Fleurs de rêve/Après le travail

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Boehme et Anderer (p. 33-34).



APRÈS LE TRAVAIL



Après avoir pendant deux heures travaillé
À ces traductions grecques très difficiles,
Après avoir longtemps sur ces livres veillé
Mes yeux vont s’endormir reposés et tranquilles.

Pourtant la nuit est belle, à rêver elle invite,
Et son Astre fécond prolonge ses rayons
Dans l’azur assombri, sur le Nil qui palpite
Sur la feuille assoupie au bord des verts gazons.

Un vent léger et doux caresse le visage
Et jette au fond de l’âme un frisson de baiser,
Frôle la fleur câline émue à son passage
Et, paresseux, s’en va sur l’herbe s’apaiser.


Ombre immense, ô parfums de brise et toi, Zéphyre,
Avant de m’effleurer qui avez-vous pressé ?
Et toi, Lune d’amour, avant de me sourire
Quel sommeil ton aspect suave a-t-il bercé ?

Mais non, ne rêvons pas ; allons, à la prière !
Dérobons-nous à tout : à la lune, à la nuit ;
Et disons l’oraison humble, ardente, sincère
Au Dieu de l’Univers et de l’astre qui luit !

Et quand le dieu Sommeil chargera mes paupières
Des bienfaits qu’il répand la nuit sur les mortels,
Dans le rêve mon cœur retrouve ses chimères :
Étude, Amour, Beaux-Arts, beaux yeux, tendres appels.