Fleurs fanées (Berlier)

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Fleurs fanées (Berlier)
La Jeune BelgiqueTome 1 (p. 70).


FLEURS FANÉES


Comme l’on garde un glorieux trophée,
J’ai conservé trois brins de réséda
Qu’un soir d’avril ma mignonnette fée
 Pour quelques baisers me céda.

C’était peut-être un simple enfantillage ;
Peut-être aussi la folle avait caché
Un sens d’hymen mystique en ce partage
 De son pauvre bouquet séché…

Que n’y pensai-je, hélas ! à l’instant même :
« Oui, fiançons-nous, aurais-je dit, je t’aime ;
 De mon spleen avril est vainqueur ! »

Et dans la nuit, sur ses blanches épaules,
J’aurais alors buriné ces paroles

 Avec la pointe de mon cœur !
PAUL BERLIER.