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Français, reprenez le pouvoir !/Partie 2/Chapitre 1

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Cet homme touchait du doigt le cœur de l’alchimie gaulliste et, au-delà, de la politique au sens noble, un peu comme Saint-Exupéry la définissait: « Les pieds dans la boue, la tête dans les étoiles. »

Il exprimait aussi le sentiment de millions de Français aujourd’hui orphelins de la politique qu’avait su incarner le général de Gaulle. Cette France des années 1960, souvent trop érigée en âge d’or, mais où l’ascension sociale à force de travail était une promesse accessible, où l’État et la République étaient respectés, où enfin le pouvoir politique rendait des comptes aux électeurs sans se cacher derrière Bruxelles ou l’OMC. Avec à sa tête un Président qui non seulement décidait et agissait beaucoup, mais conditionnait son propre maintien à l’assentiment du peuple car il savait que rien, en république, n’est possible sans légitimité démocratique.

Il recherchait cet appui du peuple pour mener une politique à long terme, servir une vision de la France et du monde. Il y avait, en effet, une cohérence à affirmer à Paris l’indépendance nationale et à prôner à Mexico, Phnom Penh ou Québec le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Sur tous les continents, dans un xxee siècle marqué par les idéologies (« la termitière », selon son expression), il affirmait la primauté de l’homme et de la démocratie.

La légitimité d’un côté, l’idéal politique de l’autre. Les deux vont de pair. Aujourd’hui, c’est bien parce qu’aucun cap n’est fixé avec et pour la France, que le pays se morcelle et vacille.

Il ne sert donc à rien, comme on le fait depuis vingt ans, d’accumuler rapports, audits, projets de réforme, pour remédier à nos maux économiques et sociaux. Les Français accepteront de se soigner quand ils retrouveront l’envie de se battre ensemble comme un grand peuple libre, capable de décider de son chemin et de s’y tenir. Quand leurs dirigeants fixeront à nouveau, en accord avec eux, l’orientation définissant l’effort à fournir pour l’atteindre. Alors tout s’enchaînera naturellement, le volontarisme politique, la motivation.

Mais pour y réussir, encore faut-il entendre les Français, les respecter, en un mot refaire fonctionner notre démocratie. Pour qu’ils redeviennent, par leur bulletin de vote, maîtres de leur destin, pour que la responsabilité politique retrouve un sens, la tâche est immense: il faut à la fois réformer nos institutions, aussi bien nationales que locales, et refonder l’Europe.