Fleurs de rêve/Télépathie

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)
Boehme et Anderer (p. 81-82).



TÉLÉPATHIE



Vous, d’habitude si câline
Enfant vers qui s’en va mon cœur,
Votre lèvre fraîche s’incline
Tordue en un pli de douleur ;
À vous voir si pâle et lointaine,
Les yeux fixés sur la fontaine
Pour tromper les indifférents,
Je sens que le soir vous apporte
Un souvenir de feuille morte
Parmi les échos murmurants…


Votre bel œil de velours sombre
Rempli de lueurs d’infini
Qu’estompe un peu de rêve et d’ombre
Et de chagrin en vain banni ;
Votre œil noir où des éclairs brillent,
Où vos sentiments s’éparpillent
Poursuivant leur cher idéal
Se pose avec des langueurs molles
De jeunes mourantes corolles,
Sur cette plaine de cristal…

L’Océan est calme et tranquille,
Loin de ressembler à ton cœur :
Le premier est ingrat, hostile ;
Ton cœur qui se nourrit d’un pleur
Appelle toujours la souffrance
Et hume de la souvenance
Le parfum persistant, charmeur ;
Et dans ta pauvre âme enfantine,
Ô chaste et rêveuse Faustine,
Le souvenir vivra, berceur…