus lestement encore en happe aux dents les morceaux et en termine le plus complètement du monde. Puis : « Chamardel, me dit cet affamé, mon ami Chamardel, tu n’as rien à me donner à manger ? — Si, par Dieu ! si ; j’ai une bouillie délicieuse, au lait excellent, une bouillie jaune comme de l’or. — Vite, vite, Chamardel, apporte-moi cette bouillie-là. » J’apporte la bouillie en une grande cruche à sommet rétréci et comme troué. Mon bienheureux hôte prend la cruche, lui passe la main sur le flanc d’un air de bonheur, puis il hume, il boit, il boit jusqu’à épuisement de la cruche. Et, la retirant de sa bouche, il laisse partir de son gosier un grondement ronflant, sonore, comme un gros son sonnant dans le tube d’un puits.

Ensuite Soleymàn appelle son domestique et : « As-tu fini, lui dit-il, de me préparer à manger ? — Oui, c’est prêt, répond le domestique. — Qu’est-ce que tu as ? — Quatre-vingts casseroles et marmites. — Apporte-les moi l’une après l’autre. » Le domestique se met en devoir d’obéir. Le plus que Soleymàn prit de chacune fut trois bouchées. » Enfin notre glouton s’essuie les mains et s’étale sur son tapis. On se mit alors à dresser les tables basses et on permit aux gens de réfectionner. Soleymàn s’attabla encore avec eux ; il mangea, il ne recula et ne faillit devant aucun mets.

Voilà une renommée et une puissance stomacales et digérantes difficiles à égaler. Où en serait-on avec plusieurs convives de ce calibre !

Il y avait bien encore la question des vins chez les Arabes païens. Ils buvaient très largement ; et cette gloire antique de la gentilité s’est répétée à toute outrance, malgré les prohibitions et les vitupérations de la loi, parmi les kalifes du dernier tiers du premier siècle de rhégire. Les noms des vins, leurs qualités et leurs spécifications vécurent malgré la réforme religieuse ; il n’y avait eu qu’un moment de sommeil. C’étaient les Arabes du vieux temps, les robustes buveurs de l’antiquité qui avaient consacré les noms spéciaux des vins : le limpide, ou pur et sans fraude ; le khandaris ou khandaroùs, ou vieux vin ; le chaud, ou spiritueux ; le renforcé ou l’enfutaillé, qui avait longtemps été conservé en futaille, qui animait vivement son buveur ; le karkaf, ou qui fait trembler, c’est-à-dire qui, par un usage prolongé, fait trembler son adorateur, lui donne le delirum tremem potaturum ; le repos, le bienfaisant, celui qui donne calme et bonheur ç son buveur, qui le charme par l’attrait d’un fumet délicieux, lui procure le bien-être et la force ; le vieux, le vieilli, lorsque gardé longtemps, il s’est dépouillé de sa vigueur irritante ; le kawoueh ou l’irritant, celui qui enlève l’appétit quand on l’a bu ; le soulâf ou premier suc, le vin vierge, celui qu’on préparait sans moyen mécanique, sans presser à la main ou fouler aux pieds, celui qui était le suc exprimé de soi-même du raisin en masse ; le recuit, le vernis, qui était le vin réduit à un tiers par l’ébullition ; le koulfah ou clairet ; et puis le blanchet. Je ne parlerai pas des piquettes et boissons, tels le vin de dattes, le vin de raisins secs ou de miel, le djiah ou vin d’orge.

Mais laissons les détails de la vie matérielle, la science domestique de la ménagère. Aussi bien, il nous faut nous approcher plus vite vers notre but.

IV

Causerie. — Aïchah, femme du Prophète.

Les femmes de tous les pays ont leurs causettes, leurs confidences mutuelles, intimes, secrètes, mais dont on finit toujours par savoir le thème et même les détails et les formes. Bien entendu, les femmes arabes avaient aussi leurs petits conciliabules, entre amies. Sous quelque latitude ou quelque longitude que ce soit, ces réunions ne ménagent pas toujours les maris ; il est vrai qu’ils ne sont pas tous bons, tant s’en faut. Il y en a cependant que leurs femmes louent de cœur et d’abondance, car enfin ils ne sont pas tous mauvais ; il s’en faut. Je vais reproduire un petit colloque entre dames arabes de la gentilité. C’est un petit tableau de mœurs, un morceau qui a du caractère, un petit modèle de finesse, de malice, de grâce, de sincérité et d’aisance, surtout les paroles de la onzième interlocutrice.

La scène est rapportée par Aïchah, la femme bien-aimée de Mahomet entre toutes ses femmes. Du reste, Aïcha est la plus belle et la plus haute physionomie féminine qui ait brillé à l’époque de l’installation de l’Islamisme ; Aïchah était la femme de résolution, d’intelligence, de sagacité, de passion, de tendresse et de courage. C’était, disent les Arabes « la femme au langage éloquent, à la parole éclatante ; et le langage éloquent est celui dont l’expression a la mâle vigueur du robuste jeune homme, et dont le sens a la saine et fraîche beauté d’une vierge pure. »

CAUSERIE.

Onze femmes yéménites, a dit Aïchah, se trouvaient réunies. Elles convinrent entre elles et jurèrent de se dire franchement et sans rien dissimuler, ce qu’étaient leurs maris. Une d’elles prit donc la parole et : « Mon mari, dit-elle, c’est une viande de lourd chameau grimpé et juché au sommet d’une montagne âpre et de difficile accès (laid et inabordable). Maigre et sec, on ne lui trouverait pas un brin de moelle dans les os. »

La deuxième femme reprit : « Mon mari, à moi, je ne devrais réellement pas vous en rien retracer. En parler seulement, me répugne, et pour le résumer en un trait, je vous dirai qu’il a toutes les hontes du corps et toutes les hontes de l’âme. »

La troisième continua : « Mon mari ! animal intraitable. Que je lui réponde une parole, vite il me menace de me répudier ; que je me taise, il me tient comme portée sur la pointe nue d’un fer de lance. »

La quatrième : Mon mari, dit-elle, le voici : bon comme une bonne nuit des nuits du Tihâmah, sans froid et sans chaleur, sans éloignement pour personne ; ne s’ennuyant de nul et de rien ; généreux comme la généreuse pluie des nuées. »

La cinquième dit : « Mon mari, s’il rentre, c’est un loup content et satisfait (tranquille et doux) ; s’il sort, c’est un lion magnifique et vigoureux. Il ne s’informe jamais de ce que devient ce qu’il a chez lui ; il ne renvoie jamais le jour au lendemain. »

La sixième femme reprit : « Pour moi, voici mon charmant mari ; s’il mange, il lèche jusqu’au fond des plats ; s’il boit, il suce jusqu’à la dernière goutte ; s’il s’assied et s’accroupit, il se ramasse et se blottit comme un paquet sur lui-même ; qu’il tue un animal pour nous, il tue toujours le plus sec, le plus décharné. Jamais il ne glisserait sa main sur moi pour savoir seulement comment je me porte. »

La septième dame dépeignit ainsi son mari : « Mon cher époux, collection complète de vices ; masse pesante partout, la nuit, le jour ; extravagance et caprices incarnés ; réservoir de toutes les défectuosités trouvables dans l’univers ; il vous allonge un coup à la tête ; ou bien il vous pointe et déchire le ventre ; ou bien il vous plante toute blessure que ce puisse être ; ou bien tout à la fois, il vous frappe, vous darde et vous blesse. »

« Mon mari, fit ensuite la huitième parleuse, a la peau douce et moelleuse : c’est une soie chatouilleuse de lapin ; le parfum de son haleine est l’arôme suave du zarnab. J’en fais de lui à ma guise ; et cependant tout le monde le craint, l’honore et le respecte. »

« À moi, dit un autre de ces dames. Mon mari ! la colonne de son nom est haute et glorieuse. Il a le bouclier long (il est de stature élevée). Généreux, la cendre de son foyer est toujours abondante ; hospitalier, il a fixé sa demeure tout près de la place publique (afin de traiter et de recueillir les voyageurs) ; sobre, il reste sur son appétit la nuit d’un festin ; vigilant, il ne dort jamais la nuit du danger. »

La dixième reprit : « Mon mari est Mâlik, vous le savez, l’excellent Mâlik ! Mâlik a bien mieux que tous vos maris : nombreuses chamelles qui ont rarement besoin d’aller paître loin de sa demeure et de ses pâtis (car il a près de lui de gras pâturages) ; chamelles réunies dans des parcs immenses. Entendons-nous les vives et allègres chansons des cithares, nos chamelles savent alors qu’elles vont de leur chair régaler la troupe joyeuse qui arrive à Mâlik. »

Enfin, la onzième dame sourit doucement, et d’une voix pleine de grâce, d’onction et de calme : « A moi, mon mari, dit-elle, c’est Abou-Zar ; mais quel excellent Abou-Zar ! il m’a enrichi les oreilles de précieuses parures, les mains de beaux bracelets, les bras d’un rond embonpoint. Il m’a honorée du nom de son épouse, et je m’en suis honorée ; car il m’a trouvée enfant d’une pauvre famille à quelques minces troupeaux, dans la gêne et l’étroit ; et Mâlik Abou-Zar m’a portée dans une famille où retentissent sans cesse le hennissement des chevaux, les grondements des chameaux, le bruit des gens qui foulent et dépiquent les grains, les cris confondus de vingt troupeaux, de milliers d’animaux domestiques. Auprès de lui je parle à mon gré, et jamais il ne me reprend ou ne me blâme. Je me couche,… et puis encore je dors grasse matinée ; je bois et bois à satiété ; je mange à bouche que veux-tu ; et j’ai encore à donner aux autres. — La mère d’Abou-Zar ! quelle femme que la mère d’Abou-Zar ! bonne femme aux flancs bien arrondis, gras et larges. — Puis le fils d’Abou-Zar ! quel admirable enfant que le fils d’Abou-Zar ! sa couche mignonne semble l’espace que laisse vide un léger brin de jonc enlevé du tissu de la natte. À son appétit suffirait la broutée d’un petit chevreau ; à sa soif, le peu de lait tiré entre deux traites, comme pour une petite chèvre. En marchant, il se balance avec tant de grâce dans les anneaux de sa jolie cotte de mailles ! — Et la fille d’Abou-Zar ! délicieuse, oh ! oui, délicieuse la fille d’Abou-Zar ! Obéissante et douce à son père, obéissante et douce à sa mère ; c’est le joyau de la tribu. Potelée, elle remplit, à ravir, son vêtement, serrée comme une tresse de cheveux, dans son ridâ[5]. Toujours amie de ses voisines ; le ventre bien fait et sans saillie ; la taille délicate et svelte ; elle semble onduler sous sa courte mantille ; … et puis le bras rondelet, l’œil grand et bien ouvert, la prunelle noir-foncé, la croupe riche et dégagée, le sourcil fin et doucement arqué, le nez légèrement cambré, la gaîté franche et sémillante, la conversation fraîche comme l’ombre, la bouche sincère dans ses promesses, les mains généreuses pour ceux qu’elle connaît et qu’elle aime. — Et l’esclave d’Abou-Zar ! quelle précieuse esclave que l’esclave d’Abou-Zar ! Elle garde secret tout ce qu’elle entend de nous ; soigneuse et fidèle elle ne dissipe pas les provisions, ne remplit pas la maison d’embarras. — Et l’hôte que reçoit Abou-Zar ! heureux l’hôte que reçoit Abou-Zar ! bien manger, bien boire ; et une délicieuse verdure où se reposer. — Encore les cuisiniers d’Abou-Zar ! quels cuisiniers il y a chez Abou-Zar ! Jamais, jamais il n’ont repos ni trêve ; toujours à verser les mets, toujours à les servir, toujours à replacer d’autres marmites, d’autres ustensiles au feu, à les faire se succéder sans relâche. — Enfin les richesses d’Abou-Zar ! admirables richesses que celles d’Abou Zar ! Elles vont trouver partout ceux qui en désirent le secours pour racheter les talions. Elles sont la réserve de tous ceux qui peuvent en avoir besoin. »

Cette heureuse parleuse s’arrêta un moment ; puis elle continua : « Un petit incident. Abou-Zar sortit un jour, et chez moi on agitait force lait ; il y avait beurre et jouissance. Abou-Zar rencontra une femme qui avait deux jeunes fils ; c’était en vérité l’image de deux louveteaux gras et robustes qui, attachés et comme suspendus à la taille de leur mère, jouaient avec ses deux seins roulants comme deux grenades. Abou-Zar épousa cette femme il s’en était épris. Elle le pressa de continuelles instances, le harcela bel et bien afin qu’il me répudiât. Eh ! tout changement est borgne (changer c’est n’y voir tout au plus que d’un œil). Moi aussi je me remariai ; mon nouveau mari était un homme de naissance ; il avait de nombreux chevaux à monter, de nombreuses lances khatyennes[6] ; chaque soir on ramenait au logis des troupeaux superbes ; mon mari me laissait en cadeau une paire de chaque espèce de bétail et me disait : « Mange bien, ma chère Oumm-Zar ; sois heureuse, contente ; donne à toute la famille ; nourris-les tous. » Eh bien ! si j’avais conservé tout ce qu’il m’a ainsi prodigué, cela ne remplirait pas la plus petite marmite de la cuisine d’Abou-Zar. »

Aïchah, lorsqu’elle eut raconté cette causerie, reprit : « Le saint Prophète de Dieu m’a dit un jour : « J’ai toujours été Aïchah, comme Abou-Zar pour Oumm-Zar pour toi, chère seulement il l’a répudiée, mais moi je ne te répudierai jamais. — Prophète du ciel, répondis-je, tu m’es plus cher que le sang de mon père et de ma mère. Oh ! tu es bien meilleur pour moi que ne le fût jamais Abou-Zar pour Oumm-Zap. »

V

Éducation pratique. Les Quatre Sages de l’Arabie ancienne : Sobr, Amrati, Djoumah, Hind. — Zarkâ el-Yamâmah. Questions adressées à Hind.


L’appréciation pour ainsi dire philosophique des hommes, de leurs qualités morales, intellectuelles et physiques, l’étude d’observation qui détermine ou pèse les conditions de bienêtre des familles et aussi les conditions par lesquelles se peuvent garantir les intérêts communs d’une société, entrait dans l’éducation des femmes arabes, éducation uniquement pratique, uniquement transmise par les conversations entendues sous les tentes, autour des tentes, et développées ou reproduites par les chefs de familles. Car, qui tenait école dans le désert ? Qui discourait ex professo sur la psychologie et la philosophie sociale générale et particulière ? Quel Arabe, chez lui, et jusqu’à nos jours même, a su qu’il y a de par le monde quelque chose de sérieux qui puisse s’appeler philosophie, psychologie ? On observait, on raisonnait en petits comités, en simples entretiens : et chacun profitait, hommes et femmes, mères et filles. Les chefs des familles questionnaient leurs enfants, surtout leurs filles ; en exerçaient l’intelligence et le coup-d’œil ; ils les consultaient même et invoquaient par la les décisions ou les avis, les simples aperçus de cette sagacité si fine, si clairvoyante qui caractérise et illumine le regard et le jugement de la femme dans tous les climats.

Quatre femmes en Arabie ont donné un groupe imposant dans la vieille histoire antéislamique, quatre femmes que surtout ont couronnées d’un limbe de souvenirs et de louanges les traditions qui les ont livrées à la postérité musulmane, sous le titre des Quatre Sages de l’Arabie. Mais cette postérité, si dédaigneuse aujourd’hui et depuis plus de quatre siècles, ignorante bien au-delà de ce qu’était le paganisme, a tout oublié et ne veut rien savoir. La Grèce eut ses Sept Sages, tous hommes ; les hommes font les lois ! et ils ont grand soin de se bien traiter. L’Arabie eut Quatre Sages, et ces Sages furent des femmes. Ces quatre célébrités de sagesse furent : Sohr fille de Lokmân, — Amrah fille d’Amir, surnommé le Juste, — Djoumah fille de Djâbis, — Hind fille de Khouss. Amrah et Hind sont celles dont les traditionnistes ont le moins perdu des caractères, des pensées, des jugements. Amrah se distingua surtout par la supériorité de son intelligence, la rapidité et la sûreté de sa pénétration, par la rectitude de sa logique ; Hind, par la finesse de son esprit, par son talent d’observation, par son savoir pratique et son habileté d’appréciation des choses et des hommes.

Le père d’Amrah était juge et chef suprême de sa tribu. On venait de tous les points de l’Arabie, même les plus éloignés, soumettre à la sagacité et à l’expérience d’Amir les affaires difficiles, les questions ardues. Devenu très vieux, il n’en était pas moins l’oracle révéré de la sagesse et de la justice ; mais à la fin son esprit s’affaiblit, sa perspicacité s’émoussa ; plusieurs fois il lui arriva de faiblir dans ses décisions. Un jour Amrah, qui d’ailleurs écoutait de derrière un voile les discussions des affaires, dit à Amir : « Mon père, la sentence que tu as portée aujourd’hui est entachée d’erreur. — Eh bien ! ma fille, dit le vieillard, quand désormais tu t’apercevras de quelque défaillance dans mes jugements, frappe un coup de bâton. » De ce jour là, Amir, toutes les fois qu’il entendait le coup de bâton retentir sur le sol, ranimait son attention, réveillait son esprit, et il jugeait juste. De ce fait est né le dicton exprimé dans le vers que voici :

« Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’on frappe du bâton pour le sage ; tant il est vrai que pour bien savoir, il faut toujours apprendre. »

Hind, la fille de Khouss, avait une rapidité de coup-d’œil étonnante, qualité qui s’est remarquée souvent dans les déserts ; car, la, il faut voir vite, entendre fin, apercevoir loin. Hind étant un jour avec un groupe de jeunes filles arabes, assise sur le sable, vit passer une troupe de kâta[7] qui couraient de leur course rapide à une eau amassée dans une gorge très resserrée d’une montagne. Hind, à l’aspect de ces oiseaux, coureurs des sables, dit tout-à-coup ces vers :

« Que n’ai-je ces katâ,
Plus la moitié de leur nombre !
Avec notre katâ,
Cela nous ferait cent katâ. »

On examina bien ; on suivit doucement ces oiseaux jusqu’assez près de la petite flaque d’eau ; on les compta ; ils étaient au nombre de soixante-six. Ce nombre, plus la moitié, plus un, font cent. Il ne fallut que le temps de porter un coup-d’œil, pour que Hind eût compté.

Une autre fille Arabe de l’Yamâmah[8], connue sous le nom de Zarkâ-el-Yamâmah, la bleue, ou, comme nous dirions, le bleuet de l’Yamâmah, à cause de ses yeux bleus, avait le regard encore plus rapide et plus pénétrant. Zarkâ devînt le motif du proverbe ou dicton de comparaison par lequel on qualifiait un individu d’une force et d’une finesse de regard extraordinaires : « Plus clairvoyant que Zarkâ-el-Yamâmah ; » plus rapide et plus habile à juger que Zarkâ-el-Yamâmah. C’est à elle que fait allusion le Nâbirah, une des grandes illustrations poétiques de l’Arabie antéislamique. La malveillance avait accusé le poète auprès de Nomân fils d’El-Mounzir, roi de Hirah. Le Nâbirâh alla se présenter à la cour

et dit, entre autres vers, au roi :
« Prince, sache juger avec la justesse de cette fille étonnante dans sa tribu, de Zarkâ qui, voyant des colombes voler d’une aile rapide du côté des eaux :
« Que le nombre de ces colombes, s’écria-t-elle, et la moitié de ce nombre ne se joignent-ils à notre colombe ! je m’en contenterais. »


Elles volaient rassemblées et serrées entre les cimes de deux monts à haute crête ; mais Zarkâ, de son œil perçant, plus limpide que le plus pur cristal, et qui jamais n’avait senti le collyre du malade, suivait et tenait en vue leur tourbillon rapide. On compta ensuite les colombes, et l’on trouva le nombre que la belle Yéménite avait signalé, quatre-vingt-dix-neuf juste. Sa colombe complétait la centaine, et le temps de compter fut le temps d’un seul coup-d’œil. Zarkâ elle-même avait dit tout d’abord :

« Que n’ai-je ces colombes,
Et la moitié de leur nombre ; je m’en contenterais ;
Jointes à ma colombe
Elles me feraient cent. »

Nous aurons à reparler de cette Zarkâ à propos de la destruction de deux tribus des Tasm et des Djadis (238 de J.-C.)

Une autre Zarkà el-Yamâmah vécut quelques années avant l’islamisme, vers la fin du sixième siècle de notre ère. Elle était favorite intime de Hind fille de Nomân V Abou Kaboûs, roi de Hirâh. Hind l’avait prise en amitié extraordinaire, et fut, dit-on, « la première femme arabe qui éprouva une passion pour une personne de son sexe. » Lorsque Zarkâ mourut, Hind (elle était chrétienne) fil bâtir un couvent près de Hirah, et s’y retira pour le reste de ses jours. Elle était veuve. Lorsqu’elle fut au moins nonagénaire, le gouverneur musulman de l’Irak la demanda en mariage afin de pouvoir se vanter d’avoir sous sa main le royaume et la fille de Nôman. La nonagénaire rejeta la demande.

Revenons à notre Hind fille de Khouss. Elle a légué aux chroniqueurs arabes nombre de réflexions, d’observations, de réponses, de descriptions. En voici qui ont une tournure de Théophraste……

Questions.

« Quelle est, ma fille, demandait un jour Khouss à Hind, quelle est la meilleure et la plus utile richesse ?

— C’est le dattier planté dans une terre généreuse et succulente ; car en lui est la ressource pour la faim dans les jours de disette ou de pénurie.

— Et encore ? Les moutons noir,

— Les moutons dans une contrée à l’abri des épizooties ; vous recueillez les belles brebis à ventre blanc et à dos noir, qu’on peut traire même entre les heures ordinaires des traites, et dont la toison épaisse et drue foisonne en laine surabondante. Je ne vois guère de plus sûre et plus belle richesse.

— Et la chamelle ?

— La chamelle est la monture des voyages, le prix expiatoire des offenses, le douaire nuptial pour les femmes.

— Autre chose. À ton gré, quel est l’homme excellent ?

— Autre fait d’homme, selon moi, est celui qui se charge avec plaisir des intérêts des autres ; c’est comme les flaques ; les meilleures sont les plus profondes et les plus propres à conserver leurs eaux.

— Et encore ?

— Celui à qui on demande et qui ne demande jamais ; qui ouvre sa table à tous, et qui ne court jamais à celle des autres ; qui ramène la paix entre ses frères, et qui n’a jamais besoin de la recevoir.

— Mais quel est le pire des hommes ?

— Le pire des hommes est l’homme sans barbe, sauteur en paroles, bavard, extravagant, toujours tenant le fouet contre les autres, qui crie aux gens : « Arrêtez-moi ; éloignez-moi de cette tribu ; ou je les tue tous, ou ils me tuent. »

— Voyons ce qu’il y a de meilleur en femmes, maintenant ?

— Ah ! l’excellente femme est celle qui a un fils dans son sein, qui conduit un autre fils à la main, et dont encore un autre fils suit les pas. »

Une autre fois on demanda à la fille de Khouss :

« Quelle est, à ton avis, la maîtresse femme ?

— Voici : celle qui ne dépasse jamais le devant de sa porte, qui est si attentive à tenir tous ses vases garnis de provisions, qui a soin de son ménage, qui sait, lorsqu’il le faut, mettre de l’eau dans son lait, et gouverner les économies de la famille.

— Et la femme la plus infime ?

— Celle qui, marchant, fait vent et poussière ; qui, parlant, prend voix haute et criarde ; qui, assise, se pose appuyée sur une fille, qu’une fille suit quand elle sort, qui n’est jamais enceinte que d’une fille.

— Le jeune homme qui, selon toi, aurait le plus de valeur, que devrait-il être ?

— Ce que j’estime le plus, c’est un jeune homme à la jambe haute et svelte, au col dégagé, qui a grandi dans la pétulance et la vivacité.

— Le plus mauvais ?

— Le jeune homme au col ramassé, épais et court, aux bras pattus et brefs, au ventre gros et rebondi, aux dehors toujours trop salis de poussière, à l’esprit oublieux, qui obéit trop à sa mère et est sans respect et sans soumission pour le frère de son père.

— Mais que devrais-je rechercher dans la femme dont je voudrais faire ma femme ?

— Cherche une femme de couleur brun-clair, rondelette, potelée ; ou bien cherche une femme blanche, belle, d’une famille riche, ou, sinon riche, de famille à l’aise et de sang distingué.

— Tu n’as pas omis une autre sorte de femme ?

— Oh si ! j’ai oublié la plus mauvaise sorte : la femme au teint foncé tirant au noir, toujours débile et maigre, à la peau rouge-bronze, aux manies de femme trop prononcées, aux défauts nombreux et variés. »

On demanda encore à Hind, la fille de Khouss :

« Quel est l’homme que tu estimes le plus ?

— L’homme d’un caractère souple et aimable, d’une générosité intelligente et adroite, de naissance élevée, de promptitude en action, d’expérience dans les affaires du monde, de nom respecté, de caractère grave et révéré.

— Y a-t-il encore mieux que cela ?

— Oui, certes. J’aimerais de plus qu’un homme fût svelte, bien fait, alerte, qu’il sût s’éloigner des actes méchants, des œuvres, de mal ; j’aimerais qu’il fût serviable, qu’il sût tuer ses biens pour l’avantage des autres, qu’il sût se faire craindre, et ne jamais craindre.

— L’homme qui te répugne le plus ?

— J’ai eu horreur l’homme difforme et contrefait, le dormeur insatiable, se reposant de ses affaires sur l’adresse et l’habileté des autres, fainéant, inéveillable, à poitrine étroite et sans force, à cœur bas et plat, à morale fausse et blâmée.

— Plus mauvais que cela ? Y a-t-il pire ?

— Oui certainement : l’homme d’extravagances et de caprices, aux lourdes et sottes idées, aux heures désœuvrées et perdues, l’homme sans considération, que nul ne respecte et n’écoute, auquel nul n’obéit.

— Mais quelle est la femme que tu rechercherais le plus ?

— Voici : la femme à la peau claire et transparente, à l’haleine parfumée.

— La femme qui te déplaît par-dessus tout ?

— Ah ! c’est celle qui, priée de parler, se tait, et qui, priée de se taire, parle. »

VI

Ancien style arabe. — Appréciation d’actes moraux de la femme. — Le poète Find ; ses deux filles ; légende.


Voila, certes, de la sagesse pratique. Mais il ne faut pas, pour l’apprécier, oublier que l’auteur de ces maximes est une femme de la vieille Arabie, qui ne trouvait rien de plus beau dans le grand et sérieux désert, que « de vrais Arabes des sables, accompagnant une troupe de chameaux et défilant sur des hauteurs au loin dans l’horizon. »

Je dois déclarer, avouer que je ne puis réussir à donner à de traduction cette antique sagesse, la couleur et le cette sang qui animent et composent la physionomie de l’original. Le langage arabe de ces récits respire une dignité et une fermeté que je ne réussis pas à refléter comme je le voudrais ; il y a dans ce vieux style arabe d’avant l’Islamisme, une allure magistrale dont les derniers restes se représentent encore dans le Koran ; mais depuis, ce n’est plus-cela. Dans cette antiquité païenne de la langue arabe, je trouve un œil de grandeur, de sévérité austère et rude, d’attitude décidée et résolue, que je ne rencontre plus que dépoli, terne, dépaysé dans les écrits des temps islamiques. Dans cet ancien langage souffle l’air des solitudes imposantes, vastes, pure atmosphère impossible à faire passer dans des régions où parlent des hommes qui ne vivent pas sous la tente et sur les sables étincelants des feux du soleil, qui n’ont pas le ciel transparent du Hédjâz et de l’Yémen. L’Arabe est bien loin, par Dieu ! des langues de l’Europe ; c’est une nature à part, qui s’est élevée sur un sol toujours chatoyant de mirages inabordables, toujours mouvant et fuyant sous le pied, enveloppé à chaque moment de tourbillons étourdissants. Comment rendre, avec une tournure française, cette vieille prose scandée, ces rimes, ces allitérations et assonances qui bruissent d’une si piquante harmonie, ces mots si gonflés de sens, si réfractaires à toute version ? Parfois cela donne le vertige. Mais j’ai fait ce que j’ai pu ; j’ai pensé qu’il était bon d’exhumer, du désert, des physionomies caractéristiques d’un ancien peuple qui est à peine connu autrement que de nom. Je copierai de mon mieux quelques esquisses des femmes de cette antique presqu’île qui a jeté sur le monde tant d’agitations, qui a été le point d’origine d’un tremblement de terre dont les secousses prolongées pendant des siècles, ont ébranlé, menacé et en partie englouti les peuples de trois grands continents.

Il y avait de riches espérances pour le développement futur de la femme arabe ancienne, si l’Islamisme avait cru devoir la monter à une hauteur morale convenable. Il n’en a relevé et réglé que la position familiale. Jadis la femme arabe avait de beaux enthousiasmes elle savait parfois et osait électriser ses contribules par des actes dont la température de nos mœurs et de nos idées répudierait, condamnerait les intentions et plus encore l’exécution. Ces actes furent rares, il est vrai ; car les résolutions extrêmes et les faits passionnés, disons exagérés et excentriques, sont rares partout. Mais ils ne montrent pas moins que les femmes d’avant l’Islamisme avaient la conscience du pouvoir et de l’immense influence de leur sexe, et qu’elles n’hésitaient pas à recourir aux moyens les plus vifs, les plus entraînants, lorsqu’il s’agissait de la gloire, de l’intérêt, du salut de la tribu. Qui ne se rappelle les sacrifices de cœur et de vertu auxquels se sont résignées des femmes de dévouement et d’âme dans nos grandes époques révolutionnaires ? Les courageuses Lucrèces sont de tous les temps, et sous vingt formes de résignation, ou de résolution, ou d’enthousiasme.

Chez les nations qui sont restées dans la simplicité des mœurs primitives, certains actes qui, à la mesure de nos mœurs, nous semblent tenir d’une débauche de vertu, d’une sorte de folie d’impudeur, ne sont en réalité que des élans et des inspirations de dévouement, des sacrifices de désespoir dans des jours de crises et de périls. Chaque époque a ses genres de mérite, et aussi ses sentiments pour juger la valeur des œuvres. Ce que je dis là est surtout applicable à un fait singulier transmis par une courte légende antéislamique que je vais traduire. Je ne sache pas que beaucoup d’autres nations aient un exemple semblable dans leur histoire. Cette légende est celle du poète Find et de ses deux filles. Elle est extraite de l’immense compilation arabe nommée l’Arâny, mot que rappelle et traduit le nom de romanceros. Je laisse le récit tel qu’il est disposé dans l’Arâny ; tous les autres récits de cet ouvrage arabe d’un auteur persan, sont dans la même forme ou à très peu près ; ce sont des biographies et de l’histoire, à propos de chansons.

ARIETTE.

« Nous avons pardonné et oublié les torts des Béni Zohl, nous avons dit : Les Zohl seront nos frères.

« Le temps, nous l’espérons, les ramènera à être des hommes comme ils l’étaient.

« Quand leur méchanceté fut dévoilée et mise à nu,

« Qu’il n’y eut plus qu’à leur rendre le mal qu’ils nous avaient fait, nous les payâmes de leur propre monnaie. »

Les vers de cette ariette sont de Find, poète guerrier de la tribu des Zimmânides ou Bénî Zimmân, et se chantaient autrefois sur un air de la composition d’Abd-Allah, sur le rhythmc ramel léger et sur la tonique de la corde du doigt annulaire. Le reste de la petite kacîdeh ou pièce de vers, dont l’ariette qui précède est détachée, n’a que les six vers suivants :

« Nous les assaillîmes, comme le lion dans sa colère assaille sa proie ;
« Et nos coups de sabre en les abattant ont fait bien des veuves et bien des orphelins.
« Nos coups de lance ouvraient des blessures béantes comme des bouches d’outre d’où le vin se précipite à flots.
« Un ennemi, il faut l’humilier, il faut l’écraser.
« Pardonner un outrage, c’est marcher au mépris et à l’avilissement.
« Vengeance est salut, quand la générosité ne peut servir de rien. »

LÉGENDE DE FIND.

Find est un sobriquet du poète Chahl, et signifie quartier de montagne, gros bloc. Ce surnom qui n’était d’abord qu’une allusion à la robuste corpulence de Chahl, finit par demeurer comme le nom propre de ce poète. Chahl était fils de Cheïbân, de la sous-tribu des Zimmânides, branche de la grande tribu des Bekrides, issus eux-mêmes de la tige ou souche première des Rabîah.

Find fut un des cavaliers les plus célèbres et les plus renommés parmi les tribus des Rabîah. Dans une guerre où il fut envoyé à la tête de soixante-dix cavaliers au secours des Cheïbànides, on fit dire à ceux-ci : « Nous vous envoyons mille hommes ; » c’est-à-dire Find avec sa petite troupe vaut une armée de mille hommes. Il assista et se signala aux guerres qui pendant si longtemps divisèrent et agitèrent les Bekrides et les Tarlabides. Il était alors plus que centenaire, et néanmoins, dans les luttes acharnées de ces deux puissantes tribus, il fut le fléau des Tarlabides. À la rencontre qui fut appelée la Journée de la coupe des toupets[9], il avait avec lui ses deux filles, lutins endiablés, comme ces lutins pétulants qui courent le monde et se réjouissent à taquiner, agacer, berner tout être qui vit. Au fort du combat, et lorsque le succès semblait chancelant, une d’elle se déshabille, jette ses vêtements, se met presque toute nue ; et, soudain, se précipitant au milieu de la troupe des Bekrides, elle crie de toute sa voix ces vers improvisés :

« A l’ennemi ! à l’ennemi ! à l’ennemi !
« Chauffez la bataille, serrez la mêlée.
« Les hauteurs sont inondées de leurs escadrons.
« En avant donc ! honneur ! honneur
« A qui, en cette matinée, s’habille du matin de cette bataille (c’est-à-dire qui en cette matinée fonce au milieu de l’ennemi) ! »

L’autre fille de Find, se dépouille aussi de ses habits, et presque toute nue se précipite devant la troupe, en criant ces vers que lui inspire le fracas de la bataille :

« Allons, nos guerriers ! fondez sur eux, et nous vous embrasserons à pleins bras ;
« Et nous vous préparerons une couche aux coussins moelleux.
« Si vous fuyez, nous vous fuirons
« Comme des hommes indignes d’amour. »

La mêlée devint furieuse. — Un appelé Aûf fils de Mâlik aida encore au succès de ses compagnons par une résolution énergique ; il plaça sa fille sur un chameau et gravit à la hâte le défilé de Kindah ; arrivé au milieu, il coupe les jarrets de son chameau et s’écrie :

« C’est ici que je mets pied à terre, moi ; je descends et m’arrête là où l’ennemi peut m’atteindre ; qu’il ose venir. »

Puis, du ton de la menace et de la colère : « Je le jure par le Dieu de tous les serments, et je vous le dis : le fuyard qui s’avisera de chercher à passer le défilé tombera ici, ici sous la lame de mon sabre. À chaque bataille penserez-vous donc toujours à fuir ? » dit-il à ses Bekrides. Et un nouvel enthousiasme fit bouillonner l’ardeur de la troupe, l’acharnement redoubla ; les Bekrides remportèrent la victoire. Les Tarlabides prirent la fuite.

Dans cette même rencontre, Find se précipita sur un ennemi appelé Mâlik fils de Aûf, qui i’fin coup de lance venait de tuer un jeune enfant bekride dont il emportait le cadavre au haut de la pointe de sa lance, en répétant d’un ton de pitié ironique : « Pauvre mère de ce pauvre petit ! » Find atteint Mâlik qui fuyait à grande course en croupe d’un cavalier lui alonge un coup de lance, traverse et embroche ensemble les deux fuyards. Soudain notre poète s’exclame en ces vers :

« Quel beau coup, pour un vieux, un vieux décrépit, usé, comme moi !
« Un coup de jeune homme, de la main d’un vieux tel que moi, dans l’âge où l’on a horreur de toucher des armes.
« Ce coup là va faire pousser des cris de désespoir, de douleur, de désolation.
« La blessure, large, ressemble à l’ouverture du vêtement flottant d’une folle en folie qui revient courant après avoir fui. »

Comment juger, aujourd’hui, avec nos idées et nos mœurs européennes, les deux filles du chevalier barde Zimmânide ? On a vu maintes fois-des officiers, des généraux, des souverains, jeter leur épée, leur drapeau devant l’ennemi, au milieu de l’ennemi, afin de soulever tout à coup un élan, une sorte de courage, d’engager, au prix de la honte, l’honneur d’une troupe de soldats, de ravir une victoire incertaine ou compromise ; mais combien a-t-on vu de jeunes filles improvisant un cri poétique de guerre, jeter pour ainsi dire tous leurs charmes, toutes les promesses de l’amour, sur un champ de bataille, afin d’exalter les guerriers et de les lancer sur l’ennemi ! Oui certes, comme le dit Lamartine, « Les femmes sont naturellement enthousiastes comme les poètes, courageuses comme les héros. »

VII

Le droit du Seigneur. — Imlyk. — Hozeïlah et son mari. — Ofayrah-les-Soteils ; son frère ; révolution ; massacre. — Fuite. Arrivée des Tayïdes. — Mort du frère d’Ofayrah.


Ce fut une femme qui, par une généreuse et noble indignation, par une vertueuse colère, affranchit les antiques tribus des Djadîs de l’infâme droit du Seigneur. Toutefois, la révolution suscitée alors aboutit à la destruction sanglante des deux tribus. — Je suis obligé de voiler dans la traduction certaines paroles ; la langue arabe ne se gêne pas, elle appelle chat un chat… — La légende est consignée dans l’Arâny.

ARIETTE.

« Est-il possible que vous supportiez ce qu’on inflige à vos filles ! Et vous êtes hommes, et nombreux comme les fourmis !
« Si nous étions hommes, nous, et si vous étiez femmes dans nos petites tentes de femmes, nous ne vous

abandonnerions pas à tant d’opprobre. »

Ces deux vers sont d’Ofayrah fille d’Olâr, surnommée les Soleils et enfant de la tribu des Djadîs. L’air de cette sorte de cantilène est d’Aryb, et sur le rhythme au premier grave léger, sur la tonique de la moyenne corde du tétracorde.

OFAYRAH ET SON FRÈRE.


Imlyk gouvernait en roi — la tribu des Tasmides ou descendants de Tasm fils de Laûzân fils d’Azhar fils de Sâm (Sem) fils de Noûh (Noé), — et la tribu des Djadîcides ou descendants[10] de Djadîs fils d’Amir fils d’Azhar. Ces deux tribus, de souche si ancienne, étaient donc sœurs d’origine. Elles occupaient, dans l’Arabie, le Yamâmah elles étaient nombreuses et puissantes. — Imlyk s’abandonna à tous les excès de la tyrannie la plus despotique, la plus ignoble, la plus criminelle, la plus odieuse.

Une femme djadicide, nommée Hozeïlah, était mariée à un appelé Kirkis, ou, selon d’autres, Kâbis. Son mari la répudia, et il voulut garder avec lui le fils qu’il avait eu d’elle. Hozeïlah alla se plaindre à Imlyk, récriminer au nom de l’amour maternai. « Prince, dit-elle au roi, j’ai porté cet enfant neuf mois dans mon sein ; je n’ai eu que cet enfant, ce seul enfant ; je l’ai allaité deux périodes (deux ans) ; je n’en ai recueilli encore aucun avantage ; ét voilà, lorsque ses articulations deviennent déjà solides et fermes, lorsqu’est près le moment de l’éloigner de la mamelle maternelle, voilà que cet homme vient m’arracher brutalement mon enfant, me laisser les yeux s’abîmer dans les larmes. — Qu’as-tu à opposer à ces observations-là dit le roi au mari. — Ce que j’ai à opposer, le voici : Cette femme a reçu de moi un douaire (don nuptial) complet ; et je n’ai recueilli, en retour, qu’un fils débile, chétif, sans couleur de vie. Juge mes prétentions, et décide selon qu’il te paraîtra convenable. »

Comme sentence dirimante, Imlyk fit prendre l’enfant et le mit provisoirement au nombre des jeunes garçons réservés à son service. Puis le roi dit à Hozeïlah : « Maintenant, à cet homme qui fut ton mari, qui se plaint de n’avoir eu de toi qu’un enfant débile, donne un autre fils, mais sans te remarier ; paye lui ainsi ta dette, par voie excentrique. — L’union, dit Hozeïlah, se doit consentir à la condition d’un douaire ; l’union illicite que tu me conseilles, c’est l’infamie ; je ne veux ni de l’une ni de l’autre. » À cette réplique nette et résolue, Imlyk ordonna de vendre et la femme et le mari, de livrer au mari le cinquième du prix de vente de la femme, et à la femme le dixième du prix de vente du mari. Ce fut alors que Hozeïlah indignée, improvisa ces vers :

« Nous sommes venus demander justice au roi des Tasmides, et une sentence outrageante est lancée contre moi.
« Je le jure par ma vie ! Prince, tu as rendu un jugement inique, tu ne sais ce que c’est que la justice.
« Je me repens d’en avoir appelé à ton autorité. Mais de quoi servent mes regrets ! comment remédier à mon malheur ? Mon mari maudit aussi ta sentence. »

Ces paroles réprobatrices de Hozeïlah soulevèrent la colère d’Imlyk, l’irritèrent contre les femmes djadîcides, et il décréta que désormais, nulle vierge djadîcide qui se marierait ne serait donnée à l’époux, avant qu’elle n’eût été livrée au roi. Il fallut subir cette toi de honte et d’ignominie. La loi s’accomplit jusqu’au temps où se maria Ofayrah-les-Soleils fille d’Ofâr et sœur d’Aswad, personnage puissant parmi les Djadîs.

Ofayrah (elle est surnommée encore chamoùs, la rétive) fut demandée en mariage. Les accords furent conclus. Mais au jour fixé, le soir, avant de la conduire à son fiancé, on la mena à la demeure d’Imlyk. Ofayrah, à partir de sa tente, était escortée, entourée de jeunes chanteuses dont les voix attristées, accompagnées des sons de lugubres instruments, chantaient ces vers :

« Pars, vierge de Djadîs, commence par Imlyk ; va, sacrifie ta fleur virginale ; va, dès le crépuscule du soir, a ce sacrifice inouï.
« Hélas ? tu trouveras ce que tu n’as pas désiré ! Ce roi, nulle vierge ne peut donc lui échapper ! »

Ofayrah fut introduite chez Imlyk et lui fut livrée. Fille vigoureuse, elle résista, elle lutta vainement. Puis elle sortit, agitée, en désordre, marchant à grands pas, souillée, bouleversée, désolée, l’œil indigné et furieux. Inondée de larmes, environnée d’une foule immense, elle allait devant elle, et d’une voix de désespoir et de colère elle criait ces vers :

« Non, il n’y a rien de plus avili que les Djadis. Quoi ! laisser souiller ainsi vos fiancées, vos épouses !
« Dites ! l’homme d’âme et de cœur qui a fait ses dons et ses présents à sa fiancée, qui lui a payé le douaire, peut-il consentir à tant d’ignominie !
« Oh ! la mort ! la mort ! plutôt que de laisser ainsi outrager celle qu’il a choisie pour épouse ! »

Ofayrah dans sa juste indignation, soufflait et allumait sans cesse la vengeance au cœur des Djadîcides, leur répétait ces vers que lui avait inspirés son malheur :

« Est-il possible que vous supportiez ce qu’on inflige à vos filles ! Et vous êtes hommes ! et nombreux comme les fourmis !

« Ofayrah, noble enfant de votre tribu, a reparu à vos yeux salie, couverte de honte ! et, entourée de vos femmes, elle a été ainsi conduite à son fiancé !

« Oh ! si nous étions hommes, nous, et si vous étiez femmes, nous ne vous laisserions pas souiller de tant d’ignominie.

« Mourez donc en hommes de cœur, ou bien assassinez votre ennemi ; allumez donc, secouez les mille brandons de la guerre ;

« Ou bien, fuyez de ces contrées, allez vous cacher au fond des déserts, et périssez plutôt de misère.

« Oh ! le trépas m’est plus beau que le séjour au milieu de vous dans la souffrance. Mourir ne vaut-il pas mieux que vivre déshonorée !

Après un aussi grand outrage, si la colère ne saurait vous faire bondir le cœur, soyez donc femmes, allez passer vos heures à vous teindre les yeux[11] ;

« Allez vous faire parfumer comme des filles, vous n’êtes faits que pour avoir des habits de femmes et pour laver des hardes.

« Loin d’ici, loin celui qui n’ose s’armer contre le tyran ! loin celui qui ne sait que se pavaner et marcher orgueilleux au milieu de nous ! »

Aswad eut bientôt appris le malheur et l’exaspération de sa sœur. Aswad était puissant et révéré parmi ses contribules ; il les appela à la vengeance : « Enfants de Djadis, ces descendants de Tasm qu’ont-ils de plus que vous ici ? Sont-ils donc au-dessus de vous parce que ce roi qui nous commande, eux et nous, est des leurs ? Débarrassons-nous de ce tyran, ce sera justice. Entrez dans le projet que j’ai conçu ; il s’agit de la gloire, de l’honneur de votre nom ; il s’agit d’une vengeance qui nous affranchisse du tribut de honte qui pèse sur nous. Acceptez ce que je veux vous proposer. » Déjà les énergiques reproches d’Ofayrah avaient irrité les Djadicides. Aux provocations d’Aswad, et lorsqu’il leur dit : « À moi ! La fatalité, le malheur m’a frappé, » les hommes de la tribu répondirent : « Nous te sommes dévoués ; nous sommes tous à ta discrétion ; mais les Tasmidès sont plus violents, plus nombreux, plus puissants et mieux armés que nous. — Écoutez-moi. Je veux organiser une fête, un grand festin. J’y inviterai le roi avec toute sa suite, et ses Tasm. Ils viendront… et quand ils seront ici, à prendre leurs ébats, à s’admirer dans leurs amples parures, dans leurs longs vêtements, quand ils seront repus, saisissons subitement nos armes, et égorgeons, massacrons. — Égorgeons, s’écrient les Djadîs, égorgeons tout ! »

Aswad prépara un grand repas qu’il fit dresser en plaine, à distance des tentes, et il recommanda à chacun de ses hommes de se cacher d’avance un cimeterre sous le sable, à la place où chacun d’eux devait s’asseoir. « Je me lèverai, je frapperai le roi, dit Aswad ; et, à ce signal, que chacun de vous massacre ceux qu’il trouvera sous sa main ; immolez tous les chefs, tous les grands. Il nous faut un massacre général. »

Imlyk fut invité et avec lui toute sa suite et tout son entourage. Imlyk vint au rendez-vous, au milieu de ses courtisans ; et la foule de ce cortége s’avançait solennellement, en longues tuniques, amples parures. On s’accroupit par cercles autour des mets ; on commence à manger, on s’égaie. Tout à coup Aswad se lève, massacre le roi ; les Djadicides dégagent leurs sabres de dessous leurs jambes. Chaque conjuré frappe son convive le plus voisin ; il se fait un carnage affreux. Après le massacre des hauts personnages, on se précipite sur la foule, et tout succombe, tout est mis en pièces. Un seul homme se sauva ; il s’appelait Hyâh fils de Mourrait. C’est à propos de ce guet-à-pens sanglant qu’Aswad a dit ces vers :

« Goûtez enfants de Tasm, goûtez le massacre que vous a apporté votre iniquité ; car vous aviez consacré la plus honteuse des hontes.
« Nous nous sommes affranchis ; nous les avons tués à satiété ; leur brutale injustice avait allumé en nous le feu de la colère.
« Plus ne reviendra sur nous leur tyrannie, non. Nous les avons laissés sans queue ni tête (en morceaux sur la place).
« Si vous aviez respecté notre parenté comme vous le deviez, nous vous serions demeurés unis de corps et d’âme. »

Échappé à cette extermination, Ryâh s’enfuit et alla implorer le secours du Tobba Hassân, roi des Himiarides[12]. « Prince, dit Ryâh au Tobba, nous sommes tes esclaves, tes rayas. Les Djadicides ont outragé, envers nous, les lois de l’humanité. — Qu’y a-t-il eu ? et que veux-tu ? — Prince, poursuivit Ryâh en renforçant sa voix, écoute-moi :

« Viens, à ma parole, contre ces hommes qui nous ont appelés à eux pour nous trahir ; viens, tue-les, et il y aura glorieuse récompense pour toi.
« Jamais tu n’entendras récit de pareil jour, tu ne verras jamais jour pareil à celui où la perfidie assassina nos Tasmides.
« Nous étions venus chez les Djadis sans défiance, l’izâr[13] aux flancs, les sandales aux pieds, avec nos rouges manteaux, avec nos ornements aux vertes couleurs ;
« Nous vîmes mets nombreux, servis en libre espace, un grand festin ; et puis se ruèrent sur nous les oiseaux de proie, les loups et les tigres.
« À toi ! va fondre sur cette tribu, que rien, ni Dieu, ni eux-mêmes ne sauraient protéger et défendre. »

Le Tobba accueillit la proposition et promit victoire. Il réunit son armée ; il partit, prenant sa route du côté de Djaû où étaient les châteaux forts des Djadîcides. Lorsqu’on fut à trois jours de distance, Ryâh dit au Tobba : « Prince, j’ai une sœur qui est mariée parmi les Djadîcides ; elle se nomme Zarkâ el-Yamâmah (ou le bleuet de l’Yamâmah), parce qu’elle a les yeux bleus. Son regard perçant distingue un homme à une distance d’un jour et d’une nuit de chemin. Je crains qu’elle ne nous aperçoive et qu’elle ne mette nos ennemis sur leurs gardes. Ordonne à tes soldats de se munir de grandes branches d’arbres et de n’avancer que cachés par le feuillage de ces branches qu’ils tiendront devant eux afin de donner le change à Zarkâ. » On se remit en marche à la nuit. Et le Tobba demanda à Ryâh : « Est-ce que ta sœur voit aussi pendant la nuit ? regard — Oui, certes ! et même son est peut-être plus perçant encore que pendant le jour. » Le roi ordonna à ses soldats de suivre le conseil de Ryâh.

On approcha de l’Yamamâh dans la nuit. Zarkâ plongea le regard dans l’espace et s’écria : « Enfants des Djadis, voici des arbres qui s’avancent de notre côté et derrière eux marchent les premiers escadrons des Himiarides.) On ne la crut pas : à Je vois, ajouta-t-elle, un soldat cousant une sandale. » On se moqua de la voyante. Alors elle improvisa ces deux vers :

« À vous ! à vous ! garde à vous ! hommes des Djadis, il y va de votre salut ; allez ! ce que je vois, il ne le faut pas dédaigner.

« Oui, je vois des arbres et derrière eux des hommes ; c’est pour quelque chose, certes, que se sont unis des hommes et des arbres. »

On ne tint compte de l’avis.

Au matin, le Tobba surprit les Djadîcides, les massacra, les extermina, ruina leur pays. Zarkâ fut amenée au roi himiaride, et il lui demanda : « Qu’est-ce que tu as vu ? — J’ai vu des arbres derrière lesquels marchaient des hommes. » À cette réponse, le roi ordonna qu’on arrachât les yeux à Zarkâ et qu’ensuite on la pendit à la porte de la ville de Djaû. Le Tobba changea le nom de cette ville et l’appela Yamâmah, du surnom de Zarkâ (258 de J.-C.).

Aswad, le meurtrier d’Imlyk, échappa au carnage, et s’enfuit avec sa sœur et une petite troupe de Djadicides. Ils se réfugièrent jusque sur les monts Adja et Selma, où plus tard vint s’impatroniser la tribu des Tayïdes ou Béni Tay[14]. Primitivement, les Béni Tay habitaient le Djourf, pays élevé, auprès des montagnes limitrophes de l’Yémen au Nord, et où, dans la suite, s’installèrent les Béni Mourâd et les Béni Hamdân. La vallée spécialement occupée par les Béni Tay, tribu faible encore et peu nombreuse, était un repaire de bêtes féroces.

Or, à chaque automne, un chameau étranger venait chez les Tayïdes, et il repartait quelque temps après ; personne ne savait où il s’en retournait. Il ne reparaissait plus que l’année suivante. Déjà les nombreuses tribus des Azdides ou Béni Azd avaient, depuis nombre d’années, émigré de l’Yémen, chassés par la grande inondation qu’amena la rupture des fameuses digues sabéennes.


Les Tayïdes s’ennuyèrent du séjour triste et sauvage de leur vallée. « Les autres tribus qui ont abandonné l’Yémen, répétaient-ils, ont poursuivi plus loin leur route, cherchant une région, une terre bienveillante où ils pussent se fixer ; partons aussi. » Un jour donc ils disent à Sâmah leur chef, Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/75 trouver Aswad, s’entretint avec lui, le questionna, conversa longtemps. Aswad, à l’aspect de cet étranger et de ses compagnons, s’étonna de leur taille chétive : « D’où venez-vous ? leur dit-il. — Nous venons de l’Yémen. » El-Raûlh raconta d’abord l’histoire du chameau qui leur avait servi de guide, puis parla de la frayeur qu’ils avaient eue en apercevant le géant djadîcide, et de la taille débile, grêle et courte des Tayïdes comparée à celle des compagnons de ce colosse. L’entretien des Tayïdes avec Aswad se prolongea, et lorsque le djadicide était tout entier à leurs paroles, El-Raûth lui décocha une flèche et le frappa à mort. En lui finit la tribu des Djadicides. Les Tayïdes s’installèrent sur les deux monts (en 250 de J.-C. environ).

VIII

Diverses existences des femmes ; diverses natures. — Oumm Karidjah, la femme aux mariages. — Fâtimah et sa camériste. — Le poète Mourakkichie jeune.

Dans l’ancienne Arabie, l’influence ou l’œuvre des femmes, ou la considération attachée à leur position sociale, s’est traduite encore par d’autres résultats ou circonstances d’une valeur permanente. Ainsi, des femmes ont donné leur nom à d’immenses tribus et représentent, dans les chroniques, des physionomies historiques de haute importance. Telle fut la célèbre Khindif, qui fut la tête de la vaste ramification des Béni Moudar, lesquels, sous le nom de Khindifides, peuplèrent, avec une autre ramification sœur, presque tout le Hédjâz et le Nedjd. Mais les détails sur ce point, appartiennent à l’histoire générale ; et pour beaucoup d’autres indications de cette espèce, je renvoie à l’Essai sur l’histoire des Arabes, de M. Caussin de Perceval. Ici je ne veux, comme je l’ai déjà

indiqué, m’occuper des femmes arabes que surtout au point Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/77 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/78 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/79 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/80 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/81 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/82 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/83 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/84 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/85 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/86 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/87 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/88 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/89 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/90 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/91 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/92 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/93 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/94 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/95 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/96 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/97 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/98 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/99 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/100 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/101 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/102 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/103 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/104 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/105 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/106 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/107 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/108 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/109 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/110 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/111 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/112 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/113 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/114 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/115 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/116 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/117 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/118 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/119 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/120 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/121 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/122 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/123 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/124 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/125 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/126 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/127 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/128 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/129 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/130 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/131 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/132 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/133 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/134 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/135 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/136 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/137 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/138 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/139 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/140 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/141 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/142 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/143 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/144 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/145 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/146 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/147 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/148 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/149 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/150 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/151 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/152 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/153 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/154 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/155 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/156 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/157 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/158 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/159 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/160 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/161 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/162 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/163 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/164 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/165 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/166 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/167 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/168 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/169 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/170 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/171 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/172 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/173 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/174 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/175 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/176 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/177 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/178 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/179 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/180 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/181 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/182 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/183 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/184 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/185 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/186 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/187 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/188 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/189 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/190 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/191 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/192 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/193 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/194 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/195 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/196 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/197 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/198 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/199 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/200 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/201 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/202 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/203 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/204 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/205 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/206 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/207 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/208 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/209 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/210 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/211 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/212 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/213 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/214 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/215 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/216 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/217 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/218 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/219 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/220 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/221 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/222 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/223 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/224 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/225 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/226 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/227 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/228 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/229 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/230 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/231 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/232 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/233 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/234 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/235 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/236 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/237 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/238 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/239 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/240 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/241 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/242 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/243 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/244 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/245 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/246 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/247 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/248 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/249 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/250 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/251 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/252 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/253 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/254 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/255 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/256 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/257 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/258 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/259 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/260 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/261 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/262 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/263 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/264 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/265 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/266 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/267 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/268 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/269 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/270 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/271 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/272 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/273 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/274 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/275 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/276 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/277 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/278 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/279 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/280 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/281 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/282 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/283 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/284 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/285 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/286 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/287 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/288 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/289 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/290 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/291 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/292 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/293 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/294 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/295 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/296 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/297 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/298 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/299 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/300 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/301 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/302 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/303 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/304 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/305 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/306 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/307 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/308 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/309 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/310 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/311 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/312 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/313 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/314 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/315 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/316 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/317 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/318 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/319 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/320 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/321 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/322 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/323 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/324 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/325 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/326 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/327 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/328 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/329 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/330 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/331 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/332 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/333 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/334 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/335 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/336 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/337 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/338 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/339 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/340 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/341 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/342 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/343 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/344 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/345 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/346 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/347 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/348 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/349 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/350 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/351 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/352 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/353 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/354 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/355 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/356 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/357 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/358 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/359 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/360 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/361 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/362 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/363 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/364 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/365 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/366 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/367 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/368 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/369 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/370 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/371 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/372 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/373 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/374 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/375 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/376 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/377 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/378 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/379 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/380 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/381 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/382 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/383 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/384 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/385 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/386 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/387 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/388 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/389 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/390 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/391 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/392 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/393 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/394 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/395 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/396 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/397 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/398

XIV

Effet de la chute d’Eve dans la vie pratique. — Réprobations des sages et des prophètes contre les femmes ; paroles de David. — Jésus rencontre le Diable. — Poésie contre la femme et contre l’amour. — Effet du vin sur la femme. La vieille avinée.


Les sévérités verbales et les formules apophtegmatiques de l’islamisme ne relevèrent pas, au fond, la considération ni absolue ni relative de la femme. L’enseignement qui consacrait aux yeux des musulmans, attendu leur manque de philosophie et de théodicée, la chute de l’humanité par la faute de la femme, ne pouvait conduire à la réhabilitation des filles d’Eve. Le respect même que la loi nouvelle recommanda à leur égard, ne fut pour tous qu’au point de vue de l’homme, mari, on père, ou frère, ou même étranger. On constitua en principe et en maxime le respect, parce que l’atteinte portée à la femme, sous quelque forme et à quelque degré que ce soit, est une vexation pour l’homme qui tient à cette femme sous un titre quelconque. Ce n’est pas à cause de la femme en elle-même, à cause d’elle seule, que le respect de la femme est prescrit ; car elle est cette ancienne coupable qui trompa, trompe, et trompera l’homme à perpétuité. L’homme eût-il donc résisté, lui, si un démon femelle bien séduisant eût tenté sa vertu, peut-être pour moins que pour une pomme, pour rien ? Evidemment j’énonce cette question au point de vue purement humain et philosophique, non au point de vue dogmatique… Le diable et l’homme sont depuis des milliers d’années contre Eve. Deux forts contre un être qu’ils appellent faible ! Et l’on se plaint ! L’homme ne se permet-il donc pas de faillir bien plus qu’Eve ? Et n’a-t-il pas été plus faible qu’elle puisqu’il lui a cédé ? Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/400 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/401 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/402 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/403 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/404 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/405 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/406 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/407 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/408 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/409 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/410 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/411 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/412 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/413 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/414 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/415 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/416 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/417 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/418 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/419 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/420 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/421 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/422 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/423 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/424 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/425 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/426 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/427 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/428 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/429 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/430 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/431 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/432 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/433 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/434 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/435 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/436 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/437 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/438 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/439 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/440 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/441 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/442 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/443 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/444 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/445 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/446 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/447 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/448 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/449 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/450 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/451 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/452 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/453 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/454 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/455 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/456 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/457 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/458 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/459 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/460 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/461 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/462 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/463 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/464 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/465 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/466 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/467 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/468 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/469 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/470 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/471 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/472 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/473 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/474 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/475 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/476 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/477 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/478 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/479 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/480 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/481 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/482 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/483 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/484 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/485 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/486 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/487 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/488 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/489 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/490 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/491 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/492 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/493 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/494 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/495 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/496 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/497 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/498 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/499 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/500 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/501 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/502 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/503 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/504 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/505 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/506 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/507 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/508 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/509 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/510 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/511 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/512 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/513 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/514 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/515 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/516 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/517 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/518 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/519 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/520 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/521 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/522 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/523 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/524 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/525 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/526 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/527 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/528 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/529 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/530 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/531 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/532 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/533 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/534 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/535 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/536 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/537 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/538 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/539 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/540 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/541 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/542 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/543 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/544 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/545 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/546 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/547 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/548 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/549 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/550 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/551 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/552 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/553 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/554 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/555 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/556 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/557 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/558 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/559 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/560 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/561 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/562 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/563 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/564 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/565 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/566 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/567 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/568 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/569 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/570 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/571 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/572 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/573 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/574 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/575 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/576 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/577 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/578 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/579 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/580 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/581 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/582 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/583 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/584 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/585 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/586 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/587 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/588 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/589 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/590 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/591 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/592 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/593 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/594 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/595 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/596 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/597 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/598 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/599 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/600 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/601 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/602 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/603 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/604 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/605 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/606 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/607 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/608 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/609 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/610 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/611 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/612 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/613 plus ornée d’instruction et de talents qu’aient jamais eue les Arabes avant et depuis l’islamisme. Le simple récit que nous venons de traduire la représente avec des couleurs caractéristiques ; il laisse deviner encore bien au-delà de ce qu’il dit et même de ce qu’il ne dit pas. La femme la plus riche en savoir et en éducation devint l’épouse du kalife le plus élevé en intelligence, le plus abondamment fourni de connaissances qu’ait eu l’islamisme.

XXXI

Final : récif d’un amour malheureux. — Quelques réflexions.

C’est ici que j’ai voulu clore et que je clos cette galerie de femmes arabes, où nous avons remarqué les caractères de deux sortes de gynécées, l’un des âges païens, idolâtres, l’autre des époques musulmanes, iconoclastes. Deux existences différentes que j’ai laissé retracer, dépeindre, analyser, scruter par les récits arabes eux-mêmes.

Pour tableau final de cette longue représentation, je vais traduire une brève anecdote. Nous finirons ainsi par quelque chose d’un peu dramatique et pathétique, dans son genre : Un jeune homme enflammé subitement d’amour ; une espèce de séduction assez gentille ; un orage ; un assassinat ; un suicide ; et, conséquence nécessaire, un enterrement. Tout cela en peu de lignes et assaisonné de deux vers : Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/615 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/616

Puis, avec les fers de ses flèches, il se fouille et se déchire les veines du cou, jusqu’à mort… Les parents de la jeune fille accourent, et ils trouvent les deux cadavres couchés dans le sang.

On les enleva, et on les inhuma ensemble dans un seul et même tombeau.

QUELQUES RÉFLEXIONS.

J’ai dit que je ne voulais pas poursuivre cette revue des femmes arabes, au delà du règne de Mâmoûn. C’est qu’après cette époque nous ne rencontrerions plus guère de portraits ou de faits qui nous donnassent des motifs de quelque déduction intéressante ou nouvelle. Depuis ce temps, c’est-à-dire depuis près de onze siècles, la valeur et l’importance sociales de la femme marchent en décroissant. La femme, je le répète encore cette fois, alla toujours s’effaçant de plus en plus, à tel point qu’elle ne signifie plus rien. Elle a disparu si bien dans le harem, on l’a félicitée et on la félicite encore si bien de ses vertus négatives que l’on ne sait plus si l’on trouverait encore quelques femmes capables de lire.

Le malheur pour la société musulmane est qu’elle croit à la pérennité de la guerre. La guerre, c’est toute sa pensée active, et non pas la guerre savante et intelligente, mais la guerre seulement brutale. Tout est dans ces quelques mots : être musulman et tuer ; ne pas être musulman et être esclave ou tué. Sans ce principe, pas d’islamisme. La guerre est à très peu près l’unique travail social que l’islamie se croit imposé. C’est à cette pensée qu’elle est demeurée le plus fidèle et le plus dévouée ; le reste n’est qu’éphémère. L’idée de guerre dominant ainsi l’esprit, le tient éloigné de toute culture intellectuelle et même industrielle, excite et perpétue les instincts brutaux, le naturel sauvage. Quand il n’y a pas d’études, pas d’instruction humaine, au salon des hommes, comment peut-il y en avoir au harem ! Tout est tellement militaire ou soldat dans l’islamisme que la mosquée elle-même est une citadelle ; elle a toujours de hautes murailles à peine percées de quelques jours étroits et éloignés du sol ; ce sont les créneaux, les meurtrières d’un bastion ordinairement carré. La mosquée crie à la guerre, ne crie qu’à la guerre ; et qui crie à la guerre n’a désormais que peu d’avenir, car la guerre doit mourir ; dès aujourd’hui elle se mine, elle travaille, sans y penser peut-être, à se détruire. Elle tue ; et il faut vivre. Elle deviendra, avec le temps, anti-sociale, anti-religieuse.

Mais nous n’avons pas a jeter nos regards sur ces sortes de considérations. Disons seulement que cette constitution de société militante amène les esprits qui ont besoin de s’occuper, lorsqu’il n’y a pas de guerre, à la méditation religieuse pure, à la contemplation mystique et par suite à l’intolérance la plus exigeante, la plus impatiente ; et, conséquences qui dérivent de là, on se pousse ainsi au dernier terme de l’aberration et de l’inhumanité ; on se constitue soi-même balance et glaive, au nom du ciel.

Je ne me rappelle plus à qui est due cette réflexion-ci, par laquelle je termine : « Des fous religieux croient voir les lumières célestes, en contemplant fixement leur nombril. »

La raison n’est pas près d’avoir raison !

INDEX.


 1


PREMIÈRE PARTIE.

FEMMES ARABES AYANT L’ISLAMISME.

I. 
La poésie des Arabes. — Chaque poésie commençait par parler de la dame du poète. — Réunion de poètes chez Aïchah fille de Talhah. — Goût des femmes arabes pour la poésie, pour la parure. 
 3
II. 
La reine de Sabâ. 
 10
II. 
Récit arabe
 12
III. 
Les femmes arabes dans les choses de la vie domestique. — Nourriture ; repas. — Gros mangeurs ; Yézid fils de Hobaîrah ; Hilâl fils d’Açàd ; Soleymân le dévorant. — Vins. 
 24
IV. 
Causerie. — Aïchah, femme du Prophète. 
 33
IV. 
Causerie
 34
V. 
Education pratique. — Les quatre sages de l’Arabie ancienne : Sohr, Amrah, Djoumah, Hind. — Zarkâ el-Yamâmah. — Questions adressées à Hind. 
 39
V. 
Questions
 43
VI. 
Ancien style arabe. — Appréciation d’actes moraux de la femme. — Le poète Find ; ses deux filles ; légende. 
 46
VI. 
Ariette
 48
VI. 
Légende de Find
 49
VII. 
Le droit du Seigneur. — Imlyk. — Hozeïlah et son mari. — Ofayrah-les-Soleils ; son frère ; révolution ; massacre. Fuite. Arrivée des Tayïdes. — Mort du frère d’Ofayrah. 
 52
VII. 
Ariette
 ibid
VII. 
Ofayrah et son frère
 53
VIII. 
Diverses existences des femmes ; diverses natures. — Oumm Kâridjah, la femme aux mariages. Fâtimah et sa camériste. — Le poète Mourakkich le jeune. 
 62
IX. 
Les mères heureuses : Khabyah, Mâwiah, Fâtimah fille de Khourchoub. — Coutumes pour les cérémonies de deuil après la mort d’un homme de guerre, et pour attaquer l’ennemi 
 69
IX. 
Ariette
 71
IX. 
Fatimah fille de Khourchoub
 ibid.
X. 
Rôle inspirateur de la femme. — Ce qu’elle était dans les événements, les vengeances, les guerres, etc. — Exemples. — Rabyah fils de Moukaddam. Son mariage. Sa sœur ; sa femme. — Le poète Doraîd. 
 75
XI. 
Femmes enlevées dans les razias, les rencontres. — Prise de Hind, femme du roi Hodjr. — Vengeance. 
 88
XII. 
Le poète Imrou-I-Kaïs. — Il va à la recherche d’une femme questions et réflexions singulières. Trahison d’un esclave du poète. — Récriminations à propos du meurtre de Hodjr son père ; discours. 
 91
XIII. 
Autre mariage d’intelligence. Chann trouvant femme qui lui convient. 
 101
XIV. 
Les amours faciles. Vers de Samauâl le juif. 
 104
XV. 
Liberté des femmes pour le choix d’un mari. — Mariage de Homrân et de Sadoûk ; leur fils Amr. — Consultation entre mère et fille ; mariage imposé, puis rompu. — Mariage par choix ; beauté et laideur préférées. 
 105
XVI. 
Certains privilèges et certaines habitudes, à l’avantage de la femme, avant l’islamisme. — Hâtim Tay (lisez Taïe, sans prononcer l’e) ; sa mère ; sa femme ; sa fille. — Paroles d’Aly le quatrième Kalife. — Demande en mariage ; trois concurrents — Répudiation par la femme. 
 114
XVI. 
Ariette
 115
XVII. 
Influence de la femme dans les guerres, la paix. — Le poète Zohaîr répudie sa femme, puis la regrette. — Le mauvais œil. — Hâreth ou Hârith demande une fille à Aûs ; Bohaïçah lui est donnée. Consommation du mariage différée en vue d’une pacification dans une guerre. — « Broyer le parfum de Manchim. » 
 134
XVIII. 
Importance de la femme chez les nations anciennes, même d’après les Arabes. — Quelques mots sur Zabbâ ou Zénobie. — Histoire de la reine Kaïdafà ; Alexandre en Égypte. 
 146
XIX. 
Le séducteur puni. — Amr Zou-I-Kelb et Oumm Djoulaïhah. — Éloge d’amour. — Éloge par une sœur. 
 150
XX. 
Caractère de la poésie des femmes. — Vers de la mère et de la sœur du brigand Taabbata Charran. — Vers récités par une fille pâtre, à propos d’un orage. — Les femmes ne savent plus de vers. — Quelques remarques sur la langue arabe. 
 156
XXI. 
Poètes érotiques, — Aùs, fils de Hadjar, et Halîmah. — Khozaïmah et Fâtîmah ; meurtre ; émigration. — Industrie féminine portée en Mésopotamie. — Zarkâ fille de Zohair. — Les devineresses. 
 161
XXII. 
Coutume d’enterrer ou d’abandonner vivantes les filles, à leur naissance. — Laylah fille de Mouhalhil. — Zaid fils d’Amr et Saçaah combattirent cette coutume homicide. — Reproche de Mahomet à Kaîs. 
 167
XXIII. 
Principales modifications apportées au mariage de la femme, par l’islamisme. 
 170
XXIV. 
Amants malheureux. — Mouteyémin ou martyrs de l’amour. — Abd Allah fils d’Adjlân, et Hind. — Le poète Mourakkich l’ancien et Asmâ fille de Aùf. — Le poète Orwab et Afrâ ; histoire de leurs amours et du martyre d’Orwah. 
 172
XXIV. 
Abd Allah fils de Adjlan et sa femme Hind. — Ariette
 173
XXIV. 
Le poète Mourakkich l’ancien. — Ariette
 178
XXIV. 
Orwah et Afra
 184
XXIV. 
Ariette
 185
XXIV. 
Cantilène
 186
XXV. 
Quelques réflexions et explications. Presque égalité de la femme et du mari. — Du terme de famille : toi qui es à moi. — Les doumiah ou statuettes d’ivoire. 
 202
XXVI. 
Des amours extra-conjugales. — Le poète Amr fils de Kamiah est provoqué et résiste. — Son oncle Marthad. 
 205
XXVII. 
Suite. — Les rois Mounzir et Nomân ; leur femme Hind ou Mâwiah, surnommée Moutadjarridah. — Comment elle devint reine. Ses amours avec le poète Mounakkhal leur légende. — Le poète Nâbirah le zoubiânide. — Alkamah fils de Syr. 
 208
XXIV. 
Légende de Moutadjarridah ou Hind et de Mounakkhal. — Ariette
 210
XXVIII. 
Amr fils de Hind, roi de Hirah. — Meurtre de son frère. — La femme de Zoràrah à qui avait été confié le frère du roi, est mise à mort ; puis les sept fils du meurtrier. — Prisonniers brûlés, plus un voyageur et une femme. Fierté de cette femme. — Amr assassiné après une humiliation envers une femme appelée Laylah. Amr fils de Koulthoùm. 
 219
XXIX. 
Suite. — Les nobles familles. — Kazzoùt demandée en mariage par Lakit. Il évite la consommation du mariage. Il disparaît. Retour. — Leçon paternelle. — Kazzoûr, veuve, revient chez son père. — Secondes noces. Souvenir du premier mari. — Du développement intellectuel dans l’Arabie. 
 224
XXX. 
Des esclaves chanteuses, musiciennes. — Les Grands de Médine demandés par le dernier Tobba dont on a tué le fils. — Ohaïhah ; dévouement de sa chanteuse Mosaïkah. — Solma, femme d’Ohaïhah ; condition qu’elle posa pour son mariage. — Comment Solma quitta son mari et sauva sa tribu. 
 232
XXXI. 
De la musique ancienne des Arabes. — Les deux chanteuses appelées Djerrâdah Ad ou les cigales des Ad. — Des chanteuses, comme luxe. — Abd Allah et son père Djoudân ; le poète Oméyah fils d’Abou I-Salt. — Abd Allah lui donne ses deux chanteuses. 
 237
XXXI. 
Cantilène
 239
XXXI. 
Abd Allah ; — son père ; ses deux chanteuses
 240
XXXII. 
De la femme esclave. — De la qualité de mère de l’enfant, avant et après l’islamisme ; de la liberté de l’enfant. — Subalternisation de la femme. — La femme comparée à l’homme. 
 245
XXXIII. 
Relations entre les esprits et les êtres humains. — Les différents esprits, djinn, chaïtan, goùles, etc. — Esclave attrapée par un mazhab. — Goûle du poète Taâbbata Charran. — Une si’lâh mariée à un homme. — Jeune fille reprise à un afrît. — Salomon, roi des esprits. — Djânn le préadamite. — Dives ; péris. — Le grand diable Iblis ; ses cinq fils. — Les hâtef ou voix du ciel. Un jaloux informé par un hâtef. — Jalousie chez les Arabes. — Nouer la branche ou nouer le ratam
 248
XXXIV. 
Des femmes poètes, d’avant l’islamisme. — Omaïmah. Son éloge poétique des Koreïchides et de son frère Abou Sofiân, tués dans les guerres de Fidjâr. 
 261
XXXV. 
Khansâ, ou la la Camarde, poète. — Elle refuse pour mari le vieux poète Doraid. — Franchise du langage. — La mort de deux frères est le motif principal des vers de Khansâ. — Le poète Khoufâf ; de 264 l’esclave hédjin ou quarteron. — Poètes appelés corbeaux. 
 264

XXXVI. 
Légende de Khansâ et de ses frères Sakhr et Moâwyah. — Doraid déclare son amour et va demander la main de Khansâ. Épreuve. Satires. — Okâz ; ses solennisés annuelles. — Mort de Moâwyah. — Khoufàf. — Razia. — Présage. — Femme décrivant des cavaliers. — Bataille. Vers de Khoufâf, de Khansâ, de Doraid. 
 268
XXXIV. 
Ariette
 ibid.
XXXIV. 
Légende de Khansa et de ses deux frères Moawyah et Sakhr
 ibid.
XXXVII. 
Suite. — Sakhr s’occupe de prendre le talion de son frère. — Expédition. Mort de Hâchem fils de Harmalah ; vers de Khansâ à ce sujet. — Mort de Sakhr. — Elégies de sa sœur. — Adjrah mère des deux frères. — Khansâ vit Mahomet. Elle et son fils Abbâs embrassent l’islamisme. — En récitant de leurs vers, Mahomet manqua à la mesure prosodique. 
 281
XXXVIII. 
Valeur poétique de Khansâ. — Cette valeur comparée à celle de Layla, par Cha’by et le kalife Abd el-Mélik. — Arabie dégénérée. 
 291
XXXIX. 
Les légendes arrangées par les musulmans. — Marie et Jésus. — Les dix prérogatives de Jésus. — Il crée une chauve-souris. Il

reviendra à la fin des temps ; il se mariera. Miracles qu’il fera et

qui se feront ; cité de Salomon ; coffre tiré du lac de Tibériade. — Dernier souffle frais. 
 293
XXXIX. 
Marie et Jésus
 ibid.
XL. 
Suite. — Conception et naissance de Jésus. — Le dattier et la source d’eau vive. — À son premier jour, Jésus prêche. — Il grandit. Dieu le réconforte. 
 298
XLI. 
Suite. — Mort de Marie. — Jésus et Marie retirés au Liban. — Jésus s’absente. — L’ange de la mort va à Marie. Retour de Jésus. — Marie a cessé de vivre. — Jésus va chercher secours pour inhumer sa mère. — Elle est ensevelie par des houris et inhumée par des anges. — Elle ressuscite un moment. 
 301
XLI. 
Mort de Marie
 ibid.
XLII. 
Marie médiatrice entre le ciel et la terre. — Ce qu’étaient les anges pour les anciens Arabes. — Les mères des croyants. — La femme dans l’autre monde. 
 308


DEUXIÈME PARTIE.

FEMMES ARABES DEPUIS L’ISLAMISME.

I. 
Nombre de femmes que peut avoir le musulman. — Femmes captives, ou esclaves. — Du mariage entre fidèles et infidèles. — Captivité et ventes des filles de Yezdedjird roi de Perse. Développement du goût pour les concubines et mères d’enfants. — Zyn el-Abidîn et sa mère. 
 311
II. 
Avantages que donne le Koran à la femme. — Amour et bienveillance de Mahomet pour les femmes. — Conseils quant au mariage.

— Attâf. — Mâria concubine du Prophète ; émeute de ménage à cause d’elle ; révélation du ciel ; Hafsâ. — Du harem. — La femme

est presque exclue de la mosquée. — Unitarisme trinaire de l’islam. — Privilèges du Prophète. 
 316
III. 
Récit d’Aïchah : Appréciation de la femme, dialogue entre Aïchah et le Prophète. 
 321
III. 
Récit d’Aïchah
 321
IV. 
De la vie privée matrimoniale de la femme. — Légende : dévouement maternel. Sept jours dans la tombe. — Du pardon du mari. 
 325
IV. 
Dévouement maternel
 326
V. 
Djâhéliah. — La femme est esclave et prisonnière du mari. — Les deux femmes remarquables de l’islamisme. — La femme regrettant sa brebis ; El-Mahdy et le Bédouin. — Le mot khillikân. — Omar et la fille de la laitière. — Sévérité d’Omar. — Légende : fille déshonorée, homicide, et innocente 
 331
V. 
Trois récits
 332
VI. 
Quelques mots sur Aïchah. — Femmes dans certaines guerres du Prophète. Hind et ses compagnes à la journée ou bataille d’Ohod ; leurs vengeances. — Une femme défend le Prophète. — La prophétesse Sédjâh et le prophète Mouçaylamah. 
 341
VII. 
Après l’islamisme, peu de femmes font instruire leurs fils. — La femme de Farroùkh et leur fils Rabyah el-Rây, jurisconsulte. — Mâlek fils d’Anas. 
 346
VIII. 
Femmes saintes. — La pieuse Râbéah et sa servante Abdah. 
 350
IX. 
Femmes guerrières. — Delhèmeh ou Zât el-Hemmeh. — Yézid ; sa femme Djahîzah ; Chérib fils de Yézid ; Razàlah fille de Chébib. — Guerre contre Haddjâdj. — Défaite et mort de Chébib. 
 352
X. 
Fiançailles et mariages précoces. — Répudiations et mariages d’une même femme. — La dame Sokaïnah ; son goût pour les vers. — Atikah, quatre fois mariée. — Jalousie, même dans la loi. — Substitution, et répudiation suivie de repentir ; le poète Farazdak. — But de la répudiation. Hind femme de Haddjâdj, répudiée. Elle se venge à propos de son mariage avec le kalife Abd el-Mélik fils de Merwân. 
 357
XI. 
Suite. — Le kalife El-Walid Il répudie So’da ; puis il s’en repent. — Achab le cupide et le parasite ; amour d’Achab. Bons mots. 
 371
XII. 
Du droit de battre sa femme. — Repentance et résignation maritales. — Le kâdi Choraih ; Ziâd le bâtard. — Abou Othmân ; sa laide femme. 
 376
XIII. 
Époux trop parcimonieux ; époux charitables. — Haïtham ; il est hébergé au désert. — Morale. 
 381
XIV. 
Effet de la chute d’Eve dans la vie pratique. — Réprobations des sages et des prophètes contre les femmes ; paroles de David. — Jésus rencontre le Diable. — Poésie contre la femme et contre l’amour. — Effet du vin sur la femme. La vieille avinée. 
 385
XV. 
Instruction parmi les femmes. — La cheîkhesse Chohdah ; ses leçons. — Zobeidah (Zobeïde) femme de Hâroùn el-Rachîd. Abnégation conjugale. — Omar fils d’Abd el-Aziz oublie sa femme. — Takyah ; de deux kacîdeh qu’elle fit pour Taky el-din 
 389
XVI. 
Hàroûn el-Rachîd ; réflexions. — Des cinq Kalifes dignes de ce nom. — Révolte contre Aly. Journée ou bataille du chameau, commandée par Aïchath. — Prédiction de Mahomet à propos du Kalifat. — Djafar. Son mariage avec Abbâçah sœur de Hâroùn el Rachid ; conséquences. — Une esclave par semaine à Djafar. — Itâbah mère de Djafar. — Massacre des Barmécides. — Courtisan battu sous cinq règnes. 
 395
XVII. 
Des poésies et martyres d’amour depuis l’islamisme. — Amour ; style et images (le style ; subtilités poétiques. — Abou Nouwàs. — Les Ozrides, tribu de la beauté et de l’amour. — Certaines tribus à caractères de beauté. Vers d’Asmaï chez Rachid. — Les poètes d’amour. Zou I-Roummah et Màïiah. — Djémil et Botheïnah ; Khoteiïr et Azzah. 
 407
XVII. 
Zou I-Roummah et Màïiah. 
 412
XVII. 
Djémil et Botheïnah. — Kohteiïr et Azzah
 413
XVIII. 
Suite. — Une expédition de Khâled ; deux jeunes amants. — La moulemennîah ou désireuse : son amour pour Nasr. Nasr exilé s’éprend de Choumeïlah. — Omar inflexible. — Le pâtre et sa cousine ; histoire du désert. — Le saint Abou Abd Allah renégat par amour ; sa conversion. — Le kalife Yézîd II ; la belle chanteuse. Propositions. Tristes fins. 
 428
XVIII. 
Un saint renégat par amour. 
 443
XIX. 
Les chanteuses et cantatrices depuis l’islamisme, dans les cours et
 
Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/624 Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/625
  1. Ménippée de Varron.
  2. Le mot daoua dont on dérive ddoûd, nom de David, signifie médicamenter, guérir.
  3. Le mot sèlîm dont on dérive soleïmân veut dire sain, pur, exempt de mélange.
  4. Quiconque a eu la vraie foi, la foi au vrai Dieu unique, jusqu’à l’arrivée de Mahomet, a été musulman, ou est entré dans le giron de l’islàm. Ainsi, Jésus, au dire des musulmans, était un musulman ; aussi bien qu’Abraham, Isaac, Jacob, etc. Islâm veut dire abandon et résignation à la volonté, aux ordres et à la révélation directe de Dieu ; c’est l’éternelle religion, existant par conséquent avant la mission du Prophète ou Mahomet qui fut chargé de la promulgation définitive.
  5. Sorte de mantelet.
  6. Lances dont les hampes étaient d’un bois rapporté de l’Inde et débarqué à Khat sur le rivage de l’Omân, dans l’Yémen. Un Arabe appelé Samhar avec sa femme Roudaïnah s’acquirent une réputation par la manière dont ils dressaient les hampes de lances ; de là les noms de lances samhariennes, les mêmes que les khatyennes.
  7. Le kata, que Linnée écrit el-chata, est une gelinotte, une perdrix du désert : tetrao el-chato ; ganga.
  8. L’Yamâmah, contrée entre le Hédjàz et l’Yémen.
  9. La plus grande humiliation qu’on pouvait faire subir aux prisonniers, était de leur couper le toupet et de les renvoyer, libres, montrer leur défaite à leurs contribuless, etc.
  10. Les Djadis ont été connus de Ptolémée qui les nomme Iodicites ; en grec, IodicitaiVoy. Essai sur l’histoire des Arabes, etc., vol. I, pag. 29, par Caussin de Perceval.
  11. De temps immémorial, en Orient, en Grèce etc., les femmes se teignirent les sourcils et les bords des paupières avec le keuhl, le cohel de nos chroniques.
  12. L’empire des Himiarides ou descendants de Himiar eut pour capitale Zafar, puis Sanà, dans l’Yémen. Le nom de Tobba a été appliqué surtout à neuf rois Himiarides.
  13. Sorte de vêtement dont on se ceint les reins et qui tombe jusqu’aux genoux.
  14. Prononcez ay comme notre interjection aïe !