Fleurs de rêve/Le printemps s’endort

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)
Boehme et Anderer (p. 68-69).



LE PRINTEMPS S’ENDORT



Tu t’assoupis, Printemps, dans un tendre sommeil ;
Sur ta lèvre entr’ ouverte un sourire vermeil
Se meurt en sa dernière extase ;
Et ta belle paupière alanguit lentement
De ses cils languissants le dernier battement
Et tu t’endors… l’été t’écrase !

Bientôt de ton départ sera sonné l’adieu
Et ton âme en partant retrouvera son Dieu
Aux hautes sphères azurées ;
Nous ne goûterons plus tes exquises fraîcheurs,
Plus d’azur amoureux, plus de câlines fleurs,
Plus de romances murmurées…


Doucement par la brise ou son amant zéphir
En rythme harmonieux qu’on ne peut définir,
Et qui vous troublent la pensée,
Comme si dans le cœur vibrait un chant d’amour,
Ou qu’on sentait frémir, vers le déclin du jour,
Une aile invisible élancée…

Tu partiras bientôt, sans plaintes, sans regrets,
Indifférent aux pleurs comme aux soupirs secrets
Que ton azur a vu répandre.
Oh ! ne pars pas si tôt, caresse encor nos fronts !
Qui sait, Ami Printemps, si nous nous reverrons
Et si Dieu ne va pas me prendre ?

Toi parti s’en iront aussi nos rêves blancs
Qui s’esquissent en l’air timides et tremblants
En leur forme fine et gazeuse ;
Ah ! reste nous, Printemps, reste, vis dans nos cœurs,
Vis avec tes parfums, tes rêves et tes fleurs
Et ta brise silencieuse !