Fin d’Année (Verhaeren)
Œuvres de Émile Verhaeren, Mercure de France, , IX. Toute la Flandre, II. Les Villes à pignons. Les Plaines (p. 279-280).
FIN D’ANNÉE
Sous des cieux faits de filasse et de suie,
D’où choit morne et longue la pluie,
Voici pourrir,
Au vent tenace et monotone,
Les ors d’automne ;
Ô vous qui frémissiez, doucement volontaires,
Là-haut, contre le ciel, tout au long du chemin,
Tristes feuilles comme des mains,
L’heure s’épuise à composer les jours ;
L’autan, comme un rôdeur, par les plaines circule ;
Sous un vague tombeau d’ombre et de crépuscule,
Jusques au fond du sol se tasse et se recule.
Jusques au fond du sol se tasse et se recule.
Dites, l’entendez-vous venir au son des glas,
Venir du fond des infinis là-bas,
La vieille et morne destinée ?
Celle qui jette immensément au tas
Des siècles vieux, des siècles las,