Foudroye moy le corps, ainsi que Capanée
Apparence
Foudroye moy le corps, ainsi que Capanée
IX
Foudroye moy le corps, ainsi que Capanée,
O pere Jupiter, et de ton feu cruel
Esteins moy l’autre feu qu’Amour continuel
Tousjours m’allume au cœur d’une flame obstinée.
Il vault mieux, ô grand Dieu, qu’une seule journée
Me despouille soudain de mon fardeau mortel,
Que de souffrir tousjours en l’ame un torment tel,
Que n’en souffre aux enfers l’ame la plus damnée.
Ou bien si tu ne veux, Pere, me foudroyer,
Donne le desespoir, qui me meine noyer,
M’élançant du sommet d’un rocher solitaire :
Puis qu’autrement par soin, par peine et par labeur,
Trahy de la raison, je ne me puis desfaire
D’amour, qui maugré moy se campe dans mon cœur.